le samuel beckett (P-61) de la marine irlandaise engagé en Méditerranée (crédit : MAE Irlande)
(B2) Depuis le premier déploiement d’un navire au centre de la Méditerranée en mai 2015, la marine irlandaise a permis de sauver 13.443 personnes en mer (dont 4.851 depuis janvier 2016). Un chiffre qui n’est pas inclus dans les chiffres de sauvetage des opérations de l’UE car l’Irlande ne participe pas à l’opération Frontex de façon directe (l’Irlande n’est pas membre de l’organisation européenne). « Le déploiement irlandais est réalisé sous forme d’un arrangement bilatéral direct avec l’Italie » a précisé un diplomate irlandais à B2. C’est le Samuel Becket (P-61) qui est en Méditerranée en ce moment. L’engagement irlandais a été un des plus constants depuis le début de la crise migratoire (avec l’engagement allemand, islandais et britannique).
Beata Szydlo en visite dans les usines polonaises de Mielec et Sidwik (crédit : PM Pologne)
(BRUXELLES2) La décision du gouvernement polonais d’abandonner sans coup férir les négociations menées depuis un an avec Airbus pour l’achat d’hélicoptères Caracal et d’annoncer préférer les hélicoptères Black Hawck de l’Américain Lockheed Martin est souvent rapprochée de celle prise 2002 préférant les F-16 aux Mirage 2000-5. Or le contexte est totalement différent. Si la décision d’acheter les F-16 pouvait se justifier, celle-ci est très difficilement explicable autrement que par des critères politiques et idéologiques. Cette décision du gouvernement de Beata Sydlo révèle aussi un certain orgueil démesuré, une certaine confiance en soi qui n’est pas en prise avec les réalités politiques et géopolitiques qui risque de se retourner contre les Polonais. En un mot, elle est bête… à pleurer.
L’achat manqué du Mirage : une autre affaire
En 2002, la Pologne vient d’adhérer à l’OTAN. Le F-16 est alors l’avion adopté par une bonne demi-douzaine d’armées européennes (Belgique, Pays-Bas, Danemark, Grèce, Norvège, Portugal). Seule la Grèce est équipée en Mirage. En choisissant le premier modèle, Varsovie prenait la « norme OTAN », s’assurait pour un prix raisonnable une certaine possibilité de mutualisation avec d’autres pays sur un standard identique, et permettait de retourner aux partenaires américains la monnaie de leur soutien à cette adhésion. Il y avait une logique politique et opérationnelle évidente (même si on peut ne pas la partager) à choisir le F-16 plutôt qu’un avion français fabriqué en France. Critiquer vertement cette acquisition pour la Pologne et ne pas le faire pour les autres pays — comme le font certains commentateurs — est pour le moins peu logique et légèrement désobligeant pour les Polonais.
L’achat du Caracal : un choix industriel également
En 2016, la situation est légèrement différente. Airbus est un groupe européen, et non pas seulement français. Il a une position de choix sur le marché des hélicoptères. Et même si le Caracal (EC 725 ou H225M) n’a pas été choisi par d’autres alliés, c’est un appareil de choix, déjà testé, vendu dans plusieurs pays dans le monde. Son prédécesseur — le Super Puma — est utilisé par plusieurs aériennes européennes (Allemagne, Espagne, Grèce, Suède). Et sa version civile (H225 Super Puma) est aussi promise à un certain avenir. Le groupe veut investir en Pologne, faire de ce pays un point d’appui pour ses exportations vers l’Est. D’autant que la plupart des pays anciennement du « bloc soviétique » sont équipés d’hélicoptères de fabrication russe de type Mi. Il y a là l’enjeu d’un véritable projet pour la Pologne, chef de file du groupe de Visegrad.
Un montage délicat détruit à coups de buldoozers
Le partage délicat des différents marchés conclus par l’armée polonaise entre les Américains (pour les missiles) et les Européens (pour les hélicoptères) — effectué par le précédent gouvernement — relevait d’un subtil équilibre, soigneusement réfléchi au plan politique, permettant, sans renier l’attachement euro-atlantique de la Pologne, d’ouvrir des portes pour travailler, aussi, en commun entre Européens. Il était même question alors d’une possible montée de Polonais dans le capital d’Airbus. Las… pour de multiples raisons — dont la moindre n’est pas que la décision a été prise par le précédent gouvernement — Varsovie a décidé de rompre les discussions et de passer outre avec un contrat passé avec Lockheed Martin.
