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Défense

100 ans de photographie aux armées

MARTOLOD (Blog d'information marine) - Sat, 28/02/2015 - 12:06
Le cinéma et la photographie des Armées fêtent cette année leur centième anniversaire.

À l’occasion du centenaire de la création de la Section photographique des armées, l’Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD) et le musée de l’Armée exposent dans la cours d’honneur de l’Hôtel des Invalides à Paris, jusqu’au 6 avril 2015, vingt planches photographiques illustrant les événements des cent dernières années, de la Première Guerre mondiale à nos jours.

L’exposition documentaire située sur les piliers de la cour d’Honneur de l’Hôtel des Invalides est proposée en accès libre et gratuit tous les jours de 10h à 18h. L’ECPAD regroupe plus de dix millions d’images dont une centaine est montrée aux Invalides. La scénographie de l’exposition retrace les événements sur un siècle d’histoire de France. Elle met en valeur le regard des photographes officiels des armées sur les deux guerres mondiales, les conflits liés à la décolonisation, mais aussi la lutte contre le terrorisme en Afghanistan et au Mali ou encore sur le tremblement de terre à Haïti de 2010.
Édité par l’ECPAD, l’album ʺ 100 ans de photographie aux armées ʺ est disponible sur le site web de la boutique de l’ECPAD.

Le 2 mai 1915, le général Joffre crée la Section Photographique de l’Armée (SPA) destinée à contrer l’action allemande qui a fait de la photographie un outil de propagande internationale. Le ministère de la Guerre fournit des hommes exclusivement sous statut militaire et se charge de la censure sur les images. Le sous-secrétariat aux Beaux-Arts finance la totalité de l’opération voyant alors l’opportunité de constituer un fonds d’archives capable de témoigner devant l’histoire. À l’initiative du général Lyautey, la SPA fusionnera en Mars 1917 avec la Section cinématographique de l’Armée pour devenir la Section Photographique et Cinématographique de l’Armée (SPCA). En 1919, la partie photographique change de mission, les pellicules et les plaques photographiques sont remises au ministère de l’Instruction publique et les hommes sont démobilisés. La partie cinématographique est rattachée au service géographique de l’armée, l’ancêtre de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). En 1939, les opérateurs sont de nouveau incorporés, au sein du Service Cinématographique des Armées (SCA). Destinées à soutenir le moral des troupes, leurs productions sont également diffusées dans les pays alliés ou neutres pour contrer une propagande allemande redoutablement efficace. En 1946, le SCA devient interarmées et s’implante au fort d’Ivry. En 1961, le SCA devient l’Établissement Cinématographique des Armées (ECA). En 1969, l’ECA devient l’Établissement Cinématographique et Photographique des Armées (ECPA), rattaché au Service d’Informations et de Relations Publiques des Armées (SIRPA), nouvellement créé par Michel Debré, ministre de la défense. En 2001, l’ECPA devient un établissement public administratif, l’Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD), avec comme mission d’être le dépositaire exclusif de tous les documents photographiques et audiovisuels produits par le ministère de la défense.
Les personnels de l’ECPAD sont présents partout où est engagée l’Armée française et témoignent de son histoire, conservée au fort d’Ivry. Les collections sont accessibles sur le site Internet de la médiathèque de la Défense.

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Accord russo-chypriote : quelles conséquences pour la marine russe en Méditerranée ?

Le croiseur nucléaire russe Pierre le Grand à quai à Limassol, février 2014. Source : The Telegraph Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chypriote Nicos Anastsasiades se sont rencontrés à Moscou le 25 février. A l'occasion de la visite...
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Charles de Gaulle contre Daech

MARTOLOD (Blog d'information marine) - Thu, 26/02/2015 - 09:02
La France engage son porte-avions Charles-de-Gaulle contre le groupe terroriste Daech-État islamique (EI).

La France a engagé le lundi 23 février, son groupe aéronaval dans les opérations de la coalition internationale contre Daech, en Irak. L’intégration du Charles de Gaulle dans l’opération française CHAMMAL est une première depuis 2011 en Libye. Le porte-avions mettra ensuite le cap au large des côtes indiennes pour l’exercice franco-indien Varuna.

