(B2) Chef du commandement médical européen, mis en place en 2018 dans le cadre de la coopération structurée permanente (PESCO), pour coordonner les efforts des services médicaux militaires en cas d’opération de l’UE ou de l’OTAN, le Dr Stefan Kowitz, a livré, début mars, juste avant le début de la pandémie du coronavirus, un point de vue intéressant, tirant les leçons de la crise précédente, celle d’Ebola.
Une réponse rapide
La première leçon « la leçon la plus importante à tirer de la crise d’Ebola : plus la réponse est rapide avec toutes les ressources disponibles, mieux une telle épidémie peut être contenue. ». Cette remarque ne s’applique « pas seulement à une épidémie d’Ebola » dit notre docteur.
Et trois méthodes
Pour réduire l’épidémie, il faut trois éléments dit notre général de brigade : « 1. l’isolement des patients infectieux du reste de la population, 2. la possibilité d’un diagnostic rapide, 3. un nombre suffisant d’installations de traitement » C’est « la base de toute lutte contre les maladies infectieuses ».
Commentaire : une règle pas suivie partout
Un point de vue qui n’est pas anarchiste ni dogmatique. La plupart des médecins spécialistes des épidémies le disent. Malheureusement, même après l’arrivée de l’épidémie en Italie, la plupart des pays européens (France, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni) n’ont pas tenu cette règle de conduite primaire. Résultat : l’épidémie galope au rythme de plusieurs milliers de morts par jour dans toute l’Europe.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Pour le Haut représentant de l’Union chargé des affaires étrangères, en arrière-plan se tisse une vraie bataille stratégique, celle de la communication et de la lutte d’influence. L’Europe doit réagir
Ce texte a été publié sur le blog officiel du Haut représentant entre 23 mars et le 2 avril 2020, sur le site du SEAE dans plusieurs langues. Il donne un message d’optimisme, à un moment où l’épidémie de coronavirus était au plus fort en Europe, et anticipe les étapes à suivre mais traduit bien l’état d’esprit. Titres et intertitres sont de la rédaction
Un remodelage du monde en cours
« La pandémie de Covid-19 va remodeler notre monde » écrit le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. « Nous ne savons pas encore quand la crise prendra fin. Il ne fait toutefois aucun doute que, lorsqu’elle s’achèvera, notre monde sera très différent. »
Pas une guerre, mais une solidarité déterminante
Pour le chef de la diplomatique européenne, « la crise provoquée par la Covid-19 n’est pas une guerre, mais elle y ressemble en ce sens qu’elle nécessite la mobilisation et l’affectation de ressources à des niveaux sans précédent. La solidarité entre les pays et la volonté de faire des sacrifices pour le bien commun sont déterminantes. […] Et l’Union européenne a un rôle central à jouer » dans cette bataille.
La logistique et la communication nerfs de la guerre
« Il est dit parfois que les guerres ne se remportent pas par la tactique ni même par la stratégie, mais par la logistique et les communications. Il semble que cela soit également vrai pour le Covid-19 : celui qui organisera le mieux sa réaction en réponse à la crise, en tirant rapidement les enseignements issus du monde entier et en communiquant efficacement avec les citoyens et le reste du monde, en ressortira le plus fort. »
Une bataille de la communication
Engagée avec la Chine…
Pour la voix de l’Europe dans le monde, « une bataille de la communication » s’est bel et bien engagée au niveau mondial, « dans laquelle le choix du bon moment est essentiel ». Il met en cause « des responsables politiques chinois » qui ont « dissimulé […] des informations cruciales », notamment l’ampleur de la crise dans la province de Hubei. À ce moment-là, l’Europe a envoyé de nombreux équipements médicaux pour aider les autorités chinoises « dépassées par les événements ». Avec une certaine discrétion. Ce qui ne semble pas être le cas de la Chine, qui ayant récupéré de la crise « envoie maintenant des équipements et des médecins en Europe, tout comme d’autres) » mais accompagnée d’une campagne de communication. « La Chine cherche à tout prix à faire passer le message selon lequel, contrairement aux États-Unis, elle est un partenaire responsable et fiable. »
… et avec la Russie, une lutte d’influence réelle
Dans cette « bataille de la communication », d’autres phénomènes ont été observés, notamment « des tentatives visant à discréditer l’UE en tant que telle et certains cas où les Européens ont été stigmatisés comme s’ils étaient tous porteurs du virus ». Sans le dire Josep Borrell vise la Russie en particulier. « Nous devons être conscients qu’il existe une composante géopolitique caractérisée notamment par une lutte d’influence menée au moyen du façonnage d’image et de la « politique de la générosité’. Armés de faits, nous devons défendre l’Europe contre ses détracteurs. »
… au sein même de l’Europe
Cette bataille de la communication fait aussi rage « au sein de l’Europe ». Il est « essentiel que l’Union européenne montre qu’elle est une Union qui protège et que la solidarité n’est pas un vain mot ». C’est le principe des vagues d’assaut qu’il prend pour exemple : « Après la première vague au cours de laquelle les autorités nationales ont joué un rôle central, l’Union européenne arrive maintenant sur le devant de la scène en mettant en œuvre des actions conjointes dans tous les domaines dans lesquels les États membres lui ont donné les moyens d’agir : la passation conjointe de marchés pour la fourniture d’équipements médicaux essentiels, des incitations économiques conjointes et un assouplissement nécessaire des règles budgétaires et des règles relatives aux aides d’État. » comme le rapatriement des Européens (1).
L’Union doit être au centre du combat
Réprimer la tentation du chacun pour soi
Dans une crise, « l’instinct de l’être humain consiste souvent à se replier sur soi, à fermer les frontières et à privilégier le « chacun pour soi ». Bien que cette attitude soit compréhensible, elle est contre-productive. La crise provoquée par le Covid-19 ne peut être résolue à l’intérieur d’un seul pays, ou en faisant cavalier seul. […] Une pandémie mondiale nécessite des solutions mondiales et l’Union européenne doit être au centre de la lutte. […]L’heure est à la solidarité et à la coopération, et non au rejet de la responsabilité sur les autres, ce qui ne soignera pas une seule personne infectée. »
Aide l’Afrique et desserrer l’étau des sanctions
« Si les besoins sont importants à l’intérieur de l’Union européenne, celle-ci devrait également être prête à aider d’autres pays en situation de fragilité qui risquent d’être dépassés » explique-t-il visant l’Afrique en particulier. « Ailleurs, des pays comme le Venezuela ou l’Iran pourraient bien s’effondrer sans notre soutien. Cela signifie que nous devons faire en sorte qu’ils aient accès à l’aide du FMI (Fonds monétaire international). En ce qui concerne l’Iran, nous devons veiller à ce que les échanges commerciaux légitimes à des fins humanitaires puissent être effectués malgré les sanctions imposées par les États-Unis. »
Des tensions géopolitiques croissantes
Enfin, le haut représentant avertit : il faut « garder à l’esprit qu’aucun des autres problèmes sur lesquels nous nous concentrions avant la crise du coronavirus n’a disparu. À vrai dire, ils pourraient s’aggraver. Le Covid-19 pourrait exacerber certains conflits déjà plus anciens dans le voisinage. En ce qui concerne l’Europe, nous devions déjà naviguer dans un monde caractérisé par des tensions géopolitiques croissantes, en particulier entre les États-Unis et la Chine. Ici aussi, le risque est que le Covid-19 exacerbe les tendances préexistantes. »
(texte sélectionné par AP et NGV)
Télécharger le texte complet en FR et ENG
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(B2) Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a livré samedi (11 avril) depuis le château de Bellevue, la résidence présidentielle, un discours de Pâques empli de responsabilité et d’empathie. J’ai sélectionné trois extraits. A lire
La société vulnérable
« La pandémie nous montre. Oui, nous sommes vulnérables. Peut-être pensons-nous depuis trop longtemps que nous sommes invulnérables, que nous ne pouvons aller plus vite, plus haut, plus loin. Mais c’était une erreur. La crise ne nous montre pas seulement [cela]. Elle nous montre aussi à quel point nous sommes forts! Sur quoi nous pouvons bâtir! »
Ce n’est pas une guerre, mais un test de l’humanité
« Non, cette pandémie n’est pas une guerre. Les nations ne sont pas contre les nations, les soldats ne sont pas contre les soldats. C’est un test de notre humanité. Il évoque le pire et le meilleur des gens. Montrons-nous le meilleur de nous-mêmes! Et montrons-le aussi en Europe! »
La solidarité n’est pas une possibilité, c’est une obligation
« L’Allemagne ne peut sortir de la crise forte et saine que si ses voisins deviennent également forts et sains. […] Trente ans après l’unité allemande, 75 ans après la fin de la guerre, nous, Allemands, ne sommes pas seulement appelés à la solidarité en Europe. Nous y sommes obligés! »
Commentaire : le ton juste
Que dire de plus. Pas grand chose. L’ancien chef de la diplomatie allemande, proche de Gerhard Schröder, a trouvé le ton juste. Ni larmoyant ni guerrier, il reconnait la gravité de la situation, des erreurs, et appelle chacun à être plus dynamique, plus entreprenant. En faisant de la solidarité, une obligation historique au même titre que celle de 1945 ou de 1989, il ferme la porte à toute tentation du repli sur soi. C’est un grand discours, un discours comme on aimerait que certains dirigeants européens et français tiennent.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Qui est Steinmeier ?
