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L'Europe politique et de la défense (par Nicolas Gros-Verheyde)
Updated: 9 hours 45 min ago

Le Setúbal portugais et le Dixmude français, de concert, dans le Golfe de Guinée

Tue, 02/03/2021 - 16:30

(B2) Le patrouilleur océanique de la marine portugaise Setúbal, parti début mars, rejoint le porte-hélicoptères français Dixmude déjà sur place. La première illustration du projet pilote décidé par l’Union européenne dans une zone où les attaques pirates sont nombreuses

Le patrouilleur de haute mer portugais Setubal à son départ de Lisbonne (crédit : Joao Bico / MinDéf Portugal)

Des patrouilles dans le Golfe de Guinée

Durant trois mois, le patrouilleur de haute mer portugais (P-363), commandé par le capitaine de frégate Dias Marques, avec un effectif de 58 militaires, va participer à des exercices, des actions de coopération et patrouillera dans tout le Golfe entre l’Angola, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigeria et São Tomé e Príncipe. Le porte-hélicoptères amphibie français Dixmude (L9015) est déjà présent sur zone, pour une durée de quatre mois au total. L’objectif commun pour les deux navires : assurer une présence maritime, déjouer les attaques pirates, venir en aide aux navires attaqués, renforcer les marines locales par des exercices et des entrainements en commun.

Une première action dans le cadre des présences maritimes coordonnées

Cette mission est la première dans le cadre du projet pilote des présences maritimes coordonnées décidé par l’Union européenne en janvier dernier (1). Ce concept assez original vise à coordonner les différentes présences maritimes européennes, sans avoir le format complet d’une opération au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) (lire : La présence maritime coordonnée. Un nouveau concept européen ? Explications). Ainsi, durant tous les mois de l’année, entre un à trois navires européens seront présents dans la zone en permanence, venant essentiellement d’Espagne, d’Italie, du Portugal et de France (1). Les planifications ont été harmonisées et ajustées pour éviter d’avoir des ‘trous’.

Un concept plus souple que des opérations

Ce concept a un avantage sur les opérations. Il est plus souple, permettant de garder à chaque pays membre son autonomie d’action, son propre calendrier. Et surtout, il ne prive pas les pays riverains de leurs responsabilités premières, en leur donnant l’impression d’une force militaire qui se superpose à leurs propres forces (2). Rien n’interdit d’évoluer d’ailleurs vers une opération en bonne et due forme.

Des présences anciennes

La marine portugaise a une présence régulière dans une zone historiquement locale. Mise au point depuis 2008, l’Initiative Mar Aberto promeut ainsi les missions de coopération en matière de défense avec la communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Du côté français, l’opération Corymbe existe depuis 1990. Mise en place d’abord pour assurer la sécurité des populations françaises présentes dans les différents pays du pourtour du Golfe de Guinée (Côte d’Ivoire notamment) et pouvoir intervenir en évacuation, en cas de tension locale, elle est, peu à peu, montée en puissance et s’est diversifiée, avec de nombreuses interactions avec les pays de la zone.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Deux navires de chaque pays (Italie, Espagne, Portugal) s’y relaieront, trois ou quatre navires pour la France.
  2. Malgré les apparences, la situation n’est pas tout à fait comparable à celle de la Somalie. D’une part, les actes des pirates se déroulent aussi régulièrement dans les ports ou eaux territoriales (et non en haute mer). D’autre part, il n’y a pas dans le Golfe de Guinée de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant à pénétrer dans les eaux territoriales (comme pour la Somalie).

A noter que la zone de ‘chalandise’ des pirates s’est récemment étendue, les pirates ayant pris le large. Lire : Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse.

Lire aussi :

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Arabie saoudite : MBS a autorisé l’enlèvement et l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Un rapport US l’affirme

Sat, 27/02/2021 - 17:38

(B2) Le renseignement américain est convaincu que le prince hériter Muhammad bin Salman, qui dirige de fait l’Arabie saoudite, a approuvé l’opération faite à Istanbul de capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi

Le bureau du coordinateur US du renseignement (ODNI), Avril Haines, a autorisé, vendredi (26.02) la publication d’une note de quatre pages qui contient divers éléments très directs. « Nous basons cette évaluation sur le contrôle du prince héritier sur la prise de décision dans le royaume, l’implication directe d’un conseiller clé et des membres du détachement de protection de Muhammad bin Salman dans l’opération, et le soutien du prince héritier à l’utilisation de mesures violentes pour faire taire les dissidents à l’étranger, y compris à Khashoggi ».

La note du renseignement US liste 18 personnes impliquées dans l’enlèvement ou l’assassinat de Khashoggi.

Rapport USTélécharger

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Les forces érythréennes impliquées dans des massacres de civils au Tigré ? L’UE appelle à la fin ‘immédiate’ des hostilités

Fri, 26/02/2021 - 16:52

(B2) C’est un véritable massacre qu’ont commis les troupes érythréennes dans la ville d’Aksoum, les 28 et 29 novembre 2020, dénonce Amnesty international. L’Union européenne lance un rappel à la raison

carte indiquant les dommages subis dans la ville et les débris (crédit : Amnesty international)

Des exécutions de civils systématiques

Les forces érythréennes appelées à la rescousse par le gouvernement d’Addis Abeba pour ramener l’ordre et mater les autorités de l’État du Tigré « ont tué de manière systématique des centaines de civil·e·s non armés ouvrant le feu dans les rues et fouillant toutes les maisons » indique Amnesty International dans un rapport publié le 26 février.

Des entretiens directs et des témoignages qui se recoupent

Un massacre qui s’apparente à « un crime contre l’humanité », selon l’ONG de défense des droits de l’Homme. Pour arriver à cette conclusion, Amnesty International s’est entretenue avec 41 victimes et témoins – notamment en réalisant des entretiens en personne avec des réfugié·e·s récemment arrivés dans l’est du Soudan et des entretiens téléphoniques avec des habitant·e·s d’Aksoum – et avec 20 personnes au courant des événements.

L’offensive érythréenne au Tigray

Leur récit est « cohérent » sur les exécutions extrajudiciaires, les bombardements aveugles et les pillages généralisés, intervenues après l’offensive menée par les soldats éthiopiens et érythréens pour prendre le contrôle de la ville contre le Front populaire de libération du Tigré (FPLT), mi-novembre.

Un appel de l’Union européenne

La Commission européenne a immédiatement réagi à cette publication, envoyant une sorte de rappel à l’ordre aux autorités éthiopiennes et érythréennes, comme à tous les acteurs de ce conflit civil.

Un appel à la cessation des hostilités

Le commissaire européen Janez Lenarčič (Gestion de crises), et le Haut représentant de l’UE Josep Borrell (Politique étrangère) condamnent « dans les termes les plus fermes, tous les crimes contre les civils » et demandent « que leurs auteurs soient rapidement traduits en justice ». Les obligations du droit international humanitaire « s’appliquent à toutes les parties ». « Les hostilités doivent cesser immédiatement et tous les acteurs humanitaires et les médias autorisés doivent avoir un accès complet et sans entrave à l’ensemble du Tigré »

Une situation humanitaire déplorable

Depuis le début du conflit il y a plus de 100 jours, « des milliers de civils ont perdu la vie et, selon les informations disponibles, 80 % de la population reste coupée de l’aide extérieure, confrontée à une insécurité alimentaire et à une malnutrition croissantes ». Le niveau de souffrance enduré par les civils, y compris les enfants, est « épouvantable ».

(NGV)

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Un C130J canadien en renfort à Barkhane

Thu, 25/02/2021 - 19:32

(B2) Un avion de transport canadien est venu prêter main forte à l’opération Barkhane début février

Le C130J (crédit : DICOD / EMA)

L’équipage canadien du C130J est venu renforcer temporairement, du 2 au 10 février, le groupement tactique opérationnel de la Base aérienne projetée (BAP) de Niamey.

Il a assuré plusieurs vols intra-théâtres au départ de Niamey et à destination de Gao et Tombouctou. Cet appui logistique temporaire a permis de « transporter en moyenne 55 passagers par vol et quelques 700 kg de fret » indique l’état-major des armées.

Ce n’est pas la première fois. Le Canada a déjà mené diverses missions de courte durée plusieurs fois par an à Barkhane.

(NGV)

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Le voyage à Moscou de Josep Borrell : légitime, nécessaire, utile ?

Tue, 23/02/2021 - 10:18

(B2) Le déplacement de Josep Borrell début février à Moscou avait suscité une vague de critiques. Mais in fine, il n’a peut-être pas été aussi inutile. Et ceux-là qui pouvaient le critiquer s’en féliciteraient presque aujourd’hui…

Josep Borrell (crédit : Conseil de l’UE)

La poussière retombée, on peut se poser quelques questions sur le sens du voyage à Moscou du chef de la diplomatie européenne : 1. Fallait-il y aller ? 2. Le moment était-il bienvenu ? 3. Le Haut représentant de l’UE avait-il informé les ministres ? 4. S’est-il concerté auparavant avec eux ? 5. A-t-il failli à sa mission ? 6. Les critiques étaient-elles justifiées 7. Étaient-elles majoritaires ? 8. Ce voyage a-t-il été in fine utile ? 9. Quel jeu jouent les Russes ?

Fallait-il y aller ?

Oui, il fallait y aller. Si un diplomate ne va pas voir les fripons, méchants et autres mécréants, ce n’est pas un diplomate, c’est un inutile paltoquet. Le boulot du diplomate est justement celui-là, d’aller voir ce que ne peuvent rencontrer officiellement les autres responsables politiques.

Le moment était-il bienvenu ?

À cette question, on peut répondre par une autre : y-a-t-il des moments bienvenus avec les Russes ? Au moment de l’emprisonnement de A. Navalny et de nombreux manifestants, le moment pouvait paraitre justifié. Ne pas y aller et se contenter de quelques paroles prononcées de loin, était certes plus commode et sans risque. Mais l’effet aurait été encore plus limité. De plus, en amont d’un débat prévu au Conseil européen de mars sur les relations entre l’Union européenne et la Russie, il pouvait être nécessaire de prendre la température.

Le Haut représentant a-t-il reçu un feu vert avant d’aller à Moscou ?

Oui. Josep Borrell a bien informé les ministres des Affaires étrangères, comme les autres membres de la Commission européenne, dont il fait partie, le 27 janvier, de sa volonté d’aller à Moscou. Ce afin de « préparer l’échange de vues des dirigeants de l’Union » prévu en mars. Le Haut représentant n’a pris personne en traitre. Cette position avait d’ailleurs été définie depuis la réunion informelle des ministres des affaires étrangères (gymnich) de mars 2020 à Zagreb, une position de l’UE claire et affirmée, qui reposait sur les cinq principes de discussion définis antérieurement (2016).

