(B2) Un café diplomatique, un peu spécial, pour décrypter et expliquer les résultats de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères. Au menu, la stratégie de l’Union européenne en Irak pour aider le gouvernement à rétablir les services de base et la sécurité dans les zones libérés (la stratégie vise aussi la Syrie mais est assez faible sur ce plan). Un mot de la stratégie globale que l’UE doit adopter en juin prochain. Et le changement de focus de l’opération militaire européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia) pour former les garde-côtes libyens. Avec nos amis de Vieuws derrière la caméra et au montage.
(NGV)
Lire aussi : L’extension des tâches d’EUNAVFOR MED : il faudra encore un peu du temps !
Nadia Savchenko (crédit : MFA Ukraine)
(B2) Ce sont les Russes, via Russia Today, qui ont donné les premiers l’information ce matin. La pilote ukrainienne retenue prisonnière en Russie était libérée en échange avec deux Russes détenus en Ukraine qui avaient été rapatriés en Russie par l’avion présidentiel ukrainien.
Un échange de prisonniers accompli par l’avion présidentiel ukrainien
L’information a été confirmée peu après midi par le président Porochenko. « Президентський літак з Героєм України Надією Савченко приземлився! Autrement dit (si j’ai bien compris) : l’avion présidentiel du héros de l’Ukraine Nadia Savchenko a atterri ! Un résultat dont on se réjouit dans les capitales européennes.
Heureux et soulagé
A Berlin le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s’exprimant en tant que Président de l’OSCE s’est dit « heureux et soulagé » que la pilote ukrainienne ait « finalement été libérée et a pu retourner dans sa famille en Ukraine ». « Nous avons travaillé longtemps et dû attendre longtemps » pour avoir une telle « bonne nouvelle » a-t-il ajouté. Ce deal a pu être atteint notamment lors de la dernière réunion en format Normandie, tenus au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement lundi (23 mai).
(NGV)
(B2) La sphère européenne est plus que silencieuse sur les cas de harcèlement sexuel pratiqués en son sein. Si en France, la question est assez taboue, au plan européen, c’est l’omerta. A ce niveau-là, on pourrait même parler d’une tolérance qui s’avère loin d’être la tolérance « zéro » affichée officiellement.
Evacuation disciplinaire
Selon nos informations, Romeo (nom d’emprunt) était employé dans une mission européenne de sécurité et de défense (PSDC) au Moyen-Orient. Normalement, il se doit d’offrir toutes garanties morales de bonne conduite. Cela ne semblait pas être, tout à fait, le cas. L’homme était coureur de jupons. Chose qui jusqu’à là ne devrait pas susciter de problème, sauf quand il s’agit d’une course un peu forcenée. Après quelques semaines « d’intenses » entreprises sur ses collègues, il a écopé d’un blâme avec un rapport circonstancié, aux fesses, qui ont conduit au non-renouvellement de son contrat… Une sorte d' »évacuation disciplinaire », la sanction ultime de l’institution européenne (et souvent la seule) en cas de harcèlement (1).
… et réembauche quelques temps après
Cette mesure qui aurait dû être exemplaire n’a cependant pas duré bien longtemps ! Après quelques mois de « purgatoire », notre Romeo a retrouvé un nouveau poste. Il a été… réembauché à la mission de soutien aux forces de sécurité intérieure (EUAM Ukraine), basé à Kiev, à un poste qui n’est pas négligeable. Apparemment le panel chargé de la sélection n’a pas eu connaissance de son dossier — ce qui est étonnant — Ou alors celui-ci a été jugé insuffisant pour justifier cette réembauche — ce qui serait tout aussi étonnant —. Ou alors c’est sa nationalité (italienne) qui a justifié cette inexplicable mansuétude…
Une mansuétude inexplicable
La question reste posée. Il serait peut-être temps que les institutions européennes accordent un peu d’attention à ces questions de harcèlement, avant qu’une affaire type Denis Beaupin à l’européenne, n’éclate. Certes les missions et opérations de la PSDC sont des missions « en célibat géographique ». Mais cela justifie-t-il une certaine mansuétude de l’institution ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) La Commission européenne a souvent pratiqué en son sein une omerta sur les faits de harcèlement professionnel ou harcèlement sexuel, conduisant parfois à la sanction… de la victime plutôt que du harceleur, objet d’une promotion.
Lire aussi sur B2 Pro : La discipline au sein des missions PSDC. Un défaut de cadre d’action ?
(crédit : garde-côtes italiens)
(B2) Les navires des garde-côtes italiens et de la marine ont récupéré, ces dernières heures, près de 2000 migrants à bord d’environ 11 navires en provenance de Libye. Des navires maltais et irlandais ont prêté main forte à ce qui ressemble à une des plus importantes opérations de sauvetage de ces derniers mois.
Le navire Dattilo des garde-côtes (CP940) a pris en charge 800 personnes à bord de 5 canots pneumatiques. Tandis que son homologue Peluso (CP905) venait au secours, avec les autorités maltaises, de 229 migrants à bord d’un navire de pêche.
Le navire De La Penne en opération pour Mare Sicuro est arrivé, mardi (24 mai) à Augusta, avec 509 personnes à bord, récupérés la veille. Le Bettica avait mené trois opérations de sauvetage lundi dans le détroit de Sicile récupérant respectivement 137, 123 et 121 et personnes qui étaient à bord de canots pneumatiques.
Le navire de la marine irlandaise Lé Róisín (qui participe à l’opération Triton de Frontex) a participé à deux opérations de sauvetage ramenant 395 personnes à bord, au large de Tripoli. L’une a permis de venir au secours d’un navire en bois sauvant 274 personnes, selon un communiqué des forces irlandaises, l’autre 121 personnes à bord d’un canot pneumatique.
(NGV)
(Crédit : EUNAVFOR Somalia)
(BRUXELLES 2) Avoir les bons réflexes après un crash en pleine mer, construire un radeau, le déplacer. Ou encore, savoir se placer et agir pour faciliter le processus de treuillage des victimes qui les entourent ou d’eux même… Ce sont quelques uns des exercices qu’ont réalisés une vingtaine de pilotes de l’Armée de l’Air des Seychelles, début mai.
