(BRUXELLES2) Juste après son lancement officiel, la nouvelle mission européenne, EUTM RCA, chargée de mettre en place la formation de l’armée, a commencé son travail.
Une première formation pour 40 officiers
Deux cours destinés à 40 officiers centrafricains, commandants de pelotons et compagnies se sont tenus dans la deuxième partie de juillet. La formation, principalement orientée vers le leadership, a permis — selon les informations recueillies par B2 — de détecter plusieurs candidats possibles pour devenir à leur tour formateur de formateurs. Ce programme — dénommé « train the trainers » — est la clé de la mission. Il faut s’ « assurer que les forces armées centrafricaines (FACA) construisent leur propre avenir » explique-t-on côté européen. Un fait positif, au vu le « faible niveau de préparation des Centrafricains ».
Transition avec EUMAM RCA en douceur
Cette rapidité de mise en place des premières formation tient à la bonne préparation avec la mission précédente, EUMAM RCA. « Nous avons défriché le terrain », explique son chef, le général Laugel, avant de passer le relais à EUTM RCA. Depuis janvier dernier, les militaires de EUMAM ont, en effet, préparé la mission suivante. Relais facilité par le fait que les mandats des missions se superposent : conseil stratégique, création d’un cursus militaire, formation des officiers et sous-officiers (Lire: La transition d’EUMAM RCA vers EUTM RCA validée par les 28).
Pas encore de calendrier pour les bataillons
Pour la formation des bataillons, il faut un peu plus de temps. Car doter les forces armées centrafricaines (FACA) de soldats « aptes au combat » ne faisait pas partie du mandat d’EUMAM. Il faut donc tout préparer depuis le début. Pour l’instant, aucun calendrier n’est avancé. Et la formation du premier bataillon ne commencera peut-être pas en septembre, comme prévu à l’origine. Mais cela n’inquiète pas outre-mesure les formateurs européens. « Le mandat prévoit la formation de deux à trois bataillons en deux ans », soit 2000 hommes, souligne-t-on à Bangui. La priorité est surtout d’établir une collaboration sur « de bonnes bases », en s’assurant de « répondre aux demandes » des Centrafricains, plutôt que d’aller trop vite.
(Leonor Hubaut)
NB : Le QG de la mission, ainsi que son camp d’entrainement, regroupant 170 Européens, sont toujours basés dans la capitale centrafricaine au sein de Ucatex. Le même camp que celui utilisé par la mission EUMAM RCA, mais avec plus de double de personnel, la mission se retrouve un plus à l’étroit que prévu.
Lire aussi :
(B2) L’équipe de B2 – Bruxelles2 part doucettement en vacances. Et ce blog comme l’édition B2 Pro adoptent un rythme estival. Nous continuerons de publier notamment des articles de fond que nous n’avons pas eu le temps de publier tout au long de l’année. Une veille d’actualité continuera tout au long de ces semaines. L’été promet d’être agité mais la rentrée devrait l’être tout autant. Car les grands problèmes de ce monde (Syrie, Daesh, Libye, Ukraine, Sahel, Somalie…) semblent loin d’être encore réglés. Et l’Europe est désormais dans le noeud de la tourmente sous une triple pression : terrorisme, migrants et réfugiés, crise interne et existentielle avec le départ d’un Etat et les tendances rebelles de plusieurs autres (notamment à l’Est) vis-à-vis de « l’autorité de Bruxelles ».
(BRUXELLES2) Un gang de trafic de migrants, d’origine tchétchène, a été démantelé en Autriche par les polices autrichiennes et hongroises, soutenues par le centre européen contre l’immigration clandestine (CSEM) d’Europol, jeudi (21 juillet). Et 7 suspects ont été arrêtés en Autriche et un en Hongrie. Cela permet d’en savoir un peu plus sur ce réseau et leurs méthodes.
Ce groupe était composé de 25 ressortissants russes d’origine tchétchène résidant en Autriche. L’animateur clé recrutait des chauffeurs en Autriche pour les déployer ensuite en Hongrie. Il était en contact permanent avec des « recruteurs » chargés de recruter des migrants dans les camps de réfugiés en Hongrie. Le réseau criminel est ainsi soupçonné d’avoir clandestinement fait passer plus de 200 personnes.
Les migrants clandestins — de nationalité afghane, iranienne, irakienne et syrienne — payaient environ 300 euros par personne pour aller de Hongrie à Vienne, 700 à 800 euros pour aller de Hongrie en Allemagne. Afin d’éviter d’être détectés par la police, les trafiquants utilisaient des itinéraires de rechange pour entrer en Autriche, en passant par la Slovaquie.
Au moins dix cas de trafic ont ainsi été détectés en Autriche, en Allemagne, en Hongrie et en Slovaquie par les autorités dans les deux derniers mois. Et les chauffeurs arrêtés en Autriche et en Slovaquie. Dans les jours suivants, plusieurs autres suspects impliqués ont été identifiés et arrêtés à leur tour.
(NGV)
(BRUXELLES2) « Je n’avais vraiment aucune indication que le coup d’Etat allait avoir lieu ». C’est en ces termes que le chef d’état-major de l’armée américaine, le général du corps de marines, Joe Dunford, s’est exprimé face à quelques journalistes « embeded » dans son avion au retour d’une visite de trois jours en Afghanistan. « C’est une surprise pour moi que cela se soit passé » a-t-il ajouté.
