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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 28 min 18 sec ago

La Pologne vise 2,5% du budget en 2032 et veut se préparer à un conflit « classique »

Mon, 23/10/2017 - 19:55
(B2) Le président polonais, Andrzej Duda, a promulgué ce lundi (23 octobre) la loi sur la reconstruction et la modernisation technique et le financement des forces armées. Les dépenses de défense vont augmenter en 2018 à 2 % du PIB, jusqu'à 2,1% du PIB en 2020 et progressivement à 2,5% d'ici quinze ans, en 2032. […]

Au Sommet européen 19 et 20 octobre. Ils ont dit… Carnet spécial

Mon, 23/10/2017 - 17:20
(B2 au Justus Lipsius) Une réunion au sommet est toujours l'occasion de petites phrases ou déclarations en tous genres, très européennes ou très nationales. Condensé... Sur le sommet européen, lire aussi : Corée du Nord. Les ’28’ répètent un message de fermeté. De nouvelles sanctions ne sont pas exclues Etat de droit en Turquie. Le […]

L’OTAN incapable de faire face rapidement à une attaque russe ?

Mon, 23/10/2017 - 16:00

Sur le papier, il n’y a pas photo l’Alliance a une supériorité numérique évidente en hommes, avions et chars… Mais c’est trop lent juge-t-on à l’Alliance, non sans raison (crédit : Der Spiegel)

(B2) L’OTAN n’est pas totalement prête à faire face à une hypothétique attaque russe, selon un rapport, révélé ce week-end par Der Spiegel. Intitulé «Rapport de progrès sur la dissuasion renforcée et la posture de défense de l’Alliance», ce document laisse transparaitre une volonté de voir un retour aux structures de commandement utilisées par l’Alliance pendant la guerre froide, indique l’hebdomadaire allemand. Que faut-il en penser ?

Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, le renforcement des capacités de l’Alliance comme une réaction plus rapide des forces face à une possible action russe est (re)devenu un leitmotiv de l’OTAN. Au siège du bd Leopold comme au Shape à Mons, on ne veut plus revivre la période 2014 où la surprise « stratégique » a été de taille. Peu d’experts croyaient alors les Russes capables de déploiement aussi rapide (1). Or, malgré une supériorité numérique et en matériels, les forces euro-atlantiques se sentent aujourd’hui en infériorité tactique.

 

Une force de réaction rapide encore trop lente

L’Alliance ne peut même pas compter sur sa force de réaction rapide. « L’état actuel de la mise en œuvre de la zone de responsabilité du SACEUR ne donne pas suffisamment confiance en l’idée que même la force de réaction de l’OTAN est capable de réagir rapidement et d’être soutenue, si nécessaire. » Elle serait incapable de positionner ses troupes assez rapidement, elle manque d’officiers d’état major en nombre suffisant et les approvisionnements de l’autre côté de l’Atlantique sont insuffisants.

Une incapacité logistique

La capacité de l’OTAN de soutenir logistiquement « le renforcement rapide du territoire élargi couvre la zone d’opération du SACEUR. a été atrophiée depuis la fin de la guerre froide » indique le rapport. Il manque un peu de tout à l’Alliance pour mener une contre-offensive de façon rapide : des portes-chars, des wagons ou des ponts modernes pouvant supporter le poids des chars lourds.

Le problème du passage des frontières

A cela s’ajoute, le problème du passage des frontières pour les forces militaires, en temps de paix, qui est soumis à des formalités spécifiques (en plus des formalités habituelles de passage des frontières). Le Spiegel cite ainsi l’exemple emblématique d’un contrôle aux frontières entre la Roumanie et la Bulgarie où les hommes du 1er escadron du 2e régiment de cavalerie US auraient attendu plus d’une heure et demi, sous le soleil, pour voir leur entrée autorisée et leurs passeports tamponnés…

Une révélation fort-à-propos qui cache une bataille très diplomatique

Commentaire :  Cette « révélation » survient, en effet, fort-à-propos. Et la révélation de ce rapport n’est pas fortuite. Elle vient plutôt aider certaines positions de négociation diplomatique. Une discussion est, en effet, en cours actuellement pour réformer les structures militaires de l’Alliance. L’enjeu est d’augmenter les structures de l’OTAN. Ce qui amorcerait un mouvement inverse à celui décidé à Lisbonne dans les années 2010, visant à faire dégrossir le « mammouth ». Un sujet entamé depuis juin dernier et qui sera à l’ordre du jour des ministres de la Défense de l’Alliance début novembre.

