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Actualité. Réflexions. Reportages
Updated: 1 week 4 days ago

Les Etats-Unis d’Europe, une idée périmée. La défense, une idée d’avenir (Juncker)

Sun, 09/10/2016 - 21:36
(B2) Devant un parterre de personnalités, à Paris, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a répété certaines de ses convictions fortes. Il faut faire l'Europe de la Défense, et notamment mettre en place un QG permanent ; rationaliser les marchés de la défense pour éviter de gaspiller des milliards d'euros. Il faut être intransigeant […]
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Un nid douillet pour les Super Hercules. Un acte très politique et pratique

Sat, 08/10/2016 - 17:00

C-160 et C-130 côte à côte sur le tarmac pour l’exercice EAATTC en juin 2016 (crédit : DICOD / Armée de l’Air)

(BRUXELLES2) Les ministres allemand (von Der Leyen) et français (Le Drian) ont signé mardi (4 octobre) une lettre d’intention pour établir une base commune aérienne pour leurs futurs avions Super Hercules C-130J.

Une vingtaine de C-130

La France a déjà 14 C-130 (version H) et a décidé d’acheter, début janvier, quatre nouveaux avions de la version J (dont 2 en version ravitailleurs KC), avec une arrivée prévue entre 2017 et 2019. Ces avions sont tous basés sur la base aérienne 123 (BA123) d’Orléans-Bricy, au sein de l’escadron 2/61 Franche-Comté (et pour les forces spéciales dans l’escadron 3/61 Poitou).

Un escadron commun d’ici 2021

L’Allemagne « prévoit d’acquérir entre quatre à six appareils », a confirmé Ursula von Der Leyen lors d’une visite à Paris qui seront « stationnés en France ». Il ne s’agit pas juste de colocaliser des appareils. La lettre d’intention signée précise bien l’ambition pour l’Allemagne et la France d’ « établir (d’ici) 2021 un escadron de transport aérien commun pour les Hercules C-130J ».

Pallier le retard de l’A400M mais pas seulement

Un achat nécessaire des deux côtés du Rhin, à la fois pour pallier les « trous d’air’ qui peuvent se produire dans la livraison des A400M mais aussi pour compléter le segment du moyen porteur tous terrains. Comme l’explique à B2 un officier qui connait bien le secteur, « nous n’avons pas tout le temps besoin d’un A400M pour nos transports ou en opération. Il nous faut un appareil de moyenne gamme entre le Casa et l’A400M, pour remplacer les Transall ». C’est la même réflexion qui s’est faite outre-Rhin, dans un contexte différent. La Luftwaffe ne sera, en effet, équipée, à terme que d’A400M quand les Transall, encore en service, seront remplacés (d’ici 2020 environ). L’armée de l’air allemande a besoin d’un autre appareil. A cela s’ajoute une troisième raison, moins souvent évoquée. Si pour une raison technique, les appareils sont cloués au sol — comme lors du crash du A400M en Espagne —, il faut pouvoir disposer d’une solution de rechange.

De solides raisons pratiques

Or, mettre sur pied une base aérienne, une chaîne de maintenance pour une demi-douzaine d’avions, cela coûte cher, très cher, et rien ne garantit la disponibilité à 100%. Le pragmatisme l’a donc emporté. Autant regrouper avions français et allemands pour avoir l’effet de masse suffisant, permettant de rationaliser les coûts et de disposer d’une flotte adéquate. En outre, cela permet d’avoir des équipes de maintenance communes, des grilles communes d’astreinte pour les mécanos, de pouvoir alterner les flottes selon les besoins des uns et des autres, de faire les formations en commun, etc. Tout en ayant au total une flotte d’une dizaine de C-130 J disponibles (une vingtaine d’appareils C-130).

Une décision hautement politique

Cette lettre d’intention est très politique : à quelques mois d’échéances électorales de part et d’autre de la frontière (en avril-mai en France, en septembre en Allemagne), cela permet d’entériner dans le marbre, un projet que d’autres (peut-être) auront à charge de mener. C’est un signal aussi envoyé aux autres Européens et des autres alliés de l’OTAN — dont certains manquent sincèrement d’enthousiasme — que leur tiédeur n’empêchera nullement Paris et Berlin d’avancer et que la lettre commune des deux ministres n’est pas juste un chiffon de papier. « Nous avons besoin d’un solide pilier européen de l’OTAN » a défendu von der Leyen à Bratislava. Le Brexit a sonné le réveil des projets communs.

