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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 3 hours 58 min ago

Attention voici les plans secrets de l’Europe sur la Libye, disait Wikileaks. Vraiment ?

Fri, 06/05/2016 - 10:12

Tel un illusionniste, Wikileaks imagine à partir d’un rapport d’EUNAVFOR MED, l’Europe en train de préparer des plans secrets pour intervenir en Libye. La réalité est plus prosaïque. Car l’Europe au quotidien ce n’est pas la « situation room » de Obama romancée (crédit US Gov)

(B2) Les documents ‘leakés’ par Wikileaks sont toujours intéressants. Le commentaire qui les accompagne l’est souvent moins, voire pas du tout. La livraison du site de « documents » en témoigne. VOICI un « document secret » qui révèle les plans de l’Union européenne pour une intervention militaire contre les bateaux de réfugiés en Libye et en Méditerranée ! annonce fièrement le site spécialisé dans la révélation de documents, évoquant l’opération Sophia (EUNAVFOR Med).

The classified report about the first six month of Operation SOPHIA, the EU military intervention against « refugee boats » in Libya and the Mediterranean.

Une action contre les bateaux ou contre les bateaux de réfugiés

Cela n’a rien à voir avec la réalité. Ce n’est pas sérieux, sur le plan des faits, ni même des opinions. Nous l’avons déjà écrit. Il n’y a pas « d’intervention » européenne, et encore moins « contre les bateaux de réfugiés ».

Wikileaks joue sur les mots : l’action d’EUNAVFOR a lieu contre les bateaux qui servent à transporter les réfugiés ou de migrants, mais contre les réfugiés ou les migrants. Les navires européens d’EUNAVFOR Med font régulièrement du sauvetage en mer. Ce qui n’est pas leur mission première. Et celle-ci est d’ailleurs très discutée au sein des Etats membres européens qui ne partagent pas tous cette priorité (1).

La mission première de l’opération Sophia vise les trafiquants. Et il n’a jamais été question de tirer sur des réfugiés. Mais de détruire les navires — une fois les réfugiés pris à bord — pour éviter qu’ils resservent pour les trafiquants. C’est tout de même différent. Et c’est tout simplement la transposition en mer ce qui se passe sur terre quand une arme est saisie aux mains d’un délinquant, on détruit l’arme (on ne tue pas l’otage).

La volonté de désinformer plutôt que d’informer

Pour un site comme Wikileaks qui se vante d’amener de la transparence, de la démocratie, se répandre en de tels propos, semant la confusion, est assez difficilement justifiable. On est plus proche de la fausse information, de la désinformation, de la propagation de fausses nouvelles que de l’information objective, saine et intéressante. Le dessin qui illustre le propos confirme cette volonté de semer la confusion. Non content de cette fausse affirmation, le site va plus loin en pointant du doigt quelques points qui lui paraissent « formidables ».

It gives refugee flow statistics and outlines the performed and planned operation phases (1, 2A, 2B and 3), the corresponding activities of the joint EU forces operating in the Mediterranean and the future strategies for the operation.

Un secret bien éventé !

Le document ‘secret’ n’a rien de secret, du moins sur ces points du phasage et de la future stratégie de l’opération. Ce sont ni plus ni moins que les objectifs définis, très officiellement par les 28 ministres des Affaires étrangères et de la Défense en mai 2015, puis endossés par le Conseil européen. La décision qui transcrit cette stratégie a même été publiée au journal officiel, et traduite dans plus de 20 langues (Lire ici en français ou en anglais). Plusieurs communiqués de presse ont été publiés (voir ici ). Et, pour ceux qui ne savent pas lire le JO ni les communiqués officiels, nous avons abondamment commenté ce texte comme cette stratégie (2).

Du sensationnalisme de bas étage

Parler de document secret, sous entendus les plans secrets de l’UE, c’est du sensationnalisme, ce n’est pas de l’information. Ce n’est pas la première fois que Wikileaks se trompe totalement sur la nature et le sens de ces documents (Lire : Le plan d’opération d’EUNAVFOR Med révélé par Wikileaks. Vraiment ?). Au point qu’on peut se demander si les personnes qui publient ses documents savent vraiment lire ou veulent vraiment diffuser de la communication ou se faire mousser. En revanche… s’ils avaient poursuivi leur lecture plus loin, ils auraient pu découvrir quelques pépites, beaucoup moins sensationnelles certes mais sûrement plus intéressantes et réelles (3). Quant à l’intervention en Libye, oui elle se prépare, mais de façon bien différente. Et ce n’est pas l’Union européenne — n’en déplaise à Wikileaks ni même les Européens — qui en tiennent tous les cordons (Lire notamment : Une intervention en Libye se prépare.. Mais laquelle ?)

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Cette mission de sauvetage – très mise en valeur par l’Allemagne ou les pays nordiques – n’est pas toujours très partagée par tous les pays de l’Union européenne. Certains responsables politiques estiment qu’elle favorise l’arrivée de migrants ou de réfugiés au lieu de les dissuader (un point de vue qui peut être discuté). Certains pays (France, Royaume-Uni en particulier) voudraient que l’action soit plus robuste qu’aujourd’hui qu’ils trouvent « molle » face au trafic.

(2) Lire notamment notre dossier complet N°27. Aller traquer les trafiquants d’êtres humains en Méditerranée, une longue prise de conscience (Opération Sophia EUNAVFOR MED)

(3) Lire notamment : Les « vraies » conditions pour passer en phase 2B et 3 * ou (agrémentée avec d’autres informations : Route de la Méditerranée centrale. La Tripolitaine vit du trafic

Lire aussi :

 

Palestine. Face aux violences conjugales et familiales : une unité de choc !

Thu, 05/05/2016 - 14:03

Wafa Mu’amar, colonel de police, chef de l’unité de protection familiale

(BRUXELLES2) En Palestine, la violence n’est pas un problème seulement dans les rues. Au contraire, c’est une réalité quotidienne des foyers. C’est même la « principale source de criminalité » explique Wafa Mu’ammar chef de l’unité spéciale pour la protection familiale. Rencontre avec une femme discrète, pleine de détermination…

Une unité de choc protège les victimes de violences familiales

Il faut traverser plusieurs bureaux en enfilade pour arriver au coeur de l’unité de protection juvénile et familiale, dirigée par Wafa Mu’ammar. Avec le grade de colonel, c’est aussi la première femme à avoir atteint un tel niveau au sein de la police palestinienne. Structurée, précise et visionnaire, elle gère d’une main de maitre, son unité qui a un champ large.

  • Ouverte en 2008, à Bethléem, l’unité a enregistré 55 cas cette année. Aujourd’hui il y en a 100 fois plus. En 2015, ce sont ainsi 6.000 cas qui ont été recensés. Forte de 100 personnes (dont 27 femmes), elle a en charge toutes les formes de violences familiales, qu’il s’agisse d’un suicide, d’une violence entre époux ou avec les enfants, d’abandon d’enfants, ou d’une simple fuite…

Le poids des traditions, des débuts difficiles

La Palestine est une société de plus en plus ouverte mais repose sur une culture « traditionnelle ». C’est toute l’ambiguïté. Quand l’unité de protection familiale a été créée, battre son épouse n’était pas considéré comme un crime. Ce n’était pas dans les moeurs de déposer une plainte contre son mari. L’attitude de la police était plutôt de dire aux femmes : « Allez ! Calmez-vous ! Ne faites pas d’histoires », comme le raconte Wafa Mu’ammar. Or, aujourd’hui, 66% des cas traités par l’unité concernent les violences contre des femmes. « Les pratiques policières reposaient sur des méthodes traditionalistes ». Elles ont dû évoluer peu à peu. « Faire face à ces questions n’est pas une responsabilité facile, tant le poids des traditions est important ».

Bâtir la confiance grâce à la société civile

« C’est la société civile qui a permis de faire comprendre le rôle de la police » confesse Wafa Mu’ammar. Une femme battue une fois, le sera à nouveau. C’est le message que la société civile palestinienne a diffusé. Cette pression d’une partie de la population a permis d’augmenter la conscience de l’aide que la police peut apporter. La vigilance a augmenté. Les cas ont commencé à être traités avec une approche différente par la police. « C’est ainsi que le niveau de confiance a pu augmenter. La société a commencé à ‘internaliser’ la fonction de la police dans les affaires de violences familiales ».

Professionnalisation de la police 

Il y a aussi eu un changement interne dans la police, qui s’est formée pour faire face à ce type de criminalité. Formations, groupes de travail et entrainements des forces de l’ordre se sont multipliés, souvent à l’étranger « notamment, en France, en Belgique, en Italie et en Espagne ». Les compétences se sont « améliorées », souligne la colonel. Lena Larson, chef adjointe de la mission EUPOL COPPS, confirme et complète : la police palestinienne a pris conscience de la nécessité de « résoudre ce problème de violence au sein des foyers et entre les familles ».

