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Updated: 3 hours 23 min ago

Attentats de Bruxelles. Des victimes de diverses nationalités (Maj4)

Sun, 27/03/2016 - 18:54

(B2) Parmi les victimes de la double attaque de l’aéroport comme du métro Maelbeck du 22 mars, on retrouve naturellement de nombreux Belges mais aussi de nombreuses autres nationalités.

Une quarantaine de nationalités sont impliquées, avait indiqué très vite le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, sur la RTBF mercredi (23 mars). Sans atteindre encore ce nombre, on peut noter la très grande diversité des nationalités touchées, ancrant la caractéristique « capitale européenne » de Bruxelles dans la réalité.

Le dernier bilan officiel, dressé le dimanche (27 mars), mentionne 28 victimes décédées, auxquels il faut rajouter les 3 kamikazes, soit 31 morts. On déplore environ 340 blessés, de 19 nationalités différentes en plus des ressortissants belges : 101 encore hospitalisés, dimanche, dont 62 en soins intensifs. 24 personnes ont été identifiées : 13 Belges et 11 étrangers de huit nationalités différentes : 14 sont mortes à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et 10 à la station de métro Maelbeek.

Plus d’une dizaine de nationalités touchées

Selon le dernier décompte établi par B2, à partir de sources diplomatiques, officielles, des familles, ou de presse, on remarque 14 nationalités différentes parmi les décédés : 11 Belges + 1 Allemand, 1 Français, 1 Italien, 1 Britannique, 3 Néerlandais, 1 Polonais, 2 Suédois, 1 Suisse. Ainsi que : 1 Chinois, 1 Congolais, 1 Indien, 1 Marocain, 1 Péruvien, 2 Américains.

  • Il faut remarquer que plusieurs personnes peuvent avoir la double nationalité. Ce qui peut compliquer les décomptes nationaux et explique les chiffres mouvants d’un décompte à l’autre.

Plusieurs d’entre d’eux travaillaient directement ou indirectement, auprès des institutions européennes (Commission européenne) ou sur les questions européennes (Etats membres, lobbys).

Décédés

Voici la liste nominative, qui reste encore à confirmer

Au métro Maelbeek

  1. Aline Bastin (Belge), 29 ans, originaire de Bassenge, responsable de la communication pour la Communauté Européenne du Rail et des Compagnies d’Infrastructure. Décès confirmé par sa famille dans La Meuse et par la CER
  2. Yves Ciyombo Cibuabua (Belge ? / Congolais), 27 ans, d’Auvelais, originaire de la RD Congo
  3. Mélanie Defize (Belge), 29 ans, Musicologue, musicothérapeute, violoniste. Diplômée de l’UCL (Louvain la Neuve), de Liège et de Paris V (René Descartes), elle était assistante de production et d’édition chez Cypres Records.
  4. Olivier Delespesse (Belge), 45 ans, agent du ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
  5. Sabrina Esmael Fazal (Belge), 24 ans, née le 20 décembre 1991, étudiante en soins infirmiers à la Haute école Galilée, habitante d’Ottignies. Elle était la compagne de Jonathan Selemani, joueur de football au Grez-Doiceau et au RJ Wavre, et mère d’une petite fille Heyden.
  6. Léopold Hecht (Belge), 20 ans, étudiant du deuxième bloc de BAC droit à l’Université Saint-Louis.
  7. Gilles Laurent (Belge). Ingénieur du son.
  8. Lauriane Visart (de Bocarmé) (Belge), 27 ans. Passée par l’UCL, l’université catholique de Louvain, où elle a défendu son mémoire à la faculté de droit sur « l’égalité de genre : limites et avancées », elle était juriste à l’Union Nationale des Mutualités Socialistes. Elle est la fille du journaliste économiste de la RTBF, Michel Visart.
  9. Patricia Rizzo (Italienne), 48 ans, née le 11 janvier 1968. Elle était employée au Conseil européen de la recherche (CER/ERCEA), confirme la Farnesina. Diplômée de Institut supérieur  de secrétariat de direction et tourisme (ECSEDI), elle a rejoint les institutions européennes en 1995, d’abord au sein de European Training Foundation (ETF) à Turin, puis avait travaillé auparavant durant 5 ans pour l’Autorité alimentaire européenne (EFSA) à Parme (2003-2008), et à l’Agence exécutive Education, Audiovisuel et Culture (AECEA) (2008-2015).
  10. David Dixon (Britannique), 51 ans. originaire de Nottingham. (Il vivait à Bruxelles avec sa compagne Charlotte Sutcliffe et leur fils Henry, de 7 ans selon The Telegraph).
  11. Johanna My Atlegrim (Suède), 30 ans, née le 27 avril 1985. Originaire de Umeå, domiciliée à Etterbeek, elle travaillait dans une boutique de thé. Diplômée en arts illustratifs de l’école Saint-Luc et en communication graphique de La Cambre, elle était aussi illustratrice et donnait des cours de dessin. Décès confirmé par la diplomatie suédoise
  12. Loubna Lafquiri (Marocaine), professeur de gymnastique à l’école islamique privée ‘la vertu’ de Schaerbeek.
  13. Raghavendra (Rag) Ganeshan (Indien), 30 ans, travaillant pour la firme informatique Infosys

Sans nouvelles, disparus au métro

Liesbet Samyn (Belge), 39 ans, KUL de Leuven

Janina Panasewicz (Pologne), 61 ans, née en 1955, originaire de Podlachie

Catherine de Lylle (Française), 60 ans

Décédés à l’aéroport

  1. Bart Migom (Belge), 21 ans, originaire de Dixmude, étudiant en marketing à la Haute Ecole Howest de Bruges. Il devait rejoindre son amie en Géorgie aux Etats-Unis.
  2. Fabienne Vansteenkiste (Belge), 51 ans, une employée de l’aéroport, habitant Namur. Décédée de ses blessures à l’hôpital. Lire le témoignage de son mari, Eddy.
  3. André Adam (Belge / Français), 79 ans, diplomate belge, il a notamment été consul général à Los Angeles (1982-1986), puis ambassadeur de Belgique en Algérie (1986-1990), au Zaïre / RD Congo (1990-1991), aux Etats-Unis – Washington et enfin représentant permanent belge auprès des Nations unies à New York. Il résidait à Larressingle, dans le Gers (France).
  4. Jennifer Scintu Waetzmann (Allemande d’origine italienne), 29 ans, originaire d’Aix-La-Chapelle, confirmé par la police d’Aachen. Son mari Lars (Allemand) est grièvement blessé et hospitalisé.
  5. Alexander Pinczowski (Néerlandais), 30 ans.
  6. et sa soeur Sascha Pinczowski (Néerlandais), 29 ans. Tous les deux domiciliés à New-York. Confirmation par la diplomatie néerlandaise.
  7. Elita Weah (Néerlandaise), 41 ans, de Deventer. Originaire du Libéria, elle a fui la guerre à 16 ans et a acquis la nationalité néerlandaise en 2007, selon De telegraaf.
  8. Berit Viktorsson (Suède), née le 29 mars 1952, 63 ans. Décès confirmé par la diplomatie suédoise
  9. Adelma Marina Tapia Ruiz (Péruvienne), 36 ans. (femme d’un Belge, Christophe Delcambe qui est indemne). Une de ses filles (scolarisée à Tubize) a été blessée.
  10. Jing Quan (Frank) Deng (Chinois), 24 ans.
  11. Justin Shults (Américain), 30 ans, originaire de Gatlinburg (Tennessee). Justin travaillait comme comptable dans la société Clarcor. Décès confirmé par son frère sur twitter.
  12. Et sa femme, Stephanie Shults, 29 ans, originaire de Lexington (Kentucky). Ils résidaient depuis 2014 en Belgique.

Disparus à l’aéroport

Fabrice Thomasseau (Suisse ?), 48 ans, né à Genève en 1968, photographe, il réside depuis 2013 à Bruxelles, enseignant les Beaux-Arts à l’école européenne de Bruxelles II, après avoir résidé en Dordogne, dans le Sud-Ouest. Il est diplômé de l’université de Strasbourg et de l’université de Bordeaux (maîtrise d’’arts plastiques).

Parmi les blessés

Parmi les blessés, outre les nombreux Belges, des citoyens de : Allemagne (1), Espagne (9), France (12), Hongrie (2), Italie (3), Pologne (3), Portugal (19-21), Roumanie (4), Royaume-Uni (6). Ainsi que des nationaux de : Colombie, Equateur (1), Inde (2), Maroc (4), USA (14).

De nombreux Belges

  • Danielle Adam (Belge), dont son mari est décédé, gravement blessée.
  • Sébastian Bellin (Belgo – Brésilien), ancien joueur de basketball sévèrement blessé aux jambes
  • Jimmy Ernesto Montenegro Rosero (Belge / Equatorien), selon le ministre équatorien de la Culture (Guillaume Long). Grièvement blessé au métro, il est hospitalisé à l’Hôpital Saint Pierre, en soins intensifs.

19 à 21 Portugais

Au moins 19 personnes, ayant un passeport portugais, figurent sur la liste des personnes blessées des autorités belges a précisé le secrétaire d’Etat à la communauté portugaise, Jose Luis Carneiro.