Une volonté d’agir en commun

Au-delà des intérêts pratiques et politiques, il y a indéniablement une volonté d’agir en commun, une complicité qui a joué dans cet accord. Entre les deux ministres, Ursula von der Leyen et Jean-Yves Le Drian, « le courant passe » comme me l’a confirmé un diplomate (1). « Les deux ministres se voient souvent. Les équipes travaillent ensemble. Il y a un climat de confiance et d’entente assez inégalé ». Et point besoin d’interprète. « Ursula parle parfaitement français » (2). Cela aide…

Une série de détails à concrétiser

Il ne faut cependant pas se cacher que ce n’est pour l’instant qu’une lettre d’intention. Il y a un certain nombre de problèmes encore à régler (règles de partage des coûts, conditions de vols, etc.). Baser une unité aérienne opérationnelle allemande permanente ailleurs que sur le territoire national est, en soi, une première. Et il va falloir plusieurs mois de négociation avant d’arriver à un accord plus concret. Un groupe de travail bilatéral doit se réunir « pour clarifier, d’ici la fin de l’année, la façon dont la coopération en matière de transport aérien tactique peut s’approfondir ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Voir : Ministres à Bratislava. Quand la photo en dit plus que tout commentaire

(2) Un point que je peux confirmer

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Les deux missions précurseures de la PESD / PSDC en ex-Yougoslavie

Sat, 08/10/2016 - 08:25
La mission d’observation civilo-militaire en Yougoslavie « ECMM » (15 juillet 1991 - 22 décembre 2000) La première des missions européennes de gestion de crises a été menée dans les Balkans alors que la PESD n’est pas encore née. La mission ECMM (European Community Monitoring Mission) est mise sur pied en quelques jours après la déclaration de "Brioni", […]
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Helsinki veut acheter finlandais pour ses futures corvettes

Fri, 07/10/2016 - 17:00
(B2) Le ministère finlandais de la défense a signé une lettre d’intention en septembre avec le chantier naval de Rauma pour la construction de quatre nouveaux navires de type Laivue 2020. Un outil multiusage de défense nationale Selon le cahier des charges dressé par la défense finlandaise, ces navires sont conçus pour un multi usage […]
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Des garde-frontières (et garde-côtes) européens, gérés en commun. C’est parti !

Thu, 06/10/2016 - 10:15

garde-frontières sur la frontière bulgare (Crédit : Frontex)

(BRUXELLES2) L’inauguration qui a lieu en Bulgarie aujourd’hui est symbolique. L’envoi de garde-frontières en renfort à la frontière bulgare, confrontée à une nouvelle vague de réfugiés et migrants venus de Turquie, s’est plutôt faite (soyons juste) sous l’ancien régime de l’agence Frontex que sous le nouveau régime du Corps européen de garde-frontières et de garde-côtes. Mais elle a une valeur de symbole. Les Européens sont en train de franchir une étape notable, importante.

Cette innovation ne doit pas être jugée avec dédain, comme dans certains commentaires de presse (en France en particulier). Le Corps européen n’est pas un vulgaire ‘machin’… né dans l’esprit de quelques cerveaux à Bruxelles et qui est un artifice de com’ ou une ‘rutilante voiture’ dont a oublié le moteur, l’essence et le permis de conduire (comme certains projets …). Non ! C’est un véritable outil structurant, qui permet de doter, enfin, l’espace Schengen avec un bras armé et une vigie. A sa mesure, c’est sans doute aussi important que la création de la Banque centrale européenne. Le négliger est donc une erreur fondamentale… Pour avoir suivi toutes les évolutions de ce dossier, comme les débats les plus récents, on peut dire sans vantardise : l’Europe accomplit là une « petite révolution » !

Une surveillance en commun virtuelle de l’espace Schengen

Jusqu’ici, la surveillance commune des frontières extérieures, prônée dans le traité de Schengen, était plutôt virtuelle. Certes la règle était posée. Mais elle reposait quasi-totalement sur la bonne volonté et les moyens des États membres. Quand ceux-ci font défaut mais que tout va bien, on ne s’en aperçoit qu’à peine. Certes quelques bandes de criminels et de trafiquants franchissent allègrement ces frontières poreuses. Mais cela ne se traduit pas vraiment en termes publics. Quand il y a — comme depuis plusieurs mois — des vagues de demandeurs d’asile et de migrants qui accostent en Grèce ou traversent la frontière en Bulgarie, c’est largement plus visible. Et là, c’est la panique à bord. Face à cela, l’agence Frontex n’avait pas vraiment de moyens financiers, juridiques, matériels, humains pour réagir…

Un outil commun…

L’objectif de ce Corps européen est justement de doter l’Europe d’un outil commun. Les États membres — jusqu’à présents réticents à toute évolution (les nordiques et les pays de l’Est en particulier, l’Espagne également) — se sont rendus à la raison. Tout seuls, ils ne peuvent rien. Il faut travailler en commun. Pour une fois, les Européens se sont retroussés les manches et ont bâti un outil complet.

