(B2) Autrefois, jusqu’en 2017, le chiffre de personnes secourues figurait dans tous les communiqués, dossiers de presse et autres documents publics. Il était l’un des marqueurs de l’activité de l’opération européenne maritime en Méditerranée. Il est désormais effacé. Le sauvetage en mer des migrants et réfugiés n’a plus vraiment la côte en Italie, ni en Europe. L’opération Sophia, elle même, est plutôt mal vue du côté du nouveau pouvoir à Rome, les marins italiens étant réputés trop respectueux d’une certaine tradition maritime et peut-être tout simplement de certaines valeurs.
Combien de personnes ont été sauvées en mer ces derniers mois par les navires d’EUNAVFOR ?
Selon un dernier bilan dressé par l’opération de l’UE en Méditerranée centrale, que nous avons pu consulter, les navires de l’opération Sophia (EUNAVFOR MED) ont été impliqués dans 21 opérations de sauvetage (évènements SOLAS) permettant de secourir 2 292 personnes. Ce qui représente un rythme d’un peu plus de 300 personnes par mois et 9.6% du total des personnes sauvées en mer Méditerranée centrale, par les navires internationaux ou libyens.
Un chiffre en baisse continue. Sur la période d’octobre 2017 à juillet 2018, 4 665 personnes avaient été sauvées par les navires de l’opération sur un total de 29 785 personnes récupérées en mer par différents navires. Ce qui représentait un taux de 15% récupérés par les navires de l’opération militaire européenne, et un rythme de 400 personnes par mois. Entre juin 2015 et octobre 2017, environ 41 500 vies avaient été sauvées en mer, lors de 278 opérations de sauvetage. Ce qui représentait alors une moyenne de 1 500 personnes par mois.
L’activité des navires des ONG continue malgré tout
Selon l’opération, les navires des ONG mènent encore des opérations de recherche et de sauvetage en haute mer au large des côtes de l’Ouest de la Libye. Les sauvetages par des ONG représentent encore un tiers (34%) de toutes les personnes sauvées et emmenées en Italie au cours du premier semestre 2018. Mais la proportion se réduit par rapport aux périodes de référence précédentes. Et depuis le milieu de l’été, elle s’est raréfiée.
Quelle est l’activité des navires marchands ?
Le nombre de navires marchands participant à des opérations de sauvetage se maintient à un niveau relativement constant depuis 2015, selon l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). En 2017, 119 navires ont participé au sauvetage de 11 350 migrants. Dans les six premiers mois de 2018, ce nombre est tombé à 1 329 personnes secourues.
Un taux de mortalité en nette augmentation
Si le nombre des arrivées en Italie a chuté de 80 % pendant les huit premiers mois de 2018, le taux de mortalité continue d’augmenter. Au total, entre le 1er janvier et le 27 août, 1 103 personnes sont mortes sur la route de la Méditerranée centrale, essentiellement en provenance de Libye vers l’Italie. Soit un taux de mortalité de 1 mort pour 29 arrivants, contre 1 pour 41 personnes au cours de la même période en 2017, selon Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La tendance observée en juin se confirme donc, et même s’aggrave, puisque depuis le dernier bilan (lire : Les flux migratoires baissent-ils ? Combien de personnes sont arrivées en Italie ou en Espagne ?) près de 500 personnes sont mortes. Soit une moyenne de 230 personnes par mois (sur les deux mois de l’été) à comparer à une moyenne de 105 morts par mois (sur les six premiers mois de l’année).
Les garde-côtes libyens sont-ils plus actifs ?
Oui. Durant les huit premiers mois de l’année 2018, les garde-côtes libyens, agents de la sécurité côtière, comme les pêcheurs, ont secouru ou intercepté près de 12 945 personnes, soit presque la moitié des personnes arrivées en Italie (source OIM et HCR).
Les conditions d’appréhension par les garde-côtes libyens sont-elles conformes ?
Les garde-côtes libyens « utilisent des armes à feu, recourent à la violence physique et profèrent des menaces pendant les opérations de recherche et de sauvetage dans les eaux libyennes et internationales », selon les témoignages recueillis par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH). Une fois arrivés à terre, ce n’est pas mieux. Les personnes interceptées et ramenées en Libye sont « automatiquement mis aux arrêts, sans les garanties de procédure et font l’objet de graves atteintes à leurs droits fondamentaux ».
Combien de personnes sont dans les centres de détention libyens ?
