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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 24 min 57 sec ago

Liberté, Démocratie, Solidarité. Les conclusions des « Méditerranéens au Sommet d’Athènes

Fri, 09/09/2016 - 23:00
(B2) Réunis à Athènes, ce 9 septembre, les Sept pays méditerranéens de l'UE (Chypre, Grèce, Espagne, France, Italie, Malte, Portugal) ont voulu marquer leur « conviction » que  l'Union européenne a besoin d'une « nouvelle impulsion » afin de relever « les défis communs ». A l'heure du Brexit, ils ont mis cinq valeurs en […]

Finie la réflexion, place à l’action. Federica Mogherini amorce une déclinaison en projets sur la sécurité et la défense

Wed, 07/09/2016 - 12:15
(B2) Avancer, avec des « propositions très concrètes » d'actions à prendre dans les « semaines et mois à venir, en particulier dans le domaine de la sécurité et la défense », c'est l'ambition de Federica Mogherini qu'elle a affirmée tant à Bratislava, devant les ministres des Affaires étrangères au gymnich, le 2 septembre, ou devant les membres de la conférence […]

Carnet (07.09.2016). Sanctions (terrorisme, Ukraine). Conférence PESC (Bratislava). Budget de défense 2020 (France/Allemagne). Armée commune (tchèque / slovaque). Airbus/Leonardo. Artillerie française (Irak). Soudan du Sud (force MINUSS). Russie ...

Wed, 07/09/2016 - 09:05
(B2) Parus récemment : A défaut de TTIP, un accord ACSA. L’UE prête à signer l’accord avec les USA sur les équipements militaires ?* Le Royaume-Uni veut rester un acteur clé de la défense en Europe (Fallon)* Après le coup d’état, les 28 reconnectent les fils avec Ankara* Le HMS Diamond en Méditerranée sur le […]

A défaut de TTIP, un accord ACSA. L’UE prête à signer l’accord avec les USA sur les équipements militaires ?

Tue, 06/09/2016 - 14:01
(B2 - exclusif) L'Union européenne pourrait, enfin, conclure avec les Etats-Unis un accord d'achat ou d'échange d'équipements militaires, de type ACSA (Acquisition and Cross-Servicing Agreement) dans le cadre des exercices et des opérations militaires de la PSDC. Une proposition a été faite par la Haute représentante le 9 juin dernier (1). Et le texte a […]

Le Royaume-Uni veut rester un acteur clé de la défense en Europe (Fallon)

Tue, 06/09/2016 - 09:40
(B2) Pour Michael Fallon, le ministre britannique de la Défense, le Brexit ne signifie pas un abandon de la défense de l'Europe. Au contraire, il l'a redit lors des universités d'été de la défense, à l'Ecole Polytechnique, à Palaiseau, ce lundi (5 septembre). « Nous quittons l'Union européenne, mais les principes de la sécurité européenne […]

Après le coup d’état, les 28 reconnectent les fils avec Ankara

Mon, 05/09/2016 - 23:50
(B2) Le sujet fondamental de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères à Bratislava, les 2 et 3 septembre, était la Turquie (1). L'enjeu était de renouer les relations avec le gouvernement turc, après les états d'âme des Européens qui avaient suivi le coup d'état et de faire baisser l'acrimonie de part et d'autre. […]

Le HMS Diamond en Méditerranée sur le contrôle des armes

Mon, 05/09/2016 - 22:51

Le HMS Diamond D-34 (Crédit : MOD UK / Crown Copyright)

(B2) Le navire britannique HMS Diamond (D-34) va venir renforcer l’opération EUNAVFOR Med dans sa nouvelle fonction de contrôle des armes. Ce destroyer de défense anti-aérienne de type 45 a quitté son port d’attache Portsmouth mercredi soir (31 août) et est arrivé à Gibraltar, dimanche (4 septembre), où il a retrouvé le navire auxiliaire RFA Mounts Bay qu’il doit remplacer. Durée prévue de son engagement : deux mois environ.

NB : Les Britanniques ont été en permanence engagés dans l’opération Sophia, fournissant un navire de façon quasi interrompue, le HMS Enterprise notamment s’est illustré en allant au secours de plus de 700 personnes en détresse.

