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Updated: 2 months 1 week ago

Le Cirkin n’en était pas à son coup d’essai. Un navire français illuminé au radar

Wed, 17/06/2020 - 12:55

(B2) Le Cirkin, ce cargo turc accusé d’enfreindre l’embargo sur les armes vers la Libye, n’en est pas à son coup d’essai. Et les ‘heurts’ avec la marine turque ne datent pas du 10 juin. Les frégates françaises en ont été le témoin direct

La frégate Courbet devant suivie de l’ITS Carabiniere et de la frégate turque TCG Salihreis en mission Sea Guardian en Méditerranée début juin, avant l’incident du Courbet avec la marine turque (crédit : OTAN – Archives B2)

Un premier accrochage fin mai

C’est entre le 19 et le 24 mai que l’histoire commence selon le journal français Valeurs actuelles *, qui révèle l’information (un peu avant même selon nos informations, cf. encadré). Données bien valables, et confirmées par B2 par une source militaire française. Battant pavillon tanzanien, le Cirkin, est alors en escale en Turquie à Haydarpasa selon son signal AIS (anti-collisions). Déclarant se rendre au port de Gabès en Tunisie, il appareille et coupe son AIS (n° 5IM389), seulement deux jours après son départ des eaux turques. Un signe suspect pour les spécialistes de la surveillance maritime. Des navires de la marine turque remontent de manière simultanée suivant la même trajectoire. Signe hautement suspect. Il est très rare qu’un navire marchand soit escorté à distance par des navires de guerre, surtout en Méditerranée, zone tranquille. Sauf pour des marchandises très sensibles…

Une demande de contrôle par le Forbin qui tourne court

La frégate française de défense aérienne, le Forbin (D-620), qui est de retour de mission dans le détroit d’Ormuz (EMASOH / Agenor — et non de Irini comme mentionné par notre confrère), et remonte vers Toulon, sa base, fait décoller son hélicoptère de bord ‘Panther’ pour vérifier l’identité du navire. Elle interroge par voie de radio le commandant du navire tanzanien, le 27 mai en fin de journée. Sans suite… Mais les marins français observent alors que « deux frégates de l’armée turque, qui se tenaient jusqu’alors à distance, se rapprochent à haute vitesse, et s’interposent entre le cargo et le Forbin », selon notre confrère Louis de Raguenel. C’est la marine turque qui répond aux Français : pas d’inspection possible.

Du matériel de fabrication US ultra-sensible

La frégate française est bien obligée de renoncer à l’inspection, sauf à entrer directement en conflit avec la frégate turque. Mais le cargo reste sous étroite surveillance. Le Cirkin a en effet changé sa destination, revenant à Gabès (Tunisie) le temps du survol par le ‘Panther’, puis reprenant sa destination initiale (Misrata-Tripoli), une fois celui-ci partie. De quoi aiguiser l’attention. Et en effet, un jour plus tard, le Cirkin arrive bien en Libye, à Misrata, port dépendant du gouvernement d’union nationale de Tripoli, le 28 mai au matin. Et sa cargaison est tout sauf innocente : « plusieurs véhicules semi-remorques transportant du matériel sous bâches, des véhicules blindés et des armements lourds. Du matériel ultra-sensible américain — selon notre confrère — : des chars M-60, des missiles Hawk anti aériens et…des mercenaires syriens appartenant notamment au groupe terroriste sultan Murad. » Le cargo est désormais marqué en lettres rouges sur tous les écrans.

Un navire suivi à la trace

Tous les moyens de reconnaissance, notamment satellitaires, selon nos informations, sont mobilisés pour suivre à la trace le cargo. De fait, quand le Cirkin revient au port d’Haydarpasa (près d’Istanbul), le 2 juin, tout est noté. Les 5 et 6 juin, plusieurs camions porte-véhicules sont chargés à bord. Le dimanche 7 juin à 13h45 (locales), il lâche les amarres pour traverser la mer Egée. Destination officielle… Gabès, en Tunisie (comme en mai). Là encore, la marine turque se tient aux aguets, prête à assurer la protection du cargo.

… mais toujours escorté par la marine turque

Au mouillage à Marmaris (Turquie), la frégate turque Gökova (F-496) « remonte la mer Egée pour escorter le cargo ». Puis une seconde frégate turque le TCG Oruçreis (F-245) le rejoint, prenant le relais. Des avions de chasse se profilent au large de l’île grecque de Psara, dans l’espace aérien grec. Une vieille habitude turque il est vrai, mais une marque plutôt inhabituelle pour un ‘simple’ navire marchand. C’est à ce moment qu’intervient la frégate grecque, le Spetsai, sur ordre du commandement d’Irini, mercredi (10 juin). Sans succès. Comme le navire français en mai, elle reçoit la même réponse ‘protection de la marine turque et est bien obligé de le laisser filer (Lire : cargo sous escorte turque soupçonné de violer l’embargo sur les armes). Le Cirkin décharge le 11 juin, à Misrata, sa cargaison qui est loin d’être médicale uniquement — comme affirmé par les Turcs aux Européens (lire : Opération Irini : une possibilité d’inspection des navires très limitée) — mais comprenait des matériaux militaires, armes et munitions comprises.

Une illumination radar de la frégate française, fait rarissime

Le Courbet (F-712) qui est à la manœuvre, en Méditerranée dans le cadre de la mission Sea Guardian de l’OTAN (de concert avec un navire italien et un navire turc !), prend contact aussi avec le cargo le même jour (mercredi 10 juin). Il s’en approche pour l’arraisonner. Mal lui en prend. La frégate turque Gökova ‘allume’ aussitôt la frégate française. Plus exactement, elle procède à une « illumination radar ». Ce à trois reprises, selon les Français. Une manœuvre, qui dépasse le simple coup de semonce, selon nos informations. Elle est en effet destinée à faire un repérage ultime, avant un tir, afin de guider un éventuel missile. Une sorte de dernier appel, électronique, avant le feu réel. Un fait rarissime. Du moins entre Alliés. Les marins turcs sont d’ailleurs en position de tir, casques sur la tête derrière leurs canons.

L’attaché de défense turc convoqué

Ce procédé, utilisé « assez régulièrement » par les Russes, qui jouent un jeu de ‘guerre froide’ avec les alliés de l’OTAN, est pour le moins totalement incongru de la part d’un Allié. « Totalement inhabituel », nous confirme un officier. « Je n’ai pas souvenir d’un tel incident », du moins de façon aussi volontaire. Inutile de dire que dans les couloirs officiels, l’attitude turque commence à irriter. L’Élysée se saisit de l’affaire, les ministres aussi. L’attaché de défense turc est convoqué à Balard, le siège du ministère français de la Défense, pour avoir une explication. Ce n’est pas la guerre… mais c’est (très) loin de l’entente cordiale.

A l’agenda de la réunion des ministres de la défense

Le téléphone chauffe. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias est à Paris pour voir son homologue Jean-Yves Le Drian, lundi (15 juin). Ce sujet est évoqué. Florence Parly s’entretient par téléphone avec le secrétaire général de l’OTAN mardi. Et, à coup sûr, cette affaire sera à l’agenda de la réunion des ministres de la Défense qui commence ce mercredi (17 juin) après-midi, par vidéoconférence. Au grand dam du secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui redoute ces coups de tension sur l’Alliance…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Situé à droite de l’échiquier de la presse d’opinion, cet hebdomadaire est connu pour être bien informé sur les questions de défense

Le trafic vers la Libye sous surveillance

L’arrivée de navires contournant l’embargo venant de Turquie est un fait surveillé attentivement depuis plusieurs mois déjà. Bien avant mai. Ainsi lors trajet du porte-avions Charles de Gaulle, fin janvier, en mission Foch, vers la Méditerranée orientale (lire : Un groupe aéronaval autour du Charles-de-Gaulle se déploie, avec des Européens, épisodiques), des repérages aériens permettent d’identifier des débarquements de matériels suspects dans les ports libyens, notamment chargés de véhicules pas tout à fait civils, et des navires. L’histoire ne dit pas si le Cirkin était dans le lot. Mais ce qui est sûr, c’est que certains navires sont désormais dans la loupe du renseignement français, comme de la surveillance européenne.

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Opération Irini : des possibilités d’inspection de navires limitées. Mais des résultats quand même

Wed, 17/06/2020 - 11:36

(B2) Le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell a donné quelques détails, mardi (16 juin) au sortir de la réunion des ministres de la Défense, interrogé par les journalistes sur le cas ‘Cirkin’, ce navire turc interpellé par les Européens mais qu’ils ont dû laissé passer

La possibilité d’arrêter et d’inspecter un navire reste très encadrée en effet, tant par le droit de la mer que les règles d’engagement de l’opération.

Une possibilité d’inspecter les navires très limitée

« L’opération a des règles d’engagement et elle s’attache à obtenir des informations conformément à ces règles », a précisé Josep Borell, Haut représentant de l’Union européenne. « Chaque fois qu’on voit un bateau suspect, on demande des renseignements. Si les informations s’avèrent satisfaisantes, on ne peut rien faire de plus. Ce n’est qu’en cas de non-réponse d’un navire que nous pouvons entreprendre un autre type d’activités. »

Une réponse satisfaisante dans le cas du Cirkin

Dans le cas du Cirkin, « le navire n’a pas répondu, mais les Turcs l’ont fait, répondant que le navire était affrété (chartered) sous la protection de la Turquie, amenant des matériels médicaux en Libye. Nous n’avions dès lors pas de raison spécifique de faire davantage selon les règles du droit de la mer, autrement que de transmettre les informations ».

Près de 130 ‘hélages’

Pour le Haut représentant, le résultat de l’opération Irini n’est pas à rejeter cependant, malgré cet échec. L’opération a hélé (adressé une demande de renseignement) des navires à plus de 130 reprises : plus d’une centaine en relation avec l’embargo sur les armes, 29 en relation avec l’embargo sur le pétrole. Ces ‘hélages’ ont permis « de recueillir des informations impliquant des acteurs des deux côtés du conflit et ont donné des résultats ». Tout cela est documenté et « transmis aux Nations unies ».

La neutralité respectée

Ce contrôle de l’embargo se fait tout azimut et n’est pas dirigé spécifiquement contre un pays — la Turquie par exemple — ou une des parties libyennes. « On est absolument neutre dans l’usage de nos capacités » affirme Josep Borrell. La preuve sur les plus de 130 demandes de renseignement, « la plupart n’étaient pas turcs ».

