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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 2 hours 46 min ago

Attaque au Soudan du Sud dans une base des Nations unies

Fri, 19/02/2016 - 19:41

(B2) Des hommes armés ont ouvert le feu sur des civils réfugiés dans la base des Nations unies de Malakal au nord du pays, jeudi 18 février, tuant au moins 18 personnes, dont deux employés de Médecins sans frontières (MSF), annonce l’organisation humanitaire dans un communiqué.

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Le Pentagone confirme officiellement un raid aérien en Libye près de la frontière tunisienne

Fri, 19/02/2016 - 16:53

(B2) Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a officiellement confirmé qu’il y avait bien eu des frappes, ce matin (19 février), menées lors d’un raid aérien américain en Libye, près de Sabratha (à l’ouest de la Libye, près de la frontière tunisienne). Les frappes ciblaient un des camps d’entraînement de l’organisation de l’Etat islamique (ISIL/Daesh), et particulièrement, le Tunisien Noureddine Chouchane (alias) « Sabir », soupçonné d’être impliqué dans l’attaque du musée de Bardo à Tunis, en ayant fourni la logistique des auteurs de l’attentat. « Cette frappe démontre que nous irons chercher ISIL là où c’est nécessaire, utilisant toute la gamme de moyens à notre disposition » ajoute Peter Cook.

Early this morning the U.S. military conducted an airstrike in Libya targeting an ISIL training camp near Sabratha and Noureddine Chouchane, a.k.a. « Sabir, » a Tunisian national who was an ISIL senior facilitator in Libya associated with the training camp.    (…) Destruction of the camp and Chouchane’s removal will eliminate an experienced facilitator and is expected to have an immediate impact on ISIL’s ability to facilitate its activities in Libya, including recruiting new ISIL members, establishing bases in Libya, and potentially planning external attacks on U.S. interests in the region. We are assessing the results of the operation and will provide additional information as and when appropriate. This strike demonstrates we will go after ISIL whenever it is necessary, using the full range of tools at our disposal.

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Non je ne regrette rien… Et je le referai volontiers (Louis Michel)

Fri, 19/02/2016 - 14:27

(B2) Sur la RTBF ce matin, après la rubrique ‘Café serré’ de Alex Vizorek, Louis Michel est revenu sur l’esclandre qu’il avait provoqué au Parlement européen sur la loi danoise. Interrogé pour savoir s’il regrettait … 

« Non… Et je le referai volontiers. Le débat devenait soporifique, les 2 ministres (danois) lisaient de manière niaise des réponses qui n’étaient en fait pas destinées aux questions. J’avais demandé la parole. Me Gal m’a ignoré. Et alors çà… ignorez un parlementaire, quand on débat des valeurs européennes. je trouve que c’était le déshonneur du parlement, c’était vraiment business as usual. Ce n’était vraiment pas accetable ».

Ecoutez ici  Un moment à déguster car l’humour de Alex Vizorek est savoureux…

Lire : Le coup de gueule salutaire de Big LouLou sur la loi danoise

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Syrie. Des habitants hagards, plus maigres que nature (PAM)

Fri, 19/02/2016 - 13:02

Convoi sur la route de Syrie (crédit : PAM / ONU)

(B2) Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a annoncé jeudi avoir fourni de la nourriture à plus de 80.000 personnes prises au piège dans cinq villes syriennes assiégées. Plusieurs convois de véhicules de différentes agences de l’ONU, accompagnés du Croissant rouge syrien, sont ainsi arrivés mercredi soir à Moadamiyeh, Zabadani et Madaya, dans la zone rurale de Damas, et à Foua et Kafraya, dans la zone rurale d’Idlib.

Des habitants qui ont survécu en mangeant de l’herbe

Sur place, à Moadamiyeh, l’équipe humanitaire sur le terrain « a vu des personnes ayant une apparence maigre et hagarde et des enfants qui semblaient trop petits pour leur âge. A Moadamiyeh, qui a été inaccessible pendant plus d’un an et demi, les civils ont survécu en consommant de l’herbe et grâce aux quantités limitées de riz, qui se vend à des prix cinquante fois plus élevés qu’à Damas » raconte le PAM (pourtant situé seulement à quelques kilomètres).

Une percée humanitaire

« Cela marque une percée humanitaire majeure en Syrie, mais il faut se rappeler que les convois ponctuels et sporadiques ne peuvent qu’apporter un secours temporaire aux personnes désespérées souffrant de la faim » souligne Jacob Kern, le directeur du PAM en Syrie. « Les populations ont besoin de se nourrir tous les jours. Nous espérons pouvoir poursuivre ces distributions et continuer à apporter de l’aide aux personnes les plus vulnérables dans toutes les régions du pays. »

(NGV)

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L’Europe au bord de la crise de nerfs

Thu, 18/02/2016 - 12:26

(B2) Le sommet européen, qui se tient ces jeudi et vendredi (18 et 19 février) à Bruxelles, se tient sur fond de crises multiples. Que fait-on ensemble ? semblent s’interroger les Européens (*).

La crise des réfugiés, des frontières, le Brexit, le conflit dans la Syrie voisine… sont en passe de faire sauter les dernières digues politiques de la solidarité européenne. Si l’Europe a connu jusqu’ici nombre de crises, la fragmentation est aujourd’hui très affirmée entre les pays : ceux du nord, et du sud, de l’est et de l’ouest. La tentation du chacun pour soi est forte. Les Chefs d’Etat et de gouvernement n’auront pas trop de nombreuses heures, et d’une nuit, entre jeudi et vendredi, pour tenter de recoller les morceaux de crises qui semblent les dépasser. De multiples réunions précéderont le sommet : dès ce soir, avec les pays des Balkans, jeudi midi avec la Turquie (1). Signe d’une extrême tension.

Inquiétude pour les frontières

La crise des migrants et des réfugiés inquiète en effet. Les frontières sont soumises à une forte pression extérieure. Chacun redoute le retour du printemps, avec des arrivées, encore plus importantes qu’aujourd’hui par la Méditerranée. L’Europe incapable de défendre ses frontières en est réduite à demander l’aide de l’OTAN et des Turcs pour surveiller ses frontières.

Le plan Juncker grippé

Le plan ‘Juncker’ de gestion en commun de la crise a pris l’eau. Basé sur un triptyque – accueil, relocalisations, retours – il est pour l’instant grippé. Les centres d’accueil et de tri (hotspots) prévus à l’origine ne fonctionnent pas encore tous. Un peu tardivement, Athènes a cependant mis les bouchées doubles ces dernières semaines. L’armée a ainsi été appelée à la rescousse. Et le Premier ministre grec Alexis Tsipras espère bien arriver à Bruxelles en disant : j’ai fait le job, à vous de faire le vôtre.

La relocalisation ratée

Mais la relocalisation des réfugiés, arrivés en Grèce et en Italie, vers les autres pays européens, reste bloquée. Selon le dernier bilan dressé, 500 personnes seulement ont été relocalisées  alors que l’objectif était fixé à un peu plus de 100.000 personnes ! Les expulsions des migrants non acceptés comme demandeurs d’asile se heurtent aux réalités. L’Union européenne n’a pas signé beaucoup d’accords de réadmission. Et les pays qui ont signé un tel accord, comme le Pakistan, jouent au chat et à la souris. Islamabad a ainsi renvoyé vers l’Europe plusieurs avions chargés d’expulsés.

Au bord de l’explosion

La Zone Schengen est ainsi au bord de l’explosion. La Grèce a été sommée par ses partenaires et la Commission européenne de mieux surveiller ses frontières maritimes. Faute de quoi, certains pays pourraient être autorisés à rétablir leurs frontières. La difficulté c’est que la Grèce n’a pas de frontières terrestres communes avec d’autres pays de la zone Schengen. C’est donc toute la zone des Balkans qu’il faudrait surveiller. C’est ce que proposent ainsi les pays d’Europe de l’Est. Réunis à Prague, lundi, les dirigeants polonais, hongrois, tchèque et slovaque ont convenu qu’il fallait préparer un « plan B » pour surveiller les frontières dans les Balkans.

