(B2) Après l’épisode du CETA – le traité de commerce avec le Canada – le président de la région wallonne, Paul Magnette, poursuit dans la recherche d’une alternative européenne. Avec une quarantaine de chercheurs (essentiellement de gauche), ils lancent une série de propositions visant à changer la manière dont l’Union européenne négocie les traités commerciaux internationaux : la Déclaration de Namur.
Insérer davantage de démocratie
L’objectif est d’insérer davantage de démocratie et de transparence dans la négociation commerciale internationale, notamment avec l’organisation d’un débat au préalable à l’engagement des négociations devant les parlements nationaux, un compte-rendu détaillé au fil des négociations. Le principe de l’application provisoire devrait être abandonné.
Limiter le champ de la concurrence
Les signataires demandent aussi exclure intégralement les services publics et les services d’intérêt général du champ d’application des accords comme la méthode des « listes négatives » pour établir le champ des activités ouvert à la concurrence.
Privilégier les juridictions à l’arbitrage
Enfin les auteurs de cette déclaration ne mettent pas à bas toute méthode d’arbitrage mais entend « privilégier le recours aux juridictions nationales et européennes », et de « n’instaurer un mécanisme international de règlement des différends que dans la mesure où celui-ci présente des avantages certains ».
Parmi les signataires, citons entre autres : Philippe Aghion (collège du France), l’ancien commissaire européen hongrois László Andor, l’ancien président (belge) de la Banque européenne d’investissement Philippe Maystadt, Jean-Marc Ferry (université de Nantes), Jean-Miche De Waele (Université Libre de Bruxelles), Olivier Costa (CNRS/Sciences Po Bordeaux), etc. Voir l’ensemble des signataires
Déclaration de Namur (le texte)
Les propositions formulées dans cette Déclaration visent à répondre à ces légitimes inquiétudes. Inspirées par les valeurs de solidarité, de démocratie et de progrès qui fondent l’Union européenne, ces propositions doivent, selon ses signataires, devenir la référence de toute négociation d’un traité économique et commercial auquel l’Union européenne et ses Etats membres sont parties prenantes. Ces avancées sont amenées à faire l’objet de développements ultérieurs, à la lumière des débats qu’elles pourront susciter.
Ceci implique que l’Union européenne n’est pas en mesure aujourd’hui de négocier un accord équilibré avec les Etats-Unis compte tenu de l’asymétrie des partenaires, notamment pour ce qui est du degré d’achèvement de leurs marchés intérieurs respectifs, et des problèmes d’extraterritorialité de la législation américaine non résolus.
Ceci implique aussi que l’UE devra rechercher de bonne foi, avec ses partenaires déjà engagés dans une négociation, des modalités permettant d’assurer la bonne fin des accords déjà bien avancés, a fortiori déjà signés, dans l’esprit de la présente Déclaration.
Afin de garantir que les méthodes européennes de négociation des traités commerciaux respectent les demandes légitimes de transparence exprimées par la société civile, et les procédures démocratiques de contrôle parlementaire, il convient de
Afin de garantir que les traités commerciaux dits « de nouvelle génération » ne puissent en aucune manière affaiblir les législations qui protègent le modèle socio-économique, sanitaire et environnemental de l’Union européenne et de ses Etats membres, et qu’ils contribuent au développement soutenable, à la réduction de la pauvreté et des inégalités, et à la lutte contre le réchauffement climatique, il convient de
Afin d’assurer que la résolution des différends entre les entreprises et les Etats ou autres Parties aux traités offre les plus hautes garanties juridictionnelles de protection de l’intérêt public, il convient de
privilégier le recours aux juridictions nationales et européennes compétentes, et n’instaurer un mécanisme international de règlement des différends que dans la mesure où celui-ci présente des avantages certains (sur le plan de l’application uniforme des traités, de la célérité et de la compétence des juges) et comporte un mécanisme d’appel garantissant la cohérence des décisions rendues au premier degré ;
appliquer les plus hauts standards aux mécanismes internationaux de règlement des différends, en ce qui concerne notamment les conditions de nomination et de rémunération des juges, ainsi que leurs garanties d’indépendance et d’impartialité, pendant et après l’exercice de leur mandat ;
garantir que les juges soient pleinement qualifiés pour interpréter et appliquer les accords commerciaux en conformité avec les autres règles du droit international, notamment en matière de droits de l’homme, du travail et de l’environnement ;
assurer l’égalité d’accès aux mécanismes internationaux de règlement des différends, notamment par l’adoption de mesures en faveur des PME et des particuliers visant à alléger les implications financières du recours à ces mécanismes ; Ces principes doivent permettre à l’Union européenne de démontrer que les échanges commerciaux ne servent pas les intérêts privés au détriment de l’intérêt public, mais contribuent au rapprochement entre les peuples, à la lutte contre le réchauffement climatique et au développement durable, en particulier des régions les plus défavorisées.