Si une remontée des effectifs pourrait être amorcée, notamment sur certains secteurs-clés (renseignement, cyber…), il s’agit d’une remontée légère plaident certains responsables de l’Alliance. « Pas question de revenir à une posture type guerre froide » indique à B2 un diplomate de l’organisation. Le trio Anglo-Américain-Français veille ainsi à ce que les effets de la réforme des années 2010 ne soit pas annihilés. D’autres au sein de l’Alliance rêvent de voir les effectifs remonter plus largement, notamment au sein de certains pays — comme les Allemands qui voient l’Alliance comme une Mecque de l’engagement militaire et en font d’ailleurs un élément majeur de leur carrière militaire. C’est un peu l’objet sous-tendu par cet article qui, sous prétexte de « fuite », vise à mettre un maximum de pression sur les diplomates des États membres peu tentés d’augmenter trop les effectifs.

Quant au problème de la création d’un « espace Schengen militaire », c’est effectivement un vrai problème auxquels se sont heurtés nombre de pays que ce soit pour acheminer du matériel lors des exercices, ou pour assurer les relèves dans le cadre de la présence « renforcée » à l’Est. Il est l’objet de réflexions approfondies au sein de l’OTAN mais surtout de l’Union européenne. Car c’est d’un espace Schengen imparfait que vient le problème. Les Pays-Bas en ont d’ailleurs fait un cheval de bataille. Ils ont proposé d’en fait un projet « phare » de la future coopération structurée permanente (PESCO).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Or, après l’expérience géorgienne de 2008 qui avait vu de nombreux problèmes se poser aux forces russes (insuffisance des liaisons radios, de la chaîne logistique, manque de coordination entre les unités, risque de tirs fratricides, etc.), l’armée russe a entamé un vaste effort de modernisation qui a « payé » lors de l’intervention en Ukraine, en mêlant des moyens de type commandos, d’infiltration et de « propagande » (la bonne vieille agit-prop) à des moyens plus classiques.

BelTechExport déboutée

Mon, 23/10/2017 - 07:24
(B2) Le tribunal de l'UE a rejeté fin septembre dernier le recours d'un des principaux exportateurs d’armes et d’équipements militaires de Biélorussie, Bel Tech Export ZAO, établie à Minsk. Les juges de la quatrième chambre du Tribunal ont rejeté un à un les arguments de l'entreprise plaignante, notamment ceux tenant à l'insuffisance de motivation, au […]

Carnet (20.10.2017). Marchés publics de défense (infraction). COPS (agenda). EULEX Kosovo (fausse accusation). Corée du Nord (navires). Iran (recours retiré). Marchés publics (défense). BelTech (recours). PSDC (english only). Cyberdéfense (OTAN). 5+5 ...

Fri, 20/10/2017 - 17:00
(B2) Parus récemment : Une coopération structurée permanente plus politique que militaire ? Corée du Nord. Les ’28’ répètent un message de fermeté. De nouvelles sanctions ne sont pas exclues Etat de droit en Turquie. Le message des Européens se durcit. Les fonds de préadhésion diminués Défense. Les 28 se fixent un délai pour la […]

Une coopération structurée permanente plus politique que militaire ?

Fri, 20/10/2017 - 16:20

Concevoir un drone européen au lieu d’acheter des drones américains, un des projets phares qui pourrait être confié à la PESCO (crédit : DICOD / EMA)

(B2) Avoir une coopération plus étroite en matière de défense entre des pays européens est un vieux projet qui pourrait finalement voir le jour, mais au prix d’un certain dévoiement de l’esprit d’origine. Dénommé tantôt par son objectif politique — « Union européenne de sécurité et de défense » – ou par sa terminologie plus juridique – « Coopération structurée permanente » – c’est un réel enjeu aujourd’hui pour les Européens que les Français sous-estiment.

