You are here

Bruxelles2 Blog

Subscribe to Bruxelles2 Blog feed Bruxelles2 Blog
B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 1 hour 30 min ago

Le GTIA 8 bientôt prêt. Une formation complète

Wed, 27/04/2016 - 10:42

(BRUXELLES2) À Koulikoro, la formation des 600 membres du 8e GTIA (groupement tactique interarmes) de l’armée malienne arrive à sa fin. C’est le dernier bataillon formé au titre du mandat de la mission européenne de formation (EUTM Mali). Le déploiement pour lutter contre les djihadistes ne devrait pas tarder.

Quelques nouveautés dans la formation

Les semaines de formations théoriques ont laissé place aux exercices pratiques, qui se sont enchainés avec une certaine frénésie, toujours sous une chaleur intense. Et pour la dernière formation réalisée sous son second mandat, la mission européenne de formation des forces armées maliennes (FAMA) a fait fort. Outre les exercices habituels et indispensables de sécurisation d’une zone et de détection des IED (engins explosifs improvisés), deux nouveautés sont à signaler : le tir de mortier et le contrôle aérien avancé. « Une preuve que les forces armées maliennes récupèrent toutes leurs capacités » assure-t-on depuis le camp d’entrainement de Koulikoro.

Sécuriser une zone de combat : une première étape cruciale 

La patrouille opérationnelle en milieu hostile, la réaction à une embuscade, l’évacuation sous le feu d’un blessé, sans oublier la mise en place d’un dispositif de contrôle des zones sont les exercices qui ont été le plus répétés durant les deux dernières semaines. Avec différents scénarios, les Européens ont testé la capacité de réaction des Maliens. Un point a été au coeur de l’effort: le maintien de la communication radio avec le poste de commande. Le but n’étant pas seulement de former les escadrons et les pelotons à effectuer des patrouilles, ou des points de contrôle, mais aussi de former la chaine de commandant pour choisir des positions tactiques appropriées et diriger leurs hommes sur le terrain.

Les deux canons utilisés lors de l’entrainement accompagneront le GTIA 8 dans ses futures missions (Crédit : EUTM Mali)

Tir de mortier, une première pour EUTM Mali

Pour la première fois depuis 2009, les forces armées maliennes (FAMA) ont réalisé un tir de mortier, le 21 avril 2016. C’est aussi une première pour l’équipe de formation d’EUTM Mali. Les stagiaires du 36e régiment d’artillerie ont tiré douze obus avec deux canons de 122mm. L’exercice met fin à une formation spécifique de cinq semaines, qui s’est soldée avec un résultat salué par la mission dans un communiqué : « la précision des tirs a été excellente, et la préparation des troupes encore meilleure. »

(Crédit: EUTM Mali)

Les Maliens connectés avec le ciel 

Une fois en mission dans le nord du pays, les Maliens recevront un appui aérien. Il est donc essentiel de savoir interagir avec les pilotes de ces appareils pour leur transmettre les informations sur l’emplacement des objectifs à détruire. Une équipe complète de contrôleurs aériens avancés (TACP – Tactical Air Control Party) a donc été mise sur pied. Le premier exercice de guidage d’avion s’est déroulé le 8 avril avec succès, « malgré une certaine nervosité » expliquent les formateurs européens.

Ces spécialistes ont appris à identifier et neutraliser les dispositifs. Facile à mettre en œuvre et à dissimuler, ces dispositifs explosifs nécessitent de la part des combattants des réactions spécifiques pour les détecter (environnement – traces – repères – 5/25), et pour les forces malienne du GTIA 8 en particulier, des actions particulières pour baliser la zone, et précises pour neutraliser ou détruire l’engin.

Selon le Service de l’action antimines des Nations Unies (UNMAS), 261 personnes ont été tuées ou blessées par des IED depuis 2013. Parmi eux, des civils mais aussi des soldats français, maliens et membres de la mission des Nations Unies, la MINUSCA.

Dans cet exercice, formateurs et élèves étudient comment réagir face à la menace d’un IED dans un croisement de routes (Crédit : EUTM Mali)

Le droit de la guerre, ou comment ne pas commettre d’exactions

Dans toutes interactions avec la population locale ainsi qu’avec leurs adversaires, les Maliens ont été confrontés à différents scénarios face auxquels ils doivent réagir rapidement et professionnellement, tout en suivant les règles du droit international humanitaire et d’auto-Défense. La priorité est claire : distinguer l’adversaire de la population et agir légalement à tout moment.

(Crédit : EUTM Mali)

Comme pour tous les bataillons formés par EUTM Mali, le Droit international humanitaire est une facette clé qui a pris de l’importance avec une efficacité prouvée par des résultats comme nous l’expliquait le général Marc Rudkiezwicz il y a quelques mois (Lire: La mission de EUTM Mali : produire du GTIA (Marc Rudkiewicz)

(Leonor Hubaut)

Lire aussi :

Obama au chevet des Européens redonne du sens à l’Union

Tue, 26/04/2016 - 17:10

(B2) « Je suis venu ici aujourd’hui, au cœur de l’Europe, de dire que les États-Unis, et le monde entier, ont besoin d’une Europe forte et prospère et démocratique et unie » Le discours qu’a prononcé Barack Obama, à Hanovre n’était pas juste une ou deux phrases. C’est un vibrant plaidoyer auquel s’est livré le président américain en faveur de l’Europe.

Si l’Europe commence à douter alors …

« Si une Europe, pacifique, libérale, pluraliste et adepte du libre-marché commence à douter, à remettre en question les progrès réalisés au cours des dernières décennies, alors nous ne pouvons pas attendre (que) les progrès dans le monde se poursuivent ». 

L’hommage d’un étranger à une des plus grandes réalisations politiques

« Peut-être avez-vous besoin d’un étranger, quelqu’un qui n’est pas Européen, pour vous rappeler l’ampleur de ce que vous avez réalisé ». « Votre réalisation – plus de 500 millions de personnes parlant 24 langues dans 28 pays, 19 avec une monnaie commune – reste l’une des plus grandes réalisations politiques et économiques des temps modernes. »

Un peu de baume américain sur des plaies européennes

La tournée du président américain en Europe avait tout l’art d’un voyage réparateur. A Londres, Obama est venu rappelé aux Britanniques combien ils avaient intérêt à rester en Europe et, par là-même, prêter main forte à un Cameron à la peine pour convaincre ses compatriotes de refuser le Brexit. A Hanovre, il est venu au secours d’une chancelière Merkel malmenée par les évènements de la crise migratoire, pour dire que « une poignée de pays ne doit pas supporter tout le fardeau de la réinstallation des réfugiés. Nous avons tous à partager cette responsabilité » affirmant que les Etats-Unis étaient prêts à prendre leur part de cet accueil. Enfin, il a aussi rassuré les Italiens sur le rôle des Etats-Unis et de l’OTAN dans la partie sud de la Méditerranée.