… élaboré en un temps record

Il faut remarquer au passage qu’entre le feu vert des Chefs d’Etat et de gouvernement (octobre 2015), la première proposition de texte (décembre 2015), son adoption politique (début juillet 2016), sa traduction et son entrée en vigueur (mi-septembre 2016), et sa première application sur le terrain (début octobre 2016), personne n’aura chômé ni rechigné (ni les fonctionnaires ni les diplomates ni les parlementaires). Il se sera écoulé moins d’un an ! Un record au niveau européen mais aussi au niveau national surtout pour un instrument de cette importance. Critiquer l’Europe pour sa lenteur (comme je l’ai entendu de la part de quelques commentateurs peu informés) n’est pas justifié dans ce cas…

Des moyens renforcés

L’agence Frontex va être complètement remodelée pour faire naître le Corps européen. Elle va d’abord être renforcée au niveau budgétaire (budget doublé) et en personnel (plusieurs centaines d’embauches à prévoir sur 3 ans, c’est assez rare aujourd’hui). Elle disposera en son sein d’un outil renforcé de ‘monitoring’ et de prévision. Elle pourra ainsi faire des études de « vulnérabilité » sur les frontières pour détecter les problèmes (sorte de ‘stress tests‘ comme pour les banques mais adaptés aux frontières) mais aussi proposer des solutions aux Etats membres, voire planifier des opérations (plan opérationnel). Le directeur de l’agence (sous le contrôle du conseil d’administration) aura des pouvoirs renforcés (en cas de crise) pour mettre en place des opérations conjointes ou une réaction rapide.

Un système de réserves

La nouvelle agence va disposer d’un système de réserves de garde-frontières, douaniers, experts (une première réserve d’urgence de 1500 personnes en tout + une réserve supplémentaire) qui pourront ‘décaler’ en quelques jours. Important car il faut se rappeler qu’à l’été 2015 quand l’agence Frontex a lancé un appel pour renforcer les frontières grecques, les effectifs sont venus au compte-goutte et lentement. Le Corps européen aura une capacité d’acheter ou louer les équipements manquants. Très utile quand on se rappelle comment les frontières grecques étaient dépourvues de tout moyen d’enregistrement par exemple des personnes arrivant. Cette capacité pourra s’étendre à des moyens lourds (bateaux, avions, drones…).

Des garde-côtes

Enfin, le Corps européen aura une vraie fonction de garde-côtes. Son nom complet (corps européen de garde-frontières et de garde-côtes) n’est pas là juste pour faire beau. C’est un vieux projet européen — auquel appelaient de nombreux parlementaires notamment — qui se réalise ainsi. La nouvelle agence aura notamment dans ses tâches officielles le sauvetage en mer (1) et ra une compétence étendue au plan maritime. L’objectif de son directeur, Fabrice Leggeri, est de ne pas faire que de la chasse aux migrants, mais d’avoir une vraie police en mer, face aux différents trafiquants, aux terrorismes, mais aussi de travailler en commun avec les deux autres agences européenne (sécurité maritime, pêches…). « Pourquoi pas embarquer sur nos navires des contrôleurs des pêches, par exemple » m’expliquait-il en juillet dernier. Lire : Et maintenant ! Mettre en place le Corps européen des garde-frontières (Leggeri)*

Un projet auquel il faut croire

En bref, un beau projet qui se réalise, un outil concret, utile, à disposition non pas de l’Europe mais des États membres et de ses citoyens. Plutôt que de grandes idées fumeuses, ou de grands projets qui n’ont jamais d’utilité, c’est de ce type de projets, structurants, complets, dont les Européens ont besoin aujourd’hui. Un exemple à suivre pour la défense ?

(Nicolas Gros-Verheyde)

Pour aller plus loin :

Categories: Défense

Il faut repenser les priorités de la PSDC. La Syrie doit être au top de la liste (Ioan Pascu)

Thu, 06/10/2016 - 08:10
(B2) Le rapport sur la mise en œuvre de la Politique de sécurité et défense commune (PSDC) intervient cette année dans un moment crucial : en pleine discussion stratégique sur l'avenir européen, la redéfinition des priorités de sécurité et alors que les menaces et tensions aux portes de l'Europe se font plus nombreuses, à l'Est […]
Categories: Défense

Un traité franco-germano-britannique. La géniale idée … inutile

Wed, 05/10/2016 - 18:30

Têtes de ponts à Gemersheim le 1er avril 1945 (crédit : ECPAD)

(B2) En matière de défense européenne, chacun a sa petite idée pour la relancer, la redynamiser… ou la dynamiter. Les bonnes idées ne manquent donc pas. Elles sont souvent défendues par de brillants intellectuels. Cela fait parler, occupe les conversations. Mais, souvent, leur mise en œuvre s’avère tout aussi impraticable que la construction théorique parait séduisante.