La magie salvatrice est illusoire

Croire cependant qu’un tel regroupement pourrait faire naître, par une magie salvatrice, une volonté commune là où il n’y a que des volontés éparpillées, risque d’être une illusion dangereuse. Il ne faut pas envisager cette proposition comme une finalité en soi mais plutôt comme un processus, à plusieurs niveaux.

Une coopération structurée, politique

Premièrement, on aurait un premier noyau regroupant les pays les plus engagés, sur le moyen et long terme. Cette « Coopération structurée permanente » ne serait pas un noyau dur, au sens historique où les Français l’entendent, mais une Union politique, décisionnelle, une sorte d’Eurozone de la défense.

Des coopérations renforcées ad hoc

Au deuxième niveau, on aura des regroupements de certains pays par projet capacitaire (cyber, maritime, renseignement, satellites, etc.) ou par projet opérationnel (réaction de crises). Il ne s’agit pas simplement de modules optionnels, mais d’une vraie gestion des projets, de façon organisée, politique et financière. Une sorte de « coopération renforcée » ad hoc (un dispositif non prévu par le traité) (1).

Un noyau dur informel

Certains de ses projets auront un coté « mou ». D’autres seront plus durs, comme le projet mené par la France d’une capacité de réaction en cas de crise (CROC). De fait, le « noyau dur » de la défense sera créé à l’intérieur de cette Coopération renforcée, autour de certains projets : le futur système aérien (avion ou drone) de combat et cette CROC (menée par le couple franco-allemand, italien et espagnol) . Ces deux projets, comme les membres qui le composent, vont devenir, de fait, le noyau dur de la coopération de défense. A l’intérieur de la Coopération il y aurait ainsi comme une PESCO à plusieurs vitesses. Un procédé qui peut ne pas être séduisant d’un point de vue intellectuel mais été le seul moyen trouvé par les concepteurs et négociateurs de la PESCO pour concilier l’ambition et l’inclusivité nécessaires (1).

Ce qui manque

A ce dispositif, qui est en passe d’être mis en place (d’ici la fin de l’année), on pourrait imaginer d’ajouter certains éléments qui pourraient être utiles pour l’Europe de la défense.

Organiser l’avant garde

Premièrement, il faut d’emblée permettre l’action des « plus audacieux », de pouvoir mener des missions/opérations et d’agir au nom de tous ; ce qu’on appelle en jargon européen, l’article 44, du nom de l’article du Traité, doit être théorisé, planifié, pour que la notion d’avant-garde opérationnelle devienne, là, réalité.

Inventer des systèmes financiers

Deuxièmement, il faut des financements. Le fonds européen de la défense proposé par la Commission couvre le volet de recherche et industriel. Il ne suffit pas pour le volet opérationnel ou d’acquisitions. Il faut mettre en place le Fonds de lancement, dispositif prévu par le Traité jamais mis en œuvre (pour les opérations), voire un système de prêts-assistance pour les acquisitions, une sorte de FMS européen ? ou un trust fund permettant de rassembler des fonds nationaux et européens.

Un dispositif politique de réaction de crise

Troisièmement, il faut réorganiser les structures européennes et avoir un dispositif politique de réaction à la crise. Car ce qui fait défaut à l’Europe, ce ne sont pas les moyens vraiment, c’est le niveau politique d’anticipation et de gestion de crise. Il s’agit d’éviter de répéter l’erreur de la signature du traité d’association avec l’Ukraine où, naïvement, les Européens ont sous-estimé la réaction russe possible. Cela suppose d’avoir une sorte de conseil européen de sécurité, un « cobra » européen, rassemblant selon les crises (terrorisme, menace extérieure, catastrophe humaine, etc.) les responsables européens les plus adéquats (lire : Face au terrorisme, la réponse européenne trop lente). Il faudra aussi doter la Commission d’une task force défense apte à assurer le dialogue sur toutes les questions de défense comme le cabinet de la Vice présidente/Haute représentante d’un mini cabinet militaire (un attaché de défense et son assistant). La question de mettre en place des assistants sur la politique de défense et de sécurité, de haut niveau politique, aptes par exemple à présider les conseils de défense ou l’agence européenne de défense au nom de la Haute représentante doit désormais être examinée sérieusement.