Dans la pratique : maintenir la pression sur les auteurs des violences

C’est « difficile de convaincre » une victime de poursuivre son agresseur, rappelle cependant Wafa Mu’ammar. « Les femmes subissent souvent des pressions de la part de leurs familles respectives ». La police a donc décidé de traiter les cas en fonction des dommages causés. « Par exemple : si la personne n’est pas hospitalisée, elle peut abandonner les poursuites. La police doit faire de la prévention et renforcer sa vigilance. En revanche, si c’est la troisième fois, nous traitons avec le parquet et le cas devient une affaire publique ». Ce qui maintient la pression sur les auteurs de violences, qui comprennent qu’ils ne resteront pas indéfiniment impunis.

Un procureur spécial pour les violences domestiques… et un code pénal

Début avril, la Palestine a décidé de créer un poste de Procureur spécial pour les violences domestiques. « Nous espérons maintenant que plusieurs lois et surtout le code pénal sur la protection des familles soient bientôt ratifiés afin de pouvoir commencer à poursuivre les personnes », affirme la colonelle. La difficulté actuelle réside justement dans le cadre légal. Dans certains cas, le tribunal applique encore les principes législatifs jordaniens (1). « Dans de nombreux cas, la justice n’est pas rendue pour les victimes ».

Prochaine étape : un « guichet unique » pour les victimes ?

Wafa Mu’ammar milite maintenant pour réunir dans un seul et unique lieu tous les services d’aide aux victimes de violences. Accès aux soins médicaux, dépôt de plainte, consultation d’un conseiller social, etc. « Un tel centre pourrait économiser nos efforts, notre temps et nos coûts » plaide la policière. La division en districts de la Cisjordanie rend les choses difficile. « Il y a des zones que nous ne pouvons pas atteindre. Il nous faut plus du temps et de la coordination. » Le bénéfice serait important aussi pour les victimes. « Avoir un tel centre, en dehors des centres de police, devrait encourager les victimes à franchir nos portes », souligne la chef de l’unité de la police palestinienne. Le défi n’est pas évident. « Nous réalisons que ce n’est que le début du processus. Nous devrons travailler d’arrache-pied et il nous faudra aussi surmonter les difficultés politiques. » Mais Wafa se veut confiante. Le premier centre devrait ouvrir ses portes à la fin de l’année 2016. « Nous souhaitons que deux de plus suivent. Un dans le sud de la Cisjordanie, l’autre au nord ».

(Johanna Bouquet, à Ramallah)

(1) Le système législatif de la Cisjordanie repose sur le modèle jordanien, adopté dans les années 1960. En revanche celui de Gaza repose sur le modèle égyptien.

Un important site de fabrication d’IED détruit en Irak

Wed, 04/05/2016 - 21:26

(B2) Un « important » site de fabrication d’explosifs et de véhicules suicides a été détruit cette semaine, en Irak, annonce l’Etat-major des armées françaises. Sa taille a nécessité la réalisation de « deux raids consécutifs pour permettre sa mise hors d’état de production ».

Cet ancien site industriel situé dans la région de Al Qaim avait été transformé en centre de fabrication d’engins explosifs improvisés (IED) et de véhicules suicides. Le 29 avril, ainsi une patrouille de 4 Mirage 2000D et deux patrouilles de 2 Rafale ont réalisé un premier raid. Le même site a de nouveau été frappé, le lendemain, le 30 avril, par une nouvelle patrouille de 4 Mirage 2000D et deux patrouilles de 2 Rafale.

Entre le 27 avril et le 3 mai 2016, la force Chammal a réalisé au total 50 sorties, dont 40 pour des bombardements et 9 pour le recueil de renseignement. Au total 15 frappes ont été réalisées, détruisant 43 objectifs de l’organisation de l’Etat islamique (Daech / ISIL). Outre le bombardement du site industriel, 13 frappes d’appui au sol en soutien des forces de sécurité irakiennes ont été réalisées, « sur les secteurs de Hit, Fallujah et Mossoul ».

(NGV)

Des mariniers néerlandais à l’assaut du Manaslu

Mon, 02/05/2016 - 20:34

(crédit : Roadmap.nl)

(B2) Une équipe de « fusiliers marins » néerlandais (du Korps Mariniers) est partie à l’assaut du Manaslu, un des sommets de + de 8000 mètres de la chaîne de l’Himalaya au Népal, non loin du Tibet, un des plus dangereux également. Objectif de l’expédition : se former aux conditions extrêmes en très haute altitude.

Après une acclimatation, sur place, la dernière partie de la montée vers le sommet est entamée. Les six sherpas sont partis vers le sommet. Ils « ont atteint le camp 3 à 6700 mètres en début de soirée » raconte l’équipe sur la page facebook de l’expédition. « Ils vont se reposer et manger pour l’assaut final vers le camp 4 et si les circonstances le permettent, sur la montagne, rendez-vous pour le sommet ». Mais les conditions restent difficiles. Au matin, force est de constater que la voie n’est pas possible. Le passage s’est « avéré dur et long. (Ils sont retournés) juste au dessous du camp 4 à 7300m. La fenêtre d’opportunité météo se referme plus rapidement que prévu. Et une tempête de neige approche ».

 

Démantèlement d’une cellule terroriste à Niamey. Un exercice très réaliste

Sun, 01/05/2016 - 23:10

Les élèves ont réalisé des interpellations et pris des mesures lors de la découverte d’armes (Crédit : EUCAP Sahel Niger)

(BRUXELLES2) Identifier et démanteler une cellule terroriste sur le point de commettre un attentat contre un restaurant fréquenté par des Occidentaux au coeur de Niamey. C’est l’exercice que les Nigériens ont accompli dans leur capitale, du 11 au 15 avril. Avec une attention particulière portée sur le processus de préservation de traces et indices.

Une demande des services anti-terroriste

Ce type d’attaque s’est multiplié en Afrique de l’Ouest. La formation aux techniques de surveillance et de filature a donc été organisée par la mission européenne de renforcement des capacités des forces de sécurité intérieures (EUCAP SAHEL Niger), à la demande des principaux chefs des services de lutte anti-terroriste du pays.

Un premier test de coordination interne

L’exercice n’a pas été exempt de problèmes, notamment de radio. Mais c’est un « succès » soulignent néanmoins les hommes et femmes d’EUCAP. Cette formation, qui regroupait des effectifs de la Direction des renseignements généraux (DRG) comme du Service central de lutte contre le terrorisme (SCLCT), a permis aux membres des deux services d’échanger entre eux et de « comprendre la nécessité de partager des techniques opérationnelles communes ».

(Leonor Hubaut)

Une intervention en Libye se prépare.. Mais laquelle ?

Fri, 29/04/2016 - 15:05

Rafale décollant du Charles de Gaulle pour bombarder la Libye, dans le cadre de l’opération Harmattan (Crédit: Défense française)

(B2) Régulièrement, les médias en Italie, en France, au Royaume-Uni font état de plans imminents pour intervenir en Libye. A écouter certains (comme le Daily express par exemple), on a l’impression que les moteurs des avions vrombissent déjà, les pales des hélicoptères sont sorties, les navires se rassemblent au large telle une gigantesque armada prête à intervenir. La réalité semble légèrement différente…

Des actions ponctuelles ne signifient pas une opération

Je sais, je vais décevoir quelques confrères, boy scouts de l’intervention militaire, parachute sur le dos et lance roquette en bandoulière qui flamboient dès qu’ils entendent parler « boum boum ». Certes il y a quelques survols, plus ou moins discrets, d’avions. Ce n’est pas vraiment nouveau, c’est simplement plus systématique (1). Il y a des forces spéciales disséminées, ci et là, pour prêter leurs concours aux forces locales, préparer la suite des opérations, repérer (et éliminer) de potentiels suspects. C’est le boulot des forces spéciales. Il y a un ou deux raids de drones armés, en nombre limité, pour procéder à une ou deux frappes « d’élimination ». Ce n’est pas vraiment différent de ce qui se passe en Somalie, au Yemen… C’est la méthode trouvée par les Américains pour tenter de décapiter les structures de Al Qaida (ou Daech maintenant) sans intervenir de façon trop visible. Quant aux états majors — à Rome, à Paris, à Londres — ils planifient divers scénarios. C’est leur rôle. Mais l’essentiel n’est pas là…

Le souvenir de la catastrophe de 2011

Il ne semble pas question (pour l’instant) d’une intervention militaire occidentale, avec navires de l’OTAN au large, contrôle aérien et forces spéciales au sol pour guider les avions, au sens de celle qu’on a vécu en 2011. L’intervention actuelle semble plus diffuse, plus discrète, et plus multiple. Tout simplement car ce ne peut être la même chose. Le problème n’est pas d’avoir en Libye un Etat « ennemi » ou un gouvernement « ennemi », c’est l’anarchie qui est l’ennemi aujourd’hui. Et contre çà, tous les bombardiers du monde n’y peuvent rien. Personne n’a aussi vraiment envie de rééditer le scénario de 2011. Car l’intervention occidentale de 2011 — justifiable de façon ponctuelle —, reste, dans tous les esprits, comme une vraie défaite, politique et militaire au sens stratégique (2). Enfin, faut-il le rappeler, il y a d’autres terrains d’engagement. Et personne n’a vraiment les moyens d’une campagne d’envergure et sur une longue durée. Il faut être réaliste…

Qu’en est-il en réalité ?

De fait, il semble y avoir confusion entre plusieurs opérations ou projets d’opération qui se déroulent ou se préparent de façon simultanée, et d’une certaine façon sont complémentaires.

