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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 1 hour 54 min ago

Avec le Canada, il n’y a pas que le Ceta

Sat, 29/10/2016 - 23:55
(B2) Le sommet entre l'UE et le Canada qui se tient ce dimanche (30 octobre) (1) comprend également un volet plus politique, avec la signature d'un accord de partenariat stratégique (SPA), destiné à approfondir, 40 ans après la signature d'un premier accord-cadre le dialogue politique entre l'UE et le Canada. L'inclusion du pays à la […]

L’opération militaire de stabilisation en Macédoine / Fyrom « Concordia » (31 mars 2003 – 15 décembre 2003)

Sat, 29/10/2016 - 23:11
(B2) Les tensions en ex république yougoslave de Macédoine (Fyrom) entre les Macédoniens et les Albanais, alimentées par les rebelles de l’UCK qui franchissent la frontière du Kosovo font craindre, au début des années 2000, une résurgence des conflits dans les Balkans. Les nationalistes albanais tentent d’étendre, du côté macédonien, l’autonomie qu’ils ont gagnée au […]

La recherche de défense financée par le budget de l’Union, c’est parti. Trois projets pilotes signés

Fri, 28/10/2016 - 20:30
(B2) Les trois projets pilotes de recherche de défense de l'Union européenne viennent d'être signés, vendredi 28 octobre. Premiers projets de défense financés par le budget communautaire, ils marquent le commencement d'un « nouveau chapitre pour la défense européenne » pour l'Agence européenne de défense qui les gèrent. Même si le montant total reste « modique», symboliquement cela […]

Carnet (28.10.2016). Ukraine-Pays-Bas (attente, risque). Budget UE (extérieur). Ukraine (Quint). Dialogue Belgrade-Pristina (téléphone). RD Congo (miliciens soudanais). Kenya (peine de mort). Irak (Mossoul, PE). Turquie (presse). Nucléaire (non...

Fri, 28/10/2016 - 19:05
(B2) Parus récemment : Le rôle de l’UE dans la défense, selon Stoltenberg et Mogherini. Des différences… Et un QG militaire en balance Les sanctions contre trois hommes d’affaires syriens proches de Maher el-Assad confirmées (Tribunal) Les quatre bataillons de la présence avancée de l’OTAN à l’Est. Détails… (Mis à jour) Exit Active Endeavour. L’OTAN […]

Nom de Dieu ! faisons quelque chose. Il y a des crises partout (Stropnicky)

Fri, 28/10/2016 - 18:04
(B2 - exclusif) Le ministre tchèque de la Défense — que B2 a rencontré en marge de la réunion de l'OTAN — offre un point de vue intéressant. Membre du parti Ano (Oui, de tendance libérale), venant d'un des pays du quatuor de Visegrad, Martin Stropnický défend clairement une capacité propre pour l'Union européenne d'agir, […]

Le rôle de l’UE dans la défense, selon Stoltenberg et Mogherini. Des différences… Et un QG militaire en balance

Fri, 28/10/2016 - 12:45
(B2) La coopération entre l'Union européenne et l'OTAN a reçu quelques précisions de la part de la Haute représentante de l'Union, Federica Mogherini, comme du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg lors de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, jeudi (27 octobre), consacrée à la coopération entre les deux organisations. Cette communication […]

Les sanctions contre trois hommes d’affaires syriens proches de Maher el-Assad confirmées (Tribunal)

Fri, 28/10/2016 - 11:00
(B2) Trois hommes d'affaires proches du régime syrien de Bachar el-Assad — Mahammad Hamcho, Aiman Jaber et Khaled Kaddour — ont vu le gel de leurs avoirs et l'interdiction des visas qui les frappe confirmées par le le Tribunal de l'Union européenne ce mercredi 26 octobre. Ils ont bien profité du régime syrien pour développer […]

Les quatre bataillons de la présence avancée de l’OTAN à l’Est. Détails…

Thu, 27/10/2016 - 23:30
(B2 au siège de l'OTAN) Le positionnement et la composition des différents bataillons de la présence se fait de la manière suivante : Lituanie. Nation-cadre : Allemagne Autres participants : Belgique (1 compagnie de transports de 100 militaires et 30 et 24 véhicules à partir de mars 2017 pour 10 mois) Luxembourg (un peloton d'une […]

Exit Active Endeavour. L’OTAN met en place Sea Guardian en Méditerranée. Hiatus en mer Egée