Huit jours après son entrée dans le golfe Persique et après une escale à Manama, le grand port du Royaume de Bahreïn, le porte-avions Charles de Gaulle et son groupe d’accompagnement ont intégré depuis ce lundi 23 février 2015, l’opération CHAMMAL. Déployés pour huit semaines au côté du porte-avions américain USS Carl Vinson dans le cadre de la coalition internationale contre Daech, en Irak, la France conserve néanmoins la souveraineté de ses décisions et le choix de ses missions. Lors de cette première journée d’opération, quatre Super Étendard Modernisés (SEM) ont été envoyés en mission de reconnaissance au-dessus de l’Irak. Depuis le début des opérations, dix à douze appareils, Rafale et Super Étendard, ont effectué chaque jour des missions à partir du porte-avions.
Deux jours après l’engagement du Charles de Gaulle, des Rafale du porte-avions ont largué, leurs premières bombes sur un camp d’entraînement utilisé par Daech dans l’ouest de l’Irak, près de la frontière avec la Syrie, à Abou Qaim. Les six bombes ont visé la même cible.
Véritable aérodrome mobile parfaitement autonome, le bâtiment amiral de la Marine nationale renforce significativement avec ses douze Rafale Marine, ses neuf Super Étendard Modernisés ainsi qu’un avion de guet aérien Hawkeye et ses hélicoptères, les moyens français engagés contre Daech. Le groupe aérien va permettre de soulager durant quelques semaines les neuf Rafale basés aux Émirats et les six Mirages 2000 D stationnés en Jordanie, de l’armée de l’Air. Il va permettre également de réduire de moitié le temps de vol pour rejoindre leurs objectifs en Irak.

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Propulsion du futur destroyer russe : ce sera le nucléaire

Maquette du Lider présentée à l'Institut Krilov, février 2015. C'est en tout cas ce qu'a annoncé le commandant en chef de la marine russe, l'amiral Viktor Tchirkov, à l'occasion de la mise sur cale de deux nouvelles corvettes au chantier naval du Nord...
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Rafale : Paris dément la vente de 24 avions à l'Inde

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Wed, 25/02/2015 - 13:29
Le "Times of India" croit savoir que New Delhi a signé pour 24 appareils au lieu de 126. Une information "totalement infondée", selon le ministère de la Défense.
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Irak : Paris renforce (doucement) l'opération Chammal

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Tue, 24/02/2015 - 16:40
Malgré l'envoi de maigres renforts en Irak, la France ne souhaite pas participer à l'offensive qui se prépare contre Daesh pour la reconquête de Mossoul.
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Daesh : le "Charles de Gaulle" entre dans la danse

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Mon, 23/02/2015 - 22:53
Les Français ajoutent temporairement 21 chasseurs (dont 9 Rafale) de la marine aux 12 de l'armée de l'air déjà engagés contre le groupe État islamique.
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China, a bird’s eye view (EGE)

EGEABLOG - Sun, 22/02/2015 - 22:35

L'EGE et la Japan University of Economics publient une étude internationale sur la Chine. L'étude internationale "China : a bird-eye view", fruit de la collaboration entre l'Ecole de Guerre Economique et la Japan University of Economics, vient de paraitre. Elle sera bientôt disponible sur les bookstores en anglais. Il n’est pas courant que deux structures de formation, l’une japonaise et l’autre française, décident de s’associer pour produire une publication académique sur la Chine. Cette étude China : a bird-eye view est une première du genre. Elle a été réalisée au cours des deux dernières années par une trentaine d’auteurs japonais et français. La Chine est une économie de combat qui méritait d’être étudiée sous ce double éclairage culturel. J'y contribue pour un article co-écrit avec Damien Fortat sur "Chinese Cyber strategy: from control to expansion".

Le dialogue entamé depuis 2012 entre la Japan University of Economics de Tokyo et l’Ecole de Guerre Economique à Paris a permis de bâtir une approche à la fois pluridisciplinaire dans la mesure où des experts et des universitaires des deux nationalités ont décidé de croiser leurs réflexions et leur retour d’expérience pour donner une grille de lecture à plusieurs entrées de la Chine d’aujourd’hui et de demain.

China, a bird’s eye view

École de Guerre Économique & Japan University of Economics – China, a bird’s eye view – 348 pages (avec un peu de retard janvier 2015)

voir notamment les 2 passages soulignés

China: a bird’s-eye view 11

  • To learn everything from China 12
  • What reading grid to study China? 15
  • I Problems with the economic development and ancient regime 21
  • 1 Development of Chinese Government Procurement: the Direction and
  • 2 Development of Company Law in China 32
  • 3 Basis for Stability in Chinese Society. –Social Management System, created by Mao Tse-tung. 43
  • 4 The internal problems of China:“All the Stock Circulation Reform” and
  • the “Ancient Regime” 55
  • II The geopolitical context 70
  • 1 China’s relations with the other diplomatic heavyweights: the economics behind geopolitics 71
  • 2 The African policy of China 81
  • 3 China in Brazil, an emergent empires partnership shaping new world order? 94
  • III The Chinese hard and soft power 103
  • 1 The Chinese Military Power: Its Real Situation & the Influence 104
  • 2 Chinese Cyber strategy: from control to expansion 127

http://www.ege.fr/index.php/actualites/la-revue-de-presse/item/l-ege-et-la-japan-university-of-economics-publient-une-etude-internationale-sur-la-chine.html