Trois acteurs multinationaux : l’ONU, une coalition, l’UE

Il y a actuellement trois acteurs et trois vecteurs d’action possible, multinationaux : 1° l’ONU et sa mission UNSMIL, 2° la LIAM, coalition militaire formée sous direction italienne et sous ombrelle de l’ONU, rassemblant plusieurs pays (dont les Britanniques, les Jordaniens et d’autres) ; 3° l’Union européenne et ses missions PSDC (EUNAVFOR MED en mer et une future mission à terre). Ces vecteurs ne sont pas alternatifs l’un de l’autre. Ils s’inscrivent en complément.

Et l’OTAN ?

Même si l’OTAN reste dans tous les esprits, le rôle de l’Alliance Atlantique n’est pour l’instant ni défini ni souhaité par les Libyens eux-même (souvenir de 2011) ni par certains Européens, même du côté maritime ou de contrôle des migrations. Angela Merkel l’a rappelé précisément à Hanovre au président américain. « Il y a maintenant une mission européenne – EU NAVFOR Med aussi appelée « Sophia » – qui fonctionne très bien ». De nombreux articles de presse mentionnent une opération en préparation sur les migrations. Il semble que cela soit loin d’être acquis … (pour être poli !) « On est davantage dans une idée défendue par un ministre (la ministre italienne de la Défense) que dans une décision approuvée » m’ont confirmé plusieurs sources. La confusion règne, savamment entretenue avec d’autres projets en cours (Lire : L’opération Active Endeavour en passe d’être transformée. Une coordination UE-OTAN en Méditerranée à l’étude)

Des rôles complémentaires

Le principal d’entre eux est la LIAM, qui a pour objectif sous commandement italien, la sécurisation de Tripoli, et la restructuration et formation de l’armée libyenne (dans un format assez proche des missions EUTM de l’Union européenne). Pour les garde-côtes et la surveillance maritime, ce sera davantage le rôle de l’opération européenne EUNAVFOR MED / alias Sophia (lire : Les Etats envisagent plusieurs options diverses). Pour remettre sur pied une police, judiciaire essentiellement, ainsi que les poursuites, ce serait le rôle d’une autre mission européenne qui est à l’étude actuellement.

Trois conditions

Mais tout cela est placé à trois conditions : 1° Un gouvernement libyen reconnu comme légitime (non seulement par la communauté internationale mais aussi par les Libyens = le Parlement de Tobrouk), 2° Le gouvernement doit avoir demandé une intervention ou, au moins, ne s’y oppose pas, 3° Avoir un certain consensus international, à défaut d’une résolution formelle des Nations unies. Cela signifie notamment l’absence de veto formel de la Russie. On peut certes se passer de cet accord pour faire une ou deux frappes, de façon inopinée, discrète, et solitaire. Mais répéter cet acte de façon régulière serait (très) délicat à tenir sur le plan des relations internationales serait quasiment un cas de casus belli.

Une intervention militaire : désastreuse

Pour les spécialistes de la Libye, il faut agir avec tact et prudence. La pire des choses serait d’avoir une intervention militaire sans aval des autorités libyennes un peu légitimes. « En l’état des choses, une opération militaire serait désastreuse et inefficace. Cela reviendrait à plomber le processus de recomposition nationale. Nous ne sommes plus dans le contexte de la Libye 2011 » avait confié, il y a quelques temps, à B2 un diplomate expérimenté, bon connaisseur de la Libye. Certes il reconnait que l’idée d’une intervention « est bien dans la tête de quelques uns. Dans tous les pays, il y existe une tentation permanente d’intervention. C’est le rôle des militaires d’ailleurs de planifier toutes les situations. » 

Une offensive libyenne en cours

Les Libyens du général Haftar à l’oeuvre, bien aidés

A ceux-là, il faut ajouter l’action des forces libyennes, recomposées, du général Haftar, avec l’aide « technique » de plusieurs acteurs opérationnels : l’Egypte et les Emirats arabes unis de façon à peine cachée, et de quelques acteurs européens. Le soutien occidental (Français notamment mais aussi Britannique) est plus discret. Mais il semble bien présent (comme en 2011 d’ailleurs), sous la forme de fourniture d’équipement, d’éléments d’entraînement voire directement sur le terrain (avec quelques unités de forces spéciales). Ces forces sont repassées à l’offensive depuis quelques jours reprenant Benghazi et Derna, selon les dernières informations.

L’espoir d’une tenaille

C’est sur ces forces essentiellement, qu’une partie de la communauté internationale compte pour effectuer l’offensive contre Daech, davantage que sur une intervention militaire extérieure qui apparait davantage comme une situation d’extrême limite. Ces forces pourraient être aidées au besoin par quelques milices, à l’ouest, notamment à Misrata, qu’il reste à convaincre de repartir à l’assaut. Ce qui permettrait de prendre en tenailles les hommes de Daech, de les contraindre à la défensive et les empêcher d’atteindre les champs de pétrole notamment. Des experts (Américains notamment mais aussi Italiens semble-t-il) sont, ainsi, sur le terrain depuis pour « nouer des contacts », avait indiqué Peter Cook, porte-parole du Pentagone il y a quelques temps.

Des divergences d’intérêt

Derrière une certaine unanimité européenne se cache mal, même entre Européens, des intérêts divergents. La Libye excite. Et celui qui sera dans le camp du vainqueur aura un atout dans la manche. D’où une certaine course de vitesse entre Paris, Londres, Berlin et Rome pour pousser « sa » solution, avec Washington en rôle d’arbitre (c’était en sous-main l’enjeu de la réunion au sommet de Hanovre). L’Italie veut garder la mainmise sur un pays, tout proche, qu’elle considère un peu comme son arrière-cour (les puits de pétrole exploités par ENI, le pétrolier italien, notamment à Mellitah, sont toujours en fonctionnement). La France soutient, sans ambages, l’Egypte qui soutient le général Haftar, qui refuse de reconnaître la légitimité du gouvernement d’Al-Sarraj (lire notre interview à paraitre de l’eurodéputée Ana Gomes). Mais, dans le même temps, elle est « prête » à aider le nouveau gouvernement d’union nationale pour assurer « sa sécurité maritime » comme l’a confirmé, mardi (26 avril) sur Europe 1, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian… « si le Premier ministre (sollicite) la communauté internationale » (3). Quant aux Britanniques, ils mènent aussi un jeu complexe dont l’objectif, à la faveur du changement de pouvoir, est de damer le pion aux Italiens.

(Nicolas Gros-Verheyde avec Leonor Hubaut)

(1) Cela se produit déjà depuis des années. Si mes souvenirs sont bons, les avions français qui font régulièrement des exercices dans le nord du Tchad n’ont pas pour seul objectif d’inspecter si les dunes du Tibesti ont changé de place … Et, actuellement, il y a très peu de chances de se faire pincer par des radars ou une chasse libyenne anéantie. Il ne faut pas oublier non plus que l’opération EUNAVFOR MED avait pour premier objectif le recueil de renseignements et d’informations. Informations traitées d’abord au niveau national puis transmises au niveau européen (pour ce qui concerne la lutte contre les trafiquants.

(2) Avoir détruit un pôle de stabilité (même dictatorial) pour en faire un pôle d’instabilité et une menace à court terme peut, difficilement, être dénommée autrement, même si d’un point tactique, sur le champ de bataille, la victoire militaire est indéniable et restera, là aussi, dans les annales. Gagner une bataille n’est pas gagner la guerre comme aurait dit le Général…

(3) La seconde partie de la phrase du ministre français est souvent oubliée, ne retenant que la disponibilité française. Elle vient d’une certaine façon « compléter » la phrase de François Hollande qui indiquait lors du dernier sommet européen ne pas vouloir s’engager trop avant.

Lire aussi: Le plan italien pour sécuriser Tripoli et les points clés de Libye *

A Amari, les F-16 veillent au grain… russe

Fri, 29/04/2016 - 06:09

Un F-16 (© NGV / B2)

(B2 à Ämari) Durant 4 mois, les F-16 belges ont pris leur envol ou sont venus se garer sur cette base aérienne d’Ämari, de l’armée estonienne, située à quelques encâblures de la mer. Leur mission : la surveillance aérienne de l’espace baltique. Cette zone est « stratégique » confie le commandant Philippe, chef du détachement opérationnel belge d’EAPM (Enhanced Air Policing). « Nous sommes tout au nord, tout près de la Russie ».

 

Le slogan du matériel de la RAF arrivé sur place. Un hommage à peine ironique à Madame de Pompadour © NGV / B2

Une base toute neuve

 

Fraichement remise à niveau, avec des bâtiments tout neufs, la base d’Ämari accueille tour à tour (tous les 4 mois), normalement, les contingents de l’Alliance atlantique chargé d’assurer la surveillance aérienne du petit Etat balte de 1,7 millions d’habitants. Les Belges ne sont pas encore repartis que les Britanniques commencent à arriver. Un petit détachement du 140e EAW (Expeditionary Air Wing), que j’ai pu croiser, et du 617e Squadron sont déjà sur place. Avec un slogan qui sonne (en français svp) : « Après moi le déluge ! »

Un renforcement de la surveillance aérienne sur la Baltique

Depuis 2014, en effet, l’Alliance Atlantique a décidé de renforcer la surveillance aérienne des pays baltes. Là où une seule patrouille, basée à Šiauliai (en Lituanie), suffisait dans le passé, aujourd’hui il y en a trois de permanence, de façon simultanée : les Espagnols à Šiauliai, à Malbork, en Pologne, et à Amari en Estonie. Ce qui permet de bien surveiller le grand voisin russe !