  • Une infirmière de 30 ans, originaire de Coimbra, blessée à la station de métro. Hospitalisée, elle a pu rentrer à la maison, selon Jose Luis Carneiro cité par Sapo
  • Un chauffeur de bus de la Stib, André Pinto, 27 ans, légèrement blessé au pied et atteint à l’oreille, selon Sapo

12 Français, dont 3 grièvement, selon le Quai d’Orsay

  •  Fanny Rachel Clain (France), 20 ans, originaire de La Réunion, accueillie à Montélimar, elle a poursuivi ses études dans la chaussure de cuir, à Romans sur Isère (Drôme), avant d’émigrer en Belgique à Liège. Membre de l’église des derniers jours (Mormons), elle accompagnait les Américains de l’église mormone qui se rendaient dans l’Ohio. Son portrait sur France-Bleu. Son témoignage sur ATV via l’info

9 Espagnols, selon le ministre des Affaires étrangères, José Manuel García Margallo, dont 4 étaient déjà sortis de l’hôpital le lendemain des attentats

  • María Gloria Arana, 45 ans, née à Miranda de Ebro

6 Britanniques, selon le Foreign office,

  • dont 4 étaient déjà sortis de l’hôpital jeudi (24 mars).

4 Roumains, dont 3 étaient toujours hospitalisés jeudi selon le ministère des Affaires étrangères, et un mineur.

  • Roxana Stefanuca (23 ans) et sa fille Miruna, qui étaient dans la rame de métro visée par l’explosion à Maelbeck.

3 Polonais hospitalisés mercredi selon le ministère des Affaires étrangères (4 selon la presse)

  • dont 2 agents des Douanes polonaises (Służby Celnej) de Cracovie, en visite à Bruxelles, l’un est grièvement blessé selon la presse polonaise, l’autre plus légèrement.
  • et 2 femmes blessées à l’aéroport, originaires de la voïvodie de Podlachie (Bialystok et Siemiatycze), dont la vie n’est pas en danger

3 Italiens blessés, soignés à l’hôpital et déjà sortis.

  • Chiara Burla, 24 ans, originaire de Varallo Sesia (Vercelli), un résident de Florence;
  • Marco Semenzato, 34 ans, de Padoue, architecte d’origine de la Vénétie, mais depuis longtemps en Belgique;
  • Michele Venetico, 21 ans, jeune employé de l’aéroport de Bruxelles, fils d’immigrants d’origine sicilienne.

2 Hongrois blessés,

  • L’un légèrement blessé dans l’explosion du métro, travaille à la Représentation permanente de la Hongrie auprès de l’UE.
  • Le second, salarié d’une entreprise locale, souffre de plusieurs fractures après les explosions de l’aéroport.

1 Maltais, légèrement blessé

  • Lorenzo Vella, l’ancien secrétaire général des jeunes travaillistes maltais

14 Américains

  • dont 4 missionnaires mormons — Mason Wells, 19 ans, Richard Norby, 66 ans, Joseph Empey, 20 ans de l’Utah gravement blessés et Fanny Clain, légèrement blessé — et un militaire de l’armée de l’air US
  • Karen Northshield, formatrice, ex nageuse professionnelle, blessée très grièvement à l’aéroport

4 Marocains blessés à l’aéroport

  • dont 2 sérieusement

2 Indiens

  • Nidhi Chaphekar (Inde) blessée, 40 ans employée de Jet Airways
  • Amit Motwani (Inde), autre employé de Jet Airways

(NGV)

Article publié par anticipation dans B2 Pro jeudi 25.3 et mis à jour – 26.3, 27.3 matin, après-midi

Lire aussi : Bruxelles touchée à son tour par les attentats. Le réveil brutal de la capitale européenne

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Face à la menace de l’Etat islamique, une minute de silence et puis quoi ?

Fri, 25/03/2016 - 14:10

Les ministres belges Jan Jambon (Intérieur) & Koen Goens (Justice) lors de la minute de silence au Conseil exceptionnel du 14 mars (Crédit : UE)

(BRUXELLES2) La réunion exceptionnelle des 28 ministres de l’intérieur ce jeudi (24 mars) avait d’abord un objectif symbolique : exprimer les condoléances au peuple belge et réaffirmer l’unité européenne après la double attaque terroriste perpétrée ce mardi 22 mars à Bruxelles.

Une symbolique nécessaire

Cette symbolique peut paraitre parfois superficielle. Elle est importante en matière politique, car elle montre une Europe unie, même si il existe des divergences d’appréciation, et surtout présente. On se souvient certainement du certain cafouillage politique après les attentats de janvier 2015 à Paris, durant la présidence lettonne (lire : Anti-terrorisme. Un retard à l’allumage européen ).

Six mois de perdus !

L’impression d’une absence de réactivité politique avait été à l’époque pour le moins nocive au plan politique. Elle a très concrètement retardé toute prise de conscience, le début des travaux et l’accélération nécessaire. Car ensuite, entre avril 2015 et novembre 2015, l’attention européenne et la volonté politique ont été distraits de la question « terrorisme » pour se focaliser sur d’autres aspects, notamment la crise des réfugiés et des migrants. Clairement il y a eu ainsi six mois de perdus qu’il faudrait rattraper maintenant.

Peu d’engagements nouveaux … et un délai retard probable

Or la réunion de jeudi l’a montré. Si la symbolique est bien là, en matière d’engagements concrets, il n’y a malheureusement rien de très nouveau en soi. On accélère un peu par ci par là, notamment sur le PNR. On attend une proposition (sur les frontières), des mesures concrètes (sur les empreintes digitales), un code de conduite (pour internet)… Tout cela d’ici juin 2016. Ce qui est tout de même dans trois mois. Mais rien de plus. A vrai dire, c’est même un peu léger face à l’ampleur des menaces nouvelles qui se jouent clairement des frontières et attaquent de front plusieurs pays européens en même temps…

Un réseau plus organisé que l’apparence

Malgré une impression d’amateurs qui peut parfois sembler exister, le « réseau » mis en place par l’organisation de l’Etat islamique en Europe (ISIL / Daesh) s’appuie en effet clairement sur une organisation para-militaire, avec des unités de « l’avant », des unités « logistiques », des structures de commandement, des lieux de repli qui jongle avec les frontières, qui peut ressembler dans certains points à celui mis en place par le GIA algérien dans les années 1990.

Un ennemi qui cherche à diviser plus qu’à revendiquer

Cet « ennemi » n’a pas de revendications politiques classiquement exprimées par un mouvement terroriste (reconnaissance d’un Etat, renversement du pouvoir…). Mais il a une volonté très claire de semer la terreur, de diviser, de prendre à partie la population civile de plusieurs Etats membres.

Pour l’instant, seuls les pays francophones (France et Belgique) ont été plus nettement visés (mis à part une action au Danemark). Il n’est pas exclu qu’il en soit différemment dans l’avenir : que l’Allemagne ou l’Italie voire le Royaume-Uni, l’Autriche ou la Hongrie soient visées. La présence de l’unité franco-bruxelloise d’Abdelslam entre Allemagne, Autriche et Hongrie devraient, aussi, inquiéter nettement ces pays. Il y a des cellules logistiques dormantes, ou au moins des points d’appui qui mériteraient un intérêt.

La double attaque de Bruxelles ne visait pas spécifiquement la Belgique, malgré les apparences, mais au-delà l’institution européenne. C’est l’Europe avec son fonctionnement somme toute pacifique, démocratique, de mixité sociale et religieuse qui est visé. Les attentats de lundi à Bamako (tentative) et mardi à Bruxelles (deux attaques suicidaires mortelles) l’ont démontré (lire notre éditorial : C’est l’Europe qu’on a voulu viser !). En répondant faiblement et lentement à cette menace, les Européens s’exposent à ce que la réplique suivante les prenne, une nouvelle fois de court.

Passer la vitesse supérieure

Il ne s’agit pas de réinventer la roue, ou de mettre en place de nouvelles institutions mais de commencer à réfléchir à un nouveau dimensionnement de la réponse policière et judiciaire européenne, comme l’avaient fait en leur temps en matière de criminalité « ordinaire » l’affaire Dutroux, ou de temporalité terroriste, les attentats de septembre 2001 (New-York) et surtout de mars 2004 et juillet 2005 (Madrid / Londres). Les Européens doivent passer la vitesse supérieure, concevoir tout un dispositif en commun allant des dispositifs communs d’analyse et de prévention de la menace, aux équipes conjointes d’enquête, aux interventions communes de forces spéciales.

Des procès en commun

Il faudra aussi se poser la question de mettre sur pied des procédures communes permettant à une enquête judiciaire comme au procès pénal ensuite de couvrir les faits commis dans deux (voire trois) pays. Cela implique de révolutionner un peu nos modes de pensée et d’organisation judiciaire.  Abdelslam est-il aujourd’hui davantage coupable en France pour avoir été le « chef d’équipe » de plusieurs kamikazes avant de se rétracter lui-même ou avoir été le complice ou l’ « instigateur » des auteurs des attaques de Bruxelles ? C’est une vraie question. Et choisir le lieu du procès aujourd’hui, ce serait déjà répondre à la question finale : de quoi est-il coupable ? Avec un risque de cafouillage judiciaire… et au final d’une peine plus légère qu’attendue. Le manque d’Europe sur ce dossier est clairement préjudiciable à l’enquête. Il faut entamer ce travail tout de suite.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Les Européens et la Libye : intervenir, sanctionner, faire pression ?

Thu, 24/03/2016 - 15:37

(B2) Quel avenir pour la Libye ? Faut-il sanctionner les fauteurs de trouble ? Quel est l’objectif ? Une intervention militaire en Libye est-elle utile, nécessaire, réaliste ? Comment les Européens peuvent agir en Libye ? Quelques questions réalistes, avec des réponses aussi concrètes que possible sur un terrain délicat…

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Bruxelles, ville blessée. La fin d’une certaine insouciance

Wed, 23/03/2016 - 12:18

(B2 *) Le double attentat du 22 mars signe pour les Belges et Européens qui vivent en Belgique, la fin d’une certaine insouciance.