Thu, 27/10/2016 - 22:00
(B2 au siège de l'OTAN) L'Alliance atlantique a officiellement adoubé, ce jeudi (27 octobre), le lancement d'une nouvelle opération en Méditerranée, dénommée Sea Guardian. Cette opération vient prendre la succession de l'opération Active Endeavour lancée au début des années 2000, aux fins de lutter contre de possibles actions terroristes. Quelques pays, en particulier l'Allemagne, voulaient mettre […]

Paul Magnette l’homme du Non mais…

Thu, 27/10/2016 - 20:05

Paul Magnette à la Commission européenne lors d’une conférence sur le budget (crédit : CE / Archives B2 septembre 2016)

(BRUXELLES2) Son nom n’était connu que d’un cercle restreint de spécialistes de l’Europe ou du monde politique belge. En quelques jours, Paul Magnette est devenu le symbole d’une Belgique francophone qui existe sur la planète Europe et résiste face à la Flandre. Voir dans ce positionnement uniquement des raisons politiciennes est une erreur, il y a davantage que cela, une conviction personnelle dans la façon de faire de politique.

Pas un extrémiste

Voir dans cette position l’expression d’un gauchisme exacerbé est également une erreur. Il ne faut pas s’y tromper. Magnette n’a rien d’un extrémiste ou d’un alter mondialiste utopique, c’est avant tout un homme pragmatique, socialiste plus proche des sociaux-démocrates que de l’extrême gauche. A l’échelle du village d’Astérix qui semble aujourd’hui être le symbole de la Wallonie, il jouerait davantage le rôle du druide Panoramix que de celui du chef de village Abraracourcix. Et si on devait le classer sur un échantillon français, il serait certainement plus rocardien que adepte de Mélenchon. Seulement Paul Magnette a une ambition et une expérience personnelle qui lui donne une carrure que peu d’hommes politiques ont jusqu’ici pu atteindre sur les questions européennes en particulier. Et il connait parfaitement les rouages institutionnels belges qui ont donné aux régions et aux communautés le pouvoir d’approuver les traités européens … comme l’Etat fédéral. Au surplus il a un certain charme. Ce qui ne gâte rien et lui donne dans la gente féminine une aura que n’atteignent que très peu d’hommes politiques (dans les couloirs de l’ULB, il est surnommé « le Ken de Barbie », c’est dire…).

Un homme de conviction européenne

Professeur en sciences politiques, spécialiste des questions européennes, directeur de l’Institut d’études européennes de l’université libre de Bruxelles (ULB), Paul Magnette a une réputation de sérieux qui n’est plus à faire dans les milieux européens. Avant d’être un homme politique, c’est « un intellectuel, au raisonnement très construit, imprégné de toute la pensée politique européenne, fin spécialiste des questions de démocratie » explique Vaïa Demertzis, chercheuse au Crisp un des principaux centres de recherche politique du Royaume. Sa thèse était d’ailleurs consacrée à la « citoyenneté et à la construction européenne » (1). C’est sa spécialité, sa marotte… Comment amener de la démocratie dans le fonctionnement européen. Avec le CETA, il trouve ainsi un terrain d’expérimentation à sa mesure, lui permettant de mettre en œuvre concrètement sa théorie. Sa phrase sur la nécessité de ne pas recourir à l’arbitrage privé mais à des tribunaux publics n’est pas juste de pure forme. « Nous ne voulons pas d’arbitrage privé. Les conflits entre multinationales et États doivent être tranchés par des juridictions publiques ». C’est une conviction personnelle.

Arrivé tardivement en politique

C’est à partir de 2007, à 36 ans, qu’il bascule en politique. Il est choisi par le chef du parti socialiste, Elio Di Rupo, pour aller faire le ménage à Charleroi, une ville ouvrière, historiquement socialiste, mais où la corruption est notoire. Mission qu’il réussit. Il reviendra à Charleroi comme bourgmestre (maire) en 2012, poste qu’il assure toujours. Entretemps, il est nommé ministre, d’abord en Wallonie à la Santé puis au niveau fédéral en charge de l’Énergie et du Climat dans le gouvernement de Guy Verhofstadt. En 2013, il prend même la tête du PS par intérim pour remplacer son mentor en politique, Elio di Rupo, passé Premier ministre. En 2014, il devient président de la Région wallonne, un peu par défaut. Il en fait son laboratoire personnel. La région s’est ainsi très vite mobilisée sur l’accord économique global et de libre échange avec le Canada, en organisant plusieurs séances de travail et d’auditions.