Originaire de Rhénanie du Nord, social-démocrate jusqu’au bout des ongles, Frank-Walter Steinmeier incarne la tendance centriste du SPD allemand. Chef de cabinet à partir de 1993 de Gerhard Schröder, alors ministre-président du Land de Basse-Saxe, il l’accompagne dans sa marche vers le pouvoir. En 1998 il devient ainsi le délégué du gouvernement (= chef politique) des services de renseignement puis son directeur de la chancellerie, durant six ans (de 1999 à 2005). C’est un des artisans de la réforme des systèmes de santé mis en place au début 2000 (système plutôt efficace).
Il a ensuite été ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel à deux reprises de 2005 à 2009 et de fin 2013 à début 2017. En 2009, il est cité, un moment, comme un possible haut représentant de l’Union (lire : Le groupe socialiste et démocrate veut un Haut représentant, socialiste). Il n’hésite pas alors à s’adresser au président américain B. Obama pour réclamer une remise à plat de l’OTAN (lire : Steinmeier à Obama (usa): « une nouvelle orientation » pour l’Otan). En mars 2017, il est élu président de la RFA, fonction surtout symbolique, mais qui revêt en Allemagne une haute autorité morale car se situant au-dessus des partis.
Télécharger le discours (en allemand) * traduction non officielle
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(B2) L’ancien haut représentant de l’UE et ancien secrétaire général de l’OTAN, l’Espagnol Javier Solana est sorti jeudi (9 avril) de l’hôpital de Madrid où il avait admis il y a un mois pour un coronavirus ‘carabiné’. Sur ses deux pieds
De son séjour, celui qui est âgé de 77 ans ne nous dit pas grand chose si ce n’est un grand remerciement. Après « quatre semaines et demi d’hospitalisation, je rentre chez moi et je veux montrer publiquement mon admiration pour l’équipe qui m’a soigné : médecins, infirmières et gardiens. De grands professionnels. Et ils m’ont donné une grande leçon de responsabilité et de dévouement. Je ne vous oublierai pas ! ».
Une maladie dont il faut être conscient qu’on s’en sort
Ce qu’il ne dit pas trop, c’est qu’il a été à deux doigt d’y passer. Emmené en soins intensifs, placé sous oxygène, il n’a dû sa survie qu’à sa force de caractère (nous gratifiant au passage d’un selfie avec le masque à O2), au personnel soignant et au service public auquel il dit merci. « J’étais dans toutes les statistiques pour mal finir : j’ai plus de 75 ans et autre chose, mais il ne faut pas venir (à l’hôpital) en pensant qu’on y va, mais être conscient qu’on en sort » a-t-il confié à sa sortie au quotidien Voz populi. Son voisin de chambre n’a pas eu sa chance.
Modestie et ironie
À B2 nous sommes heureux et retrouvons ainsi celui qui reste le premier Haut représentant (et le seul) jusqu’ici avec une stature et une expérience, accompagné de la modestie qui sied à cette fonction. Quand il y avait un succès ce n’était jamais grâce à lui, mais à tous les autres, à ses équipes. Il le prouve encore aujourd’hui. Un homme qui a gardé tout son ironie, celle qui nous faisait toujours sourire, malgré tout. Il y a quelques heures, il confiait sur twitter, son mode d’expression favori. « C’est impressionnant que 500 morts soit une bonne nouvelle. Le chiffre le plus bas de ces derniers jours !! ».
Javier ! Nous sommes très contents aujourd’hui que vous soyez revenus dans vos ‘pénates’.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) De 40 cas suspects mercredi, on est passé ce vendredi (10 avril) à 50 cas confirmés au coronavirus sur le porte-avions français Charles-de-Gaulle
Un communiqué de l’état-major français des armées l’a confirmé ce vendredi un peu avant midi. Il y a bel et bien des cas avérés à bord du porte-avions phare de la marine française. « Sur 66 tests réalisés, la présence de 50 cas positifs au Covid-19 » à bord est confirmée.
Une équipe médicale arrivée
Une équipe médicale était arrivée par voie aérienne sur le porte-avions mercredi (8 avril) dans l’après-midi. Composée de deux médecins épidémiologistes, d’un expert en biosécurité ainsi que d’un médecin en charge des prélèvements. Celui-ci a quitté le porte-avions dans la soirée du 8 avril avec les prélèvements, aux fins d’analyse. Les trois autres médecins sont restés à bord afin de réaliser une enquête épidémiologique. L’objectif est d’identifier le circuit de contamination et d’appuyer le protocole permettant de limiter la propagation du virus.
Pas d’état grave ?
Aucune aggravation de l’état de santé des marins à bord n’est constatée à l’heure actuelle. Mais, trois marins ont été évacués à titre préventif jeudi (9 avril) au matin, par un hélicoptère NH90 Caïman Marine, vers l’aéroport de Lisbonne, au Portugal. Là, ils ont été pris en charge par un avion Falcon 900 médicalisé avec à son bord deux médecins et un infirmier et transférés à l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne, à Toulon.
(NGV)
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(B2 – exclusif) La présence de 50 cas positifs sur le porte-avions français Charles-de-Gaulle interpelle d’autant qu’un seul cas avéré a été détecté pour l’instant au sein de la frégate belge Leopold Ier. Est-ce la chance ou la Belgique a-t-elle fait le bon choix tactique, en interrompant la mission, termes sanitaires
Le Leopold Ier à quai le 27 mars (crédit : MOD Belgique / marine)Voici les éléments rassemblés, à bonne source, sur l’évolution de la frégate belge Leopold Ier (F-930), qui participait à la task force 473 autour du porte-avions français Charles-de-Gaulle (R-91), après la découverte d’un cas suspect (confirmé) entretemps de coronavirus dans la frégate belge. À compléter le cas échéant ultérieurement.
La frégate belge avait-elle fait escale à Brest et les marins ont-ils pu quitter le bord ?
Oui, Comme tout le groupe aéronaval, l’équipage belge a pu quitter le bord lors de l’escale de Brest (13 au 16 mars). Mais avec des consignes qui dépendaient de la situation locale « prévue à ce moment ». Parmi les consignes deux essentielles : éviter « certaines zones (la zone des prostituées ?) et « se laver assez fréquemment les mains ». Le dimanche (15 mars), quand la ville est passée en ‘lock down’, les marins ont fait retour à bord. Le Léopold I a quitté Brest, le lendemain lundi (16 mars).
Que s’est-il passé quand un cas de coronavirus a été connu ? L’état-major français a-t-il été prévenu ?
Le marin présentant des signes suspects caractérisés a été évacué de la frégate belge dès le 20 mars. Dès confirmation que le test était positif au coronavirus, (NB : le 24 mars), ordre a été donné de préparer le retour en Belgique. L’état-major (français) du groupe aéronaval a été alors prévenu.
