L'ONU demande au Burkina Faso d'ouvrir rapidement des enquêtes approfondies et impartiales sur tous les décès et blessures liés au coup d'État du 30 septembre 2022. Il se dit également préoccupé par la décision des nouvelles autorités de suspendre toutes les activités politiques et de la société civile. C'est ce qui ressort de ce commentaire du porte-parole de l'ONU pour les droits de l'homme, Seif Magango, sur la situation au Burkina Faso.
« Nous suivons de près la situation des droits de l'homme au Burkina Faso après le coup d'État de la semaine dernière. Nous saluons les déclarations des autorités militaires selon lesquelles elles respecteront les "engagements internationaux du pays, notamment ceux liés à la promotion et à la protection des droits de l'homme". Cependant, nous restons préoccupés par les multiples allégations de violations des droits de l'homme qui continuent d'être rapportées dans de nombreuses régions du pays.
Nous restons préoccupés par la situation sécuritaire et humanitaire désastreuse à laquelle est confrontée la population civile dans les régions du Centre-Nord et du Sahel, qui est quotidiennement menacée de violence par des groupes armés non étatiques. Des rapports crédibles suggèrent qu'au moins huit enfants sont morts de malnutrition récemment dans la ville de Djibo, qui est assiégée par des groupes armés non étatiques depuis mai 2022.
Le dernier convoi qui a tenté d'apporter une aide humanitaire à la ville le 26 septembre a été attaqué par des groupes armés, faisant 37 morts, dont 10 civils.
Nous sommes également profondément préoccupés par la décision de suspendre toutes les activités politiques et de la société civile. Nous exhortons les autorités militaires à annuler immédiatement cette décision arbitraire et à protéger efficacement tous les droits de l'homme.
Nous notons que les autorités se sont engagées à s'attaquer de manière décisive au "terrorisme", mais nous rappelons que toutes les opérations militaires, y compris celles menées contre des groupes armés non étatiques, doivent être pleinement conformes au droit international des droits de l'homme et au droit international humanitaire applicable et doivent assurer la protection effective des populations civiles.
Nous demandons au Burkina Faso d'ouvrir rapidement des enquêtes approfondies et impartiales sur tous les décès et blessures liés au coup d'État - y compris ceux d'au moins quatre personnes tuées et huit autres blessées lors de pillages et de manifestations pro-coup d'État depuis le 30 septembre - et de veiller à ce que les responsables soient tenus de rendre des comptes.
Nous demandons également aux autorités actuelles et aux nouveaux dirigeants de condamner sans équivoque tous les cas de discours de haine et d'incitation à la violence, où qu'ils se produisent, et de veiller à ce que les coupables soient tenus responsables conformément à la loi ».
Pour l'Association des citoyens leaders (ACLE) le capitaine Ibrahim Traoré doit absolument prendre la présidence de la transition à l'issue des assises nationales sous peine d'être considéré comme un traitre car beaucoup de ceux qui veulent présider cette transition ont déjà montré leurs limites sous Roch Kaboré et dans des régimes passés.
C'est le Capitaine ou rien. Age, âge ! Qu'on nous foute la paix avec cette question d'âge. La merde que nous traversons aujourd'hui est-elle la faute des jeunes ?
La plupart des gens qui s'agitent dans l'ombre, manœuvrent pour présider la transition en surfant et prétextant l'âge du capitaine n'ont qu'à admettre qu'ils n'ont plus grand-chose à apporter pour ce pays. Et que le jeu de siège est terminé. Si vous n'avez pas un idéal à vendre à ce peuple martyrisé du Burkina Faso, ce n'est pas la peine de vouloir présider cette transition. Elle ne sera pas gérée comme celle de 2014. Détrompez-vous. Elle ne va pas servir de tremplin pour une retraite paisible.
Le jeune capitaine a fait appel à la mobilisation populaire et patriotique pour parachever le coup d'état et nous pensons qu'il est de bon ton que cette même mobilisation populaire et patriotique soit le bouclier de cette nouvelle transition.
Beaucoup de ceux qui veulent présider cette transition ont déjà montré leurs limites sous M. Rock KABORE et dans des régimes passés. La capacité, la compétence, et la sagesse ne rime pas forcément avec l'âge. Le Burkina Faso n'a pas forcément besoin de quelqu'un qui a un long curriculum vitae ou qui est âgé pour assurer la présidence de la transition. Nous avons besoin d'un patriote dans l'âme qui est prêt à lutter contre vents et marée, qui soit prêt au sacrifice suprême pour laver la honte que nous subissons depuis plus de 35 ans.
Les personnes âgées qui sont patriotes et désintéressées vont proposer leurs services au jeune Président dans l'ombre ou en public en occupant des postes stratégiques tels que le premier ministère, l'économie, les affaires étrangères. Ils ne regarderont pas l'âge du Président mais leur folle envie de voir le Burkina Faso sortir du bourbier terroriste.
Cela va guider leurs actions et conseils autour du jeune capitaine. Ils ne vont pas non plus venir et commencer à préparer une transmission comme la transition de l'ex Président DAMIBA et celle de 2014 qui n'ont véritablement pas servi à grand-chose.
Il nous faut un nouveau contrat social pour l'avènement d'un Etat-nation
Il faut une vraie refondation de notre pays. Il faut un nouveau contrat social. Il faut restaurer notre territoire et mettre en place des institutions républicaines à même de faire du Burkina Faso un Etat-nation. Sinon pour l'heure, c'est le narcissisme ethnique, religieux, communautaire et régionaliste qui prévaut.
Chacun est citoyen de son ethnie, de sa religion, de sa communauté et de sa région. Le statut de citoyen burkinabè, la fierté de se sentir burkinabè vient au second ou au troisième plan.
Nous en voulons pour preuve, aujourd'hui une partie de l'opinion jubile et déborde de joie, du simple fait que le capitaine est un musulman, certains du fait qu'il est originaire d'une autre région et d'une autre ethnie. C'est le mal profond qui gangrène notre si chère patrie le Burkina Faso.
Bref, ce n'est pas un secret de polichinelle, nous ne sommes pas dans un Etat-nation. Le rôle de la présente transition c'est de jeter les bases de ce chantier et faire en sorte que tout gouvernant qui viendrait après les élections ne puisse pas dévier de cette trajectoire, de cet idéal. Que l'agenda reste l'avènement d'un Etat nation au Burkina Faso comme le prévoyait le capitaine Thomas SANKARA.
Si le Capitaine refuse, nous devons le considérer comme un traitre.
Si le Capitaine Ibrahim TRAORE refuse de porter les espoirs du peuple, les aspirations du peuple, la lutte du peuple, nous devons le considérer comme un traitre qui s'est servi du peuple pour des intérêts purement égoïstes. Il donnera ainsi raison à jeune Afrique. Ce canard qui confiait que le Capitaine et ses hommes étaient seulement venus réclamer au Lieutenant-colonel DAMIBA leur part du gâteau pour avoir participé au coup d'état contre le régime de M. Rock Marc Christian KABORE.