Un seul service de renseignement franco-allemand. Récit d’un échec

Sun, 04/09/2016 - 23:44

(B2) Ce sont les étudiants de Centrale, à Chatenay-Malabry, qui ont eu la primeur de cette information, comme le raconte Jacques Follorou dans le quotidien Le Monde. L’ancien responsable de la division technique de la DGSE, Bernard Barbier, leur a confié, comment l’idée de faire un grand service de renseignement franco-allemand est venue… et comment elle a échoué.

Pour bâtir un service de renseignement, il n’y a pas grand monde…

« Il est impossible de construire un seul service de renseignement européen avec 28 pays qui n’ont pas les mêmes moyens ni la même culture. Les meilleurs, par rapport à leur nombre d’habitants, ce sont les Suédois. Les Italiens sont mauvais. Les Espagnols sont un peu mieux, mais n’ont pas de moyens. Et les Britanniques, avec 6 500 agents au sein du GCHQ, sont forts, mais sont-ils Européens ? (…) Restent les Allemands, qui sont de solides partenaires.»

Les Allemands sont solides

J’ai beaucoup travaillé avec eux, à la fois en transmettant notre savoir-faire mais aussi en leur apportant des moyens techniques. Les ingénieurs allemands et français travaillent très bien ensemble. En revanche, l’ingénieur britannique avec l’ingénieur français, c’est compliqué.

Le niveau politique refuse la fusion BND / DGSE

Pour être plus efficaces, j’ai dit aux politiques en France qu’il fallait fusionner le BND [le Service fédéral allemand de renseignement] et la DGSE. C’est la seule solution. Cela ferait un service de 15 000 personnes. La NSA compte 60 000 personnes, et la direction technique de la DGSE, seule, c’est 3 000 agents. Mais les politiques français n’ont jamais donné suite. »

L’attaque sur l’Union européenne de 2010 : une attaque venue de Washington

Le super techno-espion raconte ensuite comment il a démasqué l’origine de l’attaque sur l’Elysée qui se révèle être la même signature que celle qui a frappé l’Europe. « Le responsable de la sécurité informatique de l’Elysée était un ancien de ma direction à la DGSE, relate M. Barbier. Il nous a demandé de l’aide. On a vu qu’il y avait un “malware” qui avait une signature identique à celui que nous avions identifié lors d’une attaque contre la Communauté européenne en 2010. Il n’y avait que les Américains et les Russes qui avaient pu faire cette première opération. En 2012, nous avions davantage de moyens et de puissance techniques pour travailler sur les métadonnées. J’en suis venu à la conclusion que cela ne pouvait être que les Etats-Unis.

Rotation 2016. Les biographies de la 2e vague d’ambassadeurs

Sun, 04/09/2016 - 12:42
(B2) La deuxième partie de la rotation 2016 a été officiellement été nommée, complétant la première partie annoncée durant l'été (lire : Rotation 2016. Les biographies des 17 ambassadeurs déjà nommés). Il était temps. Car se dérouleront à Bruxelles la traditionnelle semaine des ambassadeurs et chefs de mission de l'UE, synonyme de prise de fonction […]

Le mécanisme européen de protection civile. Une vraie capacité d’intervention civile

Sat, 03/09/2016 - 14:25
(B2) Depuis 2001, l'Union européenne s'est dotée d'un mécanisme européen de protection civile, pour favoriser les interventions conjointes d'assistance en Europe, et dans le reste du monde, et pour renforcer la coopération entre les autorités nationales de protection civile des différents pays européens. Ce mécanisme a été considérablement consolidé en 2013, avec le renforcement des capacités opérationnelles […]

La CJUE : une sorte de cour suprême d’une quasi fédération (Jean-Claude Bonichot)

Fri, 02/09/2016 - 23:33
(B2 à Luxembourg) Une juridiction internationale, pas vraiment comme les autres, sorte de « Cour suprême du 'bloc' de l'ordre juridictionnel européen... voici comment Jean-Claude Bonichot, juge à la Cour de Justice de l'UE depuis presque dix ans, présente son institution, dont il est devenu une des figures incontournables. Après une formation de juriste et […]

Les 10 mythes qui mitent la défense européenne

Fri, 02/09/2016 - 15:13

(crédit : EMA / DICOD)

(BRUXELLES2) Le débat sur la défense européenne est aujourd’hui empoisonné par quelques mythes, des illusions, parfois gentilles, parfois mesquines, qui sont handicapantes sur le plan de l’action comme de la réflexion. Alimentées tout autant par de doux rêveurs (qui projettent leurs fantasmes sur les réalités) et les souverainistes (tout aussi rêveurs, mais plus dangereux), ces propos méritent d’être un peu remis dans le contexte du principe de la réalité.