Le compromis peut être frustrant

Barack Obama n’a pas, pour autant, nié les difficultés. « L’unité européenne peut exiger un compromis frustrant. Elle ajoute des couches de gouvernement qui peuvent ralentir la prise de décision. Je comprends. Je suis allé à des réunions avec la Commission européenne. Et, comme un Américain, nous (pouvons) être dédaigneux du gouvernement. Nous comprenons à quel point il est facile de venir à Bruxelles et de se plaindre. » Mais « rappelez-vous que chaque membre de votre union est une démocratie. Cela n’est pas un accident. Rappelez-vous qu’aucun pays de l’UE n’a utilisé des armes contre un autre. Ce n’est pas un accident. »

Améliorer le fonctionnement de l’Europe

« Il n’y a pas de doute (également) que la façon dont l’Europe unie travaille ensemble peut être améliorée » a expliqué le chef du gouvernement américain. Mais « regardez dans le monde – où des gouvernements autoritaires et théocraties règnent par la peur et l’oppression – il ne fait aucun doute que la démocratie est encore la forme la plus juste et efficace de gouvernement jamais créé ». Quant à l’accueil et l’intégration des étrangers, il rend « nos pays sont plus forts, plus sûrs et plus efficaces lorsque nous accueillons et intégrons des personnes de tous horizons et de la foi. Et cela inclut nos concitoyens qui sont musulmans ». Et pan pour Donald Trump…

Commentaire : il a donc fallu que ce soit un président américain qui vienne le dire aux Européens : redressez la tête, soyez fiers de vous-mêmes, de vos valeurs, de votre passé, assumez votre rôle chez vous et dans le monde… Ce ne sont que des mots. Mais ces derniers temps, peu de responsables politiques européens ont osé ce langage, avec autant de force, de simplicité, de brio. Il était temps…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire son discours

Stabiliser l’Afrique… Impossible serait-il devenu un axiome européen ?

Mon, 25/04/2016 - 15:24

  • Un avis juridique de la Commission c’est comme un exercice anti-incendie dans un sous-marin, un exercice périlleux (crédit : marine italienne)

(B2) Quand vous croisez un ministre de la Défense au détour d’un couloir, et que vous prononcez les quatre lettres C.B.S.D., il y a de grandes chances que même le plus flegmatique d’entre eux sorte de ses gonds. A juste raison…

  • CBSD ? L’acronyme peut sembler plutôt barbare. Et même développé — Capacity Building in Support of Security and Development — cela ne semble pas signifier vraiment plus. C’est l’objectif d’ailleurs. L’Europe adore généralement ces acronymes qui ne veulent rien dire en français (comme en anglais d’ailleurs). Cela permet tous les compromis et toutes les significations. L’enjeu, pourtant, est très concret. Comment l’Europe peut s’engager, en Afrique notamment, pour stabiliser les armées des pays, les entraîner et les équiper afin qu’elles soient en situation d’assurer elles-mêmes la sécurité et la stabilisation de leur pays ? Quels équipements financer ? Sous quelles conditions ? NB : auparavant on parlait de « Train & Equip » qui, même sans traduction, était tout de même bien plus compréhensible.

Plus de deux ans et toujours rien…

A plusieurs reprises, les Chefs d’Etat et de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères de l’UE, leurs collègues de la défense ont demandé à la Commission et à la Haute représentante de l’UE d’avancer dans cette voie. En décembre 2013, en juin 2015, en novembre 2015… A chaque fois, le message a été répété. Depuis… cela avance au rythme de la tortue. Une ‘communication’ a été publiée il y a un an, dessinant quelques options. Une consultation vient d’être lancée il y a quelques jours (après un an !). Une proposition est promise pour juin… dont chacun redoute qu’elle ne réponde pas vraiment au problème. Et il faudra encore quelques mois (vision optimiste) ou… quelques années (vision pessimiste) pour avoir une décision applicable. Résultat : un « sentiment de frustration » exprimé, très diplomatiquement par la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, face à la presse, qui reflète l’énervement en coulisses (Lire : La CBSD… Un certain sentiment de frustration (Mogherini).

Une nécessité de stabilité reconnue par tous

Le constat est pourtant unanime aujourd’hui. Sans sécurité des pays africains, sans stabilisation, pas de développement, pas d’économie. Sans sécurité, sans développement et d’économie, la population est tentée de fuir le pays. La stabilisation des pays africains n’est donc pas un doux rêve d’un meilleur monde. C’est devenu aujourd’hui une nécessité pour l’Europe. Tous les Etats membres sont d’accord sur ce point. De façon quasi unanime. Chacun est conscient que le niveau national n’est pas suffisant et que la solution doit être trouvée au niveau européen. Un point de vue partagé par la population. Dans les sondages, quand on parle stabilisation, défense, politique étrangère, la réponse est majoritaire … pour l’Europe. C’est plutôt rare ! Et il faut le souligner.

Un changement de paradigme

Le président du comité militaire de l’UE, le général grec Mickael Kostarakos, le dit clairement : la défense, ce n’est plus de rendre hermétiques nos frontières, c’est de permettre aux autres pays du voisinage et plus loin d’assurer leur stabilité. C’est l’enjeu stratégique du moment. « Nous avons besoin de cet instrument rapidement ». « Pour avoir 20.000 euros pour acheter des stylos, des crayons, un tableau pour les militaires, je dois remplir les mêmes procédures que pour des projets de plusieurs millions d’euros » explique ce haut gradé européen.

Tout sauf les armes

Le principe est clair également : il n’est pas question de livrer des armes. Ce n’est pas le karma de l’Union européenne. Ce n’est pas son objectif. Mais il faut équiper en radios, véhicules, gilets-pares balles les armées africaines. Bâtir des casernes, donner des uniformes, avoir des outils de déminage, etc. est vital pour avoir une armée qui ne soit pas tentée de rançonner la population ou tout simplement de « rentrer à la maison » (= déserter) « pour aller manger car il n’y a pas de cantine sur place ».

Alors pourquoi cela bloque ?

Le dossier ne bloque pas au niveau politique. Au contraire. La Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, s’est saisie du dossier. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est également en pointe. Mais… la guerre de couloirs fait rage. C’est le luxe de la Commission. Il suffit d’une ou deux personnes, le doigt sur la couture d’un Traité de Rome poussiéreux, ou d’une guerre de chapelle. Et cela suffit à retarder le dossier.

Que disent les « talibans » de la Commission ?

Ce qu’on appelle — même en interne — les « talibans » de la Commission sont à l’oeuvre. Le « juriste » maison qui a produit un avis juridique sur la CBSD vaut le détour. Cet avis, nous avons pu le parcourir. C’est un chef d’oeuvre artistique d’obstruction. L’objectif poursuivi par son auteur ne semble pas d’avoir voulu cherché les moyens de mettre en oeuvre une décision politique, en donnant les voies « possibles » et « impossibles ». Il s’agit de défendre une opinion et d’avoir les arguments pour le démontrer (voir encadré). Le raisonnement est circulaire : c’est interdit… parce que c’est interdit. Ce raisonnement n’est d’ailleurs pas partagé par d’autres juristes (tout aussi éminents) : ceux du service diplomatique européen comme du Conseil de l’UE affichent ainsi une vision, un peu moins conservatrice du droit (Lire : Equiper les armées africaines, un avis juridique plus dynamique *).

Une bulle européenne de bonheur

Cette position illustre un des problèmes actuels de l’Europe. L’administration européenne a des agents intelligents, dévoués, etc. Mais son fonctionnement est, encore trop souvent, en silo. Ce qui se passe à un autre étage ou dans un bâtiment quelques rues plus loin n’intéresse que peu (1). Et ce qui se passe en dehors de la « bulle » de l’administration européenne est, encore plus, un détail. Engoncée dans un rythme administratif, la procédure a pris le pas sur le fond, sur la politique. Les chefs d’unité, les administrateurs ne sont plus là pour penser, ils sont là pour appliquer des processus, des process… dont on ne souvient plus vraiment les fondements. « La Commission semble vivre dans une bulle, business as usual » me confiait avec justesse, récemment, un diplomate, bon observateur du monde européen.

Le mot « militaire » est un gros mot

Et, il y a un problème culturel dont il faut prendre conscience. Pour certains, les termes « défense », « sécurité », « militaires » sont encore des gros mots (2). L’heure semble être toujours à la production de directives, belles sous toutes les coutures, et à une politique extérieure où l’Europe serait la parfaite bon conscience, apportant le bien là où existe le mal. Des missionnaires en quelque sorte.