Aussi tous les sous-officiers et militaires de rangs qui ont mené la rectification du MPSR avec lui, pourront l'accuser à juste raison. En effet, en tant que jeune capitaine, s'il atteint les 21 jours comme chef d'Etat, il peut dormir tranquillement avec les droits de statut d'ancien président tandis que des mafieux vont venir perpétuer les mêmes pratiques et travers qui nous ont entrainés dans cette situation inextricable. Ils vont continuer à sacrifier ces soldats en chaire de canon au profit des systèmes mafieux qui sont derrières ce business aux multiples facettes et aux multiples dénominations de djihadisme, de terrorismes, etc.
De ce fait, nous, Association des Citoyens Leaders invitons l'ensemble des organisations de la société civile et les citoyens patriotes à se mobiliser les 14 et 15 octobre 2022 afin que le Capitaine assure la Présidence de la transition.
Citoyens Leaders, jeunesse combattante du Burkina Faso et de l'Afrique, notre heure a sonné. Toutes les grandes révolutions ont été portées par des jeunes. Nos oncles et tantes, nos mamans et papas ont fait de leur mieux. Comme le disait Frantz FANON « chaque génération découvre sa mission, l'accomplit ou la trahit ». Donc, à nous d'accomplir la nôtre !
Chaque fois que l'occasion d'un changement radical, profond et fondamental s'est présentée, la lutte a été toujours très vite récupérée par les gens système. Nous avons toujours raté le virage de notre histoire. Il y a un complot national et international ourdi pour récupérer toutes les luttes de libération de notre peuple courageux. Autant le dire le Burkina Faso est un enjeu géostratégique.
Cette fois-ci, changeons de méthode et de stratégie.
A l'analyse, ce qui manque à ce peuple stoïque et patient, c'est la constance dans la lutte. Après le succès éphorique de chaque lutte, les masses populaires partent dormir sur leurs lauriers, espérant que le nouveau prince va prendre en compte leurs aspirations et résoudre leurs problèmes fondamentaux. Cette stratégie n'a jamais marché.
Camarades Citoyens Leaders, cette fois-ci, il faut que nous changions de méthode et de stratégie.
Il faut nécessairement mettre en place un mouvement de veille citoyen pour contraindre les autorités de cette transition à nous amener à bon port. Tous les citoyens engagés et les organisations de la société civile spécialisées dans la veille citoyenne et la bonne gouvernance peuvent se joindre à nous dans le cadre de ce vaste mouvement.
Osons pour un monde meilleur !
Contact : +226 70 53 67 81
Email : acle2018.bf@gmail.com
Ibrahima TRAORE,
Président de l'Association des Citoyens Leaders.
Le Comité d’acheteurs et évacuateurs des produits agricoles (CEPA) a assuré, mardi 11 octobre, avoir acheminé 560 tonnes de maïs sur la ville de Kananga (Kasaï-Central).
Le président de cette structure, Georges Mukenge a indiqué que cette quantité peut stabiliser le prix sur le marché de cette ville.
Les activités socio-économiques sont paralysées, ce mercredi 12 octobre, dans certains coins de la ville de Goma (Nord-Kivu), après que des mouvements citoyens ont appelé à une journée ville-morte.
Des manifestants ont barricadé des artères de Goma pour dénoncer le meurtre, mardi, d’un jeune conducteur de 23 ans par un policier de circulation routière.
La police nationale a arrêté, lundi 10 octobre, environ 112 présumés bandits urbains communément appelés « Kuluna » au quartier Mombele, commune de Limete (Kinshasa).
Revue de presse kinoise du 12 octobre 2022.
« Plus de 142 personnes ont été tuées, dont certaines ont été décapitées » à la suite de violences intercommunautaires survenues, depuis juillet dernier, dans le territoire de Kwamouth, dans l’Ouest de la RDC.
Le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a livré ces chiffres, mardi 11 octobre, lors d’une conférence de presse régulière de l’ONU à Genève (Suisse).
Zozo Machine et Yuma Dash, deux musiciens du groupe Musique populaire de la révolution (MPR) sont arrivés ce mardi 11 octobre à Beni dans la province du Nord-Kivu. Leur présence à Beni, indiquent-ils, est un signe de compassion pour cette population tant meurtrie.
L'avènement du MPSR II ramène à la surface, les attentes jusque-là non comblées des Burkinabè et les défis pressants à relever. Dans cette interview consacrée à la situation nationale, le politiste et géographe-planificateur, Idrissa Diarra, fait un diagnostic et ouvre des perspectives avec les nouveaux dirigeants.
Lefaso.net : Qu'est-ce qui explique le long silence que vous avez observé ces dernières années, alors qu'on vous a connu dans les périodes contemporaines à l'insurrection populaire avec des réflexions fréquentes sur des sujets d'intérêt national ?
Idrissa Diarra : Votre observation est juste ! Certains de mes lecteurs que je rencontre me posent souvent cette question. L'explication est que l'enjeu qui prévalait à l'époque, notamment la question de révision de l'article 37 de la Constitution, était un enjeu de taille pour la consolidation de la démocratie dans notre pays. Enjeu d'autant plus important que Blaise Compaoré avait déjà fait plus de 25 ans au pouvoir, donc plus d'une génération. Il était important de changer la donne et l'environnement politique, avec l'impulsion d'une nouvelle classe de dirigeants politiques. Tant qu'il n'y a pas de possibilité d'alternance, la scène politique demeure verrouillée au profit d'un groupuscule, ce qui joue négativement sur la qualité de la démocratie.
Après cet épisode, nous avons assisté à la gouvernance de Roch Kaboré, avec par moments quelques propositions ponctuelles. Mais il se trouvait que les publications que je faisais souvent (avant la chute de Blaise Compaoré, sous la transition avec Michel Kafando et Isaac Yacouba Zida) étaient beaucoup plus scientifiques que de simples tribunes. Autant elles répondaient à l'actualité, autant elles soulevaient des problématiques structurelles qu'il fallait nécessairement résoudre. Malgré tout ce temps passé, de 2014 à aujourd'hui, ces sujets restent toujours d'actualité. Si bien que souvent, quand un problème d'actualité survient sur la scène politique, je suis tenté d'aller fouiller une de mes vieilles publications pour les réchauffer ; on peut même publier certaines en l'état (tant elles sont d'actualité). Je les partage souvent sur ma page Facebook et dans certains groupes WhatsApp).
Aussi, lorsque vous publiez et que vous vous rendez compte que malgré tout, les acteurs politiques ne s'ouvrent pas pour changer les choses et que rien ne change, ça peut paraître comme de l'acharnement d'insister.