Il en est ainsi de la proposition faite par J.-D. Giuliani, de la Fondation Robert Schuman (1), qu’on a connue plus inspirée. Il propose ni plus ni moins de signer un nouveau traité entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni pour réinstaurer une communauté de défense entre les trois grands pays du continent, avec « trois innovations » selon lui : « 1) Renforcer la solidarité effective des trois premières puissances européennes qui, devant montrer l’exemple, restent ouvertes à ce que d’autres États européens les rejoignent pour se porter une assistance mutuelle en cas d’engagement de leurs forces armées, 2) S’engager concrètement à accroître leurs efforts de défense pour éviter toute instabilité découlant de leur désarmement, 3) Dépasser l’opposition OTAN-UE en reconnaissant la liberté de chacun de s’organiser comme il l’entend sur le plan bilatéral ou dans le cadre de l’Union européenne. »

En fait d’innovations, ce texte a un seul avantage : sa simplicité. Huit articles en tout et pour tout. C’est facile à lire, à comprendre. C’est même un peu court pour un Traité de cette importance…. De fait, cela ressemble davantage à une déclaration politique qu’à un véritable traité. Pour être court, le contenu n’en est pas moins affligeant et assez peu digne d’une réflexion de think-tank (2).

De façon étonnante, il cite l’OTAN comme l’œuvre clé (et unique) de la défense européenne.

La défense de l’Europe est organisée dans le cadre du Traité de l’Atlantique Nord

Au diable, la Charte des nations unies et l’ONU qui demeurent, normalement, la clé de voûte de la construction européenne en matière de gestion de crises. Le maintien de la paix n’est même pas un objectif déclaré de ce nouveau traité. C’est aussi dangereux. Car, aujourd’hui, la défense des frontières se fait à deux niveaux : militaire (l’OTAN en effet) et sécuritaire (police, douanes, frontières) au niveau européen.

L’article 2 instaure une nouvelle obligation d’assistance en cas d’engagement de l’autre pays. Si on la lit comme une ‘vraie’ obligation, cela signifierait que quand le Royaume-Uni est parti en guerre aux Malouines, il aurait pu exiger de ses deux alliés leur soutien. Idem pour la France et le Royaume-Uni pour l’opération en Libye en 2011. etc. Connaissant les règles en Allemagne au Bundestag pour les opérations à l’étranger, on a la réponse à l’applicabilité de cette clause. Même à la Chambre des communes, on perçoit difficilement comment les Britanniques pourraient se sentir engagés par une opération « Epervier » au Tchad ou française en Centrafrique. Ce n’est pas que cela ne soit pas souhaitable, ce n’est pas praticable, voire même, encore une fois, dangereux.

L’article 3 réitère les engagements de 2% pour les dépenses de défense et de 20% pour les équipements. Aucune nouveauté là dedans. Ces indices existent déjà au niveau de l’OTAN comme de l’UE (au sein de l’Agence européenne de défense). Ils sont d’ailleurs atteints pour le Royaume-Uni, mais pas par la France et l’Allemagne (pour le premier chiffre). Inscrire dans un traité un chiffre de dépenses est autrement plus conséquent qu’y introduire une décision politique. C’est plutôt imprudent et pour le moins délicat. L’inscription dans le marbre du 3% de déficit pour l’Euro oblige à trouver quelques ressources ingénieuses pour contourner la difficulté. Au passage, l’auteur oublie l’objectif de dépenses sur la Recherche qui est — à mon sens — tout aussi essentiel que d’atteindre 2% du PIB pour la défense. On a donc un article inutile et superflu.

Passons sur l’article 4 qui explique qu’on peut signer tous les accords bilatéraux que l’on veut. Ben oui… c’est la norme internationale.

Les articles 5 et 6 sont consacrés à prévoir un rythme de réunion minimal entre ministres et états-majors. Utile certes. Mais c’est oublier une dominante : la défense est une notion attachée à une forte prédisposition de l’exécutif (Président ou Premier ministre). Le ministre de la Défense, notamment en Allemagne, n’a pas l’importance qu’il a en France (quand il en a… N’est pas Le Drian ou Alliot-Marie qui veut).

Les articles 7 et 8 sont consacrés aux sanctions (l’exclusion – rien moins que cela) si on n’atteint pas les objectifs financiers et à mettre en place un calendrier pour y arriver.