Douze alertes en quatre mois

En quatre mois, les avions belges sont partis 12 fois en « A Scramble », en intervention. 2 fois en janvier, 1 fois en février, 3 fois en mars, 6 fois en avril. Un assez faible nombre d’alertes, dû « sans doute au mois d’hiver » explique un officier. « C’est comme le sol, l’activité est un peu gelée ». Ces quatre mois ont été assez difficiles pour les pilotes et mécanos belges avec un temps bien rude, à l’estonienne. Une température moyenne de -10°, avec des pointes de -30°, une neige qui tombait drue certains jours. Des conditions auxquels les équipages de l’ouest du continent ne sont pas forcément habitués, ni dotés de l’équipement.

Une surveillance par radars complète

La surveillance est effectuée par les radars estoniens dont la zone de couverture embrasse tout le pays, une partie de la Lettonie et… une partie de la zone russe. Ils sont reliés avec les autres radars des pays baltes (Lettonie et Lituanie). Ce qui permet d’avoir une couverture complète de la zone. « On partage toutes les informations, à travers le système de l’OTAN » jusqu’au CAOC de Ramstein qui assure la fusion des informations. Le radar estonien, situé le plus au nord, permet « d’accrocher » les avions russes dès leur départ.

Un trajet classique des avions russes du nord vers Kaliliningrad © NGV/ B2

Une liaison régulière vers Kaliliningrad

Les avions russes décollent généralement de Russie. Ils effectuent une boucle par la mer, plus ou moins au-dessus des eaux internationales, pour relier Kaliliningrad (anciennement Königsberg). Des vols « domestiques » qui ont bien d’autres objectifs également : « intimider » un peu sans doute mais surtout faire sentir la présence russe sûrement et recueillir des informations sans doute.

La disproportion des forces

Le commandement de la première région aérienne russe dispose, en effet, d’une force notable : près de 600 appareils. La Russie aligne ainsi de 291 avions de combat : 168 chasseurs (Mig-29 Mig 25 RB et Su-24 Mr), 63 bombardiers (SU-24M Fencer et Su-34 Fullback), 60 avions de reconnaissance (Mig-31 et Su-27 Flanker) — et 259 hélicoptères : 24 hélicoptères d’attaque (Mi-28, Ka-52), 86 hélicoptères d’assaut mi-24 et 149 hélicoptères de transport Mi-8. En face les Estoniens ne disposent pas vraiment d’une véritable flotte aérienne (2 avions L-39 d’entraînement loués aux Tchèques, 4 hélicoptères légers R-44 et 1 vieil Antonov An-2 Colt un biplan monomoteur qui a près de 70 ans et vole encore !).

La démonstration de force russe

Au large, tout défile. « Nous avons vu des tankers, comme l’Iliouchine IL-78 Midas (un quadriréacteur à l’origine conçu pour le transport, transformé en avion ravitailleur) — raconte un officier —, des avions de combat comme le Sukhoï Su-27 Flancker ou le Sukhoï SU-24, des avions de transport type IL-76 Candid ou AN-12 Cub, voire des avions mixtes, comme le Iliouchine IL-20 Coot A, servant au transport mais surtout à collecter des informations ou le Tupolev TU-134 (Crustry) », un avion destiné au transport de passagers mais qui peut être reconverti en avion de renseignement.

Des avions non armés mais qui écoutent beaucoup ?

« En général ces avions ne semblent pas armés » continue notre interlocuteur. En revanche, on ne sait pas vraiment ce qu’ils font, l’objectif du transit. Est-ce pour aller jusqu’à Kaliliningrad uniquement, pour observer et ramasser des informations, pour tester… Toutes les hypothèses sont possibles.

Une violation des règles d’aviation mais pas du territoire

Il n’y a pas de violation territoriale au sens strict. Mais les avions russes qui volent dans la FIR (Flight Information Region) ne donnent aucun plan de vol, ne communiquent pas par radio et n’ont pas leur transpondeur d’allumé. Autant d’informations qui rendent le vol suspect. C’est le CAOC, centre de régulation aérienne de Ramstein, qui donne l’alerte aux avions concernés. A charge pour eux d’aller intercepter l’avion suspect et de « l’escorter » jusqu’à la sortie de la zone.

Des interceptions « fair play »

Avec les avions russes, en général cela se passe plutôt bien. C’est « fair » confirme le commandant Philippe (*) chef du détachement opérationnel (DOO). « Si on ne se rapproche pas trop, si on ne joue pas au cow-boy avec eux, ils nous respectent. Il n’y a pas d’escalade » Mais il ne faut pas les chatouiller cependant. « Parfois si on va trop près, ils nous poussent un peu. Ils n’aiment pas ! ». Un jour qu’un de nos avions le serrait d’un peu près ou un peu longtemps, le pilote du SU-27 Flanker s’est mis sur le flanc, histoire de nous montrer son armement » raconte un pilote. Message compris. « Notre avion a pris un peu d’écart ».

Pas d’escalade, mais une présence continuelle

Une analyse venue du terrain qui confirme, avec d’autres, que s’il y a une augmentation des vols, très nets, on n’a pas — comme le proclament certains — une escalade dangereuse, avec des vols menaçants. On se situe ici davantage dans des « vols de présence », destinés à affirmer la prééminence russe sur la zone baltique, à maintenir le lien continu avec Kaliliningrad pour éviter qu’il ne soit rompu. Même si les vols ne sont pas « offensifs », on est cependant dans une attitude « d’intimidation ». Et côté estonien, on estime que le danger est bien réel.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un détachement de 49 personnes

Le détachement belge se compose de 49 personnes militaires venus de différentes unités (Florennes et Kleine Brogel essentiellement mais aussi de Beauvechain, du Meteo Wing, du CRC Glons), etc. Il a été renouvelé à la mi-terme, toutes les 2 semaines pour les pilotes.

(*) Prénom d’emprunt. B2 respecte l’anonymat des personnels en opération, selon leur demande.

500 migrants récupérés en mer

Thu, 28/04/2016 - 18:39

(B2) Plusieurs canots pneumatiques chargés de migrants ont été récupérés en mer au large de la Libye par les navires européens. 5 canots avaient été localisés et environ 500 migrants sauvés a indiqué le QG de l’opération EUNAVFOR Med jeudi (28 avril). Le navire des garde-côtes italiens Aviere (Mare Sicuro) a, de son côté, transféré 121 migrants sur le navire de soutien allemand Frankfurt am Main (A 1412) qui participe à l’opération européenne EUNAVFOR Med.

Dimanche (24 avril), le navire Dattilo de la Guardia Costiera s’était porté au secours de trois canots pneumatiques récupérant 382 personnes au total (143 dans un, 121 dans l’autre, 118 dans un troisième) dans le Canal de Sicile.

Le GTIA 8 bientôt prêt. Une formation complète

Wed, 27/04/2016 - 10:42

(BRUXELLES2) À Koulikoro, la formation des 600 membres du 8e GTIA (groupement tactique interarmes) de l’armée malienne arrive à sa fin. C’est le dernier bataillon formé au titre du mandat de la mission européenne de formation (EUTM Mali). Le déploiement pour lutter contre les djihadistes ne devrait pas tarder.

Quelques nouveautés dans la formation

Les semaines de formations théoriques ont laissé place aux exercices pratiques, qui se sont enchainés avec une certaine frénésie, toujours sous une chaleur intense. Et pour la dernière formation réalisée sous son second mandat, la mission européenne de formation des forces armées maliennes (FAMA) a fait fort. Outre les exercices habituels et indispensables de sécurisation d’une zone et de détection des IED (engins explosifs improvisés), deux nouveautés sont à signaler : le tir de mortier et le contrôle aérien avancé. « Une preuve que les forces armées maliennes récupèrent toutes leurs capacités » assure-t-on depuis le camp d’entrainement de Koulikoro.

Sécuriser une zone de combat : une première étape cruciale 

La patrouille opérationnelle en milieu hostile, la réaction à une embuscade, l’évacuation sous le feu d’un blessé, sans oublier la mise en place d’un dispositif de contrôle des zones sont les exercices qui ont été le plus répétés durant les deux dernières semaines. Avec différents scénarios, les Européens ont testé la capacité de réaction des Maliens. Un point a été au coeur de l’effort: le maintien de la communication radio avec le poste de commande. Le but n’étant pas seulement de former les escadrons et les pelotons à effectuer des patrouilles, ou des points de contrôle, mais aussi de former la chaine de commandant pour choisir des positions tactiques appropriées et diriger leurs hommes sur le terrain.