La détection d’avions transférés à Benghazi

De plus, « avec nos capacités aériennes, on a réussi détecté des transferts d’avions militaires, qui sont aujourd’hui dans les aéroports de Benghazi ». C’est-à-dire dans le camp Haftar (non reconnu par les Européens). « Et ce ne sont pas des avions de forces turques. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Une opération Irini bien à la peine. Les États membres chiches en moyens (v2)

Tue, 16/06/2020 - 23:52

(B2) L’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes au large de la Libye souffre d’une lacune chronique de moyens. Un abîme entre le dire et le faire, plus que troublant

Tous d’accord pour faire quelque chose

Les États membres de l’Union européenne sont (à peu près tous) d’accord : le désordre libyen est un des pires facteurs d’instabilité pour l’Europe ; il n’ y a pas de solution militaire au conflit, qu’une solution politique ; il faut renforcer le contrôle de l’embargo sur les armes en Libye, etc. Ils ont donc tous applaudi des deux mains quand l’Europe a repris l’initiative lors de la conférence de Berlin, remettant sur les rails un processus de dialogue politique et militaire (lire : Les huit points-clés de la conférence de Berlin sur la Libye). Ce processus avait un bras armé : une opération de contrôle maritime de l’embargo sur les armes, dénommée EUNAVFOR Med Irini. Seulement voilà, les vieux démons européens sont revenus dès la mise à l’eau de cette opération, démarrée officiellement le 1er avril dernier.

Des conférences de génération de force poussives

Tout d’abord, les conférences de génération de force successives ont été douloureuses. Il n’y avait pas le minimum de moyens souhaité (lire : L’opération EUNAVFOR Med Irini sans navires, pour l’instant. La génération de forces se poursuit). Le président du comité militaire de l’Union européenne (Lire : L’opération Irini doit disposer des moyens nécessaires pour réaliser son mandat (général Graziano)) comme le Haut représentant Josep Borrell (lire : Tous ceux qui veulent la paix en Libye doivent soutenir l’opération Irini (Josep Borrell)) l’ont dit, sur tous les tons, notamment dans nos colonnes, à ce moment là. Cela a permis de mobiliser les États membres pour démarrer l’opération. Mais pas de façon suffisante.

Un manque de moyens patents

Durant les premières semaines de l’opération (jusqu’à aujourd’hui en fait), un seul navire était présent sur zone : tout d’abord la frégate française Jean Bart, puis la frégate grecque Spetsai. Le navire-amiral italien San Giorgio n’a pas encore rejoint la zone d’opération (contrairement à ce qu’a affirmé Josep Borrell), même si cela semble imminent. Soit un navire et trois avions. « Ce n’est pas suffisant. Nous avons besoin de plus. J’ai lancé un appel aux États membres pour qu’ils fournisse tous les moyens nécessaires au renforcement de l’opération. J’espère que mon appel sera entendu », a indiqué le Haut représentant Josep Borrell, ce mardi (16 juin), rappelant que l’opération Sophia disposait de cinq navires et autant d’avions. Autant dire un minimum selon lui.

Des guéguerres intestines

Sur ce sujet, plutôt récurrent des opérations militaire (de l’UE comme de l’OTAN (1)), est venu se greffer une petite guéguerre intestine entre Athènes et Rome pour avoir la tête de l’opération ou de la force. Cela a entaché durant plusieurs semaines les réunions. Question réglée par un jugement de Salomon : partageant en deux périodes de six mois le commandement de la force (lire : Un commandant de force pour l’opération Irini. Enfin !). Une solution assez classique dans ce type de discussion. Mais cela a retardé d’autant la venue sur zone des navires grec et italien. À cela il faut ajouter la décision prise par Malte de prendre en otage l’opération pour obtenir un peu plus de solidarité de ses collègues face à l’arrivée de migrants sur ses côtes. L’île a menacé de bloquer l’opération, mais surtout retiré une des équipes d’arraisonnement promises (lire : Nuage noir sur l’opération Irini. Malte brandit la menace d’un veto).

Paris Berlin et Rome en service minimum

Le couple franco-allemand, pourtant moteur du processus de Berlin, fait pour l’instant le service minimum. L’Allemagne n’a promis un navire qu’au mois d’août. La marine allemande a bien mis à disposition un avion de surveillance. Mais celui-ci basé à près de 3000 km de la zone d’opération. Autant dire que cela limite le champ d’action (lire : L’avion de patrouille maritime allemand P3 Orion C entre dans la danse… loin de la zone d’opération). Quant à la France, une frégate, le Jean Bart, a tenu le cap un petit mois, ouvrant le bal, avant de rentrer au port. Rien depuis du moins au niveau de la mer. Paris fournit certes nombre de renseignements (via ses vols de reconnaissance effectués à titre national et autres systèmes d’information), mais pas de moyens d’arraisonnement direct, du moins officiellement au titre d’Irini. L’Italie a fourni un seul navire, le San Giorgio, qui n’était pas encore sur zone au moment de l’incident avec le navire turc, et est en train d’arriver. Alors que du temps de l’opération Sophia, elle fournissait souvent deux voire trois navires et un avion ou un drone.

Le reste des Européens aux abonnés absents ou presque

On pourrait bien sûr accabler ces trois pays. Mais les autres, du moins ceux qui disposent d’une force maritime, ne font pas mieux. L’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas, la Suède par exemple, ou le Portugal, sont restés bien silencieux. Il en est de même de la Roumanie ou la Bulgarie. Il est vrai que pour ces deux pays, on oublierait presque qu’ils sont dans l’Union européenne tant ils participent très peu aux missions et opérations de la PSDC. Et quasiment jamais aux opérations maritimes.

Un incident tout à fait prévisible

Ce qui devait arriver est donc arrivé. L’incident survenu la semaine dernière avec le contrôle avorté du Cirkin (lire : Un cargo sous escorte turque soupçonné de violer l’embargo sur les armes) était tout à fait prévisible. L’occasion était en effet trop belle pour les Turcs qui assurent un soutien militaire, assumé de manière ouverte, au gouvernement d’union nationale de Tripoli (reconnu par la communauté internationale et par l’Europe). Ankara a voulu infliger une petite leçon de stratégie aux Européens, en humiliant au passage son voisin et rival grec. Sans aucun risque, puisqu’il avait à la fois le droit international et la force pour lui.

Les Grecs seuls en ligne face aux Turcs : une erreur

En faisant accompagner ce cargo, soupçonné de transporter des armes vers Misrata en Libye, par ses navires militaires, Ankara lui a donné la protection nécessaire à la fois au plan juridique (l’immunité souveraine qui empêche l’inspection de tout navire assumant une mission de service public d’un État) et au niveau militaire. Laisser un seul navire contrôler le champ méditerranée était une grave erreur. Donner ce rôle à la Grèce l’était encore plus. Une erreur militaire et politique…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Avec une différence majeure entre l’Union européenne et l’OTAN. Les États-Unis jouent souvent le rôle du père fouettard rappelant les États à leur devoir.

Mis à jour sur l’arrivée du San Giorgio

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Un sous marin d’attaque en feu dans la rade de Toulon

Fri, 12/06/2020 - 19:10

(B2) Fait peu commun, mais craint de tous les marins, un incendie s’est déclaré ce vendredi matin (12 juin) à bord d’un sous marin nucléaire d’attaque français, le SNA Perle

Un incendie en pleine matinée

Il était 10h35, selon la préfecture maritime de la zone Sud, quand « un incendie s’est déclaré en zone avant du sous-marin nucléaire d’attaque, au bassin en zone Missiessy ». Le S-606 (son numéro de coque) était alors en phase d’entretien et de réparation à la base maritime de Toulon (1). « Le sous-marin a été évacué. Il n’y a pas de blessés. » Un incendie majeur. Il était toujours en cours en fin d’après-midi. Les équipes spécialisées « continuent à lutter contre le sinistre afin de le circonscrire », indique un second communiqué de la préfecture parvenu à B2 à 17 heures.

Tous les moyens mobilisés

Tous les moyens disponibles ont été mobilisés. Les marins-pompiers de la base navale de Toulon ont déployé un bateau-pompe qui alimente toutes les manches à incendie. Les pompiers du SDIS 83 (service départemental d’incendie et de secours du Var) et le bataillon de marins-pompiers (BMP) de Marseille (une trentaine de pompiers et 11 véhicules spécialisés) ont été appelés en renfort. Tandis qu’une dizaine de marins de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (ESNA) apporte un soutien technique aux marins-pompiers intervenant à bord, notamment avec la mise en place « de moyens d’alimentation en eau et accompagnement dans le sous-marin des marins-pompiers intervenant à bord ». Quant aux équipages des autres sous-marins et de l’école de navigation sous-marine et des bâtiments à propulsion nucléaire (ENSM-BPN), ils assurent « les moyens de protection depuis le quai et constituent un réservoir de forces d’intervention ».

Pas de risque nucléaire

Précision importante venue de la préfecture maritime : « Il n’y a aucun combustible nucléaire à bord, celui-ci ayant été retiré dans le cadre de l’arrêt technique. Il n’y a pas d’armes (missile, torpille, munitions), ni de batteries à bord ». Les fumées qui s’échappent « ne sont pas radioactives ». Et de préciser que la France dispose « de balises, sur tout le territoire, capables de détecter toute anomalie de radioactivité ». Au cas où….

Doutes sur l’avenir du sous-marin

L’incendie à bord du sous-marin a été éteint dans la nuit de vendredi à samedi 0h50, après plus de 14 heures d’incendie, selon un communiqué de la marine nationale. Ce qui laisse mal augurer de la suite. Vu l’ampleur et la durée de l’incendie, on peut avoir quelques doutes.

(NGV)

  1. Le sous marin de la classe Rubis était en arrêt technique, depuis le 13 janvier dernier. Interruption prévue pour entretien et réparations (IPER dans le jargon marin).

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Un cargo sous escorte turque soupçonné de violer l’embargo sur les armes (v3)

Thu, 11/06/2020 - 16:20

(B2) Un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Libye est surveillé de près par l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini

Accompagné par la marine turque

Le Cirkin, un navire marchand turc battant pavillon tanzanien a été détecté mercredi (10 juin), au sud-ouest de la Crète, se dirigeant vers la Libye. De forts soupçons pèsent sur le fait que le Cirkin n’effectue pas un transport tout à fait ordinaire, mais qu’il transporte des armes illégales. Ce cargo était parti de Istanbul, en Turquie, avec une halte à Haydapasa, un port du Bosphore, le 2 juin. Mais, en haute mer, il ne naviguait pas comme n’importe quel navire marchand. Il était accompagné, de près et de loin, par au moins trois frégates de la marine turque. Sans compter un aviation de chasse qui ne trainait pas loin.

Un contrôle sans succès

L’hélicoptère de la frégate grecque Spetsai (1) a alors reçu l’ordre du commandant de l’opération EUNAVFOR Med Irini de décoller pour contrôler le navire. Procédure normale en cas de soupçon sur un navire. Le capitaine et l’équipage du navire marchand n’ont pas répondu aux appels d’inspection de l’hélicoptère. Ce sont les Turcs qui ont répondu, indiquant que le navire était sous « protection de la République turque », selon la télévision grecque AN1 Tv. L’hélicoptère est revenu alors à bord de la frégate. Le Spetsai a cependant reçu l’ordre de suivre le navire à distance.

Information confirmée du côté européen

Selon un officiel européen, dont les propos ont été recueillis directement par B2, les ‘gars’ de l’opération Irini ont « suivi la procédure habituelle ». Ils ont tenté de héler le navire suspect. Un appel destiné à « identifier le navire : afin de vérifier avec lui d’où il vient, quel est son point de départ, sa destination et la nature des marchandises et des biens à bord ». Procédure utilisée en effet « quand il y a de possibles soupçons » et permettant ensuite de « prendre des mesures et mener une inspection ». Mais « les Turcs ont répondu que [la procédure] ne pouvait pas continuer ».