Un camouflet à l’intégration européenne
Cet acte est aussi très politique comme le précédent mais largement empreint d’une idéologie et de petits calculs à très court terme. Pour le gouvernement du PiS, il s’agit tout d’abord de revoir la décision du précédent gouvernement. Ce qu’a fait la Plateforme civique (PO) est mauvais, ce qu’a fait PO doit être défait. Au passage, il s’agit d’infliger un camouflet à la France et à l’Allemagne (Paris très impliqué dans cette vente n’est pas tout seul), à Airbus et, plus généralement, à tout ce qui ressemble de près ou de loin à l’intégration européenne qui est honni à Varsovie. En outre, cette décision brave l’autorité européenne l’obligeant à agir — car le nouveau contrat pourrait bien ne pas être conforme aux règles européennes sur les marchés publics (comme l’ont indiqué à B2 certaines sources européennes).
Une erreur d’une bêtise affligeante
Utiliser des méthodes qui ne sont pas dignes d’un gouvernement responsable mais ressemblant davantage à des méthodes de voyous — laisser croire qu’on négocie un contrat tout en négociant en douce avec le concurrent n’est pas tellement fair play — ne sont pas de nature à susciter la confiance pour l’avenir. Fâcher un allié européen (la France) qui n’est pas mineur tant au niveau de l’Union européenne que de l’OTAN, un pays avec qui on partage une certaine organisation de l’Etat (Etat unitaire, majorité/opposition) comme en matière socio-économique (place de l’agriculture dans l’économie, et de l’industrie etc.) et est donc un allié, objectif est une erreur. Le faire au moment où s’entament des négociations avec le Brexit (avec une grosse immigration polonaise présente sur le territoire britannique) ; où commence à se négocier la révision à moyen terme du cadre financier actuel (2014-2020) et où va bientôt s’entamer un nouveau cadre européen de financement pour les années à venir (2021-2027), où la Pologne a tout à perdre (1) relève de la pure idiotie politique.
Un manque de sens historique
De plus, si les Polonais croient s’attirer la bienveillance et la protection américaine, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au trognon… Les Etats-Unis n’ont jamais bougé le petit doigt quand la Russie — et dans le temps l’URSS — est intervenue militairement sur le terrain européen : ni en 1968 à Prague et en 1956 à Budapest, ni en 1991-1992 en Moldavie (Transnistrie) et en Géorgie (Abkhazie et Ossétie du Sud), ni en 2008 à nouveau en Géorgie, ni tout récemment en 2014 en Ukraine (Crimée, Dombass), ni même en 2015-2016 en Syrie. Il faut regarder l’histoire et la politique actuelle… Les seules fois où les Etats-Unis sont intervenus, c’est pour soutenir par proxy interposé certaines forces qui s’opposaient aux Russes-Soviétiques, comme en Afghanistan. Le résultat n’est pas extrêmement probant d’un simple point de vue de la sécurité américaine à moyen terme. Il y a là une erreur stratégique que commet Varsovie, illusionné, par un tropisme patriotique échevelé mais qui repose sur du sable…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Tous les indicateurs sont au rouge pour la Pologne : 1) Elle est un des principaux bénéficiaires des fonds structurels et fonds agricoles dans la nouvelle mouture européenne mise en place en 2000. 2) il faut compenser le départ britannique (au bas mot 5 milliards d’euros par an en moins) — ce qui implique de serrer les dépenses. 3) Tous les pays ont aujourd’hui besoin d’argent frais européen notamment l’Espagne comme l’Irlande ou l’Italie, et chacun va ‘défendre’ chèrement ses intérêts nationaux. 4) Les Etats contributeurs nets (Allemagne en tête) ne vont plus vouloir payer – sans contrepartie – pour des pays qui ont manqué dans la dernière crise migratoire au premier devoir de solidarité. Etc.
(B2) Un avion contenant de l’aide humanitaire tchèque à la Syrie s’est posé à Damas, dimanche (9 octobre). A l’intérieur du matériel de dialyse et des fauteuils roulants remis au Croissant rouge syrien et destinés aux « personnes déplacées » à l’intérieur du conflit. Un second avion doit suivre avec d’autres unités de dialyse, précise le ministère tchèque des Affaires étrangères qui a financé en partie cette aide (1) ainsi que ECHO, la direction de l’aide humanitaire de l’Union européenne.