Plus précisément, a-t-il reçu un mandat des États membres ?

Oui et non. Cela dépend parce qu’on entend de ‘mandat’. Si le consensus n’était pas atteint autour de la table, il y avait (mises à part certaines ‘réserves’ ou ‘oppositions’) un certain consensus autour de la table des ministres pour ce voyage. Le message était aussi clair : faire part aux autorités russes des préoccupations européennes dans l’affaire Navalny, comme dans l’absence de progrès dans le dossier ukrainien. Mais au sens formel du terme, il n’avait pas de mandat pour y aller.

A-t-il délivré le message attendu ?

Oui. Le message européen à la Russie sur le cas ‘Navalny’ a bien été passé. Si nos informations sont exactes, il a d’ailleurs constitué une bonne moitié de l’heure et demie de discussion entre Serguei Lavrov et Josep Borrell. Discussion heurtée, difficile, au dire de témoins. « Dès qu’on touche au cas Navalny, on touche à une question de souveraineté nationale », confirme un interlocuteur européen. Lavrov l’a dit vertement au représentant européen. Qui ne s’est pas laissé démonter. La question du non-respect des accords de Minsk et de la situation en Ukraine, près de sept ans après le début du conflit, a aussi été abordée. Autant dire que Lavrov n’était pas d’une humeur badine quand il est arrivé en conférence de presse, et n’avait qu’une envie : se farcir ‘l’emmerdeur’ européen…

Le Haut représentant a-t-il débordé de son rôle ?

Cette question est en fait éminemment politique. Cela dépend comment on conçoit le rôle du Haut représentant. Est-il juste un simple exécutant, fidèle, de la volonté des États membres ? Ou a-t-il une certaine marge de manœuvre ? En gros, est-ce juste un porteur de message ou un véritable diplomate en chef. Au sens du traité européen, il est certes chef du service diplomatique européen et chargé de représenter l’Union européenne à l’extérieur. Donc il jouit d’une autonomie formelle. Mais cela n’en fait pas pour autant le chef de toutes les diplomaties européennes, qui gardent leur indépendance sur ce point, leurs préférences et leurs ‘caveats‘. La politique étrangère reste une chose avant tout nationale. Dans la réalité, le Haut représentant doit, donc, en permanence jongler entre les différentes positions (exprimées ou non exprimées), repérer là où il a des marges de manœuvre pour agir (et celles où il n’en a pas). En l’espèce, on ne peut pas dire que Josep Borrell ait été au-delà de ses compétences. Ceux qui prétendent le contraire sont ceux qui, soit n’ont pas lu le traité, soit l’ont très bien lu, mais ne veulent pas une Europe active en matière de politique étrangère.

Pourquoi la conférence de presse a laissé une impression désastreuse ?

C’est sans doute le moment le plus fragile de la visite. Cette conférence de presse, au terme de la discussion entre S.Lavrov et J.Borrell, a été un vrai piège monté par la communication diplomatique russe. Jouant sur son terrain, à domicile, elle a pu à loisir orienter les questions pour mettre en difficulté le diplomate en chef de l’Union. Celui-ci a résisté. Mais on ne peut pas dire qu’il se soit montré à l’avantage. C’est surtout dans la communication mise en œuvre autour de twitter, you tube et autres réseaux sociaux que l’Union européenne a perdu la bataille (1).

In fine

Ce voyage a-t-il été utile ?

Sur le plan de l’amour propre, c’est sans doute une défaite. Sur le plan politique, c’est un succès plein. Avant le voyage, les Européens étaient hésitants sur l’attitude à avoir vis-à-vis de Moscou. Après le voyage – et la réunion des ministres des Affaires étrangères ce lundi (22.02) l’a montré -, ils se sont réunis autour d’une idée : on ne peut laisser ainsi la Russie utiliser l’Europe et interpréter les règles de droits de l’Homme à sa façon. Et les ’27’ ont décidé d’utiliser l’instrument jamais utilisé jusqu’ici (le règlement horizontal sur les droits de l’Homme).

Quel est le résultat pour la Russie ?

La Russie a certes piégé le diplomate européen. Mais elle s’est aussi piégée elle-même. Le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov, qu’on a connu plus fin, plus pervers, a tapé très fort, peut-être même trop fort, sur un messager somme toute animé de bonnes intentions. La charge, brutale a convaincu s’il y avait encore quelques hésitants, que la Russie n’a pas le dialogue ancré dans les gênes. Et qu’il vaut mieux donc ‘taper d’abord, discuter ensuite’ (la méthode slave en fait).

Est-ce nouveau ?

Non. On peut même dire que c’est une vieille habitude. À chaque fois que les Européens ont, dans le passé, renâclé à sanctionner l’attitude de la Russie Moscou, notamment suite à son intervention en Ukraine, Moscou leur a servi, comme sur un plateau, des arguments pour les aider à franchir le pas des sanctions. Cela a été le cas lors de la mise en place des sanctions économiques contre la Russie, à chaque étape de la procédure en 2014. Comme si la Russie se complaisait ainsi à pouvoir se montrer dans la position de martyr.

Le refus du dialogue avec l’Union européenne

Cette position traduit en fait une évolution, déjà ancienne de la Russie, qui ne considère plus l’Union européenne comme un allié potentiel (position de la fin des années 2000) ou au pire comme un objet utile, mais entend nier son existence, considérant que cet structure internationale n’a pas lieu d’être, qu’il convient davantage de nouer des relations avec les États (ou pas), mais pas avec l’UE en tant que telle. Un peu comme dans une posture très ‘trumpienne’ en fait !

(Nicolas Gros-Verheyde)

Des critiques vocales, mais minoritaires

Sur la Russie, les divergences entre Européens sont nettes. Il y a d’un côté ceux qui disent, ne parlez pas à la Russie, cela ne sert à rien. Ils prônent une politique dure d’ostracisation, comme les Polonais ou les Britanniques. Les autres estiment, un brin naïfs, qu’il faut continuer de dialoguer, voire même coopérer avec la Russie, ne serait-ce que par la proximité géographique, mais aussi par certains intérêts communs (lutte contre le terrorisme, climat, commerce, etc.).

Si le premier camp est très bruyant, il ne faut pas s’y tromper, il est plutôt minoritaire aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Il rassemble tout au plus une bonne demi-douzaine de pays, localisés pour l’essentiel non pas à l’Est de l’Europe, mais essentiellement au Nord-Est (pays Baltes, Pologne, Suède, Roumanie). Avec le Brexit, ce camp a perdu un allié notable (le Royaume-Uni). Si on appliquait le principe de la majorité qualifiée, ces pays n’arriveraient pas à constituer une minorité de blocage (loin de là même, puisqu’ils ne représenteraient que 13,5% des voix).

Le second camp est plus fourni. Certes, il s’étale entre ceux qui affichent une proximité avec Moscou (Chypre et Hongrie notamment), et les partisans d’un dialogue plus ou moins ferme avec Moscou. Mais on y retrouve les quatre grands (France, Allemagne, Italie, Espagne) et de nombreux autres pays qui, pour des raisons diverses, ne veulent pas couper les ponts avec Moscou (Autriche, Finlande, Portugal, Belgique, Luxembourg, etc), ainsi qu’un nombre équivalent de pays d’Europe de l’Est (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie).

On n’est donc pas comme certains aiment à le décrire, dans un affrontement ‘nouveaux États membres’, mais dans un positionnement idéologique qui remonte à une bonne dizaine d’années. Au sommet de Lahti en 2006, en Finlande, cette divergence était déjà bien présente. Elle s’est accentuée avec les interventions russes en Géorgie (2008) puis en Ukraine (2014).

  1. Une bataille en partie perdue car les Européens qui ne cessent de gloser sur la désinformation n’ont pas saisi l’importance de la communication stratégique. Et, surtout, de réagir rapidement, pour le public européen (non pas seulement pour le public russe), dans toutes les langues utilisables. La version européenne n’est ainsi arrivée que près de 48 heures après les évènements, sous la forme d’un blog épistolaire du Haut représentant. Aucun point de presse ou explication n’a ainsi été organisé pour les journalistes européens. Erreur fondamentale qui n’est pas due, là, à la duplicité russe, mais à l’incapacité européenne.

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L’ambassadeur d’Italie en RD Congo tué dans le Nord-Kivu. Une embuscade (v2)

Mon, 22/02/2021 - 14:50

(B2) L’ambassadeur d’Italie à Kinshasa, Luca Attanasio, a été mortellement blessé ce lundi (22.02) dans une attaque armée. Il était en visite dans l’Est du Congo, avec un convoi du programme alimentaire mondial

Luca Attanasio (crédit : Farnesina)

Cela s’est produit durant une visite près de Goma dans l’Est de la RD du Congo, près du lieu-dit « 3 antennes », dans le territoire de Nyiragongo (Nord Kivu). Une véritable embuscade apparemment. Deux autres personnes (son chauffeur et un carabinieri de l’escorte) sont également décédés dans l’attaque.

Tout a été fait pour le sauver, en mobilisant notamment des chirurgiens du CICR (le Comité international de la Croix-Rouge). Mais rien n’y a fait. L’ambassadeur est mort en arrivant à l’hôpital. Agé de 46 ans, Luca Attanasio laisse une femme et trois jeunes enfants.

Des circonstances à éclaircir

« Deux serviteurs de l’État nous ont été violemment arrachés dans l’accomplissement de leur devoir » a confirmé le ministre italien Luigi di Maio (qui assiste en ce moment au Conseil des Affaires étrangères à Bruxelles). « Les circonstances de cette attaque brutale ne sont toujours pas claires et aucun effort ne sera épargné pour faire la lumière sur ce qui s’est passé » indique le communiqué de la Farnesina.

NB : L’ambassadeur de l’UE, Jean-Marc Chataigner n’était pas dans le convoi, contrairement à ce qu’ont dit certains journaux (italiens repris par des journaux congolais). B2 en a eu confirmation, de bonne source.

Un diplomate apprécié

« Je pleure la mort de Luca, tué dans une embuscade près de Goma. Je perds un collègue et ami généreux. Pendant mon mandat en RD Congo, il m’a appuyé à tout moment, aussi dans les moments les plus difficiles » a indiqué Bart Ouvry, via tweeter, qui l’a cotoyé durant plusieurs années, quant il était ambassadeur de l’UE en RD Congo (aujourd’hui ambassadeur de l’UE au Mali).

Un africaniste passé par le Maroc et le Nigeria

Diplômé de l’université commerciale Luigi Bocconi réputée de Milan (2001), Luca a commencé sa carrière professionnelle dans le conseil aux entreprises avant d’intégrer, en 2003, la carrière diplomatique. D’abord affecté à la direction des affaires économiques, puis au secrétariat de la direction générale de l’Afrique, il est ensuite chef de cabinet adjoint du sous-secrétaire d’État chargé de l’Afrique et de la coopération internationale (2004 – dans le gouvernement Berlusconi II).