Un refus turc avéré

De fait, la procédure s’est arrêtée car, pour mener l’inspection, quand il existe un État du pavillon, il faut « obtenir le consentement de l’État du pavillon » (NB : quand celui-ci est affiché clairement ou qu’il n’y a pas de soupçon qu’il y a fraude). Autorisation qui n’a pas été obtenue apparemment. Mais surtout, les Turcs ont donné une explication au refus d’inspection. Les Européens affirment « être en contact avec eux pour vérifier et comprendre les raisons de la réponse négative que l’opération a reçue ».

Bien arrivé à destination en Libye

Le cargo est finalement arrivé à sa destination à Misrata (Libye) jeudi (11 juin) vers 10h selon les données de son AIS, consultées par B2, sur les sites de suivi maritime. Et il y a déchargé sa marchandise, qui ne ressemblait pas tout à fait aux dires des Turcs de « matériel médical ».

Commentaire : un cas d’école prévu d’avance, véritable test pour l’Union européenne 

Les Turcs sont parfaitement dans leur droit. Même s’ils agissent ainsi au vu et au su de tout le monde, avec une mauvaise foi patente. C’est la stricte application du droit de la mer. Tout navire opérant une mission de service public ne peut être inspecté par un navire de guerre.

Cet argument avait d’ailleurs déjà été utilisé en son temps par le gouvernement de Tripoli pour protéger ses navires d’une incursion trop précise des navires de l’opération Sophia (2), arguant de l’immunité internationale (3). Cette hypothèse était très probable et envisagée dès le début de l’opération Irini. C’est un vrai test pour l’Union européenne de sa capacité à imposer les règles internationales d’embargo.

Selon nos informations, la question turque pourrait être évoquée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de lundi (15 juin) dans les points d’actualité. Au départ, c’était davantage lié à l’action du gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan dans les forages au large de l’île de Chypre. Cet épisode rajoute un dossier de plus dans des relations compliquées entre Bruxelles et Ankara.

Cela pose également un sérieux problème du côté de l’Alliance atlantique. Qu’un Allié viole ouvertement, par la force militaire, un embargo décrété par les Nations unies, est plutôt gênant. Qu’un autre Allié tente de le contrôler sans succès, est plutôt un sérieux coup à la solidarité de l’alliance.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Le Cirkin n’en était pas à son coup d’essai. Un navire français illuminé au radar

  1. Le Spetsai est pour l’instant le seul navire actif dans l’opération. Le San Giorgio, qui sera le navire amiral, devrait le rejoindre bientôt. Mais il était encore à quai hier.
  2. Lire : Le gouvernement libyen contourne l’embargo sur les armes. Avec l’assentiment de Sophia ?
  3. Lire : L’affaire du Lufy : un trafic d’armes intralibyen ? un problème européen ?

Article mis à jour jeudi 11 juin dans la nuit (arrivée du navire en Libye), vendredi 12 juin (explications européennes, note supplémentaire sur l’affaire du Lufy, commentaire OTAN) et 17 juin sur le ‘Lire aussi’

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Categories: Défense

La communication des armées françaises sur la sellette

Wed, 10/06/2020 - 09:43

(B2) Entre les armées françaises, dirigées par Florence Parly, et les journalistes, le fossé se creuse. La communication du ministère mise en cause

La communication lors de la pandémie de coronavirus a été souvent erratique, quand elle n’était pas incomplète et tardive – retour du groupe aérien embarqué du Charles de Gaulle (crédit : DICOD)

L’information du public dévoyée

L’association des journalistes de la Défense (AJD), (dont fait partie B2) a décidé de publier une lettre ouverte, la seconde en quelques semaines. Ce que demandent les journalistes au ministère est simple : donner de l’information au public, de façon claire, honnête et rapide.

Des dysfonctionnements révélateurs

Les dysfonctionnements sont nombreux : absence de réponse à temps, sélection arbitraire des journalistes, pression exercée quand l’article (ou la question) déplait, mensonges (délibérés) ou non des communicants…

Une volonté politique

Ce n’est pas un problème, ici, de savoir-faire. L’armée et le ministre en sont bien dotés. Et la plupart sont (très) compétents. Il s’agit ici bel et bien d’une volonté politique de tromper le public par l’intermédiaire des journalistes. Soyons clairs on est plus proches de la désinformation.  L’affaire de la contamination au Covid-19 du personnel du porte-avions Charles-de-Gaulle n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Et un manque de courage

Une réunion de ‘conciliation’ devait avoir lieu mardi (9 juin). Elle a échoué. Le conseiller communication de la ministre (Grégoire Devaux), a choisi de bouder la rencontre. Ce qui n’est pas pour nous étonner. Le communicant est plus prompt à donner des bons points et mauvais points et pratiquer la censure qu’à faire son travail. Courage fuyons…

L’Europe en bandoulière

Pour notre part, nous avons toujours été très étonnés du manque de disponibilité de la ministre française des Armées lors des réunions des ministres de la Défense, que ce soit au niveau de l’Union européenne ou de l’OTAN. La ministre est toujours ‘pressée’. Pourtant, l’Europe de la défense est une priorité officielle. Pour avoir une explication aux décisions prises ou aux rares communiqués de presse (vantant la politique ministérielle), il faut s’accrocher. Concrètement, il est plus facile aujourd’hui d’aborder un ministre de n’importe quel pays (USA y compris) qu’un ministre français inatteignable.

Un fait qui a son importance

Précisons que l’AJD n’a pour habitude de porter ce genre de débat sur la place publique. Ses membres sont plutôt ‘discrets’ et ‘disciplinés’, comme le veut le secteur qu’ils couvrent. Et s’il y a explication, elle se passe, en général, portes fermées. Cette prise à témoin publique — la première depuis la création de l’association de 1979 —, ne devrait donc pas être négligée, comme elle l’est actuellement. Elle doit être traitée avec sérieux, et au plus haut niveau, jusqu’au cabinet du Président de la République (Emmanuel Macron), puisque le cabinet de la ministre de la Défense (Florence Parly) semble considérer que c’est une peccadille.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger la première lettre du 7 mai et la seconde lettre du 9 juin

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Categories: Défense

Les ambulances privées d’EUMM Georgia sèment la confusion

Mon, 08/06/2020 - 11:00

(B2) La mission d’observation sur la ligne de contact entre l’Ossétie du Sud et d’Abkhazie (EUMM Georgia) a opposé un vigoureux démenti aux « fausses affirmations » circulant en Ossétie du Sud sur la présence de véhicules privés accompagnant ses observateurs.

Le véhicule de soutien médical privé (private.ge) qui accompagne les observateurs sur la ligne de démarcation ossète le 24 avril (crédit : Sputnik)

Une désinformation des médias ossètes

Tout est parti de médias russes (Sputnik Ossetia notamment) et ossètes (la chaine gouvernementale PEC) qui relaient une déclaration du comité de sécurité du gouvernement d’Ossétie du Sud, publiée mercredi (20 mai). « Il y a quelques jours [les 24 et 26 avril], sur une section de la frontière sud-géorgienne-géorgienne à proximité du village d’Uista (district de Znaursky en Ossétie du Sud) », les garde-frontières du KGB RSO ont « enregistré l’apparition non autorisée de la voiture de la clinique médicale géorgienne ‘Private’. Le véhicule était accompagné de deux voitures de patrouille de la mission de surveillance de l’UE en Géorgie (EUMM). Ce qui a permis aux médecins géorgiens de se déplacer secrètement vers la frontière de l’État ». Une manière « de collecter sur place des éléments biologiques, destinés à être utilisés dans le laboratoire de recherche de la santé ‘Richard Lugar’ » affirment les services secrets ossètes. NB : Un centre de recherche mis en place et financé par les États-Unis, au départ, mais qui dépend aujourd’hui de l’administration nationale géorgienne de contrôle des maladies et de santé publique (NCDC).

Des ambulances bien présentes

En fait, ce n’étaient pas les observateurs d’EUMM qui accompagnaient le véhicule médical, mais le contraire. Depuis (presque) le début de la mission, les observateurs européens sont accompagnés par un véhicule médicalisé. Service assuré par un opérateur privé géorgien. Un de ces ambulanciers est d’ailleurs décédé en 2009 lors d’une explosion (lire : Géorgie: une mine explose au passage d’un véhicule des observateurs de l’UE. Bilan: 1 mort).

Sans prélèvement d’échantillon

L’ambulance était « bien visible » et siglée, précise-t-on au QG de la mission à Tbilissi. Il n’y a « pas eu de mouvement secret. La patrouille s’est déroulée comme prévu. Il n’y a eu aucun contact avec des personnes. Il n’y a eu aucun prélèvement d’échantillons et il n’y a eu aucune intention de le faire ».

Un service assuré au vu et au su de tous

« Toutes les parties, notamment ceux d’Ossétie du Sud, sont bien au courant de ces faits, comme cela a été expliqué via la ligne téléphonique d’urgence (hotline) les 26 et 27 avril », précise-t-on au siège de la mission à Tbilissi. Et cela a été régulièrement le cas. « Depuis de nombreuses années déjà, par exemple lors des réunions du mécanisme de prévention et de réponse aux incidents (IPRM) dès 2014 », cette présence a été expliquée.

Un soutien médical nécessaire

Ce soutien médical permet « d’apporter rapidement l’aide nécessaire en cas de besoin, comme un accident de voiture. C’est particulièrement important dans les régions éloignées où il est difficile d’obtenir une aide médicale rapide ,» rappelle-t-on à EUMM Georgia. « EUMM est une mission d’observation, avec des patrouilles quotidiennes, y compris pendant la pandémie de de Covid-19. Notre approche est tout à fait impartiale. »

Commentaire : le recours au privé problématique en cas de crise

Faute de proposition d’un État membre, les responsables européens recourent à des services privés, dans les missions civiles (souvent), comme dans les opérations et missions militaires (parfois), pour assurer certaines fonctions essentielles opérationnelles (1). Pratique et souple, ce n’est pas sans susciter des difficultés cependant, en particulier en cas de crise.

L’affaire géorgienne le prouve : les adversaires de la mission ont trouvé là une brèche facile à exploiter. L’emploi d’un contractant géorgien qui a pu travaillé pour d’autres employeurs est source de confusion importante, surtout dans une mission aussi sensible que celle d’EUMM Georgia, sur une ligne de front figée au plan militaire, mais toujours active au plan politique.

Plus récemment, le contrat d’assistance signé pour certaines missions civiles en Afrique a posé question. La direction du service diplomatique européen (SEAE) s’est rendue compte que le service était inopérant. Avec l’interdiction de déplacement et les aéroports bloqués (sauf aux transports militaires), les ‘privés’ se révélaient incapables d’agir pour évacuer des patients atteints (2).