Rompre la quadrature du cercle

C’est cet ensemble – coopération structurée et noyau dur de la PESCO, fonds défense et fonds de lancement, conseil de sécurité européen et DG Défense – qui feront la force de l’Europe de défense demain. C’est cette organisation qui permettra de rompre la quadrature du cercle d’une Europe de la défense trop souvent déclarative et pas assez agissante. 

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) La « coopération renforcée » selon le Traité nécessite de trouver neuf pays, ce qui peut être beaucoup pour mener une « vraie » intégration dans un projet ambitieux.

(2) On peut rappeler que si le critère d’inclusivité n’est pas expressément inscrit dans les critères du Traité, la mise en place de la Coopération structurée permanente nécessite une majorité qualifiée, donc d’un large nombre de pays (au moins 15).

Lire notre fiche : La Coopération structurée permanente (CSP), expliquée

et l’excellente étude réalisée pour le Parlement européen par F. Mauro et F. Santopinto (Grip) qui fait un tour d’horizon très intéressant.

Lire aussi :

Corée du Nord. Les ’28’ répètent un message de fermeté. De nouvelles sanctions ne sont pas exclues

Fri, 20/10/2017 - 15:45
(B2) Au sommet européen, lors du dîner du jeudi soir (19 octobre), les Chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne ont appelé les dirigeants de  la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à « se conformer immédiatement, pleinement et sans conditions aux obligations qui lui incombent en vertu des résolutions du Conseil de sécurité […]

Etat de droit en Turquie. Le message des Européens se durcit. Les fonds de préadhésion diminués

Fri, 20/10/2017 - 14:00
(B2) Face à la situation en Turquie, les Chefs d'État et de gouvernement ont tranché. Il n'y aura pas de gel plus express des négociations d'adhésion que celui de facto existant aujourd'hui. Mais les fonds de préadhésion destinés à Ankara pour se préparer à l'adhésion vont « être réduits ». La Commission européenne a reçu […]

Défense. Les 28 se fixent un délai pour la PESCO : la fin de l’année (V2)

Fri, 20/10/2017 - 02:30
(B2) Le Conseil européen n'a pas pu, comme espéré un moment, saluer la notification commune par les États membres de leur participation à la Coopération structurée permanente (PESCO). Il est vrai que le timing fixé par la Haute représentante était très juste (lire : Coopération structurée permanente : six séquences à finaliser et imbriquer et Une vingtaine de […]

Donald Tusk prône un changement de méthode pour les sommets européens

Thu, 19/10/2017 - 22:00
(B2 au Conseil européen) Le président du Conseil européen, Donald Tusk, veut en revenir avec un Conseil européen qui tranche les grandes questions, ne se perd pas dans les détails, résout les principaux obstacles et permet à ceux qui veulent aller de l'avant de le faire. Cette définition de la réunion des sommets était le […]

Méditerranée centrale : les arrivées de migrants chutent. Pourquoi ?

Thu, 19/10/2017 - 15:20

(crédit : MSF)

(B2) La chute brutale des arrivées de migrants en Italie en provenance de Libye ces derniers mois s’avère désormais tangible. Cette chute est-elle réelle ? Depuis quand date cette tendance ? Pourquoi ? Les explications officielles (action des garde-côtes, code de conduite des ONG…) sont-elles crédibles ? Quelques réponses…

Y-a-t-il une baisse ces derniers mois sur la route de la Méditerranée centrale ?

Oui sans conteste. Et elle est drastique. En quelques jours, on est ainsi passé d’un flux quotidien de plusieurs milliers à plusieurs centaines de personnes. C’est en juillet, que la tendance à la baisse a commencé. Les arrivées ont chuté de moitié par rapport à juin : 11.459 contre 23.524 le mois précédent. Une tendance qui s’est confirmée et accélérée au mois d’août, avec une nouvelle chute de plus de la moitié : 3914 personnes arrivées sur le sol italien (1). Un chiffre à comparer avec ce qui se passait l’année précédente. En 2016, on comptait 21.294 arrivées pour le mois d’août. Soit une chute d’environ trois quart des arrivées.