Et c’est tout… Un peu court comme traité… et comme réflexion. C’est dommage. Car avoir un traité franco-germano-britannique était a priori une idée bien séduisante et sans doute utile. Mais ce papier a un gros défaut : ne contenir aucune réelle proposition pour résoudre les problèmes actuels, ni pour trouver des financements pour répondre aux lacunes de défense, ni pour dynamiser la faculté de réponse rapide, ni pour rapprocher les politiques, ni pour mettre en commun certaines capacités. En clair, cette proposition est « géniale » mais inutile, imprécise et inapplicable.

L’Europe de la défense a besoin de projets concrets, structurants

Pour suivre régulièrement les questions de défense européenne, ce qu’a besoin l’Europe de la défense dans tous ses volets (OTAN, UE, multi ou bilatéral), ce sont des projets assez concrets, structurants, durables, qui permettent de résoudre la quadrature du cercle. Faire mieux avec moins d’argent (ce n’est pas parce qu’on dépensera 2% du PIB qu’on sera plus efficace). Faire plus ensemble tout en gardant sa pleine souveraineté sur l’engagement des troupes. Ce qu’a besoin l’Europe ce sont des ‘bons’ projets comme l’EATC, le pool d’avions C-130J (le récent projet franco-allemand), de partager (un peu) la recherche nucléaire, le financement de la recherche de défense, etc.

Ce qu’a besoin surtout l’Europe de la Défense, c’est d’arrêter de poser de grandes ambitions qui n’auront jamais d’application — comme dans les années 2000 d’avoir la capacité de projeter 60.000 hommes en opération (objectif jamais atteint) — ou de mettre en place de superbes instruments (NRF, Battlegroup, Eurocorps, Euromarfor, etc.), dont leurs auteurs cherchent tous les jours à démontrer une utilité qui ne saute pas aux yeux.

Il faudra donc un moment que les « intellectuels » mettent les mains dans le cambouis, partent du concret, des blocages actuels, tentent de voir comment ceux-ci pourraient être débloqués, contournés ou surmontés, avec des solutions pratiques. Il y a matière là à plusieurs papiers, plusieurs traités. Mais il faut avoir le courage de penser à rebours et d’essayer de se projeter dans une dynamique complexe faite de refus et de non-dits (3). Il faut pouvoir démontrer que l’Europe, c’est du concret, du possible, du valorisant pour chacun. Ce n’est pas évident. Mais un défi beaucoup plus stimulant que de refaire la bataille de la Marne… ou tenter de faire revivre le mythe de la CED (la communauté européenne de défense).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) A télécharger ici.

(2) D’autant plus quand il est financé, en bonne partie, par le budget communautaire.

(3) Un bon Think-Tank (selon moi) est celui qui pense à rebours des idées préconçues qui, tel un « tank » (au centre propre), parcourt, les lignes, les monts et les vallons pour attaquer là où cela est le plus utile et permet de renverser le jeu, de trouver des solutions inédites, pas celui qui parcourt les plaines au rythme bucolique de l’automne.

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Les dommages et intérêts pour Safa Nicu Sepahan sont justifiés (avocat général)

Wed, 05/10/2016 - 18:20
(B2) Doit-on ou peut-on accorder des dommages et intérêts à des personnes ou des entités dont les avoirs ont été gelés par l'Union européenne, à tort ? Question délicate tant juridiquement que politiquement que va devoir trancher prochainement la Cour. L'avocat général, Paolo Mengozzi, a rendu, le 8 septembre, ses conclusions dans l'affaire Safa Nicu […]
Categories: Défense

Les différentes phases des missions et opérations de la PESD/PSDC

Wed, 05/10/2016 - 12:45
(B2) Si l’Union européenne s’est reposée au départ davantage sur les moyens de l’OTAN ou d’autres organisations, elle est devenue, au fil du temps, plus autonome et a déployé des effectifs plus importants sur des durées plus longues. On peut retracer trois phases dans les missions et opérations de la PESD/PSDC. Première phase : tester toutes […]
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Le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes (fiche)

Wed, 05/10/2016 - 10:28
(B2) L’idée de mettre en place un corps européen de garde-frontières n’est pas neuve. Elle remonte au début des années 2000 (I). Mais il a fallu la crise majeure des migrants et des réfugiés, à l’été 2015 en Grèce et dans les Balkans, pour qu’elle trouve un débouché concret avec la création d’un Corps européen […]
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La Pologne dit finalement ‘Nie’ au Caracal

Tue, 04/10/2016 - 21:06
(B2) La Pologne considère comme « achevée » la négociation sur l'accord de compensation avec Airbus pour l'achat d'hélicoptères Caracal (H225M) par l'armée polonaise, a annoncé mardi (4 octobre) le ministère polonais du développement. « L'industriel n'a pas présenté des offres conformes aux intérêts économiques et la sécurité de l'État polonais ». Des différences trop […]
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La frégate Navarra opère son premier sauvetage en Méditerranée