Chacun s’y attendait. Et au niveau des forces de sécurité, on le redoutait. C’est finalement quelques jours à peine après l’annonce de l’arrestation de Salah Abdelslam que la terrible nouvelle est arrivée. Dans la capitale européenne, très vite, la nouvelle s’est répandue. Bruxelles reste une « petite » ville. Et il suffit d’ouvrir sa fenêtre ou de lever les yeux au ciel pour voir que cette journée ne sera pas tout à fait normale. Les sirènes des voitures de police et de pompiers, stridentes à la manière de la police américaine, se succèdent sans discontinuité. Plusieurs hélicoptères survolent les habitations.

Chacun pressent qu’il y a quelque chose d’inhabituel dans l’air. On n’est pas un jour de sommet européen ni de manifestation. Effectivement… Un double attentat vient d’avoir lieu au petit matin. La RTBF, la radio et télévision publique francophone, son alter ego flamand, la VRT, tout comme les chaînes privées RTL ou VTM interrompent leurs programmes et passent en information quasi-continue, comme c’est l’habitude en cas d’événement, grave ou… joyeux.

Les réflexes acquis lors du premier « lockdown » de novembre après les attentats de Paris jouent, quand Bruxelles est devenu en quelques heures ville morte, jouent. Ceux qui ne sont pas encore partis travailler restent chez eux. Ceux qui sont au travail ne sortent plus. Les métros s’interrompent. Les bus font demi-tour, évitant le quartier européen où ils passent d’habitude. Les enfants sont confinés dans les écoles, avec interdiction de sortir. Les parents sont directement informés directement par SMS. Il est, en effet, impossible de téléphoner. Tous les réseaux de téléphone mobile sont saturés. Les tunnels routiers, qui amènent la circulation dans la ville, se ferment. La rue de la Loi, d’habitude dégorgeant de voitures, est bloquée, étrangement vide. Une atmosphère d’inachevé règne.

Le soir venu, l’inquiétude voire l’angoisse affleurent sur les visages des passants, pressés de rentrer chez eux de quitter cette capitale européenne. La menace hier ressentie de façon intellectuelle est devenue aujourd’hui réelle.

Certes, dans le passé, la Belgique a pu être atteinte par divers attentats, ils restaient en général bien ciblés, contre la communauté juive notamment, ou contre l’Etat du temps de l’action des Cellules communistes combattantes, groupuscule d’extrême gauche. Mais, c’est loin. Le souvenir collectif s’est estompé. Aucun n’avait en tout cas, la puissance de souffle, en termes de victimes comme de symbolique de cette journée du 22 mars. Et la Belgique n’a jamais connu les vagues d’attentat qu’ont connu la France (en 1986 et 1995), l’Espagne en 2004 (et aussi avec l’ETA), le Royaume-Uni en 2005 (et aussi avec l’IRA).

Inconsciemment, aussi, les Belges (et les Européens) se disaient qu’en abritant les structures arrières ou logistiques de divers groupes terroristes, oeuvrant ailleurs en Europe — GIA algériens il y a 10 ans, Al Qaida, en 2001, groupe de l’Etat islamique aujourd’hui —, ils étaient protégés par une sorte de karma extraordinaire et ne pourraient pas être touchés. Cette foi, sous-jacente,

Le double attentat à l’aéroport national où travaillent de nombreux Bruxellois comme à la station Maalbeck en plein centre du quartier européen, a ainsi brisé plusieurs dizaines de vies mais aussi une certaine innocence et douceur de vivre qui irradiaient la capitale belge, flamande et… européenne.

La station Maelbeck, moins connue que sa grande sœur, la station Schuman, est en effet stratégique dans le puzzle européen. Située à quelques minutes à pied du Berlaymont, le siège de la Commission européenne, elle est très fréquentée le matin par tous ceux qui travaillent de près ou de loin « au Marché commun », comme on dit encore à Bruxelles (lire aussi : C’est l’Europe qu’on a voulu viser !). Maelbeck est ainsi un petit condensé de l’Europe en Belgique.

Aujourd’hui, quand la ville va commencer à se réveiller, groggy, c’est donc chacun de ses quartiers, de ses communes, de Uccle, la riche, à Anderlecht la populaire, en passant par Ixelles, la bobo, ou Saint Gilles, la francophone, et Zaventem la flamande, qui pleureront leurs morts ou souffriront aux côtés des blessés.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Johanna Bouquet)

(*) Papier publié dans une première version dans Sud-Ouest ce matin

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Une Europe aux couleurs belges ce soir

Tue, 22/03/2016 - 21:32

La tour Eiffel aux couleurs belges ce soir (crédit : France Bleue)

(B2) A l’image de la tour Eiffel, nombre de bâtiments publics en Europe mais aussi dans le reste du monde afficheront les couleurs noire, jaune, rouge de la Belgique… en hommage aux victimes du double attentat de ce 22 mars…

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Mobilisation de la défense belge après les attentats

Tue, 22/03/2016 - 19:30

Le déminage militaire du SEDEE a été appelé en renfort (crédit : ministère belge de la Défense)

(B2) Juste après les attentats, le ministère belge de la Défense a décidé de mobiliser différentes unités, après la décision de l’OCAM de relever le niveau de menace au niveau 4.

Tous les moyens mobilisés

Cela s’est traduit — précise-t-on à la Défense — par la mise à disposition des unités civiles, « des moyens logistiques, du déminage, d’hélicoptères affectés à des missions de transport ou de surveillance ». Des ambulances qui ont assuré le transport médical ont été également mobilisées, ainsi que l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek, qui dispose d’une expérience dans le traitement des blessés par explosion ou brûlés.

Des militaires appelés en renfort

Des « troupes supplémentaires ont été mobilisées ». Environ 500 militaires vont arriver sur Bruxelles en renfort des effectifs déjà déployés, venant de différentes unités. Ils vont assurer notamment la sécurisation des gares et stations de métro. Ce qui devrait permettre de rouvrir la plupart des lignes de métro.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs (SEDEE) de Oud-Heverlee compte 311 militaires, dont 187 démineurs brevetés.

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L’Europe solidaire. Une attaque contre les valeurs démocratiques et de tolérance

Tue, 22/03/2016 - 18:23

Les drapeaux en berne au dessus du Quai d’Orsay et de Paris (crédit : MAE France)

(B2) Juste après les attentats, les réactions ont fusé. Si l’Europe pouvait paraître ces derniers jours, faible, divisée, les attentats de Bruxelles ont immédiatement resserré les rangs.

En témoigne la rapidité avec lesquels les capitales ont, tour à tour, convoqué des réunions de crise. Mais aussi les messages venus des institutions européennes comme de l’extérieur. Au-delà des messages de condoléance.

Cette nuit nombre de monuments en Europe et dans le reste du monde seront mis aux couleurs de la Belgique, à commencer par la Tour Eiffel.

« Une attaque contre notre société démocratique ouverte », Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’UE

The European Union mourns the victims of today’s terrorist attacks in Brussels. It was an attack on our open democratic society. (…) The European Union and its Member States stand firm with Belgium in solidarity and are determined to face this threat together with all necessary means. This latest attack only strengthens our resolve to defend the European values and tolerance from the attacks of the intolerant. We will be united and firm in the fight against hatred, violent extremism and terrorism.

« Bruxelles nous accueille, nous aiderons Bruxelles », Donald Tusk, Conseil européen

The European institutions are hosted in Brussels thanks to the generosity of Belgium’s government and its people. The European Union returns this solidarity now and will fulfill its role to help Brussels, Belgium and Europe as a whole counter the terror threat which we are all facing.

« Nous resterons unis face à la terreur », Jean-Claude Juncker, Commission européenne

Ces attaques touchent aujourd’hui Bruxelles, hier Paris. L’Europe dans son entièreté est visée. L’Union européenne et les Institutions doivent et resteront unies face à la terreur. Ces évènements nous touchent mais ne nous effrayent pas. Nous continuons notre travail pour faire face ensemble à la menace terroriste et pour apporter des solutions européennes aux questions qui nous concernent tous.

« Les racines de notre peine sont les mêmes dans nos régions », Federica Mogherini, Haute représentante de l’UE. En visite en Jordanie, la chef de la diplomatie européenne a tenu à assurer sa solidarité la capitale européenne, avant de fondre en larmes, visiblement submergée par l’émotion.

« It s a sad for Europe as Europe and its capital. We are suffering the same pain that this region as known and knows being it in Syria, being it elsewhere. We are still waiting for more precise news on the dynamics on the attacks of brussels but its quite clear that the pain we are suffering around our region are very much the same. We are united in not only in suffering our victims, but in acting and preventing radicalisation and violence together. I think that being here together with its Majesty as we were together in Brussels just a week ago is the most powerful message of strength and friendship among our people that we can pass to those that we can like to divide us. We will not, we will stay together ».

« Bruxelles ne cèdera pas » Martin Schulz, Parlement européen

« Je suis horrifié par les attentats lâches et odieux qui se sont déroulés à Bruxelles aujourd’hui. Mes premières pensées vont aux victimes et aux blessés, ainsi qu’à leurs familles et à leurs proches.  Ces actes provoquent en moi colère et tristesse. Ils prennent leurs racines dans la barbarie et la haine. Et aucune cause ne pourra jamais les justifier. Bruxelles, comme d’autres villes frappées par de telles attaques terroristes, ne cédera pas et les institutions européennes, accueillies avec générosité par les autorités bruxelloises et ses habitants, feront de même (…) »

Au Parlement européen, aussitôt connue la nouvelle de l’attentat de Zaventem, la commission des Affaires étrangères du Parlement européen entame une minute de silence.