Un fort soutien populaire

Le « non » wallon au CETA n’est donc pas tombé du ciel. A défaut d’être prévisible, il est logique… Au sein du parlement wallon, il n’y a qu’un parti, le mouvement réformateur (libéral) dont est issu le Premier ministre fédéral, Charles Michel, qui soutient le CETA. Tous les partis, sans exception — des chrétiens-démocrates CDH tout aussi déterminés que l’extrême gauche du PTB en passant par les Ecolos — sont vent debout contre. Une position partagée par la société civile que ce soit au niveau des trois principaux syndicats — socialiste, chrétien et libéral — des agriculteurs ou ONG de développement comme le CNCD 11.11.11. Cette question fédère d’ailleurs tous les francophones au-delà de la Wallonie. Puisque la région de Bruxelles a aussi dit presque non. Elle assure à Paul Magnette une réelle assise populaire lui permettant de dire calmement… non. Une position d’autant plus intéressante qu’il a tout à gagner sur le plan de la politique interne.

Une bataille interne

Bousculé par le PTB, le parti d’extrême gauche d’inspiration maoiste, le parti socialiste doit se refaire une virginité à gauche. « En accentuant sur l’aspect de la démocratie — un point qui n’est pas vraiment défendu par l’extrême gauche, Magnette enfonce également un coin sensible chez les personnes ralliées récemment au PTB » nous explique Vaïa Demertzis. Il met dans le même temps en difficulté le Premier ministre Charles Michel (Libéral) qui n’a pas les moyens d’imposer son autorité sur une région autonome, d’autant plus qu’au plan régional son parti est … dans l’opposition. Il envoie également un signal à la Flandre qui avait bataillé pour octroyer la compétence du commerce extérieur aux régions, se retrouve aujourd’hui victime de sa propre victoire. Même s’il est venu tardivement en politique, Paul Magnette est un ambitieux et sait se ménager des marges de manœuvre pour des batailles futures.

Magnette pourrait, dans cette confrontation du CETA, gagner ses galons de capitaine pour les échéances futures : élections communales en 2018 et législatives de 2019. Gageons qu’il ne s’arrêtera pas à son poste de président de la région wallonne…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Commentaire : la fin d’une partie

Dans ce dossier, les autorités européennes ont fait preuve d’une incroyable maladresse et ont surtout largement sous-estimé la détermination wallonne. En ne déminant pas le sujet au préalable, et en préférant jouer la montre et le dernier moment pour commencer à négocier, une tactique de négociation normalement efficace, l’exécutif européen a perdu une part de sa sagesse naturelle.

Une erreur de jugement

En adressant coup sur coup plusieurs ultimatums aux Belges pour se prononcer, les Européens n’ont pas réussi à recueillir le « Oui » espéré. Au contraire… En se croyant en position d’échapper à cette maxime belge — « il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout » — la Commission a commis une erreur culturelle notable. La négociation au forceps fait partie intrinsèque de la vie politique belge. Il faut savoir montrer les muscles, dire non au besoin, pour entrer en négociation. Si tout est négociable en Belgique, le principe de la négociation ne l’est pas. Tel un tennisman de fond de cours, Paul Magnette a ensuite pu aisément renvoyer la balle à l’envoyeur. « Nous avons déjà reçu trois ultimatums de part et d’autre. On ne tolèrera pas un quatrième ultimatum » a-t-il déclaré mardi soir juste avant d’entrer dans une enième séance de négociation. De quoi le positionner encore plus dans le camp « dur ».

Une signature finale du Traité avec quelques petits ajouts

Certes la signature du Traité aura bien lieu finalement. L’accord intervenu entre les autorités belges ce jeudi (27 octobre), auquel les ambassadeurs de l’UE ont donné leur aval lors d’une réunion extraordinaire qui a été rapide (une bonne heure et demie à 28, c’est rapide). Reste à faire entériner par les différents parlements de Belgique (dont les Wallons et les Bruxellois). Et Justin Trudeau pourra prendre l’avion pour Bruxelles pour signer l’accord sur le CETA et les dispositions provisoires d’entrée en vigueur. Restera alors une autre paire de manche : la ratification par les 28 États membres (dont les 7 niveaux parlementaires belges!).

La fin d’une négociation à l’ancienne

Mais le débat imposé sur la Wallonie aura sans doute réveillé une certaine apathie en Europe dans les milieux parlementaires. Un Parlement n’est pas là que pour dire Oui mais aussi négocier certaines conditions. Les ajouts voulus par les francophones belges modifient pas complètement la donne mais ils changent nettement l’esprit de la négociation internationale. Le dispositif à l’ancienne — où la Commission européenne négocie dans son coin et ne rend pas compte publiquement des avancées de la négociation — parait difficile à tenir. Il faudra obtenir un consensus plus large de la négociation avec les 28 parlements (voire plus si les parlements régionaux sont impliqués) avant même l’idée de pouvoir négocier un traité de libre échange.