L’Europe sous pression doit passer la vitesse supérieure

Or, les questions de sécurité, de défense sont aujourd’hui devenues proéminentes et imposent un autre agenda, un autre raisonnement, une autre culture. L’Europe vit actuellement sous une double pression — externe et interne. Et la déconstruction menace… par le bas. « Sous l’effet de la crise économique mais surtout de la crise migratoire, le sentiment européen est en train de s’étioler dans nos populations » poursuivait mon interlocuteur (3). Autrement dit, il ne sert à rien de faire tous les projets de directives ou réglementations classiques, si le voisinage continue de tourner mal, et les flux de migrants reprennent comme à l’été 2015. Il faut passer la vitesse supérieure en matière de stabilisation.

Agir et agir vite !

Le temps où l’Europe pouvait accomplir son chemin, imperturbable semble terminé. On n’est plus en 1956, au commencement de l’Europe, ni en 1986 au moment de gloire du marché unique, ni à la mise en place de l’Euro en 1999. Il faut s’adapter… et vite ! A chacun de prendre ses responsabilités. Le président de la Commission et les commissaires européens doivent trancher. Soit ils estiment que cette demande est fondée, qu’il y a certes des problèmes mais qu’il faut les résoudre. Et ils accélèrent le train, tapent du poing sur la table s’il le faut, et font une proposition « ambitieuse » dès le mois de juin. Soit ils estiment qu’il y a un doute sur la faisabilité juridique. Et, dans ce cas, c’est la Cour de justice européenne qui devrait être saisie pour donner un avis, peut-être plus sérieux… Mais on ne peut laisser une machine bloquée par un avis juridique contestée et contestable.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un avis juridique contestable

Pour le juriste de la Commission, l’interdiction de financement par le budget européen des opérations militaires de la PSDC prévue à l’article 42 (dans le chapitre PESC) rend impossible tout financement de la CBSD. Une interprétation critiquable à plus d’un point de vue.

1° Ce avis transforme une interdiction prévue dans un cadre précis — politique, historique et juridique — en une interdiction générale du financement de la livraison d’équipements aux militaires, même non létaux.

2° Le texte cité dans l’analyse est tronqué, pour bien faire rentrer l’élément objectif dans l’analyse (et non le contraire). L’auteur de la note explique ainsi que : « il n’est pas possible d’utiliser le budget de l’Union pour les dépenses afférentes à des opérations ayant des implications militaires ». Point ! Or l’article 41.2 (qui est public) est un peu plus complet et permet de mieux situer le contexte.

Lisez, c’est peu différent ! « Les dépenses administratives entraînées pour les institutions par la mise en oeuvre du présent chapitre (NB : le chapitre de la politique étrangère et de sécurité commune) sont à la charge du budget de l’Union. Les dépenses opérationnelles entraînées par la mise en œuvre du présent chapitre sont également à la charge du budget de l’Union, à l’exception des dépenses afférentes à des opérations ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense et des cas où le Conseil en décide autrement à l’unanimité ».

Cela n’a pas tout à fait le même sens. Car on se situe dans une exception au principe (= financement par le budget communautaire de la PESC) qui doit donc être appréciée plus strictement.

3° Le contexte historique et politique de cette règle sont passés sous silence. Cette règle été conçue pour établir un distinguo entre les opérations civiles et militaires de la PSDC menées directement par l’UE : le financement des premières obéit au budget communautaire, le financement des secondes obéit à un financement intergouvernemental. En gros, il s’agissait d’interdire par le budget européen le financement des salaires et matériels des armées européennes engagées en opération (le mot est répété à plusieurs reprises). Ce qui n’est pas le cas avec la CBSD. Il ne s’agit pas de financer des soldats européens en opération mais de procurer des équipements et matériels de stabilisation à des forces non européennes.

4° Enfin, le principe de réalité semble oublié. Et l’hypocrisie de mise. L’Union européenne finance déjà des projets ayant des implications militaires et sécuritaires du même type que la CBSD en Afrique … comme en Europe. Il en est ainsi du financement par l’Instrument de stabilité de certaines actions de sécurité (on financera des véhicules et des radios pour les forces de maintien de l’ordre, type police et gendarmerie, mais pour les militaires !). La Facilité de paix pour l’Afrique assure le paiement des soldes des armées de l’Union africaine. Il est vrai que l’honneur est sauf : on ne finance pas directement les salaires, cet argent provient du budget communautaire qui transite par le Fonds européen de développement, puis par l’Union africaine qui les répartit ensuite (mais il s’agit bien d’une décision de la Commission avec des financements européens, qui sont fléchés dans une direction précise). En Europe, certains Etats membres ont même réussi, au titre des fonds régionaux, à obtenir des financements pour faciliter l’accès à leurs bases militaires (ex. république Tchèque pour la base anti-missiles). Ce n’est pas plus (même moins) que les défenseurs de la CBSD réclament.

(1) Ne serait-ce que pour réunir toutes les directions générales concernées autour d’un sujet, « les menaces hybrides », et qu’elles veuillent bien travailler ensemble, il a fallu ainsi plusieurs mois de persuasion et un ou deux coups de poing sur la table du président de la Commission et de son cabinet, pour que les travaux avancent…

(2) Il y a juste un plus d’un an, juste avant Charlie Hebdo, B2 s’était entendu répondre par un fonctionnaire, apparemment peu au courant des directives marchés publics, exportations d’armes, des procédures sanctions, embargos, etc. que « la Commission ne s’occupe pas de questions de défense ni de sécurité »…

(3) Plusieurs gouvernements sont aujourd’hui fragilisés par la crise migratoire, notamment dans les Balkans : en Autriche, Croatie, Grèce, Slovénie… notamment — sans compter l’Espagne (toujours sans gouvernement), et le Royaume-Uni (où David Cameron est sur un siège éjectable si le Brexit passe).

Lire aussi :

Mogherini bientôt à Tripoli

Sat, 23/04/2016 - 18:37

Rencontre de F. Mogherini avec F. Sarraj au Caire, novembre 2015 (crédit : CE – archives B2 )

(B2) Plusieurs ministres européens ont déjà fait le déplacement de Tripoli : l’Italien Gentiloni, le Français Ayrault et son acolyte allemand Steinmeier et le Britannique Hammond, etc. Sans compter les ambassadeurs. Tripoli devient ainsi le lieu de crise à la mode, la place « to be ». Avec raison certainement. Car il s’agit de marquer tout le soutien au nouveau gouvernement libyen, le seul reconnu par la communauté internationale.

Et Mogherini ?

C’est la question que B2 a posée à la chef de la diplomatie européenne lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères (1). La Haute représentante de l’UE a annoncé « espérer se rendre à Tripoli bientôt… » refusant de donner une date plus précise. « Vous comprendrez pourquoi. »

Je veux une visite substantielle

Avec un sourire (légèrement ironique), elle a ajouté : « Il ne s’agira pas seulement une visite symbolique ou politique. Je veux aller visiter le gouvernement avec des projets assez concrets à discuter et annoncer. J’ai déjà rencontré Sarraj deux fois, hors d’Europe, à Tunis et en Egypte. Je pense avoir été la première à rencontrer le Conseil présidentiel. Les visites symboliques ont déjà eu lieu. (Maintenant) ma visite devra avoir un caractère substantiel. »

NB : ce qui peut apparaître aux yeux de certains comme un certain retard a, en fait, plusieurs explications. D’une part, la Haute représentante était il y a 10 jours sur le Cavour – pour commémorer le un an du naufrage tragique et la mise sur pied de l’opération EUNAVFOR MED / Sophia par les Européens — puis était en Iran, une visite prévue de longue date. D’autre part, à la différence des Etats membres ou de l’ONU ou de l’OTAN (2), la Haute représentante de l’UE, ne dispose pas de moyens propres (avion notamment), elle doit se reposer pour cela sur les moyens des autres.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Question à laquelle elle a répondu (faut-il préciser) dans un français quasi-parfait. En quelques mois, la Haute représentante de l’UE qui est plus à l’aise a fait des progrès notables (leçons à l’appui, selon nos informations). Ce qui est la preuve que le bilinguisme (+ l’italien sa langue natale et l’espagnol qu’elle pratique), est tout à fait possible au niveau européen avec un tout petit effort.