« L’Europe est notre force », eurodéputés Socialistes français

« A travers ces nouveaux massacres, au lendemain de l’attentat de Bamako ou d’Ankara, c’est l’Union qui est visée parce qu’elle est l’Union. Si nous n’en avions pas encore totalement conscience, c’est bien la preuve que nous sommes embarqués sur le même bateau, et que nous devons, de manière intangible, agir dans une solidarité totale. Dans un monde instable, l’Union est une force, elle est notre force. »

« Nous ne les laisserons jamais gagner », David Cameron (Royaume-Uni)

 

 

 

« C’est toute l’Europe qui est touchée », François Hollande (France)

 

 

 

« La Grèce solidaire », Alexis Tsipras (Grèce)

 

 

 

Cela aurait pu « être ailleurs », Andrzej Duda (Pologne)

« Ces attaques touchent la Belgique mais auraient pu être en Grande Bretagne, en France ou ailleurs, il faut être unis et s’assurer qu’ils ne pourront pas gagner. »

« La capitale d’une Europe unie », Boïko Borissov (Bulgarie)

« Nous ne laisserons pas détruire notre civilisation Bruxelles est non seulement la capitale belge. Elle est la capitale d’une Europe unie. C’est le cœur d’une communauté à laquelle la Bulgarie appartient. Aujourd’hui, plus que jamais, tous les Européens ont besoin de montrer au monde qu’ils ne laisseront pas le terrorisme détruire notre civilisation. »

« La colère, le dégoût et la tristesse me remplissent à part égale », Lars Løkke Rasmussen (Danemark)

« Le terrorisme a frappé le cœur de l’Europe. Des innocents ont été tués et blessés par des terroristes impitoyables. Mes pensées sont avec les personnes touchées et leurs proches et l’ensemble du peuple belge. Des familles et des destinées humaines ont été brisées. La colère, le dégoût et la tristesse me remplissent. Je ne peux que me distancer de la manière la plus forte possible des actes brutaux que nous avons vu, ce matin, et des forces obscurantistes qui sont derrières. La Belgique n’est pas seule. Toute notre solidarité va à la société belge. Nous sommes ensemble en Europe. Les autorités danoises suivent de près la situation et prendront les précautions nécessaires. »

« Les Européens doivent prendre conjointement toutes les mesures nécessaires », Pavel Bělobrádek, république Tchèque (Vice-Premier Ministre de la science, de la recherche et de l’innovation)

« Les attentats terroristes à Bruxelles sont un nouvel acte dans une série d’actes de barbarie, commis par des fanatiques qui tentent de renverser la civilisation. Ces crimes inhumains méritent avec encore plus de conviction (d’être sanctionnés) que leurs auteurs ont abusé à plusieurs reprises l’hospitalité et de la protection que l’Europe fournit des arrivants. (…) Je souhaite que l’Union européenne prenne conjointement toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité des citoyens et de prévenir les actes semblables. (…) Je demande instamment aux représentants des musulmans européens de se dissocier clairement et de condamner toute manifestation du terrorisme islamique, de commencer à lutter efficacement contre toutes les expressions verbales de la haine religieuse, et de mener cette communauté vers la tolérance et le respect des valeurs européennes et la conformité. »

(propos recueillis par la rédaction de B2)

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Alerte 4 sur Bruxelles. Réunions de crise partout en Europe

Tue, 22/03/2016 - 16:00

Réunion de crise à la Commission européenne (crédit : CE)

(B2) Aussitôt après les deux attentats de Bruxelles, les différentes structures de pouvoir se sont réunies à Bruxelles comme ailleurs en Europe.

Alerte 4 à Bruxelles

Après une réunion de l’OCAM (l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace), le gouvernement belge décide de renforcer le niveau de l’alerte au niveau 4, le niveau maximal.

Premières décisions au niveau belge

Une première réunion du conseil national de sécurité — regroupant les vice-Premier ministres et les ministres en charge des questions de sécurité — a décidé des premières mesures : « des renforts militaires déployés dans les principaux lieux de la capitale, le contrôle aux frontières est renforcé, des restrictions sont applicables dans les transports en commun » indique Charles Michel après la réunion. Elles seront suivies d’autres : les écoles pourraient être fermées ce mercredi (23 mars).

Réunion de crise à la Commission européenne

Une réunion de crise s’est tenue très tôt au Berlaymont, siège de la Commission européenne, entre le président Jean-Claude Juncker et la vice-présidente chargée de l’Administration, Kristalina Georgieva, en coordination avec les services de sécurité internes à l’institution.

Alerte orange à la Commission

Kristalina Georgieva, la commissaire européenne chargée de l’Administration, annonce le relèvement de l’alerte interne à Orange (elle était « Blanche » jusqu’ici). Elle demande à son personnel de rester dans ses locaux ou chez eux s’ils ne sont pas encore arrivés. Toutes les réunions internes ou extérieures sont annulées. L’accès des bâtiments est réservé uniquement aux membres de l’administration (pas d’invités ni d’extérieurs). Des mesures similaires sont prises au Parlement européen.

All EU institutions are at alert level ORANGE – all meetings on premises and outside cancelled, access only for staff with badges

— Kristalina Georgieva (@KGeorgievaEU) 22 mars 2016

Réunions dans toutes les capitales

A Paris, une réunion d’urgence est convoquée à l’Élysée autour de François Hollande avec les principaux ministres concernés (Défense, Intérieur, Justice, Transports). Un mouvement imité dans nombre de capitales européennes à Varsovie, Londres, Madrid…

A Londres, une réunion du COBRA s’est tenue sous la présidence du Premier ministre David Cameron. Cette réunion de crise des principaux ministres et responsables de sécurité britanniques a convenu « d’augmenter la présence de police dans les ports et aéroports, dans les gares internationales et dans les stations de métro ».

A Madrid, en pleine semaine sainte, alors que le gouvernement est déjà en vacances, devrait se tenir une réunion demain. Ce mardi, déjà, vers 17h, le ministre de l’Intérieur, Jorge Fernandez Díaz, et le secrétaire d’Etat à la sécurité, Francisco Martínez, doit présider une réunion du « groupe d’examen de la menace terroriste en Espagne ». Ce groupe réunit les plus hauts responsables de la lutte contre le terrorisme de la Police nationale, la Guardia Civil, le Centre du renseignement de lutte contre le terrorisme et le crime organisé (CITCO), le Centre national du renseignement (CNI), etc.

Pas de réunion prévue encore au niveau européen

Du côté des 28, il n’y a, d’après les informations recueillies par B2, pour l’instant pas de réunion de crise prévue à un niveau quelconque au niveau des ambassadeurs (COREPER ou COPS), des spécialistes de sécurité (COSI, sécurité intérieure), ou au niveau ministériel ou des chefs d’Etat et de gouvernement. Mais une réunion pourrait être convoquée rapidement (éventuellement hors de Bruxelles).

(Nicolas Gros-Verheyde avec JB et LH)

Mesures de sécurité dans les aéroports

La sécurité est renforcée à Paris, à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. De même, à l’aéroport de Frankfurt en Allemagne, l’un des aéroport internationaux les plus importants d’Europe. Aux Pays-Bas, tous les aéroports du pays renforcent leurs mesures de sécurité. Quant à l’aéroport de Rome, il ferme.

(NGV avec JB et LH)

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C’est l’Europe qu’on a voulu viser !

Tue, 22/03/2016 - 14:00

Les drapeaux européens abaissés au siège de la Commission européenne (crédit : CE)

(B2) Il ne faut pas s’y tromper. Les attentats de Bruxelles du 22 mars avaient un objectif : viser l’Europe en visant ses principaux points de transit où passent les voyageurs et les expatriés européens, à commencer par l’aéroport de Zaventem et la station de métro Maelbeck

La station Maelbeck, centre du pouvoir européen

Située à mi-chemin entre la station Schuman, centre du pouvoir européen, et la station Arts-Lois, noeud de circulation des différents métros, à quelques minutes à pied du Berlaymont (le siège de la Commission européenne), sur la rue de La Loi (la grande artère du pouvoir belgo-européen), la station Maelbeck est une « petite station », sans doute moins surveillée que celle de Schuman. Elle se situe pourtant à quelques centaines de mètres à peine du Berlaymont, le siège de la Commission européenne (4 minutes à pied) et borde le Lex (le bâtiment du Conseil qui abrite les services juridiques, de traduction et sert de salle de réunion pour l’Eurogroupe bien souvent), du Charlemagne (le bâtiment de la DG Commerce). Et elle dessert directement plusieurs bâtiments de la Commission européenne (DG Agriculture, DG Concurrence, DG Aide humanitaire / Protection civile…) ainsi que plusieurs ambassades (notamment les Représentations permanentes auprès de l’Union européenne de la Belgique, de la Hongrie ou de la Finlande).

L’heure de l’explosion : 9h15

L’heure où a eu lieu l’explosion — après 9h — n’est pas tout à fait un détail. A cette heure-là, tous les élèves sont déjà à l’école. Les fonctionnaires et travailleurs belges ont déjà fait leur trajet quotidien pour rejoindre leur bureau (on embauche à Bruxelles entre 6h30 et 8h). Ce sont donc les autres, les Européens (diplomates, agents, lobbyistes, etc.) qui transitent par le métro à cette heure-là, soit pour se rendre à leur travail, soit pour aller à une réunion.