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B. Rougier, S. Lacroix, L’Egypte en révolutions









B. Rougier, S. Lacroix (dirs), L’Egypte en révolutions, PUF, Paris, 2015


L’ouvrage dirigé par Bernard Rougier et Stéphane Lacroix, au lendemain d’événements égyptiens toujours inaboutis, était attendu. Il rassemble une large collection d’auteurs internationaux, français, européens, nord-américains, arabes, confirmés ou plus jeunes dans la carrière, pour une analyse fine des processus politiques en cours aujourd’hui dans ce pays charnière des équilibres stratégiques proche-orientaux et méditerranéens. Dans une introduction qui synthétise et clarifie remarquablement le fil des événements jusqu’à la fin 2014, les deux directeurs de l’ouvrage distinguent cinq dynamiques à l’œuvre, qui se combinent : révolutionnaire, libérale, islamiste, syndicale et militaire. Tour à tour sont passés au crible l’échec politique des frères musulmans, la sociologie politique des évolutions institutionnelles, les acteurs sociaux (salafistes, terroristes, ouvriers, coptes, citoyens urbains…) qui furent au cœur des événements, tandis qu’une série de portraits clôture utilement l’ouvrage, donnant corps à ce tableau saisissant.
Pour démonter un par un les ressorts du puzzle égyptien, les auteurs ont recours à de nombreux concepts centraux de la science politique : populisme, charisme, conservatisme, radicalisation, contestation… des terrains les plus balisés (mais difficiles d’accès, comme les urnes au lendemain des dépouillements) jusqu’aux plus fermés (la production du terrorisme au Sinaï). L’addition des notions mobilisées ici finit par nous convaincre qu’aucune explication simpliste, aucun schéma binaire ni manichéen, ne saurait donner une image juste de ces enchevêtrements vertigineux. Incapables de passer à la légalité sans ménager correctement les acteurs lourds d’un système ciselé par plusieurs décennies d’autoritarisme et de prébendes sous Moubarak, les Frères n’ont su imposer leur « populisme social » (Amr Adly), et se sont vus rejetés par les urnes. A cet égard, l’enquête menée par Bernard Rougier et Hala Bayoumi révèle plusieurs points contre-intuitifs. Outre le retour de la ville (autrefois abstentionniste) dans le jeu électoral, et la chute libre du vote islamiste d’une élection à l’autre sur la séquence 2011-2013, on apprend que les quatre plus grandes villes d’Egypte ont été particulièrement réticentes au vote islamiste. C’est la radicalisation de la Haute Egypte qui a permis l’élection de Morsi en juin 2012, tandis que la vallée du Nil aurait porté au second tour Ahmed Chafiq et Hamdin Sabbahi. D’autres contributions attirent également l’attention. Gaëtan du Roy relit avec finesse la question copte, en distinguant au sein de cette communauté un courant porté sur l’égyptianité, et un autre plus charismatique et prosélyte, inscrivant les coptes dans la chrétienté internationale avec des méthodes qui peuvent rappeler celles des évangélistes américains. Sur le Sinaï, Ismaïl Alexandrani démonte les rouages de l’entreprise terroriste, qui table sur des décennies de marginalisation / exclusion politique des habitants de la zone, depuis le retrait israélien. Enfin, les portraits des acteurs principaux de la tragédie égyptiennes sont restitués avec talent, notamment à la fin de l’ouvrage par Tewfiq Aclimandos pour Abd al-Fattah al-Sissi, et plus haut dans l’ouvrage par Stéphane Lacroix Ahmed Zaghloul Chalata pour le charismatique salafiste Hazim Salah Abou Isma’il, évincé de la course au pouvoir.
Ce travail, surtout, vient nous convaincre un peu plus encore que la relance des études moyen-orientales en France est une nécessité. Bernard Rougier et Stéphane Lacroix n’ont pas choisi, pour ce faire, la solution facile d’un ensemble de slogans attractifs. Ils ont fait le pari, autrement plus risqué mais autrement plus payant, de nous exposer la complexité de la tâche à accomplir pour atteindre une compréhension acceptable de la situation égyptienne. Leur talent est d’avoir rendu cette complexité abordable. Leur mérite est de nous avoir convaincu de l’exigence politique qu’il y avait à poursuivre dans cette voie. Un mot enfin, à l’occasion de cette parution, pour saluer l’indispensable travail de fond effectué par nos instituts de recherche à l’étranger, en l’occurrence le CEDEJ du Caire, dont le quotidien, dans ces situations politiques difficiles, est loin d’être aisé.