(2) L’ONU a un contrat d’affrêtement avec des avions privés, repeints à ses couleurs blanches. Tandis que le secrétaire général de l’OTAN dispose – autant que possible – d’un avion prêté par l’aviation belge, sur la base d’un accord de mise à disposition.

La force franco-britannique de la CJEF validée, prête aux opérations extérieures

Thu, 21/04/2016 - 23:55

Les ministres britannique et français, M. Fallon et JY Le Drian, en visite sur le terrain de l’exercice (crédit : MOD Uk)

(B2) L’exercice qui se termine en ce moment au Royaume-Uni ne doit pas être négligé. Dénommé Griffin Strike, il constitue le point ultime de la Force expéditionnaire commune (CJEF).

La validation finale du concept

Après toute une série d’exercices des différentes composantes : Flandres en 2011, Corsican Lion en 2012, Joint Warrior / Capable Eagle en 2013, Rochambeau en 2014 et l’exercice d’état-major Griffin Rise en 2015, on est passé, en effet, à une étape ultime : l’exercice de synthèse qui permet d’assurer la « validation complète du concept » de la CJEF. On « passe du concept à la réalité » explique-t-on Outre-Manche. C’est « un aboutissement majeur du traité de Lancaster House », jure-t-on de part et d’autre du Channel.

Une force de 5000 hommes

Le Corps comprendra 5000 militaires, issus des deux armées française et britannique, capable de se projeter ensemble en opération extérieure, avec des éléments terrestres, navals, aériens et un quartier général interarmées, capable de planifier comme d’exécuter l’opération.

Des forces intégrées

L’ambition de cet exercice est de tester ainsi une intégration des forces. Côté air, les avions de chasse français Rafale de l’escadron de chasse 1/7 Provence et du régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen et les Typhoon anglais ont opéré à partir de la même base aérienne de la RAF, située à Leeming dans le North Yorkshire.

Tandis que les navires britanniques HMS Ocean, Bulwark et Duncan ont navigué côte à côte au large de la côte sud et ouest de l’Angleterre avec leurs homologues français du BPC Dixmude, des frégates anti-aérienne Cassard et anti-sous-marine La Motte Piquet.

Sur la plaine de Salisbury, ce sont des parachutistes, des unités blindées et d’infanterie de la 3e division (UK) et de la 7e Brigade mécanisée (BM) qui se sont ainsi retrouvés ensemble.

Une force à disposition de l’OTAN comme de l’UE

Maintenant, il reste à passer à la pratique, et voir comment et quand ce CJEF sera employé sur le terrain. Une force qui pourra être disponible « pour des opérations de l’OTAN (comme) de l’UE (*), de l’ONU ou en coalition » affirme-t-on à Londres.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Si le Royaume-Uni choisit la voie du Brexit, cette possibilité de service auprès de l’UE parait compromise. Londres devra signer avec l’Union européenne un accord de participation sur la PSDC. Ce qui serait pour le moins anachronique…

Pas de routes alternatives pour l’instant à l’est de la Méditerranée

Wed, 20/04/2016 - 19:47

(crédit : marine italienne)

(B2) Le blocage des migrants entre la Turquie et la Grèce est à peu près efficace. Le directeur de Frontex l’a confirmé tout à l’heure devant le Parlement européen.

Une centaine d’arrivées chaque jour en Grèce

« Le nombre d’arrivées a beaucoup baissé. Environ une centaine de migrants par jour » arrivent en Grèce explique Fabrice Leggeri. Beaucoup de migrants attendent en Turquie de passer. Mais « rien n’indique qu’il y ait un déplacement de la Turquie vers la Libye », du moins pour l’instant. « On voit bien une augmentation du nombre de migrants de la Libye vers l’Italie. Mais c’est une autre question. C’est une immigration venant d’Afrique. »

Pas de routes alternatives utilisées massivement

De la même façon, le passage par des routes alternatives — Mer noire, Bulgarie, Albanie — reste pour l’instant très limité. « Nous n’avons pas constaté de passage important. Ce sont quelques cas isolés, depuis l’ouest de la Grèce essentiellement vers l’Italie. (…) Pour l’instant, ainsi la situation semble gelée ».

De l’ordre de quelques dizaines de personnes

Il s’agit « de quelques dizaines de personnes », a précisé à B2 un bon connaisseur du dossier. Soit ce sont des personnes qui profitent de l’opportunité, de façon individuelle. Mais « c’est peut-être aussi une manière de tester de nouvelles routes » se hasarde-t-il. En tout cas à suivre…

Une extension de la zone opérationnelle de Frontex en cours

A Frontex, « on suit de près la situation » confirme Fabrice Leggeri. La zone opérationnelle de surveillance aérienne a été étendue « en accord avec les autorités italiennes » à toute la zone Adriatique « pour contrôler les éventuels passages de l’Albanie et Monténégro vers l’Italie ». Et l’agence européenne est « prête à redéployer ses activités si nécessaire », en mer ou dans le ciel, notamment vers l’Italie qui fait davantage face aujourd’hui que la Grèce à un nouveau flux d’arrivées de migrants (ou de réfugiés).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Et de trois ! L’Europe va former une nouvelle armée africaine. Un général français prend le commandement

Wed, 20/04/2016 - 14:58

Le gŽnŽral de brigade Hautecloque est le commandant de la Task Force La Fayette ˆ Warehouse Kaboul.

(BRUXELLES2 – exclusif) L’Union européenne a décidé de lancer une troisième mission chargée de former une armée africaine. Après la Somalie (avec EUTM Somalia), lancée en 2010, et le Mali (avec EUTM Mali), mise en place en 2013. C’est le tour de la Centrafrique.

Un vrai défi

L’objectif est simple : restructurer et mettre sur pied une armée centrafricaine moderne, efficace et contrôlée démocratiquement. En bref, éviter que l’armée ne massacre demain les populations ou fasse un coup d’état mais soit aussi capable de maintenir la stabilité de l’Etat. Mais en Centrafrique, c’est un vrai pari !

Les principes posés

La mission démarrera officiellement début juillet, voire avant, si tout est prêt. Mais les ministres de la Défense ont déjà décidé, hier les grandes lignes de cette opération, lors de leur réunion semestrielle à Luxembourg (lire : La mission de formation EUTM RCA adoubée par les ministres. La troisième du genre). Preuve d’un certain succès de ce type de mission, et d’une évolution des esprits, plus personne au niveau européen ne conteste l’utilité d’une telle mission.

Des réticences qui se sont tues

En 2009-2010 quand s’est décidé la mission en Somalie, nombre de critiques avaient été émises, estimant que les risques étaient plus grands que les avantages. A l’époque, le Royaume-Uni mais aussi l’Allemagne, la Suède, l’Autriche… étaient on ne peut plus sceptiques. Ces voix se sont tues aujourd’hui car EUTM Somalia est une réussite. Idem pour EUTM Mali lancée au forceps, grâce à la pression française et espagnole notamment. Encore plus récemment, pour la Centrafrique, plusieurs pays étaient particulièrement peu enthousiastes à l’idée de voir une nouvelle mission militaire de formation voir le jour. Faute de mieux, c’est une simple mission de conseil (EUMAM RCA), mission de transition qui avait été mise sur pied, à titre de test. Aujourd’hui, chacun voit bien que la stabilisation des pays africains est une nécessité. Ne serait-ce que par pur intérêt national : éviter le terrorisme, juguler les migrations, permettre le développement économique.