NB : On ne peut pas imaginer, connaissant la chaîne hiérarchique impeccable en cours au sein de l’armée française et la valeur stratégique et symbolique du Charles-de-Gaulle, que cette information ne soit pas remontée rapidement (voire immédiatement) à l’état-major de la marine, l’état-major des armées, voire au cabinet de la ministre et au cabinet militaire particulier du président de la république. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’autre réaction côté français. Mystère…
Qu’est-il advenu de l’équipage belge ?
La frégate belge est arrivée le 27 mars à 9h20 à sa base de Zeebruges/Zeebrugge. Là l’équipage a été accueilli par la chaine médicale. Ensuite, tout le le monde a été mis en quarantaine pour une période de 14 jours (durée d’observation standard), afin d’éviter au maximum des contaminations supplémentaires dans la population, soit à domicile, soit à la caserne. Pour les militaires, avec de la famille chez eux « qui font partie du groupe à risque » (personnes plus âgées, ou souffrant de défaillances pulmonaires), la Défense a prévu une mise en quarantaine dans une installation militaire (école militaire). Chaque marin a reçu un package d’information, des consignes à suivre et des coordonnées de contact, et est suivi de près, médicalement et psychologiquement, durant toute cette période, m’assure-t-on.
Y-a-t-il d’autres cas connus ?
Aucun autre cas n’a été détecté pour l’instant (8 avril), selon une source officielle, soit près de 14 jours après la découverte d’un cas suspect (20 mars).
Au final ? quelle tactique au plan sanitaire était la meilleure
Une question qu’on peut poser autant au niveau sanitaire qu’opérationnel. Coté sanitaire : 40 suspects sur le ‘Charles’, 1 cas suspect (confirmé entretemps) sur le ‘Leopold Ier’ et pas d’autre cas suspect. Au niveau opérationnel, côté belge, la frégate est au port, la quarantaine est quasi terminée. Et (en pure théorie), elle pourrait de nouveau être opérationnelle. Côté français, le porte-avions n’est toujours pas au port, la quarantaine n’est pas terminée. Le porte-avions serait donc inopérationnel (toujours en théorie) durant au moins une bonne quinzaine de jours…
(Nicolas Gros-Verheyde)
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Cet article Covid-19. La Belgique a-t-elle fait le bon choix en interrompant la mission Foch à temps est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2 – exclusif) La déclaration solennelle de mise en place de la task force Takuba publié fin mars par Florence Parly, la ministre française des Armées, en pleine crise de coronavirus, a commis un (petit) impair : la participation des Tchèques
Ce n’est pas très grave en soi. Cela n’a pas suscité de hauts cris diplomatiques. Mais c’est gênant envers un pays qui se montre un ‘bon élève’ de la classe européenne en matière d’engagement au Sahel et de solidarité.
La bonne volonté tchèque
Le gouvernement de Prague, avec celui de Tallinn (Estonie), avait pourtant été un des premiers à indiquer sa volonté de participer à cette action des forces spéciales, complément de l’opération Barkhane, dans le Liptako-Gourma, aux confluents des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso). Ce dès novembre 2019 ! (lire : Plusieurs pays européens s’engagent ou songent à s’engager au Mali opération Takuba). Et cette contribution ne s’est pas dédite, contrairement à certaines promesses (telles la Norvège).
Une contribution notable en attente de l’aval parlementaire
Le ministre tchèque de la Défense Lubomír Metnar avait ainsi confirmé, lors de la réunion tenue par video-conférence de l’initiative européenne d’intervention, le 27 mars « l’approbation de la proposition d’envoyer des troupes tchèques à la Force opérationnelle Takuba par le gouvernement de la République tchèque ». Seule réserve, tout comme les Suédois, la participation tchèque reste soumise à une formalité nécessaire : le consentement des élus nationaux. Là encore c’est de notoriété publique (du moins quand on comprend le tchèque). « Cette proposition [est soumise] au Parlement, dont le consentement est nécessaire pour l’envoi de soldats tchèques » a expliqué le ministre Melnar.
La volonté de stabiliser la région sahélienne
Il faut « inverser les développements négatifs actuels et supprimer les causes de l’instabilité au Mali et au Sahel en adoptant des mesures vigoureuses de façon unifiée » a ajouté Prague rejoignant ainsi le texte de la déclaration finale.
Une présence déjà affirmée à Bamako
Précisons que le Mali n’est pas une totale nouveauté pour les Tchèques. Leurs forces ont assuré, depuis quasiment le début, la ‘force protection’ de la mission européenne de formation de l’UE (EUTM Mali), au quartier général de Bamako en particulier, ou lors des escortes de ViP. Avec efficacité, fermeté… tout en gardant le sourire. Et ils vont prendre le commandement de la mission relayant les Portugais dans la seconde partie de l’année (lire : Les Tchèques vont prendre le commandement de la mission EUTM Mali).
Commentaire : un juste retour des choses
Il est étonnant de voir mentionner la Suède (qui est plutôt un traine-la-patte en matière de défense européenne) et pas la république Tchèque, qui sont au même point d’avancée (lire : Lire : La task-force Takuba est créée. Une déclaration signée à onze. Quelques-uns s’engagent plus).
Il est étonnant que, plusieurs jours après, alors que cet oubli est connu, aucune modification n’ait été faite. S’il s’était agi du Royaume-Uni ou de l’Allemagne, la rectification aurait été faite dans l’heure, avec un communiqué envoyé à toute la presse.
extrait du communiqué publié le 27 mars 2020 – toujours inchangéUn oubli inexplicable d’autant plus que le gouvernement de Prague est dirigé par un membre des libéraux et démocrates européens, tout comme Emmanuel Macron. Ou alors l’explication est politique : on estime peut-être que la promiscuité avec un certain Andrej Babiš, premier ministre au tempérament de feu, plus proche dans l’esprit de Viktor Orban, fait tâche.
On dénonce souvent l’absence de solidarité des pays d’Europe centrale et orientale en matière de défense et de leur atlantisme à outrance. C’est parfois vrai, parfois non. L’esprit européen de ces pays est souvent oublié (cf. encadré 1), particulièrement en France, où les commentateurs adorent montrer du doigt ces ‘vilains’ de l’Est pas solidaires que les féliciter. Il faut rétablir un certain équilibre.
Au lieu de vilipender sans cesse, nous devrions plutôt nous inspirer. Ce qui se fait aujourd’hui dans les pays de l’Est n’est pas idiot : la réaction, rapide, des autorités locales en matière de lutte contre le Covid-19 a sans doute évité certains dégâts (cf. encadré 2). Mettons de côté notre côté fanfaron — du genre ‘nous sommes les meilleurs (pour la santé, le système politique, la défense, etc.) —, soyons plus à l’écoute des autres Européens et profitons de leur expérience.
(Nicolas Gros-Verheyde)
1. Une certaine solidarité européenne, trois exemples
En matière d’équipement, alors que plusieurs pays de l’Est européen achètent en majorité de l’équipement US (par exemple la Pologne ou la Roumanie), l’un d’entre d’eux se détache particulièrement, la Hongrie de Viktor Orban (Fidesz/Chrétiens-Démocrates) qui achète régulièrement ‘européen’ (lire : La Hongrie fait ses emplettes chez Airbus et KMW). Pour l’opération Irini, le premier pays à avoir annoncé une contribution publique réelle… c’est la Pologne de Andrej Duda (Pis/Conservateurs) (lire : L’opération EUNAVFOR Med Irini sans navires, pour l’instant. La génération de forces se poursuit). Et la Roumanie de Ludovic Orban (PNL/Libéraux-centristes) est un des seuls pays européens à avoir accepter d’envoyer (ces jours-ci) une équipe de 11 médecins et infirmiers dans le nord de l’Italie en renfort dans la lutte contre le coronavirus (lire ici). La réalité est donc plus contrastée qu’on veut bien le dire.
2. L’exemple vient de l’Est
On peut noter l’extrême promptitude de réaction tchèque en matière de lutte contre le coronavirus avec à la clé fermeture des frontières (ce qu’a fait tout le monde ensuite), achat massif de masques et recours à l’armée (lire : Prague organise un pont aérien pour rapatrier masques et respirateurs de Chine). Alors que la France vrombit au son de la guerre (cf. discours Emmanuel Macron), mais tergiverse encore l’utilisation massive des masques et le recours à l’armée, la république Tchèque n’hésite pas, elle déclenche un pont aérien. Résultat : le premier avion gros porteur de type Antonov se pose à Prague le 23 mars. Il faudra une semaine exactement (le 30 mars) pour avoir le même effet à Paris ! Ce alors que la crise du coronavirus est plus forte en France qu’en Tchéquie. Si le gouvernement d’Edouard Philippe avait été plus rapide, quelques vies supplémentaires auraient sans doute pu être sauvées (surtout du côté du personnel soignant).