À l’étranger, il a été chef du bureau économique et commercial de l’ambassade d’Italie à Berne (Suisse) (2006-2010) ; puis consul général à Casablanca (Maroc) (2010-2013). Après un retour à la Farnesina comme chef du secrétariat de la Direction générale de la mondialisation et des affaires mondiales (2013-2015), il repart en Afrique d’abord comme premier conseiller à l’ambassade d’Italie à Abuja, au Nigéria (2015 à 2017), puis en poste à Kinshasa, depuis septembre 2017, d’abord comme chef de mission puis ambassadeur.

Un cas rare

Il est assez rare que des diplomates européens ou d’un État membre soient tués de façon violente dans l’exercice de leur fonction. Les derniers (qui figurent dans notre base de données ‘Memoriam‘) avaient été tués au Mali, lors de l’attaque du Campement en juin 2017 ou de l’attaque d’un restaurant à Bamako en mars 2015. Cela vient illustrer que la situation dans l’Est du Congo, passée sous les radars de l’actualité, n’est pas apaisée. Loin de là… Les circonstances devront cependant être éclaircies car il semble bien que ce soit la voiture de l’ambassadeur qui ait été délibérément visée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier mis à jour à 20h, avec les précisions sur l’ambassadeur UE

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La crise Covid-19 s’installe, la démocratie recule, la Commission regarde ailleurs

Sun, 21/02/2021 - 23:50

(B2) Les mesures prises par plusieurs pays européens au nom de la Santé font une victime collatérale : l’État de droit et la démocratie libérale à l’Européenne

Les parlements semblent les oubliés de la crise sanitaire (crédit : Assemblée nationale FR)

Si l’apparition du Covid-19 en février-mars 2020 était une surprise pour tous et nécessitait des mesures improvisées et d’urgence, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les mesures drastiques pour juguler cette crise sanitaire, si elles sont justifiées, peuvent largement être anticipées. Et rien ne justifie l’absence d’un contrôle démocratique, comme cela est le cas aujourd’hui en France comme en Belgique, durant de long mois.

Des mesures à la volée

La plupart du temps, aujourd’hui, les mesures sont prises, à la volée, par l’exécutif, aux lendemains de conseils de défense ou autres comités de concertation, dont la composition reste un mystère, sans réelle consultation (au sens d’une information préalable, avec un délai de réflexion) des différents partenaires (sociaux, économiques, politiques) et sans aucune décision de leur parlement national.

Des parlements pétrifiés

Les parlements nationaux, comme le parlement européen, paraissent pétrifiés sous le joug de la crise. Chacun craint d’apparaitre, en réclamant le respect de la règle, comme un gêneur dans ce qui est devenu comme une cause nationale de temps de guerre, la lutte contre l’épidémie. Or, malgré tous les mots, nous ne sommes pas en guerre. À aucun moment d’ailleurs, les gouvernements n’ont utilisé dans leur arsenal constitutionnel existant, cette disposition finalement assez encadrée.

Une grande part laissée à l’arbitraire

Ces décisions, sitôt prises, sont aussitôt appliquées, de façon empirique, en laissant une grande part à l’arbitraire. Qu’est-ce qu’un « motif impérieux » justifiant le passage de frontières (côté belge) et ce qui ne l’est pas ? Ou un motif essentiel et ce qui ne l’est pas ? Il revient aux autorités de police, voire aux simples agents des compagnies aériennes, le soin de contrôler cela, selon leur bon sens ou leur humeur du moment. Ce qui est très délicat.

Les principes de droit bafoués

Certains principes fondamentaux — issus de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ou de la Charte des droits fondamentaux — sont clairement ‘mis de côté’, pour une durée indéterminée : la liberté de réunion et d’association (art. 11 CEDH), la liberté de manifester sa religion (art. 9 CEDH), le droit à l’instruction, d’exercer une activité professionnelle (art. 8 CEDH), le respect de la vie privée et familiale, etc. sont limités de façon drastique, sans parler de la liberté de circulation (avec couvre-feu à 18h en France ou autorisations pour sortir du pays en Belgique).

Pas de clause dérogatoire activée

La clause dérogatoire de la Convention européenne des droits de l’Homme, le fameux article 15, n’a pas été déclenchée, sauf par quelques pays. Les vieilles démocraties du continent n’ont pas osé pour des raisons de symbole. « Une vraie mise en quarantaine » ainsi que l’écrit le professeur émérite de l’université de Montpellier, Frédéric Sudre, un des meilleurs spécialistes de la CEDH. « Un État de droit sous respirateur » dénoncent d’une seule voix les avocats belges (1)

Le code Schengen bafoué

Les instances européennes sont à peine consultées. Ainsi le rétablissement de certains contrôles aux frontières n’a pas été notifié par Paris à la Commission européenne, comme le veut le Code Schengen (une seule notification est active, au titre du terrorisme). De même les mesures belges, outrancièrement discriminatoires vis-à-vis des employeurs européens, n’ont pas suscité davantage qu’un mouvement de lèvres de l’exécutif européen.

Le risque d’un effet retard

Les entorses à la démocratie, les griffes données à l’État de droit sont certes, pour l’instant, tolérées, acceptées par la population. Mais elles n’en font pas moins des dégâts, invisibles. Elles pourraient produire quelques jets de colère, aussi imprévisibles qu’éruptifs, et un possible effet a posteriori dans les échéances électorales des années à venir (comme la crise migratoire de 2015-2016). Elles entraînent un sérieux affaissement de la norme qui pourrait être de plus en plus contestée sur la durée.

Une question de légitimité

De plus, la suspension tacite des parlements dans plusieurs pays donne de solides arguments aux adversaires de la démocratie parlementaire, à l’intérieur comme à l’extérieur. Quelle sera la légitimité européenne pour protester, demain, contre la suspension de certains droits démocratiques dans certains pays de l’Union (Hongrie, Pologne), comme à l’extérieur (Russie…), si elle n’est pas capable de faire respecter en interne ce qui est la base de la démocratie : le contrôle des actes de l’exécutif par une assemblée élue, et le respect des droits élémentaires inclus dans ses différents documents…

(Nicolas Gros-Verheyde)

La Commission européenne ferme les yeux Dire que la question de la fermeture des frontières contrarie la Commission est un euphémisme. « La Commission européenne a proposé des recommandations, afin de limiter autant que possible les effets trop préjudiciables sur la libre circulation. Si on veut décourager fortement les voyages non essentiels, on doit éviter la fermeture des frontières. [...] Les mesures doivent être proportionnées et non discriminatoires. » Mais pour autant va-t-elle agir ? Et en a-t-elle envie ? Pas sûr. « Nous examinerons les mesures par un certain nombre d'États membres. Nous avons des inquiétudes, des questions sur la nature des mesures et leur portée. Nous avons des contacts avec les pays concernés pour avoir les clarifications à ce sujet. » Voici comment un des portes-paroles de la Commission européenne a répondu à plusieurs reprises quand des journalistes l'interrogeaient (dont B2). En mots clairs, cela signifie : nous savons bien qu'il y a des violations du Traité, nous les instruisons le plus lentement possible, afin de ne pas gêner les États. Et nous ne rendrons notre avis que quand celui-ci n'aura plus vraiment d'effet (quand les mesures seront levées). C'est la règle sanitaire qui prime en fait comme le reconnait l'exécutif européen. « Les États membres s'efforcent de maintenir l'état sanitaire sous contrôle. NB : on peut se demander également si la nationalité du commissaire européen chargé de la Justice, Didier Reynders, comme sa proximité politique avec le gouvernement actuel (libéral, comme le Premier ministre), ne relève pas du 'conflit d'intérêt'. (1) La lettre ouverte des barreaux francophone, germanophone et flamandTélécharger

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Task-force Takuba. Les Italiens arrivent

Wed, 17/02/2021 - 08:35

(B2) Le contingent italien pour la task-force Takuba devrait arriver au cours de la deuxième semaine de mars

(crédit : 9e régiment Col Moschin – armée italienne)

L’information est donnée par le quotidien Il Foglio. Une première équipe de reconnaissance partie sur le terrain est revenue en Italie, donnant en quelque sorte le feu vert final au déploiement.

20 véhicules et huit hélicoptères

Le contingent devrait être composé d’une bonne centaine d’hommes, venus en grande partie des forces spéciales. Ils seront équipés avec vingt véhicules et huit hélicoptères : quatre appareils d’attaque de type AW-129D Mangusta et quatre hélicoptères de transport NH-90, selon Difesa on Line. Cette contribution s’inscrit dans l’autorisation donnée par le Parlement italien, à l’été 2020, d’envoi d’une force de 200 hommes (lire : Les Italiens entrent dans la task-force Takuba au Mali). (1)

Des forces spéciales

Les effectifs pourraient être fournis, par rotation, par le 9e régiment d’assaut parachutiste Col Moschin, du GOI (Gruppo Operativo Incursori) de la marine, du GIS (Gruppo di Intervento Speciale) des Carabinieri et du 17e Stormo Incursori de l’armée de l’air, indique le site Difesa on Line qui se base sur le format similaire engagé par l’armée italienne en Irak et en Afghanistan. Des personnels de ces unités ont également été déployés en Libye. Des équipes issues du 4e régiment alpin de parachutistes de Monte Cervino et du 185e RRO Folgore (le Régiment de reconnaissance pour l’acquisition d’objectifs ou Reggimento Ricognizione Acquisizione Obiettivi) pourraient aussi être déployées.

Le premier déploiement du gouvernement Draghi

Dans tous les cas, ce sera la première opération extérieure déployée par le nouveau gouvernement italien dirigé par Mario Draghi regroupant une large coalition (de la Ligue du Nord à droite au parti démocrate, à gauche, en passant par le Mouvement 5 Etoiles et le parti Italia Viva de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi).

Commentaire : Un contingent apprécié

Le contingent italien devrait particulièrement être apprécié sur place. D’une part par son importance — Rome envoie un contingent similaire aux Suédois — ; d’autre part, par sa qualité. Les Italiens ont une certaine habitude de l’Afrique (Libye, Centrafrique…), des déploiements difficiles, et une proximité linguistique (le manque de francophones dans le détachement suédois rend plus difficile les contacts avec les Maliens). La présence de huit hélicoptères (si elle est confirmée) est un apport aussi notable.