Les deux canons utilisés lors de l’entrainement accompagneront le GTIA 8 dans ses futures missions (Crédit : EUTM Mali)

Tir de mortier, une première pour EUTM Mali

Pour la première fois depuis 2009, les forces armées maliennes (FAMA) ont réalisé un tir de mortier, le 21 avril 2016. C’est aussi une première pour l’équipe de formation d’EUTM Mali. Les stagiaires du 36e régiment d’artillerie ont tiré douze obus avec deux canons de 122mm. L’exercice met fin à une formation spécifique de cinq semaines, qui s’est soldée avec un résultat salué par la mission dans un communiqué : « la précision des tirs a été excellente, et la préparation des troupes encore meilleure. »

(Crédit: EUTM Mali)

Les Maliens connectés avec le ciel 

Une fois en mission dans le nord du pays, les Maliens recevront un appui aérien. Il est donc essentiel de savoir interagir avec les pilotes de ces appareils pour leur transmettre les informations sur l’emplacement des objectifs à détruire. Une équipe complète de contrôleurs aériens avancés (TACP – Tactical Air Control Party) a donc été mise sur pied. Le premier exercice de guidage d’avion s’est déroulé le 8 avril avec succès, « malgré une certaine nervosité » expliquent les formateurs européens.

Ces spécialistes ont appris à identifier et neutraliser les dispositifs. Facile à mettre en œuvre et à dissimuler, ces dispositifs explosifs nécessitent de la part des combattants des réactions spécifiques pour les détecter (environnement – traces – repères – 5/25), et pour les forces malienne du GTIA 8 en particulier, des actions particulières pour baliser la zone, et précises pour neutraliser ou détruire l’engin.

Selon le Service de l’action antimines des Nations Unies (UNMAS), 261 personnes ont été tuées ou blessées par des IED depuis 2013. Parmi eux, des civils mais aussi des soldats français, maliens et membres de la mission des Nations Unies, la MINUSCA.

Dans cet exercice, formateurs et élèves étudient comment réagir face à la menace d’un IED dans un croisement de routes (Crédit : EUTM Mali)

Le droit de la guerre, ou comment ne pas commettre d’exactions

Dans toutes interactions avec la population locale ainsi qu’avec leurs adversaires, les Maliens ont été confrontés à différents scénarios face auxquels ils doivent réagir rapidement et professionnellement, tout en suivant les règles du droit international humanitaire et d’auto-Défense. La priorité est claire : distinguer l’adversaire de la population et agir légalement à tout moment.

(Crédit : EUTM Mali)

Comme pour tous les bataillons formés par EUTM Mali, le Droit international humanitaire est une facette clé qui a pris de l’importance avec une efficacité prouvée par des résultats comme nous l’expliquait le général Marc Rudkiezwicz il y a quelques mois (Lire: La mission de EUTM Mali : produire du GTIA (Marc Rudkiewicz)

(Leonor Hubaut)

Lire aussi :

Obama au chevet des Européens redonne du sens à l’Union

Tue, 26/04/2016 - 17:10

(B2) « Je suis venu ici aujourd’hui, au cœur de l’Europe, de dire que les États-Unis, et le monde entier, ont besoin d’une Europe forte et prospère et démocratique et unie » Le discours qu’a prononcé Barack Obama, à Hanovre n’était pas juste une ou deux phrases. C’est un vibrant plaidoyer auquel s’est livré le président américain en faveur de l’Europe.

Si l’Europe commence à douter alors …

« Si une Europe, pacifique, libérale, pluraliste et adepte du libre-marché commence à douter, à remettre en question les progrès réalisés au cours des dernières décennies, alors nous ne pouvons pas attendre (que) les progrès dans le monde se poursuivent ». 

L’hommage d’un étranger à une des plus grandes réalisations politiques

« Peut-être avez-vous besoin d’un étranger, quelqu’un qui n’est pas Européen, pour vous rappeler l’ampleur de ce que vous avez réalisé ». « Votre réalisation – plus de 500 millions de personnes parlant 24 langues dans 28 pays, 19 avec une monnaie commune – reste l’une des plus grandes réalisations politiques et économiques des temps modernes. »

Un peu de baume américain sur des plaies européennes

La tournée du président américain en Europe avait tout l’art d’un voyage réparateur. A Londres, Obama est venu rappelé aux Britanniques combien ils avaient intérêt à rester en Europe et, par là-même, prêter main forte à un Cameron à la peine pour convaincre ses compatriotes de refuser le Brexit. A Hanovre, il est venu au secours d’une chancelière Merkel malmenée par les évènements de la crise migratoire, pour dire que « une poignée de pays ne doit pas supporter tout le fardeau de la réinstallation des réfugiés. Nous avons tous à partager cette responsabilité » affirmant que les Etats-Unis étaient prêts à prendre leur part de cet accueil. Enfin, il a aussi rassuré les Italiens sur le rôle des Etats-Unis et de l’OTAN dans la partie sud de la Méditerranée.

Le compromis peut être frustrant

Barack Obama n’a pas, pour autant, nié les difficultés. « L’unité européenne peut exiger un compromis frustrant. Elle ajoute des couches de gouvernement qui peuvent ralentir la prise de décision. Je comprends. Je suis allé à des réunions avec la Commission européenne. Et, comme un Américain, nous (pouvons) être dédaigneux du gouvernement. Nous comprenons à quel point il est facile de venir à Bruxelles et de se plaindre. » Mais « rappelez-vous que chaque membre de votre union est une démocratie. Cela n’est pas un accident. Rappelez-vous qu’aucun pays de l’UE n’a utilisé des armes contre un autre. Ce n’est pas un accident. »

Améliorer le fonctionnement de l’Europe

« Il n’y a pas de doute (également) que la façon dont l’Europe unie travaille ensemble peut être améliorée » a expliqué le chef du gouvernement américain. Mais « regardez dans le monde – où des gouvernements autoritaires et théocraties règnent par la peur et l’oppression – il ne fait aucun doute que la démocratie est encore la forme la plus juste et efficace de gouvernement jamais créé ». Quant à l’accueil et l’intégration des étrangers, il rend « nos pays sont plus forts, plus sûrs et plus efficaces lorsque nous accueillons et intégrons des personnes de tous horizons et de la foi. Et cela inclut nos concitoyens qui sont musulmans ». Et pan pour Donald Trump…

Commentaire : il a donc fallu que ce soit un président américain qui vienne le dire aux Européens : redressez la tête, soyez fiers de vous-mêmes, de vos valeurs, de votre passé, assumez votre rôle chez vous et dans le monde… Ce ne sont que des mots. Mais ces derniers temps, peu de responsables politiques européens ont osé ce langage, avec autant de force, de simplicité, de brio. Il était temps…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire son discours

Stabiliser l’Afrique… Impossible serait-il devenu un axiome européen ?

Mon, 25/04/2016 - 15:24

  • Un avis juridique de la Commission c’est comme un exercice anti-incendie dans un sous-marin, un exercice périlleux (crédit : marine italienne)

(B2) Quand vous croisez un ministre de la Défense au détour d’un couloir, et que vous prononcez les quatre lettres C.B.S.D., il y a de grandes chances que même le plus flegmatique d’entre eux sorte de ses gonds. A juste raison…

  • CBSD ? L’acronyme peut sembler plutôt barbare. Et même développé — Capacity Building in Support of Security and Development — cela ne semble pas signifier vraiment plus. C’est l’objectif d’ailleurs. L’Europe adore généralement ces acronymes qui ne veulent rien dire en français (comme en anglais d’ailleurs). Cela permet tous les compromis et toutes les significations. L’enjeu, pourtant, est très concret. Comment l’Europe peut s’engager, en Afrique notamment, pour stabiliser les armées des pays, les entraîner et les équiper afin qu’elles soient en situation d’assurer elles-mêmes la sécurité et la stabilisation de leur pays ? Quels équipements financer ? Sous quelles conditions ? NB : auparavant on parlait de « Train & Equip » qui, même sans traduction, était tout de même bien plus compréhensible.

Plus de deux ans et toujours rien…

A plusieurs reprises, les Chefs d’Etat et de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères de l’UE, leurs collègues de la défense ont demandé à la Commission et à la Haute représentante de l’UE d’avancer dans cette voie. En décembre 2013, en juin 2015, en novembre 2015… A chaque fois, le message a été répété. Depuis… cela avance au rythme de la tortue. Une ‘communication’ a été publiée il y a un an, dessinant quelques options. Une consultation vient d’être lancée il y a quelques jours (après un an !). Une proposition est promise pour juin… dont chacun redoute qu’elle ne réponde pas vraiment au problème. Et il faudra encore quelques mois (vision optimiste) ou… quelques années (vision pessimiste) pour avoir une décision applicable. Résultat : un « sentiment de frustration » exprimé, très diplomatiquement par la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, face à la presse, qui reflète l’énervement en coulisses (Lire : La CBSD… Un certain sentiment de frustration (Mogherini).

Une nécessité de stabilité reconnue par tous

Le constat est pourtant unanime aujourd’hui. Sans sécurité des pays africains, sans stabilisation, pas de développement, pas d’économie. Sans sécurité, sans développement et d’économie, la population est tentée de fuir le pays. La stabilisation des pays africains n’est donc pas un doux rêve d’un meilleur monde. C’est devenu aujourd’hui une nécessité pour l’Europe. Tous les Etats membres sont d’accord sur ce point. De façon quasi unanime. Chacun est conscient que le niveau national n’est pas suffisant et que la solution doit être trouvée au niveau européen. Un point de vue partagé par la population. Dans les sondages, quand on parle stabilisation, défense, politique étrangère, la réponse est majoritaire … pour l’Europe. C’est plutôt rare ! Et il faut le souligner.