Un élément précurseur : l’attentat de Bamako

L’attaque, la veille, du quartier général de la mission EUTM Mali par plusieurs « terroristes » à l’arme légère est passée relativement inaperçue. Cette attaque a été déjouée par les forces de sécurité présentes sur place (Lire : Le QG d’EUTM Mali attaqué à Bamako). On observe ainsi que, généralement, les attaques sur le continent européen sont souvent précédées d’une attaque dans un pays proche de la zone francophone (Liban, Mali, Burkina Faso, Tunisie). L’attentat de Beyrouth avait précédé de peu celui de Paris le 13 novembre. Un point qu’il est sans doute trop tôt pour analyser qui peut ressortir du simple hasard mais pourrait refléter aussi un modus operandi plus organisé. Un peu comme un élément déclencheur…

(NGV)

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Bruxelles touchée à son tour par les attentats. Le réveil brutal de la capitale européenne

Tue, 22/03/2016 - 11:15

Réunion de crise à la Commission européenne (crédit : CE)

(B2) Chacun s’y attendait un peu. Les autorités belges redoutaient une attaque semblable à celle du 13 novembre à Paris, en plusieurs points de Bruxelles. Elle a lieu ce 22 mars au matin (1), visant des objectifs majeurs de la capitale européenne : son aéroport, son métro en plein coeur du quartier européen…

Explosions à l’aéroport de Zaventem

Dans le hall des départs de l’aéroport national de Bruxelles (Zaventem), une première explosion survient. Il n’est pas encore 8 heures. Quelques minutes après, une seconde. Le faux plafond s’écroule. A cette heure où concentrent une grande partie des départs de la journée, le but est de tuer. Le premier bilan établi par le parquet fédéral, peu après, se monte déjà à 13 morts et 25 blessés. La commission des Affaires étrangères du Parlement européen entame une minute de silence.

Le quartier européen touché 

La nouvelle de l’attentat à l’aéroport n’est pas encore dissipée qu’une deuxième explosion est signalée. À 9h15, juste après l’heure de pointe, une explosion est entendue dans le métro Maelbeek, une des stations majeures du quartier européen qui dessert plusieurs bâtiments de la Commission européenne (DG Agriculture, DG Concurrence, DG Aide humanitaire…) à deux pas du rond-point Schuman, où se situe le pouvoir européen. La fumée se dégage, le métro est évacué, les bus sont détournés. Très vite, c’est tout le quartier européen qui est bouclé. Une bombe a explosé éventrant un métro. Le bilan là aussi est important et pourrait s’aggraver très vite. On parle d’une dizaine de morts.

Lockdown sur Bruxelles

Immédiatement se déclenche outre le plan catastophes pour venir au secours des victimes mais aussi un plan urgence attentat. Un numéro de téléphone d’urgence est mis en place, celui de la cellule de crise : le 1771, très vite saturé au point que les autorités invitent chacun à ne le contacter que si urgence. Les tunnels routiers de la capitale sont fermés à la circulation, ainsi que tous les transports ferment. Sur les réseaux sociaux, la police et le centre de crises, appellent chacun à rester chez soi. Les élèves sont consignés dans leurs écoles.

#Bruxelles #Explosions Demande du centre de crise: chacun est invité à rester là où il est: écoles, entreprises, maisons @IPBruxelles

— ZPZ PolBru (@zpz_polbru) 22 mars 2016

Alerte orange à la Commission

Kristalina Georgieva, la commissaire européenne chargée de l’Administration, annonce le relèvement de l’alerte interne à Orange (elle était « Blanche » jusqu’ici). Elle demande à son personnel de rester dans ses locaux ou chez eux s’ils ne sont pas encore arrivés. Toutes les réunions internes ou extérieures sont annulées. L’accès des bâtiments est réservé uniquement aux membres de l’administration (pas d’invités ni d’extérieurs).

All EU institutions are at alert level ORANGE – all meetings on premises and outside cancelled, access only for staff with badges

— Kristalina Georgieva (@KGeorgievaEU) 22 mars 2016

Réunions de conseil de sécurité

Le gouvernement belge réunit un Conseil de sécurité nationale. A Paris, une réunion d’urgence est convoquée à l’Élysée autour de François Hollande avec les principaux ministres concernés (Défense, Intérieur, Justice, Transports).

(NGV & JB)

(1) La veille à Bamako, c’est le quartier général de la mission EUTM Mali qui avait été touché par une attaque à l’arme légère. Sans dégâts heureusement. Lire : Le QG d’EUTM Mali attaqué à Bamako NB : On observe ainsi que, généralement, les attaques sur le continent européen sont précédées d’une attaque dans un pays proche de la zone francophone : Mali, Burkina Faso, Tunisie.

 

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Le QG d’EUTM Mali attaqué à Bamako

Mon, 21/03/2016 - 23:52

Force protection belge de la mission EUTM Mali (MOD Belgique, janvier 2016)

(B2) Le quartier-général de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM‬ ‪Mali‬) a été attaqué à Bamako ce lundi (21 mars) en fin d’après-midi (18h30 locales). Plusieurs attaquants ont fait irruption devant l’hôtel qui abrite le QG tirant avec des armes automatiques légères. Du côté de la mission européenne, on se veut rassurant. « Personne n’a été blessé et aucun dommage n’a été occasionné ». « Les mesures de protection des membres d’EUTM, et les mesures de sécurité ont fonctionné correctement, permettant le contrôle de l’agression de manière efficace. » Les forces de sécurité de la mission ont « sécurisé » la zone, avec l’aide des Forces Armées Maliennes et de la Mission de l’ONU dans le pays (MINUSMA). Celles-ci « patrouillent autour du QG actuellement » a précisé la mission sur son compte facebook en fin de soirée. Un des attaquants a été « neutralisé » et deux autres  interpellés. Ils ont déjà été interrogés, selon le ministre malien de la Sécurité, Salif Traoré.

 

(NGV)

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Qu’est devenue la petite Sophia ?

Mon, 21/03/2016 - 08:20

Une petite fille heureuse, prénommée Sophia, née en pleine Méditerranée, sur un navire allemand (Crédit : Rheinische Post)

(B2) Née le 24 août 2015 à bord du « Schleswig-Holstein », son prénom, Sophia, est devenu le petit nom de l’opération européenne au large des côtes libyennes (EUNAVFOR MED). 

Aujourd’hui, la petite fille, âgée de près de sept mois, vit dans un petit appartement à Gelsenkirchen dans la Ruhr, avec sa mère, Rahma Abukar Ali. Un journaliste du Rheinische Post les a rencontrées.

Pour Rahma, âgée de 33 ans, ces cinq mois jusqu’à la route de la côte méditerranéenne ont été une véritable épreuve. L’entretien avec le journaliste allemand Helmut Michelis permet de mieux cerner ses motivations.

Mère déjà de sept enfants, elle a laissé ceux-ci aux soins de la grand-mère. « Un acte de désespoir » confie-t-elle. « Mon mari s’est séparée de moi. Mogadiscio est devenu dangereux. Les attentats se multiplient. Ma mère m’a dit : « Tu n’as pas d’avenir ici » ». Toute la famille s’est alors cotisée pour lui trouver l’argent nécessaire au passage. « Une tante a donné 200 Euros, un autre parent 100 Euros »… Entre 8000-10.000 euros ont ainsi été récoltés, le coût d’un passage à travers le continent africain vers l’Europe. Et elle est partie… vers l’Europe « Je voulais juste un pays sûr en Europe. L’Allemagne, je n’y ai même pas pensé ». Quant au prénom de sa fille, il est très proche (du moins phonétiquement) de « Saffiya », un nom de jeune fille traditionnelle en Somalie. Et elle peut être relativement fière du certificat de naissance. A la mention « lieu de naissance », il est ainsi indiqué : « frégate Schleswig-Holstein, position 37° de latitude nord et 16°27 ‘de longitude est ». Plutôt original !

(NGV)

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EUNAVFOR Med. Les premiers effets de l’opération Sophia

Sun, 20/03/2016 - 10:55

(B2) Depuis le passage en phase opérationnelle, en octobre, qui est le réel démarrage de l’opération européenne en Méditerranée, l’opération EUNAVFOR Med a pu engranger certains résultats.

Premier effet. Le nombre de morts a diminué

C’est un effet notable et le plus spectaculaire. Si on regarde les statistiques, le nombre de morts a chuté de presque 2% des passages à moins de 0,1%. Un point notable pour le contre-amiral Gueglio que nous avons interrogé (Lire : ). Car les passeurs n’ont aucun état d’âme à envoyer des barcasses à l’eau et à les laisser couler. Pour eux, le travail est terminé.

Deuxième effet. La liberté de manoeuvre des passeurs réduite

Dans les six derniers mois de 2015, on a « vu la liberté de manoeuvre des passeurs largement réduite » par la présence d’EUNAVFOR Med. Elle est « maintenant limitée aux eaux territoriales libyennes ». Et le nombre de trafic s’est stabilisé. Il s’avère en légère diminution en 2015 (-9%) par rapport aux années précédentes. Et même si les deux premiers mois de 2016 semblent accuser une légère augmentation (+9%), on peut parler de stabilisation car les mois d’hiver ont été particulièrement cléments cette année, avec seuls quelques jours avec des vents supérieurs à une force 3.

Troisième effet. Le manque de bateaux de grande capacité 

Depuis trois mois, « on n’a pas observé de départs avec des navires en bois, uniquement des dinghis », explique-t-on à EUNAVFOR « alors qu’ils sont plus sûrs et permettent surtout durant l’hiver de continuer le trafic ». « Ils ont perdu tous leurs bateaux » confirme un officier. Sur les 90 navires détruits par EUNAVFOR, environ une vingtaine étaient des bateaux en bois. Pour les marins européens, c’est une conséquence du flot de migrants arrivés en Libye et d’un manque d’approvisionnement de navires en bois. Auparavant, on voyait les navires réutilisés plusieurs fois, remorqués, et réparés pour resservir. Depuis qu’on est autorisé à se saisir d’eux, ce n’est plus le cas. « Cela ne s’est jamais reproduit après octobre ». Il « y a un manque de capacités de bateaux en bois en Libye. Les pêcheurs qui les utilisent les gardent pour leurs propres activités et les protègent davantage contre les vols possibles des trafiquants ».