Il y a également le fait qu'il est vrai que la vie politique nous intéresse pour apporter notre contribution par les réflexions, mais chacun a aussi sa vie professionnelle et des activités personnelles qui nécessitent qu'il y consacre le temps nécessaire. Je ne vous apprends rien en la matière ; en tant que journaliste, vous savez que les tribunes, les sujets de réflexions demandent beaucoup d'énergie, de temps et de ressources.
Au-delà de tout cela, il y a le fait que les acteurs politiques qui sont en train d'apparaître sont de plus en plus de notre génération. Donc, il y a des canaux directs par lesquels on peut leur parler.
Maintenant, quand le sujet est vraiment problématique et dangereusement glissant, on publie pour éviter des drames.
Qu'est-ce qui explique que les dirigeants ne tirent pas matières de toutes ces contributions faites par les citoyens par les divers canaux, et ne se servent surtout pas du passé ?
On est tenté de dire qu'ils ne tirent pas leçon du passé effectivement ; ils oublient très vite ! Mais ce n'est pas forcement de leur faute. Il faut peut-être autour d'eux, un dispositif qui les contraigne d'une certaine manière à toujours rester en alerte et surtout garder à l'esprit ce passé-là. Il faut instituer ce mécanisme d'alerte. Ce n'est pas forcément un organe formel, rémunéré, mais semi-formel, reconnu par les dirigeants et qui peut de temps à autre rappeler la trajectoire à suivre. A titre d'exemple, un Forum d'acteurs qui, par moments, peut réunir les citoyens qui le souhaitent sur des questions d'intérêt national. Ce forum doit être ouvert à tout acteur qui se sent capable et veut apporter une contribution. Il peut avoir un noyau, composé de divers acteurs, qui n'est pas rigide. Donc, de façon périodique, on peut organiser ces rencontres dans des grandes salles de la taille d'un amphithéâtre, où les participants réfléchissent et rédigent un rapport qu'on transmet aux dirigeants. Ce sont des initiatives qui peuvent aider beaucoup.
Etes-vous de ceux-là qui sont déçus qu'après une insurrection admirée à travers le monde, le Burkina en soit là aujourd'hui ?
Oui, je suis particulièrement déçu. Voyez-vous, on est aujourd'hui à un retour aux coups d'Etat. Nous sommes contre les coups d'Etat par principe, parce qu'ils nous font régresser d'une manière ou d'une autre. Le coup d'Etat du 24 janvier est venu compromettre une certaine marche démocratique que l'insurrection populaire avait imprimée. Cependant, ces coups d'Etat ont profité des insuffisances qu'on n'a pas su combler. Il y a des propositions que les pouvoirs auraient pu mettre en œuvre pour nous éviter tout cela. Malheureusement, on a parfois l'impression qu'il y a un clan ou une clique de personnes qui se constitue autour des régimes, qui ferment leurs yeux et leurs oreilles pour ne pas voir et entendre le peuple. A un certain moment, on sent même l'arrogance des dirigeants vis-à-vis du peuple ; on se demande encore pourquoi c'est ainsi. On a l'impression que ceux qui accèdent au pouvoir pensent que « ça n'arrive qu'aux autres ».
La veille de la crise, c'est à-dire le jeudi 29 septembre 2022, je disais à des amis lors de causeries informelles durant le temps d'une pause, que l'incident survenu à Gaskindé ne pouvait pas rester impuni ; de la même manière que le drame d'Inata n'est pas resté impuni… Un de mes interlocuteurs m'a demandé si le drame d'Inata avait été vraiment sanctionné ? J'ai dit bien-sûr que oui, parce que la sanction a porté justement sur Roch Kaboré lui-même qui a vu son pouvoir renversé par un putsch. C'est à cela que j'en venais. Ce même jour, dans la soirée, le bilan des manifestations spontanées pour la démission du lieutenant-colonel Damiba à Bobo Dioulasso faisait cas de mobilisations de masse à la place Tiéfo-Amoro.
Dans une tribune que vous avez publiée, il y a quelques jours, vous exhortez les leaders coutumiers et religieux à poursuivre les sorties de sensibilisation à travers le pays pour réconcilier également l'armée. Finalement, cette catégorie est devenue le dernier rempart de la société !
Oui, il ne faut pas se leurrer, les autorités coutumières et religieuses sont de vraies institutions du pays. Ce sont des éléments établis de notre société depuis très longtemps dans nos traditions. Dans la cellule familiale, dans tous les actes sociaux que nous posons, on retrouve toujours ces institutions. A titre d'exemple, en Islam (que je connais assez bien), quand une personne aménage dans sa nouvelle maison, généralement, elle organise ce qu'on appelle un ‘‘walima'', une sorte de ‘‘doua'', et ce sont les personnes ressources qui sont appelées pour cela. Les naissances, les mariages, les décès, etc. sont tous des évènements qui mettent au centre ces institutions. Une autre illustration…, lorsque le président Blaise Compaoré est revenu récemment au pays, certains ont reproché à la démarche, le fait de ne s'être pas appuyé sur ces institutions traditionnelles (les forgerons, les parentés à plaisanteries, les coutumiers et religieux, etc.). Donc, ce sont des institutions qu'on pourrait qualifier d'informelles, mais qui régulent la société.
Voilà pourquoi, je pense que leur contribution est très importante pour la cohésion sociale même de l'armée. Quand l'ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo - issu du corps de l'armée -, a publié son livre, on a vu ce que cela a provoqué comme polémique. C'est pour dire que ce fossé des antagonismes au sein de l'armée date de très longtemps. Au-delà de cela, on constate que les débats qui tournent autour de Thomas Sankara cristallisent souvent les postions. Les positions sont très tranchées ; ceux qui sont anti-Sankara et ceux qui sont pro-Sankara. Cela se voit dans le milieu intellectuel et la société de façon générale.
Leur implication dans les crises, surtout politiques, ne va-t-elle pas entamer finalement leur crédibilité à un moment donné ?
Les sociétés aussi sont appelées à évoluer. Plusieurs auteurs, comme Guy Hermet, Bertrand Badie, ont, dans leurs ouvrages, évoqué la sociogenèse des politiques occidentales. La démocratie en Occident est vue par ces penseurs comme le produit d'une sociogenèse, donc d'une évolution de la société au gré des contradictions et des trajectoires historiques. Dans notre contexte, la démocratie est récente par rapport à d'autres pays, comme les Etats-Unis. Ces contradictions bousculent à un moment donné, un certain ordre établi depuis longtemps par la tradition. Dans le passé, c'était des royautés par endroits.