L’accord turc plus que tout

Une solution que refuse, pour l’instant, Angela Merkel. La Chancelière allemande préfère miser sur l’accord conclu avec la Turquie pour retenir les réfugiés syriens chez elle. « Je me battrai de toutes mes forces jeudi et vendredi pour que le plan turco-européen soit le bon moyen ». L’enjeu du sommet est « de mettre une solution commune entre Européens et non d’avoir des solutions individuelles qui n’est pas la meilleure formule pour gérer la migration » résume le vice-premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders.

Une maxime qui pourrait s’appliquer à l’autre enjeu de la réunion : trouver une solution qui convienne à David Cameron pour l’inciter à voter en faveur du maintien dans l’Union européenne, lors du prochain référendum qui pourrait se tenir d’ici l’été. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a conçu un panier de solutions, permettant au dirigeant britannique de sortir la tête haute. Mais le consensus n’est pas encore parfait autour de la table. « Une dose de théâtre dans ce type de négociation est toujours nécessaire » ironise un diplomate chevronné de ces tours de table européens. Reste à savoir si ce paquet, qui ressemble à un savant dosage byzantin de concessions et de rappel des principes, convaincra le Britannique ordinaire de voter Oui. Pas sûr… « Nous n’avons pas de plan B, nous avons un plan A. La Grande-Bretagne restera dans l’Union européenne et sera un membre constructif et actif de l’Union », préfère argumenter le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Article publié dans Sud-Ouest, mercredi matin

(1) réunion annulée suite à l’attentat de Ankara.

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Attentat à Ankara. L’institution militaire visée

Wed, 17/02/2016 - 21:49

Le lieu de l’explosion en plein coeur du pouvoir turc (crédit : CNN Turc)

(B2) La capitale turque, Ankara, a été frappée en fin d’après-midi par un attentat qui visait clairement les institutions militaires.

Une voiture piégée a explosé au moment où passait un convoi de bus militaires, à quelques centaines de mètres de l’état-major des armées, du Parlement et des bureaux du Premier ministre Davutoğlu.

Le bilan qui faisait mention de quelques blessés au départ s’est rapidement alourdi au fil des heures. Le dernier bilan dressé par le porte-parole du gouvernement à 21h mentionne « au moins 28 personnes et 61 blessés ».

Très vite devant l’importance, en nombre, comme symbolique de l’attentat, Ahmet Davutoğlu a annulé sa venue à Bruxelles pour le mini-sommet prévu jeudi sur la crise migratoire avec plusieurs dirigeants européens. Et les messages de condoléances sont arrivés de différentes capitales en Europe.

Jens Stoltenberg (OTAN) : la solidarité de l’Alliance Atlantique

I strongly condemn the terrorist attack which struck at the heart of Ankara tonight, targeting buses carrying military personnel‎. I offer my deepest condolences to the families of those killed and to the Turkish people. My thoughts are also with those who have been wounded. There can be no justification for such horrific acts. NATO Allies stand shoulder to shoulder in the fight against terrorism.

Federica Mogherini et Johannes Hahn (CE) : « les condoléances de l’Union européenne »

Another terrible attack hit the centre of Ankara tonight. The EU extends condolences to the families of the victims killed in the attack and wishes a speedy recovery to those injured. Our fullest sympathy goes to the Turkish people and authorities. We are with Turkey and its people in these difficult times and stand by all those who suffer from the consequences of such violence, and of terrorism.

Paris, François Hollande : « un attentat odieux »

Le Président de la République dénonce l’odieux attentat qui a fait de très nombreuses victimes à Ankara ce soir. Il adresse aux autorités turques et au peuple turc son soutien et toute sa solidarité devant cette nouvelle épreuve.

Berlin, Frank-Walter Steinmeier : « choqué (par cet) acte lâche« 

Ich bin erschüttert über die Nachricht, wonach erneut eine Explosion in der Türkei zahlreiche Menschenleben gefordert hat. Wir kennen die Einzelheiten noch nicht. Aber wenn sich Medienberichte bestätigen sollten, dass es sich um einen Terroranschlag handelt, wäre das ein neuerlicher feiger Akt der Gewalt in der Türkei. Mein tiefes Mitgefühl gilt den Angehörigen der Opfer. Den vielen Verletzten wünschen wir baldige Genesung.

Les autorités turques n’ont pas indiqué vers qui se portaient leurs soupçons. Le PKK kurde est bien entendu soupçonné, s’étant dans le passé, illustré dans des attaques contre les symboles de l’Etat turc. Mais l’organisation de l’Etat islamique (Daech / ISIS) pourrait aussi être impliquée. Pour le pouvoir turc, cet attentat pourrait ainsi justifier la poursuite de ses offensives en Syrie.

(NGV)

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Les premières frappes néerlandaises en Syrie

Wed, 17/02/2016 - 20:00

(crédit : MoD Pays-Bas)

(B2) Les F-16 néerlandais ont frappé pour la première fois dans l’est de la Syrie, selon le dernier bilan des opérations dressé mardi (16 février) par les forces néerlandaises. Les F-16 ont mené « 10 missions de vol en Irak et en Syrie, visant des positions de combat, des moyens militaires et des objectifs stratégiques de ISIS » l’organisation de l’Etat islamique (Daech). La Chambre basse du Parlement néerlandais a voté, mercredi dernier (10 février), pour l’extension de la mission des F-16 néerlandais, basés en Jordanie, à la Syrie.

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La turlutte turque

Wed, 17/02/2016 - 18:55

(B2) Les bombardements russes, et turcs, continuent au nord de la Syrie. Mais, invariablement, les premiers suscitent des condamnations des Européens, qui fusent immédiatement. Tandis que les seconds suscitent un silence, à peine embarrassé.

Embarras dans les capitales européennes

Ce mercredi, veille de sommet européen, le décalage est frappant. Interrogé par des journalistes, un haut diplomate européen a confié que « pour certains dirigeants (européens), les bombardements russes en Syrie sont quelque chose de préoccupants. Car cela contribue au flux de réfugiés ». Bizarrement, aucun commentaire sur les bombardements turcs dans les zones kurdes. L’explication tient en un seul mot : l’Europe a besoin de la Turquie comme… le thé a besoin d’eau.

Notre ami turc reçu au café autrichien

Le Premier Ministre turc Ahmet Davutoğlu doit normalement (*) se rendre en visite officielle à Bruxelles ce jeudi (18 février) reçu avec tous les honneurs : rencontre bilatérale avec le président du Conseil européen, Donald Tusk et avec le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avant une rencontre multilatérale organisée à la représentation autrichienne, avec les dirigeants de neuf pays (dont le président français François Hollande) autour de la question des réfugiés.

Ne pas parler de sujets qui fâchent

L’échange de questions réponses entre la presse et les portes paroles de la Commission européenne au rituel point de midi est un moment du genre. Interrogée par notre collègue de l’agence Europe, la porte-parole de la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, n’a pu que reconnaitre que « il n’y avait pas eu de contact entre le Service diplomatique européen et les autorités turques depuis la discussion de Münich ». Quant au porte-parole en chef du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, Margaritis Schimas, titillé par les journalistes, il a très vite évacué le sujet, soulignant que l’enjeu principal des discussions entre son chef et le leader turc ne portait pas sur des questions de politique étrangère. Une seule crise à la fois…

Un axe Ankara – Bruxelles

Le mot d’ordre est le même dans toutes les capitales européennes, de Prague à Berlin, en passant par Paris, Rome ou Bruxelles : l’axe de la politique européenne passe aujourd’hui par Ankara qui devient de fait l’allié le plus précieux du moment sur la crise des réfugiés. Il ne faut donc pas s’étonner que les différents responsables européens ne veulent d’aucune façon se prononcer sur les quelques actions militaires menées en zone kurde syrienne par leur ami turc. Et peu importe si les Kurdes, normalement les alliés au sol des Américains et des Français dans leur lutte contre Daech, en pâtissent sur le terrain. C’est la guerre…

Objectif : endiguer le flux des réfugiés

Endiger le flux — Stemming the flow en bon français comme l’a déclaré un diplomate hexagonal — est en effet devenu la première préoccupation des leaders européens. Les Européens ont déjà promis à la Turquie un paquet de 3 milliards d’euros. Ce qui, en soi, n’est pas énorme pour accueillir aujourd’hui plus de 2 millions de réfugiés (demain 3 millions voire plus). Ils ont promis de rouvrir les négociations d’adhésion — ce qui ne coûte pas cher non plus, car personne ne dit quand elles seront fermées —. Mais la Turquie doit mettre la main à la pâte maintenant sur les réfugiés : en gros ouvrir ses frontières en Syrie, nourrir et donner du travail sur son sol aux demandeurs d’asiles… et les garder et fermer ses frontières côté européen.