En 2009, lors de l’opération militaire au Tchad, les Irlandais avaient aussi testé la location d’hélicoptères privés. Un service qui s’est révélé très vite inopérant (3). Il s’en étaient mordus les doigts. « Heureusement que les Russes étaient là pour prendre le relais » confiait à l’époque un officier de l’opération.

Pour être juste, précisons que l’emploi de ‘privés’ dans l’opération est aussi parfois une réussite comme les pilotes et avions de surveillance affrétés par le Luxembourg tout d’abord pour l’opération de lutte anti-piraterie (EUNAVFOR Atalanta), ensuite pour l’opération maritime en Méditerranée (EUNAVFOR Med Sophia et Irini) (4).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Je ne parle pas ici des fonctions logistiques arrières (nourriture, nettoyage…) assurée quasi systématiquement par des opérateurs privés
  2. Lire : Des missions civiles de la PSDC qui peinent à fonctionner
  3. Lire : Hélicoptères Irl. pas homologués, « défaut de contrôle » dit un rapport et Deux hélicoptères irlandais interdits de mission ?
  4. Lire : Les avions luxembourgeois aux Seychelles: des privés « bien utiles ! »

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (mai 2020)

Sun, 07/06/2020 - 09:30

(B2) Des réunions de planification, d’échanges d’informations, des rotations de force, des expertises. Les opérations et missions de la PSDC sont en mode ‘lent’, mais tentent de maintenir le contact

Djibouti. Passation de commandement sans cérémonie en Somalie

Le contre-amiral Ignacio Villanueva, a pris le commandement de la force militaire de lutte contre la piraterie dans l’Océan indien (EUNAVFOR Atalanta). Une rotation peu ordinaire. La « première effectuée avec succès pendant la pandémie Covid-19 », mais sans cérémonie, et pour laquelle il est devenu « sans le vouloir le premier commandant de force immunisé sur le théâtre ». Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Somalia)

Pristina (Kosovo). Recherche des disparus, un travail de longue haleine

311 personnes disparues ont été identifiées depuis plus de dix ans qu’a commencé la mission ‘état de droit’ de l’UE au Kosovo (EULEX Kosovo). Un travail minutieux, lent mais nécessaire. Des centaines de personnes sont toujours portées disparues suite au conflit armé. C’est « un processus douloureux, compliqué et long », explique le chef d’EULEX, Lars-Gunnar Wigemark, dans une interview à l’agence Associated Press. Détails ici

(crédit : Eulex Kosovo)

Ramallah (Palestine). L’impact inespéré du coronavirus sur le système judiciaire palestinien

Actuellement, en Cisjordanie, il n’est pas possible de soumettre des documents ou de tenir des audiences en ligne. La crise du Covid-19 pourrait être l’opportunité d’accélérer ce processus de numérisation. C’est ce que défend l’avocat Andres Moreno. Il a coordonné un rapport remis aux institutions judiciaires palestiniennes sur les mesures prises par les systèmes judiciaires en Europe et en Amérique du Nord pour répondre à la crise ; un rapport réalisé avec de nombreux conseillers de la mission civile de conseil et d’assistance à la police palestinienne (EUPOL COPPS). Détails ici

(crédit : EUPOL Copps)

Bamako (Mali). Échange d’informations entre forces 

Comme toutes les quatre semaines, la réunion de coordination opérationnelle (RCO) s’est tenue, mi mai. Organisée par les membres de la représentation permanente de l’opération Barkhane au Mali, elle mêle les représentants des Forces armées maliennes (FAMa), de la mission européenne de formation des forces armées au Mali (EUTM Mali), de Barkhane et de la mission de l’ONU (MINUSMA). Le but : échanger les informations sur la situation sécuritaire, les opérations en cours menées par les différents acteurs, les actions de formation de EUTM Mali et d’autres sujets d’intérêt commun. Détails ici

(crédit : EUTM Mali)

Niamey (Niger). Distribution de codes aux futurs professionnels

Les futurs commissaires et officiers de police judiciaire formés par la mission civile d’assistance aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Niger) ont reçu un code pénal, un code de procédure pénale, et un manuel explicatif du code pénal et du code de procédure Pénale. Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Niger)

Bosnie-Herzégovine. L’exercice Quick Response 20 avant l’automne

Malgré le covid-19, l’exercice exercice annuel Quick Response 20 aura bien lieu cette année. Il se déroulera entre la fin août et début septembre 2020, dans différents lieux de Bosnie-Herzégovine. Des officiers ont participé à la conférence de planification, vendredi 29 mai, par vidéoconférence, depuis Naples et Rome en Italie, Mons en Belgique, Londres au Royaume-Uni et la KFOR à Pristina au Kosovo. Détails ici

Un Antonov pour transporter les véhicules de la mission (crédit : EUFOR Atlhea)

(information recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

Lire sur l’opération EUNAVFOR Med Irini :

Et sur B2 Pro :

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Les guerres de l’ombre de la DGSI, par Alex Jordanov

Sat, 25/04/2020 - 20:12

(B2) Merah, Bataclan, hyper casher, Charlie Hebdo, bonbonnes de gaz à Notre-Dame… Des noms qui ont la même connotation pour beaucoup désormais : terrorisme. Pour le combattre, en France, c’est la direction générale de la sécurité intérieure et sa section anti-terroriste qui sont à l’oeuvre, jour et nuit, pour déjouer les plans des extrémistes islamistes

Un roman policier 

Loin d’être une spécialiste de la DGSI et des services secrets, c’est plongée au coeur d’histoires surréalistes et comme sorties d’un film américain que je me suis retrouvée en lisant Les guerres de l’ombre de la DGSI. 300 pages, lues en une après-midi. Un livre écrit comme un roman policier, truffé d’espions, de secrets et des grands noms des attaques terroristes des dernières années en France.

Alex Jordanov interview des agents des services de la DGSI. Ils font partie de la section anti-terroriste. Tour à tour, ils racontent leurs histoires, répondent aux questions et explique leur travail. Le tout, très détaillé, et écrit à perdre haleine, on s’y verrait presque. On les imagine, ces hommes et femmes s’infiltrer dans les quartiers et les mosquées, cachés dans les buissons à prendre des photos des entrainements « sportifs » des terroristes, depuis leurs maisons en Corse, en filature sur l’autoroute, à planter des micros dans les lampes et sous les jantes de voitures. De Toulouse, à Trappes, en passant par Paris, Bruxelles, Nice, la Corse, à la frontière turco-syrienne et jusqu’au Pakistan.

… à prendre comme tel

Au travers les témoignages, on découvre un aperçu du fonctionnement de la DGSI, vue par les agents du terrain. On y lit notamment nombre de critiques sur le fonctionnement en silos de l’organisation, la compétition, de ordres de la hiérarchie incompris… Dans une grande partie du récit résonne la frustration des agents, qui racontent que telle personne, « on l’avait presque, elle était tout prêt mais on a pas eu le droit de faire l’arrestation pour telle ou telle raison de la hiérarchie ».

Malheureusement, seul leur point de vue est donné. Des témoignages à prendre donc avec le recul nécessaire et qui laisse des questions en suspens : Est-ce que les attentats du 13 novembre auraient pu être évités ? Est-ce là une représentation suffisamment complète de la DGSI ? Qui décide des arrestations ? Qui sont vraiment ces agents secrets ? À quel point la Direction est-elle « politisée » ?

Une leçon à retenir

La leçon du livre, comme le confies ces agents secrets, de ce qu’ils appellent le « French B.I. » est celle ci : « Tous sont d’accord sur une chose. La France, comme d’autres pays européens, est au bord de l’affrontement communautaire, en état de siège permanent. Le « but tant souhaité » par les islamistes », écrit Alex Jordanov. Heureusement, ils sont plusieurs centaines, en France, à tout faire pour les stopper.

En somme, un bon livre de confinement pour se changer les idées. À éviter pour les stressés des attaques terroristes.

(Aurélie Pugnet)

  • Nouveau Monde Éditions, 2019, Paris, 296 pages, 19,90 euros

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France, Pays-Bas et Royaume-Uni se coordonnent dans les Caraîbes

Thu, 23/04/2020 - 17:40

(B2) La France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont (enfin) décidé « d’unir leurs efforts » dans les Caraïbes face au coronavirus et aux ouragans à venir

Le Karel Doorman à son départ du port de Den Helder vers Saint Martin le 9 avril (crédit : Marine néerlandaise)

La nouvelle a été annoncée aujourd’hui par le ministère français des Armées. Les Néerlandais l’avaient déjà fait il y a deux bonnes semaines (le 9 avril)…

Une réponse militaire coordonnée

Pour les trois pays, il s’agit d’apporter une « réponse militaire coordonnée » en appui aux civils dans la gestion de l’épidémie du coronavirus qui touche aussi les territoires d’outre-mer, mais aussi de contribuer à assurer le maintien de l’ordre (une préoccupation surtout côté néerlandais) et se préparer à la saison des ouragans qui commence dans six semaines (préoccupation britannique).

Une demi-douzaine de navires sur place

Les trois pays ont, en effet, plusieurs moyens sur place : le porte-hélicoptères (ou BPC) Dixmude, côté français ; le navire porte-hélicoptères RFA Argus et le HMS Medway, côté britannique ; le HNLMS Karel Doorman et le HNLMS Zeeland (basé à Curacao), côté néerlandais. L’objectif est d’« optimiser les contributions militaires nationales » et « apporter plus d’agilité et de flexibilité dans la réponse à la propagation du virus à travers les Caraïbes ».

Une coordination établie à Fort de France

Une cellule régionale de coordination militaire conjointe, a été établie à Fort de France, en Martinique. Elle est directement inspirée des « leçons tirées » de la coordination des interventions lors de l’ouragan Irma en 2017, qui avait mis quelque temps à accoucher (lire : Caraïbes. Français, Néerlandais et Britanniques unissent leurs forces. Enfin !). Elle prend appui également sur les discussions menées au sein de l’initiative européenne d’intervention (EI2).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Tous ceux qui veulent la paix en Libye doivent soutenir l’opération Irini (Josep Borrell)

Wed, 22/04/2020 - 07:45

(B2) Alors que le processus de Berlin est en danger d’enlisement dans les sables, le haut représentant de l’UE, Josep Borrell, lance un appel pour mettre en place un cessez-le-feu sur le terrain, engager des discussions politiques, et surtout convaincre de la nécessité de soutenir et mettre en place l’opération Irini qui n’a toujours pas les moyens nécessaires pour commencer ses opérations maritimes de contrôle de l’embargo sur les armes

Le Haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell (crédit : Conseil de l’UE)

Les combats se poursuivent en violation des engagements internationaux

Une guerre d’usure en cours

Le conflit en Libye, aux portes de l’Europe, se poursuit depuis des années, et affecte directement les intérêts de l’Union européenne. […] Aujourd’hui, la situation actuelle a changé. L’armée nationale libyenne (ANL), sous le commandement du général Haftar, s’est déplacée vers Tripoli pour tenter de prendre le contrôle de la capitale libyenne. Les forces du gouvernement d’accord national (GNA) reconnu par les Nations unies se battent et c’est une guerre d’usure qui est en cours.