(NGV)

  1. Le chiffre de 200 correspond au maximum autorisé, non pas automatiquement à l’effectif engagé.

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La Royale revient dans l’opération Irini. Le Premier maitre l’Her sur place

Tue, 16/02/2021 - 20:36

(B2) Le patrouilleur de haute mer a intégré l’opération européenne de lutte contre les trafics au large de la Libye, EUNAVFOR Med Irini

Parti de Brest, son port d’attache, le 5 février, le patrouilleur de haute mer, est entré dans la zone d’opération le 11 février et est opérationnel selon le QG de l’opération européenne (EUNAVFOR Med Irini). Il devrait rester engagé pour « une durée de deux mois environ » selon l’état-major (français) des armées.

Une équipe de visite de sept fusiliers marins

Mission principale : surveiller « l’embargo sur les armes à destination de la Libye imposé par le conseil de sécurité des Nations unies ». Un élément de défense et d’intervention maritime (EDIM), composé de sept fusiliers marins, est d’ailleurs à bord, afin d’effectuer les opérations de visite et d’inspection.

Plusieurs fois en Méditerranée

Cet aviso de la classe Estienne d’Orves a été engagé à plusieurs reprises en Méditerranée, notamment au titre de l’opération Sophia en 2016 (lire : Contrôle des armes au large de la Libye : le Jacoubet relaie le Premier maître L’Her) puis en 2017 (lire : Le Premier maitre L’Her embarque dans Sophia). Il est commandé par le capitaine de corvette Fabien Antoine, qui vient d’en prendre le commandement en janvier.

Trois navires et trois ou quatre avions

Le Premier Maître l’Her (F-792) rejoint la frégate grecque HS Aegeon (F-460), qui est le navire amiral de l’opération, et le patrouilleur de haute mer italien Comandante Borsini (P-491). Côté aérien, l’opération dispose de trois ou quatre avions (luxembourgeois, polonais et allemand), selon les moments et la bienveillance mécanique, ainsi que d’un drone Predator italien.

Un avion français Falcon 50 est ainsi détaché, venant relayer un Atlantique 2, qui a permis de compenser les défaillances mécaniques du P3 Orion C allemand (lire : Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne).

(NGV)

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Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo

Mon, 15/02/2021 - 17:31

(B2 à Pristina) Avec 48% des voix selon les premières estimations, Vetëvendosje (« autodétermination ») remporte les élections législatives de dimanche (14 février). Une victoire nette pour ce parti de gauche qui, juste 13 ans après la déclaration d’indépendance, entend tourner la page des anciens combattants de la guerre et lutter énergiquement contre la corruption qui gangrène le pays.

Dimanche soir, des Kosovars se sont rassemblés dans le centre de Pristina, la capitale, ici sous le regard de l’ancien président Ibrahim Rugova (LDK) (Aurélie Pugnet/B2)

Dimanche soir, à 20 heures, les bureaux de votes ont fermé au Kosovo. À la même heure, les premiers résultats sont tombés et le centre ville de la capitale, Pristina, s’est animé à coups de klaxons et de défilés de drapeaux albanais (1).

Victoire pour la gauche

Les partisans du parti Vetëvendosje (« auto-détermination ») ont fait entendre leurs cris de joie dans les rues piétonnes de Pristina. Des enfants de trois ans tenant à peine debout dans la neige, aux vieux messieurs, en passant par les troupes d’étudiants, tous chantaient les noms de ‘Vetëvendosje’ et ‘Albin Kurti’, le leader de ce parti de gauche. La victoire était attendue. Et elle est sans équivoque pour ce parti anti-corruption et anti-establishment. Pour Albin Kurti, cette élection « s’est transformée en un référendum », s’est-il félicité sur son fil twitter. À droite, le PDK (parti démocratique/ECR)— historiquement parti des héros de la guerre et la « libération » du Kosovo du joug serbe —, réunit environ 17% des voix. L’autre parti historique du pays, la LDK (ligue démocratique/PPE), doit se contenter d’environ 13%.

Dans le nord du Kosovo et dans les différentes ‘enclaves’ à communauté majoritairement serbe, c’est la Liste serbe (Srpska lista) qui a récupéré la quasi-totalité des voix — plus de 80% dans les trois régions du nord. Là encore, aucune surprise. Au milieu des drapeaux de la Serbie, les posters de la Liste Serbe ne rencontrent aucune opposition.

À Mitrovica Nord, la Liste Serbe est omniprésente (Aurélie Pugnet/B2)

Les discussions à venir avec les Européens

Ces élections interviennent alors que la révision stratégique de la mission de l’Union européenne pour le soutien de l’état de droit au Kosovo (EULEX Kosovo) est en cours, et le dialogue entre Pristina (Kosovo) et Belgrade (Serbie) à peine relancé. Albin Kurti est connu pour sa position très critique envers la mission des Nations Unies (UNMIK), EULEX et anti-Belgrade. Il a déjà annoncé que la relance du Dialogue avec Belgrade figure en « cinquième ou sixième » position de ses priorités, rapporte la Deutsche Welle. Vis-à-vis de EULEX, « les critiques datent d’il y a plus de deux ans », note le chef de la mission, Lars-Gunnar Wigemark. Il a depuis rencontré Albin Kurti au cours de sa brève expérience de premier ministre, début 2020 (2). Notamment, il précise, « nous avons discuté de certaines questions opérationnelles très spécifiques, par exemple il nous a demandé de l’aide sur la question des personnes disparues ».

(Aurélie Pugnet, envoyée spéciale à Pristina)

  1. Le drapeau albanais est le drapeau ‘national’ du pays, affiché par la majorité albanaise. Alors que le drapeau bleu, avec la forme du pays est le drapeau officiel de l’État du Kosovo.
  2. Albin Kurti a été premier ministre de février à juin 2020, avant que son gouvernement soit renversé par une motion de censure déposée par la LDK, membre de sa majorité parlementaire. Cette motion est intervenue après le renvoi par A. Kurti d’un ministre de la LDK qui avait soutenu la mise en place de l’état d’urgence du président H. Thaci

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Le pilier militaire du G5 Sahel monte en puissance, Takuba aussi. Le GISM ennemi numéro 1

Sat, 13/02/2021 - 11:05

(B2) A la veille du sommet de N’Djamena sur le Sahel, il n’est pas inutile de revenir sur le pilier militaire de l’effort entrepris par la France et les alliés européens. Un pilier qui a bien progressé en un an, si on écoute les officiels français

La montée en puissance des forces sahéliennes

Du côté français, on l’assure : « beaucoup de choses ont été faites ».

Une fragilité mais des progrès

Certes, les armées sahéliennes restent « encore fragiles » en général, mais leur engagement est « indéniablement accru ». Elles ont « progressé ». La force conjointe du G5 Sahel aligne désormais sept bataillons et « peut-être huit avec la perspective du déploiement d’un bataillon tchadien ». Donc 5000 hommes. Ces armées connaissent « encore des difficultés » reconnait un militaire. Il ne faut pas « l’éluder ». Mais nous cherchons à les « atténuer ».

Une capacité d’opération et de résilience

La force a pu mener notamment des opérations : Samar 1 et Samar 2, planifiées « en étroite coordination avec Barkhane » et les forces internationales (Minusma). Aujourd’hui « elles sont capables de défendre leurs positions, elles l’ont montré à plusieurs reprises au cours des mois passés. Elles sont capables de réagir à leurs propres niveaux. Elles savent se coordonner entre elles, et se coordonner avec les forces internationales. » Bref « leur autonomisation » — objectif fixé par la France et les Européens au G5 Sahel —, « progresse ». Un PC interarmées de théâtre à Bamako a été monté sous l’impulsion du général Namata, depuis un an et demi.

L’armée malienne en recomposition

Point de satisfaction pour les Français : l’armée malienne (les FAMA). « Le haut commandement s’est remobilisé. Les unités se sont renforcées et les unités ont pu se renforcer. » Ce malgré la suspension d’EUTM pour cause de Covid-19 et de coup d’état. Si personne n’ose le dire, l’effet coup d’état parait effacé (voire même positif)… On voit « la montée en puissance des unités légères de reconnaissance et d’investigation » : l’ULRI 1 à Gossi, une à Ménaka, une troisième à Gao. Ces ULRI « ont mené des opérations, dans un cadre national ou multinational voire avec les unités européennes de la Task Force Takuba » (NB : celle de Ménaka). Les forces maliennes qui avaient dû abandonner en 2019 certains postes « reviennent ». A Labbezanga, le poste militaire a pu être bâti. « D’autres projets arrivent » : à Indelimane, Anderaboukane. L’aérien n’est pas oublié. Les Maliens « font intervenir leur aviation quand un poste est attaqué ».

Forces nigériennes en formation

Les forces armées nigériennes, elles « poursuivent la formation des bataillons spéciaux d’intervention ». La France forme un bataillon à Dosso. L’Allemagne et la Belgique travaille aussi sur les forces spéciales.

La coordination des forces mieux assurée

C’est un point acquis important depuis le sommet de Pau selon les autorités françaises. Un mécanisme de commandement conjoint s’est installé à Niamey à proximité du PC du fuseau centre de la force conjointe. Mécanisme « régulièrement » utilisé pour coordonner les différentes opérations, nationales, de la force conjointe ou de Barkhane. Il est épaulé par une cellule de fusion de renseignement « par laquelle les différentes armées échangent des informations sur l’adversaire ». Essentiel selon les militaires.

L’arrivée des Européens au sein de la Task Force Takuba

Le concept de Takuba est le bon

La force européenne monte aussi lentement en puissance. Outre les Estoniens, les Tchèques, les Suédois, les Italiens doivent « commencer à se déployer à partir de mars 2021 ». Le rythme est « progressif, certes ». Un euphémisme pour dire lent. Mais le concept, qui repose non sur le combat direct, mais l’accompagnement (mentoring) des Maliens dans le Liptako est « le bon ». Il « attire des partenaires européens ».

Huit pays supplémentaires à terme

D’autres contingents pourraient arriver dans les mois (ou années qui viennent). Le Danemark, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas devraient venir « en soutien », avec des contingents moindres » sans doute. Mais ils « vont venir », affirme-t-on d’un ton sûr à l’Élysée. D’autres pays européens ont « annoncé leur intérêt et leur volonté de s’engager dans cette opération ». Une contribution annoncée de manière « plus ou moins ferme » par les chefs d’État ou Premiers ministres de quatre pays : la Grèce (2), la Hongrie, la Serbie (3), même l’Ukraine. Chaque contribution pourrait alors se monter « à quelques dizaines, voire à près d’une centaine » de personnels.

8000 militaires engagés

C’est le nouveau chiffre défendu publiquement. Il y a 8000 Européens engagés au Sahel, affirme-t-on à Paris. Ce chiffre comprend les 5100 militaires français de Barkhane et environ 3000 Européens investis dans quatre missions (MINUSMA, EUTM Mali, Barkhane et Takuba ou actions bilatérales). Soit un tiers de l’effectif (lire : Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3)).