Conclusion : les Turcs peuvent continuer à bombarder gentiment les zones kurdes en Syrie tant qu’ils ne se font pas « pincer » par la chasse aérienne russe. Ce qui serait alors un autre sujet de discussion … un peu plus sérieux.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Maj – Une rencontre qui a été remise en cause ou reportée, après l’attentat à Ankara contre un véhicule transportant des militaires ce mercredi.

 

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Un hôpital en Syrie… Boum boum… plus d’hôpital. Un vrai nettoyage du territoire

Tue, 16/02/2016 - 13:57

(crédit : MSF)

(B2) Tenir un hôpital aujourd’hui en Syrie n’est plus un acte neutre. C’est devenu presque un acte de courage. Sensés être des lieux neutres, où les personnes de tous bords peuvent être soignées, les centres de soins et hôpitaux sont devenus des cibles délibérément visées notamment par le régime syrien. Ce n’est pas souvent des dégâts collatéraux. C’est un objectif délibéré, destiné à éliminer — comme pour les boulangeries et les écoles — toute possibilité d’une vie normale, et faire fuir la population. C’est une sorte de nettoyage général, la politique de la terre brûlée. Pas moins de quatre hôpitaux dans les provinces d’Idlib et d’Azaz ont été visés lundi (15 février). « Ces attaques meurtrières contre des installations médicales et les écoles à Alep et Idlib dans le nord de la Syrie sont totalement inacceptables » a déclaré le commissaire européen à l’Aide humanitaire, Chrystos Stylianides.

Un hôpital de MSF détruit

Un hôpital soutenu par Médecins sans frontières a quasiment été totalement détruit lundi à Ma’arat Al Numan. Il a été touché par « quatre roquettes au cours de deux séries d’attaques menées à quelques minutes d’intervalle » souligne MSF dans un communiqué. « Sept personnes ont été tuées: cinq patients, un accompagnant et un des gardiens de l’hôpital. Huit membres du personnel sont également portés disparus, supposés décédés. D’autres patients manquent à l’appel, sans qu’on en connaisse encore le chiffre exact ». Cet hôpital de 30 lits employait 54 personnes et recensait deux blocs opératoires, un service de consultations externes et une salle d’urgences. « Le service de consultations externes accueillait environ 1 500 patients par mois, la salle d’urgences opérait en moyenne 1 100 consultations par mois, et environ 140 opérations de chirurgie orthopédique et générale étaient effectuées chaque mois dans les blocs opératoires » indique l’ONG

Un tiers des structures sanitaires hors d’état

« Un tiers des hôpitaux ne fonctionnent plus en Syrie » souligne la Haute représentante de l’UE Federica Mogherini. « Et près de la moitié des médecins de la Syrie ont été contraints de fuir, laissant de grandes parties du pays presque entièrement coupées de toute forme d’assistance médicale ». Et la chef de la diplomatie européenne de rappeler que selon les « récents accords conclus à Munich et à Genève, nous nous attendons à ce que toutes les parties au conflit ne prennent pas pour cible des civils et des infrastructures civiles. » « Des civils innocents ont déjà tant souffert dans cinq années de ce conflit sanglant. Ils doivent être protégés ! ».

(NGV)

Lire aussi : Russes et Américains alliés objectifs en Syrie

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Epidémies, catastrophes… Le ‘Corps médical européen’ pourra désormais répondre

Mon, 15/02/2016 - 22:45

Elément de Sécurité Civile Rapide d’Intervention Médicale) est l’hôpital de Equipe Medicale de Escrim (hopital campagne projetable de la Sécurité Civile française) – Crédit : Escrim / CE

(BRUXELLES2) Un Corps médical européen capable d’intervenir rapidement en cas de risque épidémique, en Europe ou dans le monde. L’idée n’est pas neuve. Elle traînait depuis des années dans les esprits des ‘urgentistes’ comme de certains responsables européens. Cette initiative vient d’être concrétisée lundi (15 février) par la Commission européenne.

La crise d’Ebola catalyseur

La crise Ebola a été un catalyseur de ce projet. Il a fallu rapidement déployer du personnel médical, du matériel en nombre. Un défi « sur le plan de la logistique et de la gestion » comme on le juge à la Commission. Fin 2014, la France et l’Allemagne proposent une initiative dite des ‘Casques blancs’. Elle est reprise et détaillée aujourd’hui sous forme d’une action du mécanisme européen de protection civile. L’objectif reste le même : « Pouvoir déployer rapidement des équipes et du matériel pour fournir une assistance médicale et une expertise en matière de santé publique, dans des situations d’urgence, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Union européenne ».

Qui va fournir les équipes ?

Ce sont les États membres de l’UE qui mettent à disposition un ou plusieurs équipes de spécialistes d’urgence. Une équipe comprend des médecins, infirmiers, aide-soignants, secouristes, des experts en surveillance et en coordination médicales, des équipes d’appui logistique ainsi que, le cas échéant, des laboratoires de biosécurité mobiles, des capacités d’évacuation sanitaire. De façon pratique, les équipes restent dans leur Etat membre vaquant à leurs tâches. Elles sont simplement mobilisables en cas d’urgence. C’est ce qu’on appelle une réserve opérationnelle.

Comment ces équipes sont sélectionnées ?

Pour pouvoir intégrer le Corps médical européen, les équipes doivent se soumettre à une procédure de certification. Objectif : garantir qu’elles satisfont à des critères de qualité stricts et sont formées selon les mêmes standards pour pouvoir travailler ensemble ou s’intégrer dans le cadre d’une opération internationale de secours. Une fois la certification obtenue, l’équipe médicale concernée est intégrée au Corps médical européen et devient disponible pour un déploiement dans le cadre d’opérations de réaction d’urgence de l’UE.

Quels pays participent au Corps médical européen ?

A la date du 15 février, 9 pays ont indiqué qu’ils participeraient : les Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), l’Allemagne, et la France, les nordiques (Finlande et Suède), la République tchèque et l’Espagne. Le dispositif reste ouvert à d’autres participants. « Tout autre pays participant au mécanisme (*) de protection civile de l’UE peut mettre des équipes et des moyens médicaux à la disposition du Corps médical européen » précise-t-on à la Commission européenne.

En tout 12 équipes sont aujourd’hui disponibles (selon le dernier état des lieux publiés, voir ci-dessous) : 4 équipes médicales d’urgence (France, Allemagne, Espagne, Rep. Tchèque), 5 équipes logistiques (Allemagne, Suède, Finlande, Pays-Bas), 2 laboratoires mobiles (Allemagne, Belgique) et 1 équipe d’évacuation médicale (Luxembourg).

Comment cela est coordonné ?

Une fois la certification obtenue, l’équipe médicale concernée est intégrée au Corps médical européen et devient disponible pour un déploiement dans le cadre d’opérations de réaction d’urgence de l’UE. Ce déploiement est normalement coordonné par le Centre de coordination de la réaction d’urgence (CERU) basé à la Commission européenne (Lire : La salle de danse devient … un PC 24/24 pour la protection civile européenne). Mais la décision de déployer les équipes est toujours une décision de l’Etat membre concerné, qui peut ainsi décider d’envoyer, ou de ne pas envoyer son équipe sur une zone d’urgence.

Comment cela se passe sur le terrain ?

La coordination des équipes passe par la plateforme de coordination générale mise sur pied pour l’urgence en question, soit sous la direction d’un pays touché, soit dans le cadre du système de coordination des Nations unies (OCHA ou autre organisation).

Qui finance ?

Le budget européen contribue à la fois à la sélection et la préparation des équipes (formation, exercices, adaptation matériel d’astreinte…) et au financement des déplacements en cas d’urgence sur la zone d’opérations (85% des coûts éligibles sont pris en charge).