Cette baisse est-elle importante ?

Oui. Aucune baisse de cette ampleur n’avait été constatée sur la route de Méditerranée centrale depuis le début de la crise migratoire en Italie, au point que les arrivées sont désormais inférieures à celles de la route orientale, via la Grèce (2).

De quand date cette baisse ?

Cette chute a été constatée dès la première quinzaine de juillet, selon les informations recueillies à B2. Donc bien avant toute mise en place des mesures invoquées officiellement (action des garde-côtes et code de conduite avec les ONG). « Nous avons constaté une chute, qui n’est pas explicable » nous indiquait alors, sous le sceau de la confidentialité, un expert du dossier. « Du moins par les critères habituels » (NB : la météo, voir ci-dessous). « Même dans les journées où il faisait beau, nous avons observé moins de départs ». La cause serait, selon notre interlocuteur, « inconnue », et « sans doute » à rechercher « à terre ». Car il n’y a pas seulement moins d’arrivées, il y a surtout « moins de départs ».

La baisse est-elle durable ?

Apparemment oui puisque les arrivées comptabilisées jusqu’au 27 septembre s’élèvent à 5331. Soit une légère remontée par rapport au mois d’août, qui témoigne de départs plus importants. Mais, là aussi, sans commune mesure avec ce que l’on constatait un an plus tôt. Le chiffre est d’environ la moitié des arrivées constatées en 2016.

Quelle en est la cause ?

Nous avons passé en revue la plupart des causes possibles ou « impossibles » de cette baisse, à commencer par les plus évidentes (la météo), les deux raisons officiellement invoquées (le code de conduite avec les ONG, l’action des garde-côtes libyens) et d’autres raisons moins avouables.

Première cause (mécanique) : la météo ?

C’est la principale raison « objective » qui rythme les arrivées : la météo. Les marins qui assurent le sauvetage en Méditerranée, à commencer par les Italiens, présents dans la zone depuis plusieurs années, étaient rodés jusqu’ici à ce phénomène. Le premier réflexe des marines sur place était d’ailleurs de consulter la météo : une bonne journée calme signifiait des arrivées en nombre, dès le milieu de la nuit. Une mauvaise journée signifiait moins de départs. C’était quasi mécanique. Certes, au début de l’été, la météo a été un peu moins bonne qu’en 2016. Mais ce n’était qu’un phénomène épisodique (quelques jours). En tout cas aucun phénomène météo ne peut expliquer la baisse drastique, a témoigné à B2 un expert du dossier.

Deuxième cause (officielle) : l’application du code de conduite avec les ONG ?

C’est la première explication donnée quand vous croisez un officiel qu’il s’agisse d’un responsable de la Commission européenne, de l’opération Sophia, ou du SEAE. La chute des arrivées serait dûe à l’entrée en vigueur du code de conduite des ONG. L’explication est (un peu) courte… Le code de conduite n’est entré en vigueur qu’en août soit après la chute du nombre d’arrivées (tel que nous l’avons constaté). Soit bien après les premiers constatés sur place. Au surplus, les ONG assuraient environ « 40% des secours en mer » selon nos sources. La chute va bien au-delà. Enfin, cela supposerait qu’il y ait un lien de cause à effet entre la présence de navires d’ONG et le trafic (3). Ce qui n’est aucunement prouvé. Les autorités italiennes, après enquête, n’ont pas réussi à trouver des éléments en faveur de cette assertion. Et la plupart des marins italiens, sur place, estiment que cet effet « appel d’air » n’est pas vérifié : quand il n’y avait quasiment aucun bateau d’ONG sur place, il y avait déjà un fort courant migratoire de Libye vers l’Italie.

