(B2) Les navires de l’opération européenne en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia) ont commencé à assurer leur nouvelle fonction de contrôle de l’embargo des armes au large de la Libye. Une équipe d’abordage du destroyer de la Royal Navy, HMS Diamond (D-34), arrivé depuis peu dans la zone, est ainsi venue accoster un navire marchand, hier (14 septembre), pour vérifier que son chargement était bien conforme aux règles fixées par la résolution des Nations unies.
Cette nouvelle tâche confiée à l’opération maritime européenne avait été conquise de haute lutte par les Français et Britanniques qui avaient dû batailler quelque peu avec certains pays (Allemagne, Italie…) plus sceptiques sur l’utilité de cette extension et sur les moyens nécessaires.
Il a fallu encore quelques semaines de discussion durant l’été, entre experts et ambassadeurs du COPS, pour déterminer quel serait le port de « diversion » (le port vers lequel dérouter un navire suspect, stocker les armes saisies et, au besoin, juger les trafiquants). Tous les regards se sont tournés vers… Paris. « C’est bien la France qui voulait cette mission. Alors à elle de fournir des moyens » a lâché un diplomate. C’est le port de Marseille qui a été donc désigné.
Les ambassadeurs du COPS (le comité politique et de sécurité) ont ainsi pu autoriser, le 6 septembre dernier, les navires de l’opération Sophia à entamer leur nouvelle tâche.
(NGV)
NB : l’embargo sur les armes au large de la Libye a été fixé par une résolution des Nations Unies (la résolution 2292)
Lire aussi : Le HMS Diamond en Méditerranée sur le contrôle des armes
(B2 à Strasbourg) Pour sa deuxième visite au Parlement européen, le Dalaï Lama a fait jouer ses talents de showman, faisant rire son audience, tout en apportant un message de paix. Devant la commission des Affaires étrangères, ce jeudi 15 septembre, il a salué l’esprit du projet européen et appelé à répandre cet exemple, pour résoudre les multiples crises mondiales
L’UE, un esprit à répandre
« Frères et sœurs, je suis l’un des grands admirateurs de la spiritualité et de l’esprit que dégage l’Union européenne. Je suis toujours impressionné par l’esprit de l’Union européenne » car celui-ci vise l’intérêt commun des peuples. « Je pense que cet esprit d’Union européenne devrait se répandre en Afrique et ailleurs dans le monde. »
Appel à une « critique constructive » contre la Chine
Tout en soulignant qu’il avait pris sa retraite et n’était plus chargé des dossiers politiques, le Dalaï lama a exhorté les eurodéputés à parler de la question du Tibet avec les dirigeants chinois « dès qu’ils en ont l’occasion » et à se rendre sur place car « c’est une preuve précieuse (de soutien) pour le peuple tibétain ». « L’Union peut aider l’avenir de la Chine en prononçant une critique constructive, parfois nécessaire, à un moment où les dirigeants chinois, même partisans de la ligne dure, sont confrontés à une sorte de dilemme sur la façon de traiter ce problème », a expliqué le chef spirituel tibétain.
Travailler ensemble pour régler la crise mondiale
Interrogé sur les différents conflits actuels, sa réponse a été simple mais claire. « Nous sommes tous des êtres humains et nous devons travailler ensemble. » Soulignant l’importance de promouvoir la tolérance, le pardon et la paix intérieure plutôt que de mettre l’accent sur les différences entre les personnes, qui mènent bien souvent aux conflits religieux ou nationalistes.
Un jeudi d’action
Le Dalaï Lama a retrouvé jeudi matin (15 septembre) les députés en plénière. Une présence inhabituelle. Pour ceux qui suivent régulièrement l’activité du Parlement à Strasbourg, le jeudi (dernier jour de session), qui plus est à 8 heures du matin, n’est pas en général la journée la plus chargée ni la plus enjouée… Le leader tibétain a donc donné un coup de vert au jeudi… Et le Parlement s’est laissé entraîné.
Nous ne céderons pas aux pressions
Pas question de céder aux pressions chinoises ont répété plusieurs eurodéputés. Ainsi, le président de la commission des Affaires étrangères, le chrétien-démocrate allemand Elmar Brok, a souligné « les pressions qui ont été exercées pour annuler cette réunion » et insisté sur le fait que « le Parlement européen a le droit de rencontrer qui il veut ». Une position qui contraste avec la timidité française, dont les dirigeants n’ont pas rencontré le Tibétain, en visite dans l’hexagone depuis lundi.
