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Diplomacy & Defense Think Tank News

États-Unis. Le jour où ses élites ne croient plus en elle, la République est bien proche de s’effondrer

IRIS - Wed, 13/01/2021 - 15:51

Comme déjà mentionné dans ces colonnes, c’est Stanley Hoffmann, qui fut professeur de sciences politiques à Harvard jusqu’à sa mort en 2015 et avec qui j’ai eu le bonheur de converser à plusieurs reprises, qui, le premier, m’a véritablement ouvert les yeux sur la fragilité des États-Unis en tant que nation. Nous étions en 2004, et déjà il envisageait la possibilité que d’ici la fin du XXIe siècle, le pays n’existe plus sous sa forme actuelle. Trop de divisions, qu’elles soient culturelles, ethniques, religieuses ou politiques. Pour lui, une volonté de séparatisme dans certains territoires ou même de sécession de la part de différents États était de l’ordre du possible.

Pour ma part, je crains que les choses n’aillent plus vite et que la présidence Biden -ainsi que cela a été le cas pour celle d’Obama – ne soit qu’un des derniers interludes dans le processus de déliquescence de la démocratie en Amérique et plus généralement du pays lui-même.

Les événements qui se sont déroulés le 6 janvier dernier viennent appuyer cette thèse. Et non pas seulement parce que des émeutiers, « a basket of deplorables » -l’expression employée en 2016 par Hillary Clinton est cette fois-ci pleinement justifiée -, ont pris d’assaut le Capitole avant d’y pénétrer – scène après tout plus ou moins similaire à la violente tentative d’intrusion de gilets jaunes dans le ministère du porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, en 2019 -, mais parce qu’avant tout, ceux-ci y ont été incités par le président des États-Unis lui-même.

Néanmoins, c’est la panique des démocrates et leur réaction qui, selon moi, ont le mieux illustré, le 6 janvier et dans les jours qui ont suivi, la déliquescence de la démocratie américaine,

Alors qu’ils auraient dû, afin de rassurer l’opinion, simplement s’indigner de l’odieux outrage infligé au Capitole par une infime minorité de citoyens et dénoncer stoïquement le pathétisme des propos d’un Trump et leur nocivité sur des esprits faibles, ils ont dès les premières minutes parlé d’assaut sur la démocratie et de risque de coup d’État. « Sauver la République » fut leur cri de ralliement, comme s’ils se trouvaient face au tout puissant prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1848 …

Un peuple se remémore toujours les évènements non pas tels qu’ils se sont réellement déroulés, mais tels qu’ils lui ont été présentés par l’historiographie officielle. De par leurs panique et propos, les démocrates et Nancy Pelosi en tête, ont transformé ce qui n’a été qu’une émeute, une émeute certes inadmissible et qui trouve ses racines dans la paupérisation du pays, mais juste une émeute, en un épisode tragique qui aurait pu selon eux mettre en péril la République américaine elle-même. Épisode qui restera donc pour cela gravé dans la mémoire des Étatsuniens, au même titre que l’attaque de Pearl Harbor ou que le 11 septembre 2001, comme l’une de ces journées noires qui ont vu les faiblesses de leur pays apparaître au grand jour.

Surtout, de par leur appel à défendre la démocratie assiégée et en grand danger, l’inamovible speaker de la Chambre et ses amis auront démontré le peu de foi qu’ils semblent avoir en sa résilience et donc la fragilité de celle-ci.

Ils auront en cela suivi l’hallucinante tribune signée quelques jours plus tôt par l’ensemble des anciens secrétaires à la Défense encore en vie, ou ceux-ci enjoignaient aux forces armées de ne pas se mêler de l’élection ! Comme si les hauts gradés du Pentagone auraient pu avoir quelques velléités de franchir le Rubicon afin d’aider un vieil animateur de télé-réalité qu’ils méprisent et qui s’apprête à finir sa carrière dans la fange à rester au pouvoir.

Le jour où ses élites paraissent ne plus croire en elle – par conviction ou… par posture -, la République est bien proche de s’effondrer.

Post-scriptum : Alors que la quasi-totalité des médias et des observateurs américains emboîtait le pas à Pelosi qui se rêve face à Trump, Churchill face à Hitler, peu de gens semblaient se demander si en fermant les comptes du président des États-Unis, les Twitter, Facebook et autres géants du net n’étaient pas tout simplement en train de limiter dangereusement la liberté d’expression au profit d’une pensée unique, la leur. Aussi détestables que soient les Tweets du Donald, c’est une question que tout ami de la démocratie devrait urgemment se poser.