Environ 8 000 personnes sont détenues dans les centres gérés par la direction libyenne de lutte contre l’immigration illégale. Ces centres de détention ne sont pas gérés conformément au droit libyen ou aux normes internationales. Les conditions de détention y « sont déplorables » que ce soit pour l’hébergement, la nourriture et l’hygiène, selon le HCR. Et elles « risquent de se dégrader encore du fait de la forte surpopulation liée à l’augmentation du nombre de personnes interceptées, secourues et débarquées en Libye ». Il est « souvent fait état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, de violence sexuelle et sexiste, de travail forcé et d’exploitation » attribués aux gardes. Les femmes ne sont pas surveillées par des gardiennes et les enfants non accompagnés sont détenus avec les adultes. Ce qui autorise tous les dérapages. « Les organisations internationales n’ont véritablement accès à ces centres que de manière ponctuelle et souvent difficilement. » Avec l’interception croissante par les garde-côtes libyens, la pression sur ces centres pourrait augmenter.
Combien de personnes sont prêtes au départ ?
Le chiffre est très difficile à obtenir. Il existe des évaluations. Selon l’ONU, on estime à plus de 680 000 personnes migrants, déplacés ou réfugiés, qui résident dans le pays sans être, officiellement, en détention. L’OIM décompte elle 180 000 déplacés internes et 372 000 personnes retournées en Libye. Et le HCR a enregistré 53 000 réfugiés et demandeurs d’asile.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Les flux migratoires baissent-ils ? Combien de personnes sont arrivées en Italie ou en Espagne ?
(B2) Un soldat allemand est décédé ce samedi (6 octobre), en opération à la suite d’un accident sur le site d’entraînement de Pabradė en Lituanie. Faisant partie de la présence avancée — dans le cadre de l’opération de l’OTAN dans les pays baltes — son véhicule blindé de dépannage intervenait sur un accident quand il a heurté un arbre, indique la Bundeswehr. Le conducteur grièvement blessé à la tête par la chute de branches n’a pu être ramené à la vie malgré les premiers secours. Une enquête a été ouverte par les autorités lituaniennes et allemandes pour déterminer les causes de l’accident mortel.
(NGV)
(B2) Le Comité norvégien de Nobel a décerné le prix Nobel de la Paix 2018 à deux personnalités : Denis Mukwege et Nadia Murad. Un prix attribué à la lutte contre l’utilisation des violences sexuelles comme arme de guerre. Deux personnalités bien connues du public européen pour avoir obtenu le prix Sakharov.
Ill. Niklas Elmehed. © Nobel Media
Denis Mukwege, gynécologue est plus connu sous le nom de l’homme qui répare les femmes. Ce médecin congolais, de 63 ans, « a dédié sa vie à défendre des victimes de violences sexuelles en temps de guerre et avec son équipe sauvé des milliers de patients victimes de tels assauts », particulièrement en RD du Congo. Il critique le rôle des gouvernements rwandais et de la RD Congo, ainsi que l’inertie et le cynisme de la communauté internationale. Il avait reç le Prix Sakharov du Parlement européen en 2014. Il est souvent désigné comme L’homme qui répare les femmes‘ titre d’un livre éponyme de Colette Braeckman (lire : l’histoire inhumaine des femmes à l’est du Congo).
De son côté, Nadia Murad, jeune femme de 25 ans, est « le témoin qui raconte les abus perpétrés contre elle et d’autres. Elle a fait preuve d’un courage rare en racontant ses propres souffrances et en s’exprimant au nom des autres victimes », explique le Comité Nobel. En février 2016, elle témoignait devant le Parlement européen, à tout juste 21 ans : « Je suis une des milliers de Yezidie qui a été kidnappée. Je suis devenue l’objet des viols et tortures de Daesh… Quand les hommes de Daesh ont attaqué Sinjar, ils nous ont donné deux options : se convertir ou mourir ». Elle aussi a reçu le prix Sakharov en 2016. Et son témoignage poignant devant le Parlement européen avait ému les eurodéputés (lire : Le témoignage de Nadia Murad Basee Taha, rescapée de Daesh).
(Aurélie Pugnet, st.)
Télécharger le communiqué du Prix Nobel
(B2) Le Royaume-Uni déploie d’importants moyens pour participer à l’exercice Saif Sareea (ou Swift Sword), qui se déroule au large d’Oman avec les troupes de cet émirat. Des moyens d’une ampleur inédite depuis 2002 — 5500 hommes, 185 véhicules, une dizaine d’avions et sept bâtiments de la Royal Navy — sont ainsi mobilisés. Le tout, par une chaleur de plus de 40° dans le désert. De quoi tester les troupes qui seront à terre.
