(B2) Pris sur le fait en contravention à toutes les règles du couvre-feu à Bruxelles, un pilier de la Fidesz au Parlement européen rate la gouttière et… prend la porte
Jozsef Szájer lors de la plénière de juillet (crédit : Parlement européen)Trop de charge mentale
L’eurodéputé hongrois József Szájer a présenté, discrètement, sa démission au président du Parlement européen dans une lettre révélée dimanche par le média en ligne Nyugat (ouest). Motif invoqué : « une charge mentale [trop] importante pour moi ». Il précisait alors : « La démission n’a rien à voir avec le contenu de la lutte acharnée actuelle sur la scène européenne. Dans le débat actuel, je partage la position du gouvernement hongrois et je la soutiens. »
Dans une partie fine
En fait, l’homme âgé de 59 ans a été pris sur le fait par la police de Bruxelles pour avoir participé à une partie fine dans un appartement privé au-dessus du bar gay (Le Detour), à deux pas du commissariat central, près de la Grand place de Bruxelles. Une ‘partouze’, selon le quotidien belge populaire la DH qui impliquait une bonne vingtaine de personnes dont un diplomate et d’autres employés du parlement apparemment. L’eurodéputé a tenté de s’échapper par une gouttière, mais a chuté et a été rattrapé par la police. Il a alors invoqué son immunité parlementaire, provoquant l’implication du ministère belge des Affaires étrangères.
En contravention avec les règles strictes en vigueur à Bruxelles
Cette information remontée au siège du Parlement européen et à Budapest aussitôt entraîné la démission de l’intéressé. Précisons que les contacts « rapprochés » sont strictement limités en Belgique à « une seule et même personne » par foyer (à quatre si c’est dans la rue), selon la loi belge.
Un pilier de la Fidesz
Le lien entre les deux évènements a été fait par nos confrères hongrois, notamment de Telex. J. Szajer n’est en effet pas n’importe qui. Ce proche de Viktor Orban, membre du parti Fidesz depuis ses origines, éminent juriste, est un des inspirateurs de la nouvelle constitution hongroise. Notamment de cet amendement : « La Hongrie protège le mariage en tant qu’union entre l’homme et la femme »…
Commentaire : le dire et le faire…
En soi cette participation ne vaudrait pas plus qu’une amende administrative (pour contravention aux règles du Covid-19). Émanant d’un chaud partisan de l’orthodoxie morale, elle vaut cependant son pesant de cacahuètes. Le meilleur figure dans la lettre de la démission. L’eurodéputé précisait : « À l’avenir, […] j’ai l’intention de poursuivre le travail entamé lors du changement de régime dans un domaine intellectuel plus vaste. J’accomplirai mes nouvelles tâches avec l’engagement et la détermination dont j’ai fait preuve jusqu’à présent. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Voici un an que l’ancien chef de la diplomatie espagnole est aux manettes de la diplomatie européenne. L’intéressé lui-même l’avait confié à B2 avant d’entrer en fonction, il voulait agir là où il pouvait, insuffler plus de dynamisme et donner davantage de rôle aux États membres. Il tient parole apparemment
Josep Borrell arrivant à la salle du Conseil des ministres (crédit : Conseil de l’UE – novembre 2020)Moins prétentieux que Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, moins lisse que Charles Michel, le président du Conseil européen, l’ancien socialiste espagnol a fait son trou. Et son âge (73 ans) n’apparait pas comme un handicap. Au contraire…
Entre action et réalisme
Pour cerner Josep Borrell, il faut d’abord interroger son entourage. « Il sait ce qu’il veut. Il est réaliste sur ce qu’on peut espérer avoir » raconte un de ses proches. « Il ne veut pas juste parler, dire on est ‘préoccupé’ ou ‘très préoccupé’ et ensuite passer à autre chose. Si on est préoccupé, il faut faire quelque chose. Il faut chercher les voies alors pour le faire. Si on ne peut pas faire ou rien faire, autant ne rien dire ou ne rien tenter » et être discret.
À l’écoute
Par rapport à sa prédécesseure, « Josep Borrell a une approche plus précise sur ce que nous pouvons apporter, concrètement » indique un ministre de la Défense. Federica Mogherini « partait du principe qu’elle savait tout. Elle faisait tous les déplacements, n’accordait pas vraiment d’attention aux conseils des militaires, et n’en demandait même pas » nous confie un diplomate. « Borrell écoute beaucoup plus. Il demande les conseils. » Ce qui plait davantage aux États membres qui ont toujours eu l’impression avec le Haut représentant nouvelle formule’ en place depuis 2009 (1) de se voir dépossédés. Cela ne l’empêche de foncer le cas échéant.
Décider et foncer
Écouter ne veut pas dire ne pas décider. « C’est un vieux routier » qui perçoit quand il peut forcer la main, ou quand il ne peut pas. On l’a vu pour le lancement de l’opération Irini. Alors que le sujet trainait et menaçait de bloquer, « le Haut représentant a sorti un texte de sa manche », l’a posé sur la table des États membres. Cela a surpris. Mais cela a marché. Les États ont été d’accord pour reprendre l’opération. Au final, cette manière de faire a « beaucoup plu ». Car « il prend ses responsabilités ». « La mayonnaise prend. Pourvu que ca dure » ajoute notre interlocuteur. En tout cas, cela « nous change de Federica qui faisait un peu trop maitresse d’école ».
Un vrai changement
« Il y a un vrai changement » sur le fond comme sur la forme, confirme un autre vieux routier de la politique européenne. « Je me rappelle d’un moment [lors des évènements de Maidan en Ukraine] où on avait un Haut représentant (NB : Catherine Ashton) qui disait : ‘j’ai un problème avec les Weimar et une solution, les États-Unis ». Une erreur selon notre interlocuteur. Car « ce sont finalement les ‘Weimar qui sont allés ensemble à Kiev pour négocier un arrêt des violences »… et pas les US. Avec Josep Borrell, foin de tout çà. Si un groupe d’État veut prendre des initiatives, il le soutient et l’accompagne.
Tracer la perspective…
Pour résumer la méthode Borrell, comme nous le confie un diplomate, c’est « on trace la perspective. Le Conseil travaille. Il y a un mandat clair, une bonne répartition des rôles. On ne s’étend pas en long et large sur les sujets ». Et on essaie de garder tout le monde à bord. « Être efficace et uni. »
… et garder une certaine dose de pragmatisme
A cela il faut ajouter une certaine dose de pragmatisme. La discussion sur le plan 2020-2024 des droits de l’homme l’a montré. Alors que la proposition conjointe faite par le Haut représentant et la Commission européenne prévoyait un passage à la majorité qualifiée pour la mise en œuvre de ces recommandations, cela râlait du côté des États membres. Le Haut représentant a mis de côté sa proposition pour faire passer le reste du texte (lire : Droits de l’Homme et démocratie. La question de la majorité qualifiée reportée à plus tard )
Le hard et le soft power
Dans le concert mondial où les gros bras (Poutine, Erdogan, Trump, Netanyahou, Rohani…) jouent du muscle, Josep Borrell incarne assez fidèlement la petite musique européenne qui entend jouer sa partition habituelle, le soft power, en essayant de jouer (un peu) des effets de puissance, en s’appuyant sur son atout le plus cher (l’économie) et une volonté (stabiliser son voisinage). Ce n’est pas gagné. Mais l’exemple de l’accord sur le nucléaire iranien où les Européens ont tenu bon, malgré tout à l’administration Trump (lire : L’accord sur le nucléaire iranien. Des Européens droits dans leurs bottes), est peut-être un point clé dans ce tournant (stratégique ?).
Un homme au parler clair
Enfin, pour la presse, ce Haut représentant a un avantage : il connait ses dossiers et ses interlocuteurs. Et il parle ‘clair’ et ‘précis », du moins autant que possible, sans tirer la couverture à soi (2). On ne peut pas parler d’une totale franchise (ce serait l’antithèse de la diplomatie). Mais il n’esquive pas quand existe un problème ou une difficulté. Et quand il l’esquive, la non-réponse est … clairement une réponse.
Bien continuez !
A l’aune de cette première année, à B2, nous lui décernons donc une mention ‘Bien. Continuez’… Nous verrons si les quatre années à suivre permettront de confirmer (ou d’infirmer) ce jugement favorable.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : les méthodes de travail au cœur d’un débat entre ministres
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(B2) A quelques semaines de la prise de présidence de l’UE par le Portugal, le 1er janvier, un officier portugais sera dans l’Océan indien
(crédit : Marine portugaise)Le capitaine de vaisseau portugais, José Diogo Pessoa Arroteia, va prendre à compter de jeudi (3.12) la tête de la force maritime européenne, présente au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta), chargé de combattre la piraterie maritime.
Agé de 52 ans, José Diogo Pessoa Arroteia est spécialisé dans les communications et était depuis le 4 septembre dernier, directeur du Centre intégré de formation et d’évaluation navales.
A bord du navire espagnol Reina Sofia
Le Portugais officiera à bord du navire-amiral de l’opération, le Reina Sofia de l’armada espagnole, pour une durée de quatre mois (jusqu’à fin mars). Il sera accompagné d’une équipe de cinq marins et officiers de la marine portugaise qui formeront sa garde rapprochée. Frégate de la classe Santa Maria, le Reina Sofia (F-84) a une fonction : les opérations d’interdiction maritime et la protection des navires de type porte-aéronef ou porte-avions contre les menaces sous-marines, aériennes ou de surface.