Un changement de paradigme

Le président du comité militaire de l’UE, le général grec Mickael Kostarakos, le dit clairement : la défense, ce n’est plus de rendre hermétiques nos frontières, c’est de permettre aux autres pays du voisinage et plus loin d’assurer leur stabilité. C’est l’enjeu stratégique du moment. « Nous avons besoin de cet instrument rapidement ». « Pour avoir 20.000 euros pour acheter des stylos, des crayons, un tableau pour les militaires, je dois remplir les mêmes procédures que pour des projets de plusieurs millions d’euros » explique ce haut gradé européen.

Tout sauf les armes

Le principe est clair également : il n’est pas question de livrer des armes. Ce n’est pas le karma de l’Union européenne. Ce n’est pas son objectif. Mais il faut équiper en radios, véhicules, gilets-pares balles les armées africaines. Bâtir des casernes, donner des uniformes, avoir des outils de déminage, etc. est vital pour avoir une armée qui ne soit pas tentée de rançonner la population ou tout simplement de « rentrer à la maison » (= déserter) « pour aller manger car il n’y a pas de cantine sur place ».

Alors pourquoi cela bloque ?

Le dossier ne bloque pas au niveau politique. Au contraire. La Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, s’est saisie du dossier. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est également en pointe. Mais… la guerre de couloirs fait rage. C’est le luxe de la Commission. Il suffit d’une ou deux personnes, le doigt sur la couture d’un Traité de Rome poussiéreux, ou d’une guerre de chapelle. Et cela suffit à retarder le dossier.

Que disent les « talibans » de la Commission ?

Ce qu’on appelle — même en interne — les « talibans » de la Commission sont à l’oeuvre. Le « juriste » maison qui a produit un avis juridique sur la CBSD vaut le détour. Cet avis, nous avons pu le parcourir. C’est un chef d’oeuvre artistique d’obstruction. L’objectif poursuivi par son auteur ne semble pas d’avoir voulu cherché les moyens de mettre en oeuvre une décision politique, en donnant les voies « possibles » et « impossibles ». Il s’agit de défendre une opinion et d’avoir les arguments pour le démontrer (voir encadré). Le raisonnement est circulaire : c’est interdit… parce que c’est interdit. Ce raisonnement n’est d’ailleurs pas partagé par d’autres juristes (tout aussi éminents) : ceux du service diplomatique européen comme du Conseil de l’UE affichent ainsi une vision, un peu moins conservatrice du droit (Lire : Equiper les armées africaines, un avis juridique plus dynamique *).

Une bulle européenne de bonheur

Cette position illustre un des problèmes actuels de l’Europe. L’administration européenne a des agents intelligents, dévoués, etc. Mais son fonctionnement est, encore trop souvent, en silo. Ce qui se passe à un autre étage ou dans un bâtiment quelques rues plus loin n’intéresse que peu (1). Et ce qui se passe en dehors de la « bulle » de l’administration européenne est, encore plus, un détail. Engoncée dans un rythme administratif, la procédure a pris le pas sur le fond, sur la politique. Les chefs d’unité, les administrateurs ne sont plus là pour penser, ils sont là pour appliquer des processus, des process… dont on ne souvient plus vraiment les fondements. « La Commission semble vivre dans une bulle, business as usual » me confiait avec justesse, récemment, un diplomate, bon observateur du monde européen.

Le mot « militaire » est un gros mot

Et, il y a un problème culturel dont il faut prendre conscience. Pour certains, les termes « défense », « sécurité », « militaires » sont encore des gros mots (2). L’heure semble être toujours à la production de directives, belles sous toutes les coutures, et à une politique extérieure où l’Europe serait la parfaite bon conscience, apportant le bien là où existe le mal. Des missionnaires en quelque sorte.

L’Europe sous pression doit passer la vitesse supérieure

Or, les questions de sécurité, de défense sont aujourd’hui devenues proéminentes et imposent un autre agenda, un autre raisonnement, une autre culture. L’Europe vit actuellement sous une double pression — externe et interne. Et la déconstruction menace… par le bas. « Sous l’effet de la crise économique mais surtout de la crise migratoire, le sentiment européen est en train de s’étioler dans nos populations » poursuivait mon interlocuteur (3). Autrement dit, il ne sert à rien de faire tous les projets de directives ou réglementations classiques, si le voisinage continue de tourner mal, et les flux de migrants reprennent comme à l’été 2015. Il faut passer la vitesse supérieure en matière de stabilisation.

Agir et agir vite !

Le temps où l’Europe pouvait accomplir son chemin, imperturbable semble terminé. On n’est plus en 1956, au commencement de l’Europe, ni en 1986 au moment de gloire du marché unique, ni à la mise en place de l’Euro en 1999. Il faut s’adapter… et vite ! A chacun de prendre ses responsabilités. Le président de la Commission et les commissaires européens doivent trancher. Soit ils estiment que cette demande est fondée, qu’il y a certes des problèmes mais qu’il faut les résoudre. Et ils accélèrent le train, tapent du poing sur la table s’il le faut, et font une proposition « ambitieuse » dès le mois de juin. Soit ils estiment qu’il y a un doute sur la faisabilité juridique. Et, dans ce cas, c’est la Cour de justice européenne qui devrait être saisie pour donner un avis, peut-être plus sérieux… Mais on ne peut laisser une machine bloquée par un avis juridique contestée et contestable.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un avis juridique contestable

Pour le juriste de la Commission, l’interdiction de financement par le budget européen des opérations militaires de la PSDC prévue à l’article 42 (dans le chapitre PESC) rend impossible tout financement de la CBSD. Une interprétation critiquable à plus d’un point de vue.

1° Ce avis transforme une interdiction prévue dans un cadre précis — politique, historique et juridique — en une interdiction générale du financement de la livraison d’équipements aux militaires, même non létaux.

2° Le texte cité dans l’analyse est tronqué, pour bien faire rentrer l’élément objectif dans l’analyse (et non le contraire). L’auteur de la note explique ainsi que : « il n’est pas possible d’utiliser le budget de l’Union pour les dépenses afférentes à des opérations ayant des implications militaires ». Point ! Or l’article 41.2 (qui est public) est un peu plus complet et permet de mieux situer le contexte.

Lisez, c’est peu différent ! « Les dépenses administratives entraînées pour les institutions par la mise en oeuvre du présent chapitre (NB : le chapitre de la politique étrangère et de sécurité commune) sont à la charge du budget de l’Union. Les dépenses opérationnelles entraînées par la mise en œuvre du présent chapitre sont également à la charge du budget de l’Union, à l’exception des dépenses afférentes à des opérations ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense et des cas où le Conseil en décide autrement à l’unanimité ».

Cela n’a pas tout à fait le même sens. Car on se situe dans une exception au principe (= financement par le budget communautaire de la PESC) qui doit donc être appréciée plus strictement.

3° Le contexte historique et politique de cette règle sont passés sous silence. Cette règle été conçue pour établir un distinguo entre les opérations civiles et militaires de la PSDC menées directement par l’UE : le financement des premières obéit au budget communautaire, le financement des secondes obéit à un financement intergouvernemental. En gros, il s’agissait d’interdire par le budget européen le financement des salaires et matériels des armées européennes engagées en opération (le mot est répété à plusieurs reprises). Ce qui n’est pas le cas avec la CBSD. Il ne s’agit pas de financer des soldats européens en opération mais de procurer des équipements et matériels de stabilisation à des forces non européennes.

4° Enfin, le principe de réalité semble oublié. Et l’hypocrisie de mise. L’Union européenne finance déjà des projets ayant des implications militaires et sécuritaires du même type que la CBSD en Afrique … comme en Europe. Il en est ainsi du financement par l’Instrument de stabilité de certaines actions de sécurité (on financera des véhicules et des radios pour les forces de maintien de l’ordre, type police et gendarmerie, mais pour les militaires !). La Facilité de paix pour l’Afrique assure le paiement des soldes des armées de l’Union africaine. Il est vrai que l’honneur est sauf : on ne finance pas directement les salaires, cet argent provient du budget communautaire qui transite par le Fonds européen de développement, puis par l’Union africaine qui les répartit ensuite (mais il s’agit bien d’une décision de la Commission avec des financements européens, qui sont fléchés dans une direction précise). En Europe, certains Etats membres ont même réussi, au titre des fonds régionaux, à obtenir des financements pour faciliter l’accès à leurs bases militaires (ex. république Tchèque pour la base anti-missiles). Ce n’est pas plus (même moins) que les défenseurs de la CBSD réclament.