  • NB : un chiffre qui a un double intérêt : montrer que ce n’est pas la France, qui intervient, à titre historique, mais toute l’Europe, au nom d’un intérêt commun. Ensuite, permettre des évolutions plus souples de la France, pour éviter une image de désengagement. Quel que soit le recadrage, il restera ainsi un chiffre public de 8000 personnels.

Un réajustement de Barkhane : pour plus tard ?

La réflexion sur le réajustement de Barkhane est « en cours », précise-t-on du côté de l’Elysée. Mais elle pourrait ne pas être annoncée lors du sommet, mais plus tard. Les modalités seront discutées « au cours des prochaines semaines [ou] des prochains mois ». Les partenaires européens et sahéliens seront associés « étroitement ».

Un tournant tactique

Alors qu’à Pau, en janvier 2020, l’objectif était de concentrer les efforts militaires contre l’État islamique au Grand Sahara, dans la zone des trois frontières, l’objectif affirmé aujourd’hui est de davantage ciblé un autre groupe armé, le RVIM (Rassemblement pour la victoire de l’Islam et des musulmans) (ou GSIM comme Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, JNIM en arabe), le groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans dirigé par Iyad Ag-Gahli et affilié à Al Qaida.

Un objectif : le RVIM

C’est « la menace principale, la plus forte ». Dans une zone en particulier : « le Gourma », où il « a mené des actions ces dernières semaines ». Une région à cheval sur plusieurs frontières (Mali, Burkina Faso) qui signifie littéralement cela signifie la rive droite du fleuve Niger. Mais le RVIM est aussi actif toujours « dans l’extrême nord du Mali » ou surtout « dans le centre avec la Katiba Macina ».

L’Etat islamique, en perte de vitesse

Explication, venant d’un militaire : l’EIGS « est en perte de vitesse notoire ». Il « ne mène plus d’actions contre les forces sahéliennes. Du moins, plus d’actions majeures. Il n’y a plus d’attaques majeures de postes militaires. Ces groupes sont dispersés et n’agissent plus que par très petits éléments ». Ils pratiquent plutôt « une stratégie d’évitement » comme cela a pu être observé « depuis le mois de janvier 2020 ». Les luttes fratricides avec les autres groupes armés, notamment le RVIM l’ont affaibli (4).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Témoins de cet engagement, deux opérations. L’opération Bourrasque, fin d’année 2020, en octobre surtout, qui a mobilisé 3000 militaires, dont près de la moitié (1400) fournis par le Niger et le Mali. L’opération Eclipse en janvier avec à peu près autant d’hommes (3000), dont 1000 Maliens, Nigériens et Burkinabés.
  2. Quelques dizaines pas plus selon nos informations, en soutien ou logistique.
  3. Il s’agit sans doute d’un soutien médical selon nos informations.
  4. L’EIGS avait une composition « plus homogène », plus organisée, avec « différentes katibas ou différents groupes ». Ce qui lui a apparemment porté tort à côté d’un RVIM, à l’organisation plus ‘plastique’. Ce groupe a une certaine « diversité » et est « géographiquement beaucoup plus étendu ».

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Journalistes qui avez écrit sur l’Europe. Candidatez !

Sat, 13/02/2021 - 09:40

(B2) Vous avez réalisé des productions journalistiques ayant trait aux affaires européennes et à l’Europe en général durant l’année 2020 (janvier à décembre) ? Nous serions ravis de vous compter parmi nos candidats !

Créé en 2005, le Prix Louise Weiss récompense les journalistes qui traitent en langue française les sujets européens de la manière la plus systématique, pédagogique et originale, quel que soit le support (écrit, audio, vidéo, web). Il est organisé par l’Association des Journalistes Européens,, organisée (avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et de la fondation Hippocrène.

Trois prix seront décernés. Vous pouvez donc concourir dans une des trois catégories suivantes :

  • Prix Reportage : 1500 euros
  • Prix Décryptage : 1500 euros
  • Prix jeune journaliste (destiné aux moins de 25 ans, étudiants en école et stagiaires) : 1000 euro

Le concours est ouvert à toute personne issue d’un pays de l’Union européenne (nationalité ou résident dans un pays de l’UE) dont l’activité professionnelle est le journalisme. L’important est d’avoir un bon papier.

N’hésitez donc pas à partager cette information. Les candidats seront sélectionnés par un jury composé de journalistes professionnels. Le Prix sera décerné lors d’une cérémonie au Quai d’Orsay fin juin 2021. 

La production devra s’accompagner des éléments suivants : 

  • Formulaire d’inscription rempli
  • Preuve de publication du document
  • Une photocopie de pièce d’identité

NB : Toute information, ainsi que les précédents lauréats et reportages primés, se trouvent sur www.prixlouiseweiss.com.

(Nicolas Gros-Verheyde)
vice-président de l’AJE-France

Règlement du prix Louise WeissTélécharger

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Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3)

Wed, 10/02/2021 - 23:24

(B2) Entre le ministère de la défense et le Canard Enchainé, la guerre des chiffres fait rage sur l’engagement européen au Sahel

Un Chinook britannique ‘baladant’ un container en soutien à Barkhane- Camp Roberts, Gao, Mali (crédit : Royal Air Force)

2500 Européens nous aident au Sahel (Parly)

Tout est parti d’une déclaration de Florence Parly sur la base d’Orléans le 1er février… Suivant le motto de l’Élysée ‘nous ne sommes pas seuls au Sahel, les Européens nous aident’, la ministre des Armées déclare : « Aujourd’hui au Sahel, il y a toujours 5100 Français, comme vous le savez ; mais, et c’est moins connu, il y a aussi près de 2500 Européens. » Et plus loin elle ajoute : « Nos alliés européens sont également à nos côtés au sein de la force Barkhane ».

Parly et ses Européens fantômes ! (Le Canard)

Dans le Canard Enchainé paru ce mercredi (10.02), les collègues du ‘plumitif’ partent à l’assaut, baïonnette au canon, allumant « Parly et ses Européens fantômes ». Ils recollent les deux bouts de phrase sur la présence de « au sein de la Force Barkhane » et le chiffre de « près de 2500 Européens sur place. » Même en « additionnant les instructeurs européens auprès des armées locales, les Casques bleus européens et le contingent d’une trentaine d’Estoniens de la force Takuba, on est loin des élucubrations chiffrées de Parly » assènent notre confrère, avec la verve qu’on lui connait.

Il y a environ 2900 Européens réplique Balard

A l’Hotel de Brienne (le siège du ministère français de la Défense), comme à Balard (le siège du ministère), le sang ne fait qu’un tour, et on réplique, calculette à la main. Il y en réalité « environ 2900 militaires européens » au Sahel (hors France) explique le porte-parole Hervé Grandjean dans un message envoyé à la presse de défense (dont B2):

  • « 1500 à la MINUSMA, (Allemands et Britanniques principalement)
  • « 600 actuellement à EUTM, (ils seront 1070 à l’été 2021)
  • « 425 au sein de Barkhane (Suédois, Estoniens, Tchèques, Britanniques)
  • « 320 dans des missions bilatérales (exemple : mission de formation d’un bataillon nigérien conduite par 200 militaires allemands. Italiens, Belges mènent aussi des formations pour le Niger, en format bilatéral). »

La bataille des chiffres

Soyons nets : y voir clair n’est pas toujours évident, tant avoir tous les chiffres n’est pas facile.

Pan sur le bec !

Mais, il semble un fait certain : le Canard Enchainé (qu’on a connu plus exact) s’est littéralement vautré. Est-ce que nos confrères se sont reposés sur des chiffres anciens, ou se sont-ils tombés dans le pêché mignon de taper à la fois sur l’armée, Florence Parly et les Européens, en ajoutant le plaisir de faire un bon mot ? Toujours est-il que l’exactitude… D’une part, la ministre a bien séparé l’aspect Takuba (« Les Européens sont désormais au rendez-vous ») se gardant de donner un chiffre qui aurait été un peu ridicule. Et ce n’est que sur la présence au Sahel qu’elle assène le chiffre de ‘près de 2500’.

Soyons fous, soyons flous !

Le ministère des armées adore ainsi jouer avec les mots et les chiffres. On peut s’y laisser prendre si on n’y prend pas garde. Ainsi il a tendance à compter à la fois le présent et le futur (les Allemands de la mission Gazelle sont ainsi comptés une fois dans le bilatéral et une fois dans le futur d’EUTM Mali… mais ce sont les mêmes qui changent de casquettes). A B2 nous avons aussi appris à nous méfier de ces rigueurs approximatives, notamment du côté des politiques. Ainsi mardi (9.02), Florence Parly, devant le Sénat, affirme que les Allemands, « deuxième contributeur à cette formation [= EUTM Mali] ! fournissent 800 soldats, et il y en aura 250 de plus fin 2021. » Un peu osé ! Dans EUTM aujourd’hui, les Allemands sont une centaine. Mais c’est vrai que si on cumule EUTM + MINUSMA, le compte est bon…

Les effectifs reconstitués

il faut donc être prudent. Car, même en vérifiant d’un côté et de l’autre, il est difficile d’avoir des chiffres collant à la réalité du jour. Mais voici ce que j’ai dans mes tablettes.

Du côté de la task-force Takuba (intégrée à Barkhane), contrairement à ce que dit Le Canard, il n’y a pas que des Estoniens (une bonne trentaine), on trouve des Tchèques (environ 35 + 20 de soutien ?) et des Suédois qui arrivent (bientôt 150). (Lire aussi : Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ?)

Coté Barkhane, on trouve aussi une centaine de Britanniques (opération Newcombe) avec leurs trois hélicoptères Chinook (du 27e Squadron de la RAF basé à Odiham) qui apportent un soutien inestimable (même si Outre-Manche on estime qu’ils pourraient être plus utiles à l’ONU). Et il ne faut pas oublier le détachement espagnol (‘Marfil’), basé au Sénégal, qui effectue des rotations régulières de transport (pour Barkhane comme EUTM Mali ou la Minusma), avec un effectif de 66 personnels et deux Casa C-295 (du 35e wing de Getafe). Un soutien très utile. Un officier confiait il y a quelque temps que cela représentait 15% des transports !

Coté EUTM Mali (la mission de formation de l’armée malienne), on est effectivement aujourd’hui (11.02) au-dessus de la jauge des 600 soldats. Très exactement on approche les 800 militaires déployés : un peu moins de 170 au QG et 24 à l’aéroport, un peu moins de 600 sur le camp de formation de Koulikoro . Et effectivement on devrait arriver à un effectif de 1077 (très exactement) d’ici l’été 2021. Du moins c’est l’effectif inscrit dans le mandat, avec l’intégration de l’équie de formation allemande actuellement au Niger. (lire : EUTM Mali reprend le collier. Nouvelles bases, sorties dans tout le Mali, Gazelle intégrée. En attendant le Burkina et le Niger).