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(B2) Dans le Grand Nord, la Russie a une ambition : « reconquérir l’Arctique ». Une militarisation forte de la région qui ne se fera qu’au travers d’un investissement conséquent, et au détriment de ses relations avec les pays occidentaux, note l’Institut français des relations internationales
Alors que la pandémie de Coronavirus occupe toute l’attention, B2 (tente) de tenir son engagement : garder un œil sur les zone de tensions les plus brûlantes du globe qui resurgiront dès la crise passée car elles sont structurantes.
L’Arctique, bastion de la souveraineté de la Russie
La stratégie actuelle de Moscou en Arctique suit trois objectifs, selon Marlène Laruelle (IFRI) *. Premièrement, sur la scène internationale, cette zone représentante « un lieu pour réaffirmer son prestige et son statut de grande puissance », mettant en avant le dialogue et la coopération internationale plutôt que l’affrontement. De plus, pour sa sécurité, la Russie veut « réaffirmer sa souveraineté territoriale » en « sécurisant » les voies de transport et « se préparant aux menaces potentielles pour sa souveraineté ». Par ailleurs la Russie veut relancer l’économie dans le Grand Nord, qui représente 11% de son PIB.
Une forte remilitarisation de l’Arctique
Moscou a beaucoup investi dans la militarisation de la région depuis 2007. Moscou y abrite aujourd’hui les deux tiers de son armement nucléaire, et la péninsule de Kola à elle seule héberge la plupart de ses navires de lancement de missiles balistiques nucléaires (SSBN), ainsi que son arsenal anti-aérien et anti-navire. Depuis 2015, des avions intercepteurs MiG-31 et des bombardiers tactiques Su-34 sont positionnés et « rendent les côtes américaines plus accessibles » à la Russie. En parallèle, des bombardiers stratégiques patouillent également à nouveau les frontières avec l’OTAN.
Depuis 2014, c’est une quinzaine de bases aériennes qui ont été rouvertes, dont trois sont équipées de missiles à longue, moyenne et courte portée. La flotte du Nord, elle, a été non seulement renforcée de plusieurs navires, mais la Russie a également prévu d’y ajouter un véhicule sous-marin nucléaire non-habité (UUV) Poséidon, et des missiles antinavires hypersoniques Tsirkon. En plus, le dernier programme d’armement prévoit de développer de nouveaux systèmes de missiles adaptés à l’Arctique.
… pour protéger les intérêts nationaux
En 2014, la doctrine militaire de la Russie mentionne explicitement « la protection des intérêts nationaux dans l’Arctique comme l’une des priorités » des forces armées russes. Et pour mener sa politique ambitieuse, le ministère de la Défense aurait mis en place un « commandement stratégique unifié du Nord », l’année dernière.
Budget vs. Puissance
Malgré la stagnation de l’économie russe, les investissements sont nombreux, et pas que du côté de la défense. Cela « implique des investissements humains et financiers que [la Russie] ne peut assumer pleinement dans les conditions sociales et budgétaires actuelles ». Toutefois, l’Arctique présente un exemple concret de « la résilience des politiques publiques russes dans des domaines jugés stratégiques ». Les fonds sont « limités, mais donc sont soigneusement ciblés dans des secteurs considérés comme cruciaux pour la capacité de la Russie à affirmer sa puissance ». En défense, la marine russe, elle, est « le grand perdant », avec des fonds insuffisants pour renouveler les bâtiments. Reste à voir jusqu’où ce budget est extensible (1).
Un succès certain
La remilitarisation de la frontière arctique est un « succès ». En dix ans, le géant russe « a réussi » à y établir une présence militaire et paramilitaire. En parallèle, la flotte du Nord se modernise. Ce malgré les conditions extrêmes, les budgets réduits et les « dysfonctionnements typiques du secteur militaire russe », soit les retards de production, la corruption et la qualité parfois pauvre des produits.
… au détriment des relations internationales
Ce succès a pourtant eu un revers sur la scène internationale : il s’est fait « au prix d’une aggravation des tensions avec les pays occidentaux », à noter que « cela est dû davantage à un contexte général extrêmement dégradé plutôt qu’à la situation spécifique de l’Arctique ». La nouvelle carte qui se dessine dans la région crée des incertitudes, selon comment les acteurs feront face aux potentielles escalades et sauront garder un climat de confiance dans la région.
Une activité offensive ou défensive ?
Le dispositif militaire régional mis en place par Moscou est plus défensif qu’offensif, étant donné la façon dont il est construit, note l’IFRI. Notamment, la reconstruction des capacités arctiques reste sur le territoire russe. Malgré tout, sa stratégie présente des risques de tensions, car ses mesures visent également à « dissuader les influences potentielles des voisins de l’OTAN », et « dans le contexte actuel, peuvent être interprétées comme étant plus offensives ». Un point sans doute remarqué derrière les frontières de l’Alliance, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou (Sergey Shoigu) reconnaissant que la compétition dans la région pourrait mener au conflit.
(Aurélie Pugnet)
* Russia’s Arctic PolicyA Power Strategy and Its Limits, Marlène Laruelle, Notes de l’Ifri, Russie.Nei.Visions, n° 117, mars 2020, 32 pages. Télécharger l’étude ici
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Lire dans la série ‘zones de crise’ :
Cet article La stratégie de la Russie en Arctique : une remilitarisation qui coûte cher est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) C’était à Hanoï, mardi (7 avril). Le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères To Anh Dung remet, de façon solennelle aux ambassadeurs de cinq pays européens (France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni) ainsi qu’à celui de l’Union européenne, 550.000 masques antibactériens fabriqués au Vietnam.
(crédit : agence de presse vietnamienne)Un « cadeau du gouvernement et du peuple vietnamiens pour la lutte contre la pandémie de Covid-19 » a déclaré le vice-ministre. Les ambassadeurs ont remercié le pays, de cette aide, ainsi que pour les « services médicaux et les conditions favorables aux citoyens étrangers au Vietnam, notamment le traitement des personnes infectées par le coronavirus » indique l’agence vietnamienne d’information.
Il y a quelques mois, en août dernier, c’était l’Europe qui envoyait de l’aide humanitaire au Vietnam victime des inondations. Maintenant c’est le contraire, pour la première fois dans l’histoire de l’Europe. La roue tourne…
(NGV)
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(B2) À Bruxelles, le Parlement européen va abriter des sans-abris, à Strasbourg, un centre médical de tri. Au Luxembourg, rien n’est encore tranché.
L’entrée du Parlement européen, à Strasbourg (crédit : B2/ES, février 2020)On aurait pu croire à un autre poisson d’avril, juste après le notre sur le Berlaymont transformé en hôpital de campagne Rôle 3… D’autant que l’information a été diffusée plutôt discrètement, par voie de twitter le 1er avril et via une dépêche de l’agence Belga. Mais elle s’avère très sérieuse : le Parlement européen met à disposition ses bâtiments à Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg, ainsi que sa flotte de moyens de transport pour participer à l’effort contre la pandémie du Corinavirus. La proposition a été étudiée tout aussi sérieusement par les autorités locales. A commencer par la France.
Un centre médical à Strasbourg
Dans la capitale alsacienne, le siège du Parlement européen va servir de centre de triage et de dépistage du Covid-19. Le virus a particulièrement touché cette région du Grand Est où siège le Parlement européen pour ses plénières. L’information, annoncée par la secrétaire d’État (française) aux affaires européennes, Amélie de Montchalin, lundi soir (6 avril), nous a été confirmée ce mardi (7 avril). La préfecture du Bas-Rhin, en relation avec l’Agence régionale de santé du Grand Est, est en charge de l’organisation.