(1) Ne serait-ce que pour réunir toutes les directions générales concernées autour d’un sujet, « les menaces hybrides », et qu’elles veuillent bien travailler ensemble, il a fallu ainsi plusieurs mois de persuasion et un ou deux coups de poing sur la table du président de la Commission et de son cabinet, pour que les travaux avancent…

(2) Il y a juste un plus d’un an, juste avant Charlie Hebdo, B2 s’était entendu répondre par un fonctionnaire, apparemment peu au courant des directives marchés publics, exportations d’armes, des procédures sanctions, embargos, etc. que « la Commission ne s’occupe pas de questions de défense ni de sécurité »…

(3) Plusieurs gouvernements sont aujourd’hui fragilisés par la crise migratoire, notamment dans les Balkans : en Autriche, Croatie, Grèce, Slovénie… notamment — sans compter l’Espagne (toujours sans gouvernement), et le Royaume-Uni (où David Cameron est sur un siège éjectable si le Brexit passe).

Lire aussi :

Mogherini bientôt à Tripoli

Sat, 23/04/2016 - 18:37

Rencontre de F. Mogherini avec F. Sarraj au Caire, novembre 2015 (crédit : CE – archives B2 )

(B2) Plusieurs ministres européens ont déjà fait le déplacement de Tripoli : l’Italien Gentiloni, le Français Ayrault et son acolyte allemand Steinmeier et le Britannique Hammond, etc. Sans compter les ambassadeurs. Tripoli devient ainsi le lieu de crise à la mode, la place « to be ». Avec raison certainement. Car il s’agit de marquer tout le soutien au nouveau gouvernement libyen, le seul reconnu par la communauté internationale.

Et Mogherini ?

C’est la question que B2 a posée à la chef de la diplomatie européenne lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères (1). La Haute représentante de l’UE a annoncé « espérer se rendre à Tripoli bientôt… » refusant de donner une date plus précise. « Vous comprendrez pourquoi. »

Je veux une visite substantielle

Avec un sourire (légèrement ironique), elle a ajouté : « Il ne s’agira pas seulement une visite symbolique ou politique. Je veux aller visiter le gouvernement avec des projets assez concrets à discuter et annoncer. J’ai déjà rencontré Sarraj deux fois, hors d’Europe, à Tunis et en Egypte. Je pense avoir été la première à rencontrer le Conseil présidentiel. Les visites symboliques ont déjà eu lieu. (Maintenant) ma visite devra avoir un caractère substantiel. »

NB : ce qui peut apparaître aux yeux de certains comme un certain retard a, en fait, plusieurs explications. D’une part, la Haute représentante était il y a 10 jours sur le Cavour – pour commémorer le un an du naufrage tragique et la mise sur pied de l’opération EUNAVFOR MED / Sophia par les Européens — puis était en Iran, une visite prévue de longue date. D’autre part, à la différence des Etats membres ou de l’ONU ou de l’OTAN (2), la Haute représentante de l’UE, ne dispose pas de moyens propres (avion notamment), elle doit se reposer pour cela sur les moyens des autres.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Question à laquelle elle a répondu (faut-il préciser) dans un français quasi-parfait. En quelques mois, la Haute représentante de l’UE qui est plus à l’aise a fait des progrès notables (leçons à l’appui, selon nos informations). Ce qui est la preuve que le bilinguisme (+ l’italien sa langue natale et l’espagnol qu’elle pratique), est tout à fait possible au niveau européen avec un tout petit effort.

(2) L’ONU a un contrat d’affrêtement avec des avions privés, repeints à ses couleurs blanches. Tandis que le secrétaire général de l’OTAN dispose – autant que possible – d’un avion prêté par l’aviation belge, sur la base d’un accord de mise à disposition.

La force franco-britannique de la CJEF validée, prête aux opérations extérieures

Thu, 21/04/2016 - 23:55

Les ministres britannique et français, M. Fallon et JY Le Drian, en visite sur le terrain de l’exercice (crédit : MOD Uk)

(B2) L’exercice qui se termine en ce moment au Royaume-Uni ne doit pas être négligé. Dénommé Griffin Strike, il constitue le point ultime de la Force expéditionnaire commune (CJEF).

La validation finale du concept

Après toute une série d’exercices des différentes composantes : Flandres en 2011, Corsican Lion en 2012, Joint Warrior / Capable Eagle en 2013, Rochambeau en 2014 et l’exercice d’état-major Griffin Rise en 2015, on est passé, en effet, à une étape ultime : l’exercice de synthèse qui permet d’assurer la « validation complète du concept » de la CJEF. On « passe du concept à la réalité » explique-t-on Outre-Manche. C’est « un aboutissement majeur du traité de Lancaster House », jure-t-on de part et d’autre du Channel.

Une force de 5000 hommes

Le Corps comprendra 5000 militaires, issus des deux armées française et britannique, capable de se projeter ensemble en opération extérieure, avec des éléments terrestres, navals, aériens et un quartier général interarmées, capable de planifier comme d’exécuter l’opération.

Des forces intégrées

L’ambition de cet exercice est de tester ainsi une intégration des forces. Côté air, les avions de chasse français Rafale de l’escadron de chasse 1/7 Provence et du régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen et les Typhoon anglais ont opéré à partir de la même base aérienne de la RAF, située à Leeming dans le North Yorkshire.

Tandis que les navires britanniques HMS Ocean, Bulwark et Duncan ont navigué côte à côte au large de la côte sud et ouest de l’Angleterre avec leurs homologues français du BPC Dixmude, des frégates anti-aérienne Cassard et anti-sous-marine La Motte Piquet.

Sur la plaine de Salisbury, ce sont des parachutistes, des unités blindées et d’infanterie de la 3e division (UK) et de la 7e Brigade mécanisée (BM) qui se sont ainsi retrouvés ensemble.

Une force à disposition de l’OTAN comme de l’UE

Maintenant, il reste à passer à la pratique, et voir comment et quand ce CJEF sera employé sur le terrain. Une force qui pourra être disponible « pour des opérations de l’OTAN (comme) de l’UE (*), de l’ONU ou en coalition » affirme-t-on à Londres.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Si le Royaume-Uni choisit la voie du Brexit, cette possibilité de service auprès de l’UE parait compromise. Londres devra signer avec l’Union européenne un accord de participation sur la PSDC. Ce qui serait pour le moins anachronique…

Pas de routes alternatives pour l’instant à l’est de la Méditerranée

Wed, 20/04/2016 - 19:47

(crédit : marine italienne)

(B2) Le blocage des migrants entre la Turquie et la Grèce est à peu près efficace. Le directeur de Frontex l’a confirmé tout à l’heure devant le Parlement européen.

Une centaine d’arrivées chaque jour en Grèce

« Le nombre d’arrivées a beaucoup baissé. Environ une centaine de migrants par jour » arrivent en Grèce explique Fabrice Leggeri. Beaucoup de migrants attendent en Turquie de passer. Mais « rien n’indique qu’il y ait un déplacement de la Turquie vers la Libye », du moins pour l’instant. « On voit bien une augmentation du nombre de migrants de la Libye vers l’Italie. Mais c’est une autre question. C’est une immigration venant d’Afrique. »

Pas de routes alternatives utilisées massivement

De la même façon, le passage par des routes alternatives — Mer noire, Bulgarie, Albanie — reste pour l’instant très limité. « Nous n’avons pas constaté de passage important. Ce sont quelques cas isolés, depuis l’ouest de la Grèce essentiellement vers l’Italie. (…) Pour l’instant, ainsi la situation semble gelée ».

De l’ordre de quelques dizaines de personnes

Il s’agit « de quelques dizaines de personnes », a précisé à B2 un bon connaisseur du dossier. Soit ce sont des personnes qui profitent de l’opportunité, de façon individuelle. Mais « c’est peut-être aussi une manière de tester de nouvelles routes » se hasarde-t-il. En tout cas à suivre…

Une extension de la zone opérationnelle de Frontex en cours

A Frontex, « on suit de près la situation » confirme Fabrice Leggeri. La zone opérationnelle de surveillance aérienne a été étendue « en accord avec les autorités italiennes » à toute la zone Adriatique « pour contrôler les éventuels passages de l’Albanie et Monténégro vers l’Italie ». Et l’agence européenne est « prête à redéployer ses activités si nécessaire », en mer ou dans le ciel, notamment vers l’Italie qui fait davantage face aujourd’hui que la Grèce à un nouveau flux d’arrivées de migrants (ou de réfugiés).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Et de trois ! L’Europe va former une nouvelle armée africaine. Un général français prend le commandement

Wed, 20/04/2016 - 14:58

Le gŽnŽral de brigade Hautecloque est le commandant de la Task Force La Fayette ˆ Warehouse Kaboul.

(BRUXELLES2 – exclusif) L’Union européenne a décidé de lancer une troisième mission chargée de former une armée africaine. Après la Somalie (avec EUTM Somalia), lancée en 2010, et le Mali (avec EUTM Mali), mise en place en 2013. C’est le tour de la Centrafrique.

Un vrai défi

L’objectif est simple : restructurer et mettre sur pied une armée centrafricaine moderne, efficace et contrôlée démocratiquement. En bref, éviter que l’armée ne massacre demain les populations ou fasse un coup d’état mais soit aussi capable de maintenir la stabilité de l’Etat. Mais en Centrafrique, c’est un vrai pari !

Les principes posés

La mission démarrera officiellement début juillet, voire avant, si tout est prêt. Mais les ministres de la Défense ont déjà décidé, hier les grandes lignes de cette opération, lors de leur réunion semestrielle à Luxembourg (lire : La mission de formation EUTM RCA adoubée par les ministres. La troisième du genre). Preuve d’un certain succès de ce type de mission, et d’une évolution des esprits, plus personne au niveau européen ne conteste l’utilité d’une telle mission.