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Essayiste et chercheur associé à l’IRIS, Romuald Sciora vit aux États-Unis. Auteur de plusieurs ouvrages sur les Nations unies, il a récemment publié avec Anne-Cécile Robert du Monde diplomatique « Qui veut la mort de l’ONU ? » (Eyrolles, nov. 2018). Son ouvrage, « Pauvre John ! L’Amérique du Covid-19 vue par un insider » vient de paraître en Ebook chez Max Milo.

Du Sénat au Capitole, quel avenir pour le Parti républicain et la politique américaine ?

Institut Montaigne - Wed, 13/01/2021 - 12:16

Le 6 janvier se sont déroulés deux événements importants dans la vie de la démocratie américaine : l’annonce de la double victoire démocrate aux élections sénatoriales en Géorgie, et l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump. Interrogée par Mahaut de Fougières, chargée d’études sur les questions internationales, Maya Kandel, historienne et spécialiste de la politique étrangère américaine, nous livre son analyse de ces événements et de leurs…

One Planet Summit : une mobilisation inédite autour des enjeux marins, avec quels effets ?

IRIS - Tue, 12/01/2021 - 19:09

Les enjeux marins ont appartenu pendant longtemps aux sujets qui peinent à s’insérer dans les relations internationales, malgré leurs intérêts primordiaux pour l’humanité. Toutefois, de plus en plus d’initiatives sur cette thématique voient le jour à l’image du One Planet Summit du 11 janvier qui en a largement traité. Entretien avec Julia Tasse, chercheuse à l’IRIS, responsable du Programme Climat, énergie et sécurité.

La question des enjeux maritimes semble de plus en plus prégnante sur la scène internationale. Quels en sont les enjeux ?

Les enjeux maritimes sont en effet de plus en plus visibles dans les négociations portant sur le climat ou la biodiversité comme au sein d’enceintes plus larges, comme l’ONU ou l’OMC. Cela découle d’une prise de conscience progressive de l’importance des liens terre-mer, et donc des interactions entre nos activités, la santé de l’océan et les ressources naturelles que nous utilisons au quotidien. L’océan étant un réservoir unique de biodiversité et un élément clé du système climatique (élément dont on ne comprend pas encore tous les mécanismes), les questions marines sont discutées de manière croissante dans les instances de négociations environnementales.

Par ailleurs, les territoires émergés sont aujourd’hui quasiment entièrement occupés par les Hommes et l’espace marin reste l’un des seuls partiellement inexploré et encore difficile d’accès. Les appétits s’aiguisent et de nombreux acteurs, gouvernementaux comme économiques, cherchent à exploiter les ressources marines. C’est également cette course vers les technologies qui rendent l’accès à certaines zones possible ou l’exploitation de certaines ressources plus efficace qui marque l’importance croissante des enjeux maritimes. Les États se penchent donc avec plus d’intérêt sur les opportunités liées à l’espace marin, que ce soit en termes de puissance militaire, stratégique ou économique. Cela implique, de fait, une menace croissante sur les écosystèmes marins et la nécessité d’en protéger certains.

Le One Planet Summit a décidé cette année de se concentrer sur la question des océans. Quelle peut être sa portée sur les enjeux maritimes ?

Le One Planet Summit est un rendez-vous quasi annuel, initié par la France et permettant de porter des messages liés à la lutte contre le changement climatique. Cette année, il a tout particulièrement porté sur la biodiversité, dont la biodiversité marine (dont seuls 9% nous seraient connus et 91% restant à découvrir). Parmi les grands sujets du One Planet Summit du 11 janvier, la protection et la conservation de la biodiversité : la France et le Costa Rica portent depuis 2019 la coalition de haute ambition pour la Nature. Cette initiative rassemble une cinquantaine d’États, maintenant, et a pour objectif la protection de 30% des espaces naturels d’ici 2030, notamment des espaces marins.