Au fur et à mesure que le temps est passé, les choses ont subi l'évolution et ces pouvoirs ont renoncé à certaines pratiques et prérogatives d'antan. Notre société est donc en construction continue avec les autorités coutumières et religieuses. Les interactions sociales sont dans l'ordre normal des choses certes, mais il est important que les acteurs, les citoyens en général, sachent raison gardée pour ne pas brusquer dangereusement certaines choses. Il faut qu'ils se fixent certaines limites. De la même manière, il est important que les acteurs coutumiers et religieux sachent qu'il y a une dynamique en marche. Il faut aussi que les acteurs coutumiers et religieux développent des approches de communication adaptées et sachent anticiper les évènements pour couper court à certaines réactions négatives et fausses informations.
Nous sommes au MPSR II. Le président Traoré annonce des assises, la mise en place d'un gouvernement, la désignation d'un nouveau président de transition. Pensez-vous que toutes ces démarches soient aujourd'hui nécessaires, lorsqu'on sait que l'un des reproches faits à Damiba, c'est de n'avoir pas assumé son pouvoir ?
Je pense que l'inclusion est une bonne chose. Mais elle ne doit pas être comprise de façon partielle, en termes d'avantages seulement. Voyez-vous, généralement, quand les politiques parlent d'inclusion, c'est pour en réalité bénéficier des avantages du pouvoir. C'est cela le jeu, on n'a pas besoin de tourner en rond. Il y a des exceptions certes ! Mais généralement, c'est ce qui signifie inclusion pour beaucoup. Aujourd'hui, le pays étant en danger, qu'est-ce qui empêche les états-majors des partis politiques de lever des contingents parmi leurs militants dans les différentes communes pour renforcer les effectifs des VDP ? Puisqu'ils sont censés animer la scène politique ! Ces partis ont toujours clamé qu'ils sont les plus grands, les plus ancrés sur le territoire national. Si ces affirmations sont réellement avérées, elles sont un atout de taille pour mobiliser leurs militants à travers le pays pour renforcer les rangs des VDP dans la lutte anti-terroriste !
Mais si au lieu de cela, ces partis politiques ne pensent qu'aux assises et aux élections, il y a un problème. Je ne suis pas contre les assises pour parler de certaines questions sensibles comme les rémunérations dans les organes de la transition et pour se donner des programmes cadres et des lignes de conduite à tenir. Mais des assises uniquement pour désigner une autre personne pour conduire la transition en lieu et place du capitaine Traoré, ne me paraissent pas opportunes. On peut se poser la question de savoir, sur quelle base les tenir ? Qu'est-ce qui fonde la légitimité d'un groupe de personnes ou d'un échantillon qu'on aura simplement trié sur des bases subjectives pour aller à une table des Assises nationales, pour dire par la suite que son choix de président est légitime ?
Je crois que le capitaine Traoré ne s'est pas retrouvé à ce niveau par un pur hasard ; c'est un groupe de militaires (MPSR) qui a estimé qu'il peut conduire les choses. Ces militaires ont désigné celui qu'ils veulent déjà. On peut avoir des divergences, mais il faut travailler à les aplanir. Donc, le capitaine Ibrahim Traoré jouit déjà d'une certaine légitimé qui lui a valu d'être le représentant de ce groupe de militaires qui constitue bon gré mal gré, une force sociale après tout. Aussi, quand le putsch est intervenu, il y a eu une mobilisation de milliers de citoyens dans les rues à travers certaines localités du pays pour soutenir l'action du capitaine Traoré et de son groupe. Le troisième élément de sa légitimité se trouve dans le contenu assez pertinent de ses premières déclarations sur les préoccupations du moment, des propos applaudis par beaucoup.
Pour moi, on gagnerait donc à accompagner le capitaine Traoré à diriger la transition. Surtout qu'il a exprimé des éléments dans lesquels une bonne frange du peuple se reconnaît. J'estime qu'il ne faut pas être dans le complexe de grade hiérarchique militaire. Si on dit de désigner un président, on va se poser les questions suivantes qui font prendre et du temps, et des risques : qui ? Comment ? Désigner un homme politique ? Sur quelle base ? On a vu des partis politiques dits grands, mais qui ont lamentablement échoué aux élections au regard de leurs scores. Aussi, à l'épreuve du temps et des circonstances, des partis politiques qui jouissaient d'une grande popularité, ont vu leurs audiences s'affaiblir considérablement du fait de leurs gouvernances internes, de leurs choix inappropriés à un certain moment ou même du fait de leurs compromissions dans les affaires publiques. Dans ce contexte, qui peut-on désigner dont la légitimité dépasserait le capitaine Ibrahim Traoré ?
Un autre aspect qui mérite d'être soulevé, c'est qu'on a vécu une quarantaine d'années avec la même génération politique qui n'a pas su faire changer les choses de façon significative, malgré l'évolution du monde. Aujourd'hui, le bilan qu'on peut faire du parcours de cette génération aux affaires depuis une quarantaine d'années, c'est quasiment l'échec de la gouvernance. On dirait que j'exagère un peu, mais si cette génération avait réussi, on ne serait pas là. Regardez comment certains leaders politiques sont insultés dans le forum sur les médias lorsqu'ils font des sorties publiques. Des acteurs politiques qui n'ont pas réussi à faire émerger des jeunes (malgré les compétences intellectuelles des jeunes de nos jours).
Aujourd'hui, chaque Burkinabè doit donc apporter sa contribution sans réserve, en fonction de ses possibilités pour accompagner la transition afin de sortir de cette vague d'insécurité qui menace notre existence même.
Quel gouvernement faut-il aujourd'hui (on a reproché à Damiba, sur ce point, un gouvernement pléthorique et politique) ?
Personnellement, je ne trouve pas que le gouvernement de Damiba ait été pléthorique. Face à un enjeu de guerre, il ne faut souvent pas être très regardant sur certains détails. Je pense que le Burkina Faso ne manque pas de moyens pour prendre en charge ses ministres. Un effectif de 25 à 26 ministres n'entrave pas l'efficacité d'un conseil des ministres ou la bonne marche de la gouvernance. Il ne faut pas trop s'attarder sur ces détails. Il est vrai qu'il y a souvent des appels à la réduction du train de vie l'Etat avec des effectifs de ministres réduits ; mais reconnaissons que les ressources allouées aux salaires des ministres ne sont pas définitivement perdues, puisqu'elles restent dans le pays (ces ministres emploient un personnel rémunéré à titre privé ; des membres de la famille, des amis, des collaborateurs, des prestataires de services, bref, des personnes tierces bénéficient de l'emploi de ces salaires d'une manière ou d'une autre). En d'autres termes, les salaires des ministres sont redistribués dans la société burkinabè d'une manière ou d'une autre. A mon sens, il ne faut donc pas être trop tatillon sur ces questions.
Ne remettons pas en cause une certaine organisation habituelle de la transition, au risque de s'engager dans des aventures qui vont ralentir ou nuire à un certain élan de diligence qu'on veut imprimer à la transition.