Coté Minusma (la mission de l’ONU), j’ai effectivement de mon côté 930 Allemands et 300 Britanniques (250 dans le task group et 50 en soutien à Gao) venus du Light Dragoons et Royal Anglian Regiment ). Chiffres confirmés à B2 à Londres et Berlin. Il y a aussi environ 250 soldats d’autres pays européens (60 Portugais, 95 Belges, Norvégiens, Danois, Irlandais)… et une vingtaine de Français. On arrive ainsi à l’effectif mentionné des 1500 personnels du ministère.

  • NB : l’effectif allemand a nettement augmenté depuis le début de l’année (le dernier bilan de la Minusma, datant de décembre, indique toujours 425 personnels). L’effectif autorisé (théorique) par le Bundestag est de 1100 personnels. La relève venant de la 12e Panzerbrigade appuyée par la 2e brigade d’infanterie de montagne se prépare

Du côté bilatéral, le chiffre donné de 300 semble correct avec notamment une petite centaine de Belges dans la mission de formation ‘Nero’ au Niger (atteinte récemment par le Covid-19), et un peu moins de 200 Allemands dans la mission de formation ‘Gazelle’ (qui vont être intégrés dans la mission EUTM Mali).

Conclusion : Parly 1, Canard 0

Au final, si on additionne le tout (environ 400 Barkhane-Takuba + 800 Eutm + 1500 Minusma + 300 bilatéral), on arrive largement au-dessus du chiffre des 2500 cité par la ministre Florence Parly. Et dans la zone des 2900 personnels donnés par le ministère (même légèrement au-dessus). Et, encore, on n’a pas compté les effectifs de soutien aux forces de sécurité intérieure, présents dans les deux missions européennes EUCAP au Mali et au Niger, souvent composés de personnels policiers ou gendarmerie aguerris. Si on les prend en compte, on dépasse largement le chiffre de 3000. Ce n’est pas négligeable du tout !

Si on reste sur la dimension Takuba, on est loin du compte. Avec un peu plus de 200 hommes aujourd’hui en fait, on est très loin de l’objectif de 600 personnels (si mes souvenirs sont bons) affiché au début de la réflexion sur la mise en place d’une task-force de forces spéciales européennes par l’état-major des armées).

Un engagement de seconde ligne, non sans risques

Les Européens s’engagent au Sahel, c’est un fait, et de façon assez notable. Mais ils restent sur des missions de seconde ligne (formation, logistique, transport, sécurisation). Peu s’engagent de fait en première ligne (moins de 10%). Mais cet engagement n’est pas à négliger. S’engager au Sahel n’est pas de tout repos. Les forces sont toutes exposées à un risque. Des diplomates européens l’ont payé de leur vie à Bamako. Ce n’est pas identique à déployer des forces en Bosnie-Herzégovine ou au Kosovo, qui ressemble (soyons honnêtes) à une promenade de santé.

Un dossier délicat pour Paris

La France se retrouve cependant au Sahel dans la même position que les Américains en Afghanistan, obligée, régulièrement, d’aller sonner les cloches de ses alliés pour leur demander du personnel et des moyens. Sauf que Paris n’a pas les moyens de Washingon, il faut user de persuasion, d’échanges de bons procédés (tu viens au Sahel, je t’aide sur telle ou telle mission). La communication publique est donc essentielle, surtout au plan européen. D’où la grande sensibilité (soudaine) du ministère dès qu’on prononce le mot Européen. Sensibilité qui va aller s’accentuant. Car au 1er semestre 2022, c’est-à-dire rapidement, viendra la présidence française de l’Union. Où le gouvernement entend briller de mille feux (mantra européen de E. Macron… mais surtout échéance électorale présidentielle obligent).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

(mis à jour) Article mis à jour et corrigé avec les derniers chiffres fournis par la Bundeswehr et EUTM Mali (à jour au 11.02). Commentaires revus en conséquence.

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La menace terroriste se déplace vers le Golfe de Guinée

Tue, 09/02/2021 - 08:23

(B2) Pour Bernard Emié, le chef de la DGSE, le chef du renseignement extérieur français, on n’en a pas fini avec le terrorisme en Afrique. À partir du Sahel, les groupes terroristes essaiment et étendent leur influence vers le Sud et l’Ouest de l’Afrique

Le général François Lecointre (Chef d’état-major des armes) et Bernard Emié (directeur de la DGSE), aux côtés de la ministre des Armées, Florence Parly (crédit : DICOD France)

En expansion vers l’Ouest de l’Afrique, voire l’Europe

Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) développe actuellement un « projet d’expansion » vers le golfe de Guinée, en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin. Depuis le Mali, les terroristes « réfléchissent à des attaques dans la région et en Europe » a lâché le directeur général du renseignement extérieur français (DGSE), Bernard Emié, lors d’un déplacement de la ministre sur la base aérienne des forces spéciales à Orléans, pour un comité exécutif anti-terroriste lundi (1.02).

Les deux réseaux terroristes. L’un descendu plutôt des ‘poches’ rebelles du Nord Mali, proche frontière Algérienne, l’autre (Daesh) plus endogène, qui a pris sa croissance dans le Liptako, dans la zone des trois frontières entre Mali, Niger et Burkina Faso (Source Carte : DGSE)

Pris en étau, les réseaux s’étendent

En plus de « financer déjà des hommes qui se disséminent » dans ces deux pays, « des combattants ont été envoyés aux confins du Nigéria, du Niger, du Tchad, où plusieurs groupes issus de Boko Haram continuent de tisser leur toile et d’assassiner », a-t-il décrit. « Ces pays sont désormais une cible » pour les terroristes. La raison ? Selon lui, les terroristes sont en fait « pris en étau » et donc « s’étendent vers le Sud ».

La menace venue du Moyen-Orient et d’Afghanistan se répand en Afrique (Source Carte : DGSE)

Direction l’Afrique de l’Est et australe, voire l’Europe

Toutefois, la dispersion des forces terroristes ne s’arrête pas aux frontières sahéliennes. Et ne doit pas être prise à la légère. Le chef de la DGSE est formel : « La situation en Afrique orientale, depuis les Shebabs de Somalie [Al Qaïda NDLR] jusqu’aux infiltrations récentes de l’État islamique au Mozambique », deux pays sur la côte Est du continent africain « nous préoccupent également beaucoup ».

Des chefs d’AQMI pris sur le fait

Le clou de la conférence est la présentation d’une vidéo. On peut y voir un groupe d’hommes réunis sous la tente pour discuter de leurs opérations futures. Sont là les principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, notamment Lyad ag-Ghali, le chef du GSIM (Groupe de soutien de l’islam et des musulmans) la filiale ‘Sahel’ d’AQMI (avec le turban rouge), le chef de la Katiba Macina, Amadou Kouffa (considéré comme le numéro 2 d’Al Qaida au Sahel) (avec le turban noir), Abdelmalek Droukdel, le chef dAQMI (avec le turban, tué par les forces Barkhane le 3 juin 2020).

Commentaire : cette sortie publique d’un directeur du renseignement, qui reste traditionnellement dans l’ombre, est loin d’être anodine, d’autant qu’elle n’a rien d’improvisé.

Sur le plan des informations, il n’y a pas grand chose de concret à glaner, à part cette vidéo. Sur le plan des menaces, on sait déjà que la Somalie n’est pas un havre de paix et qu’il y a un risque terroriste au Mozambique, comme en Afrique de l’Ouest. « Il y a toujours des risques majeurs de développement de djihadistes dans la zone qui va de la Corne de l’Afrique à la Guinée-Bissau » disait déjà Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, en juillet 2014, lors de la transformation de l’opération Serval en opération Barkhane, évoquant déjà un risque pour l’Europe.

« Le but de cette présence, c’est d’empêcher que [le nord des cinq pays du Sahel] ne devienne une filière, un lieu de passage permanent de reconstitution des groupes djihadistes entre la Libye et l’océan Atlantique, ce qui entraînerait ensuite des conséquences graves pour notre sécurité ». Effectivement quand un directeur du renseignement le dit face caméras, cela peut avoir plus de poids qu’un responsable politique, qu’on pourrait soupçonner d’arrières pensées.

Comment l’analyser alors ? Le premier message est à but interne. Il s’agit d’indiquer que la menace n’est pas vaincue, mais qu’elle est suivie. Cela permet de contrer les quelques critiques sur l’utilité de Barkhane, comme les tentations d’en réduire le spectre. Le deuxième objectif est à usage externe, vis-à-vis des Européens comme des Américains, au moment où l’administration Biden révise ses objectifs de présence en Afrique.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

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Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne

Mon, 08/02/2021 - 14:33

(B2) Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la marine française prête son concours actuellement à l’opération EUNAVFOR Med Irini. L’ATL2 opère à partir de la base aérienne de la La Sude en Grèce.

Un moyen associé

L’appareil a été déployé depuis la fin de la semaine dernière annonce l’état-major des armées, le 6 février. Il s’agit de ce qu’on appelle « un moyen associé ». C’est-à-dire que l’avion effectue des missions de façon ponctuelle, mais n’est pas soumis de façon permanente au commandement et contrôle de l’opération.

Le P3 Orion de la marine allemande en panne

Cet apport est cependant très utile. La France vient suppléer ainsi un passage à vide allemand. La marine allemande a dû en effet suspendre sa participation à l’opération en janvier car son avion de patrouille P3 Orion C a a subi une panne, comme nous l’a appris notre collègue d’Augengeradeaus. Ce n’est pas un cas isolé.

Des P3 Orion allemands au bout du rouleau

Comme le raconte notre collègue allemand, Thomas Wiegold, la flotte des avions de surveillance maritime est au bout du rouleau. Sur les huit appareils P3 Orion, quatre ne sont plus réparables et ont pratiquement été mis hors service. Deux machines sont en processus de grande révision (avec de nouvelles ailes) : la première devrait être disponible avant la fin février. Pour la seconde, aucune date n’est précisée, ce sera plus tard. Le septième avion n’est pas non plus disponible : revenu de l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) il est en inspection ‘600 heures’. La dernière machine opérationnelle, engagée dans l’opération EUNAVFOR MED Irini, a été mise hors service le 8 janvier, avec une défaillance dans le système d’alimentation en carburant !

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Au départ, cette modernisation devait concerner tous les appareils, mais elle a été arrêtée en juin de l’année dernière, et n’ira à son terme que pour les deux machines dont le processus a déjà commencé.