La dissuasion nucléaire selon François Hollande

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Fri, 20/02/2015 - 11:25
Le discours de François Hollande s'est inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs en matière d'usage de l'arme ultime. À quelques nuances près.
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APT : non pas quoi mais qui

EGEABLOG - Fri, 20/02/2015 - 11:06

Il y a trois ans, le mot APT (Advanced Persistent Threat) était le plus tendance du milieu cyber. Tout le monde le prononçait d'un air entendu, expliquant qu'il s’agissait d'un nouveau type de menaces. Les spécialistes d'entreprises de cybersécurité montraient leurs "solutions", les revues de directeurs de SSI ou de sécurité s’interrogeaient gravement, les journalistes faisaient leur travail en répercutant ce souci général.

source

A l'époque, comme tout le monde, j'avais essayé de comprendre : voici donc des menaces : bien ! Rien de bien nouveau. Elles sont persistantes : j'en déduis donc que par rapport à ce qu'il y avait "avant", celles-ci s'inscrivaient dans une plus longue durée. Soit ! Enfin elles étaient "avancées". Fichtre ! là, il fallait écouter les informaticiens et autres hommes de l'art pour nous expliquer en quoi c'était vraiment "avancé" et donc à la pointe de l'innovation, donc de la menace. S'agissait-il d'une nouvelle technique ? de procédés inédits ? Malheureusement, on obtenait des réponses évasives qu'on mettait sur le compte de la complication inhérente à ces suites de zéros et de uns, indicibles au vulgum pecus.

Peu à peu, j'eus l'impression qu'en fait, il s'agissait d'opérations combinées mettant en œuvre une longue phase d’espionnage, utilisant de l’ingénierie sociale pour profiler les cibles, leur lancer des pièges personnalisés afin d'insérer, plus ou moins automatiquement, des logiciels espions ou autres softs furtifs de commande à distance. Riez donc ! mais c'est ce que j'avais plus ou moins compris des explications qu'on m'avait données.

Aussi progressivement, le mot disparut pourtant des écrans radars et par exemple, au dernier FIC, nul n'y fit allusion, même pas Bruce Schneier qui cependant nous confia, sur le ton de la découverte la plus avancée, qu'il fallait réfléchir à la boucle OODA. Là, au passage, c'est le côté sympa quand on voit des informaticiens venir sur le domaine de la stratégie, subitement on se sent plus à l'aise et les rires changent de camp.

A bien y réfléchir, la dernière allusion aux APT fut l'équipe APT1, mentionnée par le rapport Mandiant pour l'unité 68193267830 9881 890 du côté de Shanghai et dépendant de l'armée chinoise. Depuis, le mot s'est évanoui et nous sommes tous passés à autre chose. D’une certaine façon, l'imprécision ressentie et l'absence de définition agréée ont suscité l'abandon de l'expression. Sans le dire, chacun délaissait le mot car on ne voyait pas précisément à quoi ça correspondait.

Aussi est-ce avec grand intérêt que j'ai lu cet article, récemment signalé par l'ami L. Guillet : APT is a who and not a what. On y apprend qu'en fait, la dénomination APT était utilisée par un service officiel de cybersécurité (de l’Armée de l'air US). Quand elle devait transmettre des informations classifiées au secteur privé sans pouvoir citer ses sources ni mettre un État en cause, elle utilisait un nom de code. APT désignait la Chine. Ainsi, APT n'est pas un quoi mais un qui, non un procédé mais un acteur. Menaçant, persistant, pas forcément très avancé.

Mais comme les destinataires ne le savaient pas vraiment, le sigle APT s'est diffusé et est devenu un produit marketing. Bref, si on vous dit que vous risquez une APT, ne tremblez pas et n'allez pas chercher de défibrillateur...

O. Kempf

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François Hollande précise ses options nucléaires

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Thu, 19/02/2015 - 15:48
En prononçant son premier discours exclusivement consacré à la dissuasion nucléaire, le chef de l'État se livre à un exercice obligé.
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2000ème billet

EGEABLOG - Thu, 19/02/2015 - 07:51

Ben oui: ceci est le deux millième billet rédigé sur égéa (je n'ai pas dû tous les publier, il doit y en avoir une dizaine mis de côté)...