Les engagements de Berlin violés

Les combats se poursuivent sans relâche. Ce, malgré les efforts intenses des Nations unies, et malgré l’engagement clair de travailler vers un cessez-le-feu, pris par toutes les factions libyennes et tous les grands acteurs internationaux, dont l’Union européenne, lors de la conférence de Berlin en janvier, et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Un afflux d’armes et de militaires en violation de l’embargo

Les combats en Libye sont alimentés par des armes et d’autres renforts militaires provenant de l’étranger, en violation directe de l’embargo imposé par les Nations unies. Face à cette situation, l’Union européenne a compris qu’elle devait assumer une plus grande responsabilité dans la résolution de la crise libyenne. Outre les souffrances qu’elle inflige à sa propre population, l’instabilité en Libye affecte également la sécurité de ses voisins du Maghreb et du Sahel, et menace donc les intérêts européens, au sens large.

Un cessez-le-feu nécessaire

Il est clair aujourd’hui qu’un cessez-le-feu effectif est nécessaire pour débuter des pourparlers politiques et le lancement d’un processus de réconciliation nationale entre les groupes rivaux libyens. L’arrêt des flux d’armes et de l’assistance militaire vers la Libye devrait modifier le calcul stratégique des parties et diminuer la viabilité de toute « solution militaire ». Cela devrait ensuite constituer un encouragement fort à accepter et à respecter un cessez-le-feu. En résumé : nous devons mettre un terme à l’afflux d’armes et créer un espace de travail pour la diplomatie. C’est le principal objectif de l’opération Irini

Le principal objectif d’Irini

Le contrôle de l’embargo sur les armes

Pour contribuer de manière significative à endiguer le flux d’armes, et ainsi créer un espace pour que la diplomatie réussisse, l’Union européenne a lancé une nouvelle opération navale en Méditerranée centrale, appelée Irini, comme la déesse grecque de la paix. [Cette] opération Irini, qui a remplacé l’opération Sophia, a été lancée dans des circonstances très différentes. L’opération Sophia a été lancée en 2015, au plus fort de la crise dite migratoire. Son objectif premier était la lutte contre la criminalité organisée responsable du trafic de migrants et de la traite des êtres humains. D’autres tâches ont ensuite été ajoutées à son mandat, notamment la mise en œuvre de l’embargo sur les armes imposé à la Libye par le Conseil de sécurité des Nations unies en 2016.

Seule l’Union européenne a agi en mer sur le contrôle de l’embargo

L’expérience de l’opération Sophia a montré que même si tous les membres des Nations unies et les organisations régionales concernées sont invités à soutenir l’application de l’embargo sur les armes, notamment par l’inspection des navires en haute mer et la saisie des cargaisons illicites, seule l’Union européenne a contribué activement à ces efforts. Elle a également montré que la présence de moyens navals est cruciale, pour des raisons de crédibilité et d’efficacité.

La présence de moyens navals obligatoire

L’opération Irini ramène les moyens navals de l’UE en Méditerranée centrale, d’où ils étaient absents depuis près d’un an, ce qui coïncide à peu près avec le début de l’offensive du général Haftar sur Tripoli. Elle est clairement axée sur la mise en œuvre de l’embargo sur les armes. La résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations unies n’autorise que des mesures coercitives en haute mer. L’opération Irini sera bien équipée pour cela, et sa simple présence devrait avoir un effet dissuasif puissant sur les trafiquants en mer.

Surveiller la terre et l’air également

En même temps, il est clair que divers acteurs utilisent les routes aériennes et les frontières terrestres pour apporter des armes et un soutien militaire en Libye. Bien que cela soit également interdit par le Conseil de sécurité des Nations unies, il n’existe actuellement aucune autorisation internationale pour mettre fin à ces activités. Pour faire face à cette situation, l’opération Irini sera dotée de moyens technologiques, notamment satellitaires et aériens, au-delà de ce qui peut être détecté par les moyens navals, qui lui permettront, dans le plein respect du droit international, de rendre compte aux organes compétents du Conseil de sécurité des Nations unies, de manière aussi complète que possible, de toute autre violation potentielle de l’embargo sur les armes, par voie aérienne ou terrestre.

Un appel à tous pour soutenir Irini

L’Union européenne s’attend à ce que cette combinaison de contrôle maritime et de surveillance active d’autres routes aura un effet dissuasif fort sur tous ceux qui continuent à soutenir le conflit en Libye, malgré l’interdiction internationale claire, et malgré les souffrances que leurs actions causent. Nous leur demandons de se joindre à nous et de déployer leur énergie et leur influence pour promouvoir une solution politique, en toute bonne foi.

Rendre plus difficile toute ingérence étrangère

Nous savons que l’opération Irini n’est pas une solution miracle. À elle seule, elle n’apportera pas la paix et la stabilité en Libye. Mais elle peut contribuer à rendre plus difficile toute ingérence militaire extérieure, en exposant les responsables. Et si l’ingérence militaire extérieure est réduite, les chances d’un cessez-le-feu durable augmenteront, et avec cela les perspectives d’un véritable processus politique.

C’est pourquoi tous ceux qui veulent mettre fin à la guerre en Libye devraient soutenir l’opération Irini sans hésitation.

(Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité)

Chapô, titre et intertitres sont de la rédaction

Lire notre dossier N°81. L’opération de contrôle d’embargo sur les armes au large de la Libye EUNAVFOR Med IRINI

Lire aussi :

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Une opération en Méditerranée a justifié le maintien de la mission Foch

Tue, 21/04/2020 - 11:20

(B2) Le chef d’état-major des Armées français, François Lecointre, a donné, dimanche (19 avril), sur France-Inter, des explications très intéressantes sur l’épidémie du coronavirus qui a atteint les marins du Charles-de-Gaulle. Avec une révélation : le groupe aéronaval devait être engagé en opération en Méditerranée

Les Rafale devaient partie en opération en Méditerranée. Opération interrompue pour cause d’épidémie (crédit : DICOD / EMA)

Une épidémie qui a débordé du cadre prévisivbile

La cause ‘possible’ : l’escale de Brest

Tout d’abord le général met fin à un suspense : « On pense que cette contamination s’est produite à l’escale de Brest » reconnaît le chef d’état-major des Armées (CEMA), François Lecointre. Mais il faut rester prudent, a indiqué un officier marinier à B2. Il faut attendre les résultats des différentes enquêtes épidémiologiques pour être fixé. Hors des escales, il y a beaucoup de mouvements avec le porte-avions. Et il peut y avoir plusieurs foyers de contamination.

La question de l’escale posée

Courageusement, le CEMA endosse toutes les décisions, assumant toute l’ampleur de la décision (déchargeant ainsi le niveau politique d’une quelconque responsabilité). « On s’est posé la question à partir de début mars si on allait maintenir [la mission Foch]. La décision prise par le commandement — de la marine et moi-même — a été de la maintenir. Car elle correspond à une nécessité logistique d’un porte-avions en mission depuis deux mois. Et il fallait recompléter un certain nombre d’éléments dans le porte-avions pour qu’il poursuive cette mission. » L’escale a été maintenue avec des conditions de restriction : suppression des échanges internationaux, échanges limités avec les familles.

Des mesures de précaution pas suffisantes ?

Il y avait bien des cas à bord du Charles-de-Gaulle. Mais des cas jugés bénins apparemment. Et les mesures de précaution ont été levées. Trop tôt apparemment. « Après le 30 mars, à la fin de la quatorzaine, en l’état des connaissances à ce moment-là, a été décidée la levée de ces mesures barrières et des mesures contraignantes. Nous étions globalement à une dizaine de cas ORL, qui sont le stock constant qu’observaient les médecins sur ce type de bâtiment. C’est seulement à partir du 5 avril qu’ont été identifiés par le service médical de bord une dix-huitaine de cas symptomatiques. » (1)

Une opération en Méditerranée

Le porte-avions a appareillé après l’escale de Brest le 16 mars « en direction de la Méditerranée », indique le général François Lecointre (2). Pour lui, il fallait à tout prix que le porte-avions poursuive sa mission, pour deux raisons. L’une est connue : « Nous avions des exercices de qualification d’équipage en particulier des pilotes ». L’autre l’est moins : « nous avions des opérations à conduire en Méditerranée avant l’arrivée à Toulon ».

… non prévue au programme d’origine

Même si ce n’est « pas un secret défense », le général ne veut pas en dire plus. Il n’a pas non plus été interrogé sur ce point par nos confrères. Cette opération n’était cependant pas prévue, du moins dans le programme (public) établi au départ du groupe aéronaval. Celui-ci devait, une fois les deux exercices en mer du Nord (au large de l’Écosse et au large Pays-Bas-Danemark), avec une dernière séance de qualification au large du Portugal, rentrer à son port d’attache : Toulon. Ceci nous a bien été confirmé par un officier marine.

… en Méditerranée

Autre point : il ne s’agit pas d’un exercice, ou d’une démonstration d’amitié (type Passex), mais bel et bien d’une « opération ». Le mot employé (à deux reprises) par le CEMA qui est très précis dans l’emploi de ses mots, ne laisse aucun doute. Tout comme la zone géographique, précisément nommée : « Méditerranée ».

… au large de la Libye ?

À priori, il ne s’agit pas d’une opération au large de la Syrie, le délai de route n’était pas suffisant. Et le retour dans l’opération Chammal n’était pas prévu, selon nos sources. De fait, il pourrait fort bien prêter concours à la nouvelle opération de l’Union européenne (EUNAVFOR Irini), chargée du contrôle de l’embargo sur les armes vers la Libye, qui souffre aujourd’hui de ne pas démarrer, faute de moyens, dont des navires. Début avril, au moment de la génération de forces, on nous avait annoncé une « participation notable » de la France (Lire : L’opération EUNAVFOR Med Irini sans navires, pour l’instant. La génération de forces se poursuit). Participation qui s’est réduite, selon la réponse de l’état-major français à B2 (le 9.4) à « une frégate multi-missions en alerte ». On sait également que la France est très engagée dans cette zone libyenne, visant notamment à limiter l’emprise turque, comme russe, dans le pays.

Une connaissance de la zone

Pour le groupe aéronaval, cette présence au large de la Libye n’est pas une totale nouveauté. Au printemps 2011, en pleine intervention, le groupe aéronaval était parti pour assister les opérations de frappes aériennes (lire : Les moyens de l’opération « Civilian protection » en Libye en place). Début 2016, le Charles-de-Gaulle et son escorte avaient fait un passage au large, pour recueillir du renseignement.