Tue, 04/10/2016 - 20:06

(B2) La frégate espagnole ESPS Navarra qui vient d’intégrer la force maritime européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Opération Sophia) a effectué sa première opération de sauvetage, lundi (3 octobre). Les opérations de sauvetage ont « commencé au cours de l’après-midi et ont duré jusqu’au coucher du soleil » indique le QG de l’opération de Rome. 522 migrants ont été enregistrés, dont 122 femmes, 37 enfants et 15 bébés. (NGV)

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Carnet (04.10.2016). Cops (agenda). EUNAVFOR Med (Slovénie). Sanctions (Burundi, Libye, Syrie, Afghanistan, Yemen). Mali (aide). Définition terrorisme (CJUE). Minusma (attaque). Responsabilité militaires (UK). COP 21 (ratification). Colombie ...

Tue, 04/10/2016 - 17:30
(B2) Parus récemment : Contrôle des armes au large de la Libye : le Jacoubet relaie le L’Her* A l’ordre du jour de la conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan L’appel européen aux évacuations humanitaires à Alep. Un pont aérien médical vers l’Europe ?* Les forces multinationales européennes (fiche-mémo) Tchèques et Slovaques en exercice commun de […]
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Contrôle des armes au large de la Libye : le Jacoubet relaie le Premier maître L’Her

Tue, 04/10/2016 - 15:30

L’aviso Premier maitre L’Her en mission de contrôle des armes (crédit : Marine Nationale / Cols Bleus)

(B2) Le patrouilleur de haute mer français « Enseigne de Vaisseau Jacoubet » (F-794) est arrivé dans l’opération EUNAVFOR Med / Sophia de lutte contre les trafics en Méditerranée, au large de la Libye (êtres humains, armes). Il relaie son alter ego « Premier maître L’Her » (F-792) engagé depuis le 12 septembre (1). Cette présence française, au niveau maritime est nouvelle. Jusqu’à présent la contribution française à l’opération était plutôt limitée. Elle consistait davantage en des moyens humains (officiers au QG à Rome), de renseignement (ISR) et un avion (type Falcon 50) mis à disposition quelques jours par mois (avec souvent des missions doubles, sous égide national ou égide européen) (2).

Le changement de focus de l’opération décidé en juin par les 28 pour permettre à l’opération européenne d’opérer des contrôles des navires au large de la Libye, dans le cadre de l’embargo sur les armes édicté par l’ONU en 2011 et de la lutte contre Daesh (3), a changé la donne. La France contribue désormais avec des moyens maritimes à cette opération dans le cadre de qu’on appelle le contrôle des flux d’armes à destination de Daech (CFAD). Le port de Marseille a même été offert (4) pour servir de port de diversion en cas de flagrant délit, pour dérouter le navire concerné, l’équipage et les armes saisies, avec une conséquence indirecte : la justice française pourra être saisie de tels faits et le procureur de la République actionner les poursuites. Le Royaume-Uni a également offert un navire de plus pour effectuer cette tâche (5). On retrouve, ici, le couple franco-britannique, à l’action en Libye en 2011, qui a été un des moteurs principaux de cette nouvelle tâche d’EUNAVFOR Med.

Cette nouvelle phase passe « par une montée en puissance progressive » — explique-t-on à la marine nationale. « Le contrôle sur les armes nécessite en particulier une part importante de recueil de renseignement. » Contrôler tous les navires qui sont en Méditerranée serait, en effet, à la fois impossible en termes de moyens et assez inutile. Il faut opérer à bon escient sur des bateaux ‘suspects ». Ce qu’on appelle au niveau technique « caractériser les flux ». L’aviso Premier maître L’Her a ainsi déjà conduit deux opérations de visite sur des navires suspectés de s’adonner à un tel trafic. Les enquêtes de pavillon menées n’ont cependant pas permis « pour le moment, déceler d’irrégularités qui auraient autorisé une fouille complète des bâtiments ». Les informations collectées « ont été transmises aux partenaires et agences concernées par le contrôle sur les flux d’armes à destination de Daech en Libye ».

Même si les quelque fouilles opérées par les navires français et britanniques n’ont permis aujourd’hui de détecter aucun flagrant délit, cette présence — et la communication qui l’entoure — a un certain effet dissuasif. Les trafiquants, se sachant surveiller, pourraient modifier leurs modus operandi. Ce qui, d’une certaine manière, participe à l’objectif de perturber les trafics.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : le Jacoubet avait été envoyé sur le Crash d’Egypt air : les forces égyptiennes, françaises et grecques déployées sur zone et a également participé à l’opération européenne de lutte contre la piraterie dans l’Océan indien (lire : Dans le Golfe, les pirates s’en donnent à coeur joie).