Comme le temps passe, disait l'autre.

Merci de votre fidélité.

O. KEmpf

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Lectures du terrorisme



 Editorial de la Lettre de l'IRSEM n°1-2015
Les travaux de sciences sociales ont largement analysé le phénomène du terrorisme, divergeant fortement sur la nature de celui-ci. Trois familles d'approches principales se distinguent, qui voient le terrorisme soit comme un ennemi géopolitique classique, soit comme le résultat d'un processus social, soit comme une notion procédant d'une construction discursive, souvent au risque de l'amalgame. Du contenu de ces analyses dépend naturellement aussi la question de la lutte contre le terrorisme, et des priorités qui doivent être les siennes.
La première analyse procède souvent d'une approche dite réaliste des relations internationales (encore qu’il puisse s’agir également d’une approche idéologique) où prime le rapport de force sinon interétatique, du moins entre adversaires institutionnalisés, structurés et dotés d'un centre de décision poursuivant des objectifs stratégiques identifiables. La grammaire de la « guerre contre la terreur » résume donc relativement bien cette posture, qui voit en cette terreur un ennemi dont les centres névralgiques doivent être détruits, au besoin par l’action militaire, dans un affrontement territorialisé, à l’issue vitale pour la survie et l’intérêt national, et répondant à une vision duale et donc classique de la conflictualité. Dans cette approche, la terreur « nous » vise pour ce que nous sommes et qu’elle veut détruire. Et la supériorité militaire doit parvenir à la réduire.
L’approche plus « sociologique », qui préfère évoquer l’entreprise de violence plutôt que le terrorisme, implique que ce dernier procède d’une rencontre entre une offre (l’entreprise de violence) et une demande sociale nourrie par la frustration, la misère voire l’humiliation. Il n’y a pas de terrorisme durable, insiste-t-on alors, sans terrain propice à l’offre de violence. La réponse militaire risque donc, à l’inverse du postulat plus classique, de renforcer le terrorisme, a fortiori du fait que selon cette toute autre vision, ce dernier « nous » vise pour ce que nous faisons, et non pour ce que nous sommes. Le discours sur le terrorisme comme ennemi de la démocratie ou de la liberté fait place ici à un discours sur le terrorisme comme riposte asymétrique à des faits ou actions politiques, riposte qui vise non plus des entités pour elles-mêmes, mais des politiques étrangères, dont la radicalisation fera le jeu de l’entreprise de violence. Et seul un traitement social profond des situations de tensions serait en mesure de lutter durablement contre ce marché et contre le succès de ses entrepreneurs.
Enfin, une approche plus critique – dont les nuances, là encore, sont multiples et subtiles, mais là n’est pas l’objet de ce court papier – nous met en garde contre la construction même de l’objet ou du concept de « terreur », notamment à l’heure des actions en réseau, des nébuleuses d’acteurs et des causalités complexes. Pour une telle approche, qui correspond en partie à l’école constructiviste, un discours erroné (volontairement ou non) sur la nature même de ce type de violence peut avoir des conséquences néfastes sur sa compréhension, sur la possibilité de la réduire, objectifs qui peuvent même passer au second plan derrière les intérêts de ceux-là même qui en mobilise le spectre. La compréhension même du « terrorisme » serait ici obstruée par sa réification ou par la manipulation de son invocation. En imaginant une hydre terroriste internationale globale ou un continuum d’insécurité allant de la petite délinquance microsociale au grand jeu macro-politique, on passerait alors à côté de dynamiques réelles, qui nécessiteraient d’autres traitements.
Qu’on le veuille ou non, nos approches du phénomène terroriste se situent entre (ou sont influencées par) ces trois pôles grossièrement brossés ici. L’approche réaliste opte pour la détermination politique, l’approche sociologique pour la compréhension en profondeur et les méthodes longues, l’approche critique pour une remise en cause des termes même du discours. Le débat est trop étendu pour être tranché ici, et l’agenda de recherche reste ouvert pour plusieurs générations de jeunes chercheurs. La tradition française, qui opte plus volontiers pour une approche sociologique de la violence comme d’ailleurs de la guerre en général (Gilles Dorronsoro, Amélie Blom…), insistant sur la mobilisation (Bernard Rougier, Pénélope Larzillière…), est riche en la matière (voir notre Champs de Marsn°22-2012, Rationalités des terrorismes, et l’accent mis par l’IRSEM, dans ses programmes de recherche, sur des notions telles que la résilience, les dynamiques de recrutement, etc.). Les recherches menées actuellement, quelles que soit leur préférence théorique, doivent être encouragée encore.