Une formation de deux jours, offerte par les membres de son équipage du patrouilleur de haute mer espagnol ESPS Tornado (P-44) qui participe l’opération EUNAVFOR Atalanta, profitant du passage sur l’île.
Une fois de retour sur le pont d’envol du navire de guerre espagnol, c’est une simulation d’incendie du moteur de l’hélicoptère qui a été réalisée. Les membres de la Force Air Seychelles ont pu observer et analyser la réaction de l’équipe espagnole de lutte contre les incendies du Tornado face à cette situation d’urgence. Une démonstration qui s’est accompagnée d’une formation théorique postérieure.
(Crédit : EUNAVFOR Somalia)
En quittant les Seychelles, l’ESPS Tornado a repris ses fonctions de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien.
(LH)
Observateur à bord du Falcon 50 sur le crash aérien de l’EgyptAir (crédit : Marine nationale)
(BRUXELLES2) Dans un accident aérien, traditionnellement, ce sont les moyens les plus proches de la zone du crash qui se dirigent sur la zone en secours. Participent également les moyens dont l’avion est originaire (nationalité de la compagnie aérienne, des passagers, lieu de fabrication de l’avion ou du moteur).
Les secours sont coordonnés par le pays où se situe ce crash. Sur terre, c’est évident. En mer, c’est la délimitation des zones de secours (JRCC) qui fixe la responsabilité d’un pays précis.
En l’occurrence, c’est l’Egypte qui est principalement concernée (zone JRCC du lieu supposé du crash, nationalité de la compagnie, 1er pays concerné selon la nationalité des passagers). Mais la Grèce (de par sa proximité géographique) et la France (lieu de décollage de l’avion, de fabrication de l’avion, 2e pays concerné par la nationalité des passagers) le sont également.
A cela s’ajoutent des questions de haute politique. Entre Paris et Le Caire, il y a une alliance de facto politico-militaire que ce soit au plan des achats d’équipement militaire (BPC type Mistral, Frégates, avions) ou sur le plan politico-opérationnel (Libye, lutte contre le terrorisme, processus de paix au Moyen-Orient, etc.).
(NGV)
Cadre juridique international
La règle sur les secours sur accident aérien est posée par la Convention de Chicago (art. 25)
Chaque Etat contractant s’engage à prendre les mesures qu’il jugera réalisable afin de porter assistance aux aéronefs en détresse sur son territoire et, sous réserve du contrôle par ses propres autorités, à permettre aux propriétaires de l’aéronef ou aux autorités de l’Etat dans lequel l’aéronef est immatriculé de prendre les mesures d’assistance nécessitées par les circonstances. Elle se recoupe d’une certaine avec la règle posée par la même convention en matière d’enquête sur l’accident (art. 26) En cas d’accident survenu à un aéronef d’un Etat contractant sur le territoire d’un autre Etat contractant (…), l’Etat dans lequel l’accident s’est produit ouvrira une enquête sur les circonstances de l’accident, en se conformant, dans la mesure où ses lois le permettent, à la procédure qui pourra être recommandée par l’Organisation de l’Aviation civile internationale (= OACI). Selon l’OACI, les données de l’enquête sont alors envoyés à l’État d’immatriculation (de l’avion), l’État de l’exploitant, l’État de conception et l’État de constructionVéhicules des observateurs européens le long de la ligne administrative (Archives B2 – Crédit : EUMM Georgia 2013)
(BRUXELLES2) La situation en Géorgie s’est tendue après l’incident mortel, survenu le long de la « ligne administrative » entre l’Abkhazie et la Géorgie. Un homme est, en effet, mort jeudi (19 mai) après une fusillade au point de passage Khurcha-Nabakevi.
Fusillade sur la ligne de démarcation
L’information a été confirmée par les observateurs européens de la mission d’observation EUMM Georgia. Selon des témoins locaux contactés par les observateurs européens, ce sont les forces de sécurité armées d’Abkhazie qui ont tiré. Elles auraient traversé le pont qui sert de point de passage, en direction du territoire administré par Tbilissi.
Collecte d’information en cours
Les observateurs européens sont sur place. Il s’agit principalement de faire un suivi de la situation, de collecter des informations puis « d’informer directement les institutions de l’UE et les États membres ». « La mission restera sur le terrain aussi longtemps que nécessaire » précise-t-on au QG de la mission à Tbilissi.
La convocation du mécanisme de prévention est urgente
EUMM demande également « instamment que les enquêtes approfondies soient menées dans les meilleurs délais ». Et elle appelle toutes les parties à éviter toute action qui pourrait aggraver la situation. Les observateurs européens ont souligné « l’urgence supplémentaire » de « la reprise rapide » du mécanisme de prévention des incidents et de réponse aux incidents (IPRM) de Gali (1).
La responsabilité russe
Le ministre géorgien des Affaires étrangères a dénoncé, dans un communiqué, un « acte criminel » dont « l’entière responsabilité incombe à la Fédération de Russie (qui a) le pouvoir de contrôle effectif de la région ». L’incident montre « la nécessité d’établir des mécanismes de sécurité internationales » a-t-il affirmé.
Une augmentation des tensions perceptible depuis plusieurs semaines
Les participants de la 66e réunion du Mécanisme de prévention et réponse aux incidents (IRPM) à Ergneti (voir encadré), avaient déjà exprimé il y a quelques jours (le 16 mai) leur inquiétude sur une tension croissante. Ils notaient notamment pour la période d’avril une « forte augmentation » du nombre de détentions, surtout « en comparaison avec le nombre relativement faible » d’arrestation pendant la « période précédente », y compris pendant les vacances de Pâques. En février, Kęstutis Jankauskas, le chef de la mission européenne rappelait que « les tensions sont fréquentes et EUMM a un rôle clé pour éviter que cela ne dégénère ». Lire : La présence européenne en Géorgie pas superflue (Jankauskas)
(Leonor Hubaut)
(1) Les réunions organisées à Gali, au nord-ouest de la Géorgie, sur la ligne de démarcation avec l’Abkhazie, ne sont plus organisées depuis 2014.