Quel est l’avantage alors ?

Avoir des équipes déjà constituées, prêtes à partir, assez homogènes, avec des matériels et des équipes bien identifiées. Ce qui permet d’éviter ce que l’on constate, dans chaque catastrophe, l’arrivée sur le terrain d’équipes certes compétentes et motivées, mais qui ne sont pas du tout conçues sur le même mode organisationnel et, parfois, mettent plus de désorganisation dans les secours que d’efficacité… (cf. à Haïti notamment). L’intégration de ces équipes et de ces experts dans un seul Corps médical européen va accroitre « de manière significative la disponibilité de médecins et de matériel médical lorsque des situations d’urgence se présenteront » souligne-t-on dans les services du commissaire Stylianides, en charge de l’Aide humanitaire à la Commission. Elle permettra « également de mieux planifier et préparer la réaction à de telles situations ». Autre avantage (non négligeable pour les Etats) : la prise en charge de certains coûts par l’Union européenne.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire sur l’opération Ebola

(*) Plusieurs pays non membres de l’UE participent, notamment l’Islande et la Norvège, la Serbie, le Monténégro, et l’ancienne République yougoslave de Macédoine (Fyrom). La Turquie devrait y participer prochainement.

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8 ans après. L’équipe de B2 prête à une nouvelle aventure

Mon, 15/02/2016 - 09:30

(B2) L’équipe de B2 est désormais au complet. On passe d’un fonctionnement à 1 ou 2 personnes à Bruxelles à un fonctionnement plus structuré : 3 permanents entre Paris et Bruxelles, 1 à Strasbourg. Et d’autres journalistes devraient venir nous rejoindre, reporters ‘terrain’ ou spécialistes des affaires de défense, à Paris ou Berlin, pour nous apporter leur savoir-faire et leur expertise. Nous sommes ainsi parés pour naviguer dans l’horizon 2016. Avec une nouveauté depuis ce vendredi, notre Café diplomatique… enregistré, en direct, du SEAE. Une petite première… pour tous.

Porter le fer

Le temps du mono-journaliste et d’over-blog parait un peu loin. Mais l’esprit reste inchangé. Il s’agit de creuser l’information, de ne pas hésiter à porter le fer sur la plaie, si nécessaire, mais aussi de ne pas jeter de l’huile sur le feu, pour le plaisir. Nous sommes critiques. Mais nous voulons aussi mettre en exergue, les vraies réussites de l’Europe. Il y en a ! Malgré les sirènes, nombreuses, assez défaitistes qui se font entendre. Et nous n’hésiterons pas à le faire envers et contre tout et tous.

Un média qui s’est fait tout seul

B2 n’a pas l’habitude de s’auto-décerner des fleurs. Mais ce n’est pas tous les jours que partant de zéro, sans un gramme de subvention, sans un « gros » média ou une plateforme internet en appui, qu’on peut arriver à un résultat. Cela n’aurait pas pu être réussi sans nos lecteurs fidèles, ceux qui ont adhéré à l’association, se sont abonnés dès le début, nous ont envoyé des signes d’encouragement ou des commentaires utiles, sans la petite équipe administrative qui soutient le navire. Cela montre sans doute qu’à force de patience, d’effort, de travail, on peut créer un média européen qui a un intérêt car il est en prise avec son lectorat, et non flottant sur une idée…

Scoops et influence

Jour après jour, B2 bâtit ce que dans d’autres horizons, on appellerait des scoops. Nous avons ainsi fait le tour des capitales sur l’application de la clause de défense mutuelle. Ce qui nous a permis d’affirmer, preuves à l’appui, que si la première réponse a été notable, au bout d’un trimestre, cette clause a été un semi-flop. La coopération néerlando-germanique, nous l’avons annoncé 24 heures avant que la ministre néerlandaise ne l’annonce à sa propre assemblée. Pour un média non néerlandophone…, je serai tenté de pousser un petit cocorico. Tous les jours, nous informons ainsi nos lecteurs en avant première.

Décryptage et pédagogie

Mais ce n’est qu’une petite part de notre travail. Nous voulons surtout décrypter, précéder, donner des pistes aussi pour rendre plus efficace cette politique européenne. Notre encyclopédie en ligne compte aujourd’hui près de 80 fiches-mémo et plus d’une trentaine de dossiers d’actualité, qui permettent d’avoir une ‘belle vue d’ensemble’ de cette politique européenne, d’apporter à chacun, néophyte comme connaisseur, toutes les clés pour comprendre. Et cela va être encore développé avec l’arrivée d’un ‘ptit’ nouveau dans l’équipe, Lucas, chargé justement de tous les outils ‘pédagogiques’.

Last but… le reportage

B2 n’a pas été conçu uniquement pour faire que du décryptage du dossier ou parcourir les couloirs moquettés de « Bruxelles ». Nous aimons bien aussi parcourir l’asphalte, le sable, ou la boue, partageant avec les missions européennes de maintien de la paix déployées dans plus d’une quinzaine de pays, leurs espoirs, leurs difficultés, leurs frustrations comme leurs succès. Cela nous permet de passer de la théorie à la pratique. Nous sommes ainsi un des rares médias européens à parcourir le terrain extérieur. D’où le nom de Bruxelles 2 (ou Bruxelles Bis qui est le Bruxelles non officiel).

Critique et proposition

Nous avons toujours à coeur de respecter un certain équilibre : la préservation de notre indépendance, la nécessaire expertise pour ne pas nous faire ‘balader’ (nous avons développé nos propres instruments d’analyses sur la piraterie, sur la PSDC… nous permettant d’avoir une vision non polluée par des effets de com’). Nous aimons bien aussi mettre notre grain de sel, là où cela fait mal mais aussi proposer des pistes de solution. Un ancien haut responsable européen me disait récemment combien il avait apprécié, durant ses fonctions, notre esprit « parfois très critique mais toujours positif ». Sans doute un des plus beaux compliments pour nous. B2 fête aujourd’hui ses huit ans et l’aventure continue…

(NGV)

Vous voulez nous soutenir, c’est Ici

Lire aussi : il y a 8 ans : Création du blog « Bruxelles2 »

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Au café diplomatique… La première !

Fri, 12/02/2016 - 19:15

B2 est heureux de vous présenter « le café diplomatique », sa première émission sur le prochain Conseil des Ministres des Affaires étrangères coproduite avec nos amis de viEUws. Une émission enregistrée — c’est une première, dont on n’est pas peu fier ! — en direct du Service diplomatique européen (SEAE) qui a bien voulu nous ouvrir les portes. Vous voulez en connaitre plus, écoutez, regardez, partagez…

Vous pouvez aussi regarder la video sur le site de viEUws

Lancé en 2010, viEUws est déjà réputé pour la production et la diffusion d’interviews sur les principaux sujets européens : énergie, environnement, agriculture, commerce extérieur, etc.

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Le SNMG2 prêt à réagir en Méditerranée face à la crise des migrants

Thu, 11/02/2016 - 18:05

Le SNMG n°2 déployé en Méditerranée (Crédit : OTAN / Marcom)

(B2) L’OTAN n’aura pas trop de difficulté pour mettre sur pied une force maritime en mer Egée afin de surveiller les côtes turques (lire : Les navires de l’OTAN en mer Egée. Merci Angela !). Elle s’y trouve déjà ! Le groupe maritime permanent de l’OTAN n°2 (en abrégé, SNMG2) est en effet actuellement dans la zone.

Sous commandement allemand

 

Et le hasard fait bien les choses… Il est placé sous commandement allemand, avec une composition turque. Ce qui correspond bien à l’esprit de l’initiative lancée par la Chancelière Angela Merkel et son homologue turc Hamet Davotoglu. Et aux conditions posées par la Grèce pour l’acceptation de cette mission (lire papier à suivre).

Trois navires

Le contre-amiral Jörg Klein a, en effet, sous son commandement trois navires : le navire de soutien allemand FGS Bonn (A-1413) — qui sert de navire amiral —, la frégate turque TCG Barbaros (F-244) — fabriquée dans les chantiers navals allemands de Hambourg — et la frégate canadienne NCSM Fredericton (FFH-337).