Quatrième effet, plus mitigé, les arrestations

Seul regret, les arrestations restent limitées. Même si l’opération peut se targuer d’avoir contribué à faire arrêter 53 personnes (1), cela reste assez limité. Souvent, ce ne sont que de seconds couteaux, des « facilitateurs », c’est-à-dire des migrants à qui on a appris en deux minutes à faire fonctionner un téléphone d’urgence ou à piloter le moteur, plutôt que des trafiquants ou des passeurs. « On n’est pas autorisés pour l’instant à remonter à la source — ce qui serait possible dans la phase 3 —, c’est-à-dire à coincer ceux qui organisent le trafic. On ne peut les arrêter que pris sur le fait, ‘dans le pot de miel’ » regrette un officier.

Le pari européen

Le pari des Européens est que les passeurs ne pratiquent pas leur activité avec un but politique mais à titre économique, avec l’objectif de faire un profit important. « Si le coût du passage devient moins intéressant, ils se tourneront vers d’autres activités plus profitables. En privant les trafiquants de pouvoir récupérer leur matériel (navire, moteur, téléphone…), on contribue à contrebalancer les coûts et à réduire la profitabilité des passeurs. La plus grande crainte des passeurs est de se faire arrêter et de ne pouvoir continuer leur activité illégale. » Mais chacun sait que la réelle stratégie de sortie ne peut se faire qu’avec la coopération des pays riverains, à commencer par la Libye. L’action des garde-côtes libyens existe. Mais elle est encore très parcellaire et trop limitée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) L’opération européenne n’a pas en soi le pouvoir d’interroger les suspects. Un premier screening des migrants permet de repérer de potentiels suspects. C’est de fait la compétence et la responsabilité des garde-côtes et policiers italiens, à l’arrivée au port en général, ou sur les bateaux de façon plus exceptionnelle, de mener ces interrogatoires. Sur certains navires, des policiers ou spécialistes de Frontex sont présents.

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910 migrants récupérés en Méditerranée

Sat, 19/03/2016 - 23:42

(B2) Près de 910 migrants ont été secourus ce samedi (19 mars) au large de la Libye.  420 migrants ont été récupérés par la frégate espagnole Numancia. Et 20 autres par la corvette allemande Ludwigshafen. Ils étaient à 30 miles nautiques des côtes à bord d’un navire en bois venant de Sabratah. On revoit ainsi au large des côtes libyennes des navires en bois qui avaient été moins utilisés ces derniers temps.

112 autres migrants ont été secourus par le navire de Frontex Siem Pilot. Tandis que le navire Diciotti (CP941) des garde-côtes italiens récupérait 378 migrants, lors de deux autres opérations de secours : 132 migrants d’un premier canot et 246 autres d’un navire en bois dont 50 femmes et un mineur. Ils ont également récupéré un corps, décédé.

Le Siem Pilot a débarqué à Palerme les 700 réfugiés qu’il avait à bord.

(NGV)

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La fin d’une longue traque européenne. Abdeslam arrêté à Molenbeek (MAJ2)

Fri, 18/03/2016 - 19:42

@Crédit : twitter

(B2) L’information est tombée en plein Conseil européen vendredi (18 mars) en fin d’après-midi. Des perquisitions sont en cours à Molenbeek, commune bruxelloise. Une affaire plus que sérieuse. Au point que le Premier ministre belge Charles Michel quitte précipitamment la réunion pour rejoindre le « 16 » (le siège du gouvernement situé rue de la Loi) sans même tenir l’habituelle conférence de presse finale. Quelques minutes plus tard, l’information se répand. Les perquisitions concernent bien Salah Adbelslam. Celui-ci a été neutralisé par la police belge.

François Hollande alerté

Le Président français François Hollande qui a déjà entamé sa conférence de presse finale, semble préoccupé. Il se refuse alors à confirmer officiellement l’information. Mais du côté des chaises présidentielles, cela s’agite. Son assistant militaire s’entretient avec les conseillers présidentiels. Un signe est fait d’écourter la conférence. Le président s’isole quelques minutes. Il passe dans la salle britannique voisine, qui est vide, avec son entourage. La sécurité présidentielle assure que personne ne ‘traine’ dans la pièce. Il revient ensuite quelques instants voir les derniers journalistes (dont B2) restés dans la salle de presse française. Mais il se refuse à confirmer l’information. « Vous savez il faut toujours être très prudent dans ce type d’affaires. (…) Je peux juste vous dire qu’il y a trois personnes d’impliquées ». Entretemps, le ministre belge de l’intérieur Theo Franken a déjà vendu la mèche, balançant par tweet un « We hebben hem » (nous l’avons). Tweet qu’il retirera rapidement.

Retrouvailles franco-belges

En fait, François Hollande a eu, au téléphone, le Premier ministre belge, Charles Michel, qui lui a donné l’état des lieux et confirmé l’information. Pas question cependant pour lui de faire une déclaration intempestive, en solo, sur une intervention menée surtout par les Belges sur le territoire belge, même si elle concerne de près la France. Politiquement, il s’agit de ne pas faire de faux pas qui puisse prêter à la polémique et plutôt de marquer la bonne entente franco-belge. Il est ainsi décidé qu’il ne fera aucune intervention sinon celle conjointe avec le dirigeant belge.

Dans le bunker du 16 rue de la Loi

François Hollande quitte alors très rapidement le sommet européen pour rejoindre son homologue belge au siège du gouvernement. Son séjour en Belgique se prolonge. Les deux dirigeants sont rejoints par le procureur fédéral belge et la commissaire générale Catherine de Boll. Ils sont informés en temps réel du déroulement de l’opération. Encore une heure se passe. Il est 20h30 environ. Charles Michel et François Hollande s’expriment en direct, conjointement, depuis la salle de presse du « 16 rue de la loi », enfoncé au sous-sol du siège du Premier ministre. L’occasion pour eux de souligner cette bonne coopération franco-belge tout au long de cette traque qui a duré plusieurs mois entre Paris et Bruxelles mais aussi dans plusieurs villes européennes.

Une longue traque de 4 mois

Salah Abdeslam : la cavale du terroriste parisien

 Salah Abdeslam est l’un des principaux suspects, encore en vie des attentats de Paris, qui ont fait 130 morts (lire : Attentats de Paris. Plusieurs victimes européennes et d’autres pays). Qualifié un peu rapidement de cerveau de l’attentat, il tenait davantage le rôle de logisticien. Sa fuite, hors de France, rondement menée, l’a ramené finalement dans sa commune d’adoption à Molenbeek. Pour le retrouver, les policiers belges et français n’ont pas ménagé leurs efforts (Lire : Belges et Français ensemble. Le procureur fédéral fait le point sur l’enquête). Depuis 4 mois, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, ce sont «  plus de 100 perquisitions et 58 personnes arrêtées » en Belgique, souligne Charles Michel.

Des empreintes aux quatre coins de Bruxelles

Les empreintes d’Abdeslam ont été retrouvées à plusieurs endroits de la capitale européenne. D’abord dans la commune de Schaerbeek, dès le lendemain des attentats du 13 novembre. Ses empreintes se retrouvent ensuite dans un appartement du troisième étage de la rue Henri Bergé. Il s’y serait caché pendant près pendant près de 20 jours, selon les médias belges. Il prend la fuite peu de temps avant que les forces de l’ordre ne trouvent la planque, le 9 décembre. Trois mois plus tard, Abdeslam n’a, en fait, pas rejoint la Syrie, comme certains l’ont dit. Il est toujours dans les rues qu’il connait.

L’équipe d’enquête franco-belge sous le feu

Mardi (15 mars), une perquisition de routine à Forest, rue de Dries, à quelques centaines de mètres de la grande salle de concert de Forest National, manque de tourner au drame. À 14h15, une équipe de six policiers belges et deux français est pris sous le feu. « Dès le moment où la porte de l’appartement a été ouverte, au moins deux personnes armées d’un riot gun et d’une Kalachnikov ont immédiatement ouvert le feu sur les policiers », expliquera peu après un membre du parquet fédéral belge. « Un échange de tirs bref mais nourri s’en est suivi, et trois des six policiers ont été légèrement blessés, dont une policière française ». Mohamed Belkaid (alias Samir Bouzid), l’un des complices de Salah Abdeslam (1), est abattu au cours de cette opération. Des armes et des munitions sont trouvés sur place. Mais Salah Abdeslam, dont les empreintes ont été retrouvées sur place, a pris la poudre d’escampette en compagnie d’un complice. Sa fuite n’aura finalement duré que trois jours …

Trois perquisitions en région bruxelloise

Quand l’opération démarre ce vendredi (18 mars), à 16h30, la police sait qu’elle peut tomber sur celui qui est qualifié d’ennemi numéro 1. Elle ne lésine pas sur les moyens. Les unités spéciales de la police fédérale, cagoules sur la tête, sont présentes, avec des armes de précision. Des policiers de la PJ de Bruxelles et des Français également sont là. Le périmètre est bouclé par la police locale et la population tenue à distance. En l’air, un hélicoptère de la police veille au grain (NB : une procédure habituelle à Bruxelles pour permettre d’avoir une surveillance aérienne de tout l’environnement et une assistance aux unités au sol). Trois perquisitions ont lieu quasi-simultanément : deux à Molenbeek (rue de la Savonnerie et rue des Quatre vents) et une à Jette. Trois suspects sont repérés.