Une opération Atalanta avec de nouvelles tâches
L’opération devrait connaitre une évolution l’année prochaine, selon nos informations, avec une extension de ses tâches à la lutte contre les trafics de drogue et d’armes et une extension de sa zone d’opérations (surtout vers le Sud de l’Océan indien). Une discussion est toujours en cours au sein des instances européennes pour avaliser ces changements.
(NGV)
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(B2) La fouille du porte-conteneurs turc arraisonné par l’équipe de visite de la frégate allemande Hamburg il y a une semaine n’a pas eu lieu tout à fait au hasard. Les cris d’orfraie poussés par Ankara interpellent
Le navire turc Roseline A a été intercepté par la frégate allemande Hamburg dimanche dernier (22.11) (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires).
Un navire repéré et suivi
Ce navire avait été repéré depuis plusieurs semaines à la fois par les moyens satellitaires, mais aussi aériens, de l’opération, selon nos informations. Si officiellement, « aucun matériel illicite n’a été trouvé à bord durant l’inspection », comme l’indique le communiqué de l’opération Irini publié lundi (23.11), cette présomption d’innocence semble très fragile. Car les militaires n’ont matériellement pas eu le temps de fouiller tout le navire, et notamment les quelque 150 conteneurs à bord.
Une fouille stoppée par la Turquie…
Un point confirmé par un porte-parole européen interrogé par B2 vendredi (27.11), lors du point de midi. Les militaires « n’ont pas pu fouiller tout le navire ». C’est un fait. Ils ont été « stoppés par la réponse de la Turquie ». L’absence de matériel trouvé ne vaut donc que « jusqu’au moment où ils ont arrêté l’inspection » indique Peter Stano, porte-parole du Haut représentant de l’UE. Elle ne signifie aucunement qu’il n’y a pas de matériel illicite à bord…
Des soupçons très forts
Le ‘Roseline A’ adore la Libye. Il a fait la navette au moins huit fois cette année, non seulement vers Misrata, mais aussi vers Chums ou Tripoli, et avait été placé sur la liste ‘rouge’ des bateaux suspects. Selon le média allemand Der Spiegel, des analystes de la mission européenne « Irini » ont découvert sur des images satellites que, lors d’un précédent séjour à Misrata, le navire avait déchargé des véhicules militaires blindés. Et, en novembre, quand dans le port turc d’Ambarli, des images de surveillance révèlent que des marchandises suspectes sont ramenées à bord du Roseline A, le doute n’est plus permis. Décision est prise alors d’intercepter le navire quand il pénètre (après être passé au large de la Crête) dans la zone d’opération de Irini.
Commentaire : une volonté turque de créer un incident ?
Pourquoi les Turcs ont mis plus de quatre heures à finalement refuser l’inspection d’un navire civil portant leur pavillon ? On peut émettre trois hypothèses principalement.
Première explication : un cafouillage à Ankara, qui aboutit à ne pas savoir quoi répondre… Tout à fait plausible, cela arrive même dans les pays les mieux organisés.
Deuxième explication : la réalité de la fouille vs la réalité de la cargaison. Les Turcs se rendent compte que les Allemands sont réellement en train de fouiller le navire et pourraient découvrir des éléments compromettants.
Troisième explication : la volonté de créer un incident. Ankara laisse faire d’abord, puis intervient in extremis, obligeant les Européens à battre en retraite, et ensuite crie au scandale sur la violation du droit de la mer (1). Objectif : mettre Berlin et les Européens dans l’embarras, viser l’opération Irini qu’ils combattent depuis le début. Au passage, l’humiliation des militaires allemands, obligés de rester à bord la nuit venue, n’est pas pour déplaire aux autorités turques (2). Connaissant l’ingéniosité et la duplicité turque, cette hypothèse est tout aussi valable que les deux premiers.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Un droit international violé de façon délibérée par la Turquie
Contrairement à tout ce qu’ils affirment, les Turcs n’ont pas le droit international pour eux.
Les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, votées en février et mars 2011, qui instaurent un embargo sur les armes, exigent de tous les États membres de l’ONU une pleine participation à l’instauration de cet embargo, notamment en prévenant toute exportation par des navires « battant leurs pavillon » (article 9) ou en inspectant les navires dans leurs ports et en haute mer (article 11), en saisissant et détruisant les biens illicites (article 12). Cela inclut de laisser contrôler ses navires civils, par une force agréée par les Nations unies et agissant sous son mandat. Ces résolutions sont prises sous le chapitre VII de la Charte des NU, justifiant le recours à la force.
Certes formellement, en vertu du droit de la mer et de l’état du pavillon, la Turquie avait tout à fait le droit de refuser une inspection d’un navire portant son pavillon. Mais, en vertu des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, la Turquie n’avait aucune raison valable de ne pas autoriser l’inspection d’un navire civil, a priori inoffensif, sauf si, justement, sa cargaison n’était pas… aussi inoffensive que cela. Ce refus, abusif, constitue une infraction au droit international et aux résolutions de l’ONU.
Cet article Trafic d’armes vers la Libye. De forts soupçons sur le porte-conteneurs turc Roseline A est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La Belgique va réduire ses militaires présents en rue depuis l’attentat de 2016
Le Conseil des ministres belge a approuvé vendredi (27.11) la proposition de réduction progressive des soldats dans la rue (opération Vigilant Guardian), comme prévu dans l’accord de gouvernement.
Lente décrue jusqu’à septembre 2021
À partir du 2 décembre, le déploiement de militaire dans la rue va diminuer. Le nombre maximum de militaires déployés descendra à 300 personnes (contre environ 500 personnes aujourd’hui). La police fédérale va reprendre la mission de surveillance de certains lieux à partir du 1er décembre 2020. Si « le niveau de menace demeure constant », les forces de police, fédérale et locale, auront repris toutes les missions de surveillance de la Défense pour le 1er septembre 2021.
Déployés depuis 2015
Les militaires avaient été déployés au lendemain des attentats de Paris en janvier 2015, et renforcés à deux reprises essentiellement ensuite après les attentats du Bataclan, en novembre 2015 (Lire : Et Bruxelles devint noire) et au lendemain des attentats de Bruxelles en mars 2016 (lire : Mobilisation de la défense belge après les attentats)
(NGV)
Cet article Les militaires belges rentrent dans les casernes. Fin du déploiement en rue en septembre 2021 est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Les Belges devraient s’engager au Mali en 2021 de façon plus robuste qu’aujourd’hui
(crédit: mil.be)Une compagnie ou sous GTIA dans Barkhane
Un « sous GTIA » selon l’appellation française, une compagnie selon l’appellation belge devrait être intégrée à l’opération Barkhane, selon nos éléments, et non pas dans la task-force Takuba. Environ 200 hommes, venant surtout de la composante terre de l’armée belge, qui milite en particulier pour cet engagement permettant de tester également ‘grandeur nature’ ses nouveaux blindés Griffon et Jaguar, en interopérabilité totale avec les Français (1).
La prudence officielle
Ceci se retrouve explicité dans la note de politique générale du ministère de la défense soumise à la Chambre des députés, début novembre : « un déploiement d’un sous-groupe tactique d’armes combinées (CATSG ou Combined Arms Tactical Subgroup), éventuellement dans le cadre de l’opération française Barkhane, sera étudié plus avant et, le cas échéant, fera l’objet d’un débat parlementaire. » Un propos très prudent, qui tranche avec les autres engagements relatés de façon plus décisive dans cette note (EUTM, Minusma). Du côté du cabinet de la ministre belge de la Défense, la jeune Ludivine Dedonder, contacté par B2, on ne veut pas en dire vraiment plus.
Une ‘décision’ très politique
L’explication est très politique, comme me l’a confié un collègue bon connaisseur de la défense belge. La décision appartient normalement à l’exécutif en Belgique. Mais il n’y a pas d’unanimité, au sein de ce qu’on appelle la coalition ‘Vivaldi’ (2). Si les libéraux et socialistes francophones sont assez allants, Verts francophones, Ecolos et Socialistes flamands notamment ne ressentent pas une envie forcenée envers ce qui peut apparaitre comme une ‘aventure’ militaire. D’où la décision du gouvernement de recourir à une discussion parlementaire, une sorte d’approbation lui permettant d’éviter une crise sur un sujet accessoire en pleine crise du Covid-19.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Sur le sujet, lire aussi FOB qui a été un des premiers à couvrir cette information
Cet article Une compagnie belge dans l’opération Barkhane. Un accord politique encore nécessaire est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) A la veille de la conférence ‘Shade Med’, l’amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération européenne Irini explique le pourquoi et le comment de cette arène virtuelle qui va réunir des acteurs civils et militaires des trois continents autour de la Mare nostrum
Un moment clé
En ce moment historique, d’une grande complexité et d’une effervescence remarquable, célébrer la mer Méditerranée dans un forum est une étape nécessaire. Cette conférence SHADE MED (Shared awareness and De-confliction in the Mediterranean) qui a lieu jeudi et vendredi (26-27 novembre) est importante. Elle va permettre à tous les professionnels et au public qui se connecteront par vidéoconférence de discuter des défis de la région et des perspectives d’avenir possibles.