Un commandant français

C’est un général français qui commandera cette nouvelle mission, comme annoncé hier (Lire: Le second de l’Eurocorps va prendre la tête d’EUTM RCA). La Centrafrique est un peu le terreau de l’armée de terre, c’est naturellement un terrien. Mais cette fois un cavalier, ancien du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP), qui a été choisi : le général français Éric Hautecloque-Raysz. Un militaire habitué des théâtres extérieurs : au Kosovo (KFOR) à deux reprises en 2001 et 2004, en Afghanistan en 2012 — où il a fermé le ban de la task force Lafayette en Kapisa et Surobi — et au Liban (au sein de la FINUL) en 2014. Ancien gouverneur militaire de Strasbourg, et ancien chef de la 2e brigade blindée (2e BB) d’Illkirch-Graffenstaden.

Déploiement de l’Eurocorps

Le général Hautecloque-Raysz est aujourd’hui le numéro 2 de l’Eurocorps. Il part entouré de son état-major. C’est en effet plus de 70 personnes de ce corps qui l’accompagnent, comme B2 l’avait annoncé le 5 avril (lire : Carnet 05.04.2016). C’est la seconde fois en quelques mois qu’une partie de l’état-major de l’Eurocorps se déploie sur le terrain africain pour le compte de l’Union européenne. Ca change de la capitale alsacienne…

(Nicolas Gros-Verheyde, avec LH à Strasbourg)

A Ramallah, l’unité de traitement des empreintes digitales

Sun, 17/04/2016 - 19:49

La comparaison manuelle d’empreintes digitales (© JB / B2)

(BRUXELLES2 à Ramallah) Le local parait un peu ‘vétuste’ : quelques bureaux, de vieux ordinateurs… On ne sent pas dans un lieu high tech de haute technologie. L’équipe n’est pas bien nombreuse : 25 agents répartis sur les 11 districts que composent la Cisjordanie. Et une bonne partie du travail se fait encore à la main… Mais, ne vous y fiez pas. Le travail réalisé ici est plutôt efficace. Et les Sherlock Holmes palestiniens n’ont pas à rougir de leurs résultats…

Dépasser l’aveu comme preuve absolue

La méthode par empreintes est une petite révolution mentale en Palestine. « Avant, les aveux obtenus était ‘la’ preuve par excellence » explique Saïd Issa, le responsable de cette unité que nous rencontrons dans ces bureaux. Aujourd’hui, « plusieurs personnes ayant été faussement accusées ont pu être libérées. Et les vrais coupables ont pu être arrêtés ». 

Faire reconnaitre la qualité légale des empreintes digitales

La preuve criminelle, venant de la récolte d’empreintes, n’a pas toujours été bien reçue dans les tribunaux. Elle était régulièrement remise en cause par les juges. « Nous nous sommes aperçus qu’il fallait un cadre légal pour notre travail », raconte Saïd Issa. « Nous avons cherché un modèle et nous nous sommes rapprochés du modèle allemand ». Il a fallu codifier une méthode pour que « la légalité de notre travail » soit reconnue. Des experts en empreintes digitales sont désormais reconnus par les tribunaux. Sept d’entre eux ont prêté serment et reçu du ministère de la Justice le papier, revêtu du tampon officiel qui leur permet de « témoigner devant la cour ».

Le ‘criminal fingerprint record’

« Après des discussions avec le ministère de l’Intérieur, nous avons mis en place le fichier des empreintes criminelles (criminal fingerprint record) ». C’est le ministère qui se charge de l’enregistrement (de l’empreinte) et de l’instruction des dossiers. Cette base de données mise en place en 2012 comprend aujourd’hui « près de 50.000 empreintes sont aujourd’hui enregistrées » et identifiées.

Empreintes cherchent propriétaires, faire offre

Ce fichier a permis de résoudre concrètement « de nombreux dossiers ». Et d’autres pourraient l’être encore plus à l’avenir. Il reste, en effet, encore 100.000 empreintes issues de dossiers, dont on ignore encore le propriétaire. Mais, peu à peu, les fins limiers de la police palestinienne comptent bien démasquer qui se cache derrière ces empreintes suspectes.

Une toute jeune unité qui a son avenir devant elle

L’unité spéciale de traitement des empreintes digitales est récente. Elle n’a été créée, au sein de la police civile palestinienne qu’en 2012, soit il y a peine 4 ans. Une unité équipée et entraînée en grande partie par le gouvernement allemand et soutenue par les Européens de la mission EUPOL COPPS. L’objectif aujourd’hui est de la renforcer : d’augmenter son équipement comme d’avoir une présence plus grande dans les 11 districts qui composent la Cisjordanie.

(Johanna Bouquet, à Ramallah)

Syrie. Des détails sur le massacre de Deïr el-Assafir

Sat, 16/04/2016 - 22:49

(B2) Dans une lettre transmise au conseil de sécurité par l’ambassadeur de France à l’ONU, le représentant de l’opposition syrienne, Riyad Hijab, a dénoncé le massage commis le 31 mars dernier par les forces du régime Assad contre la population civile du village de Deïr el-Assafir, dans la Ghouta orientale. Une claire violation de la cessation des hostilités, à l’écouter. Au final, « 33 morts (dont 11 enfants), et plus de 60 blessés dans les hôpitaux de campagne, dont plusieurs dans un état grave ». Des missiles ont été tirés « contre l’école, l’hôpital et le centre de la défense civile de Deïr el-Assafir ». Des raids aériens ont suivi « visant les équipes de secours et de la défense civile qui se rendaient sur les lieux, ce qui a alourdi le bilan des victimes, parmi les civils et les secouristes ». Parmi les morts, on dénombre 11 enfants, comme un secouriste de la défense civile (ce qu’on appelle les « casques blancs ») et deux agents de police.

(NGV)

Mogherini à bord du Cavour : on peut être fier de la réaction européenne

Sat, 16/04/2016 - 19:05

(BRUXELLES2) C’était une visite nécessaire pour la chef de la diplomatie européenne. Un an après un naufrage en mer qui avait vu près de 900 personnes perdre la vie, le 18 avril 2015, Federica Mogherini était sur le Cavour, le navire-amiral (italien) de l’opération européenne montée, en quelques semaines, pour éviter toute nouvelle tragédie.

Une opération montée en un temps record

« C’est l’une des histoires de l’Union européenne, dont nous pouvons être fiers » a souligné, face à l’équipage multinational du Cavour la Haute représentante de l’UE. « Nous avons réussi à monter l’opération en un temps record d’un mois. Et nous avons atteint la capacité opérationnelle complète, deux mois plus tard. Depuis début octobre, nous opérons dans les eaux internationales avec une priorité claire à l’esprit : sauver des vies. »

La priorité sauver des vies

Lampedusa a connu « plusieurs fois des tragédies comme celle-là. Mais ce fut la première fois que l’Union européenne a réagi en tant que telle » s’est-elle félicité. Depuis, 13.000 personnes ont été sauvées, dont 800 enfants. « Il y a un an, nous avions un sentiment de honte, je n’ai pas peur d’utiliser ce mot, nous étions honteux d’une Europe qui n’était pas en mesure de sauver des vies, Aujourd’hui, nous pouvons être fiers d’une Europe qui est capable de sauver des vies. »

(NGV)

Lire aussi : Une tactique politique remarquable. Le voile se lève sur EUNAVFOR Med (Maj)

La discussion sur la révision du mandat d’EUNAVFOR a commencé. 4 Options… *

Nouvelle journée de sauvetage en Méditerranée

Sat, 16/04/2016 - 17:53

(B2) Ce samedi (16 avril), deux navires de la marine italienne qui participent à l’opération Mare Sicuro, le Borsini et l’Orione, sont venus au secours de plusieurs bateaux pneumatiques qui transportaient des migrants à partir de la Libye. Ils ainsi pu récupérer respectivement 118 migrants, dont 20 enfants, et 106 migrants. Quant aux 558 migrants récupérés les jours précédents, ils ont été amenés au port de Reggio Calabria par le navire Cigala Fulgosi.