Lire aussi :
Le mécanisme de prévention et de règlement des incidents (IRPM)
Créé en 2009, dans le cadre des discussions internationales de Genève, ce mécanisme permet aux acteurs présents (ONU, OSCE et EUMM) d’étudier les problèmes quotidiens de la population des zones occupées en Abkhazie et en Ossétie du Sud, pour servir de médiation afin d’y trouver une solution. Son intérêt s’étend à tous les effets du conflit. Cela peut aller de problèmes concrets — d’accès aux champs ou à l’irrigation d’eau —, jusqu’aux problèmes plus sensibles de détentions de personnes prises à travers les lignes de démarcation. L’IRPM se réunit actuellement uniquement à Ergneti, sur la ligne de démarcation avec l’Ossétie du sud.
(BRUXELLES2) Le dernier rapport publié par la Chambre des Lords (House of Lords) il y a quelques jours, titre sur l’échec de l’opération EUNAVFOR Med Sophia. Mais quand on lit non pas seulement le communiqué de presse, mais le rapport dans son intégralité, la vision de l’échec mis en avant par les Lords s’avère quelque peu différente. Et le rapport, pour le moins léger, mis à part quelques réflexions pour le moins « originales »…
Un échec européen pointe un Lord…
L’opération n’aurait pas atteint ses objectifs en matière de lutte contre le business model des passeurs de Libye vers l’Europe, tonne le président de la sous-commission aux affaires européennes, Lord Tugendhat. Un nom qui ne parlera qu’aux plus anciens (et sages) de nos lecteurs. Christopher, de son prénom, était commissaire européen au Budget sous la Commission … Jenkins (1977-1981 !). Mais à 79 ans, le gaillard a encore des tripes… surtout quand il s’agit de pourfendre l’Europe. Presqu’une seconde nature chez un Britannique.
« Cette mission a sauvé des vies. C’est une considération importante. Mais elle n’a pas réussi à stopper ou interrompre le flux d’immigration en provenance de la Méditerranée, et détruire le business model. (…) Le problème est l’absence d’un Etat stable en Libye. Quand vous avez un Etat stable, comme au Maroc, il y a peu de mouvements de personnes à travers la Méditerranée. » Lord Tugengdhat
Un échec mais quel échec ?
Ce constat, on peut d’une certaine façon le partager. Près d’un an après son lancement, l’opération n’a toujours pas atteint sa pleine opérationnalité. Le flux des immigrants continue. Et la Libye est toujours un pays instable. Mais il est très facile de demander des résultats à une opération qui n’en est qu’à sa première année. En matière de lutte anti-piraterie, il a fallu 3-4 années avant de voir les premiers résultats tangibles. Il faut surtout se poser la question de l’origine de l’échec libyen. Question plus délicate qu’évite le rapport…
Qu’apporte ce rapport ? Des considérations générales plutôt convenues
Sur le fond, le rapport n’apporte en fait aucune information nouvelle. Quand on lit le rapport intégralement, il est d’ailleurs beaucoup moins critique que le communiqué de presse. Et les recommandations des Lords recoupent, en grande partie, la feuille de route dressée par l’Union européenne.
Une opération qui fait davantage du sauvetage en mer que de la dissuasion
Sur le fond, le rapport n’apporte aucun élément vraiment nouveau. Il pointe un problème fondamental de l’opération : être davantage une opération de sauvetage en mer qu’une opération de dissuasion des passeurs. C’est un fait ! Inutile de tourner en rond. Les quelque dizaines de passeurs « remarqués » et arrêtés à leur descente du bateau en Sicile sont en général des seconds couteaux. Et, faute de bateaux en bois, les opérateurs du trafic ont opté pour des canots pneumatiques. Le trafic a peut-être été perturbé, ralenti un peu, mais il continue.
La destruction du business model ne pourra se faire qu’en Libye et avec les Libyens
Le rapport met en lumière un fait, qui est une évidence, aux yeux de tous : une réelle destruction du business model des passeurs ne pourra se faire que dans les ports d’embarquement du trafic, sur les rivages et à terre. C’est une réalité qui est, déjà, prise en compte pour les phases 2b et 3 de l’opération. Ces phases sont soumises à un obstacle d’ordre politique : leur acceptation par un gouvernement légitime libyen. Pour cela, il faut un gouvernement légitime reconnu par tous à l’intérieur du pays, à commencer par l’assemblée reconnue légitime, le Parlement de Toubrok. Et, personne, ou presque, n’envisage de passer outre cette condition.
Ne pas confondre le remède et la cause
Mettre cette impossibilité au débit de l’opération EUNAVFOR MED est plutôt anachronique, surtout venant d’un Britannique. Car l’instabilité libyenne est peut-être davantage le fait de l’intervention militaire, menée de concert par le Royaume-Uni et la France, en 2011, que de l’opération européenne. EUNAVFOR Med cherche, en fait tant bien que mal à pallier aux effets de cette instabilité. Effectivement, soigner un cancer avec des cachets d’aspirine n’est pas très efficace. Mais faute d’autres traitements et de rayons X, que peut-on faire ?
Une opération en cours d’évolution
Le rapport est, en fait, quelque peu daté. Car depuis plusieurs semaines une évolution s’est fait jour. Les pays qui militaient pour une opération plus robuste (1), depuis plusieurs mois, — le Royaume-uni et la France notamment — sont en passe d’obtenir gain de cause. Même s’il y a quelques résistances, la discussion est bien entamée sur l’évolution du mandat depuis la réunion d’avril. Et le feu vert de principe est déjà acquis (Lire : Deux nouvelles tâches pour l’opération SOPHIA. Feu vert des 28).
… et une ou deux propositions … originales (farfelues ?)
Dans le rapport, en revanche, on trouve quelques « pépites » qui traduisent un présupposé plus idéologique qu’opérationnel.
Privatiser les moyens de sauvetage ?
A écouter un éminent expert du Royal United Services Institute (RUSI), ancien commandant de la Royal Navy, il faudrait recourir aux « moyens commerciaux privés » pour le sauvetage en mer, au lieu de moyens militaires trop couteux !
Utiliser des moyens aériens plus adaptés ?