(1) Tous deux sont des navires de la classe d’Estienne d’Orves, de type A69

(2) Depuis juin 2015, les avions de reconnaissance maritime ont réalisé une vingtaine de missions, cumulant ainsi plus de 120 heures à surveiller le trafic maritime dans la zone d’action de l’opération Sofia.

(3) Résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

(4) Paris s’est un peu fait tirer l’oreille pour offrir ce port. Mais les Italiens qui assurent déjà tout le traitement des demandeurs d’asile et la poursuite en justice des trafiquants d’êtres humains a refusé de contribuer davantage à une action demandée essentiellement par les Français et les Britanniques.

(5) On peut noter que Londres, en « mode » départ sur le Brexit a renforcé son action sous le drapeau européen là, où il y a quelques années, elle refusait de à l’Union européenne.

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A l’ordre du jour de la conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan

Tue, 04/10/2016 - 13:30
(B2) Bruxelles accueille durant un jour et demi, mardi et mercredi (4 et 5 octobre), une Conférence de sur l'Afghanistan, intitulé : « un partenariat pour la prospérité et la paix » Plus de 70 pays seront représentés au niveau ministériel ou infra-ministériel, ainsi qu'une vingtaine d'organisations et agences internationales. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, notamment […]
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L’appel européen aux évacuations humanitaires à Alep. Un pont aérien médical vers l’Europe ?

Mon, 03/10/2016 - 10:47

(B2) La Haute représentante de l’Union, Federica Mogherini, et le commissaire européen à l’Aide humanitaire, Christos Stylianides, ont lancé un appel solennel à « toutes les parties au conflit » pour soutenir et faciliter « une initiative humanitaire d’urgence pour Alep » visant à permettre aux organisations humanitaires de faire leur travail et les civils d’être sauvés et protégés. Cette initiative, prise en coopération avec l’ONU, se compose de deux éléments principaux.

Faciliter l’acheminement de l’aide

Il s’agit d’abord de faciliter « l’acheminement d’aide d’urgence aux civils dans l’Est d’Alep pour pourvoir aux besoins médicaux, en eau et en alimentation ». Un « convoi d’agence inter-aide est prêt à se déplacer de l’Ouest vers l’Est d’Alep », puisant dans les stocks prépositionnés (un prépositionnement rendu possible grâce au financement européen de ‘réponse de première ligne’). Ce convoi peut apporter de l’aide à un maximum de 130.000 personnes, précise-t-on du côté européen.

Assurer les évacuations médicales

En second lieu, « en parallèle et en même temps », il faut « assurer les évacuations médicales des blessés et des malades de l’est d’Alep », avec une priorité donnée aux « femmes, aux enfants et aux personnes âgées ».

Des conditions minimales pour protéger travailleurs humanitaires et civils

L’UE appelle également toutes les parties à « fournir d’urgence les autorisations nécessaires pour la livraison de l’aide et pour les évacuations médicales ». Les opérations doivent être « menées sous la seule responsabilité des organisations humanitaires, et selon des modalités qui garantissent l’impartialité et la neutralité des opérations d’aide » avec des « conditions minimales pour assurer la sécurité et la protection des travailleurs humanitaires et des civils ». Ces conditions humanitaires devraient « être telles que la communauté internationale puisse travailler ».

Faciliter les évacuations médicales

L’UE demande également aux parties d’autoriser des évacuations médicales « non seulement pour l’est d’Alep, mais pour toutes les zones assiégées, y compris les «quatre villes» où des vies sont également en danger en raison du manque de médicaments et de traitements médicaux ».

Un pont médical vers l’Europe

L’UE est « prête à faciliter et à soutenir l’évacuation et l’orientation des patients vers les installations médicales adéquates dans la région » mais aussi « si nécessaire en Europe pour les soins médicaux spécialisés non disponibles dans la région », précisent les deux responsables européens.

(NGV)

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Les forces multinationales européennes (fiche-mémo)

Sat, 01/10/2016 - 06:52
(B2) Plusieurs unités et états-majors multinationaux ont été établis par des traités spécifiques, entre quelques États membres. Leur existence, hors des structures de l'Union européenne ou de l'OTAN, ainsi que l’absence parfois de volonté politique, a cependant beaucoup nui à l’efficacité de ces structures qui n’ont pas toujours été utilisées à leur juste valeur. A. […]
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Tchèques et Slovaques en exercice commun de contrôle des frontières

Thu, 29/09/2016 - 21:40

(crédit : MoD Tchèque)

(B2) Les forces tchèques et slovaques ont effectué mardi (27 septembre), un exercice commun de contrôle des frontières.