Mali, une paix à gagner - Analyses et témoignages sur l'opération Serval

EGEABLOG - Tue, 17/02/2015 - 19:13

Voici la deuxième édition d'un ouvrage paru l'an dernier chez Lavauzelle et qui avait connu un certain succès. Cette nouvelle édition est augmentée de tout un tas de contributions et témoignages qui en font l'ouvrage de référence sur cette opération. J'y participe au travers d'un article sur "Serval, quelques enseignements stratégiques".

Présentation de l'éditeur

La guerre du Mali est incompréhensible si l'on ne croise le témoignage de ses acteurs directs avec une réflexion approfondie sur l'instabilité de l'espace sahélien sur le temps long. Mali, une paix à gagner présente pour la première fois les témoignages inédits d'officiers ayant occupé des commandements opérationnels dans les premières semaines de l'engagement. Ces retours d'expérience couvrent l'ensemble du spectre des responsabilités assumées au feu par les officiers de l'armée de terre. Il s'en dégage une idée force : si l'armée française a su stabiliser provisoirement un territoire immense malgré les insuffisances de ses matériels, c'est qu'elle a misé sur une approche géoculturelle qui en fait la spécificité. Pour les officiers et les professeurs de l'armée française, il ne fait aucun doute que la stabilisation politique du Mali ne pourra se faire sans une réelle prise en compte de ses fractures culturelles. Faute de quoi la paix resterait bien fragile. Au fil des pages, articles universitaires et témoignages militaires entrent en résonance pour laisser entrevoir les contours d'un art français de la guerre, celui-là même qui force aujourd'hui l'admiration de nos alliés sans toutefois troubler l'insouciance légère de notre propre opinion publique.

Biographie de l'auteur

Cet essai a été rédigé par le groupe SYNOPSIS, du Centre de Recherches des Ecoles de Coëtquidan sous la direction d'Olivier HANNE. Animant un réseau interdisciplinaire d'universitaires et d'officiers, SYNOPSIS a pour ambition de replacer la culture au service de l'action. Les rédacteurs en sont Stéphane BAUDENS, Olivier CHANTRIAUX, Thomas FLICHY de LA NEUVILLE, Olivier HANNE, Gregor MATHIAS, Antoine-Louis de PREMONVILLE, Francis SIMONIS et Anne-Sophie TRAVERSAC. Ont également participé à ce livre par leurs réflexions Oliver KEMPF et Olivier TRAMOND. Les officiers ayant participé aux opérations et ayant contribué à la rédaction de ce livre sont Tanguy B., Bernard BARRERA, Bruno BERT, Benoît DESMEULLES, Arnaud LE GAL, Nicolas RIVET, Grégoire de SAINT-QUENTIN et Philippe S.

Mali, une paix à gagner - Analyses et témoignages sur l'opération Serval

LE SAHEL ENTRE TEMPÊTES ET GLACIATIONS IMPÉRIALES

Au-delà des apparences, l'espace sahélien se présente comme une mer oscillant entre tempêtes et glaciations impériales. Le flux et le reflux de cet océan singulier s'expliquent tout à la fois par la vitalité des empires qui le bordent et par le dynamisme de la côte africaine. Espace de transition entre les zones pastorales et agricoles, le Sahel a été provisoirement stabilisé par la colonisation française avant de redevenir une zone d'insécurité.

LE SAHEL, ESPACE DES EMPIRES OU DU VIDE (T. Flichy)