Une visite très politique
L’essentiel n’est cependant pas là… Un émissaire de haut niveau, le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères, Martin Tlapa, a profité de l’envoi de cette aide pour rencontrer ses homologues syriens, notamment Faisal Mekdad et Walid al-Muallem, respectivement vice-ministre et ministre des Affaires étrangères. Objectif de la réunion : assurer l’accès humanitaire à toutes les zones de la Syrie, y compris Alep, nécessité de rétablir le-feu et lancer des pourparlers politiques.
Les Tchèques derniers des Mohicans européens à Damas
La république Tchèque a toujours maintenu des liens avec Damas, maintenant là où d’autres pays l’avaient fermé son ambassade dans la capitale syrienne. C’est la dernière ambassade de l’Union européenne ouverte dans la capitale syrienne.
Un envoyé spécial de l’UE ?
Cette visite vient bien opportunément rappeler qu’il n’y a pas au niveau européen d’envoyé spécial ou de représentant spécial de l’UE. Ce qui serait peut-être nécessaire. Certes Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU, de nationalité suédoise et italienne, est un Européen. Et on peut se poser la question de nommer un autre Européen à ce poste. Mais si l’Union européenne veut exister politiquement comme diplomatiquement, la bonne question à se poser ne devrait-elle pas être celle de l’existence d’un envoyé spécial de l’UE.
Faut-il rétablir des liens diplomatiques ?
Quoi qu’on puisse en penser, ce sera par des contacts officiels et officieux (et non par des visites servant à la propagande de Damas) que pourra se rétablir un lien avec la Syrie. Quoi qu’il puisse en coûter, il faut faire cesser le conflit. Ce n’est pas la première fois qu’on discute et qu’on négocie avec des dictatures. Et ce ne sera que par là que pourra se créer une porte de sortie à un conflit… où, pour l’instant, Bachar est gagnant, n’en déplaise aux diplomaties française, britannique et autres.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) D’un montant de 4,5 millions de couronnes tchèques, cette aide s’inscrit dans le programme du gouvernement de fourniture d’aide humanitaire, de développement et d’aide à la reconstruction de la Syrie. Programmé doté pour la période 2016 – 2019 de 195 millions de CZK.
L’arrivée de la délégation polonaise à la réunion de Bratislava… ou son départ, çà (presque) revient au même (crédit : MOD Pologne)
(BRUXELLES2 – exclusif) La présence du ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz lors de la dernière réunion informelle à Bratislava, le 27 septembre, a été plus que fugitive.
Arrivé pas vraiment en avance, le Polonais a pris la poudre d’escampette avant même la photo de famille (aux alentours de 10h30), avant même la seconde séance de travail, en présence du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Ce qui est plutôt inélégant pour un pays qui n’a de cesse d’en appeler à la solidarité des membres de l’OTAN comme au renforcement des liens entre l’UE et l’OTAN.
De façon fort peu commune, il n’y avait d’ailleurs personne pour représenter la Pologne quand le ministre n’était pas là (1). Le ministre et sa délégation avaient ainsi bien pris soin d’emmener le chevalet marqué « POLAND ». Un geste très politique, en soi, qui avait sans doute un objectif beaucoup assez trivial : éviter d’avoir une photo avec un siège vide devant le mot ‘Pologne’.
Au final, une nette impression que Varsovie joue les dilettantes de la solidarité européenne mais aussi de la solidarité euro-atlantique…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) D’ordinaire quand un pays n’est pas représenté au plan ministériel, il l’est par un haut fonctionnaire du ministère ou par l’ambassadeur au COPS (ou ambassadeur adjoint).
Ken Clarke, l’homme qui a sauvé le SME, selon JC Juncker (Ici avec la commissaire Viviane Reding et le Polonais Igor Dzialuk lors d’un conseil Justice, novembre 2011, crédit : CUE / Archives B2)
(B2) C’est Jean-Claude Juncker lui-même qui l’a raconté lors de son passage à Paris, pour les 20 ans de l’Institut Delors. C’était à l’été 1993, à l’heure du système monétaire européen quand l’Europe était (déjà) en crise. Un pan de l’histoire européenne oublié… L’actuel président de la Commission européenne était alors ministre des Finances du Grand Duché.
L’ambiance n’est alors pas à la fête. La spéculation fait rage. L’Allemagne, en pleine période de réunification, refuse d’intervenir davantage. La France — c’est alors le Premier ministre Edouard Balladur, qui est aux commandes — propose l’exclusion de l’Allemagne. La lire italienne, a déjà quitté le SME en septembre 1992. L’explosion du SME semble proche…
Quand le SME a failli exploser
« J’ai vécu cette période où nous étions enfermés dans le système monétaire européen, où chaque troisième dimanche les ministres des Finances devaient se déplacer à Bruxelles pour procéder à des réalignements, pour revoir de fond en comble les réalités économiques qui faisaient que du soir au matin les productions dans un pays devenaient trop chères et les autres productions profitant de dévaluations compétitives, c’est-à-dire de dévaluations contre les autres, allaient mieux.»