Il vient tout juste de terminer une série d’exercices en mer (interdiction maritime, recherche et sauvetage en mer, défense aérienne et sous-marine, tir direct sur cible etc.) avec une task force turque composée de plusieurs navires : une frégate (le TCG Gökçeada), deux patrouilleurs rapides (le TCG Mizrak et le TCG Zipkin ), une corvette (TCG Bodrum) et un sous-marin (le TCG Atilay). Le tout soutenu par une série de sorties aériennes effectuées par des chasseurs F-16 de la Force aérienne turque.

(NGV)

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Les navires de l’OTAN en mer Egée. Merci Angela !

Thu, 11/02/2016 - 15:00

Un navire de l’OTAN traçant sa route en Méditerranée (crédit : OTAN / Active Endeavour)

(B2) Les réfugiés et passeurs vont pouvoir dire merci à Angela Merkel (la chancelière allemande), Ahmet Davutoğlu (le premier ministre turc) et à l’OTAN. Ils auront désormais à leur porte non seulement l’entrée dans l’espace Schengen mais une sorte de pont maritime vers l’Europe. Une OTAN assistance.

La décision prise aujourd’hui par les ministres de la Défense de l’Alliance atlantique, réunis à Bruxelles, du lancement d’une mission maritime, en mer Egée, au large des côtes turques est certes intéressante. Mais elle risque d’avoir l’effet inverse de celui recherché et de devenir un véritable aspirateur à migrants.

Un aveu de faiblesse européen

L’objectif affiché — contribuer à sécuriser les frontières turques et venir au secours des réfugiés et migrants — est louable. Il n’y a pas trop de navires dans la zone, effectivement. L’idée évoquée un moment par Jean-Claude Juncker d’avoir des patrouilles conjointes gréco-turques a fait long feu. Tandis que l’appel de l’agence Frontex à davantage de moyens maritimes sur la zone n’a pas vraiment rencontré les effectifs espérés. Dans le même temps, les passages ne diminuent pas.

On ne peut cependant s’empêcher de penser que l’appel à l’OTAN ressemble à un aveu de faiblesse généralisée des Européens, incapables d’avoir un minimum de solidarité et de discipline sans le parapluie américain, et d’avoir un peu de fermeté par rapport à Ankara.

De multiples raisons à l’engagement, pas toutes avouables…

Il ne faut pas se leurrer cependant. Si pour l’Allemagne et de nombreux pays européens, il est important d’arrêter le flux des réfugiés et migrants, le plus tôt possible. Si pour la Grèce, il est important d’avoir une assistance plus notable que celle donnée par les Européens, il y a d’autres motifs plus géopolitiques à un tel déploiement.

Cela fait plusieurs années aussi que la Turquie cherche à impliquer davantage l’Alliance dans la protection de ses frontières et dans le conflit latent qu’elle a avec le gouvernement syrien. L’engagement russe, devenu plus opérationnel ces derniers mois en Syrie (du type opération extérieure et non pas seulement soutien en conseils et munitions), n’avait pas suffi à convaincre ses partenaires de se ranger délibérément à ses côtés. La crise des réfugiés fournit aujourd’hui une bonne opportunité à chacun pour avancer.

Cela fait longtemps aussi que l’Alliance atlantique songe à relancer son opération maritime en Méditerranée, Active Endeavour, instaurée depuis les attentats de New-York et Washington de septembre 2001, qui cherchait un second souffle. Sa présence maritime en mer via les groupes permanents maritimes (SNMG*) manquait d’un objectif plus politique. Il faut ajouter à cela la dynamique russe, désormais plus agressive à l’est, en Ukraine comme dans le Caucase. Le renforcement maritime en Méditerranée orientale serait ainsi le versus maritime du renforcement terrestre décidé aujourd’hui par l’OTAN et qui sera endossé au sommet de Varsovie.

De nombreux problèmes à résoudre

Le plus difficile commence maintenant. La marine de l’OTAN va être confrontée aux mêmes problèmes que les autres déploiements en cours, de l’UE en Méditerranée ou de l’OTAN dans l’Océan indien. Mais avec une dimension supplémentaire : les eaux de la mer Egée sont souvent des eaux territoriales – grecque ou turque. Elles engendrent des obligations ou des difficultés tout aussi importantes qu’une action en haute mer.

Que faire si des réfugiés accostent un navire de l’OTAN ? Comment va s’organiser le secours en mer (SAR) ? Les « naufragés » seront-ils refoulés et reconduits en Turquie ? Ou seront-ils accueillis ? Les « naufragés » auront-ils le droit de déposer une demande d’asile directement à bord de ces navires auprès de l’Etat du pavillon ? Etc.

Va se poser également toute une série de questions sur la poursuite des trafiquants d’êtres humains. Comment appréhender les trafiquants ? Et à qui les traduire ? Sous l’égide de quelle loi ? Qui va fournir les premiers éléments d’instruction ? Seront-ils conformes aux critères habituels des droits de l’Homme ?

Aux questions juridiques se superposent souvent des questions plus politiques voire médiatiques. Que va-t-il surtout se passer quand une mère ou un enfant s’accrocheront pour ne pas être refoulés en Turquie ? Pourra-t-on refouler en Turquie des réfugiés se disant kurdes et persécutés en Turquie ? Qui va instruire ces demandes, etc.

Toutes ces questions seront d’autant plus cruciales que certains pavillons (le pavillon allemand…)  risquent d’être plus courus que d’autres et… qu’il reste le poids de l’histoire malgré tout. Je n’ose imaginer la photo d’un marin allemand obligé de refouler en Turquie un bateau de réfugiés …

Une mission vraiment efficace ?

A l’instar d’un diplomate chevronné d’un pays membre de l’OTAN, on peut donc s’interroger sur l’opportunité et l’efficacité d’une telle mission « S’il s’agit d’empêcher le départ de migrants. En quoi  ce serait plus facile qu’un contrôle sur la terre ferme. En quoi les patrouilles maritimes de l’OTAN se distingueraient de Mare Nostrum, qui a été reconnue comme une erreur… »

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Le SNMG 2 (Standing NATO Maritime Group) qui est sous commandement allemand est actuellement dans la zone.

Lire aussi : Une initiative germano-turque. Que l’OTAN s’implique dans la surveillance des migrations

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Les Six se rebiffent !

Tue, 09/02/2016 - 22:33

(B2) Les six pays fondateurs de l’Union européenne (1) viennent d’approuver ce mardi (9 février) à Rome une déclaration intitulée « Tracer la voie à suivre » afin de « renforcer la cohésion dans l’Union européenne ». Les Six affirment être très « préoccupés par l’état du projet européen ». Mais ils affirment leur volonté de « lutter pour des solutions européennes » et notamment vouloir poursuivre le travail européen d’une « union sans cesse plus étroite ». Une sorte de réponse à ceux qui prônent une union plus lâche.

Une fois n’est pas coutume, B2 retranscrit de façon intégrale cette déclaration qui est, en soi, plus qu’un ultime rappel de certains principes connus mais pourrait amorcer d’autres engagements dans l’avenir.

Alors que l’Europe se rapproche du 60e anniversaire du traité instituant la Communauté économique européenne, le 25 mars 2017, nous sommes préoccupés par l’état du projet européen. En effet, il semble faire face à une période très difficile. Dans ces moments critiques, nous, en tant que membres fondateurs, nous sentons particulièrement appelés.

Une union sans cesse plus étroite

Nous ne devons pas oublier que l’Europe a dû passer par les conflits violents et une histoire douloureuse avant de poursuivre la voie de l’intégration. Pour de nombreuses générations, l’Europe était simplement un rêve de paix et de compréhension, accompagné par l’espoir de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de la primauté du droit et de la solidarité sur le continent. Le projet européen nous a permis de faire de ces principes mêmes la fondation de notre coexistence en Europe. Ils ont été la base de notre sécurité, la stabilité et la prospérité. Ils sont aussi notre capital pour notre avenir commun. Nous croyons fermement que l’Union européenne reste la meilleure réponse que nous avons pour les défis d’aujourd’hui et permet différents chemins de l’intégration. Nous demeurons résolus à poursuivre le processus créant une union sans cesse plus étroite entre les peuples d’Europe.