Une cantine à Bruxelles
À Bruxelles, en plein centre du quartier européen, deux étages et la cantine (avec cuisine) de l’immeuble du Square de Meeûs vont héberger des personnes-sans-abris. « Les cuisines prépareront 1000 repas à distribuer aux personnes dans le besoin et aux travailleurs de la santé pour les aider dans leur travail » précise le président du Parlement européen, David Sassoli, dans un message vidéo mis en ligne mercredi après-midi (8 avril).
Qui pour conduire les voitures ?
Le Parlement européen a également offert de mettre à disposition une centaine de voitures de services et de camion pour le transport de nourriture ou de médicaments. A Strasbourg, ces véhicules pourraient être utilisés pour amener à domicile le personnel des hôpitaux, dans la nuit. Mais il faut résoudre leur acheminement depuis Bruxelles…
(ES)
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(B2) Le groupe aéronaval français abrège son opération. Une quarantaine de marins présente les symptômes du coronavirus. De quoi doucher le message officiel de posture opérationnelle ‘inchangée’
40 cas suspects !
« Une quarantaine de marins est aujourd’hui sous observation médicale renforcée, annonce l’état-major des armées (EMA) dans un communiqué. Ils présentent des symptômes compatibles avec une possible infection par le Covid-19. Ces premiers symptômes sont apparus récemment. » (1) Une équipe de dépistage a été déployée à bord du Charles-de-Gaulle (R-91) pour « investiguer sur les cas apparus » et tenter « d’entraver la propagation du virus à bord du navire ».
Retour à Toulon
La décision a été prise d’anticiper le retour de la mission ‘Foch’, qui était prévu initialement au 23 avril (lire : Un groupe aéronaval autour du Charles-de-Gaulle se déploie, avec des Européens, épisodiques). Actuellement au large du Portugal, le seul porte-avion de la marine française et son escorte devraient arriver au port de Toulon d’ici une semaine, selon la marine nationale.
Un premier marin évacué il y a une dizaine de jours
Un premier sous-officier avait été évacué lors d’une escale au Danemark les 29 et 30 mars, parce qu’il présentait des symptômes suspects. Les tests s’étaient cependant avérés négatifs. Copenhague avait notamment fourni un appui logistique à la mission Foch, l’une de ses frégates participant pour la seconde année consécutive à des manœuvres avec le groupe aéronaval.
Un navire potentiel foyer d’infection
Le porte-avions, comme tout navire, est particulièrement propice à la circulation d’une telle épidémie. L’équipage vit par nature dans un confinement total. Le commandant a certes décidé de réduire au maximum les réunions et les rassemblements. Les équipements et espaces communs doivent être nettoyés deux fois par jour. Le porte-avions dispose de tout le matériel médical pour gérer des cas qui, le cas échéant, s’aggraveraient : une salle d’hospitalisation d’une douzaine de lits avec respirateurs et espace d’isolement, ainsi que des hélicoptères pour évacuer des patients.
Commentaire : un coronavirus qui atteint le nerf de la guerre
Cet arrêt du Charles survient après la suspension des opérations en Irak (lire : La France suspend, à son tour, ses opérations en Iraq) et la mise en veille de plusieurs missions et opérations européennes (lire : Les missions militaires de la PSDC continuent, mais à bas régime).
La capacité opérationnelle remise en question
Il y a quelques jours, les autorités françaises affichaient leur confiance. Le 3 avril, ainsi, l’état-major français déclarait à B2 que « l’épidémie n’a pas d’impact conséquent sur la posture opérationnelle maritime », en dehors de quelques escales annulées faute d’accès aux ports. Le lendemain, 4 avril, la ministre des armées Florence Parly enfourchait la même posture, justifiant dans une interview que si 600 cas avaient été repérés dans l’ensemble de l’armée française, cela ne causait aucun problème : « Notre posture opérationnelle n’est pas impactée » affirmait-elle fièrement aux Dernières Nouvelles d’Alsace et quotidiens du groupe Ebra.
De la com’ plutôt que de l’information
Il semble en fait que derrière la bravoure affichée, la réalité soit légèrement différente (lire : Du Sahel aux régiments, l’armée française encaisse des coups face au coronavirus). C’est dommage. Chacun sait qu’en temps de crise, l’opacité d’une communication taiseuse n’a qu’un temps, rien ne vaut l’information, et que celui qui dit franchement les choses gagne sur le long terme (cf. Angela Merkel). La parole de Florence Parly n’est pas digne d’un ministre responsable. Elle risque d’être désormais décrédibilisée, en interne comme externe. Au ministère des Armées, on se montre d’ailleurs bien ennuyé pour communiquer sur ces sujets, face à des journalistes qui sont nombreux à réclamer des réponses : « On n’en sait pas plus. On reçoit les éléments de la voix officielle. » Le risque devient important que plus personne n’accorde sa confiance à cette voix officielle, qui manque clairement de franchise.
(RM et NGV)
Le coronavirus sème la zizanie dans la marine US
La semaine dernière, c’était le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt (CVN-71) qui était confronté à une telle épidémie. Son commandant, le captain (capitaine de vaisseau) Brett Crozier, avait dû pousser la hiérarchie dans ses retranchements en envoyant un appel à l’aide qui a fuité dans la presse, pour forcer l’évacuation des 4800 marins de son bateau à Guam. Le San Francisco Chronicle étant le premier révéler l’affaire. Limogé dans la foulée, l’officier a quitté le bord sous les hourras de son équipage. Le tollé a été tel outre-Atlantique que le ministre délégué à la Marine (secretary) Thomas Modly, acteur de cette mise à pied, a dû remettre sa démission, acceptée par le ministre de la Défense, mardi 7 avril (2). C’est l’actuel sous-secrétaire chargé de l’armée (de terre), Jim McPherson qui le remplace à la marine, a annoncé Mark Esper, le ministre US de la défense.
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(B2 – exclusif) La plupart des missions de l’UE de formation ont cessé toute activité, selon nos informations, du fait de l’épidémie de coronavirus. La situation est suivie de façon quotidienne à Bruxelles pour éviter tout arrêt d’activité
Malgré toutes les mesures prises (cf. encadré), les missions et opérations militaires de la PSDC sont impactées par la crise du coronavirus.
Un impact limité en termes sanitaires
Quatre cas sont aujourd’hui recensés : deux en Bosnie-Herzégovine (opération EUFOR Althea) et un autre au niveau maritime dans le navire-amiral commandant la flotte EUNAVFOR Atalanta dans l’Océan indien, auquel s’est ajouté un militaire testé positif à EUTM Mali. Des « cas isolés », nous assure-t-on, qui ont été identifiés rapidement. Dans les deux premières opérations, les malades ont été évacués et rapatriés dans leur pays d’origine. Au Mali, le « patient a été mis en quarantaine sous surveillance médicale » précise l’officier de communication. Tandis que les membres du personnel en contact avec ces collègues ont été « isolés par précaution ». L’impact sanitaire est (pour l’instant) limité : un peu plus de 1 pour 1000, sur un effectif total d’environ 3000 militaires. Mais en comptant les personnels en contact, cela commence à faire beaucoup. Et cela se ressent sur les activités.
Deux missions pleinement opérationnelles
Au niveau opérationnel, seules deux opérations demeurent pleinement actives : l’opération navale anti-piraterie dans l’Océan indien (EUNAVFOR Atalanta) et l’opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine( EUFOR Althea). « Elles maintiennent un fort niveau de capacité opérationnelle, et nous pouvons dire qu’elles sont 100% actives », a répondu à B2 le Haut représentant de l’Union, Josep Borrell, à l’issue de la réunion des ministres de la Défense, lundi (6 avril). L’opération EUNAVFOR Med Irini en Méditerranée n’a pas réellement commencé.
Formations à l’arrêt en Centrafrique…
Au niveau des missions de formation de type EUTM, le résultat est bien différent. Le nombre de formations a été « réduit en raison des contraintes imposées par les pays hôtes » nous a précisé Josep Borrell. En République centrafricaine, notamment, les soldats européens ont été confinés jusqu’à nouvel ordre. Le ministre centrafricain de la Défense a décidé l’arrêt de toutes les formations, décision prise pour toutes les académies militaires (1). Dans tous les cas, les mesures de précaution, telle la distanciation sociale, empêchent toute formation, nous confie un militaire.