(NGV)

Papier enrichi, commenté et mis à jour de l’article publié dans l’édition de Sud-Ouest mercredi

(1) Dont le titre exact est « Citoyenneté et construction européenne. Etude de la formation du concept de citoyenneté et de la recomposition de ses formes institutionnelles dans le cadre de la construction européenne » sous la direction de Mario Telo. Et publiée sous forme d’ouvrage : La citoyenneté européenne. Droits, politiques, institutions  (ULB, 1999).

Paul Magnette a notamment publié plusieurs ouvrages autour de ces questions qui montre qu’il ne s’agit pas d’une découverte récente de sa part mais bien d’une marotte ancienne. Remarquons notamment :

Repenser l’Europe (ULB, 1996) avec Mario Telo.

Contrôler l’Europe. Pouvoirs et responsabilité dans l’Union européenne (ULB/IEE, 2003). « La crise institutionnelle de 1999, qui a vu tomber la Commission de Bruxelles menacée de censure, a révélé au grand public les travers d’un système politique construit sans plan d’ensemble, par ajustements graduels. (L’auteur) montre, en examinant la genèse et la pratique des mécanismes de responsabilité dans l’Union, que la crise n’est pas seulement passagère, mais qu’elle tient aussi à certaines des caractéristiques fondamentales du système politique européen. »

Vers un renouveau du parlementarisme en Europe ? (ULB/IEE, 2004) avec Olivier Costa (Sciences Po Bordeaux).

Une Europe des élites ? Réflexions sur la fracture démocratique de l’Union européenne (ULB/IEE, 2007) avec Olivier Costa, et Eric Kerrouche.

10 noms ajoutés sur la liste noire Syrie

Thu, 27/10/2016 - 14:05
(B2) Dans la droite ligne du Conseil des ministres des Affaires étrangères (du 17 octobre) et du Conseil européen (du 20 octobre), le Conseil de l'UE a décidé ce jeudi (27 octobre) d'ajouter dix noms de personnes reconnues comme des « responsables de la répression violente exercée contre la population civile en Syrie ». Il […]

La formation des garde-côtes libyens commence

Thu, 27/10/2016 - 13:00

Le San Giorgio sera un des deux navires où les stagiaires libyens seront formés (crédit : Marine italienne, archives B2 – exercice Trident 2015)

(B2) Les marins de EUNAVFOR MED Sophia ont commencé, ce jeudi (27 octobre), la formation de la Garde côtière libyenne et de la marine libyenne, annonce le QG de l’opération à Rome.

Deux navires dédiés à la formation

La formation se déroulera sur deux navires qui ont été spécialement dédiés à cette fonction : le navire de débarquement italien San Giorgio (L 9892) et le Néerlandais Zs Ms Rotterdam (qui a intégré depuis la mi-octobre l’opération Sophia avec cette tâche spécifique jusqu’à la mi-décembre normalement). Elle se déroulera en « haute mer ». Mais les Européens ne préfèrent pas détailler la façon dont les stagiaires libyens rejoindront les navires, pour « raison de sécurité » (1) .

La formation pour 80 stagiaires

 La formation va concerner 78 stagiaires qui ont été sélectionnés — et « screenés » au préalable. Ils seront embarqués avec leurs mentors. Le programme de formation initiale comporte divers modules — précise le QG de l’opération, allant « des compétences marines de base aux compétences plus avancées spécialisées », sans oublier une notion « substantielle » de formation sur les droits de l’homme et du droit international.

Quelques retards à l’allumage

Le démarrage de cette nouvelle activité n’a pas été sans difficultés et a pris quelque retards sur le planning projeté. La question de la sélection des Libyens devant être formés comme leur contrôle ultérieur par l’autorité libyenne, une fois formés, posant problème notamment. L’adjonction de deux nouvelles tâches avait été décidée par le Comité politique et de sécurité (COPS) en mai, avalisée par les ministres le 20 juin. Mais il a fallu encore plusieurs semaines de discussions, au niveau des ambassadeurs en général ou des experts de relations extérieures des 28 (lire : De nouvelles tâches pour EUNAVFOR Med Sophia. Non sans difficulté), pour aboutir à un accord sur le cadre de la formation.