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Pour signer cette déclaration
Lire aussi :
(BRUXELLES2 – exclusif) L’eurodéputée Ana Gomes n’en peut plus de l’attentisme ambiant face au drame syrien. Chaque jour décompter les morts, déplorer les violences en Syrie, alors que le gouvernement de Bachar el Assad bombarde Alep de plus belle. B2 l’a rencontrée aujourd’hui dans son bureau au Parlement européen. Elle vient tout juste de terminer d’écrire une lettre (1) à l’intention de tous les représentants européens — eurodéputés mais aussi États membres et institutions de l’UE— pour les inciter à réagir et à agir.
Que voulez-vous ? Un procureur spécial sur la Syrie ?
Oui. Il faut dire stop. Notre message doit être clair. Il faut dire nettement aux criminels que nous n’allons jamais les oublier, que nous poursuivrons jusqu’au bout tous ceux qui sont responsables de ces atrocités. Un procureur spécial doit être nommé pour enquêter sur les crimes de guerre, sur les crimes contre l’humanité commis en Syrie, notamment à Alep.
En plénière, à midi, vous avez défendu avec passion votre initiative. Vous espérez que les eurodéputés vont rejoindre votre initiative ?
Beaucoup m’ont déjà fait savoir leur disposition à signer la lettre. C’est positif.
Quel a été le déclic pour vous ?
En apprenant que des pamphlets étaient lancés, depuis les airs, sur la ville, recommandant à la population d’Alep de fuir parce que les bombardements les tueraient et, surtout, en leur disant qu’ils ont été abandonnés de tout le monde. J’ai tout de suite pensé NON ! On n’oublie pas. On va continuer à être là. Il faut dire que nous n’oublions pas les Syriens et, particulièrement, la population d’Alep.
L’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, a dit qu’Alep tomberait très vite, cependant, n’est-ce pas trop tard ?
… C’est précisément à cause de ces bombardements commis par les forces russes et celles d’Assad qu’il faut agir. Il y a un objectif stratégique dans cette horreur. Quand on connait le blocage au Conseil de sécurité et quand on voit qu’Assad et ses alliés interprètent ce moment comme une fenêtre de tir pour tout résoudre militairement avant que Trump ne soit là. L’objectif est de nous mettre — le monde et l’Europe —, devant les faits accomplis. Ensuite on va organiser une belle conférence internationale pour la reconstruction. Et on laissera Assad au pouvoir.
L’Union européenne vous semble trop timide ?
L’Europe a beaucoup de tort dans tout le processus, plutôt par omission que par action d’ailleurs. Le moment est venu pour l’Union européenne d’agir. Elle doit maintenant se mobiliser à l’Assemblée générale des Nations Unies.
(Propos recueillis par Leonor Hubaut)
(1) Télécharger la lettre ici
Lire : L’UE attendue pour la reconstruction de la Syrie (Staffan De Mistura)
(B2) Le navire néerlandais Zr. Ms Rotterdam a terminé ce week-end la première phase de formation des garde-côtes libyens qui lui avait été confiée. Le navire fait route actuellement vers son port d’attache Den Helder. Les 78 stagiaires libyens ont pratiqué certains exercices, tels l’extinction d’un feu à bord d’un navire, ou l’abordage et la recherche d’un navire suspect. La formation va se poursuivre désormais à bord du navire italien San Giorgio « avec des leçons plus générales et théoriques » précise-t-on côté néerlandais.
(BRUXELLES2) C’est dans un froid glaçant que 400 membres des forces spéciales et 13 hélicoptères venus de quatre pays (Belgique, Slovénie, Autriche, Italie) ont clôturé, ce mercredi (30 novembre), un exercice « grandeur nature » sur la base aérienne de Florennes (près de Charleroi). Intitulé Black Blade, cet exercice organisé (comme chaque année) par l’Agence européenne de défense avait pour objectif d’intégrer unités terrestres et aériennes de plusieurs États membres pour les entraîner à travailler ensemble autour de scénarios aussi proches que possible de certaines réalités troublés : missions de reconnaissance, de protection de convois (au sol comme dans l’air), attaque d’objectifs menaçants, arrivée de forces spéciales pour libérer des otages, évacuation de ressortissants ou de blessés…
(Leonor Hubaut)