Le renseignement US ne vaut plus rien !
Une déclaration qui interpelle. Ne pas voir venir un coup d’Etat de cette ampleur chez un allié aussi proche, où les contacts sont quotidiens, tant en Turquie (les Américains sont colocalisés sur la base d’Incirlik) qu’au siège de l’OTAN, à tous les niveaux, prête vraiment au doute. Doute d’autant plus renforcé que le renseignement russe avait apparemment prévenu 36 heures auparavant Erdogan qu’un « coup » se préparait. Soit le renseignement US n’est plus vraiment à la hauteur, et cela impose des mesures d’urgence. Soit le chef d’état-major « enjolive la vérité ». En clair, il baratine.
Des listes de purges très bien préparées
Ce qui semble de plus en plus certain, en revanche, c’est que les listes de purge étaient prêtes avant le coup d’Etat. Pouvoir en quelques heures seulement annoncer des séries d’arrestations et de suspensions dans l’armée, la justice et la haute fonction publique n’est pas inopiné. Un sentiment exprimé par certains responsables européens. Le commissaire à l’Elargissement, l’Autrichien Johannes Hahn, a été particulièrement clair sur ce point lundi (18 juillet), lors du Conseil. « Avoir des listes disponibles aussi vite nécessite un peu de préparation » a-t-il expliqué « Cela veut dire qu’elles avaient été préparées depuis déjà quelque temps. » Sentiment identique chez le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders : « Il semblerait qu’il y avait déjà beaucoup de listes avec des noms de personnes qui sont arrêtées maintenant ».
Une course de vitesse entre putchistes et le pouvoir
L’ambassadeur turc en Bulgarie, Süleyman Gökçe, a d’une certaine façon accrédité cette explication allant même un peu plus loin. Dans un entretien à la télévision ‘Nova’ (interview reprise ensuite par plusieurs quotidiens), il explique que les arrestations et purges dans l’armée ou la magistrature étaient « programmées ». Le putsch visait « faire échouer cette préparation ». Ce qui suggérerait une sorte de course de vitesse entre les putchistes et le pouvoir. Le diplomate a ensuite rétropédalé dans une autre interview à la télévision bulgare, expliquant que ses propos avaient été mal compris. Ce sont « les interrogatoires menés dans les 24 à 48 heures qui ont suivi le putsch (qui) ont permis de tout démêler et de procéder aux arrestations ». Et de désigner les meneurs : « Le ministre des finances est impliqué, une partie du système judiciaire et de l’administration est impliquée aussi. C’était une tentative contre l’ordre constitutionnel et ils étaient préparés à mettre la main sur l’Etat ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(BRUXELLES2) Le coup d’Etat manqué en Turquie a quelque peu déstabilisé l’opération de… stabilisation de l’UE en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea), gérée en commun avec l’OTAN (1).
L’opération compte, en effet, un contingent turc non négligeable de l’ordre d’une compagnie, soit un bon quart de l’effectif environ (2). Pendant les quelques heures de flottement du coup d’état, s’est posée la question de la disponibilité des troupes.
Nous avons interrogé le QG d’EUFOR qui n’a pas voulu confirmer l’information mais ne l’a pas démentie non plus, préférant s’en tenir à un message formel du commandant :
The Turkish Contingent in EUFOR are professional soldiers and carry out their regular duties under EUFOR Command. They continue to contribute along with another 20 Nations in BiH, all focused on Capacity Building and training and providing a Safe and Secure Environment.
Selon nos (autres) informations, le commandant de l’EUFOR (COMEUFOR) a cependant demandé aux Hongrois (environ 200 militaires) présents à Sarajevo qui s’apprêtaient à rentrer au pays, de stopper immédiatement leur retour, le temps d’y voir un peu clair. La situation en Turquie s’étant « éclaircie », l’astreinte a été levée et le contingent hongrois a pu rentrer au pays (3).
Commentaire : Même si la compétence des soldats turcs ne peut être remise en cause, la fiabilité de l’engagement des forces turques dans des opérations multinationales comme EUFOR Althea risque d’être compromise, au moins dans les prochains mois. Les purges effectuées dans les forces turques pourraient, en outre, avoir pour effet de déstabiliser et compromettre l’engagement turc en externe. La question de la recherche de solutions alternatives va donc devoir se poser rapidement aux responsables de l’OTAN comme de l’Union européenne.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Sous le format Berlin Plus, la chaîne de commandement est mixte. Le commandement de l’opération est assuré par le D-Saceur (le général britannique Sir Adrian Bradshaw) au SHAPE (le commandement suprême de l’OTAN) tandis que le commandement de la force est assuré par un militaire de l’UE, le général autrichien Friedrich Schrötter. Lire : Les accords de Berlin Plus (2015)
(2) L’opération n’a plus qu’un effectif de moins de 600 hommes.
(3) A noter qu’EUFOR Althea dispose d’une force de réserve intermédiaire qui est stationnée dans le pays d’origine. En l’occurrence, une unité des forces hongroises (de la taille d’une compagnie) reste en alerte en Hongrie.