Tommi Rautanen : un geek à Ramallah

Sat, 16/04/2016 - 10:56

Tommi Rautanen, expert cybercriminalité à EUPOL COPPS, Ramallah © JB / B2

(BRUXELLES2 à Ramallah). Tommi Rautanen est arrivé à Ramallah il y a un mois. Sa mission au sein de la mission européenne EUPOL COPPS : montrer à ses collègues palestiniens comment faire parler un ordinateur, lui faire rendre gorge…

Car à 44 ans, Tommi est toujours un vrai geek. Un policier du XXIème siècle, féru des technologies informatiques dont le savoir n’a pas de frontières. Un passionné qui a « joué toute sa vie avec les ordinateurs ». Un travail minutieux qu’il exerce depuis 2002 au bureau d’enquête de la police nationale finlandaise. Presque quinze ans de carrière qu’il exerce « toujours avec beaucoup de plaisir » et qu’il vient mettre à profit en terre palestinienne.

Ce n’est pas sa première mission à l’étranger. Il a un peu baroudé : en mission de maintien de la paix, au Liban en 1994-1995 et en Bosnie-Herzégovine en 1996-1997. « J’ai une petite connaissance de cette région depuis mon expérience au Liban », explique Rautanen que j’ai réussi… à extraire pour quelques minutes de ces ordinateurs. Même ma présence semble avoir moins d’attrait qu’un bon vieux PC décortiqué, prêt à rendre l’âme…

Une formation en cybercriminalité demandée par les palestiniens

Sa présence ici n’est pas inopinée. C’est l’unité de la police palestinienne spécialisée en cybercriminalité qui a demandé la venue d’un spécialiste de l’informatique. Objectif : pouvoir se former aux techniques modernes de cybercriminalité et d’extraction de données. Une vraie nouveauté…

Ne pas corrompre…

Ces actions ont un objectif très concret en matière de police judiciaire : extraire des données informatiques d’un ordinateur ou d’un téléphone portable sans les « corrompre » – comme le disent les policiers -, ce qui permet ensuite de s’en servir comme preuves devant la justice. C’est imparable. Mais encore faut-il que certaines précautions soient prises. « Il faut faire toutes les étapes nécessaires, tout documenter minutieusement. L’extraction de données est importante mais l’essentiel du travail se fait dans le laboratoire. »

Dans un ordinateur tout est volatile

Avec lui, on découvre le cheminement du geek-policier… « Dans un ordinateur, tout est très volatile. Normalement vous traitez avec des copies, et non avec les versions originales des disques durs. La première étape consiste à établir un plan. Il faut un véritable entrainement pour savoir comment s’occuper de la preuve (sans la compromettre). La façon de faire varie si l’ordinateur est éteint ou allumé. » On parle de preuve ‘vivante’ quand l’ordinateur est allumé. « Il faut ensuite documenter toute la procédure choisie. Quand tout est prêt sur la scène de crime, on récupère le matériel jusqu’à notre laboratoire. C’est là que se fait la majeure partie de notre travail sur les preuves. On présente ensuite ce que nous avons récupéré aux enquêteurs. Enfin tout est notifié dans un rapport qui pourra être présenté devant la Cour ». 

Le travail reste à faire mais la motivation est là

Pour les Palestiniens, « c’est nouveau. Ils en sont au tout début de la cybercriminalité. Je les aide quotidiennement en leur donnant la connaissance et les équipements pour mener à bien leur travail. Je les assiste. Cela fait deux semaines que je travaille avec des ingénieurs. C’est super de travailler avec eux » s’enthousiasme-t-il. « Ce sont des gars très professionnels, hautement motivés et qui ont une réelle envie d’apprendre. C’est vraiment agréable de travailler ici ». 

Et après un mois de mission…

… la police palestinienne a été capable d’extraire des données d’un ordinateur dans une affaire criminelle en cours. Une petite révolution ! « L’ordinateur était cassé. Mais le disque dur était resté intact. Nous avons été capables d’en extraire les informations. » Il sera impossible d’en savoir plus, même en insistant un peu. « Je ne pas vous expliquer plus sur l’affaire. Pour moi, tout est crypté, puisque c’est en arabe », plaisante-t-il.

(Johanna Bouquet)

Au Café Diplomatique (n°3) : Libye, gouvernement, sécurité

Fri, 15/04/2016 - 18:27

(B2) le troisième numéro du « café diplomatique »  de B2, enregistré en direct du service européen d’action extérieure (SEAE), avec nos amis de viEUws, est disponible. Ce numéro est consacré à la réunion des ministres des Affaires étrangères qui a lieu ce lundi 18 avril, au Luxembourg. L’agenda de la réunion est assez éclectique : Iran, Cuba, Colombie, partenariat oriental, Libye, etc. Mais c’est la Libye qui a retenu toute notre attention. Les ministres auront ainsi une video conférence avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj puis un diner à ’56’ avec leurs collègues de la Défense. Enjeux de la discussion…

Quand des policiers européens forment leurs homologues palestiniens, cela donne du COPPS

Fri, 15/04/2016 - 11:21

Formation à Ramallah des policiers palestiniens (©JB / B2)

(B2 à Ramallah) Rencontrer un CRS français, un policier finlandais, un carabiniere italien aux côtés de policiers palestiniens, à Ramallah ou Jéricho, ce n’est pas rare aujourd’hui, pour qui peut pénétrer au coeur des structures de la toute jeune police palestinienne. B2 s’est rendu à Ramallah, et a pu s’entretenir avec différents officiers européens ainsi que leurs homologues palestiniens.

Une toute jeune police qui a tout juste 22 ans

Cette police palestinienne est toute jeune. Elle a été créée en 1994, au lendemain des accords d’Oslo et de Jéricho-Gaza qui consacrent l’Autorité palestinienne. Une jeunesse qui a des inconvénients — il faut former, équiper, structurer — mais a aussi des avantages. Plus récente, elle est parfois plus à même de s’adapter aux évolutions de menaces et de techniques estime Emmanuel Merlin, CRS français arrivé il y a tout deux mois dans la mission. D’où l’intérêt d’une mission comme EUPOL COPPS (1). « La structure policière palestinienne est bien avancée. Cette jeune police a les moyens de ses performances. À charge pour nous désormais de les emmener vers l’autonomie », complète Stéphane Vidal, en charge de l’entrainement au tir et de la logistique.

Un soutien contre la cybercriminalité 

La police palestinienne et EUPOL COPPS veulent aller plus loin. Et faire face aux nouveaux défis tels la cybercriminalité. C’est la police palestinienne qui a identifié ce besoin. Durant deux mois, la mission EUPOL COPPS a mis au service de la police un expert européen sur ce domaine, le finlandais Tommi Rautanen. Depuis un mois, il entraine les forces de police aux techniques modernes. « Le personnel est très motivé — remarque-t-il —. Mais il y aura un besoin pour des entrainements plus conséquents par la suite » (3).

Besoin de femmes dans la police

Autre vecteur qu’il faut développer : les femmes. « La police n’est pas vraiment considérée comme un secteur où les femmes devraient travailler. Alors que dans le secteur de la justice criminelle, le taux de femmes au parquet ou parmi les juges est assez élevé » analyse Lena Larsson (2). Il y a seulement 3% de femmes dans la police. Or, le besoin est réel. « Nous devons pousser à l’inclusion des femmes » ajoute-t-elle. L’unité de protection juvénile a besoin de femmes, ne serait-ce que pour pénétrer dans une maison où une affaire est signalée. Pour pouvoir interpeller et fouiller les femmes également. D’autant que les crimes les plus « courants » ont trait aux violences familiales et conjugales, selon Emmanuel Merlin, CRS français, formateur à EUPOL COPPS.