Prenons l'exemple des départements ministériels : lorsqu'il y a un changement et qu'il y a scission ou fusion de certains départements, cela impacte négativement le fonctionnement des directions et le personnel des administrations tarde à se retrouver. Tout cela retarde certains actes et projets importants au niveau national. Donc, la marge de 25 ou 26 ministres, ce n'est, à mon avis, pas trop. Par ailleurs, si on doit faire le choix d'adjoindre des acteurs politiques, ce ne doit pas forcément être les mêmes visages qu'on a vus depuis belle lurette. Il y a des hommes et femmes compétents discrets et dévoués au service dans les partis politiques, d'autres visages nouveaux, compétents, qui peuvent apporter quelque chose d'autre, face aux enjeux du moment. C'est cette inclusion portée vers l'alternance interne à prôner aussi dans les partis politiques, qui peut nous permettre d'évoluer avec de nouvelles idées et de nouvelles dynamiques.
Inclusion dans la gouvernance certes, mais il faut éviter une approche qui fixe rigidement des quotas de participation des partis politiques dans les organes de la transition ; éviter les attelages du genre « ancienne opposition, ancienne-ancienne opposition, ancienne-ancienne majorité, non-alignés », etc. De 2014 à aujourd'hui, les choses ont changé, il faut que les gens comprennent cela ; ceux qui avaient dix ans à l'insurrection ont aujourd'hui 18 ans. Le capitaine Traoré avait 26 ans, aujourd'hui il en a 34… Donc, les assises doivent simplement permettre de donner une caution et une légitimité au capitaine Ibrahim Traoré aux yeux des institutions internationales et créer un consensus autour de lui et non pas de générer des antagonismes politiciens pouvant être suscités par l'organisation d'une quelconque élection en miniature en salle.
D'aucuns sont également contre une assemblée législative de transition, ils préfèrent une gouvernance par ordonnances. Etes-vous favorable à une telle option ?
Je ne suis pas favorable à cela non plus, parce qu'un président ne peut pas, dans notre contexte de guerre, passer tout son temps à analyser et signer des tas d'ordonnances. Ce serait trop lourd et fastidieux par rapport aux enjeux du moment. C'est important qu'il y ait une Assemblée législative qui peut mener certaines réflexions sur les lois, la gouvernance, bref, jouer tout son rôle et faciliter ainsi la tâche au président et son gouvernement. Maintenant, dans la composition de cet organe, il faut vraiment des compétences qui soient à la hauteur de l'enjeu et l'esprit d'ouverture et de renouvellement des acteurs. Le comité de rédaction (de l'ancienne charte) avait proposé un nombre de 51 membres, que le pouvoir a finalement élargi à 71. On peut revoir ce nombre pour que ce soit plus efficace.
Je suis contre la remise en cause de cette architecture avec la présence d'une assemblée législative, parce qu'à l'international, il y a des instances dans lesquelles siègent des parlementaires de chaque pays. C'est dans l'intérêt du Burkina d'être représenté à ces instances parce que cela participe à la diplomatie de notre pays qui en dépend. N'oublions pas non plus que les membres de l'assemblée participent à la Haute cour de justice qui jugent certaines hautes personnalités.
Au regard de ces observations, je suggère à mes concitoyens de ne pas trop se focaliser sur la pauvreté du Burkina Faso. D'ailleurs, nous ne sommes pas pauvres. On a tendance à penser qu'il ne faut pas que les gens deviennent plus riches. Mais, ce n'est pas parce que certains ne veulent pas que les gens soient plus riches que leur situation personnelle va s'améliorer ! Quand je circule dans la ville, je suis parfois étonné par l'envergure de certains immeubles. Des constructions impressionnantes voient le jour régulièrement.
Est-ce possible que quelqu'un puisse empêcher cela ? Que ce soit au Burkina ou ailleurs, on ne peut pas empêcher les gens d'être riches, pourvu que ce soit par la voie noble. Donc, ne soyons pas comme dans un panier de crabes où nous passons plus de temps à nous tirer les uns les autres vers le bas. S'il y a des parlementaires dans un organe législatif, cela va aussi créer une masse de compétences qui pourront servir le Burkina Faso dans le futur. Les anciennes compétences parlementaires sont en train de partir à la retraite, donc il faut former de nouvelles personnes pour assurer la relève.
Quelle doit être la place des Organisations de la société civile (OSC) aujourd'hui ? On parle des organisations politiques, mais la réalité est que les OSC aussi ne jouissent pas d'une bonne image non plus ?
Malheureusement, plusieurs leaders d'OSC en vue, se comportent comme des militants de partis politiques. Ce sont en général des personnes qui, conscientes que la lutte au sein des partis politiques est âpre, préfèrent s'isoler pour échapper à la difficile règle de discipline au sein des partis politiques et se rendre plus visibles dans les médias afin de pouvoir accéder plus rapidement à certains avantages du pouvoir. On le voit à chaque fois qu'il y a un renversement de régime ; ces acteurs revendiquent leurs places dans les organes dirigeants. Ce n'est pas parce qu'on a eu à organiser des conférences de presse qu'on doit avoir accès à des organes et postes. Il faut vraiment se focaliser sur les compétences, plutôt que sur les tapages médiatiques que ces acteurs font. Si on procède ainsi, ces OSC dites spécifiques vont disparaître, parce que le but de leurs tapages et agitations, c'est d'avoir des postes.
En conclusion ?
La situation politique au Burkina mérite d'être prise avec très grand sérieux et prudence, parce qu'avec ce qui s'est passé le 30 septembre 2022 et jours suivants, il peut avoir un sentiment profond d'échec dans certains rangs d'une part et de d'orgueil et de triomphalisme dans d'autres groupes. Ces ressentiments résiduels peuvent toujours se cristalliser (je dirais même qu'ils demeurent). Il faut travailler à les désamorcer. C'est en cela que je vois les leaders coutumiers et religieux dans le rôle de campagne active de pacification dans les rangs de l'armée et des FDS de façon générale. Il faut inviter tous les protagonistes, voire tout le monde, à placer l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de nos égos. Au-delà de nous-mêmes dans le présent, c'est l'avenir de nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants qui se joue dans cette situation. A force de trop titrer sur la corde, nous risquons de compromettre l'avenir de nos propres enfants que nous aimons tant. J'en appelle vraiment à l'esprit de paix, de sagesse, d'ouverture et à la promotion de la jeunesse.
Aux dirigeants, je suggère de se focaliser sur les intérêts du peuple, qui sont la restauration des territoires sécurisés, le retour des déplacés internes, la prise en charge des questions humanitaires et de s'adjoindre les personnes compétentes qui peuvent les accompagner dans ce sens. Dans cet esprit, j'aimerais souligner que la localisation géographique de certaines institutions (la présidence du Faso par exemple) ne favorise pas leur proximité avec les populations. Or, l'appropriation des institutions par les populations est importante dans un contexte de guerre. J'allais donc faire la proposition que l'on puisse avoir des bureaux et secrétariats annexes de la présidence, plus accessibles aux populations qui veulent faire des propositions. Cela va permettre davantage la connexion populaire aux institutions et, partant dirigeants eux-mêmes.