Sur la longue durée, l'espace sahélien alterne entre constructions impériales et zone de non-droit. Contrasté humainement et géographiquement, le Sahel représente un arc reliant le Soudan à la Mauritanie en incluant le Tchad, le Niger, le Mali, le Sud algérien et le Sud marocain jusqu'à l'Océan Atlantique. Ce désert, qui traverse le Mali, constitue une zone très ancienne de transition entre les zones pastorales et agricoles. Il s'agit d'un monde semi-désertique très contrasté géographiquement et humainement, il existe au cœur du Sahel une véritable concurrence entre les nomades, qui ont tendance à vouloir descendre vers le sud pour y abreuver leurs troupeaux, et les populations sédentaires du sud, qui veulent préserver leurs greniers contre les razzias du nord. A l'échelle du continent africain, cette zone constitue un vieil espace de contact entre le monde méditerranéen et celui de la pré-savane. Les axes caravaniers partaient anciennement de Libye en évitant la partie centrale du Sahara. Des empires s'y développèrent entre le lac Tchad et l'Atlantique. Le premier fut l'empire du Ghana, puis celui du Mali, qui l'engloba, et enfin un troisième, l'empire Songhaï. Tant que ces empires existaient, il était impossible pour les Touaregs de razzier les rives du Niger. Or l'empire Songhaï éclata en raison des grandes découvertes portugaises. La victoire de la caravelle sur la caravane lui fit perdre tout intérêt. Les mines d'or se mirent désormais à écouler leurs produits vers les ports portugais. Les Marocains réagirent, car tous les axes transsahariens faisaient la richesse du Maroc. Le sultan du Maroc pensa que les souverains Songhaïs ne voulaient plus commercer avec lui et les somma de le reprendre. En 1590, il lança une expédition qui partit de la région de Marrakech vers Tombouctou. Les Marocains y créèrent un territoire dépendant, le Pachalik de Tombouctou. Mais avec le temps, les liens se distendirent. Quand les implantations européennes disparurent, avec la fin de la traite transatlantique des esclaves, les empires connurent une véritable renaissance : le Sahel se réveilla sous la poussée islamique. Les années 1780-1890 furent à cet égard des périodes de Djihad, qui refaçonnèrent durablement la carte du Sahel.

L'inversion des rapports nord-sud par la colonisation française

La colonisation opéra un véritable renversement au profit du sud. Celle-ci fut précédée par quelques voyages d'exploration. René Caillié (1799-1838), qui avait passé huit mois en compagnie des Maures braknas de Mauritanie afin d'être initié à l'arabe et à l'Islam passa à Mopti en 1828. Se faisant passer pour un humble lettré musulman, il remonta le fleuve Niger en pirogue et fut le premier Européen à entrer à Tombouctou. Son journal d'un voyage de Tombouctou et à Jenné, publié en 1830, témoigne des conditions très difficiles de pénétration de cette contrée pour les Européens en voyage d'exploration. Lorsque les Français s'établirent au Mali, les territoires Bambaras étaient périodiquement ravagés par les esclavagistes de la zone sahélienne. Le royaume Bambara n'avait d'ailleurs succombé sous les coups des islamistes qu'à la veille de la colonisation. Cela explique les raisons pour lesquelles les Bambaras accueillirent positivement la colonisation et qu'ils s'enrôlèrent dans les tirailleurs sénégalais. Le Mali fut pacifié par le lieutenant-colonel Gallieni, qui raconte dans Deux campagnes au Soudan français, 1886-1888, l'appui décisif apporté par les noirs Bambaras. (...)

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La frégate Normandie vendue à l'Égypte : joli contrat ou cadeau empoisonné ?

Défense ouverte (Blog de Jean Guisnel) - Sun, 15/02/2015 - 12:24
La vente à l'Égypte d'une frégate multi-mission FREMM déjà payée par la Défense est une nouveauté. Les armées percevront-elles le produit de ce contrat ?
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Quelles perspectives pour la modernisation de l'aéronavale russe en 2015 ?

La modernisation des capacités et des infrastructures des forces aéronavales russes devrait se poursuivre en 2015 avec la réception de nouvelles plateformes aériennes et la mise à niveau de bases existantes. Le commandant en chef des forces aéronavales...
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Plan Mugabe : Budget de l`Union africaine

CSDP blog - Sun, 08/02/2015 - 00:00

L’Union africaine, successeur légitime de l’OUA a lancé des projets très ambitieux pour le continent africain surtout en 2003, depuis la présidence nigériane d'Olusegun Obasanjo et son secrétaire général malien, Alpha Konaré. Konaré a envisagé un plan stratégique de l’Union africaine de 1,7 milliard de dollars, pour créer un Parlement panafricain (en Afrique du Sud), un tribunal international permanent, un fonds permanent pour la paix et une armée de métier.

Le plan a été élaboré, mais ce fut le désenchantement. En 2006 le budget endossé de l`UA était 158 millions de dollars, bien que le premier budget de l’UA en 2003, fût de 43 millions de dollars dont 26 millions ne furent pas payés par les États membres. (Désormais la situation est pire, en 2014, 97% du budget de l`UA, 222,9 millions a été financé par des partenaires étrangères et seulement 3% par les États africains.)