1er mythe : « aaah si on avait fait la Communauté européenne de défense » (le nostalgique)

C’était en 1954, il y a plus de 60 ans, il y a trois générations. A l’époque, l’Algérie était (encore) française. Staline venait juste de mourir. l’Allemagne était toujours occupée et son armée interdite d’existence. Le mur de Berlin n’était pas encore construit. Et les Français et Britanniques n’avaient pas été faire le coup de force à Suez, etc. Tenter de faire revivre une idée qui a été conçue dans un contexte politique précis, avec un lamento du type ‘aaah si on fait fait la CED, on n’aurait pas ce type de problème‘ relève de la douce nostalgie (1).

Entretemps, le mouvement de décolonisation a réduit les colonies françaises et britanniques (belges et néerlandaises) à quelques miettes d’empire, la mondialisation voit naitre lentement de nouveaux géants (Chine, Corée, Inde, Brésil…) qui peuvent désormais tenir la dragée haute en matière industrielle aux Européens. De nouvelles menaces se sont fait jour. La situation n’est pas du tout la même.

Affirmer aujourd’hui que ce raté préjudicie toute autre initiative relève du syndrome d’Attila (l’herbe ne repoussera jamais). Rideau sur la CED qui appartient à l’histoire comme la IVe république à celle de la France.

2e mythe : « Ma défense nationale, très efficace » (le fumeur de pipe)

Face à une résurgence de la volonté russe de montrer ses muscles, il est symptomatique que les Européens aient été incapables de pouvoir organiser des mesures de réassurance envers les Etats les plus exposés suffisamment fortes pour être dissuasives. Il a fallu attendre l’impulsion de Washington, son engagement, pour que les Européens se décident, un peu, à agir. L’Europe est comme cet adulte qui s’enracine dans le domicile parents, répugnant à le quitter car le logis et le couvert sont assurés, à un moindre coût…

La réalité, aujourd’hui, c’est que, plus de 25 ans après la chute du mur de Berlin, l’Europe est devenue dépendante du goutte-à-goutte américain. La plupart des armées en Europe sont aujourd’hui des « tigres de papier » qui ne sont plus en capacité de réagir à des menaces, même d’intensité moyenne, qui frapperaient leur propre territoire. Un triple coup de ciseau menace aujourd’hui la souveraineté des Etats européens : 1°) une augmentation des menaces ; 2°) un affaiblissement des capacités et des budgets (même s’il y a une remontée des budgets celle-ci reste limitée et incapable de compenser le lent effacement de presque dix ans) ; 3°) la faiblesse de l’effort de recherche & développement. En clair, la plupart des pays sont incapables d’assumer seuls leur défense. L’absence d’investissement notable, de R&D autonome nationale et européenne, le principe de la préférence nationale et à défaut la préférence américaine (sans introduire la préférence européenne) fait que l’industrie européenne n’a pas l’incitant suffisant pour se développer (sauf par les exportations hors d’Europe) (3).

3e mythe : « l’armée française, la meilleure d’Europe » (le coureur dopé)

C’est un sentiment très clairement exprimé aujourd’hui dans l’hexagone. Certes l’armée française, a une capacité notable, une chaîne de commandement efficace et un effet de taille que peu de pays réunissent. Ses réussites sont enviées. Mais la fibre patriotique, utile, obscurcit aujourd’hui la réalité. La France semble aujourd’hui illusionnée, ensorcelée par ses « victoires » au Sahel ou en Centrafrique, comme l’a été hier le Royaume-Uni. Nous sommes plus proches du dopage que de la course de fond. L’armée française est au bout de ses capacités. Et même si on augmente un peu ses capacités, c’est le budget public qui ne pourra supporter, tout seul, un effort intense sur une durée aussi longue.