Cet expert du RUSI critique également les moyens aériens utilisés – faits « pour détecter des sous-marins en Arctique » souligne-t-il.
En tout cas, on peut noter que les donneurs de leçons britanniques se sont bien gardés de mettre en évidence un point notable. Si la marine britannique est bien présente depuis le début de l’opération avec un navire sur zone, les moyens aériens à la cocarde rouge-blanc-bleu sont plutôt une denrée rare. Zéro avion de reconnaissance ou de surveillance maritime que ce soit de la Royal Air Force ou de la Marine britannique. Quant à l’hélicoptère … basé à Malte (!), il est rentré à la maison ou resté sur le tarmac. Chut…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Ils étaient assez seuls en général. De nombreux pays — comme l’Allemagne, l’Irlande ou la Suède — étaient assez satisfaits d’une opération qui se cantonne au sauvetage en mer
(B2) Un convoi logistique de la force des Nations Unies au Mali, la MINUSMA, a été victime d’une embuscade à environ 15 km au nord d’Aguelhok, dans la région de Kidal, mercredi (18 mai). Le convoi a « heurté un engin explosif improvisé » et a été par la suite « attaqué par un groupe armé non identifié », selon le communiqué de la MINUSMA. Bilan : cinq casques bleus tchadiens tués, trois autres blessés.
Ce qui porte à 12 personnels des Nations Unies tuées dans la région depuis le début de l’année. Une douzaine d’attaques contre la Minusma ont été recensées dans la région de Kidal.
Une opération ‘Medevac’ de Barkhane
Les Français de la force Barkhane ont participé aux secours, envoyant deux hélicoptères, un Puma médicalisé et un Caracal, ainsi qu’un détachement armé pour évacuer les blessés et sécuriser la zone. Les blessés ont été rapatriés vers le poste médical français de Tessalit « où ils ont été pris en charge » annonce l’état-major des armées, avant d’être confiés à la MINUSMA.
L’UE appuie la MINUSMA
La porte-parole de la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères a exprimé « ses condoléances » aux familles des soldats décédés, souhaitant un « rétablissement rapide aux soldats blessés » et réitérant son « plein appui à la MINUSMA et aux pays contributeurs des troupes à cette opération » (1). Pour l’Union européenne « les terroristes ont démontré encore une fois leur mépris de la volonté du peuple malien à vivre en paix ».
(NGV)
(1) Plusieurs Etats membres de l’UE — Pays-Bas, Suède, Allemagne, Rép. Tchèque — contribuent à la Minusma
(Mis à jour ven. 20 mai) avec la déclaration de l’UE et des précisions sur les circonstances
Un hélicoptère Super Puma des forces aériennes helléniques (crédit : armée de l’air grecque – archives B2)
(B2) Les forces armées grecques ont déployé sur la zone supposée du crash de l’avion A320 Airbus d’EgyptAir, à 130 miles au sud-est de l’ile de Karpathos, plusieurs moyens aériens et navals : un avion C-130 militaire, un avion de reconnaissance aérienne Erieye EMB-145 H. Un autre C-130 fait également en route vers la zone, ainsi que la frégate Nikiforos Fokas et un hélicoptère Super Puma.
De son côté, la marine nationale française a mobilisé, dès jeudi matin, un avion de surveillance maritime Falcon 50, initialement engagé dans l’opération européenne EUNAVFOR Med Sophia.
L’Egypte a également déployé des moyens – avions de reconnaissance – et un navire, comme en témoigne cette vidéo prise sur les liens du crash.
L’avion MS804 d’EgyptAir qui faisait la liaison entre Paris Charles-De-Gaulle et Le Caire a disparu des écrans radar dans la nuit au-dessus de la mer entre la Crète et Alexandrie (Egypte). Il avait à son bord, selon la compagnie, 66 personnes (56 passagers, 7 membres d’équipage et 3 agents de sécurité).
L’hypothèse d’un acte terroriste est évoquée.
(NGV)
Egyptiens et Français en majorité et une dizaine d’autres nationalités
Ainsi que :
Un avion Super Etendard Modernisé avec un missile AS30 (crédit : DICOD / EMA)
(B2) Snif ! Le Super Etendard Modernisé (SEM), l’avion mythique de la marine française, va faire sa dernière apparition en public au meeting aérien de Biscarrosse (au sud de Bordeaux), dimanche prochain (22 mai).
Dernière avant le Tout Rafale Marine
Après 37 ans d’opérations à travers le monde, le Super Etendard va, en effet, être retiré du service actif dès juillet. La chasse embarquée de l’aéronautique navale passera alors au « Tout Rafale Marine ». Le symbole est « fort » assure-t-on du côté de la Royale. Biscarrosse est, en effet, la ville marraine de la flotille 17F, la dernière de l’aéronautique navale à mettre en œuvre l’aéronef mythique qui vient d’accomplir sa dernière mission opérationnelle à bord du porte-avions Charles de Gaulle.
Une simple évolution au départ
À l’origine, le Super Étendard ne devait être qu’une évolution de l’ Étendard IVM. Mais « la refonte de l’avion et de son système d’armes fut si complète que le Super Étendard ne partage plus guère aujourd’hui qu’une partie de son nom » avec le glorieux ancêtre. Il a été produit à 71 exemplaires pour la Marine nationale, entre 1977 et 1983. Il prendra l’appellation de Super Etendard Modernisé en 1986 après un programme de modernisation.
De toutes les opérations
Cet appareil a été engagé dans la plupart des conflits internationaux auxquels la France a participé : Agapanthe (en Afghanistan), Harmattan (en Libye, 2011) et Arromanches (en Irak et Syrie, en 2015 et 2016). NB : son nom est aussi inséparable de son arme par excellence, le missile AM39 Exocet, qui fit des ravages dans la marine britannique, dans le conflit entre l’Argentine et le Royaume-Uni aux Malouines/Falklands.
Dernier meeting à Biscarosse
Donc … Ne ratez pas ce dernier meeting si vous êtes dans le Sud-Ouest ! Deux appareils effectueront des démonstrations aériennes. Les pilotes seront également disponibles sur le tarmac, pour présenter les missions des marins du ciel et de leur flottille.