(Leonor Hubaut)
(B2) L’annonce du recrutement de Manuel Barroso par Goldman Sachs (Lire: José-Manuel Barroso se paie une pantoufle en diamant aux dépens de l’Europe) a semé le trouble. Après avoir hésité, le président de l’actuelle Commission, Jean-Claude Juncker, a décidé de demander à l’intéressé « des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat ». Il a également demander « l’avis du comité d’éthique ad hoc » et en a informé la médiatrice européenne Emily O’Reilly vendredi dernier (9 septembre).
Pour Pervenche Berès, la présidente de la délégation française des socialistes au Parlement européen, et quelques autres députés européens, de gauche essentiellement, il faut aller plus loin. En plus d’être une « violation » du traité de fonctionnement de l’UE, ce recasage de celui qui a été durant dix ans le président de la Commission européenne sape la confiance des Européens dans les institutions. Elle lance donc une campagne (dans une tribune publiée en premier lieu dans Libération) pour convaincre ses collègues de signer une déclaration écrite demandant la saisine de la Cour de justice européenne.
Le symbole d’une dérive
Cette nomination, au lendemain du Brexit, symbolise une dérive inacceptable : celle du conflit d’intérêt de responsables politiques. Avec le recrutement de M. Barroso, l’objectif affiché par Goldman Sachs est de contourner la perte de leur « passeport européen » depuis Londres.
Que celui qui a eu pour fonction de diriger l’institution en charge de défendre l’intérêt général européen devienne l’employé d’une banque d’investissement américaine qui se joue des lacunes européennes pour accroître ses bénéfices est profondément choquant. Le cas de M. Barroso constitue une violation claire et manifeste de l’article 245 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et du serment fait par ce dernier, le 3 mai 2010.
Critiqué au sein même de la Commission
Les fonctionnaires de la Commission européenne ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils ont eux-mêmes immédiatement lancé une pétition afin de dénoncer un tel pantouflage qui a déjà reçu 140 000 signatures. La médiatrice, de son coté, a également exprimé ses réserves sur ce recrutement, et M. Juncker a répondu.
Appel à saisir la Cour européenne de Justice
Au lendemain de la rentrée parlementaire, nous lançons au Parlement européen une initiative, qui va dans le même sens afin de mettre fin à ces pratiques qui sapent la confiance des Européens et nous choquent : nous appelons nos collègues à nous rejoindre en signant la déclaration écrite que nous déposons.
C’est pourquoi nous demandons au Conseil et à la Commission de saisir la Cour de Justice de cette situation, conformément à l’article 245 du Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne. C’est à elle qu’il appartient, en droit, de se prononcer sur le cas de M. Barroso et de déterminer les conséquences qui en découlent quant à ses droits à la pension et aux autres avantages en tenant lieu.
Réviser le code de conduite
Par ailleurs, nous demandons une révision du code de conduite pour porter à une législature – cinq ans – les règles anti-pantouflage, qui, à ce jour, ne courent que pendant les 18 mois suivant la fin du mandat des commissaires.
Des règles à la hauteur des attentes des Européens
Bien sûr, les commissaires européens ont le droit d’avoir une carrière après leur mandat ; cependant, des règles strictes doivent empêcher les abus et une traçabilité des contacts entre eux et leurs anciens collaborateurs est indispensable. Le respect de la démocratie exige que soit mis un terme à ces agissements. Il est temps que nos règles soient à la hauteur des attentes des Européens dans la Commission Européenne et dans le Parlement. Restaurer la confiance des Européens dans l’Union, c’est aussi empêcher que ceux qui lui doivent tant puissent lui nuire.
Pervenche Berès (PS), Hugues Bayet (PS, Belgique), Karima Delli (Verts), Fabio De Masi (Die Linke, Allemagne), Gérard Deprez (MR, Belgique), Sven Giegold (Die Grünen, Allemagne), Sylvie Guillaume (PS), Eva Joly (Verts), Emmanuel Maurel (PS), Julie Ward (Labour, UK).