Mieux définir les responsabilités entre les institutions palestiniennes

Si dernièrement, l’accent a été mis pour améliorer les processus décisionnels dans les structures de police et de justice, les Européens veulent désormais que celles-ci fonctionnent de façon autonome et pérenne. « Nous souhaiterions voir davantage de législations, de règles, de division des responsabilités entre les institutions » détaille la Suédoise Lena Larsson (2), chef adjointe de la mission EUPOL COPPS qui reçoit B2. « Cela signifie notamment définir clairement qui fait quoi, quelle est la fiche de poste de chacun, définir les rôles et les responsabilités ». 

Un patchwork législatif

Le problème est que le système législatif palestinien est un véritable « patchwork », qualifie Giovanni Galzignato, le chef de la section « état de droit » de la mission. En Cisjordanie, le système repose sur le modèle jordanien. Celui de Gaza repose sur le modèle égyptien et le gouvernement israélien fait partie du paysage législatif. La mission travaille sur les outils nécessaires à l’harmonisation de ce système. La division entre Gaza et la Cisjordanie, comme l’absence d’un parlement national palestinien effectif qui puisse légiférer, compliquent le travail des policiers palestiniens comme des Européens. 

Renforcer le cadre législatif

Pour Lena Larsson, il faut donc « renforcer le cadre législatif palestinien et les procédures législatives ». Il existe un clair manque de structures. On ne comprend pas toujours « comment une loi est passée » commente-t-elle. Les procédures ne sont pas toujours les mêmes, en partie parce qu’il « n’y a pas eu de Parlement depuis très longtemps ». Le système fonctionne de façon ad hoc. Il y a un manque de « mémoire institutionnelle ». 

(Johanna Bouquet)

A suivre :

  • Tommi Rautanen : un expert finlandais de la cybercriminalité en Palestine
  • L’unité de traitement des empreintes digitales
  • EUPOL Copps en route pour un nouveau mandat *

________________________________________________________________

(1)  EUPOL COPPS

Depuis 2006, l’Union européenne a décidé, de mettre sur pied une mission de soutien pour la police palestinienne, dénommée EUPOL COPPS. Une mission créée, dans le cadre d’une solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte, que les Européens ont toujours prônée. Alors que le chemin vers la paix n’a jamais semblé aussi loin, l’ambition reste intacte : doter les Palestiniens d’une police moderne, structurée, qui respecte certaines règles de droit, et efficace.

(2) Lena Larsson

Suédoise, Lena a pris ses fonctions à Ramallah, le 16 juillet 2015, au moment de la poursuite de la mission EUPOL COPPS. Elle a travaillé pendant près d’une décennie pour le ministère des Affaires étrangères suédois, son pays d’origine. Au niveau européen, elle a occupé entre 2011 et 2013, le poste de chef du bureau régional du Kurdistan irakien pour la mission EUJUST LEX Irak.

(3) Une définition plus large

Dans la police palestinienne, la cybercriminalité s’entend dans un sens beaucoup plus large qu’en Europe. Il s’agit de toute affaire criminelle qui implique une récupération de données sur un ordinateur ou un téléphone portable.

Quatre jours en Palestine

Fri, 15/04/2016 - 08:40

Le siège de la Cour de justice palestinienne à Ramallah © JB / B2

(B2) Pendant presque une semaine j’ai pu me joindre aux équipes européennes en Cisjordanie. De Jericho à Ramallah, les hommes et femmes de EUPOL COPPS forment, en effet, la police et la justice criminelle palestiniennes.

Lancée en 2006 avec en toile de fond de conforter la solution à deux États – palestinien et israélien, prônée par les Européens, la mission européenne, menée au titre de la PSDC, fête ses dix ans. Mais le contexte dans lequel elle évolue, reste toujours aussi difficile et volatile.

Un contexte toujours difficile

Depuis plusieurs mois, le conflit s’est déplacé d’un niveau collectif à un niveau individuel, avec des attaques aux couteaux menées par de jeunes adolescents palestiniens à Jérusalem. Quand nous arrivons, le calme règne. De façon étonnante. « C’est vrai, depuis quatre jours, les choses sont apaisées » confesse, d’un air quelque peu circonspect, un observateur palestinien.

Mais, entre colonies de peuplement, check points, permis de circuler, les différentes zones, incursions régulières des troupes israéliennes dans les territoires occupés, … les difficultés de la vie quotidienne pèsent sur la population et compliquent également le travail de la police.

En immersion dans la police palestinienne…

  • EUPOL COPPS, en route pour un nouveau mandat *
  • La Palestine candidate à Interpol *
  • EUBAM Rafah : la petite soeur oubliée

(*) Paru sur B2 Pro

Un Allemand, ancien de la Jeanne d’Arc, à la tête d’Atalanta

Wed, 13/04/2016 - 22:49

(B2) L’opération EUNAVFOR Atalanta a un nouveau commandant, l’Amiral allemand Jan Christian Kaack. Depuis le 23 mars, il dirige l’opération européenne de lutte contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique à bord de la frégate FGS Bayern.

Une montée en force des Allemands à la tête des missions (militaires comme civiles de la PSDC). Outre Atalanta, EUTM Mali, EUCAP Sahel Mali, sont aujourd’hui commandés par des Allemands. Tandis que les Italiens, très présents aussi, ont un de leurs représentants à la tête de EULEX Kosovo, EUTM Somalia, EUCAP Nestor et EUNAVFOR MED.

Né en 1962, Jan Christian est entré dans la Marine allemande en 1982. Il fait un an à Kiel puis entre à l’école des officiers. A l’Université de la Bundeswehr, à Hambourg, il se spécialise en économie et organisation. En 1987, il reçoit sa première affectation dans les vedettes rapides de la marine (Schnellbootflottille). Il passe ensuite à Brest en septembre 1991, comme officier à bord de la Jeanne d’Arc, un passage qui dure 9-10 mois environ et lui permet de parfaire et pratiquer le français.

Il prend le commandement en 1992 du Schnellboote S 49 Wolf et S 50 Panther. En 1995, il est officier d’opération sur le destroyer Rommel. Jan Kaack devient ensuite premier officier sur le « Molders » à Kiel puis commandant de la frégate « Bavaria » en 2003. En 2004, il retourne à Berlin pour diriger la division de police militaire au sein du personnel des forces armées. En 2006, il passe par l’Ecole de Guerre navale des Etats-Unis, détour obligé des officiers allemands et dirige à son retour (2007), le cours pour officiers d’état-major à l’Ecole de commandement de la Bundeswehr. En 2008, il devient chef d’état-major de la flottille nº1 basée à Kiel.

Entre 2012 et 2014, il intègre le ministère de la Défense au commandement de la Marine. Jan Christian Kaack est particulièrement actif au sein de la planification et conception des opérations maritimes allemandes, dont il assure le commandement. Une fonction qui lui vaut d’être promu au QG de Rostock, pour diriger la coopération internationale de la marine allemande. Depuis mai 2015, il était Directeur du « Centre d’excellence pour les opérations dans les eaux peu profondes et confinées » de l’OTAN à Kiel, et commandant de la flottille nº1.