Il est très important que nos concitoyens désignés comme membres des organes de la transition s'efforcent d'assumer leurs fonctions avec l'esprit de sacrifice et évitent de mettre en avant leurs exigences en termes de rémunération et de bénéfice d'avantages purement matériels. Il y a beaucoup d'autres choses à dire, mais on peut s'arrêter ici pour aujourd'hui. On reviendra sur d'autres éléments, si cela s'avère nécessaire. Que Dieu bénisse le Burkina Faso !
Interview réalisée par O.L.O
Lefaso.net
L'Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) a animé une causette de presse, ce mardi 11 octobre 2022 autour de l'actualité nationale et des implications à l'international.
Un face à face avec les hommes et femmes de médias. C'est l'occasion pour le président Me Hermann Yaméogo de réaffirmer les positions de l'UNDD sur les principes de réconciliation, la refondation et la restauration.
En ce qui concerne la réconciliation, le président de l'UNDD pense qu'elle doit commencer d'abord au sein de l'armée burkinabè. « La réconciliation ne concerne pas seulement la politique ; elle concerne également l'armée », a-t-il indiqué, tout en précisant qu'il faut également l'unité et la reconstruction de l'armée.
L'UNDD se réjouit du fait que ses « positions pionnières » entre autres, sur la transition, la réconciliation, la refondation, la restauration et la diversification des partenaires militaires ressortent pour la plus part dans les thèmes de références et d'actions du MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration). « L'UNDD ne saurait lui marchander son soutien, car ce serait pour le parti se trahir lui-même en ayant des crachats sur son histoire », a déclaré Me Hermann Yaméogo.
« Nous allons prendre acte »
« L'UNDD incite ardemment les nouvelles autorités à mieux défendre la transition en la préservant de toute inféodation, et à plus que jamais élever au rang des priorités après la sécurité, les retrouvailles nationales (retour des exilés, libération des détenus politiques, militaires et civils, reprise des radiés) », a déclaré Me Hermann Yaméogo.
A la question de savoir s'il faut un président civil ou militaire pour diriger l'actuelle transition, le président de l'UNDD rappelle qu'il revient au capitaine Ibrahim Traoré de s'assumer. Pour lui, il s'agit d'une action d'un groupe de militaires, donc il leur revient de prendre leurs responsabilités.
Me Hermann Yaméogo a rappelé que c'est une interpellation faite au capitaine Traoré et à ceux qui ont fait le coup d'Etat. « S'ils [capitaine Traoré et ses frères d'armes] décident que ce soit un militaire ou un civil, nous allons prendre acte », a-t-il laissé entendre.
N'étant dans aucune catégorie des formations politiques (opposition, majorité ou autres partis), l'UNDD n'est pas invitée à prendre part aux assises nationales prévues les 14 et 15 octobre 2022. S'il y avait une catégorie des partis politiques indépendants, les militants de l'UNDD pensent qu'ils en feraient partie.
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Suite aux évènements du 30 septembre ayant entraîné la mise à l'écart du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, l'institut de sondage Apidon a réalisé un sondage assez rapide en ligne suite. Plus d'un millier de répondants ont accepté de livrer leur opinion.
« Le choix de ce sondage d'opinion procède du souhait d'éclairer, de donner quelques pistes pour la gouvernance du pays et aussi quelques informations, qui approfondis, permettront d'éviter des écueils inutiles dans un élan de capitalisation intelligente », précise l'IRSOA.
En tout, 63% des répondants se déclarent « joyeux » suite au coup d'Etat du 30 septembre. 10,98% se disent « surpris » ; 8,36 % « tristes » ; 3,31 éprouvent un « dégoût » et 1,05% se disent en « colère ».
Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba évincé, c'est le capitaine Ibrahim Traoré qui a pris les commandes du MPSR. Pour 68% des répondants du sondage, le choix du capitaine Traoré comme président du MPSR est un bon choix. 4% des sondés considèrent que ce choix n'est pas le bon.
Etre « visionnaire, ferme et jeune », voici les trois principaux profils du futur président du Faso qu'il faut pour séduire les répondants. Pour 77,18 % d'entre eux, il doit être visionnaire, pour 51, 05 % il doit être ferme tandis que 42,25% le préfèrent jeune, 38,41% mature, 35,80 % humble et 20,56% autoritaire. « Il ne faut pas avoir la tentation de sommer les pourcentages. Cela donnera un résultat aberrant d'autant plus que la question est à choix multiple », explique l'institut Apidon.
Le trio préféré à la tête de l'Etat est le capitaine Ibrahim Traoré (53,05 %), l'ex Premier ministre Lassina Zerbo (9,41%) et le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana (4,97%). Notons que 7% des répondants préfèrent une personne inconnue du public (pourcentage supérieur à celui du LCL Zoungrana).
Une fois l'oiseau rare pour diriger le Burkina connu, 92,33 % des répondants placent la lutte contre le terrorisme comme la toute première des priorités, la lutte contre la vie chère comme priorité n°2 (43,82%) et le retour à une stabilité politique comme priorité n°3 (33,80%). Pour 86% des répondants, le nouveau chef de l'Etat doit être à l'écoute du peuple. Il doit aussi être honnête pour 83,71% sincère pour 74,39% et franc (65,42%). A ce niveau aussi prévient l'institut, il ne faut pas avoir la tentation de sommer les pourcentages. Cela donnera un résultat aberrant d'autant plus que la question est à choix multiple.
Pour 74,98 % des sondés, il est nécessaire que le pays ait un Premier ministre, contre 25,02 qui pensent le contraire. Par ailleurs, 64,25 % des répondants estiment qu'une Assemblée nationale sous la transition n'est pas nécessaire, contre 27,38% qui pensent le contraire et 8,37% qui n'en n'ont pas la moindre idée.
Il convient de noter qu'il s'agit d'un sondage en ligne non probabiliste, qui, tout en résumant l'avis de plus d'un millier de citoyens de tranches d'âges, de sensibilités et de régions diverses, ne permet pas une extrapolation en toute rigueur statistique, tient à préciser l'IRSOA. Cela n'enlève en rien la qualité des résultats, une triangulation par des données qualitatives aurait par ailleurs très probablement apporter de la caution, ajoute l'institut. Aussi, pense-t-il, ces avis récoltés méritent attention notamment pour les attentes, priorités et inquiétudes.
Lefaso.net
Eugène Kounker Somé. Voici un nom qui vaut son pesant d'or dans le landerneau culturel burkinabè. Guitariste de renom, l'homme a plus d'une corde à son arc. Un peu éloigné des scènes musicales-peut-être à cause de la crise sécuritaire que connait le pays des Hommes integres-, il n'en reste pas moins un fin observateur. Nous avons échangé avec lui au cours d'une brève interview et vous proposons ses quelques recettes pour une sortie de crise au Burkina Faso.