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Pour Josep Borrell, le divorce est consommé entre Russes et Européens. Il faut en tirer les conséquences

Sun, 07/02/2021 - 23:33

(B2) Dans un message posté sur son blog, ce dimanche (7.02) le chef de la diplomatie européenne revient sur sa visite à Moscou. Non sans panache

  • Ce message a un triple intérêt. Il révèle la teneur de certains échanges, vigoureux, le constat d’un divorce profond entre Russie et Europe et appelle à prendre résolument la mesure de cette attitude agressive. Au passage, il vient défendre son rôle de diplomate fustigeant les critiques trop faciles.

Le refus du dialogue

Venu avec l’esprit du diplomate, prêt à résoudre les différends, Josep Borrell a trouvé face à lui une direction russe refusant d’avoir « un dialogue plus constructif ». Entre une conférence de presse « organisée de manière agressive » (lire : Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell piégé à Moscou) et l’expulsion de trois diplomates européens annoncée par surprise (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent). Pour le chef de la diplomatie européenne, c’est clair.

Le divorce est consommé

« L’Europe et la Russie se séparent. […] la Russie se déconnecte progressivement de l’Europe et considère les valeurs démocratiques comme une menace existentielle ». Les relations entre l’Union européenne et la Russie étaient déjà « au plus bas » depuis un certain nombre d’années. Elles se sont encore « détériorées après les récents développements liés à l’empoisonnement, l’arrestation et la condamnation d’Alexei Navalny ». Les autorités russes n’ont pas voulu saisir cette « opportunité ». « C’est regrettable et nous devrons en tirer les conséquences. ».

L’Heure du choix

Aujourd’hui, l’Europe est à donc un tournant dans ses relations avec Moscou. En tant qu’UE, « nous devrons réfléchir attentivement à la direction que nous voulons donner à nos relations avec la Russie et agir de manière unie avec détermination », y compris par des sanctions, indique-t-il. NB : Ce devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, lundi (22.02), comme du sommet européen des Chefs en mars.

Un aggiornamento diplomatique

Ce choix n’est pas juste un choix tactique ou conjoncturel, il s’agit d’un « choix stratégique » ! Un choix qui va déterminer « la dynamique internationale du pouvoir au XXIe siècle ». Les Européens veulent-ils avancer « vers des modèles plus coopératifs ou plus polarisés », basés sur « des sociétés fermées ou plus libres » ? Et sont-ils prêts à « influencer ces évolutions » ?

En clair, il s’agit de déterminer une politique. Dans ce cas, cela « nécessite une vision et des objectifs clairs, un engagement diplomatique intense, et de nos nombreux moyens d’action extérieure et de projection d’influence ». Trois éléments qui semblent bien manquer aujourd’hui.

Le rôle d’un diplomate c’est de prendre des risques

Au passage, Josep Borrell ironise sur ceux qui bien à l’abri « derrière des murs » sécurisés, hurlent avec les loups. « Appeler les autres à partir de la sécurité de cette position n’apportera pas une plus grande sécurité à l’UE. Et ce n’est pas de cette façon que je considère mon rôle comme le premier diplomate de l’UE ».

Il préconise une diplomatie d’action plutôt qu’une diplomatie de la rancoeur. « Nous devons […] rencontrer les autres sur leur propre territoire, juste au moment où des événements négatifs se déroulent. […] Je préfère cela à devoir réagir [après coup] et attendre que les choses se passent. » Et d’assumer ce choix : « Si nous voulons un monde plus sûr pour demain, nous devons […] être prêts à prendre des risques. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Traduction libre par nos soins

Une expulsion annoncée par surprise. La discussion avec Serguei Lavrov « a atteint des niveaux élevés de tension » surtout quand le Haut représentant de l'UE a abordé la question des droits de l'Homme et « demandé la libération immédiate et inconditionnelle de M. Navalny, ainsi que l’ouverture d’une enquête complète et impartiale sur sa tentative d’assassinat ». Les autres nombreux points de « désaccord » ((Ukraine, Biélorussie, Géorgie, Haut Karabagh, crises syriennes et libyenne) ont été abordés. Inutile de préciser que l'ambiance n'était donc très chaleureuse. Mais les Russes réservaient une surprise à leur visiteur. Ce n'est qu'« à la toute fin de notre réunion » que les Européens ont appris « par le biais des médias sociaux », l'expulsion de trois diplomates européens sur la base « d'allégations non fondées (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent. Trois diplomates européens expulsés). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour J. Borrell en même temps qu'une conférence de presse qui s'est révélée un vrai traquenard. My visit to Moscow and the future of EU-Russia relationsTélécharger

LIre à suivre : Le cas Navalny : un cas d’école pour la liste Magnitski à l’Européenne ? Mais pas suffisant pour bloquer le gaz russe et notre fiche sur le régime de sanctions des droits de l’Homme

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Takuba. Les Suédois sur place au Mali

Sun, 07/02/2021 - 19:45

(B2) La majeure partie des forces spéciales multinationales suédoises de la Task Force Takuba est désormais en place au Mali. C’est ce qu’affirme le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales

Le C-130 Hercules suédois (crédit : MOD Suède)

Un engagement important

L’engagement suédois est aujourd’hui un des plus importants engagements européens sur le terrain, avec 150 militaires, certains issus des forces spéciales, d’autres de forces conventionnelles. Les Suédois vont constituer ainsi un task-groupe avec le Français pour former une UERI malienne. Leur tâche : « assister, conseiller et accompagner les forces de sécurité maliennes ». Il peut, au besoin, être renforcé de 100 personnels supplémentaires, selon l’autorisation donnée par le Parlement.

Hélicoptères à Menaka, C-130 à Niamey

Les Suédois forment aussi une force d’intervention rapide héliportée, basée à Ménaka, dans le nord-est du Mali, bien utile pour réagir en cas d’incident. Avec trois hélicoptères UH-60 Black Hawk. Tandis qu’un avion de transport, de type C-130 Hercules, sera basé à Niamey, au Niger, pour assurer les transports tactiques, voire stratégiques.

Capables d’intervenir au Mali comme au Niger

Ces militaires pourront opérer au Mali, comme au Niger. Ce qui est le principe de la task-force Takuba qui opère dans la zone des Trois frontières. Le Parlement suédois a autorisé cette double intervention (1). Durée de leur engagement : jusqu’au 31 décembre 2021.

Un bastion de la violence

Le pays est devenu un « bastion pour les groupes islamistes pro-violence, y compris les groupes liés à Daech et Al-Qaïda ». La population malienne est « gravement affectée par des groupes terroristes criminels et islamistes ». Et ces dernières années, on a noté « une augmentation des activités criminelles telles que le commerce illégal d’armes, de drogues et de personnes, les enlèvements et les actes terroristes ». Les forces spéciales sont la seule « ressource possible dans la lutte contre les groupes terroristes car elles peuvent être déployées rapidement dans différentes parties du pays et empêcher ainsi l’escalade des conflits et la propagation du terrorisme », indique Anders Löfberg selon le site de l’armée suédoise.

Une présence dans la Minusma également et un peu dans EUTM Mali

Ce n’est pas le seul engagement de la Suède dans la région. La Suède fournit également des troupes à la mission de l’ONU Minusma, avec 215 soldats, et la mission de formation de l’UE (EUTM Mali) avec 8 militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. On peut remarquer un absent, de taille, le Burkina-Faso, qui n’a pas encore autorisé une telle opération sur son sol. Ouagadougou a toujours été réticent à ce type d’intervention.

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En Russie, la répression ne fait que se durcir, les autorités osent (presque) tout

Sun, 07/02/2021 - 09:05

(B2) C’est bien ce que l’on retient des témoignages de Denis Shedov et de Sacha Koulaeva, lors d’un échange d’une heure, à distance, avec des eurodéputés, ce vendredi (5.02)

Capture d’écran de la page d’accueil du site OVD-Info, plateforme d’information créée il y a dix ans pour surveiller les arrestations de masse en Russie

Denis est analyste juridique de la plateforme OVD-Info, lancée au moment des manifestations de 2011. Il s’agissait alors de suivre les arrestations de masses pratiquées par les autorités russes. Ce qu’il décrit aujourd’hui est pire. Les persécutions massives sont d’une ampleur « sans précédent ».

En prison pour avoir manifestés

Depuis le 23 janvier, « plusieurs milliers de personnes ont été détenues pour avoir participer à des rassemblements en soutien » de l’opposant Alexeï Navalny, de retour en Russie au terme de sa convalescence en Allemagne, après une tentative d’assassinat par empoisonnement. La détention peut durer « de quelques heures à quelques jours ». Les témoignages font état de « recours injustifiés à la force pendant l’arrestation » et de « maltraitantes physiques de la police ».

Qu’importe le prétexte légal

Tous les prétextes sont bons pour justifier de poursuites pénales : de la désormais classique « violation des règles sanitaires dans le cadre de la pandémie », à la plus originale « implication de mineurs dans des activités illégales », jusqu’à la plus inouïe « violation de droits de l’Homme » ! Comme en Biélorussie, les journalistes sont directement visés, « poursuivis pour avoir couvert des protestations ». De même que les avocats, empêchés de se rendre dans les commissariats. Certes, il n’y a « rien de nouveau », sourit presque Denys. Sauf que, « cette tendance ne fait qu’empirer ».

Une répression sans complexe

Sacha enseigne comme maître de conférences en droits de l’homme, à l’École des affaires internationales de Paris, Sciences Po. Elle a dirigé le bureau Europe de l’Est pour la FIDH (la fédération internationale des droits de l’Homme). Pour elle aussi, les pratiques russes n’ont finalement rien de surprenant. Sauf que « le pouvoir n’essaye même plus de se cacher derrière une procédure légale ».

Encore plus violente

Elle évoque des cas « de tortures pour récupérer le mot de passe d’un téléphone ». De « parents menacés de perdre leurs droits parentaux ». Les pressions s’exercent au travail, avec des employeurs « menaçant leurs salariés » au cas où ils iraient manifester, et même à l’école. « On est arrêté pour avoir tweeté ou simplement retweeté ». L’État ne cherche même « pas à justifier cette répression aveugle ni convaincre de sa légalité ». Son message est d’autant plus clair : « toute opposition sera passible de répression ». Et « le niveau de violence augmente d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre ».

(Emmanuelle Stroesser)

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (janvier 2021)

Fri, 05/02/2021 - 19:00

(B2) Un entraînement en raquettes, la clôture d’un chantier, la livraison d’un véhicule pas comme les autres, une conférence en ligne, ou un anniversaire… Voici quelques aperçus vivants du quotidien des missions et opérations déployées à l’Est et en Afrique ce mois d’hiver

Bosnie-Herzégovine. Sports d’hiver !