Etre prêts à lutter pour des solutions européennes

L’Europe est un succès lorsque nous surmontons (nos) propres intérêts étroits dans l’esprit de solidarité. Nous devons être prêts à lutter pour des solutions européennes. L’UE est bien plus que la somme de ses 28 États membres. Cela vaut également pour la crise des réfugiés, un des plus grands défis auxquels l’Union européenne est actuellement confrontée. La priorité est de mettre pleinement en œuvre nos décisions communes avec efficacité et humanité. Une meilleure gestion des frontières extérieures de l’Union est essentielle pour rendre plus sûres sans entraver la fluidité du mouvement et de l’acquis de Schengen. L’Europe a besoin d’une approche équilibrée et géographiquement globale, fondée sur la solidarité et la responsabilité. Il est crucial de renforcer la coopération globale avec les pays d’origine et de transit, en vue d’endiguer les flux de migrants en situation irrégulière et à la lutte contre les causes profondes de la migration.

Les récentes attaques terroristes ont ciblé les valeurs fondamentales et les droits de l’homme qui sont au cœur de l’Union européenne – la solidarité, la liberté, y compris la liberté d’expression, le pluralisme, la démocratie, la tolérance et la dignité humaine. Tous les citoyens ont le droit de vivre à l’abri de la peur. Nos valeurs communes doivent être protégées et la violence et le racisme doivent être limitées. Il faut faire davantage pour prévenir la radicalisation et de développer un contre-récit. Cela signifie également la lutte contre les ennemis de nos valeurs fondamentales. Nous avons confirmé la nécessité de renforcer encore la lutte contre les menaces terroristes, en pleine conformité avec les droits humains et la primauté du droit.

L’Union un acteur mondial

Nous avons discuté du rôle que l’Union est appelée à fonctionner comme un acteur mondial. La nouvelle stratégie globale de l’UE sur la politique étrangère et de sécurité va doter l’Union d’une vision actualisée et des outils efficaces pour stimuler son action. Il mettra l’accent sur l’importance de la politique de sécurité et de défense européenne au cœur des engagements européens pour la paix et la stabilité dans le monde. Un voisinage démocratique, stable et prospère est une priorité stratégique et dans l’intérêt fondamental de l’UE.

Nous déclarons et confirmons notre engagement fort pour l’Europe et le projet européen et invitons tous les autres États membres à s’y joindre.

(1) Belgique, Allemagne, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas

Traduction effectuée par nos soins, les intertitres sont de la rédaction

Lire notre analyse :  God save the Queen ! L’Europe à la veille d’une révolution politique ?

 

Un général britannique quasiment à la tête d’une division française. Et vice-versa, oh my god !

Tue, 09/02/2016 - 11:25

(B2) Une division française commandée en second par un Britannique. Et vice-versa… C’est non seulement envisageable. Mais ce sera la réalité, d’ici quelques mois, selon nos sources.

Un général britannique, Nick Nottingham, va ainsi être nommé adjoint du commandant de la Première division de Besançon (ou Etat-Major de forces EMF n°1). Tandis qu’un général français fera le trajet inverse, devenant l’adjoint de la 1ère division de York (Angleterre) qui a 14.000 hommes/femmes sous ses ordres. C’est le premier échange de la sorte, à ce niveau opérationnel.

Il illustre pour Paris et Londres le rapprochement entamé depuis les accords de Lancaster House signés en novembre 2010 par Nicolas Sarkozy et David Cameron. Les Britanniques viennent d’entamer ce type d’échange avec l’US Army. Le général Michael Tarsa est ainsi devenu le premier Américain à être commandant en second de la 3e division britannique, nous apprend notre collègue du Telegraph qui titre avec humour « sacre bleu ! ».

(NGV)

God save the Queen ! L’Europe à la veille d’une révolution politique ?

Tue, 09/02/2016 - 07:00

Le musée Nemo à Amsterdam (© NGV / B2)

(B2) Les crises successives — la crise financière et économique, plus profonde que prévue, la crise des réfugiés et des migrants de Méditerranée, plus longue et intense qu’envisagée, la résurgence d’un terrorisme — secouent non seulement le bateau européen aujourd’hui mais ils l’interpellent également sur l’essence de la construction européenne et son avenir. Les prises de position s’enchainent. Les « pères » de l’Europe se succèdent, avertissant du drame qui se prépare. Tous plus tragiques que les autres. Dans une tonalité finalement assez défaitiste. Effectivement, l’Europe de « papa » est morte. Mais l’Europe n’est pas morte. C’est une vraie révolution, au sens géophysique, qui se profile effectivement. Elle est, pour l’instant, finalement douce, invisible. Mais insensible et continue. L’éloignement britannique, conçu de manière tactique par David Cameron pour s’imposer, apparait ainsi comme un nouveau symptôme qui pourrait tout autant être un déclencheur. Il pourrait revenir comme un boomerang à ses concepteurs, faire éclater l’Europe ou, au contraire, la faire repartir en avant…

Retour en arrière, c’était l’Europe de papa ?

Le temps de la construction par étapes est-il révolu ?

Revenons quelques années en arrière… avant la crise. L’Europe se construisait par strates successives à partir de politiques sectorielles, juxtaposées d’une certaine façon les unes aux autres : l’agriculture, les transports, le commerce des biens, figurent parmi ces politiques relativement intégrées… et réussies. Avec des à coups et des coups de mous. Mais bon an, mal an, cela avançait.

Le principe était assez simple : on bâtissait un cadre juridique avec, au besoin, des instruments financiers de soutien, et un ou deux instruments de pression. La construction se faisait alors par cercles concentriques. Un premier filet permettait d’empêcher de faire diverger les législations nationales et de commencer à les rapprocher. Puis par vagues successives (paquets de libéralisation, de réformes), le filet se resserrait permettant de compléter le dispositif, de manière à faire disparaitre les grosses divergences, avec un système d’auto-contrôle à peu près accepté (procédure en manquement, arrêt de la Cour, application).

Au fil des ‘incidents’ de parcours (catastrophes naturelles ou humaines, dérapages des Etats membres), on complétait ou réparait le dispositif en optant pour un système plus ou moins intégré. Et s’il y avait un problème, on le laissait de côté, reportant sa solution à plus tard, en espérant que le temps faisant son affaire. Une solution finirait par surgir, à la faveur d’une crise ou d’une bonne conjonction politique.

Un élargissement empirique

En parallèle, s’est poursuivi un élargissement géographique, assez désordonné, en fait. Il s’est déroulé en fonction des opportunités politiques : la fin des dictatures au Portugal, Espagne et Grèce ; le besoin de rejoindre un marché européen des nordiques, l’écroulement du mur de Berlin et l’ouverture des frontières entre l’Est et l’Ouest.

Chacun a adhéré pour des motifs, finalement assez différents, à la construction européenne. Les uns cherchant des débouchés économiques, les autres l’assurance d’un développement économique, loin de l’esprit politique des fondateurs. L’organisation européenne s’est adaptée à cette nouvelle donne mais uniquement au plan institutionnel (efficacité du mécanisme décisionnel, transposition des règles existantes…), pas au plan politique ni de la population.

Un château de cartes fragile

Ce dispositif s’est doublement écroulé à la fin des années 2010 tout d’abord car la construction intégrée s’est peu à peu stoppée. Le marché intérieur était réalisé, indiquait-on. Nul besoin de législations nouvelles. Nul besoin de contrôle non plus.

C’était alors le règne du « moins légiférer », du « red tape » (cher aux Britanniques et à d’autres), des codes de conduite volontaires à peine édictés et aussitôt oubliés. Les industries, les Etats étaient mûrs pour s’auto-organiser, c’était le terme le plus à la mode. L’Union était réalisée. On allait se doter d’une « Constitution ». C’était oublier que les tendances centrifuges n’avaient pas diminué, que l’application des règles communautaires n’était pas toujours réalisée, que le marché intérieur était dans certains points assez théorique, que le travail était loin d’être terminé dans les pays qui venaient d’adhérer mais aussi dans les Etats fondateurs, et qu’il n’y avait toujours pas de « gouvernement » ni de « responsabilité » européenne au sens politique du terme.