Lefaso.net : Bonjour Eugène Kounker Somé. On vous connaît sur la scène artistique comme un artiste-chanteur, virtuose de la guitare, lauréat du Kundé d'or en 2012. Mais beaucoup ne sont pas informés de votre cursus scolaire sanctionné par un doctorat en sociologie. Quel est votre parcours ?
Je remercie Lefaso.net pour cette interview qui me permet de mieux me faire connaître et m'exprimer et aussi contribuer à la réflexion sur la situation nationale.
En effet j'ai fait ma formation secondaire au PMK (Prytanée militaire du Kadiogo, ndlr) qui s'est sanctionnée par un BAC A4. Ensuite j'ai fait des études de sociologie à l'Université de Ouagadougou sanctionnées par une Licence en 1988. Je me suis ensuite envolé pour Paris avec une bourse nationale pour la Maîtrise en sociologie obtenue en 1990. Puis je me suis inscrit à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour un Doctorat en Science Sociale Sociologie au sein de l'I.E.D.E.S. (Institut du Développement Economique et Social) obtenu en 1999 avec mention très honorable. Je suis sociologue spécialiste du développement local.
J'ai aussi une Formation en Gestion des Projets Axé sur les Résultats (GARE) de même qu'une Maîtrise en Gestion des Ressources Humaines (Administration du Personnel et Gestion de l'Emploi). J'ai fait des consultations pour des ONG et institutions française et burkinabé notamment sur le développement local et la décentralisation.
J'ai occupé des fonctions de chargé de programmes de développement locaux en coopération décentralisée. J'ai été Chargé de Mission Représentant National de l'Association Française des Volontaires du Progrès puis de France Volontaires au Burkina et au Bénin de 2003 à 2022.
De manière synthétique, quel état des lieux faites-vous de la situation de votre pays depuis le péril djihadiste ?
L'état des lieux du pays peut se résumer en 4 points :
Des zones importantes du territoire prises en otage par les terroristes avec une stratégie d'affamer et apeurer les populations en vue d'une occupation physique progressive du pays en mettant la main sur les outils de production, vivres et les mines et d'avoir une base pour occuper les pays côtiers frontaliers du Burkina. Conséquence, au moins presque 2 millions de déplacés internes à gérer, une absence des services publics ainsi que de l'enseignement dans plusieurs départements et des populations affamées
Une armée divisée avec un risque d'affrontement entre des clans
Un personnel politique discrédité depuis 2014 au point de n'offrir aucun leadership patriotique capable de donner une impulsion nouvelle pour l'avenir du pays
Une jeunesse et un peuple totalement conscients à force des enjeux géostratégiques, des ingérences des puissances occidentales dans la zone des trois frontières mali-Niger-Burkina
Vous avez certainement suivi les derniers évènements au pays et cette avalanche de violence au plan sécuritaire suivie de deux coups d'état. Qu'en dites-vous ?
J'en dis que c'est logique et que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Je dirai plus. Tant qu'il y aura la mal gouvernance, l'injustice, le pillage des ressources via la corruption, la faim, la maladie, l'insécurité et le chômage de la jeunesse, nos états seront instables.
Il y eu beaucoup d'espoir avec le MPSR 1 en janvier, malheureusement son ingérence politicienne, la réconciliation à pas forcés, le reniement de l'indépendance de la justice et les villes qui meurent de faim avec les blocus terroristes sans réactions tangibles ont fini par favoriser l'avènement du MPSR 2.
Y a-t-il espoir, selon vous, quand on constate la fragilisation du tissu social aussi bien au sein de la population que de l'armée. Des hommes valeureux existent-il toujours au Burkina Faso qui soient capables de sauver la mère patrie ?
J'ose croire qu'il y a des hommes valeureux capables de relever le défi. On ne les connaît pas encore. Il faut mettre en place un système pour les détecter ou révéler. Je pense qu'il faut redéfinir des critères d'intégrité pour les personnes qui voudront être candidates à la présidence voire même diriger des partis ou mouvements politiques. Il faudra instaurer une vraie rupture dans notre façon de faire la politique au Burkina Faso.
Je pense que si le MPSR 2 ne renie pas ses objectifs, il représente un espoir à condition de tous l'accompagner convenablement pour éviter les travers de récupération classiques. Le ravitaillement de 7 villes en vivres en une semaine nous donne une tendance.
Il y aura les assises dans les jours à venir pour la désignation du Président de la transition. Quel est, selon vous, le profil idéal et que pensez-vous de cette transition sans le capitaine Ibrahim Traoré qui est venu avec ses éléments pour remettre les pendules à l'heure ?
Le profil idéal est quelqu'un de jeune, non partisan, compétent, intègre et soucieux sincèrement de sortir notre pays de son enlisement actuel. Surtout pas quelqu'un qui vient pour s'enrichir ou favoriser un clan.
Le capitaine Ibrahim Traoré me semble avoir ce profil. Et sincèrement, puisqu'il a pris des risques pour changer le régime, il serait préférable qu'il soit candidat et qu'il soit désigné pour diriger cette transition en nommant un premier ministre autonome pour gérer les dossiers nationaux pendant que lui il s'occupe de la restauration du territoire et révise les accords internationaux.
Quel doit être, selon vous, le rôle des populations, en particulier la jeunesse burkinabé, dans cette transition pour la reconstruction nationale ?
La population doit s'impliquer dans la lutte contre le terrorisme en signalant les comportements suspects aux FDS (Forces de défense et de sécurité, ndlr), mais aussi en s'organisant pour se défendre le cas échéant.
La population doit aussi dénoncer tous les dysfonctionnements de l'administration et des collectivités territoriales et s'opposer fermement à toute déviation de la transition.
Les jeunes plus particulièrement doivent se mobiliser et manifester autant que nécessaire lorsque leurs intérêts et ceux du pays ne seraient pas pris en compte par des individus ou institutions mal intentionnés et défendre les objectifs de la transition. Les jeunes le font déjà et cela doit se renforcer.
Quelles sont, selon vous, les grandes lignes politiques que cette transition doit suivre pour relever les défis sécuritaire, social, économique et politique en peu de temps jusqu'au retour à l'ordre constitutionnel ?
L'armée se réorganise pour quadriller le territoire, surveiller les frontières par des moyens appropriés, déminer les zones concernées et combattre les terroristes et les chasser du pays. L'armée doit rechercher des partenariats concrets pour s'équiper et se former rapidement.
Ne pas remettre d'Assemblée nationale en place, mais un comité interministériel et un système numérique de référendum sur les grands dossiers urgents à traiter. Il peut se mettre en place aussi des groupes de travail thématiques volontaires au niveau de la société civile affiliée à des associations ou pas pour proposer des idées concrètes ou solutions novatrices.