Troisième cause (officielle) : l’intensification des contrôles ? (garde-côtes libyens)

C’est l’autre explication principale, avancée surtout par les garde-côtes libyens : « l’intensification des contrôles en Méditerranée ». Une explication pro-domo destinée surtout à justifier son efficacité. Certes la garde-côte et la marine libyennes sont remontées en puissance et montrent une certaine volonté d’agir. Elles ont certainement un effet désormais sur quelques zones et quelques départs. Mais cet effet ne doit pas être surestimé. D’une part, d’après nos informations, au début de l’été, ceux-ci ne disposaient pas encore vraiment de tous les équipements nécessaires (bateaux, radios…) pour assurer le contrôle de leurs eaux territoriales. D’autre part, elles ne maitrisent pas encore ni la zone terrestre de départ ni la zone maritime.

D’autres raisons ?

Il y a évidemment d’autres raisons. Et la thèse officielle de l’action combinée des garde-côtes et de l’entrée en vigueur du code des ONG tient plutôt du conte de fées que de la réalité opérationnelle. En septembre, plusieurs médias — comme le quotidien italien Corriere della Serra et le quotidien belge De Standaard – avaient d’ailleurs avancé une explication plus « rationnelle ».

Le gouvernement italien, en particulier le ministre de l’Intérieur, Marco Minniti, très actif dans la région, aurait passé des accords avec certains groupes en Libye, notamment la famille d’Ahmed Dabbashi à Sabratha (alias la Brigade 48), permettant de limiter ces arrivées. Des actions et des liens confirmés à B2 par une source digne de foi.

Nous avons interrogé un expert de la crise migratoire à la Commission européenne. Il n’a pas voulu confirmer cette information. Mais, à mi voix (avec un peu d’insistance :-), on reconnait qu’ont joué d’autres facteurs que ceux habituellement invoqués comme « sans doute les contacts que les Italiens ont eu avec autorités libyennes ».

En conclusion

On a, là, la source véritable de la chute drastique des arrivées de migrants en Italie. C’est à terre que le dispositif de blocage existe et non en mer. Il y a un blocage au départ par ceux-là qui sont soit un des acteurs du trafic, soit en sont complices. Ce contre argent sonnant et trébuchant. Le nombre de migrants arrivant en Libye ne semble pas s’être tari cependant. La voie sud reste en partie ouverte. Le « stock » de personnes prêtes au passage vers l’Europe augmente donc.

Une vieille tradition

On retrouve ainsi une vieille tradition de la politique européenne italienne, toutes opinions confondues. En avril 2004, Romano Prodi, alors à la tête de la Commission européenne, avait initié, le retour de Mohamar Kadhafi sur la scène internationale, en le recevant en grande pompe à Bruxelles. La Libye réintégrait le processus euro-méditerranéen de Barcelone. Et, déjà, les questions de migration illégale étaient prééminentes, aux côtés de celle du terrorisme (4). Silvio Berlusconi n’était pas en reste, concluant, en août 2008, avec la Libye un traité d’amitié et de coopération qui comprenait aussi un paragraphe pour lutter contre l’« immigration clandestine », notamment au moyen de patrouilles maritimes menées en commun. L’Italie versant à Tripoli plusieurs milliards de $ au titre du passif colonial.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Selon les statistiques du ministère italien de l’Intérieur reprises par l’OIM, l’Organisation internationale de la Migration.

(2) Les arrivées tendent, en effet, à reprendre, avec 3 665 arrivées en Grèce.

(3) Les différentes sources consultées confirment cette assertion. Elles se rejoignent sur un point : le comportement troublant d’une seule ONG, une ONG allemande, qui a flirté à plusieurs reprises avec les eaux territoriales libyennes, et dont les liaisons téléphoniques avec certains trafiquants auraient pu supposer, sinon une complicité, du moins une concertation des mouvements de départs.