… au Mali (et en Somalie)
Idem au Mali. « Depuis plusieurs semaines maintenant, l’EUTM Mali met en œuvre une série de mesures prudentes d’isolation », affirme ainsi un communiqué de la mission. « En coordination avec les forces armées maliennes et en communication avec les autorités médicales, toutes les activités de formation ont été temporairement suspendues à compter de la semaine dernière. » Mesure de précaution « temporaire et nécessaire », pour assurer aussi bien « la sécurité du personnel des FAMa (les forces armées maliennes), des Maliens locaux et du personnel de l’EUTM Mali ».
Une (petite) activité de conseil malgré tout maintenue
Les missions maintiennent cependant « autant que possible d’autres activités, telles que des activités de conseil », a précisé à B2 Josep Borrell. Elles « s’élargissent même, afin de montrer comment faire face à la pandémie, en utilisant l’expérience que nous avons acquise là-dessus ».
Des missions civiles en mode réduit
Quant aux missions civiles de la PSDC, elles ont également été contraintes de réduire leur niveau d’activités. Ainsi au Niger, la plupart des activités de la mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Niger) ont aussi été arrêtées. 49 experts internationaux ont été rapatriés en Europe, seuls restent sur le terrain 30 experts internationaux et 60 employés nationaux.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des mesures pour contenir la propagation du virus
Les missions et opérations ont pris des « mesures rapides pour atténuer les risques et lutter contre la pandémie de coronavirus. elles restent extrêmement vigilantes », indique-t-on du côté du service diplomatique européen (SEAE). Des protocoles ont été mis en place pour identifier, isoler et tester des malades suspects ainsi que pour le contrôle des entrées et des sorties. Un plan de lutte contre les épidémies a été instauré. Les visites et réunions non essentielles, ainsi que les activités de loisirs à l’extérieur des camps, ont été annulées. Des contrôles quotidiens du personnel sont effectués et des règlements et installations de quarantaine sont en place.
Mis à jour sur la situation en Centrafrique (v2) et au Mali (v3)
Cet article Les missions militaires de la PSDC continuent, mais à bas régime (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Les deux navires déployés dans le golfe arabo-persique, dans le cadre de l’opération EMASOH (alias Agenor et Task Force 474) ont mené le 1er avril un entrainement conjoint de lutte anti-surface, associant pour la première fois un avion de patrouille maritime Atlantique 2, annonce l’état-major des armées. Les frégates française Forbin et néerlandaise De Ruyter ont tenté de se neutraliser mutuellement, tout en évitant la menace représentée par l’avion. (RM)
(crédit : DICOD / EMA)Cet article Forbin et De Ruyter s’entraînent dans le golfe arabo-persique est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2 à Paris) Avec de premiers rapatriés du Sahel et 600 soldats malades en France, les armées commencent à encaisser les effets du coronavirus. Du côté du ministère, on l’assure pourtant : les opérations se poursuivent sans conséquences majeures. Dans les régiments, la prise en compte de l’épidémie semble plus aléatoire
Des militaires nigériens (à gauche) et français (à droite) pendant l’opération ‘Monclar’, qui s’est déroulée du 3 au 23 mars dans le nord du Niger. (crédit : DICOD / ECPAD)Sahel et coronavirus
Premiers rapatriements
Malgré sa discrétion sur le sujet, l’état-major français des armées (EMA) avait dû annoncer jeudi (2 avril) dernier de premiers cas détectés sur l’opération Barkhane. Suite à un dépistage effectué par le service de santé des armées et un laboratoire civil local, quatre officiers ont été diagnostiqués positifs, dont un est traité sur place et trois ont été rapatriés en France. Un cinquième, qui présentait des symptômes mais n’a pas été testé, est également rentré.
Quarantaine et opérations
L’état-major explique que « tous les cas ‘contact’ ont été identifiés et placés en quatorzaine en zone dédiée. Ils font l’objet d’une surveillance médicale renforcée », sans pouvoir préciser le nombre de personnes concernées. La même source assure que « ces cas de contamination, de même que les dispositions prises pour préserver le personnel de la force n’ont pas d’impact sur les opérations, qui se poursuivent à un rythme soutenu ».
Opérations conjointes
De même, les opérations menées avec les pays partenaires sur place se poursuivent. L’EMA explique que la nature de la coordination permet de respecter les règles de distanciation. Au quotidien, les soldats français et alliés ne sont pas dans les mêmes véhicules et ont une certaine distance physique entre eux.
Adaptation des relèves
Depuis l’apparition des premiers cas, le service de santé des armées français s’est coordonné avec les pays hôtes de l’opération Barkhane pour définir un protocole strict lors de l’arrivée de nouveaux militaires. Des périodes d’isolement d’une durée supérieure à 14 jours ont été mises en place, soit sur le théâtre lorsque c’est possible, soit en France sur trois sites différents qui sont gardés secrets. A noter que sur Barkhane, le gros des relèves est attendu courant de l’été. Des relèves d’aéronefs ont été retardées pour ces mêmes raisons.
En France, peu de confinements chez les militaires
600 cas en France
En France, le ministère des Armées refuse de donner des détails sur les militaires contaminés, préférant éviter de rentrer dans une communication chiffrée trop pointilleuse et chronophage. Interrogée par le groupe de presse régional Ebra samedi (4 avril), Florence Parly est donc restée évasive : « Nous avons environ 600 militaires atteints. Cela correspond à un ordre de grandeur, car il est évolutif. » En interne, des chiffres et des suivis remontent de manière quotidienne ou presque.
Un confinement plus ou moins respecté
La semaine dernière, un aviateur confiait à B2 les hésitations de son commandement direct, qui peinait à trouver comment appliquer les consignes du ministère. « Sur les différents groupes de discussions que nous avons mis en place, ils sentent l’inquiétude monter », confie le militaire. Dans son unité, les équipages alternent des vols où ils sont collés les uns aux autres, avec des retours dans leurs foyers, en espérant ne pas avoir été contaminés par les collègues. De nombreux témoignages de ce type ont été diffusés dans la presse ou par de jeunes militaires eux-mêmes sur les réseaux sociaux. Les séances de sport ou d’entrainement se poursuivent ainsi alors que les soldats vont et viennent en dehors des bases, sans réel contrôle. Dans les régiments, c’est la rumeur qui prévaut sur les cas de collègues malades.
Une « population qui résiste bien »
Une source au sein du ministère des Armées, qui réclame l’anonymat absolu, estime qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter sur le volume actuel de contaminations : « Globalement, nous avons une population jeune, qui a vocation à plutôt bien résister au Covid. Il faut considérer l’aspect particulier du métier de militaire : même dans un contexte particulier, nous n’allons pas nous demander d’arrêter de protéger les Français. »
(Romain Mielcarek)
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(B2) Un sous-officier affecté au détachement d’appui opérationnel (DETAO) en Centrafrique, une unité qui complète les missions d’EUTM-RCA et qui s’occupe du soutien des militaires français sur ce théâtre est décédé a-t-on appris aujourd’hui de l’état-major des armées ce lundi (6 avril)
L’adjudant-chef Jean-Bernard Russon a été retrouvé mort dimanche (5 avril) dans sa chambre, dans le camp de M’Poko, à Bangui. Les causes du décès de ce sous-officier du groupement munitions de Brienne-le-Château ne sont pas connues et une enquête de prévôté a été ouverte par la gendarmerie française.
Affecté au détachement d’appui opérationnel (DETAO) depuis novembre dernier, l’adjudant-chef Russon était chef du dépôt de munitions. Cette unité française d’environ 150 militaires, créée fin 2018, conduit des détachements d’instruction technique au profit des forces armées centrafricaines dans des domaines spécifiques (prévôté, sécurité incendie, gestion des munitions, secourisme).
Le DETAO s’occupe également du soutien aux militaires français affectés à des missions internationales en Centrafrique, qu’il s’agisse de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM-RCA) ou de la mission des Nations Unies (Minusca). Il est sous contrôle opérationnel des éléments français au Gabon (EFG).
L’adjudant-chef Russon s’était engagé en 2007 comme sous-officier, dans le matériel, puis dans le service interarmées des munitions. Il sert au cours de nombreuses opérations et déploiements à l’étranger : au Tchad (2009, 2016), en Afghanistan (2010), au Burkina Faso pour les forces spéciales de la Task Force Sabre (2011), au Liban (2012), à Djibouti (2017), au Niger sur Barkhane (2017), en Irak avec les forces spéciales (2018) et enfin en Centrafrique, où il était arrivé en novembre 2019.