Un lieu d’échanges essentiel, un pont entre l’Atlantique et l’Indo-Pacifique
Le bassin méditerranéen est désormais un ‘pont d’eau’ qui assure une continuité, avec les connexions commerciales, de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique. Il s’agit d’une zone avec un taux très élevé d’échanges économiques et culturels, avec des acteurs historiques et nouveaux ainsi que des puissances régionales intéressées à avoir un certain poids influent en la matière.
Coopérer en Méditerranée un défi
Le thème de SHADE MED de cette année — « Les défis de la coopération en Méditerranée après la pandémie mondiale »— permettra d’éclairer les différents scénarios possibles et, grâce à des intervenants de haut niveau, ouvrira la voie à de nouvelles initiatives communes au profit de tous les acteurs qui ont des intérêts et partagent des objectifs liés à cette mer stratégique.
Une arène virtuelle pour trois continents
Je tiens beaucoup à ce séminaire international qui, précisément à cause de la pandémie du Covid-19, se déroulera en ligne. Pendant deux jours intenses, cela va être une arène virtuelle avec des participants des trois continents surplombant la mer Méditerranée mais aussi le quartier général de l’opération de l’UE IRINI que j’ai l’honneur de commander.
Réfléchir, comprendre et partager des idées
Nous estimons qu’il est nécessaire de réfléchir, de comprendre et de partager des idées sur la manière de faire face à la période actuelle et sur ce qui suivra la pandémie au niveau économique, humain et structurel dans la zone méditerranéenne. Je suis convaincu que si nous nous posons les bonnes questions et si nous faisons face à la réalité avec une approche holistique mais néanmoins pragmatique, nous pouvons réellement obtenir des résultats durables.
Il reste beaucoup à faire
Dans le cadre de l’opération IRINI, par exemple, nous avons essayé de traiter cette question en adoptant plusieurs mesures, en gardant toujours une attitude positive et proactive. Cependant, nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup à faire, à différents niveaux (pas seulement opérationnel), pour gérer raisonnablement tous les défis que le Covid-19 et la région méditerranéenne apportent avec eux.
Notre mission : garantir stabilité et sécurité en Méditerranée centrale
Notre ambition, avec cette conférence, d’apporter une contribution proactive. En restant à équidistance des parties, nous travaillons jour après jour pour garantir la stabilité et la sécurité en Méditerranée centrale. Notre avenir est écrit dans cette mer, berceau de la civilisation, une route bleue pour l’avenir, un scénario de défis et de grandes opportunités que la pandémie du Covid-19 nous force à saisir. Il nous appartient d’être proactifs et vigilants pour le bien-être commun.
Contre-amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération IRINI
Titres et intertitres sont de la rédaction
Cet article Sécurité en Méditerranée. Deux jours pour réfléchir, comprendre et partager des idées (Fabio Agostini) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) La Grèce devrait envoyer une unité militaire dans la task-force Takuba au Mali. Un gage de son engagement européen
Athènes pourrait envoyer une petite unité militaire, dans le cadre de l’opération anti-terroriste initiée par la France, plus particulièrement dans le triangle des trois frontières, aux confins du Mali et du Niger.
Une unité de petite taille
La mission grecque sera de « petite taille » et impliquera du personnel des forces spéciales, selon notre collègue Savvas Vlassis du média grec Doureios. Ils devraient provenir de l’escadron parachutiste des forces spéciales (ou ETA comme Eidiko Tmima Alexiptotiston), une unité d’élite de l’armée grecque.
Pour la force protection
Au préalable, deux officiers des forces spéciales devraient être envoyés au Mali, en repérage, afin de s’informer sur le cadre opérationnel, se faire une image de la lutte en cours et de la mission de Takuba. Le contingent suivra ensuite. L’unité grecque devrait assurer, au début, la ‘force protection’ du camp.
La Grèce est le cinquième pays européen à s’engager dans cette opération au sahel (après l’Estonie, la Tchéquie, la Suède et l’Italie).
Commentaire : un engagement africain peu courant
Cet engagement des Grecs sur le terrain terrestre est suffisamment rare pour ne pas être signalé. Athènes n’avait pas montré un engagement notoire sur le terrain africain jusqu’ici. Les Héllènes ne sont actuellement que deux dans la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali). On peut donc y voir une contrepartie, solidaire, à l’engagement français indéfectible aux côtés des Grecs dans leurs différents répétés avec la Turquie. La France a d’ailleurs encore récemment envoyé plusieurs navires en Méditerranée orientale (lire : MEDOR. Trois navires et deux avions français pour surveiller du coin de l’œil la Turquie).
Un tournant grec dans la défense européenne
Mais il ne s’agit pas d’un simple retour d’ascenseur. La Grèce effectue un retour notable dans le dispositif européen de la défense, sous la direction du premier ministre (Nouvelle Démocratie), K. Mitsotakis. Après une période de prudence, elle s’est impliquée de façon notable dans la coopération structurée permanente (PESCO), coordonnant 5 des 26 projets les plus prioritaires. Elle est entrée récemment dans l’initiative européenne d’intervention (IEI) lancée par Paris. Elle commande aujourd’hui la force maritime en mer Méditerranée (EUNAVFOR Med Irini) y contribuant directement avec un navire et un avion de patrouille maritime. Enfin, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, vendredi dernier (20.11), le Grec Nikolaos Panagiotopoulos avait appuyé sur « l’intérêt commun » des États membres à « parvenir à la stabilité au Sahel et à renforcer la sécurité dans l’ensemble de la région », en particulier au Mali.
Une demande française de longue date
Cela répond à une demande française exprimée à plusieurs reprises. Le président français Emmanuel Macron l’avait évoqué de façon sybilline en recevant le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis fin janvier, parlant « d’opération conjointes maritime comme terrestre ». La ministre des Armées Florence Parly l’avait exprimé plus directement lors d’une rencontre avec son homologue grec, à Athènes en février. « J’ai demandé à mon homologue de considérer l’engagement, à un niveau significatif, des forces armées grecques à nos côtés, au sol, en Afrique, pour lutter contre la menace terroriste et neutraliser au plus loin les trafics. » « Cet engagement exigeant est porteur d’une forte expérience opérationnelle et d’une plus grande interopérabilité de nos forces. » avait-elle ajouté. (Télécharger ici). Et le sujet aurait été à nouveau abordé lors du sommet Med7 en Corse début septembre (lire : Sommet Med7. Les Méditerranéens menacent la Turquie de sanctions).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Correction apportée sur la dénomination de l’entité. Il ne s’agit plus de la gendarmerie
Cet article Sahel. La Grèce s’engage dans Takuba aux côtés des Français est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Héler, intercepter, arraisonner des navires relève du commun de l’action maritime en mer. Et de l’opération Irini en particulier. Mais encore faut-il bien distinguer les différentes modalités
L’hélicoptère est souvent utilisé pour se rendre rapidement sur le navire. C’est une bonne alternative au bateau à coque rigide (alias Zodiac), surtout en mer agitée, ou pour arriver sur un navire haut sur l’eau. L’engin survole le navire visé, et les militaires glissent le long d’une corde pour prendre pied. – Ici L’hélicoptère de bord du Hamburg en manœuvre (crédit : Bundeswehr 11 novembre – Archives B2)Des opérations d’interception maritime
Selon la situation et le degré de suspicion vis-à-vis de la rupture de l’embargo sur les armes ou le pétrole vers/de la Libye (1), il existe plusieurs options de visite : du simple interrogatoire (ou hailing) et de l’approche amicale (friendly approach) à l’arraisonnement plus ou moins ‘rude’. On distingue ainsi trois types d’arraisonnement, selon la volonté de coopération du navire: l’arraisonnement sans opposition (ou coopératif), l’arraisonnement non coopératif et l’arraisonnement avec opposition. Ces options diffèrent en termes de degré de force utilisée (non létale et létale).
Deux objectifs : information et vérification
Pour l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini), l’objectif général de ces interrogations ou interceptions est tout d’abord de recueillir des informations, de montrer la présence également, voire d’effectuer une fouille plus précise en cas de suspicion avérées.
Par voie de mer ou d’air
L’équipe de visite arrive à bord soit par voie de mer (bateau à coque rigide type RHIB ou Zodiac), soit par la voie des airs (hélicoptère). Cette dernière modalité souvent préférée pour des raisons de rapidité et d’adaptabilité à tous les temps (notamment en cas de mer un peu houleuse ou agitée) et aux navires hauts sur l’eau.
Codifiées dans les règles d’engagement
Toutes ces interventions se retrouvent normalement codifiées dans les « règles d’engagement » de l’opération Irini. Les ‘ROE’ (selon l’appellation courante des militaires) constituent là, un « cadre juridiquement contraignant » pour l’emploi de la force. Si elles paraissent insuffisantes au regard de la situation, et pour permettre l’arraisonnement, le chef d’équipe doit obtenir l’autorisation du commandant de la force pour mettre en œuvre d’autres mesures.
Les cinq formes d’approche d’un navire
Premier contact : le hailing
Le « hailing » (hélage ou interrogation) est le premier contact avec un navire . Il s’effectue en général via la radio maritime VHF. L’interrogatoire implique la collecte de données sur un navire marchand : données générales et techniques, équipage, cargaison, destination et historique du voyage (départ, escales, horaires, etc).
Les informations obtenues sont alors transmises au commandement de l’opération de l’UE, qui les évalue. Et, si nécessaire, ordonne des mesures supplémentaires. C’est là que tout commence. C’est la base d’un processus. Si rien de suspect n’est constaté, l’appel est discret. Le navire interrogé est relâché et peut poursuivre son voyage en tant que navire dit autorisé. S’il y a un élément à vérifier, on passe à la suite avec des mesures militaires supplémentaires nécessaires (cf. ci-dessous).