Le Royaume-Uni avait connu pareille euphorie, à partir de 2003 avec un engagement soutenu en Irak et en Afghanistan. Cet effort a duré dix ans et a laissé sur la paille l’armée britannique, incapable de faire face à la fois au renouvellement accéléré des matériels, des munitions, des équipements et … aux pertes humaines. Le budget de la Couronne n’a pu supporter cet effort. Et, l’armée britannique, est aujourd’hui handicapée, incapable de se projeter à une hauteur conséquente, comme dans le passé, avec un sentiment d’amertume et de grandeur perdue. La France pourrait connaître pareille mésaventure d’ici la fin de la décennie.

4e mythe : faisons l’armée européenne (l’ambitieux impuissant)

Tirant partie des faiblesses de certaines armées, l’idée parfois avancée est un projet d’armée européenne. Cette idée revient souvent aussi chez certains (hommes politiques, observateurs) qui n’arrivent pas à traduire autrement le projet d’un renforcement de l’Europe de la défense, d’une mutualisation des moyens. Comme s’il ne pouvait y avoir d’autre projet, comme si la pensée stratégique était à ce point annihilée qu’il n’y a pas d’autre projet possible au niveau européen que l’armée européenne.

Or, à supposer qu’elle ne soit pas juste un ‘bon mot’ mais un vrai projet, la création d’une armée européenne suppose un énorme engagement politique, militaire, technique, … et financier. Elle supposerait ainsi au préalable des investissements notables avant d’en récolter des fruits d’économie budgétaire. Ce n’est pas vraiment possible, aujourd’hui, pour deux raisons essentielles. Il n’y a pas de pouvoir européen fort, légitime, capable d’assumer, politiquement et financièrement, un engagement militaire avec ses pertes humaines, ses possibles erreurs, ses traquenards et qui puisse rendre compte de ses erreurs. Il n’y a pas de peuple européen. Il n’y a pas de budget européen. Il n’y a pas de volonté dans la plupart des pays de consentir de nouveaux glissements de souveraineté à l’échelon européen. Etc.

Derrière cette assertion, il y a parfois de la bonne foi — fixer un objectif lointain et mettre en place les outils techniques pour y arriver —, mais plus souvent il y a quelques sous entendus : 1) l’armée européenne, c’est tellement irréaliste, on n’a pas réussi à le faire en 1954, on ne peut rien faire en matière européenne… 2) une armée européenne c’est un projet intergouvernemental permettant ainsi de dire aux institutions européennes qu’elles sont dépassées et doivent faire autre chose.

5e mythe : soyons réalistes, faisons du pragmatisme (le joueur de loto)

C’est l’inverse de l’armée européenne. C’est la méthode des petits pas, de la coopération concrète, des projets à partir du bas, d’échange de compétences, de bonnes pratiques, etc. Mais elle n’a pas produit de résultats importants. De fait, souvent, ces mots cachent souvent une absence de volonté politique. Et quand elle existe, celle-ci ne dure qu’un printemps. Même ceux qui ont tenté, de bonne foi cette méthode le reconnaissent. En matière de défense, il faut une importante et intense volonté politique, venue du plus haut de chaque Etat — avec parfois l’accord des parlements et des commandements d’armées —, pour pouvoir se décliner jusqu’en bas, avec un objectif concret, structurant, et rapide pour obtenir un effet. Mais la défense ce n’est pas une épicerie. Et un colonel ne commande pas à un général.

6e mythe : les ‘headlines goal’ (l’illusionniste)

Tout le monde l’a oublié. Mais il y a 15 ans, à Helsinki, les Européens avaient défini plusieurs objectifs très généreux, les headline goal. Les Quinze d’alors s’engageaient à être capables de « déployer des forces militaires » de l’ordre « d’un corps d’armée — jusqu’à 15 brigades, soit 50 000 à 60 000 hommes — » pour pouvoir accomplir l’ensemble des missions de Petersberg, c’est-à-dire notamment des missions de combat, d’interposition et de maintien de paix. Autrement dit un leurre à l’heure européenne. Pour le Mali en 2013, pour la Centrafrique ensuite… on n’a pas trouvé les hélicoptères et soldats nécessaires. Il a fallu les Tchadiens dans un cas, les Géorgiens dans l’autre, pour boucler des effectifs qui étaient à peine de 10% de l’objectif dans le premier cas, de 1 ou 2% dans le second cas. Malgré tous les discours et tous les engagements, il n’y a toujours aucune volonté de planifier en commun les capacités nécessaires, les types d’équipements, et finalement de combler les lacunes en commun. Ce travail qui continue d’occuper quelques états majors est un travail inutile et un leurre, dangereux, de puissance.