Des réticences qui se sont tues

En 2009-2010 quand s’est décidé la mission en Somalie, nombre de critiques avaient été émises, estimant que les risques étaient plus grands que les avantages. A l’époque, le Royaume-Uni mais aussi l’Allemagne, la Suède, l’Autriche… étaient on ne peut plus sceptiques. Ces voix se sont tues aujourd’hui car EUTM Somalia est une réussite. Idem pour EUTM Mali lancée au forceps, grâce à la pression française et espagnole notamment. Encore plus récemment, pour la Centrafrique, plusieurs pays étaient particulièrement peu enthousiastes à l’idée de voir une nouvelle mission militaire de formation voir le jour. Faute de mieux, c’est une simple mission de conseil (EUMAM RCA), mission de transition qui avait été mise sur pied, à titre de test. Aujourd’hui, chacun voit bien que la stabilisation des pays africains est une nécessité. Ne serait-ce que par pur intérêt national : éviter le terrorisme, juguler les migrations, permettre le développement économique.

Un commandant français

C’est un général français qui commandera cette nouvelle mission, comme annoncé hier (Lire: Le second de l’Eurocorps va prendre la tête d’EUTM RCA). La Centrafrique est un peu le terreau de l’armée de terre, c’est naturellement un terrien. Mais cette fois un cavalier, ancien du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP), qui a été choisi : le général français Éric Hautecloque-Raysz. Un militaire habitué des théâtres extérieurs : au Kosovo (KFOR) à deux reprises en 2001 et 2004, en Afghanistan en 2012 — où il a fermé le ban de la task force Lafayette en Kapisa et Surobi — et au Liban (au sein de la FINUL) en 2014. Ancien gouverneur militaire de Strasbourg, et ancien chef de la 2e brigade blindée (2e BB) d’Illkirch-Graffenstaden.

Déploiement de l’Eurocorps

Le général Hautecloque-Raysz est aujourd’hui le numéro 2 de l’Eurocorps. Il part entouré de son état-major. C’est en effet plus de 70 personnes de ce corps qui l’accompagnent, comme B2 l’avait annoncé le 5 avril (lire : Carnet 05.04.2016). C’est la seconde fois en quelques mois qu’une partie de l’état-major de l’Eurocorps se déploie sur le terrain africain pour le compte de l’Union européenne. Ca change de la capitale alsacienne…

(Nicolas Gros-Verheyde, avec LH à Strasbourg)

A Ramallah, l’unité de traitement des empreintes digitales

Sun, 17/04/2016 - 19:49

La comparaison manuelle d’empreintes digitales (© JB / B2)

(BRUXELLES2 à Ramallah) Le local parait un peu ‘vétuste’ : quelques bureaux, de vieux ordinateurs… On ne sent pas dans un lieu high tech de haute technologie. L’équipe n’est pas bien nombreuse : 25 agents répartis sur les 11 districts que composent la Cisjordanie. Et une bonne partie du travail se fait encore à la main… Mais, ne vous y fiez pas. Le travail réalisé ici est plutôt efficace. Et les Sherlock Holmes palestiniens n’ont pas à rougir de leurs résultats…

Dépasser l’aveu comme preuve absolue

La méthode par empreintes est une petite révolution mentale en Palestine. « Avant, les aveux obtenus était ‘la’ preuve par excellence » explique Saïd Issa, le responsable de cette unité que nous rencontrons dans ces bureaux. Aujourd’hui, « plusieurs personnes ayant été faussement accusées ont pu être libérées. Et les vrais coupables ont pu être arrêtés ». 

Faire reconnaitre la qualité légale des empreintes digitales

La preuve criminelle, venant de la récolte d’empreintes, n’a pas toujours été bien reçue dans les tribunaux. Elle était régulièrement remise en cause par les juges. « Nous nous sommes aperçus qu’il fallait un cadre légal pour notre travail », raconte Saïd Issa. « Nous avons cherché un modèle et nous nous sommes rapprochés du modèle allemand ». Il a fallu codifier une méthode pour que « la légalité de notre travail » soit reconnue. Des experts en empreintes digitales sont désormais reconnus par les tribunaux. Sept d’entre eux ont prêté serment et reçu du ministère de la Justice le papier, revêtu du tampon officiel qui leur permet de « témoigner devant la cour ».

Le ‘criminal fingerprint record’

« Après des discussions avec le ministère de l’Intérieur, nous avons mis en place le fichier des empreintes criminelles (criminal fingerprint record) ». C’est le ministère qui se charge de l’enregistrement (de l’empreinte) et de l’instruction des dossiers. Cette base de données mise en place en 2012 comprend aujourd’hui « près de 50.000 empreintes sont aujourd’hui enregistrées » et identifiées.

Empreintes cherchent propriétaires, faire offre

Ce fichier a permis de résoudre concrètement « de nombreux dossiers ». Et d’autres pourraient l’être encore plus à l’avenir. Il reste, en effet, encore 100.000 empreintes issues de dossiers, dont on ignore encore le propriétaire. Mais, peu à peu, les fins limiers de la police palestinienne comptent bien démasquer qui se cache derrière ces empreintes suspectes.

Une toute jeune unité qui a son avenir devant elle

L’unité spéciale de traitement des empreintes digitales est récente. Elle n’a été créée, au sein de la police civile palestinienne qu’en 2012, soit il y a peine 4 ans. Une unité équipée et entraînée en grande partie par le gouvernement allemand et soutenue par les Européens de la mission EUPOL COPPS. L’objectif aujourd’hui est de la renforcer : d’augmenter son équipement comme d’avoir une présence plus grande dans les 11 districts qui composent la Cisjordanie.

(Johanna Bouquet, à Ramallah)

Syrie. Des détails sur le massacre de Deïr el-Assafir

Sat, 16/04/2016 - 22:49

(B2) Dans une lettre transmise au conseil de sécurité par l’ambassadeur de France à l’ONU, le représentant de l’opposition syrienne, Riyad Hijab, a dénoncé le massage commis le 31 mars dernier par les forces du régime Assad contre la population civile du village de Deïr el-Assafir, dans la Ghouta orientale. Une claire violation de la cessation des hostilités, à l’écouter. Au final, « 33 morts (dont 11 enfants), et plus de 60 blessés dans les hôpitaux de campagne, dont plusieurs dans un état grave ». Des missiles ont été tirés « contre l’école, l’hôpital et le centre de la défense civile de Deïr el-Assafir ». Des raids aériens ont suivi « visant les équipes de secours et de la défense civile qui se rendaient sur les lieux, ce qui a alourdi le bilan des victimes, parmi les civils et les secouristes ». Parmi les morts, on dénombre 11 enfants, comme un secouriste de la défense civile (ce qu’on appelle les « casques blancs ») et deux agents de police.

(NGV)

Mogherini à bord du Cavour : on peut être fier de la réaction européenne

Sat, 16/04/2016 - 19:05

(BRUXELLES2) C’était une visite nécessaire pour la chef de la diplomatie européenne. Un an après un naufrage en mer qui avait vu près de 900 personnes perdre la vie, le 18 avril 2015, Federica Mogherini était sur le Cavour, le navire-amiral (italien) de l’opération européenne montée, en quelques semaines, pour éviter toute nouvelle tragédie.

Une opération montée en un temps record

« C’est l’une des histoires de l’Union européenne, dont nous pouvons être fiers » a souligné, face à l’équipage multinational du Cavour la Haute représentante de l’UE. « Nous avons réussi à monter l’opération en un temps record d’un mois. Et nous avons atteint la capacité opérationnelle complète, deux mois plus tard. Depuis début octobre, nous opérons dans les eaux internationales avec une priorité claire à l’esprit : sauver des vies. »

La priorité sauver des vies

Lampedusa a connu « plusieurs fois des tragédies comme celle-là. Mais ce fut la première fois que l’Union européenne a réagi en tant que telle » s’est-elle félicité. Depuis, 13.000 personnes ont été sauvées, dont 800 enfants. « Il y a un an, nous avions un sentiment de honte, je n’ai pas peur d’utiliser ce mot, nous étions honteux d’une Europe qui n’était pas en mesure de sauver des vies, Aujourd’hui, nous pouvons être fiers d’une Europe qui est capable de sauver des vies. »

(NGV)

Lire aussi : Une tactique politique remarquable. Le voile se lève sur EUNAVFOR Med (Maj)

La discussion sur la révision du mandat d’EUNAVFOR a commencé. 4 Options… *

Nouvelle journée de sauvetage en Méditerranée

Sat, 16/04/2016 - 17:53

(B2) Ce samedi (16 avril), deux navires de la marine italienne qui participent à l’opération Mare Sicuro, le Borsini et l’Orione, sont venus au secours de plusieurs bateaux pneumatiques qui transportaient des migrants à partir de la Libye. Ils ainsi pu récupérer respectivement 118 migrants, dont 20 enfants, et 106 migrants. Quant aux 558 migrants récupérés les jours précédents, ils ont été amenés au port de Reggio Calabria par le navire Cigala Fulgosi.

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