Commentaire : un très discret démenti à la version officielle

On comprend donc que, au vu d’une opération, la continuité de la mission était nécessaire. Ce faisant le CEMA opère un double démenti, très discret, à la version officielle ministérielle. Le coronavirus a bien impacté les opérations. D’une part, la nécessité de maintenir la mission Foch était bien justifiée au regard de cette opération. D’autre part, l’interruption de la mission Foch et le retour anticipé du groupe aéronaval l’ont privé de cette « opération » en Méditerranée. Et la France est privée de porte-avions au moins jusqu’à fin juin. Le coronavirus — ou plutôt la non prise en compte rapide de l’épidémie (3) – a donc des conséquences très concrètes, opérationnelles sur la force française. Enfin, rappelons qu’en matière d’opération, ce n’est pas simplement un pacha de navire ou un commandant de task force 473 et même un CEMA qui prend la décision. Cette décision est politique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire nos dossiers :

Le bilan de l’épidémie du coronavirus à bord du groupe aéronaval

Voici le dernier bilan recueilli directement par B2 de source officielle (au 20.4)

Trois cinquièmes des marins du porte-avions contaminés

2010 tests ont été effectués sur 2390 marins en tout du groupe d’action navale. 1080 tests sont positifs, en grande partie sur le porte-avions :

  • 1046 marins ont été détectés positifs au Covid-19 sur 1798 marins du Charles de Gaulle (R-91), soit près de 60% de l’équipage (58,2%) ;
  • 19 marins positifs sur les 222 marins de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul (D-621), basée à Toulon ;
  • 0 marin positif sur les 168 marins du BCR Somme (A-631), basé à Brest. 106 ont été libérés et rendus à leurs familles. 62 restent en quarantaine car ils sont passés par des locaux ou ont fréquenté des ‘positifs’ ;
  • 0 marin positif sur les 219 marins de la frégate anti-sous-marine La Motte Piquet (D-645), basée à Brest ;
  • 8 positifs sur la flottille 11F de Landivisiau dotée de Rafale Marine ;
  • 7 positifs sur la flottille 4F de Lann Bihoué dotée d’avions d’observations E2-C Hawkeye.

Deux marins en réanimation

24 marins sont hospitalisés (un est entré et l’autre est sorti lundi 20 avril). 9 sont sous oxygène et 2 sont en réanimation : un major et un maitre principal, tous les deux plutôt âgés, du moins dans la zone d’âge considérée comme critique pour le coronavirus (50+). Ils sont en état « stationnaire » comme disent les médecins. C’est ce qui inquiète particulièrement les autorités.

Côté étranger

  • 1 testé positif sur la frégate belge Léopold Ier
  • 0 testé positif sur la frégate allemande Lübeck
  • nous attendons les résultats côté portugais et espagnol

(bilan établi au 8.4)

  1. Au 30 mars, cela fait une semaine qu’un cas de Covid-19 est confirmé sur la frégate belge.
  2. Point qui n’est pas tout à fait exact, puisque le navire repart en direction de la mer du Nord où il restera durant une bonne quinzaine de jours. C’est durant cette quinzaine de jours que tout se joue, même si selon le CEMA, l’équipage applique un plan d’action rigoureux, assez sévère, avec des gestes barrières.
  3. Le retour des militaires ayant rapatrié des Français de Chine (de Wuhan) pose aussi question. La base militaire de Creil ayant sans doute été un des premiers lieux et foyers de contamination du coronavirus (avec le point clé de Mulhouse).

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Au 14 rue de l’Est

Sun, 19/04/2020 - 16:30

(B2) Dans ce garage situé en sous-sol à Boulogne Billancourt, rue de l’Est, au numéro 14, nous en avons eu des illuminations, des projets, des actions. Dans ce siège de la Croix-rouge départementale des Hauts-de-Seine, nous nous retrouvions souvent pour travailler mais aussi, phosphorer, cogiter sur ce qu’on pourrait faire pour améliorer la gestion d’urgence, et agir.

Entre l’idée et la réalisation, il n’y avait pas souvent beaucoup de semaines qui s’écoulaient. Le temps de rassembler les volontaires, les moyens, on ne réfléchissait pas trop, on fonçait. C’est dans ces entrailles, entre l’huile des moteurs, la photocopieuse, et les bureaux situés aux étages, voire au point zéro de la Porte St Cloud, que sont nées l’informatique appliquées aux urgences, un des premiers serveurs d’information d’ONG (sur minitel à l’époque – internet n’existait pas), des rencontres européennes avec des jeunes venus de tous pays (y compris de l’autre côté de ce qui était à l’époque ‘le Mur’), et surtout une nouvelle doctrine de secours d’urgence et de secours de catastrophes.

Entre fonceurs et organisateurs Antoine avait choisi son camp, faire les deux : il encadrait ceux un peu trop enthousiastes, savait trouver le bon curseur pour organiser l’action, et agissait. Si la doctrine du secours de catastrophe dans les organisations de volontaires (notamment à la Croix-Rouge) a évolué, voire s’est mise en place, c’est en partie grâce à lui. Dans la discrétion et dans l’efficacité, s’est monté ce qu’on dénommait ORISC, l’organe de recherche et d’intervention de la Croix-rouge française, une unité composée de volontaires dédiée à la recherche et sauvetage. Un premier ouvrage sur le secours de catastrophes a été publié, préfacé par Haroun Tazieff. Sous la forme d’un numéro spécial de notre feuille de chou (Message), pour éviter de susciter les foudres du national, et avec la bénédiction tacite des instances internationales (CICR et FICROSS). Avec lui, nous avions aussi accueilli Bernard Kouchner tout juste promu secrétaire d’État à l’action humanitaire, pour notre seconde rencontre européenne de jeunes (Europa Meeting). Un moment émouvant. Sa première sortie comme ministre, c’était un peu le relais entre les ‘anciens’ french docteurs et les nouveaux. Le courant passait car nous avions la même fibre, celle d’agir, et le désir de remuer une vieille dame, un peu trop sage à notre goût et engoncée dans son confort. Inutile de vous dire que recevoir celui qui avait dénoncé l’inaction de la Croix-rouge dans les années 1970 nous avait valu une algarade salée du National. Peu importe, on continuait. Et on se retrouvait alors à Paris ou en Savoie (du côté du centre de formation de Modane) pour refaire le monde et engager une autre action… ORISC a été ensuite reconnu et est parti sur plusieurs théâtres d’opération. C’est une autre histoire.

Antoine n’est plus, décédé d’une trop longue maladie vendredi. Adieu Antoine

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Un employé de la délégation de l’UE en Bosnie-Herzégovine mis sous bonne garde et rapatrié en Allemagne

Fri, 17/04/2020 - 22:10

(B2) Un agent de la délégation de l’UE à Sarajevo a été rapatrié manu militari dans son pays d’origine l’Allemagne. Atteint du coronavirus, il refusait d’être soigné sur place et avait fui l’hôpital

Le camp Butmir où résident les militaires européens à Sarajevo (Crédit : EUFOR Althea)

Les militaires de l’opération européenne EUFOR Althea présente en Bosnie-Herzégovine ont été appelés à la rescousse jeudi (16 avril) pour sécuriser et mettre sous bonne garde un employé de la délégation de l’UE en Bosnie-Herzégovine qui se baladait dans la nature.

Hospitalisé pour un Covid-19

Atteint du Covid-19, cet homme de nationalité allemande avait fui la clinique des maladies pulmonaires de Podhrastovi (à Sarajevo) où il était hospitalisé, selon Klix.ba, un média local. La police de Sarajevo l’a récupéré dans la municipalité de Stari Grad et a attendu l’ambulance pour le ramener à son point de départ (1). Point confirmé par la délégation de l’UE. « Nous pouvons confirmer que notre employé, positif au Covid-19, était sous la garde du personnel médical à Sarajevo et qu’il a quitté le district hospitalier aujourd’hui. Nous avons rapidement réagi en coordination avec les autorités, en veillant à ce que notre personnel rentre à l’hôpital. » Selon nos confrères bosniens, « un véritable drame se déroule actuellement dans le quartier d’isolement » de Podhrastovi.

Mis sous bonne garde au camp Butmir

Il a donc été ‘récupéré’, et transféré au camp Butmir le 16 avril au soir. « L‘individu a été reçu à la porte par le personnel médical et la police militaire, l’individu reste isolé, sous surveillance médicale et gardé sur le camp, jusqu’à ce que le rapatriement soit organisé » indique le porte-parole de l’opération. Et une demande de rapatriement dans son pays d’origine a été adressée. Le lendemain, vendredi, il a été rapatrié dans son pays, à bord d’un avion de rapatriement médical, qui a décollé de l’aéroport de Sarajevo à 20h ce vendredi, selon les militaires européens.

(NGV)

  1. Apparemment, en cours de route, l’homme a de nouveau cherché à s’enfuir. Il a réussi à ouvrir la porte et a commencé à courir. Mais la police et les ambulanciers l’ont rattrapé et placé sous surveillance.

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Le groupe aéronaval français atteint au cœur. La situation minorée par les armées (v3)

Fri, 17/04/2020 - 13:12

(B2) La situation sur le groupe aéronaval n’est pas du tout celle annoncée au départ. Plus de 50% des marins pourraient être contaminés par le coronavirus. La question de la responsabilité d’avoir maintenu l’exercice est désormais posée, y compris au niveau politique

668 cas ont déjà été détectés positifs au Covid-19 sur les militaires participants à la task-force 473 — groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles-de-Gaulle — indique le ministère français des Armées, dans un communiqué publié jeudi (16 avril) reprenant des chiffres datant d’il y a deux jours. Un résultat très provisoire. « Au 14 avril au soir, 30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats ».

Retour de la mission Foch des pilotes de Hawheke basés à Lann-Bihoué (crédit : DICOD / EMA)

Les marins du porte-avion principalement concernés

La « grande majorité de ces tests » concerne des marins du porte-avion Charles-de-Gaulle précise la communication officielle. Les autres concernés ne sont pas mentionnés. On sait seulement que la frégate anti-sous-marine La Motte Piquet — basée à Brest — qui accompagnait le ‘Charles’ n’a pas beaucoup de contaminés et a pu reprendre la mer. Et que des marins de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul comme le bâtiment de commandement de ravitaillement Somme, sont également atteints.

Analyse et commentaires

En l’état de la communication, volontairement lacunaire, des armées, les questions restent nombreuses.

Un taux de contamination supérieur à 50% ?

On est face à un cas beaucoup plus grave que voulait bien le dire la communication officielle (40 suspects). Si on se fie au chiffre indiqué, sur les 1767 militaires testés, seuls 70% (environ !) des tests sont connus, soit un nombre d’environ 1250. On arrive ainsi à un taux de contamination de 54% sur les militaires concernés et non de 30% comme on pouvait le penser. Le taux définitif reste donc à déterminer. Il devrait osciller entre 38% (version ultra optimiste et peu réaliste) et 70% (version pessimiste). De façon raisonnable, on peut estimer qu’il dépassera les 50%. (chiffre confirmé depuis, cf. encadré 1 et 2)

Le groupe aérien également touché ?

La communication officielle reste très discrète. Mais une des catégories touchées également serait le groupe aérien : avions de chasse Rafale (Landivisiau), hélicoptères (Hyères), avions de surveillance Hawkeye (Lann-Bihoué). Étant donné la relative tension en personnel des pilotes, mécanos et autres éléments de soutien au niveau aérien, c’est aussi grave, voire davantage que l’immobilisation du porte-avions.