Le One Planet Summit a fait le choix de porter au cœur des sujets climats la biodiversité, car les deux sont intimement liés : les changements climatiques affectent la biodiversité, tandis que de nombreuses espèces biologiques sont indispensables à l’équilibre du cycle du carbone et de celui de l’eau. L’année 2021 est d’ailleurs considérée comme une échéance clé : d’une part, car de nombreux objectifs en termes de biodiversité comme de climat (les ODD, mais aussi les cibles d’Aichi) avaient pour date butoir 2020 et les bilans vont pouvoir être faits ; d’autre part, car les conférences des Parties (COP) des conventions de l’ONU sur le climat et la biodiversité vont avoir une importance cruciale dans le rehaussement et la mise en place de nouveaux objectifs. Ainsi, la COP15 sur la biodiversité, prévue pour octobre à Kunming en Chine, devrait permettre de statuer sur ces objectifs de protection de 30% des espaces naturels d’ici 2030. D’autre part, la COP26 sur le climat constitue une étape clé, à la suite de la COP21, pour que les pays communiquent de nouveaux objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Beaucoup en ont déjà fait part, comme la Chine, le Japon, l’UE ou la Corée, qui se fixent pour cible la neutralité carbone à 2050 ou 2060.

Le One Planet Summit a donc en quelque sorte inauguré une année pleine de promesses, donné une première impulsion, qui, je l’espère, mènera loin.

Quel est l’état des initiatives sur la thématique des océans ? La signature de traités ou la mise en place de ministère dédié exclusivement à la mer, à l’image de l’initiative française, se multiplient-elles ?

La thématique des océans infuse différentes négociations, et c’est très positif, car parler de climat ou de biodiversité sans parler d’océan n’a pas de sens. Des discussions spécifiques sont également en cours : le statut de la biodiversité dans les eaux internationales, à travers les négociations onusiennes appelées BBNJ (biodiversity beyond national jurisdictions), les subventions irriguant la pêche (un sujet traité par l’OMC). L’océan est un espace en perpétuel mouvement, qui lie les différents continents. À ce titre, les traités et les accords internationaux sont indispensables. La dynamique d’accords de protection et de gestion durable des ressources marines est donc clé. Cette transversalité du maritime est aussi ce qui est à l’origine de la mise en place du ministère de la Mer. La gestion d’un espace aussi divers, aux acteurs aussi variés et aux frontières aussi difficiles à surveiller nécessite une forte coopération interministérielle et le ministère de la Mer constitue, selon moi, un chef d’orchestre indispensable. De nombreux pays s’étaient déjà « équipés » d’un ministère de la Mer. C’est le cas notamment du Portugal, grande nation maritime aussi. Si la mise en place de ministères de la Mer dans les autres pays n’est pas indispensable à une gestion commune durable des espaces marins, elle ne pourrait être que positive, car alors les interlocuteurs d’une part et d’autres des frontières auraient en tête tous les liens entre les hommes et la mer. Cela évitera le fractionnement de l’information, frein à une appréhension globale de l’océan.

Transport aérien : vers un nouveau paysage en Europe ?

Fondapol / Général - Tue, 12/01/2021 - 16:31

OPINION. Didier Brechemier, Senior Partner chez Roland Berger, et Emmanuel Combe, professeur à Skema Business School, livrent leur analyse sur la manière dont ils voient évoluer le transport aérien, frappé de plein fouet par la crise sanitaire. La crise du Covid-19 constitue « la pire crise de l’histoire de l’aviation » (IATA), avec une chute du […]

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¿De verdad la “primavera árabe” ha sido un fracaso?

Real Instituto Elcano - Tue, 12/01/2021 - 12:27
Haizam Amirah Fernández. Comentario Elcano 5/2021 - 12/01/2021

En 2018 muchos habían dado por muerta la “primavera árabe”, pero en 2019 millones de ciudadanos volvieron a salir a las calles de países árabes para manifestarse pacíficamente y pedir cambios en sus sistemas de gobierno antidemocráticos.

El impacto del COVID-19: la digitalización como bien común

Real Instituto Elcano - Tue, 12/01/2021 - 02:49
Andrés Ortega Klein. DT 1/2021 - 12/1/2021

El COVID-9 ha puesto de relieve la importancia de la digitalización para la vida personal, social y profesional de todas las poblaciones. La digitalización y la conectividad deberían tratarse como bienes comunes, aunque los proporcionen empresas privadas.