Second mode : l’approche amicale (Friendly approach)
Par définition, l’approche amicale n’est pas l’arraisonnement, mais plutôt l’approche d’un navire non suspect. Cela nécessite « toujours » le consentement de son capitaine. Le consentement de l’État de pavillon n’est pas nécessaire. L’utilisation de mesures coercitives, l’attribution de lieux, la collecte de données personnelles et les recherches sont interdites.
Le but est, ici, de recueillir des informations, au besoin de clarifier les conversations radios, comme d’informer l’équipage sur l’objectif de l’opération. Il permet ainsi de faire comprendre la présence des navires de guerre dans la zone maritime et d’établir une confiance mutuelle. C’est un outil de présence, de dissuasion comme d’information. Une ‘aimable conservation’ de police en quelque sorte.
L’arraisonnement sans opposition (Unopposed Boarding)
L’arraisonnement sans opposition représente le niveau le plus bas des ‘abordages’. S’il y a un soupçon de violation de l’embargo sur les armes, c’est souvent sur ce format que le navire de guerre se dirige.
En principe, le consentement du capitaine civil et celui de l’État du pavillon doivent être requis. L’équipage est dit coopératif. La résistance n’est ni attendue ni avérée. En gage de coopération, en général, une échelle de pilote est lancée à l’équipe de visite, venant par le hors-bord. Le chef d’équipe est normalement un des premiers récupérés par le premier officier du navire.
L’équipage est consigné dans un espace commun. L’équipe de visite, en coopération avec lui, fouille soigneusement le navire sous sa propre sécurité. Les membres d’équipage sont photographiés et identifiés. Tous les documents et pièces du navires sont consultés et évalués.
L’arraisonnement non coopératif (non-cooperative Boarding)
Dans ce cas, ni le consentement de l’État du pavillon ni celui du capitaine ne sont acquis. L’équipage prend parfois des mesures de résistance passive pour rendre difficile l’embarquement de l’équipe, le retarder ou l’empêcher. Des exemples typiques sont le fait de ne pas répondre aux appels vocaux marins ou de refuser qu’ils montent à bord, y compris de ne pas déployer une échelle de pilote.
Pour l’équipe de visite, cela signifie recourir à des règles d’engagement un peu plus larges. Elle pourra ainsi monté à bord du navire marchand contre la volonté de l’équipage et le fouiller de façon plus élaborée. Lors de la fouille, une partie des militaires assureront la protection des autres.
Arraisonnement de force (Opposed Boarding)
C’est le niveau d’arraisonnement le plus robuste. Le navire suspect refuse activement de laisser monter l’équipe d’arraisonnement. En règle générale, l’équipe doit alors forcer l’accès. Du côté de l’équipage, il s’agit clairement de contrer la visite. L’équipe de visite, en coopération avec un membre de l’équipage fouille soigneusement. Le reste de l’équipage est consigné dans un espace commun
Le risque d’un incident est élevé et le recours à la violence armée est concevable des deux côtés. À bord du navire, l’équipe de visite doit adopter une approche tactique qui met l’accent sur la sécurité de l’équipe et permet en même temps de sécuriser les preuves, les données et les informations. En général, cet arraisonnement nécessite l’utilisation de forces spéciales.
Et après la visite ?
S’il n’y a pas de problème, après enquête complémentaire au besoin, le navire marchand est libéré pour continuer le voyage. Il est « important d’éviter autant que possible les retards dans l’intérêt des compagnies maritimes » précise un officier maritime. Si le soupçon de violation est avéré, « des mesures supplémentaires » peuvent être requises.
Déroutement vers un port de diversion
Le navire va par exemple être dérouté vers un port de l’Union européenne, sous escorte (2). Il y en a pour l’instant un déjà désigné : Marseille (lire : Le port de Marseille, port de déroutement pour Irini). Mais un ou deux autres devraient être désignés rapidement (en Grèce et/ou en Italie), afin de mener une enquête plus approfondie sur le navire et sa cargaison. Des échantillons peuvent ainsi être prélevés s’il s’agit d’une cargaison liquide (violation de l’embargo sur le pétrole) et analysés à terre.
Garde à vue et mise sous séquestre
Si le soupçon est avéré, la saisie du navire (ou sa mise sous séquestre à titre conservatoire), la mise en garde à vue du capitaine ou de certains officiers de l’équipage, le consignement de celui-ci à terre ou sur leur navire peuvent être ordonnés. Les poursuites pourront être engagées ensuite soit par l’Etat du port de diversion, soit (au besoin après transfert) par l’Etat du pavillon du navire ayant procédé à l’arrestation. La base de ces poursuites reste la résolution de l’ONU sur le contrôle de l’embargo sur les armes.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article est extrait de conversations avec les militaires, de la communication officielle et des données de l’opération Irini. La réalité est un peu complexe. Mais nous avons essayé d’être aussi didactique que possible. Toutes les précisions ou ajouts sont bienvenus (case commentaires)
Cet article Hailing, Approche amicale, Arraisonnement, Abordage… les opérations d’interception maritime est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le ton monte à Ankara. L’affaire du Roseline A prend une tournure très politique
Le MV Roseline A arraisonné par les militaires allemands du Hamburg (crédit : EUNAVFOR Med Irini)Protestation officielle
Le ministère turc des Affaires étrangères a ainsi convoqué lundi (23.11) les ambassadeurs européen, italien et allemand pour leur remettre une note de protestation officielle après l’arraisonnement par la frégate allemande Hamburg dans le cadre de l’opération Irini de ce navire marchand (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires (v2)). « Un acte non autorisé et forcé » selon lui.
Un navire qui transportait de la peinture et des biens humanitaires !
Selon les autorités turques, en effet, le MV Roseline A, ne transportait que « de la peinture, du matériel lié à la peinture et des biens d’aide humanitaire ». Le capitaine du navire « a coopéré et a partagé des informations détaillées sur la cargaison du navire et son itinéraire ». « Néanmoins, à 17h45, des éléments armés de l’opération Irini sont montés à bord du navire et ont effectué une longue ‘inspection’ durant des heures ».
Des méthodes robustes
Tous les membres de l’équipage, y compris le capitaine, « ont été fouillés de force, rassemblés et confinés dans un seul endroit, les conteneurs ont été fouillés par la force, tandis que le capitaine a été placé sous la garde d’un militaire armé. » Une intervention « menée sans le consentement ni de la Turquie, en tant qu’État du pavillon ni du capitaine du navire ». L’intervention aurait « duré jusqu’après minuit » selon le communiqué de la diplomatie turque, et « n’a pris fin que sur les objections persistantes de la Turquie ». Le personnel armé est resté à bord et a quitté le navire marchand à 9h38 du matin.
Le consentement de l’État du pavillon
Et la Turquie d’annoncer qu’elle se réserve le droit de demander une « indemnisation des personnes physiques et morales concernées pour les dommages et pertes pouvant résulter de cet acte ». Le consentement de l’État du pavillon « avant d’interférer avec les navires marchands dans les eaux internationales » est nécessaire, poursuit le communiqué. « Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur l’embargo d’armes vers la Libye n’éliminent pas cette obligation ».
Une opération lancée sans l’aval de la Turquie et de l’OTAN
Au passage, les Turcs contestent — c’est courant — la « neutralité de l’opération Irini », avec un argument nouveau cette fois. L’UE l’aurait « lancée sans consulter ni le gouvernement légitime de la Libye, ni la Turquie ni l’OTAN ».
Commentaire : on peut avoir quelques doutes sur les leçons de droit international d’un pays qui n’a pas signé la convention de Montego Bay et a violé à plusieurs reprises les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU (notamment sur Chypre). Sa version des faits est à considérer. Mais elle ne parait pas correspondre tout à fait à celle donnée tant par les autorités européenne qu’allemande (lire notre papier mis à jour, Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires). Quant au dernier argument, sur l’opération Irini, on est là dans un joyeux délire. Se déroulant en haute mer, sur la base (et l’injonction) d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union européenne n’a ni à demander le consentement de la Libye et encore moins de la Turquie ou de l’OTAN. Ankara semble se comporter en l’espèce comme chargé d’un protectorat sur la Libye. Un leurre d’une autre époque.
(NGV)
En savoir plus : voir quelques images de l’interception (via Reuters)
Mis à jour – Ajout du commentaire afin d’éviter de prendre pour argent comptant toute la position turque
Cet article La Turquie proteste officiellement contre l’interception d’un de ses navires marchands par l’opération Irini (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’arraisonnement d’un porte-conteneurs turc suspect par une frégate allemande participant à l’opération Irini a tourné court dimanche au large de Benghazi
Un navire de la compagnie Arkas repéré entre Crête et Libye
Tout a commencé quand un navire marchand turc ‘Roseline A‘ a été intercepté dimanche (22.11) après-midi par la frégate allemande ‘Hamburg’, à environ 160 nautiques (env. 280 km) au nord de Benghazi, dans l’est de la Libye. Une interception faite dans le cadre d’un mandat international de contrôle de l’embargo sur les armes et de l’opération européenne maritime EUNAVFOR Med Irini.