Le pacha aurait demandé l’interruption de l’exercice

La question de la responsabilité politique va se poser rapidement. Selon un marin interrogé par France-Bleu, le pacha (commandant) du navire aurait proposé d’interrompre l’exercice dès connaissance des cas, après l’escale de Brest. Ce qui nous parait tout à fait logique connaissant le sens de responsabilité qui anime les marins, surtout au plus haut niveau. Le ministère a refusé. Il faudra déterminer qui a refusé. Les parapluies vont commencer à s’ouvrir un peu partout, pour rejeter la responsabilité sur le niveau inférieur… ou supérieur.

La question de la responsabilité politique

Ce qui est sûr c’est que concernant un porte-avions qui non seulement est à propulsion nucléaire, mais est un des éléments de la dissuasion nucléaire française (emportant des avions capables de porter la bombe nucléaire), cette décision n’est pas du ressort du seul pacha ni d’un simple commandant d’état-major. Une telle décision remonte immédiatement au cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly, et à celui du président de la République.

Le premier tour des municipales a-t-il influencé ?

La poursuite de la mission Foch après l’escale de Brest est une vraie interrogation : sanitaire, militaire et politique. Il est vrai qu’interrompre un tel exercice est une décision politique d’envergure, un signal symbolique. On peut raisonnablement penser que l’exécutif qui était dans une posture de ‘vaillance’ vis-à-vis du coronavirus et voulait maintenir à tout prix le premier tour des municipales ne pouvait se permettre d’annuler le déplacement du Charles-de-Gaulle. Question de principe.

Une communication à la chinoise

On peut s’interroger, au final, sur la validité de la communication française militaire aujourd’hui. Celle-ci a retrouvé les bons vieux réflexe de la ‘Grande muette’. Au moment où le président français Emmanuel Macron met en cause les mensonges de la Chine sur l’épidémie du Coronavirus (2), la communication du ministère des Armées ne vaut pas mieux : nier tout problème, puis affirmer 40 cas suspects, qui deviennent 50 positifs puis passer à un chiffre multiplié par 13, en oubliant au passage un marin sur trois…. Cela fait beaucoup. Évidemment annoncer, du jour au lendemain, un taux de contamination sur plus de la moitié de l’équipage était délicat. Donc, par touches successives, on révèle une à une les informations, espérant qu’un autre évènement surviendra, faisant passer au second plan la réalité. Cette tactique utile à court terme est néfaste à moyen terme. Elle pourrait entamer, de façon notable, la crédibilité des armées. C’est dommage…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(Mis à jour) 60% testés positifs (source SSA) sur près de 1600 marins

Interrogée par les sénateurs ce vendredi (17 avril), la directrice du service de santé des armées (SSA) a reconnu que la situation était bien plus grave que prévues. « Sur les 2300 marins du groupe aéronaval, « tous testés à leur retour à Toulon, 940 ont été testés positifs, 645 négatifs, les autres résultats de tests n’étant pas encore connus » affirme la générale Maryline Gygax Généro. Soit un taux avoisinant les 60% de contaminés sur près de 1600 marins (1585 exactement).

Sur le porte-avions lui-même, « 500 marins ont présenté des symptômes, 20 militaires sont hospitalisés, 8 sont sous oxygénothérapie et 1 est en réanimation ». Les marins testés négatifs sont tous en quatorzaine en enceinte militaire, et font l’objet d’un suivi biquotidien du service de santé des armées.

Et de commenter : « La contamination du porte-avions est un événement absolument majeur. Il y aura sans nul doute des conséquences à tirer à l’issue de cette crise, qu’il s’agisse des spécialités médicales du SSA, ou du matériel » a-t-elle indiqué selon le compte-rendu dressé par le Sénat. « Nous sommes et serons transparents ». Interdit de sourire …

54% sur 2010 tests

Devant l’assemblée nationale, le même jour (à 15h), la ministre française des Armées Florence Parly, complète ce chiffre par un autre qui va dans le même sens : « au 17 avril, sur 2010 tests effectués, 1081 marins sont positifs au Covid-19 ». Et, au total, « 545 marins présentent des symptômes de maladie ». On est donc bien sur un taux de contamination supérieur à 50% (53,8% exactement) (2). En sachant que ce chiffre n’est pas définitif : il reste encore 300 marins à tester. Autre élément intéressant de ce test, un marin sur deux ne présente aucun symptôme, mais est bien détecté positif (donc contaminant). Ce qui correspond aux statistiques ‘civiles’ d’une maladie extrêmement contaminante par des porteurs sains. Télécharger le discours de la ministre

  1. La Chine a masqué certaines informations. Lire son entretien au Financial Times.
  2. Selon Le marin cette information était déjà connue depuis la veille au moins. Il indique que 51 % de la population du groupe aéronaval débarquée à Toulon (2000 marins) était contaminée par le virus covid-19, selon un bilan du 16 avril, non diffusé par les autorités. Ce alors que 7 % des tests manquaient encore sur le total.

Lire aussi :

Mis à jour avec les deux informations officielles provenant du service de santé des armées et de la ministre Florence Parly (qui confortent notre première analyse), voire même vont au-delà, ainsi que l’information du Marin.

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L’opération Irini doit disposer des moyens nécessaires pour réaliser son mandat (général Graziano)

Thu, 16/04/2020 - 17:10

(B2 – exclusif) ‘Operation Irini’. Le nom de la toute nouvelle opération navale de l’UE est sur toutes les lèvres dans le monde de la défense européenne. Aura-t-elle plus de succès que sa prédécesseur Sophia dans le contrôle de l’embargo sur les armes en Libye ? Nous avons interrogé le général Claudio Graziano, président du comité militaire de l’Union européenne 

Le général Graziano (crédit : EUMC)

De l’opération Sophia, on retient surtout les sauvetages en mer. Elle n’a pas vraiment réussi à faire respecter l’embargo imposé par l’ONU sur les armes à destination de la Libye. C’est devenu la priorité pour Irini. Qu’est-ce qui change ? 

— Grâce à des moyens aériens, navals et satellitaires dont elle disposera, l’opération Irini sera en mesure non seulement d’appliquer l’embargo sur les armes dans la zone d’opération assignée, mais aussi de surveiller les violations dans une zone plus large et dans différentes dimensions, en assurant au mieux de ses capacités une approche équilibrée et impartiale. Cela permettra à l’Union européenne de fournir aux Nations unies un tableau plus complet de l’éventuel trafic d’armes vers la Libye.

Irini aurait du débuter le 1er avril mais a finalement été retardée, puisque les États membres n’ont pas fourni les moyens nécessaires. Beaucoup de questions se posent. En tant que président du comité militaire, vous savez comment avancent les tractations. Êtes vous optimiste ? 

— L’opération Irini est essentielle pour contrôler l’embargo sur les armes, pour la paix en Libye. C’est pourquoi elle doit disposer des moyens nécessaires pour mettre en oeuvre son mandat. L’opération a été conçue en un laps de temps relativement court, ce qui montre la capacité de réaction de l’UE en temps de crise. Nous faisons face maintenant à un défi nouveau : la complexe tache de passer, en douceur, d’une opération à l’autre.

Tout cela, sans oublier le défi inexploré que représente la pandémie actuelle de coronavirus, une des épreuves les plus difficiles que l’humanité tout entière ait jamais connues, depuis très longtemps. Je comprends que le Coronavirus puisse pour l’instant empêcher certains États membres de fournir des moyens. Cependant une déclaration claire, exprimant l’intention de soutenir Irini dès que les conditions le permettront, apportera de la crédibilité à une mission qui représente le fer de lance des activités de la PSDC.

La volonté des 27 est-elle suffisante, selon vous ?  

— Avec ce mandat clair pour la surveillance de l’embargo sur les armes, l’opération Irini est une preuve supplémentaire que les États membres de l’UE peuvent, en fin de compte, faire preuve d’une unité d’intention, responsable, en particulier lorsqu’il s’agit de menaces et de défis sécuritaires d’intérêt commun. Cette décision souligne également la volonté de l’Union européenne de jouer son rôle de manière crédible, dans un domaine d’intérêt stratégique. C’est une contribution concrète à la mise en œuvre des conclusions de la conférence de Berlin sur la Libye, et qui a comme tâche essentielle de surveiller l’embargo sur les armes établi par les Nations unies.

(Propos recueillis par Aurélie Pugnet)

Entretien réalisé entre le lundi 6 et le samedi 11 avril, en anglais, par voie de mails

Lire aussi :

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Coronavirus. La leçon d’Ebola du Dr. Stefan Kowitz (commandement médical européen)

Wed, 15/04/2020 - 14:06

(B2) Chef du commandement médical européen, mis en place en 2018 dans le cadre de la coopération structurée permanente (PESCO), pour coordonner les efforts des services médicaux militaires en cas d’opération de l’UE ou de l’OTAN, le Dr Stefan Kowitz, a livré, début mars, juste avant le début de la pandémie du coronavirus, un point de vue intéressant, tirant les leçons de la crise précédente, celle d’Ebola.

Une réponse rapide

La première leçon « la leçon la plus importante à tirer de la crise d’Ebola : plus la réponse est rapide avec toutes les ressources disponibles, mieux une telle épidémie peut être contenue.  ». Cette remarque ne s’applique « pas seulement à une épidémie d’Ebola » dit notre docteur.

Et trois méthodes

Pour réduire l’épidémie, il faut trois éléments dit notre général de brigade : « 1. l’isolement des patients infectieux du reste de la population, 2. la possibilité d’un diagnostic rapide, 3. un nombre suffisant d’installations de traitement » C’est « la base de toute lutte contre les maladies infectieuses ».

Commentaire : une règle pas suivie partout

Un point de vue qui n’est pas anarchiste ni dogmatique. La plupart des médecins spécialistes des épidémies le disent. Malheureusement, même après l’arrivée de l’épidémie en Italie, la plupart des pays européens (France, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni) n’ont pas tenu cette règle de conduite primaire. Résultat : l’épidémie galope au rythme de plusieurs milliers de morts par jour dans toute l’Europe.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Une bataille de communication et une lutte d’influence sont engagées dixit Josep Borrell

Tue, 14/04/2020 - 14:30

(B2) Pour le Haut représentant de l’Union chargé des affaires étrangères, en arrière-plan se tisse une vraie bataille stratégique, celle de la communication et de la lutte d’influence. L’Europe doit réagir

(crédit : SEAE)

Ce texte a été publié sur le blog officiel du Haut représentant entre 23 mars et le 2 avril 2020, sur le site du SEAE dans plusieurs langues. Il donne un message d’optimisme, à un moment où l’épidémie de coronavirus était au plus fort en Europe, et anticipe les étapes à suivre mais traduit bien l’état d’esprit. Titres et intertitres sont de la rédaction

Un remodelage du monde en cours

« La pandémie de Covid-19 va remodeler notre monde » écrit le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. « Nous ne savons pas encore quand la crise prendra fin. Il ne fait toutefois aucun doute que, lorsqu’elle s’achèvera, notre monde sera très différent. »

Pas une guerre, mais une solidarité déterminante

Pour le chef de la diplomatique européenne, « la crise provoquée par la Covid-19 n’est pas une guerre, mais elle y ressemble en ce sens qu’elle nécessite la mobilisation et l’affectation de ressources à des niveaux sans précédent. La solidarité entre les pays et la volonté de faire des sacrifices pour le bien commun sont déterminantes. […] Et l’Union européenne a un rôle central à jouer » dans cette bataille.