(NGV)
Les canots de sauvetage du Francfort font la navette vers le navire Aquarius de l’ONG SOS Méditerranée (crédit : Bundeswehr/Pirrwitz)
(BRUXELLES2) Le navire de soutien Frankfurt qui évolue en Méditerranée dans le cadre de l’opération militaire Sophia (EUNAVFOR Med) est intervenu à environ 40 kilomètres au nord de Tripoli (Libye), lundi (16 mai), pour venir en secours d’un canot de migrants en détresse.
115 personnes ont été récupérées, dont 24 femmes. Une personne blessée a été prise en charge par les équipes médiales. Le canot, classé comme un obstacle à la navigation, a été coulé. Les migrants ont ensuite été transférés sur l’Aquarius, le navire des ONG de SOS Méditerranée. Transfert achevé à 19h05 précise la Bundeswehr.
Depuis le début de leur engagement dans la zone, il y a un an, le 7 mai 2015, la marine allemande est venue au secours de 14.065 personnes et a engagé en permanence deux navires dans l’opération européenne en Méditerranée.
(NGV)
Un drone MQ-1 Predator de l’US Air Force, décembre 2008 (Crédit : U.S. Air Force photo/Lt Col Leslie Pratt)
(BRUXELLES2) Vous êtes étudiant, en maîtrise ou doctorat, inscrit dans un programme universitaire à l’automne 2016. Les relations internationales, stratégiques, la paix, la défense sont votre passion… Lancez-vous !
La meilleure note originale
Trois centres d’études et/ou fondations — le Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM), le Fonds de dotation Open Source Intelligence on politics (OSINTPOL) et le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) — se sont regroupés pour décerner un prix « Paix et armements ». Objectif : récompenser la meilleure note d’analyse, originale, rédigée en français (1). L’ambition des organisateurs est de développer ce qui est courant dans le monde anglo-saxon sous le terme de Best Paper Competitions.
Sur l’usage des armes
La note doit concerner les domaines touchant aux aspects stratégiques, juridiques, éthiques, technologiques, industriels, politiques et/ou économiques liés à la conception, l’usage et au commerce des armes classiques et autres appareils de sécurité, ainsi qu’aux armes de destructions massives.
Publication et 2500 euros
Le premier prix se verra attribuer une bourse de 2500€ ainsi (et surtout), l’édition et la publication « en accès libre et gratuit du ou des texte(s) primé(s) dans un format déterminé conjointement par le CEIM, le GRIP et OSINTPOL ». Date limite de dépôt des dossiers, lundi 31 octobre 2016 (jusqu’à minuit).
Tous les détails du concours ici
(Lucas Millet)
(1) Le texte doit être rédigé en français. Mais, précisent les organisateurs, il « n’est pas pour autant réservé à des étudiants inscrits dans des universités ou institutions d’enseignement francophones. Les étudiants poursuivant des études dans une autre langue que le français, mais désireux de publier dans cette langue sont invités à soumettre leur candidature ».
Le Peluso (crédit : Guardia di Costiera)
(B2) Environ 800 migrants, récupérés en mer, sont arrivés ces heures-ci en Sicile, secourus dans plusieurs opérations différentes où sont intervenus des navires des garde-côtes italiens et de Frontex (opération Triton).
Deux navires repérés par un avion des garde-côtes
Les migrants entassés sur deux bateaux dérivaient au large des côtes de la Sicile. Ils ont été localisés par un avion de la Garde côtière de la base de Catane. Le navire des garde-côtes italiens, Peluso (CP905), est venu au secours du premier bateau qui contenait 515 personnes. Il a pris en charge directement 342 migrants (1), débarqués à Augusta. Tandis que 173 autres étaient sauvés par le navire de la Guardia civile espagnol Rio Segura, qui participe à l’opération Triton, et débarqués à Palerme.
Huit passeurs arrêtés
D’après les preuves recueillies par les policiers italiens, et que relate la presse italienne, les migrants ont souffert durant la traversée qui a duré près de 10 jours. Le bateau de pêche ramassant ses passagers au fur et à mesure de son trajet, transbordés de petits bateaux venus de la côte. Les migrants ont été contraints de payer des passeurs pour obtenir de l’eau comme de la nourriture. A l’arrivée, huit suspects d’être des passeurs — sept Egyptiens et un Syrien — ont été arrêtés par la Guardia di Finanzia et incarcérés à la prison de Pagliarelli.
Second bateau secouru
Un second bateau avec 286 migrants à bord a été secouru par le navire militaire finlandais Merikarhu, avec l’aide de trois vedettes de la Garde côtière de Catane, Syracuse et Crotone. Parmi les migrants, une femme en état avancé de la grossesse, a été transféré immédiatement par hélicoptère.
La reprise de la route égyptienne ?
Contrairement à ce qui avait été affirmé au départ, dans ce navire parti d’Egypte, il y avait surtout des Yéménites, Somaliens, Erythréens, Sud-Soudanais et des Egyptiens, selon le HCR, et peu de Syriens. Ce qui confirme en tout cas la reprise depuis plusieurs semaines d’une route de migration à partir de l’Egypte. Les autorités égyptiennes qui avaient fermé la voie terrestre vers la Libye semblent moins attentives à la voie maritime.
Un geste de mauvaise humeur du Caire ?
Ou est-ce une certaine volonté du Caire de montrer ainsi un geste de mauvaise humeur vis-à-vis de Rome. Les relations se sont considérablement tendues ces derniers mois entre les deux capitales après le meurtre non élucidé de Giulio Regeni, un étudiant italien au Caire. Meurtre qui avait provoqué le rappel à Rome de l’ambassadeur italien au Caire.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les officiers maliens apprennent à encadrer et former leurs troupes (Crédit: EUTM Mali)
(BRUXELLES2) Les Européens de la mission de formation de l’arme malienne (EUTM Mali) se préparent pour la transition vers son troisième mandat, qui prévoit une formation des forces armées maliennes sur tout le territoire et plus uniquement à Koulikoro.