7e mythe : la duplication avec l’OTAN (le flûtiste)

C’est un spectre agité à chaque fois qu’un projet européen se fait jour, un tant réaliste ou ambitieux. La duplication avec l’OTAN est un de ses vieux mythes récurrents imbéciles. Ce n’est pas parce que les Européens n’ont pas réussi à fédérer en leur sein une idée de défense que l’OTAN va mieux. Au contraire…

Le débat n’est plus de savoir aujourd’hui s’il faut une Europe de la défense ou une défense européenne, l’un synonyme de l’autonomie de l’Union européenne, l’autre synonyme d’un pilier européen au sein de l’OTAN. Ou si l’un va affaiblir l’autre. La réalité est que si l’on ne fait pas l’un, on ne fait pas l’autre.

La réalité, c’est que les organisations, les structures, les chaînes de commandement politiques sont différentes et ne sont pas interchangeables. Elles ne peuvent être dupliquées car elles ne sont pas dupliquables. Certaines missions, l’OTAN ne peut (ou ne veut) pas les assumer (car son ombre dans certaines régions n’est pas souhaité) ou les assurer (car elle n’en a pas les moyens).

La réalité c’est qu’aujourd’hui l’antagonisme OTAN – UE, parfois gonflé, semble appartenir au passé. « Contrairement à d’autres temps, nous n’opposons plus défense européenne à défense OTAN. Et du côté OTAN, il y a une reconnaissance des progrès et développement accomplis par UE dans le champ sécurité et défense » soulignait ainsi récemment à Paris devant les ambassadeurs, le général de Rousiers (ancien président du comité militaire de l’UE). « C’était très visible au sommet Pays de Galles. où il y avait 70 occurrences du mot ‘Union européenne’ dans le texte. Une situation optiquement inédite. »

8e mythe : sans le Royaume-Uni, on ne peut rien faire ? (le joueur de cornemuse)

C’est faux. Prétendre le contraire, c’est confondre le poids britannique, réel, au plan militaire et son apport, concret, aux opérations européennes. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions. Quand le ministre néerlandais Bert Koenders regrette « la perte de la capacité expéditionnaire, en particulier de la flotte britannique » avec le Brexit, ce sont ainsi davantage des larmes de crocodile. La plupart des opérations militaires européennes se sont passées, jusqu’ici, des armées britanniques. Même l’opération anti-piraterie dans l’Océan indien, pourtant commandé par un Britannique, n’a bénéficié que d’un soutien limité de la marine royale en termes de navires (Lire : Brexit. Le Britannique est-il nécessaire à l’Europe de la défense ?). Seule l’opération Sophia en Méditerranée compte aujourd’hui un navire britannique dans ses rangs, sans que cette présence soit aussi fondamentale que l’apport italien ou allemand à l’opération.

Au surplus, même hors de l’Union européenne, il est toujours possible d’associer les Britanniques aux opérations et aux projets de la défense européenne, de façon ad hoc, comme on le fait aujourd’hui pour tous les pays tiers. L’Australie, la Russie et l’Ukraine sont venus prêter main forte à l’UE hier. Les Etats-Unis, la Suisse, la Géorgie ou la Turquie continuent de le faire. Pourquoi pas les troupes de sa Royale Majesté demain ?