La logistique et la communication nerfs de la guerre

« Il est dit parfois que les guerres ne se remportent pas par la tactique ni même par la stratégie, mais par la logistique et les communications. Il semble que cela soit également vrai pour le Covid-19 : celui qui organisera le mieux sa réaction en réponse à la crise, en tirant rapidement les enseignements issus du monde entier et en communiquant efficacement avec les citoyens et le reste du monde, en ressortira le plus fort. »

Une bataille de la communication

Engagée avec la Chine…

Pour la voix de l’Europe dans le monde, « une bataille de la communication » s’est bel et bien engagée au niveau mondial, « dans laquelle le choix du bon moment est essentiel ». Il met en cause « des responsables politiques chinois » qui ont « dissimulé […] des informations cruciales », notamment l’ampleur de la crise dans la province de Hubei. À ce moment-là, l’Europe a envoyé de nombreux équipements médicaux pour aider les autorités chinoises « dépassées par les événements ». Avec une certaine discrétion. Ce qui ne semble pas être le cas de la Chine, qui ayant récupéré de la crise « envoie maintenant des équipements et des médecins en Europe, tout comme d’autres) » mais accompagnée d’une campagne de communication. « La Chine cherche à tout prix à faire passer le message selon lequel, contrairement aux États-Unis, elle est un partenaire responsable et fiable. »

… et avec la Russie, une lutte d’influence réelle

Dans cette « bataille de la communication », d’autres phénomènes ont été observés, notamment « des tentatives visant à discréditer l’UE en tant que telle et certains cas où les Européens ont été stigmatisés comme s’ils étaient tous porteurs du virus ». Sans le dire Josep Borrell vise la Russie en particulier. « Nous devons être conscients qu’il existe une composante géopolitique caractérisée notamment par une lutte d’influence menée au moyen du façonnage d’image et de la « politique de la générosité’. Armés de faits, nous devons défendre l’Europe contre ses détracteurs. »

… au sein même de l’Europe

Cette bataille de la communication fait aussi rage « au sein de l’Europe ». Il est « essentiel que l’Union européenne montre qu’elle est une Union qui protège et que la solidarité n’est pas un vain mot ». C’est le principe des vagues d’assaut qu’il prend pour exemple : « Après la première vague au cours de laquelle les autorités nationales ont joué un rôle central, l’Union européenne arrive maintenant sur le devant de la scène en mettant en œuvre des actions conjointes dans tous les domaines dans lesquels les États membres lui ont donné les moyens d’agir : la passation conjointe de marchés pour la fourniture d’équipements médicaux essentiels, des incitations économiques conjointes et un assouplissement nécessaire des règles budgétaires et des règles relatives aux aides d’État. » comme le rapatriement des Européens (1).

L’Union doit être au centre du combat

Réprimer la tentation du chacun pour soi

Dans une crise, « l’instinct de l’être humain consiste souvent à se replier sur soi, à fermer les frontières et à privilégier le « chacun pour soi ». Bien que cette attitude soit compréhensible, elle est contre-productive. La crise provoquée par le Covid-19 ne peut être résolue à l’intérieur d’un seul pays, ou en faisant cavalier seul. […]  Une pandémie mondiale nécessite des solutions mondiales et l’Union européenne doit être au centre de la lutte. […]L’heure est à la solidarité et à la coopération, et non au rejet de la responsabilité sur les autres, ce qui ne soignera pas une seule personne infectée. »

Aide l’Afrique et desserrer l’étau des sanctions

« Si les besoins sont importants à l’intérieur de l’Union européenne, celle-ci devrait également être prête à aider d’autres pays en situation de fragilité qui risquent d’être dépassés » explique-t-il visant l’Afrique en particulier. « Ailleurs, des pays comme le Venezuela ou l’Iran pourraient bien s’effondrer sans notre soutien. Cela signifie que nous devons faire en sorte qu’ils aient accès à l’aide du FMI (Fonds monétaire international). En ce qui concerne l’Iran, nous devons veiller à ce que les échanges commerciaux légitimes à des fins humanitaires puissent être effectués malgré les sanctions imposées par les États-Unis. »

Des tensions géopolitiques croissantes

Enfin, le haut représentant avertit : il faut « garder à l’esprit qu’aucun des autres problèmes sur lesquels nous nous concentrions avant la crise du coronavirus n’a disparu. À vrai dire, ils pourraient s’aggraver. Le Covid-19 pourrait exacerber certains conflits déjà plus anciens dans le voisinage. En ce qui concerne l’Europe, nous devions déjà naviguer dans un monde caractérisé par des tensions géopolitiques croissantes, en particulier entre les États-Unis et la Chine. Ici aussi, le risque est que le Covid-19 exacerbe les tendances préexistantes. »

(texte sélectionné par AP et NGV)

Télécharger le texte complet en FR et ENG

  1. Malgré plusieurs milliers de rapatriements, « il reste encore beaucoup à faire » explique-t-il. Dans le monde entier, « près de 100.000 voyageurs européens se sont signalés auprès d’ambassades ou de consulats locaux, mais le chiffre réel de ceux qui doivent rentrer chez eux est beaucoup plus élevé. » (chiffre au 23.3)

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La pandémie de coronavirus n’est pas une guerre, c’est un test de notre humanité (Steinmeier)

Sun, 12/04/2020 - 14:20

(B2) Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a livré samedi (11 avril) depuis le château de Bellevue, la résidence présidentielle, un discours de Pâques empli de responsabilité et d’empathie. J’ai sélectionné trois extraits. A lire

Le président F.W. Steinmeier (source : Bundespräsident / Sélection B2)

La société vulnérable

« La pandémie nous montre. Oui, nous sommes vulnérables. Peut-être pensons-nous depuis trop longtemps que nous sommes invulnérables, que nous ne pouvons aller plus vite, plus haut, plus loin. Mais c’était une erreur. La crise ne nous montre pas seulement [cela]. Elle nous montre aussi à quel point nous sommes forts! Sur quoi nous pouvons bâtir!  »

Ce n’est pas une guerre, mais un test de l’humanité

« Non, cette pandémie n’est pas une guerre. Les nations ne sont pas contre les nations, les soldats ne sont pas contre les soldats. C’est un test de notre humanité. Il évoque le pire et le meilleur des gens. Montrons-nous le meilleur de nous-mêmes! Et montrons-le aussi en Europe! »

La solidarité n’est pas une possibilité, c’est une obligation

« L’Allemagne ne peut sortir de la crise forte et saine que si ses voisins deviennent également forts et sains. […] Trente ans après l’unité allemande, 75 ans après la fin de la guerre, nous, Allemands, ne sommes pas seulement appelés à la solidarité en Europe. Nous y sommes obligés! »

Commentaire : le ton juste

Que dire de plus. Pas grand chose. L’ancien chef de la diplomatie allemande, proche de Gerhard Schröder, a trouvé le ton juste. Ni larmoyant ni guerrier, il reconnait la gravité de la situation, des erreurs, et appelle chacun à être plus dynamique, plus entreprenant. En faisant de la solidarité, une obligation historique au même titre que celle de 1945 ou de 1989, il ferme la porte à toute tentation du repli sur soi. C’est un grand discours, un discours comme on aimerait que certains dirigeants européens et français tiennent.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Qui est Steinmeier ?

Originaire de Rhénanie du Nord, social-démocrate jusqu’au bout des ongles, Frank-Walter Steinmeier incarne la tendance centriste du SPD allemand. Chef de cabinet à partir de 1993 de Gerhard Schröder, alors ministre-président du Land de Basse-Saxe, il l’accompagne dans sa marche vers le pouvoir. En 1998 il devient ainsi le délégué du gouvernement (= chef politique) des services de renseignement puis son directeur de la chancellerie, durant six ans (de 1999 à 2005). C’est un des artisans de la réforme des systèmes de santé mis en place au début 2000 (système plutôt efficace).

Il a ensuite été ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel à deux reprises de 2005 à 2009 et de fin 2013 à début 2017. En 2009, il est cité, un moment, comme un possible haut représentant de l’Union (lire : Le groupe socialiste et démocrate veut un Haut représentant, socialiste). Il n’hésite pas alors à s’adresser au président américain B. Obama pour réclamer une remise à plat de l’OTAN (lire : Steinmeier à Obama (usa): « une nouvelle orientation » pour l’Otan). En mars 2017, il est élu président de la RFA, fonction surtout symbolique, mais qui revêt en Allemagne une haute autorité morale car se situant au-dessus des partis.

Télécharger le discours (en allemand) * traduction non officielle

 

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Javier Solana surmonte un vilain coronavirus et sort de l’hôpital

Sat, 11/04/2020 - 16:20

(B2) L’ancien Haut représentant de l’UE et ancien secrétaire général de l’OTAN, l’Espagnol Javier Solana est sorti jeudi (9 avril) sur ses deux pieds de l’hôpital de Madrid où il avait été admis il y a un mois pour un coronavirus ‘carabiné’

Javier Solana en décembre 2017 à la bilbliothèque Solvay (© NGV / B2)

De son séjour, celui qui est âgé de 77 ans ne nous dit pas grand chose si ce n’est un grand remerciement. Après « quatre semaines et demi d’hospitalisation, je rentre chez moi et je veux montrer publiquement mon admiration pour l’équipe qui m’a soigné : médecins, infirmières et gardiens. De grands professionnels. Et ils m’ont donné une grande leçon de responsabilité et de dévouement. Je ne vous oublierai pas ! ».

Une maladie dont il faut être conscient qu’on s’en sort

Ce qu’il ne dit pas trop, c’est qu’il a été à deux doigt d’y passer. Emmené en soins intensifs, placé sous oxygène, il n’a dû sa survie qu’à sa force de caractère (nous gratifiant au passage d’un selfie avec le masque à O2), au personnel soignant et au service public auxquels il dit merci. « J’étais dans toutes les statistiques pour mal finir : j’ai plus de 75 ans et autre chose, mais il ne faut pas venir (à l’hôpital) en pensant qu’on y va, mais être conscient qu’on en sort » a-t-il confié à sa sortie au quotidien Voz populi. Son voisin de chambre n’a pas eu sa chance.

Modestie et ironie

À B2 nous sommes heureux et retrouvons ainsi celui qui reste le premier Haut représentant (et le seul) jusqu’ici avec une stature et une expérience, accompagné de la modestie qui sied à cette fonction. Quand il y avait un succès, ce n’était jamais grâce à lui, mais à tous les autres, à ses équipes. Il le prouve encore aujourd’hui. Un homme qui a gardé tout son ironie, celle qui nous faisait toujours sourire, malgré tout. Il y a quelques heures, il confiait sur twitter, son mode d’expression favori : « C’est impressionnant que 500 morts soit une bonne nouvelle. Le chiffre le plus bas de ces derniers jours !! ».

Javier ! Nous sommes très contents aujourd’hui que vous soyez revenus dans vos ‘pénates’.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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