Blessé à la jambe et arrêté

Blessé « légèrement » à la jambe, par un tir d’immobilisation, Abdeslam est finalement arrêté par les forces de l’ordre, en compagnie d’un deuxième suspect, Amine Choukri, lui aussi blessé (2). Il est 18h15, le gros de l’intervention est terminé. Les blessés sont amenés par les ambulances des pompiers, sous bonne escorte, à l’Hôpital Saint-Pierre. Une troisième personne est également arrêtée, Abid Aberkan, un ami d’Abdeslam. Sa mère qui a logé son ami, et sa compagne, sont également interpellées.

La phase judiciaire

La traque d’Abdeslam est terminée… Commence la phase judiciaire, « directement lié à l’organisation et à la perpétration des attentats de Paris » a affirmé François Hollande. Un Conseil spécial de défense, côté français, a lieu ce samedi à Paris. Il reste encore quelques suspects en liberté. Mais l’enquête n’est pas terminée. « C’est loin d’être terminé, mais cela progresse », confirme le procureur fédéral Thierry Weerts. « Salah Abdeslam n’est pas l’ennemi public numéro un, il y en a peut-être d’autres. »

(maj) Salah Abdeslam et Amine Choukri ont été inculpés « de participation à des meurtres terroristes et participation aux activités d’un groupe terroriste » a annoncé le parquet samedi (19 mars), après-midi. Tandis qu’Abid Aberkan a été « inculpé de participation aux activités d’un groupe terroriste et recel de criminels »

(Nicolas Gros-Verheyde & Johanna Bouquet, avec Lucas Millet)

(1) Salah Abdeslam avait été contrôlé le 9 septembre 2015, sur le trajet entre la Hongrie et l’Autriche à bord d’une Mercedes, en compagnie de deux personnes : le fameux Samir Bouzid (une fausse identité) et un troisième homme qui portait également une fausse carte d’identité au nom Soufiane Kayal. Ce n’était pas la première fois qu’il se rendait dans le pays. L’avis de recherche diffusé le 4 décembre 2015 précisait ainsi que Salah Abdeslam s’était rendu à deux reprises à Budapest en Hongrie dans le courant du mois de septembre 2015 au moyen d’un véhicule de location. Quant à la fausse carte d’identité au nom de Samir Bouzid, elle « a également été utilisée quatre jours après les attentats de Paris, le 17 novembre vers 18h, dans une agence Western Union en Région bruxelloise » a précisé le procureur fédéral vendredi (18 mars). « C’est de là qu’une somme de 750 euros avait été transférée à Hasna Ait Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Tous les deux décèderont peu après lors de l’assaut à Saint-Denis. Des images avaient été enregistrées lors de ce transfert d’argent. »

(2) Choukri avait « été contrôlé en compagnie de Salah Abdeslam à Ulm (Allemagne) le 3 octobre » dernier. Pendant ce contrôle, ses empreintes « avaient été relevées ». Elles « ont été ultérieurement prélevées dans la maison utilisée par le groupe terroriste à Auvelais ». Un « faux passeport syrien au nom de Monir Ahmed Alaaj et une fausse carte d’identité belge au nom de Amine Choukri ont été retrouvés lors de l’intervention rue du Dries à Forest ».

(complété samedi matin 19.3 avec les indications du Parquet fédéral)

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Nouveau sauvetage en Méditerranée. La voie libyenne est rouverte (maj)

Fri, 18/03/2016 - 16:00

(B2) Le beau temps revenu… ils arrivent. En trois jours, près de 2500 naufragés de la migration ont ainsi été récupérés par les différentes marines déployées au large de la Libye.

Les navires Sphinx et Aliseo de la marine italienne — qui participent à l’opération Mare Sicuro — ont ainsi récupéré ce vendredi (18 mars) plus de 300 personnes qui voguaient dans trois canots différents : 115 d’un premier canot, 130 migrants sur un second canot pour le Sphinx. Tandis que l’Aliseo récupérait 121 migrants, transférés du navire norvégien de Frontex Siem Pilot, selon le fil twitter de la marine italienne. Ils ont été débarqués à Reggio Calabria puis amenés par bus à Tarente. De leur côté, le Peluso des gardes-côtes italiens (CP 905) venait au secours de 243 personnes dans deux opérations. Ils ont récupéré également un corps d’un migrant décédé. Tandis que l’Egeo (CP322) venait au secours dans la nuit de 2 autres canots.

La veille, jeudi (17 mars), le navire océanographique britannique HMS Enterprise (EUNAVFOR MED) est venu au secours de trois canots pneumatiques de sauvetage, précédemment repérés par l’avion de surveillance aérienne espagnol Vigma D4. Il a ainsi récupéré en tout 378 naufragés : 116 naufragés sur un canot, 98 migrants sur un second canot et 164 venant d’un troisième canot.

(NGV)

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Comment mieux surveiller les flux de migrants. Cf. 2005 !

Fri, 18/03/2016 - 11:35

Tony Blair lors de la présidence britannique de l’UE – ici à Hampton court (crédit : Commission européenne, archives B2)

(B2) En farfouillant dans mes archives, j’ai retrouvé ces conclusions d’un sommet européen, tenu fin décembre 2005, sous la présidence britannique de l’Union (Tony Blair en exercice à l’époque). Elles faisaient suite à la réunion informelle tenue à Hampton Court en octobre 2005. C’était il y a dix ans. On a l’impression que c’était il y a un siècle ! Mais les recommandations des ’25’ (à l’époque) paraissent tout à fait actuelles…

« Des mesures devront être prises pour réduire les flux de migration clandestine et les pertes en vies humaines, assurer le retour des immigrants illégaux dans de bonnes conditions de sécurité, apporter des solutions plus durables aux réfugiés et renforcer les capacités afin de mieux gérer les migrations, notamment en maximisant les avantages pour tous les partenaires de l’immigration légale, tout en respectant pleinement les droits de l’homme et le droit de demander l’asile. » indiquaient les conclusions.

Cette réunion ne s’arrêtait pas là, elle établissait une série d’action à mettre en oeuvre durant l’année 2006. Je ne résiste pas à l’idée de vous citer aussi quelques unes des pistes envisagées :

• lancer, le plus tôt possible dans le courant de l’année 2006, une étude de faisabilité portant sur le renforcement du contrôle et de la surveillance de la frontière maritime méridionale de l’UE, à savoir la Méditerranée, et sur la mise en place d’un réseau méditerranéen de patrouilles côtières auquel participeraient des États membres de l’UE et des pays d’Afrique du Nord.

• Examiner si la mise en place, d’ici fin 2006, d’un système de surveillance qui devrait couvrir toute la frontière maritime méridionale de l’UE et la Méditerranée est techniquement faisable.

• Mettre en place, le plus tôt possible dans le courant de l’année 2006, des réseaux régionaux d’officiers de liaison « immigration » en y associant des pays ou des régions prioritaires, et présenter des rapports, d’ici mai 2006, sur l’immigration clandestine et la traite des êtres humains, avec l’assistance, le cas échéant, des officiers de liaison « immigration » présents dans les principaux pays.

• Présenter, d’ici le printemps de 2006, une proposition de création d’équipes de réaction rapide constituées d’experts nationaux capables de fournir une assistance technique et opérationnelle rapide en période d’afflux importants de migrants.

Dix ans après ! Ce serait intéressant de voir où on en est (1). J’ai comme l’impression qu’on pourrait reprendre plusieurs de ces prescriptions pour les appliquer aujourd’hui…

(NGV)

(1) Seule la dernière me semble à peu près appliquée (les équipes Rabit de Frontex, mais de façon limitée encore).

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Route de la Méditerranée centrale. La Tripolitaine vit du trafic

Thu, 17/03/2016 - 12:35

Au coeur du commandement de EUNAVFOR Med, le FHQ embarqué à bord du Cavour. Moyens électroniques… et carte traditionnelle. Le bon vieux compas, la gomme et le crayon restent utilisés (© NGV / B2)

(B2, à bord du Cavour) Les trafiquants libyens, égyptiens ou tunisiens…, à EUNAVFOR Med, on commence à bien les connaitre, à force de les pratiquer.

Une vigie de surveillance classique…

La mission européenne, pour cerner les us et coutumes des trafiquants, a déployé différents moyens. Des avions de patrouille maritime surveillent régulièrement la zone, tout comme les hélicoptères de bord des navires, voire les marins tout simplement à bord des navires qui observent ce qui se passe. Le contrôle a lieu de visu mais aussi par les différents dispositifs radars et de surveillance électronique.

… et un peu plus sophistiquée

Les Britanniques ont déployé un navire … océanographique qui a l’avantage de disposer à bord de nombreux équipements pour l’observation. Ils ont également un drone mais « davantage à titre d’essai que réellement opérationnel », selon nos informations. L’opération EUNAVFOR MED utilise aussi des moyens plus discrets, comme un sous-marin. Très pratique, « il ne peut pas être repéré par des moyens traditionnels » témoigne un officier. « Cela permet d’observer les mouvements, les conversations téléphoniques au besoin, etc. »

Un véritable trafic en Libye

Les migrants sont recrutés par les médias sociaux, des proches ou des services d’agences de voyage qui agissent pour des réseaux de passeurs en dehors de la Libye. Avant un passage, les migrants sont hébergés « dans des « zones sécurisées », des maisons ou gros bâtiments, dans des zones arrières à quelques km de la plage » où les migrants restent pour une période de jours ou de mois. « Ils travaillent en attendant, ou sont exploités par les trafiquants. »

Un passage la nuit, avec ticket d’embarquement Svp

Juste avant le passage, les migrants sont ramenés par groupe dans un camp près de la plage. Cela nécessite parfois le passage « dans des zones contestées, et le paiement d’escortes ou de ‘droits de passage’ aux check-points ». Le paiement final a lieu dans la zone départ (staging area), avec un système assez proche des ferry : un ticket ou une carte d’embarquement est utilisé pour faciliter le processus. En général, vers minuit, les migrants sont rassemblés et montent dans les bateaux. Le passage a lieu la nuit. Moins risqué !