9e mythe : on décide tout à l’unanimité (le légaliste endurci)

Une belle excuse. En fait, la défense bénéficie, au niveau européen, du cadre le plus souple et le plus riche possible en matière d’actions « à la carte ». C’est d’ailleurs le seul domaine à bénéficier d’un tel traitement de faveur. Il est possible d’agir à 2 ou 3 (ou davantage) une coopération par exemple ad hoc sur une opération (délégation d’action article 44), d’avoir une coopération à plusieurs sur une ou deux thématiques (coopération renforcée), d’avoir une coopération plus forte avec une structure permanente (coopération structurée permanente), de mettre en place un fonds pour les missions (Fonds de lancement) (2). Au surplus, il est toujours possible de recourir à une initiative hors traité, comme on l’a fait régulièrement — que ce soit pour OCCAR ou l’EATC —.

Aucun de ces cadres n’a jamais été déclenché par un Etat membre. Plusieurs pays (Allemagne, France, Espagne, Belgique…) en ont parlé, à titre intentionnel, dans des documents programmatiques (type Livre Blanc) ou des discours politiques. Aujourd’hui, l’Etat qui le veut peut appuyer sur le bouton, demander le déclenchement d’une coopération « structurée » ou « renforcée ».

De la même façon, la Haute représentante de l’UE, si elle le désire demain, peut réorganiser le fonctionnement de ses services pour créer un commandement de conduite des opérations militaires. Ce sera un peu un coup de force, la voie est étroite, mais c’est possible.

10e mythe : la défense, c’est à 27 ou 26 (le solidaire hypocrite)

C’est possible, mais très difficile, voire très souvent impossible. La réalité — et l’expérience des dernières années — oblige à le reconnaître. Les projets de défense intègrent, de façon si intense, les données politiques et techniques qu’il est difficile de réunir tous les pays sur une même ligne, en même temps. Si on veut avancer, vite, voire avancer tout court, l’Europe de la défense doit se conjuguer au pluriel et peut se décliner en petits groupes, selon des logiques territoriales et politiques — Belges avec Néerlandais, Nordiques ensemble, Visegrad, Europe centrale, Balkaniques, Méditerranéens — accompagnées de logiques d’articulation de forces, complémentaires, intégrées, opérationnelles. Il ne s’agit pas de reconstituer des forces multinationales, disponibles sur le papier et qui n’arrivent que très rarement à fonctionner mais d’aboutir à des rapprochements qui se déclinent immédiatement en augmentation des forces disponibles et diminution des coûts.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

(1) Le projet de la CED, séduisant 70 ans, après était pour le moins pas vraiment très ficelé. Quand on regarde l’élaboration de ce texte, qui emprunte davantage à la conjoncture du moment qu’à une réalité structurelle, et le contenu du texte au regard de l’époque, on ne peut qu’effectivement avoir des doutes. Une armée ‘européenne’ sous commandement d’un militaire américain… c’était pas vraiment de quoi faire approuver ce projet. Je ne suis pas vraiment sûr qu’il aurait pu résister aux diverses initiatives militaires ultérieures, notamment les opérations en Algérie…

(2) On peut ajouter d’autres dispositifs comme celui de l’Agence européenne de défense qui a développé les projets B (où chaque pays décide de participer … et de contribuer financièrement). D’autres projets pourraient être lancés et abondés aussi largement que possible.

(3) Ce qui, au passage, représente une double anachronie. Les etats européens préfèrent acheter hors Europe plutôt que sur le continent. Au lieu d’exporter des valeurs, l’Europe exporte des armes.

(*) Le Danemark ne participe pas à l’élaboration de la politique militaire au niveau européen.

Les piques et les pensées de Herman

Fri, 02/09/2016 - 11:20

crédit : MAE France / Frédéric de La Mure

(BRUXELLES2 à Paris) L’ancien président du Conseil européen Herman Van Rompuy était de sortie jeudi (1er septembre). Il s’est exprimé devant les ambassadeurs français, réunis pour leur traditionnel séminaire de rentrée (la semaine des ambassadeurs) à Paris.

Avec son ton savoureux, picorant de ci de là, d’un humour sarcastique, Herman a livré son point de vue et son expérience. On peut ne pas partager toutes ses remarques, ses piques, ses analyses. Mais il faut les écouter car elles nourrissent le profil de celui qui se veut désormais un « sage » de l’Europe. Il esquisse d’ailleurs ce que pourrait être son futur rôle : présider un groupe de sages pour réfléchir à l’avenir. Dans son esprit, il faut arrêter les schémas de construction intellectuelle et les réflexions trop institutionnelles pour passer au concret : renforcer les projets européens (Euro, Schengen, marché intérieur) qui souffrent tous d’une certaine déficience : ne pas avoir été conçu pour la crise. Il met aussi en avant la nécessité d’approfondir la dimension militaire de l’Union européenne.