Première formation à Faladié
Située à 80 km au nord de Bamako, Faladié accueille l’école des sous officiers de la gendarmerie malienne. C’est ici que les Européens ont formé un total de 270 officiers et sous-officiers malien dans le cadre du programme « formation des formateurs », pendant le mois d’avril. « C’est une étape vers la future formation avec un accent particulier sur le développement du leadership dans les quartiers généraux des FAMA, dans les régions », prévue dans le mandat 3, explique la mission
Entrée du camp de Ségou (Crédit : EUTM Mali)
Conditionnement du camp de Segou
Autre pas vers le Mandat « 3 » : une reconnaissance de terrain au quartier général de Segou, la deuxième région militaire du Mali. Du 12 au 15 avril, une équipe d’Européens a évalué le camp pour vérifier la faisabilité des activités de formation décentralisées qui commenceront dès juillet. Pour le chef de mission, le général allemand Werner Albl, les résultats sont positifs. « La formation à Segou – nous pouvons le faire ! »
(Leonor Hubaut)
Lire :
(BRUXELLES2) Un possible Brexit lors du référendum du 23 juin risque de provoquer un mini-tsunami au Parlement européen. Certains groupes politiques vont avoir un problème existentiel. D’une certaine façon ce départ va diminuer le poids des eurosceptiques dans l’assemblée de façon notable.
Un groupe perd son statut
Les Souverainistes de l’EFDD risquent leur survie. Ils vont perdre 22 membres (de l’UKIP), passant à 24 membres. Soit au-dessous de la double barre actuelle fixée par le Parlement européen pour former un groupe politique : nombre de députés et nombre minimal d’Etats membres (1). Sauf à revoir ce règlement.
Les Polonais du PiS dominent le groupe conservateur
Pour les Conservateurs de l’ECR, c’est aussi un traumatisme mais moins vital. Ils vont perdre 21 députés (des Torys), passant à 52 membres. Ils régressent du 3e au 5e rang, arrivent au même niveau que la Gauche unie. Une notion très importante au Parlement européen, que ce soit dans l’ordre de parole des groupes ou dans la répartition des différents moyens (financiers, salles…) et attributions (présidences de commission, etc.), avec l’application de la règle d’Hondt (proportionnelle améliorée).
Cela va changer aussi la tournure du groupe qui reposait sur deux pôles essentiels : Britanniques et Polonais. Les Polonais du PiS (droit et justice) seront majoritaires dans ce groupe. Mais ils pourraient perdre la présidence de la sous-commission Défense, à la faveur du changement de mi-mandature…
Le groupe socialiste décroche du PPE
Le groupe Social et démocrate (S&D) devrait subir une perte notable. Le départ de 20 Travaillistes le fait décrocher du groupe leader du Parlement, le PPE. Il passe de 189 à 169 voix soit près de 50 voix d’écart du groupe PPE (215 membres).
Peu de dommage à l’extrême droite
Le groupe nationaliste (Europe des nations et des libertés EFN), dominé par le Front National, perd lui aussi un député. Mais il ne risque pas de perdre le statut de groupe, gardant au moins des députés provenant de 8 Etats membres.
Effet marginal pour les autres groupes
Les autres groupes (Libéraux, Gauche) sont touchés plus marginalement, n’ayant chacun dans leurs membres qu’un seul député britannique (2).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Sur le sujet lire aussi :
(1) Aujourd’hui, pour former un groupe politique, il faut un minimum de 25 députés, représentant au moins un quart des États membres (7 Etats membres demain). Cette règle qui figure dans le règlement intérieur du Parlement européen peut être revu à tout moment.
(2) Les 73 députés britanniques, selon le dernier tableau à jour du Parlement, sont répartis ainsi : 22 EFDD, 21 ECR, 20 S&D, 6 Verts et Régionalistes (Ecossais, Pays de Galles), 1 ALDE, 1 GUE, 1 EFN, 1 Non inscrit
(BRUXELLES2 à Strasbourg) La question d’un vote « Exit » au référendum britannique sur le maintien du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 23 juin, hante les couloirs européens aujourd’hui. Toutes les institutions européennes retiennent leur souffle, haletant sur le résultat des urnes outre-manche. Pour faire face, elles ont choisi la méthode de la taupe. Elles s’enterrent au fond du terrier, en se disant que çà va passer, et qu’il ne faut rien dire. Une erreur fondamentale selon Alain Lamassoure que nous avons rencontré.
Non, c’est non : dès le 24 juin !
Pour l’eurodéputé français UMP, cette situation n’est pas tenable. Il le dit clairement : « Si le Non l’emporte le 23 juin, dès le 24 juin, il faudrait indiquer que les représentants britanniques dans les institutions européennes ne participent plus aux prises de décision ». Une question légitime selon lui car cette consultation présente « au moins une chance sur deux d’être perdue », surtout de la manière « dont Cameron mène la campagne, multipliant les erreurs ».
Les représentants britanniques n’auront plus le droit de vote
Si on écoute Alain Lamassoure — qui ne semble pas être le seul à penser ainsi même s’il est des seuls à s’exprimer aussi clairement —, les représentants du Royaume-Uni au Conseil n’auraient plus le droit de voter pour se prononcer sur les sujets en cours. Ils continueraient de siéger mais à titre d’observateurs, par exemple, comme le sont les pays qui sont en cours d’adhésion, avant la ratification définitive de leur adhésion. Idem au Parlement européen pour les 73 parlementaires britanniques. « Je n’imagine pas qu’ils puissent se prononcer sur des sujets comme la directive sur le détachement, les questions fiscales, le Panama papers influer sur des textes qu’ils n’auront pas à appliquer. … Ce n’est pas légitime. »
Une question taboue
L’ancien conventionnel européen s’étonne que personne ne se pose la question. « C’est surprenant que personne au Conseil européen, à la Commission européenne, au Parlement européen ne s’en soit soucié. Mais ils dorment donc ? » Officiellement, les services juridiques des trois institutions n’ont pas rendu d’avis… En pratique, les juristes ont commencé à plancher sur les différentes hypothèses, ne serait-ce que pour éclaircir ce que dit ou ne dit pas l’article 50 du Traité (Lire : Brexit ! Quelle procédure pour le retrait ? Quand est-ce applicable ?).