L’objectif était de vérifier si les différentes forces, tchèques et slovaques, policiers et militaires, pouvaient faire face à un « afflux de migrants ». Il reposait sur une décision fictive du gouvernement slovaque de passer au plus haut niveau de contrôle. 500 policiers, douaniers et soldats ont ainsi été mobilisés sur cet exercice qui s’est déroulé sur 250 kilomètres de la ligne frontière et 16 postes-frontaliers, avec  contrôles de véhicules réalisés de façon aléatoire.

Tester la coopération police – armée aux frontières

« Pour les hommes, cet exercice était une excellente occasion d’améliorer la coopération sur le terrain avec la police pour [prévoir] toutes les procédures face à une situation d’urgence d’afflux de migrants illégaux », a souligné le ministre tchèque de la Défense, Martin Stropnický en visite dans un des postes frontaliers à Lanžhot Břeclav, mardi (27 septembre), ville frontière des trois pays (Autriche, Slovaquie, Rép. Tchèque). « C’est également un message important pour nos populations que nous sommes prêts face à ces événements extraordinaires. En ce moment, nous ne sommes pas confrontés à un tel afflux (…) mais nous suivons de très près l’évolution » (*).

Une menace ressentie

L’arrivée de réfugiés et migrants en masse est une des hantises des forces de sécurité tchèques, slovaques (et de la plupart des pays d’Europe de l’Est d’ailleurs). Le précédent de l’été 2015 avec l’arrivée de nombreux réfugiés et migrants, via la Grèce et les Balkans résonnant dans toutes les têtes. « Même si nous observons une baisse de 40% des migrations illégales, nous devons nous préparer à toute situation à risques », a justifié Tomáš Tuhý, le chef de la police tchèque, selon l’agence CTK. Un premier exercice a ainsi eu lieu à la fin septembre 2015, avec 800 soldats et policiers engagés dans un exercice à la frontière tchèque avec l’Autriche. Un second exercice a eu lieu sur la même frontière, en mars 2016. Un test grandeur nature a été réalisé, en avril 2016, pour tester les temps de réponse à la frontière en cas de crise soudaine en Moravie. Un test similaire devrait être réalisé le long de la frontière allemande cette année. Et un autre exercice est prévu le long de la frontière polonaise en 2017.

(NGV)

(*) Version originale en tchèque, traduite par nos soins

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Première livraison des F-16 portugais à la Roumanie, en attendant le F-35 ?

Thu, 29/09/2016 - 19:00
(B2) Le ministre roumain de la Défense, Mihnea Motoc, a pris livraison symboliquement, mercredi (28 septembre), sur la base aérienne n°5 de Monte Real à Leiria, des six premiers F-16 d'occasion sur les douze que le Portugal doit livrer à la Roumanie. L'entrée dans le club F16 « La fourniture de ces avions de chasse […]
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Les armées d’Afrique subsaharienne (colloque)

Thu, 29/09/2016 - 18:41

(B2) L’IRSEM organise, les 5 et 6 octobre 2016 à l’École militaire à Paris, un colloque consacré aux armées d’Afrique subsaharienne. Objectif : avoir une meilleure compréhension du fait militaire dans cette région, des forces armées et de ceux qui les composent.

« Les différentes armées d’Afrique subsaharienne se trouvent aujourd’hui dans une période de transition entre un modèle issu des indépendances et un modèle plus adapté à la conflictualité actuelle » écrivent les animateurs du colloque. « Lors des indépendances, ces armées ont incarné la souveraineté des Etats, bien qu’elles aient été parfois négligées par le pouvoir politique et qu’elles aient servi occasionnellement d’outil de développement ou de maintien de l’ordre. Elles apparaissent depuis la fin de la Guerre froide de plus en plus sollicitées pour améliorer la prévention, contribuer à la résolution des crises sécuritaires sur le continent africain et protéger ou garantir l’évolution politique vers des formes plus démocratiques. Aujourd’hui, elles se trouvent au centre de nouveaux enjeux, avec le développement du terrorisme djihadiste sur fond de renouveau de la concurrence entre puissances internationales et d’intensification des défis liés à la gouvernance. »

Trois thèmes principaux sont abordés :

  1. La naissance et la formation des armées africaines,
  2. les armées africaines face aux influences extérieures,
  3. l’adaptation des armées africaines

Avec sept tables rondes et de nombreuses interventions de chercheurs et professeurs… mais un seul papier remis sur l’aspect européen, par Anne Hamonic, maître de conférences, université Rennes 1. Les conclusions scientifiques seront rassemblées par Frédéric Turpin de l’université de Chambéry.

Programme à télécharger ici

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