(4) Ainsi que le montre le communiqué de presse de l’époque (contrairement à ce que m’ont affirmé certains responsables européens)

A l’agenda du Conseil européen (19 et 20 octobre)

Thu, 19/10/2017 - 14:30
(B2) Les dirigeants européens sont réunis pour leur traditionnelle réunion d'automne, ces 19 et 20 octobre à Bruxelles en Conseil européen à partir de l'après-midi. Une réunion à l'ordre du jour très chargé, découpé en plusieurs formats : à 28 tout d'abord, puis à 27 (hors Royaume-Uni). La réunion démarre à 15h (et non 16h […]

L’ancien président ukrainien Ianoukovitch perd en 2e instance. Ses avoirs restent gelés

Thu, 19/10/2017 - 13:00
(B2) La Cour de justice de l'Union européenne a reconnu, ce jeudi (19 octobre), que l'inscription sur la liste noire de l'UE de l'ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch et de son fils Oleksandr Ianoukovitch, et le gel de leurs avoirs est fondé. L'ancien président ukrainien avait fait un recours en 2014 devant le tribunal contestant […]

Carnet (18.10.2017). Cops (agenda). MPCC (plans de missions). EUNAVFOR Med (financement). Honduras (Mission électorale). Allemagne (opérations, peshmergas). Royaume-Uni (F-35, agrément, coût). Corée du Nord (OTAN). Azerbaïdjan (réunion). Birmanie ...

Wed, 18/10/2017 - 20:24
(B2) Parus récemment : PESCO : l’Allemagne souscrit officiellement (blog) L’assassinat de Daphné : un acte d’intimidation avant tout Les huit axes du nouveau plan d’action sur le terrorisme (blog) Le HMS Echo revient dans l’opération Sophia Le réseau Atlas des forces spéciales (fiche) Une nouvelle stratégie de l’UE pour l’Afghanistan adoptée Les 28 unis […]

PESCO : l’Allemagne souscrit officiellement

Wed, 18/10/2017 - 17:05
(B2) Le cabinet du gouvernement fédéral allemand a adopté, ce mercredi (18 octobre), très officiellement la participation de l'Allemagne à la future coopération structurée permanente. L'objectif est désormais d'avoir une notification commune pouvant être officialisée lors de la réunion "jumbo" (commune) des ministres des Affaires étrangères et de la défense, le 13 novembre à Bruxelles. […]

L’assassinat de Daphné : un vrai acte d’intimidation également

Wed, 18/10/2017 - 16:00

(B2) L’assassinat de la blogueuse maltaise Daphné Caruana Galizia décédée dans l’explosion de sa voiture à Malte (blog) interpelle. Cette journaliste avait un talent, débusquer les affaires, être le poil à gratter notamment du gouvernement maltais actuel dirigé par Joseph Muscat, dont elle estimait qu’il était corrompu (sa femme pouvant être impliquée dans des transferts d’argent avec l’Azerbaïdjan), tout comme son chef de cabinet, roué aux basses œuvres. Nous avions eu l’occasion d’échanger, à une ou deux reprises, notamment sur l’affaire Dalli. Et, au-delà de l’émotion personnelle ou professionnelle, il y vraiment matière à s’interroger…

Un acte d’intimidation avant tout

Il y a eu rarement des assassinats en Europe (1). Le dernier en date ne concernait pas un pays de l’Union européenne, mais Anna Politkovskaya en Russie (2). On peut remarquer, ici, qu’il ne s’agit pas d’un « simple » assassinat. Les auteurs du crime ont tenu à ce que cet acte soit aussi démonstratif que possible. Faire exploser une voiture est un moyen de tuer mais aussi un acte très clair d’intimidation. Le message est à destination de toute la presse : arrêtez d’enquêter sur certains faits.

Une certaine prudence de la Commission

Face à cela, on peut trouver que la Commission européenne a réagi avec une prudence, et un message très convenu, qui semblent décalés par rapport à l’évènement. « C’est un acte horrible. Un évènement tragique qui doit faire l’objet d’une enquête. Nous souhaitons que justice soit faite » a seulement souligné mardi (17 octobre) le porte-parole en chef de la Commission, Margaritis Schinas. Celui-ci n’a pas voulu répondre sur une possible mise en cause de Malte au titre de l’état de droit, rejetant indirectement cette hypothèse. Et, interrogé sur un entretien spécifique de Jean-Claude Juncker, ajoutant : « Le président (Juncker) connait tout le monde, et est en contact permanent avec tout le monde, et n’a pas besoin d’occasions particulières » [pour discuter de certaines personnes]. Il « a toutes les informations dont il a besoin. »

Un peu court pour ce qui concerne tout de même un État membre de l’Union européenne, dont on se demande s’il est encore un État de droit ou un simple État mafieux…

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : des spécialistes néerlandais de la police scientifique sont arrivés à Malte, mardi, pour aider la police maltaise à enquêter. Des spécialistes du FBI en électronique sont également attendus, jeudi, pour aider à l’analyse de divers équipements, notamment l’ordinateur de la journaliste retrouvée dans la voiture calcinée, selon Malta today.