Garder le droit de vote : politiquement inacceptable
Certains (juristes PE) estiment que tant que le Royaume-Uni n’est juridiquement pas dehors, il n’est pas hors de l’Union européenne, et ses représentants peuvent voter. Cela signifie que les représentants britanniques votent durant la période de négociation du processus de sortie. Pour Alain Lamassoure, « juridiquement ce n’est pas aussi clair. Et, surtout, politiquement ce n’est pas acceptable » ! A ceux qui estiment que cela serait contre-productif et pourrait entraver la campagne référendaire, il rétorque : au contraire : « Nous devons le faire. Ce faisant nous rendrons service à ceux des Britanniques qui plaident en faveur du Oui à l’Europe. »
Un avis partagé mais mezzo vocce
Le dirigeant du groupe PPE, Manfred Weber, l’a expliqué vertement lors de la réunion de groupe mardi soir. « S’ils votent non, c’est non, et ils ne participent plus aux décisions » a-t-il dit en substance selon les propos, rapportés par Françoise Grossetête. Contacté par B2, le bureau de Manfred Weber n’a pas voulu confirmé ces propos. Mais il ne les a pas démentis non plus…
Une solution pas illogique…
Une solution pas totalement illogique selon nous et qui trouve des justifications, par parallélisme, dans les processus d’adhésion comme, par défaut, dans la procédure définie à l’article 50 du Traité qui fixe les conditions de sortie d’un Etat membre. L’Etat membre partant ne prend pas, en effet, part au vote sur la procédure de sortie. Il serait ainsi logique que cette solution écrite noire sur blanc s’applique à toute la législation débattue entre temps.
On en reparle le 24 juin !
Du côté de la Commission européenne, on joue la taupe. Interrogé par B2, le porte-parole en chef de la Commission, Margaritis Schinas, a répondu, non sans humour, sur un mode assez connu de la communauté journalistique à Bruxelles : « La Commission ne va pas spéculer sur les conséquences potentielles du référendum britannique. Faisons le point le matin du 24 juin ! »
(Nicolas Gros-Verheyde)
(crédit : MOD UK)
(BRUXELLES2) La date du 23 juin et du référendum britannique se rapproche. Et, malgré un sentiment rassurant, il est totalement imprévisible de faire un pari sur le Oui ou le Non. La sortie d’un Etat membre de l’Union européenne est, donc une inconnue réelle au plan politique. Qu’en est-il au plan juridique ? B2 fait le point.
Y-a-t-il des dispositions prévues ?
Oui. Depuis le Traité de Lisbonne, l’hypothèse de sortie d’un Etat membre de l’Union européenne est mentionnée explicitement, ainsi que la procédure qui doit être suivie (1). C’est l’article 50 du Traité de l’UE qui en prévoit le principe : « Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union. » Quelques modalités sont également fixées, assez succinctes.
Quelle est la procédure à suivre ?
En premier lieu, c’est à l’État membre concerné de « notifie(r) son intention au Conseil européen ». C’est cette notification qui démarre, officiellement la procédure.
Deuxièmement, le Conseil européen se prononce et adopte alors des « orientations ».
Troisièmement, « À la lumière » de ces « orientations », une négociation s’engage. Elle doit aboutir à un accord fixant les « modalités du retrait » est « négocié et conclu » en tenant compte « du cadre de ses relations futures avec l’Union ».
Comment est négocié cet accord ?
Cet accord est négocié conformément à l’article 218, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. C’est-à-dire : conclu « au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen ».
Quel est l’objectif de fixer l’accord ?
Ce n’est pas fixé par le Traité. Selon nos éléments, il s’agit en particulier de fixer le sort des contributions diverses et variées au budget communautaire, de déterminer le sort de la participation à certains appels d’offres des entreprises britanniques, du sort des subventions reçues (Jusqu’à quand seront attribués les fonds ? De quelle façon ? Qui contrôlera les fonds ?), du sort des agents et fonctionnaires de nationalité britannique, du versement des pensions aux anciens agents britanniques, du règlement des différents, etc.
Quand cessent de s’appliquer les dispositions européennes ?
Les traités « cessent d’être applicables » dans un délai fixé par le traité. Trois hypothèses sont envisagées :
1° « la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ». NB : elle peut être très éloignée dans le temps ou plus courte, au choix.
2° un délai de « deux ans après la notification » – si aucun traité n’a pu être conclu à temps.
3° un autre délai. Les Chefs d’Etat et de gouvernement (le Conseil européen) peuvent décider « en accord avec l’État membre concerné », de prolonger ce délai de deux ans. La procédure n’est pas fixée : ce peut être à une réunion du Conseil européen ou par procédure écrite. Deux conditions : tout d’abord, cette décision doit être prise « à l’unanimité » ; elle est donc soumise à un droit de veto de n’importe quel état membre. Ensuite, elle doit intervenir, avant le délai automatique de deux ans (ce peut être à J-1 !). Aucun délai final n’est fixé. Le Conseil européen est souverain. La prolongation peut être de quelques mois ou quelques années. Et rien n’exclut non plus que cette décision soit plusieurs fois modifiée (pour prolonger le délai).
Ce délai peut-il être très long ou in aeternam ?
En théorie, oui. Mais cela parait impensable, au plan politique, qu’un gouvernement britannique puisse ne pas respecter, rapidement, la volonté exprimée dans un référendum. Mais il n’est pas impossible de penser à une autre solution. On peut ainsi très bien envisager qu’un nouveau gouvernement britannique, dans un autre contexte géopolitique, organise un nouveau référendum pour annuler le premier… et rester au final dans l’Union européenne.
Comment se passe concrètement la sortie ?
On ne sait pas. Aucun texte officiel (règlement, communication, note …) n’est venu préciser, de façon officielle, le déroulement concret de cette procédure de sortie qui est hautement sensible et très politique…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Comment sont calculés les votes durant cette procédure ?
La voix du Royaume-Uni ne comptera pas. « Le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l’État membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent » précise l’article. Une phrase qui donne quelques arguments à ceux qui pensent comme Alain Lamassoure qu’il faut retirer le droit de vote à tous les responsables britanniques dans les institutions dès le lendemain d’un vote « pour le retrait de l’Union européenne » (lire : Et si le Brexit arrive… On en reparle le 24 juin ! La méthode de la taupe… ).