Lors du sommet de l’organisation le 1er févier 2015, le controversé Robert Mugabe a été désigné à la tête de l’UA. Le président du Zimbabwe, 91 ans, l’anticolonialiste historique, plus ancien chef d’Etat africain en exercice dirige toujours son pays «d’une main de fer». Malgré le fait que cette désignation à la tête de l’instance relève d’un tournus, «elle n’en suscite pas moins des inquiétudes, y compris au sein des délégations qui ont voté Rober Mugabe. L’Union africaine va-t-elle être pénalisée? Etant sous sanctions de l’Union européenne, il semble d’ores et déjà difficile que le président zimbabwéen puisse représenter l’Afrique lors du prochain G7 en Allemagne.» De fait, mardi, l’UE a précisé qu’en tant que président de l’Union africaine, le dirigeant pourra venir en Europe.

Outre de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme et la question des interventions régionales, l’UA est confrontée à un sérieux problème de financement. Elle dépend à hauteur de 72% des dons des nations non africaines. Sur les 522 millions de dollars de son budget de fonctionnement, l’UA ne finance elle-même que 28%. Le reste est payé par les donateurs, parmi lesquels l’UE, les Etats-Unis, la Banque mondiale, la Chine et la Turquie. Cette année, l’organisation panafricaine, consacrera 750 millions de dollars au financement des opérations de maintien de la paix.

Pour accroître ses recettes propres, l’UA propose des taxes. Une dépêche de l’agence Ecofin relayée par Senenews résume: l’organisation veut «mettre en œuvre une taxe de 2 dollars sur les nuits d’hôtels et de 10 dollars sur les billets d’avion pour les vols en partance ou à destination de l’Afrique. Ces mesures permettraient de lever 730 millions de dollars par an. Une taxe additionnelle de 0,005 dollar par SMS échangé sur le continent rapporterait 1,6 milliard de dollars par an. C’est le «plan Mugabé» pour « réduire la dépendance financière de l’Union africaine . Il y aurait là, selon l’algérien L’Expression, «de quoi largement mettre à l’abri l’UA des aléas budgétaires des donateurs et des turbulences économiques que traversent la Libye et l’Egypte, deux des plus gros contributeurs au budget de l’organisation parmi ses membres.»

Antécédents et controverse

Toutefois, précise notamment le Journal du Mali, les ponctions prévues demeurent peu définies, car elles dépendront de la volonté des Etats: «L’UA laisse [...] aux pays le choix d’appliquer ou non tout ou partie de ces taxes, à condition de respecter un nouveau barème de contributions revu à la hausse en fonction du PIB de chaque pays.» Evoquant en détail les coulisses du sommet de l’UA, Jeune Afrique a également relevé que cette idée n’est pas nouvelle: «En mai 2013, désireuse de diversifier ses financements, l’UA avait approuvé les propositions en ce sens de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’avait chargé de les mener à bien. Depuis, rien n’a bougé: ni la taxe de séjour ni celle sur les billets d’avion n’ont été mises en œuvre.»

Il y aura encore débat. Entre autres, Financial Afrik souligne que «cette décision ne fait pas encore l’unanimité, car certains Etats africains considèrent que ces taxes pèsent injustement sur le secteur du tourisme, alors que les industries pétrolière et minière sont épargnées.»

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S-Y. Laurent, Atlas du renseignement. Géopolitique du pouvoir





S-Y. Laurent, Atlas du renseignement. Géopolitique du pouvoir, Presses de Sciences Po, Paris, 2014
Le renseignement est d’actualité, son étude se développe en France, et Sébastien Laurent en est l’un des animateurs les plus actifs. Cet atlas a une double vocation pédagogique et analytique. Pédagogique naturellement puisque les nombreuses cartes présentées ici clarifient, exposent, synthétisent aussi bien des « moments » clefs des relations internationales (les covert action de la CIA, l’époque des cellules Stay behind, le réseau Condor en Amérique latine…), que des structures (Echelon, les clubs européens…), des crises (Pearl Harbor, le Kippour, le 11 septembre…), ou même de nouvelles perspectives (l’avenir du renseignement en sources ouvertes, le réseau…). Analytique aussi car les textes en disent autant que les graphiques ici, revenant sur des évolutions historiques, décryptant des épisodes aujourd’hui négligés (les expulsions des diplomates soviétiques dans les années de guerre froide, la vision socialiste du renseignement à l’heure du Pacte de Varsovie, la logique Schengen…). Plus qu’un seul exercice cartographique – réussi, et toujours fascinant pour les amateurs d’atlas – ce travail constitue une étape importante dans le « rattrapage » français sur les intelligences studies.

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