Il a commencé à neiger à l’Est. Les membres du Bataillon Multinational de l’opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea) ont donc rechaussé leurs raquettes à neige pour leur entraînement hivernal. La pratique tout terrain de cet équipement est ici indispensable. Détails ici

Cela ressemble à du ski, mais ce sont des raquettes à neige (crédit : EUFOR Althea)

Niger. Préparation au transport d’individus dangereux

La gendarmerie nationale a reçu un véhicule pour le transport d’individus dangereux. Un équipement là encore précieux lorsqu’il s’agit d’accompagner les bataillons des forces armées nigériennes et des pays du G5-Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) dans les opérations militaires. Cet équipement complète une formation sur l’escorte d’individus dangereux et personnalités menacées, assurée par la mission de l’UE de soutien aux forces de sécurité intérieure et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger). Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Niger)

Kati (Mali). Conditions d’instruction améliorées

Les stagiaires officiers, sous-officiers et militaires du rang disposent désormais à Kati d’un centre d’instruction des transmissions (CIT) rénové, avec un nouveau mur d’enceinte et un portail, deux salles d’instructions entièrement refaites, ainsi que le local de permanence, les salles serveur et informatique. Le chantier a duré 11 mois, et a bénéficié d’un financement tchèque (65 millions de francs CFA, soit 100 000 €). Détails ici

Stagiaires au centre d’instruction des transmissions (crédit : EUTM Mali)

Golfe d’Aden. Retour sur un mandat élargi au large de la Corne de l’Afrique

Pêche, trafics de drogue, d’armes et de charbon sont entrés dans le mandat de l’opération de lutte contre la piraterie maritime (EUNAVFOR Atalanta) depuis le 1er janvier. Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Ramallah (Cisjordanie). De la gendarmerie canadienne au territoire palestinien

Une directrice des ressources humaines de la gendarmerie canadienne au milieu des experts européens, c’est la rencontre à laquelle nous invite la mission de l’UE de soutien à la police pour le territoire palestinien (EUPOL COPPS). Détails ici

Karen Ziezold (crédit : EUPOL COPPS)

Puntland (Somalie) Manuel du procureur

Le document pratique a été réalisé par une équipe de stagiaires juridiques somaliens, épaulés par un avocat et la mission de renforcement des capacités de l’Union européenne en Somalie (EUCAP Somalia). Détails ici 

(crédit : EUCAP Somalia)

Ukraine. Débats en ligne sur les dangers… en ligne

La mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) nous propose de revoir « les meilleurs moments » de la conférence sur « les défis contemporains 2020 », une conférence en ligne qu’elle a aidé à organiser avec le ministère de la Transformation numérique. Entre autres thèmes : le monde et l’Ukraine, et les dangers en ligne. Détails ici

(crédit : capture d’écran B2)

Mali. Album souvenir

Cela fait six ans que la mission de soutien de l’UE aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Mali) a été lancée. C’était un 15 janvier. L’occasion de feuilleter l’album photos de ses réalisations, des formations militaires aux échanges culturels. Détails ici

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en septembre) :

Et sur le blog : 

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Navalny condamné à 2 ans et demi de prison. Les Européens critiquent le verdict et Poutine

Tue, 02/02/2021 - 19:41

(B2) Après l’annonce de la condamnation à deux ans et huit mois de prison de l’opposant politique le plus connu dans la scène médiatique, les réactions pleuvent. Inacceptable, grotesque, surprenante, douteuse, perverse… on trouve toute la palette des synonymes possibles,

Si plusieurs pays demandent le retour à la politique de sanctions (Lettonie, Tchéquie…), ce n’est pas la majorité. Dans d’autres pays (France, Italie, Pays-Bas…), on sent que la condamnation est ferme, mais reste polie.

Commentaire : Ce qui semble sûr aujourd’hui, c’est qu’A. Navalny est devenu un prisonnier politique, une figure mythique de la Russie, comme l’était Soljenitsyne avant lui. « La figure de l’opposition russe » selon le département d’État. A la différence de son aîné, le mode d’expression préféré d’Alexei n’est pas le livre, mais You Tube. Mais le fond reste le même. L’opposition à un régime autoritaire. V. Poutine, si habile d’ordinaire, a peut-être fait l’erreur de sa vie en donnant à son opposant, cette stature.

Emmanuel Macron (France) : « La condamnation d’Alexeï Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n’est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables. »

La condamnation d'Alexeï @Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n'est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 2, 2021

Josep Borrell Fontelles (chef de la diplomatie européenne) : « La condamnation d’Alexey Navalny va à l’encontre des engagements internationaux de la Russie en matière d’État de droit et de libertés fondamentales. Elle va à l’encontre du verdict de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a jugé cette affaire arbitraire et déraisonnable. Je demande sa libération immédiate. »

The sentencing of Alexey @navalny runs counter Russia’s international commitments on rule of law & fundamental freedoms. It goes against the verdict of #ECHR, which ruled this case arbitrary and unreasonable.

I call for his immediate release.

— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) February 2, 2021

Ursula von der Leyen (Présidente de la Commission) : « Je condamne la condamnation d’Alexei @Navalny dans les termes les plus forts possibles. J’appelle la Russie à respecter ses engagements internationaux et à le libérer immédiatement et sans condition. »

I condemn the sentencing of Alexei @Navalny in the strongest possible terms.

I call on Russia to comply with its international commitments and release him immediately and unconditionally. https://t.co/WNsQ2SslFM

— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) February 2, 2021

Heiko Maas (Allemagne) : « Le verdict contre Alexei Navalny est un coup dur pour les libertés et l’État de droit solidement ancrés en Russie. La Cour européenne des droits de l’homme a déjà critiqué ce procès comme étant arbitraire en 2017. Alexei Navalny doit être libéré immédiatement. »

Dominic Raab (Royaume-Uni) : « La décision perverse rendue aujourd’hui par la Cour montre que la Russie ne respecte pas les engagements les plus fondamentaux que l’on attend de tout membre responsable de la communauté internationale. Le Royaume-Uni demande la libération immédiate et inconditionnelle de Navalny et tous les manifestants pacifiques et journalistes arrêtés ces deux dernières semaines. » (communiqué)

Département d’Etat US : « Aleksey Navalny bénéficie des droits prévus par la constitution russe. Nous soutenons le peuple russe dans l’exercice des droits que lui confère la constitution russe. […] Même si nous travaillons avec la Russie pour faire progresser les intérêts américains, nous coordonnerons étroitement avec nos alliés et partenaires pour tenir la Russie responsable de ses manquements aux droits de ses citoyens. » (communiqué)

Ekaterina Zaharieva (Bulgarie) : « La décision d’emprisonner Navalny après avoir été soigné à l’étranger suite à une tentative d’empoisonnement est tout à fait inacceptable. Nous demandons que les décisions de la CEDH soient respectées, le droit à un procès équitable est un droit humain fondamental qui est indéniable. »

Tomáš Petříček (Tchéquie) : « Un verdict un peu surprenant avec une motivation claire pour faire taire l’opposition. La Tchéquie exige la libération immédiate de A. Navalny, c’est un processus artificiel. Malheureusement, nous en connaissons un certain nombre de par notre propre histoire. L’UE devrait revenir sur la question des sanctions »

Málo překvapivý rozsudek s jasnou motivací umlčet opozici. Česko požaduje okamžité propuštění A. #Navalny, jde o vykonstruovaný proces. Takových bohužel známe z vlastní historie celou řadu. EU by se měla opět vrátit k tématu sankcí.https://t.co/gzJYmK9fuC

— Tomáš Petříček (@TPetricek) February 2, 2021

Ivan Korcok (Slovaquie) : « La décision rendue aujourd’hui par le tribunal de Moscou sur Navalny soulève des doutes quant à l’équité du procès et ignore la précédente décision de la CEDH. Nous appelons les autorités slovaques à respecter les libertés humaines et politiques en Russie et ses engagements internationaux. »

Stef Blok (Pays-Bas) : « Profondément préoccupé par la condamnation de Navalny. Chacun a droit à la liberté d’expression et à un procès équitable. Nous appelons les autorités russes à libérer immédiatement Navalny et toutes les personnes détenues lors des manifestations de ces dernières semaines. » (Deeply concerned about the conviction of @Navalny . Everyone has the right to freedom of speech and a fair trial. We call on the Russian authorities to immediately release Navalny and all those detained during the protests of the last weeks. )

Jeppe Kofod (Danemark) : « Grotesque verdict contre Navalny. [Cela va à l’en]Contre [de] l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qualifiant l’affaire d’arbitraire et manifestement déraisonnable’. Je demande sa libération immédiate. On attend toujours l’enquête russe sur l’empoisonnement de Navalny »

Grotesque verdict against @Navalny

Counter to clear ruling from European Court of Human Rights calling case “arbitrary and manifestly unreasonable”

I call for his immediate release
 
Still waiting for Russian investigation into #Navalny poisoninghttps://t.co/UzFjFZsPxd #dkpol

— Jeppe Kofod (@JeppeKofod) February 2, 2021

Eva-Maria Liimets (Estonie) : « Navalny a été condamné à 3,5 ans de prison pour violation de liberté surveillée. Chers voisins en Russie, qu’en est-il de l’État de droit ? »

.@Navalny sentenced 3.5 years for probation violation. Dear neighbours in #Russia, what about rule of law?

— Eva-Maria Liimets (@eliimets) February 2, 2021

Edgars Rinkēvičs (Lettonie). « La décision d’emprisonner le leader de l’opposition russe Alexey Navalny est à la fois un cynisme effroyable et un mépris total de l’État de droit et des obligations internationales de la part de la Russie. Il doit être libéré immédiatement. L’UE doit imposer des sanctions, Le Conseil de l’Europe doit agir car cela constitue une violation de l’arrêt de la CEDH. »

Decision to imprison Russian opposition leader Alexey @navalny is both appalling cynicism and complete disregard of rule of law and international obligations by #Russia. He must be released immediately. #EU must impose sanctions, @coe must act as this is breach of ECHR ruling

— Edgars Rinkēvičs (@edgarsrinkevics) February 2, 2021

Sanna Marin (Premier ministre Finlande) : « La peine de prison prononcée par la Commission est inacceptable. La Cour européenne des droits de l’homme a jugé que la condamnation initiale de Navalny était arbitraire et déraisonnable. »

Alexei @navalny’s prison sentence is unacceptable. The European Court of Human Rights has ruled Navalny’s original conviction as arbitrary and unreasonable.

— Sanna Marin (@MarinSanna) February 2, 2021

Ministère slovène des Affaires étrangères : « La Slovénie est consternée par le verdict rendu contre le leader de l’opposition russe Alexey Navalny. Nous demandons sa libération immédiate et inconditionnelle. »

Farnesina (Italie). « Nous apprenons avec consternation la nouvelle de la condamnation d’Aleksey Navalny à une longue peine de prison. L’Italie exprime sa vive inquiétude face à de tels développements, qui vont à l’encontre des principes fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit. »

(propos rassemblés par Nicolas Gros-Verheyde)

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