La révolution de l’Euro
« A tout cela fut mis un terme grâce à la création de la monnaie unique qui doit en fait sa création à Jacques Delors, puisqu’il a présidé en ’88 le groupe Delors qui a présidé un comité fait notamment de gouverneurs et il a convaincu cette troupe difficile de la nécessité et de la justification de la monnaie unique. »
Quand Berlin et La Haye voulaient quitter le SME
« L’Allemagne et les Pays-Bas voulaient quitter le système monétaire européen. [En tant que] Luxembourgeois, petit ministre des Finances, j’étais dans l’embarras parce que les données fondamentales luxembourgeoises étaient bien meilleures que celles de l’Allemagne et des Pays-Bas. Nous ne pouvions [cependant] pas vraiment quitter le système monétaire européen parce que nous n’avions pas de monnaie, puisque nous avions le franc belge. Si le Luxembourg avait quitté avec les Allemands et les Néerlandais le système monétaire européen, le franc belge se serait retrouvé à moins 30-40 % le lendemain. »
Quand Londres sauve l’Euro
C’est en fait un ministre des Finances britannique qui a sauvé l’euro. Les Douze étaient alors réunis à Bruxelles, pour réaligner les différentes monnaies… C’était le lendemain de la mort du Roi Baudouin. Juncker était alors ministre des finances du Grand-Duché.
« [Nous] étions réunis à Bruxelles le lendemain de la mort du Roi Baudouin, pour réaligner les différentes monnaies. (…) Kenneth Clarke [alors] Chancelier de l’échiquier, a pris la parole et a dit: « Le Royaume-Uni a un opt-out et nous n’adopterons pas la monnaie unique, mais nous l’adopterons un jour, et je voudrais que mes petits-enfants puissent payer en euro« , qui ne s’appelait pas encore comme ça, « mais si vous laissez les Allemands et les Néerlandais quitter le système monétaire européen pour vous mettre sous commandement français, vous n’aurez jamais la monnaie unique et comme je veux que mes petits-enfants disposent de la monnaie unique, vous n’avez pas le droit de faire ce que vous êtes en train de concocter« . »
(NGV)
(BRUXELLES2) Patrouille, escorte des convois, évacuation médicale, extraction et évacuation de civils d’un environnement hostiles… Ce sont quelques uns des exercices qui ont eu lieu, sous le commandement de l’opération européenne EUFOR Althea, dans les champs qui entourent la ville de Banja Luca, au nord de la Bosnie-Herzégovine. Pendant deux semaines, du 25 septembre au 5 octobre, 750 militaires de l’Union européenne et l’OTAN ont montré être prêts à réagir « rapidement et efficacement » face à une menace dans le pays.
Prêts à un déploiement rapide
Pendant l’exercice, les militaire ont dû affronter un certain nombre de séries d’exercices conçus pour tester, à la fois, les fonctions de commandement et de contrôle, ainsi que leurs temps de réponse et de réaction à des incidents. Pour ajouter en complexité, la plupart des exercices ont eu lieu simultanément, ce qui a posé un défi supplémentaire pour le Centre des opérations tactiques. Parmi les simulations, établir une série de points de contrôle dans un périmètre autour du camp, la sécurisation du camp lui-même et l’exfiltration et l’évacuation d’un certain nombre de civils d’un environnement hostile et dangereux.
Un exercice multinational effectif
L’exercice a rassemblé plus de 750 soldats venus des forces armées de Bosnie-Herzégovine, de l’opération européenne EUFOR Althea, de la mission de l’OTAN, de la KFOR (Kosovo), de forces britanniques et autrichiennes.
(Leonor Hubaut)
C-160 et C-130 côte à côte sur le tarmac pour l’exercice EAATTC en juin 2016 (crédit : DICOD / Armée de l’Air)
(BRUXELLES2) Les ministres allemand (von Der Leyen) et français (Le Drian) ont signé mardi (4 octobre) une lettre d’intention pour établir une base commune aérienne pour leurs futurs avions Super Hercules C-130J.