Lors de la cérémonie de passation avec son homologue italien, le contre-amiral Stefano Barbieri, l’Allemand s’est dit « fier de prendre le commandement de l’opération. Bien qu’il n’y ait pas eu d’attaques récentes, la menace n’a pas disparu.  Nous devons rester vigilants et continuer à travailler ensemble pour assurer que les pirates n’ont aucune possibilité d’attaquer les navires marchands et leurs équipages. »

(Leonor Hubaut)

Télécharger son CV

Lire aussi:

 

Un soldat français tué par l’explosion d’une mine au nord Mali

Tue, 12/04/2016 - 16:27

(B2) Un militaire du 511ème régiment du train d’Auxonne, qui participait à l’opération Barkhane au Mali, a été tué ce mardi matin (12 avril), vers 9h20 (heure française) lors d’une opération au nord du pays, à proximité de la ville de Tessalit (nord Mali).

Convoi logistique

Une mine (engin explosif artisanal) a explosé contre son véhicule blindé qui était à la tête d’un convoi logistique. Ce convoi, composé d’une soixantaine de véhicules, avait quitté Gao afin de rejoindre Tessalit, dans le nord du Mali vendredi dernier (8 avril). Mickaël Poo-Sing a été tué sur le coup. Trois autres soldats qui se trouvaient dans le même VAB (véhicule de l’avant blindé) ont été blessés. Ils ont « immédiatement été secourus par les équipes médicales de la force » – précise le ministère de la Défense – et transportés vers Gao, dans l’hôpital chirurgical de campagne des forces françaises.

Courage et ténacité

Dans un communiqué, le président de la République, François Hollande, a entendu salué « le courage et la ténacité des soldats français qui poursuivent leur mission aux côtés de l’armée malienne et des forces des Nations Unies pour conforter la souveraineté du Mali et réduire les groupes armés terroristes dont la menace pèse sur l’ensemble des pays du Sahel ».

NB : c’est le cinquième militaire français à mourir au combat depuis le lancement de l’opération Barkhane le 1er août 2014.

(NGV)

Né le 4 décembre 1996 au Mans, Mickael Poo-Sing était âgé de 19 ans. Après un baccalauréat scientifique, il rejoint l’armée de terre il y a un peu plus d’un an, en février 2015, en tant qu’engagé volontaire de l’armée de terre (EVAT) au sein du 511e régiment du train d’Auxonne, précise la notice biographique des armées parvenue à B2. Il suit tout d’abord une formation initiale d’agent de circulation routière durant trois mois où il « s’illustre par d’excellents résultats, terminant major de sa promotion en mai 2015 ». Elevé au rang de conducteur de première classe en août 2015, il est projeté avec son régiment au Mali, en janvier 2016, au sein du bataillon logistique (BatLog) de l’opération Barkhane.

Faute de pirates, les gardes de sécurité d’un thonier espagnol s’entretuent

Tue, 12/04/2016 - 16:20

Pêcheurs espagnols aux Seychelles (© NGV / archives B2)

(B2) La police seychelloise enquête sur une affaire peu anodine, survenue à bord d’un bateau basque, le Txori Gorri, en plein océan indien. Deux des agents de sécurité qui sont sensés protéger le thonier dès qu’il est en pêche en mer, contre les pirates, se sont entretués dans une altercation, fratricide, semble-t-il.

Un tir mortel…

Selon l’enquête préliminaire de la police seychelloise, et les propos du capitaine du navire, rapportés par l’agence seychelloise d’information, « un agent de sécurité a tiré sur un de ses collègues à 16 h vendredi dernier, le blessant mortellement ». Information détaillée par le quotidien espagnol El Pais, citant des sources au sein des forces et corps de sécurité de l’Etat.

… suivi d’un suicide

Le thonier se trouvait entre Madagascar et les îles Seychelles, à environ 90 miles de Port Victoria, lorsqu’une « vive discussion » entre les deux agents de sécurité a provoqué une fusillade. « Un des gardes, Juan José Vera Carrillo, a alors abattu mortellement son partenaire, Juan Manuel Martinez Marchante, » avant d’aller se retrancher dans une cabine du bateau puis de se suicider.

Un thonier basque habitué de l’océan indien

Le Txori Gorri appartient à Inpesca, basé à Bermeo, au pays basque espagnol, et bat pavillon espagnol. Il avait été attaqué à au moins une reprise par les pirates somaliens notamment en mars 2010, le 18 mars, selon nos données. Attaque restée sans succès, le navire ayant réussi à s’enfuir (lire : Les thoniers dans l’Océan indien subissent une attaque chaque jour). Quelques mois plus tôt, le 19 novembre 2009, repérant un navire suspect avec des pirates, à environ 6 miles nautiques de l’endroit où il pêchait, il avait pris la poudre d’escampette. Aucune attaque n’avait alors été déplorée.

Des thoniers protégés par des gardes privés depuis fin 2009

J’avais pu rendre visite à son frère jumeau, le Txori Aundi, en octobre 2009, quand il attendait désespérément de pouvoir reprendre la mer avec des gardes privés à bord. Ce navire, qui bat pavillon des Seychelles, avait pu bénéficié de la protection privée, mise en place par le gouvernement espagnol. Madrid ayant choisi cette solution plutôt qu’une solution militaire choisie par la France. Lire : Thoniers basques aux Seychelles: « Nous sommes des pêcheurs, pas des militaires »

(NGV)

Les drôles de pratique d’un Etat d’Asie centrale à Bruxelles

Mon, 11/04/2016 - 16:07

Nursultan Nazarbayev avec le chef de la délégation de l’UE à Astana

(B2) Le Kazakhstan a gardé de bonnes vieilles méthodes d’une ex-république soviétique. Il compte ainsi à Bruxelles des agents chargés de détecter les bons vecteurs d’influence dans la presse européenne et le corps de presse de Bruxelles. B2 vient d’en faire l’expérience.

Nous avons été approchés, avec tact, délicatesse et discrétion, pour savoir si par exemple, B2 ne voulait pas davantage s’intéresser à cette charmante république d’Asie centrale, notamment à la veille des élections, parfaitement démocratiques. L’idée était de faire des articles généraux sur l’économie, la politique, le système électoral kazakh. Tout cela bien entendu supposant un dédommagement. Une sorte de sponsoring discret… Inutile de dire que nous avons refusé, avec politesse mais fermeté. B2 vit de ses adhérents, de ses abonnements et de dons faits via la plate-forme « J’aime l’info ». Mais les dessous de table ne sont pas vraiment notre tasse de thé.

Si nos informations sont exactes, nous ne serions pas le seul média à nous avoir été approchés. Et, il semble que certains se soient laissés tenter par l’offre. Pour découvrir ces grands sensibles, il suffit de voyager sur quelques sites européens. Si vous y voyez tout d’un coup une couverture extra-lucide sur Astana, son économie, ses flux énergétiques… vous pourrez avoir quelques interrogations. Pour calfeutrer le tout, on rédige un ou deux articles sur les droits de l’Homme, pour le moins alambiqués. Et le tour est joué. Cela permet d’assurer les fins de mois… Les temps sont durs pour la presse !

Pour être juste, le Kazakhstan n’est pas vraiment le seul à pratiquer de la sorte. On pourrait même dire qu’il joue ‘bas profil’, dans le panorama bruxellois. D’autres pays ont des besoins différents. Il y a ainsi des agents d’influence de toute sorte : ceux qui sont chargés de surveiller la presse de leur pays ou de poser toujours les bonnes questions qui défendent la politique de leur gouvernement. Ceux qui essaiment… Les Chinois, par exemple, sont présents en force à Bruxelles avec l’agence Chine Nouvelle, qui compte plus d’une cinquantaine de journalistes, reporters, présents dans la capitale belge. Un nombre assez extraordinaire, le tout regroupé dans un immeuble entier. Gite et couverts sont inclus. Même si la production dans plusieurs langues de l’agence officielle chinoise est importante, il semble que la rédaction de dépêches, publiées officiellement, ne soit pas la seule activité de certains ‘honorables correspondants’ chinois.

(NGV)

Pages