… avec suspicion de transport d’armes
Il était 15h30 selon les sources officielles. Le porte-conteneurs, battant pavillon turc, et appartenant à la compagnie Arkas (qui travaille notamment pour la Deutsche Bahn), avait quitté Ambarli en Turquie, direction : Misrata (port sous contrôle du gouvernement de Tripoli). Il était suspecté de contenir des armes à destination de la Libye.
Les soldats allemands priés de retourner dans leur navire
Une mission qui n’est pas « de routine », contrairement à ce que disent certains médias (1). Quand un navire turc est fouillé, on s’attend à une réaction. Celle-ci n’a pas tardé. « Quelques heures seulement après que les soldats allemands aient embarqué sur le navire en fin d’après-midi », la Turquie a officiellement protesté selon le média Der Spiegel.
D’une attitude coopérative à un refus net d’Ankara
Point confirmé à la Bundeswehr. « Au départ, la situation à bord était coopérative », précise l’état-major allemand des opérations dans un tweet (2). Mais « par la suite » le vent a tourné : l’État du pavillon — la Turquie — n’a pas accepté l’arraisonnement ». Contactée par B2, l’opération Irini, confirme avec quelques précisions supplémentaires.
Des efforts de bonne foi pour obtenir l’accord de l’Etat du pavillon
D’une part, l’opération européenne a fait des « efforts de bonne foi » pour obtenir le consentement de l’État du pavillon (la Turquie). Mais celui-ci n’a « pas répondu ». D’où cette inspection avec la coopération du « capitaine du navire comme de l’équipage ». Ce n’est qu’ensuite que l’État du pavillon a « clairement indiqué qu’il refusait l’autorisation d’inspecter le navire ». Ordre (3) a alors été donné de suspendre l’activité d’inspection. NB : selon nos informations les contacts avec l’Etat du pavillon ont duré environ quatre heures. Une longueur prouvant la volonté des Européens d’obtenir une réponse
À bord jusqu’au lever du soleil par sécurité
L’équipe d’arraisonnement est cependant « restée à bord jusqu’au lever du soleil », après avoir « consulté » et obtenu l’accord du capitaine du navire marchand. Ce « afin de pouvoir rentrer sur le Hambourg en toute sécurité », précise-t-on du côté allemand. Le ‘Roseline A’ a alors pu poursuivre sa route vers la Libye et a atteint Misrara dans la journée lundi. Officiellement, selon les Turcs, le navire transportait de l’aide humanitaire. « Aucun matériel illicite n’a été trouvé à bord durant l’inspection » affirme-t-on à Irini. NB : un point qui doit être relativisé. Les militaires n’ayant matériellement pas eu le temps de tout fouiller à bord.
Un rapport sera fait à l’ONU
Interrogé par la presse au point de midi (4) ce lundi (24.11), Peter Stano, le porte-parole du Haut représentant de l’UE, a tenu à préciser trois points.
Premièrement, l’opération Irini agit « toujours en fonction d’un certain nombre d’informations dont elle dispose », dans le cas « d’inspections, d’appels ou de communications avec des navires suspects ». Il ne s’agit pas de contrôles tout à fait au hasard…
Deuxièmement, l’État du pavillon sous lequel navigue le navire « a le droit de refuser l’inspection ». Quand l’opération Irini fait la demande, si l’Etat responsable n’est pas d’accord, l’inspection ne peut pas avoir lieu. Bien sûr, il y a eu « des contacts entre nous et les partenaires turcs, car les Turcs ne donnent pas l’autorisation d’effectuer l’inspection des entités dont ils sont responsables ».
Troisièmement, « dans le cas de non-inspection — et dans de nombreux cas d’inspection, d’appel ou de soupçons —, Irini en fait rapport à l’ONU ».
Et d’ajouter, en guise de préambule : il est « important qu’Irini s’acquitte de son mandat ». Il s’agit « de faire respecter l’embargo » établi au niveau international (et approuvé unanimement au Conseil de sécurité des Nations unies). NB : L’opération Irini a, jusqu’ici, effectué cinq arraisonnements de ce type.
Commentaire : une volonté turque réelle de contourner l’embargo
Cet évènement n’est pas sans rappeler l’affaire du cargo turc Cirkin, en juin dernier, qui avait refusé à plusieurs reprises le contrôle tant par les navires de l’opération Irini (lire : Un cargo sous escorte turque soupçonné de violer l’embargo sur les armes), que par les navires de l’OTAN. Contrôle qui avait débouché, au final, après un nouveau contrôle, en un incident rarissime entre alliés, impliquant la frégate française Courbet (lire : Le Cirkin n’en était pas à son coup d’essai. Un navire français illuminé au radar).
De possible suspect, le navire devient véritablement suspect
On assiste à la même volonté d’échapper au contrôle sur ordre des autorités d’Ankara, avec le même prétexte de l’aide humanitaire. L’un étant contradictoire avec l’autre. Vu la catégorie de navires, porte-conteneurs, il parait évident que le navire ne contenait pas que des armes. Mais il n’est pas exclu du tout qu’un ou plusieurs containers recelaient de tels équipements… Au vu de l’attitude turque, on peut avoir un (très) gros doute. Si on est vraiment face à de l’aide humanitaire, il n’y a aucun motif de s’opposer au contrôle.
Le bras de fer entre Européens et Ankara se poursuit
Alors qu’un missi dominici turc (le conseiller à la sécurité nationale du président turc) était en visite à Bruxelles vendredi (20.11) pour convaincre des hauts fonctionnaires européens de la bonne volonté turque, cet incident montre que rien n’a changé à Ankara. En provoquant l’Allemagne, qui est un farouche partisan du dialogue ‘positif’ avec la Turquie, il n’est pas sûr que Recep Tayyip Erdogan améliore ses relations avec les Européens. Or, les chefs d’État et de gouvernement doivent se prononcer les 10 et 11 décembre sur la mise en place de mesures de rétorsion, à commencer par la réduction des relations avec l’ancien empire ottoman.
(Nicolas Gros-Verheyde, avec Hannah Guérin st.)
Mis à jour avec les éléments fournis par Irini, une photo de l’arraisonnement et une info sur la longueur des contacts entre Européens et Turcs.
Cet article Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’équipe de la frégate grecque Adrias a arraisonné et inspecté, mercredi après-midi (19.11), un navire marchand MV Serrano. Sans problème
Le porte-conteneur battant pavillon panaméen avait quitté Alexandrie (Égypte) le 17 novembre et se dirigeait vers Tobrouk, à l’Est de la Libye (sous contrôle des forces Haftar). L’interception s’est produite à environ 42 nautiques au nord-est du port de Tobrouk dans les eaux internationales.
L’équipe d’arraisonnement a « examiné les documents disponibles à bord et a inspecté la cargaison. Rien de suspect n’a été trouvé et le navire a été déclaré libre de poursuivre sa route » précise le QG de l’opération à Rome. La procédure « s’est déroulée sans problème et l’arraisonnement s’est déroulé dans une atmosphère de collaboration entre le capitaine et l’équipage ».
(NGV)
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(B2) La routine ou presque pour les équipes à terre, en mer ou en vol : exercices conjoints, entraînement de forces étrangères, ou formation pour lutter contre la corruption policière
Djibouti. Amitiés japonaises
Octobre rime avec exercices conjoints entre les forces européennes de l’opération Atalanta et la Force d’autodéfense maritime du Japon (JMSDF). L’occasion aussi d’un défilé naval, dans les eaux territoriales djiboutiennes, avant un débrief, à terre, sur la coopération en matière de lutte contre la piraterie dans l’océan indien. Détails ici
Défilé de frégates japonaise, italienne et espagnoles au large de Djibouti (crédit : EUNAVFOR Atalanta)Birni N Konni (Niger). Le pied à l’étrier pour une nouvelle compagnie
Depuis quelques semaines, une nouvelle Compagnie Mobile de Contrôle de Frontières (CMCF), la deuxième de la Police Nationale, travaille à la sécurisation de la zone frontière avec le Nigeria. Ses 252 policiers (dont 7 femmes) ont suivi une formation intensive de six mois par la mission de soutien aux forces de sécurité intérieure et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger). Détails ici
(crédit : EUCAP Sahel Niger)Koulikoro (Mali). Formation aux premiers secours
Réagir face à une hémorragie massive, des blessures au thorax ou encore une morsure d’animal, c’est ce qu’ont appris huit stagiaires de différents bataillons d’infanterie maliens. Cette éducation médicale spécialisée fait partie du pilier éducation-formation de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali). L’objectif est, qu’en cas de besoin, ils puissent stabiliser une victime blessée, et éviter les décès au combat. Détails ici
(crédit : EUTM Mali)Donetsk (Ukraine). Déjouer le risque de corruption policière
La police de la circulation est très exposée aux risques de corruption. Tandis que la corruption au sein de la police criminelle se révèle très difficile à détecter. C’est pourquoi la mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) a organisé un séminaire pour réfléchir avec les autorités sur les tactiques à mettre en place pour y remédier. Exemples à l’appui, comme celui de la Roumanie et de sa direction générale anti-corruption (ACGP). Détails ici
Ramallah (Territoires palestiniens). Une expertise sollicitée
EUPOL COPPS intervient comme conseiller technique au nouveau groupe de travail sur l’intégrité, la transparence et la lutte contre la corruption. Lancé mi-octobre par le premier ministre palestinien, ce groupe de travail est présidé par la Commission palestinienne de lutte contre la corruption (PACC). Détails ici
Berbera (Somalie – Somaliland). Équiper les équipes de terrain
À Berbera, la garde-côtière somalienne va pouvoir mieux réagir à la criminalité en mer, grâce à l’installation d’une nouvelle station-service par la mission de renforcement des capacités des forces de l’ordre civiles maritimes en Somalie (EUCAP Somalia). Les garde-côtes sont également maintenant équipés d’un système de vidéoconférence et du matériel de bureau pour faciliter la communication en ligne, obligatoire par temps de Covid-19.