(Romain Mielcarek)
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(B2) Environ 600 militaires sont atteints du Covid-19, a indiqué la ministre française des Armées, Florence Parly, aux Dernières nouvelles d’Alsace (Strasbourg, et aux quotidiens du groupe Ebra). Un chiffre très approximatif reconnait la ministre. « C’est un ordre de grandeur, car il est évolutif. » (1)
Cela n’a pas de conséquence sur l’aspect opérationnel assure la ministre. « Nous suivons cela de très près, et adaptons nos dispositifs en conséquence. Je précise que notre posture opérationnelle n’est pas impactée. » (2)
L’armée française compte une personne décédée : « un agent civil rattaché au Service d’infrastructure de la défense décédé il y a quelques jours ».
(NGV)
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(B2) C’est une première… depuis bien longtemps. On pourrait presque croire à un poisson d’avril. Et non… Un gros porteur des forces armées russes s’est bien posé le 1er avril sur l’aéroport de New-York
L’Antonov 124 sur le tarmarc de l’aéroport de New-York (crédit : Mission Russie aux USA)Un envoi qui fait suite à un entretien Poutine – Trump
A son bord, divers équipements et matériels médicaux, notamment des respirateurs et équipements de protection individuelle, fournis par le gouvernement russe à la FEMA, l’administration fédérale américaine de gestion des urgences. L’information a d’abord été officialisée par Moscou suivie par les Américains. Elle fait suite à la conversation téléphonique qu’ont eu la veille (30 mars) le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, mais aussi à la dernière réunion du G20, la semaine dernière. Les pays du G20 ont convenu « de travailler ensemble pour vaincre le coronavirus »
Peace and love
Les deux pays « se sont mutuellement fourni une aide humanitaire en temps de crise dans le passé et le feront sans aucun doute à nouveau à l’avenir. C’est une période où nous devons travailler ensemble pour surmonter un ennemi commun qui menace la vie de chacun d’entre nous… » chantonne le communiqué américain. Précision que cette aide n’est pas tout à fait gratuite : les Américains ont « convenu d’acheter les fournitures médicales nécessaires ».
Commentaire : amorce d’une autre politique ou le coup d’un soir
Est-ce au-delà de l’urgence, un geste de détente, amorce d’une autre politique, ou juste le ‘coup d’un soir’ ? Difficile à prévoir. Ce qui est sûr, c’est que cela démontre le ‘pragmatisme’ de Donald Trump, prêt à tourner casaque du jour au lendemain, si la nécessité se fait sentir.
Voir cependant la première puissance du monde aller ‘quémander’ de l’aide à une Russie, est plutôt irréaliste. C’est un signe notable que la situation est très grave outre-Atlantique avec l’épidémie du coronavirus qui galope : les USA devant rapidement dépasser l’Europe en terme de mortalité au rythme actuel. La Maison Blanche vient de publier des prévisions alarmistes (évoquant au moins 100.000 morts).
L’autre élément à analyser, c’est que du point de vue de Washington, l’ennemi étant la Chine, la Russie peut être un partenaire, selon les opportunités, notamment en cas de coup dur. Une stratégie à 360° en quelque sorte. Cela va peut-être obliger certains alliés, qui ont fait du sentiment anti-russe, l’alpha et l’oméga de leur politique, à réexaminer certains pans de leur politique
(NGV)
Cet article Un avion des forces russes se pose à New-York. De l’aide humanitaire pour les USA est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Mobilisée très tôt, l’Aeronautica militare (Armée de l’air italienne) n’a pas chômé ces dernières semaines. Elle est présente sur de nombreux fronts dans la gestion de la crise du coronavirus en Italie : rapatriements, transport de malades et de matériel médical, soutien logistique
NB : Éléments à jour le 31 mars 2020 à midi
Phase 1 : les rapatriements en Europe
L’armée de l’air italienne est tout d’abord mobilisée pour rapatrier des citoyens italiens et européens. Quatre opérations sont mises en place. Elles s’effectuent toutes avec des avions Boeing KC-767A, de la 14e Stormo (escadron) de Pratica di Mare (Pomezia, près de Rome). Ils sont équipés de systèmes d’isolateurs (de type ATI, STI et N36) permettant le confinement biologique.
Le 3 février, les avions ramènent 56 citoyens italiens de Wuhan, en Chine, avec à bord une équipe médicale composée de quatre militaires et deux civils. Le 9 février, depuis l’aéroport militaire de Brize Norton, en Angleterre, ils récupèrent des citoyens européens rapatriés par les britanniques depuis Wuhan. Le 15 février, l’avion qui ramène un jeune italien atteint du Covid-19 depuis Wuhan se pose sur le tarmac de l’aéroport.
Enfin, le 21 et 22 février, deux avions ramènent 19 citoyens européens depuis le navire de croisière Diamond Princess amarré à Yokohama au Japon. Dans cette dernière opération, elle est aidée par la Marine italienne qui lui détache deux médecins et une infirmière, en plus de l’équipe de santé de confinement biologique de l’armée de l’air.
Une fois atterris à Practica di Mare, les passagers passent par une zone d’accueil et de contrôle sanitaire mise en place par des spécialistes du Commandement de l’aéroport, de la 3e Stormo de Villafranca et du Service de santé de l’armée de l’air.
Zone de contrôle sanitaire à Pratica di Mare, le 3 février 2020 (crédit : Ministère italien de la Défense)Phase 2 : le transport de matériel et d’équipement médical
Autre tâche devenue très importante : le transport de matériel médical destiné à la protection civile. Celui-ci est distribué aux hôpitaux les plus en difficulté, en particulier dans le nord du pays. Le 19 mars, ainsi deux avions, un Boeing KC-767 de la 14e Stormo et un C-130J de la 46e brigade aérienne de Pise, font l’aller et retour vers Cologne, en Allemagne. À bord, sept tonnes de matériel d’assistance respiratoire et d’autres appareils de soutien et de matériel médical. Le 22 mars, le C-130J s’envole pour Düsseldorf, en Allemagne, pour embarquer un chargement de respirateurs et le transporter à l’aéroport de Bergamo Orio al Serio. Le même jour, un KC-767A de la 14e Stormo, atterrit à l’aéroport de Malpensa (Milan) depuis Istanbul, transportant environ 10.000 livres de matériel médical arrivé de Chine. Le 30 mars, un C-130J vole depuis l’aéroport de Fiumicino (Rome) à Malpensa avec environ cinq tonnes de matériel médical à bord pour les installations hospitalières.
Un C-130J de l’Armée de l’air effectue un transport de matériel médical, notamment des masques, le 30 mars 2020 (crédit : Ministère italien de la Défense)Phase 3 : le soutien logistique pour des hôpitaux de campagne
Alors que les hôpitaux de campagne se multiplient, l’armée de l’air est appelée à la rescousse pour fournir, en particulier, un soutien logistique. Le 17 mars, un DC8 américain atterrit à l’aéroport de Villafrance-Vérone. À son bord, un hôpital de campagne de 60 lits et huit unités de soins intensifs, mis à disposition par le Samaritan’s Purse, une organisation humanitaire chrétienne évangélique des États-Unis. Présent également, du personnel de santé et de logistique, ainsi que du matériel médical.
Un deuxième vol, le 21 mars, permet d’intégrer l’équipe de spécialistes qui soutiennent ainsi le fonctionnement de la structure. L’armée de l’air, notamment une équipe spécialisée de la 3e Stormo assure le soutien logistique et contribue à la mise en place de l’hôpital à Crémone. Elle met également à disposition de l’ONG des équipements hydrauliques et électriques, tels que des robinets, un éclairage de terrain, des douches et des chaudières. L’hôpital est opérationnel dès le 20 mars, pour une durée de trois mois.
Un soutien logistique similaire est fourni aux 14 avions russes atterris ces derniers jours à Pratica di Mare. Ils amènent des médecins et des experts en maladies infectieuses, ainsi que des unités mobiles pour désinfecter les véhicules et les espaces publics. Le 27 mars, la 16e Stormo Protezione delle Forze di Martina Franca met en place en quelques heures deux tentes de campagne devant l’hôpital ‘Valle d’Itria’ (Martina Franca).