(1) Cela ne signifie pas — contrairement à ce que disent certains — qu’elle n’était pas possible auparavant. Le traité de Lisbonne étant un traité international, il obéit en cela aux règles posées par le Traité de Vienne. Désormais il y a des règles « communautaires » qui s’appliquent.
(B2) Des gardes-frontières turcs ont tiré sur des demandeurs d’asile syriens qui tentaient de rejoindre la Turquie ou les ont roué de coups, entraînant la mort ou des blessures sérieuses, dénonce aujourd’hui Human Rights Watch, témoignages vidéos à l’appui.
5 demandeurs d’asile tués et 14 autres blessés graves
En mars et avril, des gardes-frontières turcs ont eu recours à la violence contre les demandeurs d’asile syriens et les passeurs, tuant cinq personnes dont un enfant et en blessant gravement 14 autres selon les victimes, témoins et habitants locaux syriens interrogés par l’ONG.
Six des incidents décrits par les témoins syriens ont eu lieu près du passage frontalier de Khurbat al Juz-Güveççi, à environ 50 kilomètres au sud de la ville turque d’Antakya. Le septième est survenu près de la ville-frontière syrienne d’al-Duriya.
Sept des blessés ont déclaré être brièvement restés dans le camp pour personnes déplacées de Salaheddin situé dans le village de Khurbat al Juz, surplombant le mur sur la frontière turque nouvellement édifié à proximité.
La majorité d’entre eux et d’autres qui s’étaient rendu directement à la frontière ont déclaré avoir récemment fui les combats menés à et autour d’Alep.
Attention on va vous tirer dessus
Un représentant du camp de Khirmash a déclaré à l’ONG que, le 13 avril, des gardes-frontières turcs dans les tours de guet situées à proximité avaient utilisé des haut-parleurs pour annoncer en arabe que quiconque s’approcherait de la frontière malgré l’interdiction se ferait tirer dessus.
Détention, Refoulement28 autres demandeurs d’asile syriens — interrogés par l’ONG (entre le 12 et le 20 avril) — ont décrit les gardes-frontières les interceptant tandis qu’ils passaient la frontière accompagnés de passeurs entre février et la mi-avril. Ils ont dit que les gardes les avaient détenus parfois une journée entière, puis les avaient refoulés en Syrie avec des dizaines — voire des centaines — d’autres personnes. Certains vivaient dans le camp de déplacés de Khirmash à l’ouest de la ville syrienne de Bidama.
L’objectif de 2% de défense est pour nombre de pays plus difficile que de franchir un sommet en Himalaya, quasiment irréalisable, sauf un effort surhumain, sans oxygène… (crédit : MOD Pays-Bas / Archives B2 – expédition néerlandaise vers la Manuslu)
(B2) L’objectif de consacrer 2% du PiB à la Défense est répété régulièrement, par plusieurs responsables européens. Barack Obama l’a rappelé lors de son passage à Hambourg. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg ne se fait pas faute de le répéter régulièrement. Et cet objectif devrait être à nouveau réaffirmé comme nécessaire par les chefs de gouvernement ou d’Etat lors du sommet de Varsovie en juillet prochain (comme il l’avait été lors de celui du Pays de Galles en septembre 2014).
Des mots aux actes… il y a un pas !
Dans les conditions actuelles économiques, atteindre cet objectif parait difficile pour plusieurs pays. Même étalé sur plusieurs années sur 10 ans, cela paraît difficilement soutenable. En fait, l’objectif est « irréaliste », sauf à avoir une politique décidée, volontariste, menée sur une longue durée (au moins 5 ou 10 ans). Une étude très intéressante, menée par deux chercheurs, Frederic Mauro et Klaus Thoma, pour le compte du Parlement européen, le démontre (1).
L’Allemagne devrait dépenser 6 milliards de plus sur 5 ans pour rattraper son retard
Pour atteindre cet objectif, l’Allemagne devrait dépenser 31 milliards $ de plus, soit doubler son budget (dont 9 milliards $ pour l’équipement). Ce qui, même ramené sur une durée de 10 ans, supposerait un effort continu de + 3 milliards $ par an à trouver dans le budget fédéral. Même pour un pays « riche », ce n’est pas si évident que cela.
Un effort quasi insurmontable pour l’Italie comme l’Espagne
Pour l’Italie comme pour l’Espagne, l’effort est majeur : 20 milliards de plus à trouver pour Rome et 15 milliards pour Madrid. Autant dire qu’en cette période de disette budgétaire et de réduction des déficits, cet objectif parait insurmontable. Et arriver à 2% devient un objectif illusoire.
Un rattrapage non négligeable pour la Belgique et les Pays-Bas
Pour d’autres pays comme la Haye ou Bruxelles, même si le chiffre n’est pas aussi saisissant, en valeur absolue, il est important en valeur relative pour le budget national et quasi impossible à justifier pour les gouvernements nationaux : + 7,5 milliards pour les Pays-Bas et + 5,5 milliards $ pour la Belgique. Soit pour ce dernier pays une augmentation de presque 10% du budget national ! Difficile à encaisser… et justifier.
Un objectif à portée de main pour la France
Pour la France, l’effort à fournir est relativement faible. Selon les statistiques compilées par l’agence européenne de défense, en 2014, les dépenses de défense représentaient 1,85% du PiB. Ce qui représente un effort à fournir de 4,6 milliards $. Et cela sans compter les rallonges budgétaires consenties en 2015 et 2016. L’objectif du 2% est donc à portée de main… contrairement à ce que laisse sous-entendre Nicolas Sarkozy.
Des Britanniques, presque bons élèves !
A noter que pour le Royaume-uni, il n’y a (pour l’instant) pas d’effort à fournir, Londres atteignant déjà les 2%. La question pour les Britanniques est plutôt de maintenir l’objectif, la tendance récente outre-manche étant à la compression des budgets, il va falloir réinjecter de la livre sterling dans le moteur de la Défense si l’armée de Sa Sainte Majesté veut rester dans les bons élèves…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) lire aussi : La recherche de défense européenne en panne d’investissement