Intervention de Dominique Reynié – premier sommet européen sur la radicalisation islamiste et la menace terroriste

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2021 - 18:17

Le lundi 11 janvier 2021, le premier sommet européen sur la radicalisation islamiste et la menace terroriste a eu lieu, organisé par l’European Leadership Network en partenariat avec la Fondation pour l’innovation politique et la Fondation Jean Jaurès. Dominique Reynié est intervenu sur la thématique « L’islamisme une crise politique pan-européenne ? » et est […]

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L’Info du Vrai – « Une semaine pour éliminer Trump » et « La Démocratie selon Twitter »

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2021 - 17:36

Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, était l’invité de Yves Calvi dans l’émission L’info du vrai sur Canal+, sur le thème de la destitution envisagée pour Trump dans un premier temps et ensuite sur le thème de la démocratie et de Twitter dans un second temps. Retrouvez l’intégralité de l’émission du 11 janvier […]

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Aérien, vers le triomphe du low-cost

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2021 - 17:29

Emmanuel Combe, Professeur d’économie et Vice-President de l’Autorité de la concurrence, était l’invité de Stéphane Soumier sur la chaîne B Smart, sur le thème du transport aérien. Retrouvez l’intégralité de l’émission sur Bsmart.fr La vitesse du virage vers le middle cost (sur les vols intra Europe) sera un facteur clé du rebond des compagnies historiques, face […]

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Covid-19, transport aérien et droit de la concurrence

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2021 - 16:36

Des agences de voyages ont saisi l’Autorité de la concurrence afin d’obtenir la condamnation de nombreuses compagnies aériennes pour s’être entendues pour ne plus rembourser les vols « secs » annulés en raison de la crise sanitaire de la covid-19. Leur demande est rejetée faute d’éléments probants. Le transport aérien a incontestablement fait partie des […]

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L’école, cible de prédilection du discours islamiste

Fondapol / Général - Mon, 11/01/2021 - 16:23

Des propos contestataires aux attaques terroristes, l’institution scolaire est visée en priorité. L’école est depuis toujours une cible du terrorisme islamiste. À l’étranger, avec des attaques depuis de longues années en Afrique, en Afghanistan, au Pakistan et ailleurs. Et en France avec deux attentats, combinant l’antisémitisme et la haine du savoir, contre des écoles juives […]

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Dégel dans le Golfe : une unité de façade ?

Institut Montaigne - Mon, 11/01/2021 - 15:16

La réalité sportive précède parfois les symboles politiques : le 6 janvier, le qatari Nasser al Attiyah remportait pour la troisième fois consécutive la victoire d’étape de la compétition automobile Dakar 2021, qui se déroule cette année - ironie de l’Histoire - en Arabie saoudite. La veille, l’émir Tamim al Thani assistait au 41e Sommet du Conseil de Coopération des États Arabes du Golfe (CCEAG), et se retrouvait pour la première fois depuis trois ans et demi sur…

Les leçons que peut tirer l’Union Européenne du Brexit

Institut Montaigne - Mon, 11/01/2021 - 14:24

Le Brexit laissera des traces des deux côtés de la Manche. Nous n’oublierons pas les éternels rebondissements au Parlement britannique, le post Instagram du président du Conseil européen, ni les négociations intenses de dernière minute qui ont finalement abouti à un accord, annoncé la veille de Noël. Quels que soient les mérites (ou les imperfections) de l’Accord de commerce et de coopération conclu entre…

La "prise du Capitole", symptôme de nos démocraties malades

Institut Montaigne - Mon, 11/01/2021 - 10:05

Le Capitole pris d'assaut par des partisans fanatiques du président Trump : le symbole est fort, et l'événement traumatique pour beaucoup d'Américains. Mais c'est surtout le symptôme visible d'une maladie qui se répand bien au-delà des États-Unis : l'échec de nos démocraties à satisfaire l'ensemble des citoyens.

"La roche Tarpéienne est proche du Capitole", disaient les Romains pour évoquer la fragilité du pouvoir.…

Le président de la République sortant Marcelo Rebelo de Sousa, grand favori du scrutin présidentiel du 24 janvier prochain au Portugal

Fondation Robert Schuman / Publication - Mon, 11/01/2021 - 01:00
Le 24 novembre dernier, les autorités portugaises annonçaient que la prochaine élection présidentielle portugaise serait organisée le 24 janvier 2021. Le chef de l'Etat sortant, Marcelo Rebelo De Sousa, est le grand favori de ce scrutin. Toutes les enquêtes d'opinion le donnent largement gagnant dès...

RCEP-Countries Create Asia-Pacific Free Trade Zone

SWP - Mon, 11/01/2021 - 00:00

The signing of the Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) on 15 Novem­ber 2020 establishes the world’s largest free trade area. The agreement was hailed as an important step forward for the international trade system: protectionism is no longer the only visible option for the third decade of the twenty-first century. But RCEP is a relatively weak instrument. It consolidates existing trade agreements in the region, but does not represent a breakthrough to a liberal economic space. It lacks the potential to make the Asia-Pacific region into a monolithic trading bloc, nor does it contribute to overcoming growing political tensions in the Indo-Pacific.

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