NB : Ces propos sont sélectionnés. Mais ils reflètent les principaux points du discours de l’ancien président du Conseil européen. Certains éléments ont été regroupés pour faciliter la compréhension des thématiques.

L’Euro, Schengen, n’étaient pas faits pour affronter les crises

« On a créé avec la zone Schengen, la zone Euro comme des projets politiques. Mais la logistique manquait. Ils n’étaient pas établis pour de grandes crises. La zone Euro n’était pas conçue pour faire face à la pire crise économique qu’on a connu depuis la crise des années 1930. La zone Schengen n’a pas été créée pour faire face à la plus grande crise des réfugiés depuis des années…

Pas besoin de grand débat institutionnel

« (Aujourd’hui) On n’a pas besoin d’un grand débat institutionnel. (…) On n’a pas besoin d’une réorientation fondamentale, on a besoin d’une redynamisation de l’Europe. Il faut reprendre les orientations stratégiques sur lequelles  on s’est mis d’accord en juin 2014 à Ypres. (…) Il faut structurer la politique économique et financière… avoir une vraie union bancaire, une union économique, une union budgétaire, une union des capitaux. On a franchi des pas cette année, il faut continuer. (…) Il faut approfondir notre marché commun, notre marché économique et financier, (…) créer une Europe numérique, une zone de recherche commune… (…) approfondir notre dimension militaire… »

Londres déjà bien absent des politiques européennes, même en matière de politique étrangère…

« Bien sûr, il y a le Brexit, c’est une crise endogène. Mais le Royaume-Uni n’est déjà pas un membre à part entière. Le Royaume-Uni n’était pas membre de Schengen, de la Zone euro. Il a des opt-out social, dans la police, la justice. Même en matière de politique étrangère, (le Royaume-Uni) n’était plus actif. A Minsk (NB : pour résoudre le conflit ukrainien), il y avait Hollande, Merkel pas le Premier ministre britannique… »

L’opinion publique et le Brexit

« Notre opinion n’est pas obsédée par le Brexit. Elle est davantage préoccupée par le chômage, les questions économiques, sécurité, terrorisme. C’est un thème, une amputation politique pour l’Union. Mais ce n’est qu’un thème parmi d’autres. »

Pas de risque d’implosion supplémentaire

« Il n’y a pas de risque d’implosion, d’autres exits qu’on pourrait imaginer. On voit bien qu’il n’y a pas de risque supplémentaire. Ce n’est pas un hasard si la confiance (envers les institutions européennes — on ne peut pas parler d’enthousiasme — a remonté après le 23 juin (date du référendum britannique)… »

Créer un nouveau rêve, bof, il faut surtout du leadership

« Il ne faut pas de nouveau rêve. Souvent quand on n’a pas l’idée, on dit ‘il faut un nouveau narratif’. Mais il faut une nouvelle ambition, une Europe des résultats. (…) Il faut un discours positif sur l’Europe, que nos leaders montrent leur leadership, parfois à l’encontre de l’opinion publique. Il faut transformer la peur en espoir pas uniquement au niveau européen mais aussi dans les Etats membres… »

La complexité, c’est beau

« Je viens d’un pays qui est complexe. (…) La complexité n’est pas automatiquement un handicap. La simplicité ne facilite pas automatiquement la prise de décisions. Les Etats-Unis sont un pays simple avec un congrès, un président mais il y a un blocage depuis 4 ans. (…) On peut faire simple, on peut fusionner la présidence du Conseil européen et de la Commission. Cette idée est parfois présente chez des fédéralistes européens. (Mais) imaginez que c’est le président du Conseil qui devienne le président Commission, et non le contraire. Aura-t-on résolu un problème ? Non. On aura importé un conflit… »

Le bouc émissaire des institutions

« Il manque une volonté d’aller en avant, un état d’esprit. Quand il n’y a pas cette volonté, on se rattrape sur institutions…. »