L’esprit européen interpellé

Quant à l’esprit européen, il ne s’est pas adapté à la nouvelle donne d’une Europe à 25, 27, 28 Etats membres. Certains objectifs ne sont que peu partagés. Pour les Européens de l’ouest, l’élargissement à l’Est signifiait, plus ou moins, le dernier, la fin du parcours. Pour les Européens de l’est, qui n’ont jamais supporté d’être en « frontière », c’était le début de l’intégration de leurs voisins… de l’est (Moldavie, Ukraine…).

Le sens de solidarité et de partage s’est effacé au fil du temps. De façon assez symbolique, le nom même de Communauté européenne s’est effacé au profit de l’Union européenne, annoncé comme plus politique mais finalement plus flou dans ses obligations.

Quand la crise économique est venue, l’Europe était alors démunie tant au sens administratif que politique. Elle a réagi tardivement, avec un effet de retard qui a lui-même accentué la crise financière et encouragé la crise politique interne.

Une succession de crises qui interpellent la notion de pouvoir

Les crises qui frappent l’Europe sont de nature différente mais elles interpellent, toutes, la notion même de pouvoir, d’autorité étatique. Ce n’est pas seulement une crise européenne, c’est une crise des Etats qui la composent qui s’interrogent sur leur devenir et leur capacité d’action… La réalité aujourd’hui, c’est qu’il est difficile pour un seul Etat de faire face seul à toutes les crises… Après quelques tergiversations, qui ont duré et parfois contribué à prolonger une crise, l’Europe a réagi (ou est en train de réagir), transformant ainsi la réalité politique, sans parfois changer un iota aux traités de base.

La Monnaie et le Budget

Avec la crise en Grèce, la Zone Euro et la Commission européenne se sont dotées de moyens, de type fédéral, qui n’étaient pas prévus à l’origine. Des moyens de surveillance, contestés car ils ne s’accompagnent de l’élément indispensable de l’exercice de la contrainte, une certaine légitimité démocratique. Certes, ce sont les gouvernements — et leurs parlements — qui ont consenti à ce glissement de souveraineté. Mais il manque une représentation européenne de cette légitimité, un parlement de la Zone Euro.

Les frontières

La crise des migrants et des réfugiés, qui devient une crise des frontières, va obliger les Européens à se doter d’un dispositif commun non seulement en matière d’asile (répartition des réfugiés sur tout le territoire européen) ou d’immigration, mais aussi de surveillance et de contrôle des frontières extérieures. C’est le sens de la proposition faite par la Commission européenne en décembre 2015. Lire notre dossier : N°30. Garder les frontières de l’Europe. Vers un corps européen de garde-côtes et garde-frontières

Le terrorisme

Les attentats successifs de Paris, Copenhague, de Sousse, Bamako, Istanbul, Ouagadougou… montrent que le terrorisme n’est pas un épiphénomène. (lire notre dossier : N°32. L’Europe face à une nouvelle vague de terrorisme). Il puise à la fois à l’intérieur des sociétés et à l’extérieur. Chacun des pays perçoit bien qu’il ne peut faire face et lutter tout seul face à ce phénomène. Quand une arme des Balkans est désactivée en Slovaquie, revendue en République Tchèque ou en Belgique pour devenir une arme à disposition de terroristes, passés par plusieurs pays européens, pour commettre leur crime à Paris, on voit bien que la problématique est européenne.

La défense

Les menaces aux portes de l’Europe obligent à une réflexion identique en matière de défense. L’invocation de la clause de l’article 42.7 par la France est un signal politique. Les Européens feraient bien de s’en saisir et d’avoir, d’ici quatre ou cinq ans, une vraie capacité de défense. Car les moyens sont aujourd’hui très éparpillés, sans de réelle coordination politique. Face à un danger, les Européens en sont toujours réduits à faire appel au gentil tonton d’Amérique pour fournir hommes et matériels pour être stationnés en Europe, drones, avions de transport stratégique ou moyens de reconnaissance, voire même… réparer une piste d’aéroport ! (je n’invente rien ! Lire :  Les Etats-Unis veulent quadrupler leur budget de présence en Europe. Faute d’Européens). L’Europe en matière de défense est un enfant qui suce son pouce et veut rester dans sa poussette alors qu’il devrait être adulte.

L’Etat membre

Enfin, il y a des interrogations purement politiques. La tentation conservatrice, nationaliste, de plusieurs Etats membres doit inquiéter. Les références à certaines valeurs ne sont plus évidentes aujourd’hui. Elles sont même discutées. La solidarité européenne n’est plus naturelle aujourd’hui. Elle devient même exceptionnelle. Des mouvements néo-nazis se développent au grand jour (y compris en Allemagne pas qu’on croyait vacciné contre de tels agissements). Certains pays qui paraissaient « solides » (Royaume-Uni, Espagne) voient en leur sein se développer une tentation séparatiste, douce, très différente de celle qu’ils ont connu dans le passé (IRA pour l’un, ETA pour l’autre) mais bien réelle. Cette tentation séparatiste pourrait atteindre d’autres pays. Il ne faut pas croire, par exemple, que la France en pourrait être absente par exemple. Ce qui amènera inévitablement une interrogation sur l’organisation de l’Union européenne.

Un renversement de compétences en gestation

L’absence d’une réponse européenne pèse

De ces différentes crises, de type et sociologie très différentes, c’est la notion même d’Etat Nation qui est interpelée. Ses moyens d’action (monnaie, police, frontières…) semblent diminués du fait d’une combinaison de facteurs (économique, politique…) et n’ont pas été remplacés par d’autres. L’absence d’une structure étatique européenne pèse. Ce n’est pas le trop d’Europe qui est problématique, c’est le moins d’Europe.

Certes des instruments ont été mis en place au niveau européen. Mais ils reposent sur du sable. Car ils n’ont pas été construits et prévus pour subir des crises fortes. En gros, pour reprendre une image maritime. On a utilisé des péniches prévues pour naviguer sur les fleuves, et on les a fait navigué en haute mer, en oubliant que la tempête pouvait subvenir. Il faut désormais bâtir un navire « tout temps ». Utiliser des bateaux de sauvetage est une solution, pour rejoindre la terre ferme. Mais cela ne résout pas le problème.

L’affaiblissement relatif des Etats européens

La tentation du repli sur soi, au niveau national, parait la solution la plus facile a priori. C’est rassurant. Cela peut être efficace à court terme (quelques mois voire quelques années). Mais très vite elle trouvera ces limites. Car la réalité du monde européen d’aujourd’hui, c’est que l’Europe est faible parce que ses Etats eux-mêmes sont faibles. Il faut le dire et le répéter aux Français, Britanniques ou Allemands qui se croient (encore) les rois du monde. Ce temps là est terminé ! Et il ne semble pas prêt de revenir.

L’affaiblissement relatif des Etats européens, tant au plan économique que l’échiquier international, se poursuivra, de façon inéluctable, s’il n’est pas contre-carré par une solidarité plus importante entre les Etats membres. Le reste du monde est en cours de développement — après l’Asie et l’Amérique latine, l’Afrique émerge lentement — même avec quelques soubresauts. Et la multiplication des crises oblige à des réponses multiples, auxquels plus aucun Etat européen n’a la capacité de répondre seul.

Un choix à faire

Les Européens ont un choix aujourd’hui : soit continuer comme avant gentiment, subir les crises seuls dans leur coin, et faire une législation sur les OGM ou sur la protection des données, développer Erasmus ou mener de par le monde des projets de développement, des domaines importants sans doute mais pas fondamentaux pour l’avenir européen ; soit renverser la vapeur, transformer ces crises en opportunité pour avancer (comme dans le passé), choisir d’approfondir ensemble, de réagir.

Une introspection rapide

L’Europe elle-même va devoir faire une introspection sur elle-même. A-t–elle vocation à s’occuper  du « marché », de « l’agriculture », des « transports » ? Ou doit-elle cogérer également certaines fonctions régaliennes où les Etats sont dépassés ? Comment gérer ces dispositifs, demain, en sachant que la méthode « de papa », des petits pas, du royaume des experts, parait difficile à tenir aujourd’hui, d’autant plus quand on touche à des domaines de haute sensibilité ou de souveraineté. Cette introspection, il n’est pas question de la traîner sur des années… il faudra la faire rapidement.