(crédit : capture d’écran compte Twitter EUCAP Somalia)Butnir (Bosnie-Herzégovine). Pro pace unum
Pro pace unum en latin signifie Unis pour la paix. C’est le message gravé sur les médailles de déploiement remises aux plus de 250 soldats, aviateurs et marins de 12 nationalités différentes, basés au quartier général de l’opération de stabilisation en Bosnie Herzégovine (EUFOR Althea). Une cérémonie présidée par le général Reinhard Trischak. Détails (et galerie de photos) ici
(crédit : EUFOR Althea)(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)
NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC
Lire aussi sur le B2 Pro (parus en octobre) :
Sur le blog (opération Irini) :
Lire aussi
Et tous les articles de notre rubrique missions UE (PSDC)
Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de l’UE – PSDC (octobre 2020) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Un journaliste néerlandais a réussi à s’introduire sans vraiment de difficulté à la réunion des ministres de la Défense ce vendredi (20.11). Une bonne partie de rigolade… mais pas pour tout le monde
Le journaliste de RTL, Daniel Verlaan, (en haut à droite) fait coucou aux ministres de la défense de l’UE réunis (crédit : RTLNieuws/Daniel Verlaan)Une bourde de la ministre néerlandaise
Tout commence avec une bourde monumentale. Sur son compte twitter, la ministre néerlandaise de la Défense Anlk Bijleveld — ou un membre de son équipe selon le gouvernement néerlandais — publie une photo où l’on peut voir 5 des 6 chiffres du code PIN permettant d’entrer dans la réunion Zoom. Un « accident » assure le ministère de la Défense. La photo a d’ailleurs été retirée entre temps. Mais Daniël Verlan, journaliste spécialisé dans le ‘tech’ pour le média néerlandais RTL News, a eu le temps de voir l’info…
… suivie d’une défaillance de sécurité
Le journaliste fait une copie écran et devine rapidement le chiffre manquant. D’autant que le code d’utilisateur n’est pas bien sorcier. Un simple ‘admin’ fonctionne. Et, tout simplement, il débarque en pleine réunion, alors que la discussion entre les ministres bat son plein.
Un petit coucou magistral en réunion
Suit alors, entre le journaliste et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui mène la réunion, un dialogue digne d’un film de Buñuel.
— « Quelqu’un est entré dans le système. Il faut stopper la réunion… nous travaillons sur la scène publique là », alerte Josep Borrell, qui tente de s’adresser directement à l’intrus.
« Comment allez-vous ? », l’interroge-t-il, d’un ton badin, réprimant mal un sourire. On entend quelques éclats de rire dans la réunion.
— « Bonjour. Merci ça va bien », répond, hilare, Daniël Verlan.
— « Qui êtes vous ? Vous savez que vous être entré dans une réunion secrète des ministres de la Défense ? Vous savez, c’est un délit hein ! » (Josep Borrell)
— « Oui je sais. Je suis un journaliste des Pays-Bas. Je suis désolé d’avoir dérangé votre réunion. Merci de… Je vais m’en aller ! » (Daniël Verlan)
— « Oui, ce serait mieux de partir rapidement, avant que la police arrive hein », conclu Josep Borrell, sur un ton paternel, réprimant mal un sourire envers ce ‘jeunot’ impétueux qui pourrait être son petit fils.
Une intrusion éclair…
Le journaliste assure n’être resté que quelques minutes dans la réunion, et avoir immédiatement allumé sa caméra et son micro pour que l’on puisse détecter sa présence… Mais le résultat est étonnant. « J’ai moi-même été un peu choqué que cela fonctionne. Je ne m’attendais pas à ce qu’il n’y ait pas d’autre forme de sécurité ou de validation », affirme le journaliste sur twitter.
Avec une conséquence majeure
La suite ? Le journaliste ne la raconte pas. Mais B2 l’a appris de bonne source. La réunion a été stoppée. Et la conférence de presse du Haut représentant de l’UE a été avancée d’une petite demi-heure sur l’horaire prévue. « Cela s’est traduit par la coupure immédiate des travaux », a confirmé à B2 un participant à la réunion. Sans vraiment créer de dommage, selon lui. L’essentiel avait été dit. « La réunion se terminait. » Quoi qu’il en soit, notre collègue néerlandais a mis le doigt sur un point sensible.
Un vrai problème posé
Dans les milieux européens, l’heure n’est en effet pas à la franche rigolade. Et l’embarras face à une telle intrusion est net. « Cela montre à quel point il faut être prudent avec ce genre de réunion. Une réunion des ministres de la Défense n’est jamais innocente », a ainsi concédé à RTL Nieuws le premier ministre néerlandais Mark Rutte, avant d’essayer de se rassurer devant la (grosse) boulette de sa ministre. « Le seul effet secondaire (positif), que A. Bijleveld a fait remarquer aux autres ministres, est à quel point il faut être prudent. »
Renforcer la sécurité des communications
« Nous avons besoin d’un renforcement très net de la sécurité des communications », a indiqué à B2 un diplomate. Le travail « est lancé », précise-t-on d’ailleurs. Cette question de la sécurisation des communications internes avait d’ailleurs été abordée au plus haut niveau lors d’un Conseil européen, l’année dernière. Les chefs d’État et de gouvernement des 28 d’alors demandant aux institutions européennes de plancher sur le sujet pour renforcer la sécurité. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell n’a pas dit mieux lors de la réunion, s’adressant au président du comité militaire, le général Claudio Graziano : « Général, vous avez raison. Il faut investir dans des systèmes de communication ».
En vidéoconférence, prière de ne pas évoquer de sujets top secrets
Par précaution d’ailleurs, lors de cette réunion (comme lors des autres réunions par vidéoconférence), plusieurs ministres ont jugé bon de ne pas aborder des sujets jugés trop confidentiels. « Les lignes n’étaient pas sécurisées », confirme notre interlocuteur. On évite de parler de sujets trop confidentiels. Ainsi « on n’a pas parlé précisément de l’analyse des menaces », un document ‘classifié’ des services de renseignement européens.
L’aubaine du Covid-19 pour les espions en tout genre
Chacun sait en effet que dans le cas des vidéoconférences qui se sont généralisées avec la crise du coronavirus, les possibilités de piratage ou d’écoutes sont multipliées. Les vidéoconférences sont « une aubaine », nous confiait ainsi il y a quelques mois, un spécialiste du domaine, pour tout ce que Bruxelles compte d’espions en tout genre (Chinois, Russes…).
(Leonor Hubaut, avec Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Un intrus s’invite à la réunion des ministres de la Défense de l’UE. Rigolade et embarras garantis est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) C’est confirmé. Le Haut représentant de l’UE vient de l’annoncer. L’opération Irini pourra faire escale à Marseille en cas de saisie de matériel suspect
Un port de déroutement… enfin
La France a « confirmé, aujourd’hui (jeudi 19.11), la disponibilité du port civil de Marseille » pour le débarquement des équipements et matériels qui pourraient être saisis par les militaires européens dans le cadre de la vérification de l’embargo international sur les armes et le pétrole (vers ou en provenance) de la Libye. Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE, vient de l’annoncer, tout juste sorti de la réunion des ministres des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse finale (par vidéoconférence), à laquelle B2 a assisté.
Déroutement des navires suspects et réception des matériaux
Les navires interceptés par l’opération maritime de l’UE (EUNAVFOR Med Irini) pourront donc être déroutés vers le port du sud de la France. Ce qui n’est pas une nouveauté. Cette solution avait déjà été mise en place dans le cadre de l’opération Sophia. Mais elle n’avait été utilisée qu’à une seule occasion (lire : Des armes à bord d’un navire libyen. Une première saisie pour Sophia). La contrebande d’armes n’était alors pas la priorité de cette opération.
Une difficulté lancinante depuis plusieurs mois
Pour l’opération Irini qui lui a succédé depuis avril, aucune solution de repli n’avait en revanche pu être trouvée. Cette absence avait provoqué un couac en septembre, quand un navire émirati soupçonné de faire du trafic de carburant militaire (pour avions) avait été intercepté par les navires européens. Il avait fallu quelques temps, plusieurs coups de fil entre les capitales, et une discussion entre ambassadeurs pour trouver une solution. Le navire faisait, lui, des ronds dans l’eau en attendant. C’est finalement la Grèce qui avait fini par accepter de recevoir le navire suspect (lire : Un navire soupçonné de violer l’embargo vers la Libye intercepté par l’opération Irini).
Un problème résolu
Le « problème est donc résolu », comme s’en réjouit Josep Borrell. « Nous avons maintenant un port clair pour le faire »… Quoique, peut-être pas tout à fait. La logique voudrait en effet que l’on ait « plusieurs ports, certains proches de la zone, d’autres plus éloignés », indique un expert consulté par B2. Ce « pour conserver l’efficacité opérationnelle » (1).