Londres entend ainsi montrer à Oman l’importance de ce partenariat, dans un effort d’autant plus significatif qu’il a lieu en même temps que l’exercice Trident Juncture avec l’OTAN (lire : Trident Juncture, le grand exercice de l’OTAN se prépare). Une manière également pour Londres de marquer que, Brexit ou pas, la défense britannique est toujours capable d’être présente à différents points du globe.
(Romain Mielcarek)(B2) Le mécanisme de protection civile a été activé mercredi (3 octobre) face à la situation dans la province de Sulawesi centrale en Indonésie.
Le tsunami (une vague de 3 mètres) et le séisme (de magnitude 7,5) subi vendredi (28 septembre) ont fait près de 1400 morts et 2500 blessés, selon un bilan encore provisoire.
(Crédit : Fédération internationale de la Croix Rouge)
Finances, cartographie et experts
La Commission européenne a déjà débloqué 1,5 million euros pour l’aide humanitaire d’urgence lundi (1er octobre). Le service de cartographie d’urgence du satellite européen Copernicus a également été activé. Il a ainsi pu fournir des cartes satellites pour évaluer les dégâts et aider les autorités nationales et services d’aide sur le terrain. La Commission a également envoyé un expert humanitaire sur le terrain pour coordonner les efforts de l’Union européenne. Une aide complétée par celle des États membres : le Danemark et Belgique ont déjà annoncé débloquer des fonds, ainsi que le Royaume-Uni.
Un A400M britannique sur place
Un avion «Atlas» A400M de la Royal Air Force britannique, qui se trouvait au Moyen-Orient, a été dépêché sur place, pour assurer l’approvisionnement dans les zones qui en ont le plus besoin. Une petite équipe d’experts militaires britanniques s’est aussi déployée en complétement d’une équipe d’experts et une aide de 2 millions de £ du DFID, le département ‘Développement’ du Royaume-Uni. « Cela montre une fois de plus que la Grande-Bretagne et ses alliés du monde entier peuvent compter sur nous pour leur apporter soutien et assistance, peu importe l’heure, le lieu et le problème » a souligné le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson.
(Aurélie Pugnet st. & Nicolas Gros-Verheyde)
(B2 – exclusif) Le gouvernement belge ne croit pas que l’opération de l’UE en Méditerranée (EUNAVFOR Med alias Sophia) soit vraiment efficace. Aucun navire n’était présent en 2018, aucun ne le sera en 2019. La présence d’officiers au QG de Rome pourrait même être interrompue au 1er janvier prochain. Un retrait symbolique pour un pays qui a été un des premiers contributeurs
Pas de contribution en navires
La défense belge n’avait pas jugé bon de contribuer en fournissant des navires cette année. Une position qu’elle compte réitérer en 2019, comme nous l’a confirmée le ministre Steven Vandeput lors de notre entretien avec B2 fin août. « Nous n’avons pas contribué avec des navires cette année et nous tiendrons la même position l’année prochaine. »
Une opération suboptimale
Une question d’efficacité juge le ministre (N-VA). « Pour moi, cette opération est quand même suboptimale. Je l’ai dit à Vienne [NDLR lors de la réunion informelle des ministres de la Défense]. Car on n’est jamais passé aux phases 2b et 3 (comme prévu) qui concernent la lutte contre les passeurs. C’est le problème, cette opération n’est pas encore efficace. »
Des ersatz de solution
« On parle d’ajouter le contrôle des flux de pétrole au mandat de l’opération, mais cela reste accessoire finalement, par rapport à l’objectif principal. Tout le monde se concentre sur la formation des garde-côtes. Mais cela apparait comme un ersatz de solution, faute de passer aux phases 2b et 3. »
Pas de contribution tant qu’il n’y a d’intervention dans les eaux territoriales
La Belgique « contribuera donc quand on passera à la phase 2b et 3 [avec la possibilité pour les navires d’intervenir dans les eaux territoriales libyennes et à terre]. Sinon, cela ne sert pas à grand chose ». Lire l’entretien complet : Facilité de paix, Pesco, Sophia … Il reste encore des points à clarifier (Steven Vandeput)
Arrêt de toute participation en 2019
La Belgique conserve encore quelques officiers dans l’état-major de l’opération à Rome. Mais ce n’est plus qu’une question de mois, selon nos informations. Une décision est en préparation. Et elle pourrait conduire à ne pas proposer de renouveler cette présence belge dans l’état-major. Ainsi au premier janvier, la Belgique ne participerait plus formellement à Sophia en personnel et en moyens, mais uniquement de manière financière via le mécanisme Athena.
(Nicolas Gros-Verheyde)