Des compétences à rétrocéder ?

Il y a une révolution politique aujourd’hui à accomplir : définir ce qu’il est important de faire ensemble, ce qui est nécessaire et ce qui l’est moins. Il faudra sans doute choisir d’abandonner certaines compétences, les partager, les déléguer, les retourner aux Etats (du moins à ceux qui le demandent). Après tout, est-ce vraiment du domaine européen que d’avoir des normes de déchets communes à toute l’Europe ? En 1975 c’était bien, aujourd’hui ?

Des compétences à développer

Il faudra aussi définir les compétences où il importe, rapidement, de combler les vides, de compléter les instruments et les législations. Cela supposera éventuellement des ajustements de compétences, dans un sens et dans un autre. Il faudra aussi les expliquer, les justifier à la population. Un effort démocratique sera nécessaire. Même si on peut tempêter parfois contre les demandes du Parlement européen, ou certaines intransigeances (sur le PNR par exemple), elles ne sont pas hors du commun mais plutôt nécessaires.

Vive l’Europe à la carte

Tous les Etats ne voudront sûrement pas consentir à ces ajustements. Il faudra en tirer parti et ne pas hésiter à le dire. Ils ne sont pas tenus aux nouvelles règles. Mais ce sera sans eux que cela se fera. L’Europe ne peut plus attendre éternellement le ou les 2-3 mauvais joueurs qui retardent tous les autres. C’est de cette façon que l’Europe a avancé ces derniers temps : pour la Zone Euro, pour l’espace de sécurité et de justice, on est loin d’avoir tous les Etats à bord. La récente proposition de Donald Tusk est intéressante en ce sens. Elle exempte le Royaume-Uni de l’intégration politique et acte d’une Europe à plusieurs vitesses.

Vive le Royaume-Uni

Cette Europe à la carte, parfois honnie, doit être au contraire célébrée. Personne n’est obligé. Mais ceux qui le veulent, peuvent et doivent aller de l’avant. La renégociation britannique offre une opportunité formidable. Il faut s’en saisir…

Vive l’Europe. Et … God save the Queen !

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nous avons vu « Les chevaliers blancs »

Sun, 07/02/2016 - 20:11

(B2) Le film ‘Les chevaliers blancs’ de Joachim Lafosse retrace une histoire connue des lecteurs de notre blog, celle de l’Arche de Zoé.

Elle n’illustre cependant qu’une période et une partie de cette ‘épopée tragique’, l’arrivée sur place au Tchad de l’équipe de l’ONG jusqu’à son arrestation par les forces tchadiennes, avec une trame essentiellement psychologique : les déchirements au sein de l’équipe dont une partie découvre peu à peu toute l’ampleur du projet (*). Des personnages extrêmement bien joués, qui balancent à chaque fois entre le blanc et le noir et retracent en grande partie la réalité.

Les observateurs relativement connaisseurs du terrain auront assez vite remarqué quelques incongruités. Il fait un peu plus chaud au fin fond du Tchad à Abéché. La piste de l’aéroport est un peu super moderne par rapport à ce qu’elle est en réalité… Et, mise à part une séquence au début, la présence militaire française reste assez limitée. En revanche, on voit arriver des forces européenne d’EUFOR qui arrêtent un moment les ‘zozos’ en pleine prospection dans les villages. L’officier d’EUFOR est très bien campé dans la peau d’un Britannique. Cela c’est pour le roman. Car nous savons tous que les ressortissants de Gracieuse majesté étaient plutôt en nombre limité dans l’opération (2… si mes souvenirs sont bons et davantage dans l’état-major que sur le terrain), contrairement aux Irlandais ou Polonais. Pour l’image, certainement, il valait mieux un Britannique…

(NGV)

Lire aussi le témoignage que nous avions recueilli à l’époque : Témoignage du pilote Belge de l’opération Arche de Zoé / Children Rescue au Tchad

 

Un peu d’amour dans un monde de brutes. La radio Opex de l’armée allemande

Sun, 07/02/2016 - 10:00

(B2) La Bundeswehr a lancé une campagne pour la Saint-Valentin sur sa radio spéciale à destination de ses troupes.

Les amoureux peuvent souhaiter à leur alter ego engagé(e) en opération extérieure (Opex) en mer (Méditerranée), au Kosovo, en Afghanistan, au Mali ou ailleurs, toute leur preuve d’amour.

Elle consacrera sa journée du 14 février, de 10 à 12 h et de 18 à 20h aux messages d’amour.

 

C’est la crise à Morghia. Les Européens interviennent. Une love affair démarre

Sat, 06/02/2016 - 21:18

extrait de Love Affair 1994, remake du film Elle et lui, produit par Warren Beaty avec Annette Bening and Katharine Hepburn

(B2) C’est la crise. Les élections présidentielle et législatives qui viennent d’avoir lieu à Morghia, un nouvel Etat au voisinage de l’Europe, tournent mal. Les tensions montent. Les manifestations dérapent. Le pays est au bord de la guerre civile… Que faire ? C’est le scénario sur lequel les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont planché, ce vendredi (5 février) en fin d’après-midi, dans le musée maritime d’Amsterdam où il étaient réunis pour leur traditionnel ‘gymnich‘ (la réunion informelle des ministres).

Un jeu-scénario développé par les Néerlandais

Ce « jeu de rôle » était une innovation de la présidence néerlandaise qui voulait tester et voir les réactions des différents chefs de diplomatie européenne. Trois séries de film ont ainsi été projetées dans la salle des ministres. Des films « très réalistes et très bien joués » ont expliqué à B2 plusieurs responsables qui ont permis d’illustrer tous les stades de la crise : de la montée de la crise au paroxysme et à la stabilisation.

Une certaine volonté européenne

« Ce qui est intéressant est de voir que, parmi les ministres, la position très dominante prévalait la volonté commune de faire participer l’Union européenne très tôt à la crise. Un certain nombre de participants étaient même prêts à envoyer un battlegroup » a relaté à quelques journalistes, dont B2, Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères. Ce qui, en soi, est une première vu toutes les difficultés qu’on connait aujourd’hui à seulement prononcer le mot de ‘battlegroup’ dans une gestion de crises. « Ce n’est jamais le bon moment ni le bon battlegroup ». Finalement tout est bien qui fini bien. L’Union européenne est intervenu rapidement. Et en un moins, on pouvait se féliciter du retour à la normale… Ce qui reste relativement rare en ce moment.

Une love affair à suivre

Restait cependant une interrogation parmi certains ministres. Dans la dernière séquence, la journaliste (présente dans le film) s’était insensiblement rapprochée du chef d’observation de la mission de l’UE qui avait été déployée sur place (*). Un rapprochement qui semblait dépasser le côté professionnel de part et d’autre. « Nous sommes demandés si cette ‘love affair’ qui semblait bien entamée se concluerait. On attend la suite » a confié, sur le ton de l’humour, un des participants au jeu. Le saura-t-on un jour… La suite dans la Saison 2 de Morghia, à Bratislava au second semestre ?

Un niveau politique à accélérer

Au-delà de l’anecdote, cet exercice était intéressant. Car, bien souvent, dans une gestion de crise, ce n’est pas au niveau militaire ou des planificateurs que cela coince ni même le manque de moyens. C’est le niveau politique qui reste indécis et bloque ainsi ou retard toute réaction de crise. A plusieurs reprises, j’ai eu ainsi des échos de différents responsables de la gestion de crise comme de planificateurs de terrain qui n’avaient pas de direction sur les options à préparer ou, pire, ne décidaient pas entre les options présentées. « Planifier, déployer, vite au besoin, on peut le faire. Encore faut-il qu’on décide. Et le plus vite sera le mieux » m’avait fait remarquer un expert de ces questions lors de ces crises où le niveau politique se tâtait. « Nous militaires, on l’habitude de se débrouiller. Si on nous donne l’ordre, on peut aller vite. Mais plus on tarde, plus c’est difficile » regrettait un second.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Toute ressemblance bien entendu avec une situation ayant existé ou existant est totalement fortuite, comme on dit dans les génériques de film. Ceci est une oeuvre de fiction.

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