… mais d’autres ports nécessaires
De fait, Marseille n’est pas vraiment le port le plus proche de la zone opérationnelle (en Méditerranée centrale). La logique opérationnelle voudrait que l’on dispose d’un port en Grèce, côté oriental, d’un autre en Italie, au plus proche de la Libye, avec, en arrière-plan, un troisième port, celui de Marseille. Quoi qu’il en soit, côté français, on estime avoir « fait le job ». La disponibilité de ce port emporte aussi derrière tout un cadre juridique. Concrètement, c’est la France (et le procureur de Marseille) qui pourrait se retrouver en première ligne en cas de mise sous séquestre, voire de poursuite ou d’incarcération.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les moyens français engagés
La conférence de génération de forces a aussi été l’occasion pour la France de préciser son offre.
Une frégate dans la prochaine période
Côté opérationnel, la frégate Latouche Tréville a achevé le 7 novembre dernier sa rotation. Elle n’a « pas été relevée pour l’instant » nous a confirmé un officier. Mais la France a promis de fournir un nouveau navire à l’opération. Sans doute pour l’année prochaine. La conférence de génération de forces de l’opération vient de se tenir aujourd’hui.
Des moyens aériens (Marine, Air) en appui
En attendant, Paris fournit des moyens en appui. C’est-à-dire non intégrés de façon permanente à l’opération, mais pouvant intervenir au besoin. Ainsi un « avion de surveillance maritime Atlantique 2 (ATL2) a été déployé et a effectué deux vols au profit d’Irini » la semaine précédente, selon l’état-major français des armées, interrogé par B2. La frégate Aconit était, jusqu’à il y a quelques jours, en soutien associé à l’opération. De façon ponctuelle un avion de surveillance de la marine nationale Falcon 50 ou un Awacs E3-F de l’armée de l’air viennent prêter main forte à l’opération pour effectuer quelques vols de reconnaissance (Falcon 50) ou un appui plus large (Awacs).
Cet article Le port de Marseille, port de déroutement pour Irini. Un nouveau navire prochainement est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Ces troisièmes ‘Entretiens’ témoignent d’une Europe à la croisée des chemins. Prête à tout, à condition de le vouloir et d’être en capacité de passer de la rhétorique à la pratique…
Covid-19 oblige, les troisièmes Entretiens de la défense se sont tenus cette année à distance, concentrés sur une demi journée, mercredi (4.11), et assurés de main de maître par les différentes animateurs (Stéphane Rodriguez, Federico Santopinto, Frédéric Mauro), en direct de la salle ‘Walster Hallstein’ du Berlaymont, qui sert aux réunions de la Commission européenne. Une journée découpée en quatre temps forts.
Les ambitions du commissaire Breton
Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur (et ayant en charge l’Espace et la Défense), a ouvert les débats en présentant son plan pour doter l’Europe d’un ‘hard power’. Un plan en douze étapes, bâti autour de la Défense, d’investissements, où l’on parle aussi cyber et espace.
Un contexte favorable, à condition d’oser
Le premier panel d’experts en géopolitique, réunis autour d’une question – « Quelle géopolitique pour l’Union européenne » – est catégorique : l’Europe doit hausser le ton. C’est le seul moyen pour que l’Union européenne et ses États membres se fassent entendre dans le remous mondial.
Des défis immédiats à relever
Les experts ‘défense’ du second panel sont affirmatifs : si l’Union représente l’ultime espoir pour la défense européenne, les avancées sont beaucoup trop timides.
Il manque, notamment, une bonne planification de défense, comme le détaille Jean-Paul Palomeros (ancien chef d’état-major de l’armée de l’air française et chef de l’ACT, le commandement pour la transformation de l’OTAN).
L’Europe de la défense se cherche encore. La conclusion coule de source. Elle est signée de la présidente de la sous-commission défense du Parlement européen, et ancienne ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau (LREM/Renew).
L’envolée utopique de Jolyon Howorth
Comment ne pas oublier, dans le rôle du grand témoin, le Britannique Jolyon Howorth, de la Harvard Kennedy School, qui a agité la marmite comme on l’espérait. S’il croit en l’autonomie stratégique, cela oblige au préalable les Européens à reconnaitre l’impasse actuelle de la PSDC comme du fonctionnement de l’OTAN. Il ne restera alors plus qu’à refonder une ‘Nouvelle Alliance !
(ES et la rédaction de B2)
(crédits photos : Thierry Breton / Commission européenne ; Jolyon Howorth / Sorbonne / IREDIES ; Jean-Paul Palomeros / Def12 )
Les textes ont été publiés soit sur le blog soit sur notre édition B2 Pro réservée aux adhérents/abonnés. Mais de façon à les rendre accessibles, ils sont en format ‘ouverts’ à tous.
Cet article Entretiens de la défense européenne – 3e édition : entre utopie et défis est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Pour Jolyon Howorth, l’Union européenne atteindra l’autonomie stratégique. C’est inévitable…à terme. Mais les Européens doivent sortir des sentiers battus, reconnaitre l’impasse actuelle de la PSDC comme du fonctionnement de l’OTAN, et refonder une ‘Nouvelle Alliance’
Le chercheur britannique d’origine, francophile au point d’avoir acquis la nationalité tricolore, a jeté un pavé dans la mare lors des troisièmes entretiens de la défense européenne, le 4 novembre dernier, dont il était le ‘grand témoin’.
Une autonomie stratégique structurelle
« Une autonomie stratégique est à terme inévitable. Ce n’est pas une prédiction de Nostradamus. Ce constat est déterminé par l’histoire et par la géographie. L’histoire nous enseigne qu’entre les États-Unis et l’Europe, depuis bientôt 250 ans, les rapports stratégiques ont évolué constamment. Et la géographie nous dit, suivant Vidal de la Blache, que les intérêts de deux blocs continentaux qui ne partagent nullement le même espace territorial, ne peuvent être communs, encore moins identiques. L’autonomie ? Quoi de plus naturel alors.
Une communauté transatlantique fondée sur une différence d’intérêts
« Le discours atlantiste selon lequel Américains et Européens seraient liés dans ‘une communauté de destin’ est trompeur. Au 19ème siècle, les intérêts ‘étrangers’ américains furent essentiellement asiatiques et latino-américains. Ce ne fut qu’en 1941 que les États-Unis se sont impliqués de façon sérieuse dans les affaires européennes. Sans la menace soviétique, ils s’en seraient retirés en moins d’une décennie. L’Alliance Atlantique fut, à l’origine, conçue essentiellement comme une béquille temporaire, le temps que le Vieux Continent se ressaisisse après la saignée de 1939-45. Nous savons ce qu’il en est advenu.
La PSDC marque le pas
« La PSDC reste toujours bien en-deça des promesses de Saint-Malo (NB : le sommet franco-britannique de décembre 1998 qui lance le projet d’une politique européenne de sécurité et de défense).
Loin de l’autonomie stratégique
« Déjà, vers 2010, celles-ci se caractérisaient bien davantage par des objectifs purement ‘civils’ que par des ambitions un brin musclées. Je n’ai rien contre des missions civiles. Mais ne nous berçons pas d’illusions. Elles n’ont rien à voir avec l’autonomie stratégique. L’UE assure actuellement six missions classées ‘militaires’, dont trois ne sont que des missions d’entraînement de forces africaines. Encore, je n’ai rien contre. C’est très important. Mais ce n’est pas par ce biais que l’UE atteindra l’autonomie stratégique.
Une faiblesse face aux défis environnants
« Certes, les deux missions militaires significatives (les opérations navales en Méditerranée et dans le Golfe) pourraient être considérées comme ‘stratégiques’. Mais, compte tenu des défis véritablement géostratégiques qui entourent l’Europe, de l’Arctique à la Mer Noire et du Bosphore à l’Atlantique, c’est peu, c’est vraiment très peu. Depuis 2014, seuls cinq nouvelles missions ont été entreprises, dont trois en Afrique. Si la PSDC est ce qu’elle fait, je suis désolé, mais ce n’est guère impressionnant.
Et le Covid-19 ne va pas arranger les choses
« La plupart des études qui commencent à traiter de l’impact du Covid sur la défense européenne font état des nombreux défis supplémentaires que fait surgir le virus. Défis supplémentaires mais moyens plus limités. La crise du Covid aggrave l’affaiblissement, déjà perceptible, des institutions multilatérales de la gouvernance globale. Elle exacerbe un environnement déstabilisé dans lequel des puissances comme la Chine et la Russie tiennent de meilleures cartes.
Une solution : la fusion entre PSDC et OTAN
« Je persiste à penser que ce sera plutôt par la coopération, voire par la fusion entre la PSDC et l’OTAN — plutôt que par la différentiation entre ces deux entités— que l’Union Européenne atteindra l’autonomie. Je suis convaincu que la PSDC, à elle seule, n’est pas l’instrument adéquat pour forger l’autonomie. Deux avenirs sont possibles pour l’Alliance, dans le contexte d’une victoire du [démocrate] Joe Biden.
Première option, l’OTAN continue à fonctionner comme elle a toujours fonctionné
« Les Européens seraient moins nerveux quant à la crédibilité de l’article 5 [du traité de l’Alliance atlantique]. L’inertie redeviendrait la règle. Les Américains ne voudront pas céder le leadership, et les Européens n’oseront pas risquer de pousser trop loin leurs ambitions autonomistes. Dans le contexte de Covid, compte tenu d’une crise budgétaire gravissime pour les pays de l’Union, la PSDC repassera à l’arrière-plan (plan qu’elle n’a d’ailleurs jamais vraiment quitté).