Dossier prioritaires : charte de la transition avec un calendrier consensuel définissant des modalités d'intégrité pour briguer la magistrature suprême, sécurité et libération des villes, révision des accords internationaux, gestion des déplacés internes avec les ONG et partenaires, rétablissement des routes, accélération des dossiers en souffrance dans les ministères, favoriser la production et consommation locale, économie d'énergie dans l'administration, réduction du train de vie de l'Etat, lutter contre la faim, réhabiliter les CSPS etc.
Lefaso.net
Les secrétaires généraux des ministères ont tenu en cette matinée du mardi 11 octobre 2022 à Ouagadougou, une rencontre autour de dossiers urgents du moment.
Selon le secrétaire général du gouvernement, Jacques Sosthène Dingara, il s'agit notamment du développement d'une stratégie de sécurisation des sites ou des investissements hydrauliques pour des activités agro-sylvo-pastorales.
À cela s'ajoute la mise en place d'un plan d'urgence pour la production de campagne sèche. Sans oublier celle d'accès aux services de santé et du développement des infrastructures routières.
À en croire M. Dingara, ce cadre d'échanges a pour but de renforcer la collaboration entre les ministères et institutions dans la conduite de l'action gouvernementale.
Cela, en contribuant à une bonne organisation du travail collectif du gouvernement. Mais aussi à renforcer la synergie d'actions entre les secrétaires généraux des ministères et améliorer la communication entre les différents acteurs concernés.
« Vu l'importance d'une synergie d'actions, nous sommes interpellés à faire preuve de collaboration, d'abnégation, et de dévouement pour faciliter l'atteinte des objectifs de la transition. Et partant, l'amélioration des conditions de vie des populations », a souligné Jacques Dingara.
Cette rencontre se tient conformément aux instructions du chef de l'État, le capitaine Ibrahim Traoré.
En rappel, Ibrahim Traoré a en effet ordonné aux secrétaires généraux le dimanche 2 octobre dernier, de mettre les bouchées doubles pour l'atteinte des résultats escomptés.
Hamed NANEMA
Lefaso.net
Source : SIG
Le Comité national de coordination de la stratégie nationale de lutte contre les pires formes de travail des enfants (CNC-SN/PFTE), tient les 11 et 12 octobre 2022, sa première session ordinaire au titre de l'année 2022. Une occasion pour les participants d'évaluer le chemin parcouru dans la mise en œuvre de la dite stratégie qui couvre la période 2019-2023 et donner une orientation pour le temps restant de la mise en œuvre, tout en tirant leçon des difficultés rencontrées.
La stratégie nationale de lutte contre les pires formes de travail des enfants, a été adoptée le 7 mai 2019. Elle vise à réduire significativement les pires formes de travail des enfants. Une tâche pas très aisée selon le directeur général de la protection sociale Karlé Zango, eu égard au fait que le travail des enfants est toléré par certaines populations du fait de la socialisation.
La mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre les pires formes de travail des enfants, se fait au travers de plans d'actions opérationnels(PAO). Le taux de réalisation du PAO 2019-2023, affiche un taux de réalisation de 53,12% en 2021. Un taux jugé moyennement satisfaisant, mais qui se justifie par les crises sécuritaire et sanitaire.
Toutefois, les activités menées ont permis d'engranger un certain nombre d'acquis en matière de prévention, de réparation et de protection des enfants contre les pires formes de travail des enfants. Il s'agit selon Karlé Zango de la sensibilisation de 21.248 producteurs de coton sur les effets des pesticides sur les enfants ainsi que leur présence dans les champs de coton, du soutien de 9097 ménages vulnérables pour la réalisation d'activités génératrices de revenus, du retrait de 555 enfants victimes des pires formes de travail des enfants ainsi que du rapatriement de 1301 enfants victimes de traite.
Pour le temps restant dans la mise en œuvre de la stratégie, le ministère de la fonction publique s'est engagé à concevoir un système de contrôle du travail des enfants, déterminer la liste des travaux légers autorisés aux enfants de 13 ans révolus, traduire le décret sur les travaux dangereux en langues mooré, dioula, fulfuldé, gulmacema et dagara.
Le directeur général de la protection sociale, Karlé Zango, a toutefois relevé que la situation sécuritaire qui a entraîné la fermeture des écoles et le déplacement des populations, vient bouleverser le système de protection sociale qui visait à réduire le recours au travail des enfants. C'est pourquoi il a invité les participants issus des départements ministériels et des organisations non gouvernementales, à la veille citoyenne.
Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net
Plus de 350 personnes souffrant de trouble mental sont prises en charge chaque année au centre de santé mentale Lobiko (SAMELO) à Bunia.
Ces statistiques ont été publiées mardi 11 octobre à l’occasion de la journée internationale de santé mentale célébrée le 9 octobre de chaque année.
Selon la responsable de cette structure, cette maladie prend de l’ampleur dans cette province à cause de la persistance de la guerre et ses conséquences notamment le traumatisme et les tueries.
La Cour des comptes a déposé ce mardi 11 octobre au bureau de l’Assemblée nationale son rapport sur l’exécution du budget 2021.
L’examen de la loi portant reddition des comptes de l’exercice clos et du projet du budget 2023.
L’examen de ce rapport de la Cour des comptes est un préalable obligatoire pour l’examen de budget 2023.
Selon Guy Tshipata, représentant du premier président de la Cour des comptes, le projet de loi portant réédition des comptes 2021 et celui du budget 2023 n'étaient pas soumis à l’examen :
Plus de deux cent mille personnes âgées de 18 ans et plus sont attendues pour être vaccinées afin de se protéger et protéger les autres contre la COVID-19.
Le médecin chef d’antenne du Programme élargi de vaccination (PEV), Dr Paulin Belanga l’a déclaré lundi 10 octobre à Inongo, chef-lieu de la province de Mai-Ndombe, à l’occasion du lancement officiel de la deuxième phase de la campagne de vaccination contre cette pandémie.
La province de l'Ituri est dotée d’un plan opérationnel des activités du programme de désarmement démobilisation et relèvement communautaire et Stabilisation (DDRC-S). Ce plan a été validé lundi 10 octobre par le gouvernement provincial et ses partenaires dont la MONUSCO ainsi que les forces vives de la province.
Il a été adopté au terme de quatre jours de travaux qui ont regroupé des experts venus de la coordination centrale du programme DDRC-S à Kinshasa et de leurs collègues de la province.
Le cardinal Fridolin Ambongo est arrivé ce mardi 11 octobre dans la ville de Bandundu, chef-lieu de la province du Kwilu pour une visite pastorale afin de « rencontrer les peuples qui souffrent à la suite des tensions entre communautés particulièrement dans le territoire de Kwamouth au Mai-Ndombe ». Il entend découvrir les vraies causes de ces tensions et en trouver des solutions.