La police libyenne parfois présente

Les garde-côtes ou la police libyenne est rare. Mais elle fait parfois des opérations. « C’est pour le moins inopiné et surprenant. Nous n’avons pas vraiment d’information sur leur façon d’opérer ni pourquoi ils interviennent à ce moment là et pas à d’autres » raconte un marin. L’idée d’une certaine complicité entre les policiers et les trafiquants n’est pas tout à fait exclue… Gare à ceux qui se sont ‘chopés’. Ils sont ramenés illico à terre. Et le voyage est terminé pour eux. Les trafiquants estiment avoir fait le travail pour lequel ils étaient payés. Si le migrant veut retenter sa chance, il doit repayer. S’il n’a pas d’argent… il doit travailler, pour pouvoir se payer le voyage. Dans des conditions très dures, parfois proches de l’esclavage, nous explique-t-on.

Le triangle de Lampedusa

La majorité d’entre eux partent du « triangle de Lampedusa » marqué aux extrémités, par les ports de Zuwhara et Misrata, sur la côte tripolitaine, et l’ile de Lampedusa à la pointe. Quatre points principaux d’embarquement ont été identifiés : Zuwarah, Sabratah, Garabulli et Misrata. La plupart des sauvetages ont ainsi lieu entre 20 et 40 miles nautiques, en dehors de la ligne des eaux territoriales libyennes.

Bateaux en bois ou pneumatiques ?

Chaque zone a sa méthode. A l’ouest de Tripoli, on utilise davantage les bateaux en bois (wood boat) qui ont l’avantage de pouvoir emmener plus de monde à la fois et d’être récupérés (600 personnes environ à chaque passage). A l’est de Tripoli, on utilise plus communément des canots pneumatiques (dinghi, rubber ou inflatable boat), qui sont faciles à trouver, coûtent moins cher à l’achat mais emmènent moins de personnes à la fois (100-120 environ à chaque passage).

D’où viennent ces canots ?

Les canots pneumatiques sont importés de Chine et transitent par Malte ou la Turquie. Les douanes maltaises ont ainsi intercepté un container contenant 20 bateaux gonflables emballés, destinés à Misrata. Mais le container a dû être libéré. « Il n’existe aucun cadre légal pour retenir de tels équipements ».

Combien coûte un passage ?

Le coût du passage varie selon la rapidité du passage… et la nationalité. On estime le billet « en moyenne à 1000 $ » nous confie le contre-amiral Gueglio qui commande l’opération sur zone. Les Africains paieraient moins cher, environ 500 dollars, là où un Syrien peut payer de 1000 à 1500 dollars. Le prix du passage diffère aussi selon le type de bateau et le type d’organisation. « C’est moins cher de partir d’un canot pneumatique de Tripoli que d’un navire en bois de Zuwahra ». Et il y a des voyages en 3e ou en 1ère classe. Le voyage en soute, coûte moins cher, mais il est plus dangereux, que sur le pont ou dans la cabine. A cela, il faut rajouter les « options ». Le coût d’un gilet de sauvetage peut aller jusqu’à 200$. Un gilet qui est parfois simplement une réplique, un faux, et dont la qualité de tenue à la mer est douteuse…

Combien rapporte le business ?

On estime que le business du trafic génère ainsi un revenu de 250 à 300 millions d’euros. Il représente plus de la moitié des revenus des villes de la Tripolitaine. Autant dire que ce n’est pas une ou deux personnes qui s’enrichissent mais une bonne partie de la population qui vit directement ou indirectement du trafic. Il faut des chauffeurs, des cuisiniers, des agents de sécurité, des marins, des ‘agents de voyage’, des logisticiens, etc.

Le « stock » de migrants : difficile à estimer

Le nombre de migrants rassemblés ainsi en Libye attendant le passage varie selon les sources. Avant décembre, on parlait souvent d’un demi-million de personnes attendant le passage. Un chiffre évalué par extrapolation donc pas très sûr. Aujourd’hui, on parle plutôt d’un chiffre plus petit, peut-être plus réaliste. Environ 100.000 personnes pourraient attendre le passage. Mais sans avoir de réelle comptabilité possible. Autant dire qu’avec le retour des beaux jours, les arrivées vont se compter en centaines par jour (lire aussi : De nouveaux migrants récupérés ce matin en Méditerranée).

Les critères d’un passage

Le nombre de passages dépend de trois facteurs relèvent les militaires d’EUNAVFOR : 1° le flux de migrants cherchant à utiliser la route de la Méditerranée centrale, 2° la possibilité d’opérer sans être rançonnés par les milices, les groupes rivaux et les autorités, 3° la capacité de fournir le transport vers l’Europe ou des navires marchands, militaires ou de sauvetage. Et la météo, peut-on ajouter, qui conditionne une large partie des passages. A Zuwarah, note-t-on, le trafic a ainsi diminué à partir de septembre, à la suite de tensions entre les milices locales, affiliés à Tripoli ou Tobrouk.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : En Libye, les trafiquants s’adaptent. Les tactiques évoluent

 

Lire la suite du reportage :

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Route centrale ou route orientale ? Les deux voies de migrations aujourd’hui

Thu, 17/03/2016 - 10:37

La carte de l’opération Triton (© NGV / B2)

(B2 en Méditerranée) Les routes des migrants vers l’Europe obéissent à des impératifs divers. Et elles évoluent en fonction de nombreux facteurs : les possibilités des trafiquants, les fermetures ou ouvertures des frontières des pays de transit, la présence de forces de police… ou la météo.

En 2015, près d’un million de passages

En 2015, 929.171 personnes ont traversé la Méditerranée vers l’Europe, selon les chiffres de Frontex.

La route de Méditerranée « centrale » via la Libye vers l’Italie (Lampedusa, Sicile) a été utilisée par 16% des personnes : 154.725 (Erythréens, Nigerians, Somaliens, Soudanais). Très exactement, 2892 personnes sont décédées au cours de la traversée, soit un taux mortel de 1,9%.

A partir de septembre 2015, se produit un renversement de tendance, avec une baisse des flux (-9%) sur la même période en 2015. La vaste majorité de ces passages (9 sur 10) se fait à partir de Libye, un petit 8% provient d’Egypte, utilisant des bateaux-mères ou des ferrys, de la côte ouest de l’Egypte ou de la côte est de Libye pour atteindre l’Europe.

Le changement s’est fait au second semestre. Pour plusieurs raisons. D’une part, l’Egypte a décidé de contrôler plus étroitement sa frontière, fermant ainsi la route de l’est. D’autre part, la route centrale paraissait plus dangereuse que la route orientale. Enfin, on assiste à un changement de tactique des trafiquants (Lire article à suivre). Ils manquent de grands navires.

Dans le même temps, près de 900.000 personnes empruntent la route à l’Est de la Méditerranée, via la Turquie, la Grèce, et les Balkans (très exactement 880.820), soit 83% des passages, avec un taux de mortalité plus faible, de 0,1%, 855 morts. Route fréquentée surtout par des populations de l’est du Moyen-Orient (Syriens, Afghans, Irakiens (Pakistanais, Iraniens, autres). Ce trafic en augmentation très nette a lieu essentiellement à partir de l’été.

La route de l’Ouest, via le Maroc et l’Algérie pour atteindre l’Espagne ou les Iles Canaries restait plus anecdotique. Seuls 3209 migrants ont réussi à atteindre leur but. Le flot a été limité par « des efforts concertés » dans les pays d’arrivée (Espagne), de départ (et de transit).

En 2016, changement majeur : stabilisation du trafic au centre, rythme soutenu à l’est

La route de la Méditerranée centrale a subi une certaine augmentation (+ 9,6%). On peut parler d’une quasi stabilisation. Près de 9000 personnes sont passées (8.944 personnes) par cette route, fin février (1). Ce qui représente 7,4% du trafic de migrations. En 2016, on a déploré (seulement) 92 morts, soit un taux mortel de 0,08%. Et une chute notable par rapport à 2015. Le temps était plus facile (un seul jour où il y avait un niveau de vent supérieur à 3).

Les personnes empruntant cette route viennent clairement d’Afrique, avec pour la plupart ce qui ressemble à une migration économique : Gambiens (15%), Ivoiriens (13%), Sénégalais (12%), Maliens (10%), Guinéens (9%), Nigérians (8%), Somaliens (8%), et autres nationalités (25%) (2).

A côté, la route orientale — via Turquie et Balkans — a connu une envolée, avec 112.477 personnes passées en quelques semaines (soit 92,6% du trafic) : + 1812% ! par rapport à la même période de l’année précédente. Ce qui est logique. En revanche, la mortalité a augmenté, en nombre et en pourcentage (321 morts, 0,3%). En hiver, même si le temps est assez clément cette année, la mer reste agitée.

La provenance de ces personnes vient clairement de pays en guerre du Moyen-Orient ou d’Asie (Syrie, Afghanistan, Irak), avec une possibilité de demande d’asile à la clé. On observe cependant des routes alternatives au périple terrestre (via les Balkans) : la route de l’Adriatique (via Bosnie-Herzégovine-Croatie ou Albanie).

Dans les premiers mois d’hiver, la route occidentale, via l’Espagne a connu un bouclage quasi-complet (0 passages).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Source Frontex et OIM 23 et 24 février 2016

(2) Il s’agit des nationalités déclarées par les migrants ou demandeurs d’asile ou constatées s’ils ont des papiers.

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