16 avions français
La France a déjà 14 C-130 (version H) et a décidé d’acheter, début janvier, quatre nouveaux avions de la version J (dont 2 en version ravitailleurs KC), avec une arrivée prévue entre 2017 et 2019. Ces avions sont tous basés sur la base aérienne 123 (BA123) d’Orléans-Bricy, au sein de l’escadron 2/61 Franche-Comté (et pour les forces spéciales dans l’escadron 3/61 Poitou).
Un escadron commun d’ici 2021
L’Allemagne « prévoit d’acquérir entre quatre à six appareils », a confirmé Ursula von Der Leyen lors d’une visite à Paris qui seront « stationnés en France ». Il ne s’agit pas juste de colocaliser des appareils. La lettre d’intention signée précise bien l’ambition pour l’Allemagne et la France d’ « établir (d’ici) 2021 un escadron de transport aérien commun pour les Hercules C-130J ».
Pallier le retard de l’A400M mais pas seulement
Un achat nécessaire des deux côtés du Rhin, à la fois pour pallier les « trous d’air’ qui peuvent se produire dans la livraison des A400M mais aussi pour compléter le segment du moyen porteur tous terrains. Comme l’explique à B2 un officier qui connait bien le secteur, « nous n’avons pas tout le temps besoin d’un A400M pour nos transports ou en opération. Il nous faut un appareil de moyenne gamme entre le Casa et l’A400M, pour remplacer les Transall ». C’est la même réflexion qui s’est faite outre-Rhin, dans un contexte différent. La Luftwaffe ne sera, en effet, équipée, à terme que d’A400M quand les Transall, encore en service, seront remplacés (d’ici 2020 environ). L’armée de l’air allemande a besoin d’un autre appareil. A cela s’ajoute une troisième raison, moins souvent évoquée. Si pour une raison technique, les appareils sont cloués au sol — comme lors du crash du A400M en Espagne —, il faut pouvoir disposer d’une solution de rechange.
De solides raisons pratiques
Or, mettre sur pied une base aérienne, une chaîne de maintenance pour une demi-douzaine d’avions, cela coûte cher, très cher, et rien ne garantit la disponibilité à 100%. Le pragmatisme l’a donc emporté. Autant regrouper avions français et allemands pour avoir l’effet de masse suffisant, permettant de rationaliser les coûts et de disposer d’une flotte adéquate. En outre, cela permet d’avoir des équipes de maintenance communes, des grilles communes d’astreinte pour les mécanos, de pouvoir alterner les flottes selon les besoins des uns et des autres, de faire les formations en commun, etc. Tout en ayant au total une flotte d’une dizaine de C-130 J disponibles (une vingtaine d’appareils C-130).
Une décision hautement politique
Cette lettre d’intention est très politique : à quelques mois d’échéances électorales de part et d’autre de la frontière (en avril-mai en France, en septembre en Allemagne), cela permet d’entériner dans le marbre, un projet que d’autres (peut-être) auront à charge de mener. C’est un signal aussi envoyé aux autres Européens et des autres alliés de l’OTAN — dont certains manquent sincèrement d’enthousiasme — que leur tiédeur n’empêchera nullement Paris et Berlin d’avancer et que la lettre commune des deux ministres n’est pas juste un chiffon de papier. « Nous avons besoin d’un solide pilier européen de l’OTAN » a défendu von der Leyen à Bratislava. Le Brexit a sonné le réveil des projets communs.
Une volonté d’agir en commun
Au-delà des intérêts pratiques et politiques, il y a indéniablement une volonté d’agir en commun, une complicité qui a joué dans cet accord. Entre les deux ministres, Ursula von der Leyen et Jean-Yves Le Drian, « le courant passe » comme me l’a confirmé un diplomate (1). « Les deux ministres se voient souvent. Les équipes travaillent ensemble. Il y a un climat de confiance et d’entente assez inégalé ». Et point besoin d’interprète. « Ursula parle parfaitement français » (2). Cela aide…
Une série de détails à concrétiser
Il ne faut cependant pas se cacher que ce n’est pour l’instant qu’une lettre d’intention. Il y a un certain nombre de problèmes encore à régler (règles de partage des coûts, conditions de vols, etc.). Baser une unité aérienne opérationnelle allemande permanente ailleurs que sur le territoire national est, en soi, une première. Et il va falloir plusieurs mois de négociation avant d’arriver à un accord plus concret. Un groupe de travail bilatéral doit se réunir « pour clarifier, d’ici la fin de l’année, la façon dont la coopération en matière de transport aérien tactique peut s’approfondir ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Voir : Ministres à Bratislava. Quand la photo en dit plus que tout commentaire
(2) Un point que je peux confirmer