Deuxième option, l’européanisation de l’OTAN
« Cela suppose un sursaut considérable de l’imaginaire géostratégique — tant chez les Européens que chez les Américains. [Et trois conditions.] Premièrement, les Américains ne souhaitent plus assumer des responsabilités majeures en Europe puisque la rivalité avec la Chine devient leur priorité absolue. Deuxièmement, les Européens se rendent compte que la PSDC seule ne leur fournira jamais la garantie de leur sécurité régionale (surtout tant que l’OTAN existe) et qu’il ne sert à rien de multiplier les acteurs militaires européens. Troisièmement, il y a une ‘convergence analytique’. Les Américains n’arrêtent pas de demander aux Européens des efforts accrus, de les encourager à assumer le leadership stratégique dans leur voisinage, de prendre leur propre défense au sérieux. Les Européens cessent d’envisager ce rôle par le truchement de la PSDC et acceptent de jouer à fond la refonte de l’OTAN.
Une nouvelle Alliance qui va dans le sens de l’histoire
« L’objectif, à terme, devrait être le retour au scénario initial conçu par Acheson et Eisenhower : une Alliance en rééquilibrage, dans laquelle les Européens prendraient progressivement la part du lion et les Américains joueraient, pendant encore deux décennies, plutôt un rôle de facilitateurs. Il est dans l’intérêt des deux parties de forger une nouvelle Alliance, nullement structurée par la dépendance, encore moins par la servitude, mais par un vrai partenariat équilibré dans lequel les Européens atteindraient, avec l’appui et l’encouragement des Américains, l’autonomie stratégique.
Sortir des sentiers battus
« Le premier scénario respecte le statu quo, ne demande pas de grands efforts et est infiniment plus confortable pour les acteurs actuels. Mais il continuerait à renvoyer aux calendes grecques toute avancée de la part des Européens vers l’autonomie…. [jusqu’à l’arrivée d’un nouveau Donald Trump] qui forcerait à passer au second scénario. Ce second scénario va dans le sens de l’histoire et de la géographie, mais il est extrêmement exigeant et suppose de sortir totalement des sentiers battus. »
(Jolyon Howorth)
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(B2) Comment l’Europe s’approprie le hard power ? Comment travaille un correspondant de presse à Bruxelles ? Pourquoi faut-il continuer à s’exprimer en français ? Et pourquoi le basculement dans le monolinguisme tout anglais des institutions européennes est une faute géopolitique de premier ordre ? Toutes ces questions, je les évoque avec Ulrich Huygevelde de Euradio. La radio européenne qui vient d’établir son studio à Bruxelles, dans le quartier des Marolles en bas du palais de Justice.
euradio · Rencontre Avec Un Correspondant – Nicolas Gros VerheydeCet article Un entretien avec Euradio est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2) L’état-major français des armées a confirmé ce vendredi (13.11 matin) avoir ‘neutralisé’ (= tué) un des principaux responsables du GSIM, le colonel Bamoussa Diara
Ce fait d’armes était déjà apparu dans la presse malienne depuis au moins 24 heures. L‘indépendant de Bamako mentionnait notamment un raid opéré par les forces françaises mardi 10 novembre, vers 18 heures, contre un véhicule pick-up de type Hilux, à près de 7 kilomètres, à l’Est de Tadamakat, localité relevant du cercle de Tidarmene, région de Ménaka.
Une opération commando héliportée
Ayant « repéré un pickup suspect », l’action a été menée par « les commandos de l’opération Barkhane » en début de soirée vers 18h au crépuscule, a confirmé un officier de l’état-major des armées ce vendredi à quelques journalistes (dont B2). Quinze hommes des commandos de l’opération Barkhane y ont participé, amenés par hélicoptère. Quatre hélicoptères, en tout, ont été engagés : « deux hélicoptères de manœuvre, appuyés par deux hélicoptères de reconnaissance et d’attaque ». Des drones Reaper ont aussi été engagés, en reconnaissance.
Une action de 15 minutes
Le combat a été assez violent, avec utilisation de différentes armes « du canon de 30 [des hélicoptères] au petit calibre ». L’action a duré quinze minutes environ. Les cinq occupants du pickup « qui sont sortis du véhicule au moment des tirs de sommation et d’arrêt » sont tous morts, dont le colonel Bamoussa Diara, le lieutenant d’Iyad Ag Ghali. Aucun blessé n’est à déplorer du côté français, du moins « aucun n’ayant nécessité de prise en charge médicale » (cela signifie qu’il y a eu des blessés mais légers). Les commandos sont restés « plusieurs heures sur place », ensuite « Le temps d’exploitation sur place ». NB : en général, une prise de photographies, d’empreintes ou d’ADN est effectuée afin de confirmer l’identité des personnes visées.
Une volonté de reprendre la zone des trois frontières
Cette action s’inscrit dans une volonté des Français de Barkhane de reprendre le contrôle de la zone des trois frontières. Plusieurs opérations ont eu lieu — le 30 octobre et le 6 novembre notamment —, conduisant à la ‘neutralisation’ de plusieurs dizaines de ‘terroristes’. Cela s’ajoute à des combats fratricides entre les groupements terroristes de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le GSIM, se disputant le contrôle de certaines zones, notamment à Boulikessi. Une lutte confirmée par l’armée française. Nous avons « documenté des affrontements des zones de prédation le 6 novembre par exemple » indique un officier.
Un rebelle historique
Ancien militaire des forces armées maliennes, le colonel Bamoussa Diara (alias Abou Charia), a déserté à deux reprises les FAMA. La seconde fois, en 2012, il rejoint le mouvement Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali, devenu ensuite le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe). Il est accusé d’avoir mené plusieurs attaques contre les FAMA, en 2012 à Ménaka, à Aguelhok, à Tessalit ainsi qu’à Kidal en 2012, ou plus récemment à Djoura en mars 2019 ou à Bouka Weré dans le cercle de Niono en 2020, selon Mahamane Touré de Nouvel Horizon.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) La Force multinationale d’observateurs (MFO) chargée de veiller à la bonne application des accords de paix entre Égypte et Israël dans le Sinai, vient de subir un accident mortel. Un officier français est décédé
Huit militaires à bord
Un hélicoptère US Black Hawk qui effectuait un vol de routine et transportait huit militaires s’est crashé dans la péninsule du Sinai près de l’ile de Tiran en Mer rouge.
Sept militaires sont décédés, dont un Français (le lieutenant-colonel Sébastien Botta venant du CDAOA le commandement de défense aérienne et des opérations aériennes), un Tchèque (le sergent-major Michaela Tichá 27 ans) et cinq Américains.
Un Américain, a pu être récupéré après le crash, selon la MFO. Il est dans un état critique.
Enquête en cours
La cause de l’accident doit encore être déterminée. Une enquête est en cours. Selon l’armée tchèque, il pourrait s’agir d’un « défaut technique ».
Le chef d’état-major français François Lecointre a adressé ses condoléances.
[#CEMA] Toutes mes pensées accompagnent la famille, les proches et les frères d’armes du lieutenant-colonel Sébastien Botta mort en opération au service de la France ce jour, lors de l’accident d’un hélicoptère de la Force Multinationale d’Observateur au Sinaï. pic.twitter.com/V1TLEXGn5P
— État-Major Armées (@EtatMajorFR) November 12, 2020
Tout comme les principales autorités concernées comme le président français Emmanuel Macron ou le président américain élu Joe Biden.
I extend my deep condolences to the loved ones of the peacekeepers, including 6 American service members, who died on Tiran Island, and wish a speedy recovery to the surviving American. I join all Americans in honoring their sacrifice, as I keep their loved ones in my prayers.
— Joe Biden (@JoeBiden) November 12, 2020
Une force multinationale établie en 1982
La Force multinationale sur les observateurs (MFO) a été créée après l’accord de paix de Camp David entre l’Égypte et Israël de 1978, par un protocole d’accord entre les deux pays en août 1981, après la restitution du Sinai à l’Égypte, et est opérationnelle depuis avril 1982. Le blocage au sein du Conseil de sécurité de l’ONU de l’époque (par l’URSS notamment) de valider une mission de casques bleus avait nécessité d’avoir une solution « alternative », avec une force d’observation multinationale.
Veiller aux accords de paix
Elle utilise deux bases dans la région du Sinaï : la base sud de Charm el-Cheikh, où se trouve le quartier général de la mission, et la base avancée nord à El Gorah, non loin de Gaza. Elle a pour objectif à partir de points de contrôle, d’activités de patrouille et d’observation le long des frontières de l’Égypte et d’Israël et sur le territoire du Sinaï, de veiller au maintien de la paix dans les quatre zones de l’accord de paix comme d’assurer la libre navigation à travers le détroit de Tiran.
Un contingent venu de trois pays
Elle est composée (selon le dernier comptage de la MFO) d’un peu plus de 1100 militaires provenant de 13 pays, essentiellement américains : 452 USA, 275 Colombiens, 55 Canadiens, 41 Uruguayens. On trouve également 78 Italiens, 18 Tchèques, 3 Norvégiens, 2 Britanniques et 1 Français, ainsi que 170 militaires de Fidji, 30 Néo-Zélandais, 27 Australiens, 2 Japonais.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : les noms des militaires tués sont indiqués en fonction de l’information officielle.
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