L’avion de Samaritan’s Purse, qui apporte un hôpital de campagne, sur le tarmac de l’aéroport de Villafrance-Vérone, le 17 mars 2020 (crédit : Armée de l’air italienne)Phase 4 : le transport de patients d’un hôpital à un autre
Afin d’alléger la pression sur les hôpitaux du nord de l’Italie, l’armée de l’air prend aussi part au transport de patients. Des hélicoptères HH-101, capables de transporter des patients en confinement biologique grâce à des brancards isolés spéciaux ATI (Aircraft Transit Isolator), ainsi que de fournir une assistance aux patients via un appareil respiratoire pendant le vol, sont mis à disposition. Des équipages de la 15e Stormo et des équipes de médecins et infirmières sont prêts à décoller 24h/24 depuis le hub temporaire installé sur la base aérienne de Cervia. L’avion C-130J de la 46e brigade aérienne effectue huit transports depuis l’aéroport de Bergame-Orio al Serio : cinq en direction d’autres hôpitaux italiens, un vers Dresde (Allemagne) et deux vers Leipzig (Allemagne). Des hélicoptères du HH-101 de la 15e Stormo, soutenus aussi par des équipages du 9ème Stormo de Grazzanise, effectuent cinq autres transports (1).
Préparation au transport en confinement biologique d’un malade du Covid-19, le 7 mars 2020 (crédit : Armée de l’air italienne)(CG, st.)
Coordination des opérations
Le Centre d’opérations aériennes, au commandement des opérations aériennes de Poggio Renatico (Ferrare), est chargé de recevoir et d’évaluer les demandes des hôpitaux, des préfectures ou de la défense civile. Il les traduit en ordres de mission pour les services de vol désignés. De son côté, le commandement opérationnel du sommet interarmées (COI), sous la responsabilité du chef de l’état-major, a mis en place une salle d’urgence chargée de coordonner tous les transferts de compatriotes de l’étranger, ainsi que de gérer et partager les informations pertinentes avec d’autres départements.
Lire aussi :
Cet article L’armée de l’air italienne mobilisée pour approvisionner les hôpitaux face au coronavirus est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Avec notre article, Le Berlaymont transformé en hôpital de campagne Rôle 3, B2 n’a pas failli à la tradition du 1er avril. Nous avons hésité. Mais nous avons maintenu cet aperçu. Malgré tout, il faut garder l’humour et le porter haut et fier. Cela peut paraitre un humour noir, ou déplacé. Mais il est de tradition, dans les structures de gestion de crises, de secours d’urgence (que j’ai pratiquées en un temps plus ancien), comme dans celles de sécurité ou de défense, de toujours garder, même dans les pires circonstances, un peu d’humour et d’auto-ironie. C’est l’instinct de survie qui parle.
Certains ont critiqué ce ‘poisson’. J’aurai préféré qu’ils adressent leurs critiques à ceux qui sonnent le tocsin, mais à ceux qui n’y répondent pas ou du moins pas assez. Nous aurions, tous, été enthousiastes, si la présidente de la Commission européenne, ou d’autres responsables européens, avaient sonné l’heure de la mobilisation générale (comme cet article pouvait le laisser penser). Ils en avaient les moyens. Malheureusement cela n’a pas été le cas. L’histoire jugera…
Quant à la tente mise en exergue durant cette journée, les experts l’auront reconnu : c’est une tente de l’hôpital de campagne italien mis à disposition dans l’opération EUFOR Tchad RCA de 2008. Une tente qui a abrité des malades et blessés de toute nationalité (y compris des Tchadiens blessés dans des combats avec les rebelles) car le sens du devoir, ces médecins et infirmiers déployés au fin fond du Tchad l’avaient au fond des tripes. Comme aujourd’hui ceux qui se battent dans les hôpitaux, dans les ambulances, dans les services de santé, sans le minimum de moyens qu’ils devraient avoir… C’est cela l’énorme scandale et pas notre poisson d’avril. Cette tente et ce poisson étaient, pour nous, un hommage vibrant et massif à tous ceux qui sont actuellement sur le front de la maladie et sont partis, sans armes, sur le front pour se faire massacrer.
À part çà… je vais me coucher. Car le Covid-19 étant ce qu’il est, je devrais déjà être couché à cette heure, voire toute la journée… (ordre de mon médecin). Ceux qui vont vivre vous saluent bien bas !
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi sur ce thème :
Nos autres poissons du 1er avril au fil du temps :
Cet article Eh oui le 1er avril, c’est un poisson est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2 – exclusif) La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a décidé de prendre le taureau par les cornes face à l’épidémie de coronavirus. Cela devrait être annoncé officiellement ce mercredi (1er avril) à l’issue de la réunion habituelle de l’exécutif européen, selon un document interne lu par B2 dans la nuit.
© Le centre nerveux de la Commission européenne (© Ngv. / B2)Un service de médecine de pointe dans une aile
Une aile complète du Berlaymont, siège de l’exécutif européen, devrait être vidée de ses dossiers, et transformée en hôpital de campagne, de rôle 3, pour accueillir les malades testés positifs. Un service médical de haut niveau équipé de possibilité de salles de réanimation, d’un laboratoire biologique et de lites de suite. Des travaux d’isolement ont déjà commencé discrètement et pourraient être achevés d’ici demain.
Une tente d’accueil rond point Schuman
Une tente de premier tri pourrait être installée au centre du rond point Schuman, place à deux pas du siège de la Commission. Lieu qui a l’avantage de pouvoir assurer une rapide rotation des véhicules. Le centre médical européen (qui a ses quartiers habituellement non loin de là au Breydel) a été réquisitionné pour prêter main-forte. Finis les examens internes, place au grand air. Les premiers équipements médicaux et lits devraient arriver très rapidement, livrés par les militaires belges, provenant d’une réserve de Kleine Brogel, tenue secrète jusqu’ici (elle était réservée aux conflits nucléaires).
Selmayr coordinateur en chef
Une autre aile va être réservée aux citoyens européens qui seront rapatriés via les différents avions européens. Les commissaires et des fonctionnaires se relaieront pour assurer l’accueil des citoyens, les nourrir, les distraire. Une rotation (plutôt complexe à décrire) a été instituée entre les directions générales pour qu’un minimum de 20 personnes soit disponible chaque jour. L’ancien chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, Martin Selmayr (actuel chef de la représentation de la Commission européenne en Autriche) pourrait être nommé coordinateur en chef.
Réquisition générale
Autre décision attendue : tous les fonctionnaires qui ne sont pas affectés à des tâches essentielles au sein de l’exécutif européen vont être réquisitionnés pour servir de personnel de renfort dans les hôpitaux des pays membres. Ordre de la patronne. Délai d’exécution : 24 heures. Un TGV spécial devrait les convoyer d’ici la fin de semaine : premier arrêt Strasbourg, foyer épidémique important. Le train continuera ensuite vers l’Italie du Nord.
Véhicules à disposition des personnels soignants et machines à coudre
Quant aux véhicules officiels peu utilisés en ce moment, tels les minibus, ils vont être mis à disposition des hôpitaux bruxellois, pour permettre aux personnels de santé à domicile de rejoindre plus facilement les hôpitaux. Les commissaires, s’ils veulent se déplacer, utiliseront les vélos de service. Chaque représentation de la Commission européenne a été priée de faire de même : prêt de personnel et de véhicules. Exécution dans les 24 heures. Le personnel confiné à domicile sera mis à contribution pour fabriquer des masques. Le commissaire Thierry Breton en charge du marché intérieur devrait annoncer le lancement d’un appel d’offres pour se fournir en 5000 machines à coudre. Le délai de livraison n’est pas précisée sur la note (rédigée en français ce qui est étonnant) vue par nos soins…
(NGV)
Lisez bien cet article jusqu’au bout, nous sommes le 1er avril…
Une tente de ce type là pourrait être implantée sur le rond-point schuman (© NGV / archives B2 2008 Role 2 italien installé à EUFOR Tchad)Précisions apportées sur la nomination d’un coordinateur en chef
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