(1) Plusieurs journalistes ont été, dans les années 2000 ciblés par l’organisation séparatiste basque ETA qui a ainsi tué José Luis Lopes de La Calle (dans une attaque au cocktail molotov contre son domicile), et tenté de le faire, lors d’un attentat contre Gorka Landaburu.

(2) Lire aussi :

A l’initiative du président du Conseil européen, une minute de silence a été observée lors de la conférence de presse du sommet des partenaires sociaux (crédit : Conseil européen)

(Mis à jour avec l’ajout de la photo de la minute de silence et les éléments sur l’assistance policière)

Les huit axes du nouveau plan d’action sur le terrorisme

Wed, 18/10/2017 - 14:55
(B2) Le commissaire européen Julian King a annoncé, ce mercredi (18 octobre), un nouveau plan d'action sur le terrorisme, centré essentiellement sur la protection des espaces publics, mais sur la menace CBRN. « Le risque zéro face au terrorisme n'existe pas malheureusement » a indiqué le commissaire chargé de l'Union de la sécurité. « Les […]

Le HMS Echo revient dans l’opération Sophia

Wed, 18/10/2017 - 10:47

(B2) Le navire britannique HMS Echo (H 87) revient en Méditerranée dans le cadre de l’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia. Il « va bientôt reprendre son travail pour identifier et perturber les trafiquants d’êtres humains le long de la côte nord-africaine » a confirmé l’admiral Philip Jones, le First Lord of Sea, le chef de la marine britannique (1).

Ce navire de surveillance hydrographique, bourré de moyens de surveillance électronique, avait déjà été engagé en début d’année 2017, tout comme son sister ship, le HMS Enterprise (H-88), l’avait été auparavant, dès le début de l’opération à l’automne 2015 (Lire : Quels sont les moyens de l’opération Sophia (EUNAVFOR Med) dans sa phase 2 ?).

Des moyens très utiles pour repérer les trafics d’armes ou d’êtres humains, assurer la « surveillance » des garde-côtes libyens comme de veiller aux différents mouvements de navires de marine étrangère qui traînent dans les parages.

Cet engagement est aussi le symbole très concret que les Britanniques veulent rester engagés, plus que jamais, dans les missions et opérations de la politique de sécurité et de défense commune (Lire : Défense. Londres propose à l’UE un partenariat stratégique approfondi. Pas d’exit pour la PESC ?).

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Un homme bien connu des lecteurs de B2 pour avoir été le premier commandant de l’opération maritime anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta). Lire : Philip Jones (UK), chef de l’opération antipirates EUNAV Somalie

 

Le réseau Atlas des forces spéciales (fiche)

Wed, 18/10/2017 - 01:28
(B2) Créée en 2002, après les attentats du 11 septembre 2001, le réseau Atlas est une structure de coopération informelle qui regroupe les unités de police spéciales, chargées de la lutte contre le terrorisme, des États membres de l’Union. Il est financé et soutenu par la Commission européenne. Tous ensemble pour vous protéger Le nom du réseau […]

Une nouvelle stratégie de l’UE pour l’Afghanistan adoptée

Mon, 16/10/2017 - 22:00
(B2) Le Conseil des ministres des Affaires étrangères a adopté, ce lundi 16 octobre, sans vraiment de débat une nouvelle stratégie de l'UE pour l'Afghanistan, telle que l'avait présentée Federica Mogherini en juillet dernier (lire: L’UE définit les éléments de sa nouvelle stratégie pour l’Afghanistan). Le Conseil des Affaires étrangères « souscrit » aux quatre objectifs […]

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