Un groupe de sages pour réfléchir à la génération future

« Ce n’est pas le moment de lancer de nouvelles initiatives. Mais un effort intellectuel n’est pas superflu. Confier, à certains, un travail de réflexion sur ce qui pourrait être changé, simplifié, dynamisé, rendu plus efficace, pas pour aujourd’hui mais dans 5 ou 10 ans, ce serait une initiative « sage ». Le processus européen est un processus continu. Ce sera mûr pour la prochaine génération dans 5-10-15 ans. Confions-le à certains qui n’ont pas de responsabilité immédiate comme on l’a fait à Laeken… »

(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)

Hollande propose de mettre en place un fonds européen de défense

Thu, 01/09/2016 - 23:55
(B2 à Paris) Dans un discours devant les ambassadeurs de France réunis pour leur session annuelle à Paris, le président Hollande a rappelé les tenants et aboutissants de la diplomatique française, délivrant au passage des messages sur les conflits en cours. Il a surtout fait mention de ses projets pour l'avenir de l'Europe, cernant deux […]

L’avocat général, à l’avant garde de la jurisprudence (Yves Bot)

Thu, 01/09/2016 - 17:55
(B2 à Luxembourg) Yves Bot est un personnage haut en couleur. Juriste aguerri, ce Français, ancien Procureur général de la Cour de Paris, dépeint avec passion la tâche d'avant-gardiste qui incombe à l'avocat général de la Cour de justice. Juriste de formation, ce docteur en Droit a arpenté les parquets français de 1982 à 2004. […]

Carnet (31.08.2016) EUNAVFOR Med (tâches). EUTM RCA (Portugal). SEAE (équilibre effectif). Budget 2017 (Parlement). Danemark (armes chimiques). Estonie/Ukraine (coopération). Crimée (Ilmi Umerov). Transnistrie (appel à la négociations). Turquie ...

Wed, 31/08/2016 - 19:20
(B2) Parus récemment : Le contrôle des sanctions. Le Tribunal en première ligne (Stéphane Gervasoni) * L’OSCE pessimiste sur les accords de Minsk * A l’agenda du Gymnich de Bratislava les 2 et 3 septembre 2016* Les Visegrad se montrent ardents défenseurs d’une armée européenne. Enfin pas tous* Un connaisseur de la police libyenne prend […]

Le contrôle des sanctions. Le Tribunal en première ligne (Stéphane Gervasoni)

Wed, 31/08/2016 - 14:45
B2 inaugure cette rentrée par une série consacrée à la Cour de justice et au Tribunal de l'UE. Nous avons ainsi rencontré durant l'été trois magistrats, aux fonctions bien différentes, qui illustrent les différentes facettes de cette institution méconnue qui est devenue, au fur et à mesure des arrêts, un acteur de la PESC. (B2 […]

L’OSCE pessimiste sur les accords de Minsk

Wed, 31/08/2016 - 11:45
(B2) L'été a été « extrêmement compliqué » sur les lignes de démarcation entre l'Ukraine et la Russie. Le chef de l'OSCE (l'Organisation de sécurité et de coopération en Europe), Lamberto Zannier, s'est montré pessimiste sur le futur des négociations, ce mardi (29 août), devant les députés de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen. A l'Est, les […]

A l’agenda du Gymnich de Bratislava les 2 et 3 septembre 2016

Wed, 31/08/2016 - 10:08
(B2) La réunion informelle des ministres des Affaires étrangères, vendredi et samedi (2 et 3 septembre) à Bratislava (Slovaquie), se tient dans une atmosphère un peu spéciale. Pressés par la crise migratoire, les Européens apparaissent divisés sur les solutions à mettre en place. Les questions sécuritaires (la situation en Ukraine, le conflit en Syrie, Daech […]

Les Visegrad se montrent ardents défenseurs d’une armée européenne. Enfin pas tous

Tue, 30/08/2016 - 23:55
(B2) Recevant Angela Merkel, à Varsovie, dans le cadre de la tournée de la Chancelière pour préparer le sommet, du 16 septembre, les dirigeants des 'Visegrad' (1) ont tenu à rappeler leur différence de 'son de cloche' critiquant le processus européen lors de la crise des migrants et des réfugiés (en particulier le processus de […]

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