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Ce pourrait être avec les moyens libyens mais aussi des moyens légers européens dépêchés vers la Libye.

Lire aussi :

Un programme de travail pour 2017 à l’aune de la sécurité intérieure et extérieure

Thu, 27/10/2016 - 09:08
(B2) Le collège des commissaires a approuvé, mardi (25 octobre), ses axes de travail pour l’année 2017. La Commission Juncker maintient sa politique de sobriété législative avec un principe : peu de textes mais à forte valeur ajoutée. B2 a lu attentivement ce programme les domaines de la sécurité extérieure et intérieure. Des priorités répétées de l'exécutif européen qui entend renforcer […]

La présence de l’amiral Kuznetsov en Méditerranée : normal ou non ? Le ravitaillement par l’Espagne : légal ?

Wed, 26/10/2016 - 21:30

Le porte-avions avec son groupement aérien. Il avait fait escale à deux reprises dans le port de Limassol à Chypre début 2014 (Crédit : marine russe, avril 2014)

(B2) Le passage du groupe naval russe constitué autour de l’unique porte-avions russe Amiral Kuznetsov, est suivi à la trace par les forces de l’OTAN (le commandement maritime allié) et a suscité quelque émois. Car ce groupe naval est équipé, cette fois, de son groupe aérien. Et sa direction face à la Syrie ne laisse pas d’inquiéter. Il est cependant nécessaire de garder la tête froide et de ne pas tomber dans le piège de la démonstration de force.

1° Le groupe naval russe peut-il naviguer en Méditerranée (Atlantique, Manche, etc). Est-ce légal ou légitime ?

Le passage du groupe naval est tout à fait légal et légitime. « La Russie a le droit d’opérer dans les eaux internationales » a d’ailleurs indiqué très clairement ce soir, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, lors de sa conférence de presse. NB : ce groupe ne peut pas normalement pénétrer dans les eaux territoriales (12 miles nautiques) d’un État sans son autorisation.

2° Est-ce nouveau ?

Non. Ce type de déploiement n’est pas rare ni vraiment nouveau. « Cela est arrivé avant. » confirme le secrétaire général de l’OTAN. « Nous avons vu le déploiement de navires de guerre russes et aussi du groupe naval en Méditerranée. Et nous avons aussi bien sûr vu également auparavant des visites portuaires des navires russes y compris vers des ports de pays de l’OTAN » note Stoltenberg.

NB : L’Amiral Kuznetsov a, en fait, déjà accompli sept missions en Méditerranée, la dernière fin 2013 / 2014 (détails sur le site). A cette occasion, il avait d’ailleurs fait deux escales successives, en février et avril 2014 à Limassol à Chypre. Régulièrement, d’ailleurs, la Russie déploie ses navires entre ses différentes bases maritimes faisant route du nord — Baltiisk (flotte de la mer Baltique) et Severomorsk (flotte duNord) ou Kaliliningrad — vers le sud — Sébastopol (mer noire) — ou vers l’Est —  Vladivostok (flotte du Pacifique). Elle utilise ainsi régulièrement les corridors maritimes internationaux : en Baltique, dans la Manche, à Gibraltar, dans le Bosphore ou dans le Canal du Suez. Des corridors qui sont non loin de pays membres de l’Alliance.

3° Est-ce connu ?

Oui. Un tel déploiement n’est pas discret. En général, c’est le but d’ailleurs. Le déplacement d’un groupe naval a des objectifs logistiques, militaires mais aussi politiques, de diplomatie publique, de propagande, de démonstration de force. La Russie utilise ce moyen aujourd’hui comme les Américains, et dans une moindre mesure les Français, les Britanniques ou les Chinois le font. Ce mouvement est d’ailleurs observé de très près par l’OTAN.

4° Qu’est-ce qui est différent ?

Ce qui fait la différence cette fois, c’est que le groupe naval de l’Amiral Kuznetsov part en Méditerranée au large de la Syrie dans une situation de guerre aggravée, où l’engagement russe aérien est majeur (vital pour le régime même). Il « peut être utilisé comme une plate-forme pour davantage d’attaques contre Alep et en Syrie » s’inquiète ainsi le secrétaire général de l’OTAN. Et il pourrait « aggraver la catastrophe humanitaire déjà en cours dans Alep et en Syrie ».

5° Les pays membres de l’OTAN (comme voulait le faire l’Espagne) ont-ils le droit de ravitailler ces navires ?

Oui en théorie, chaque Etat est souverain et peut décider d’accueillir ou de ravitailler n’importe quelle force qu’il souhaite. La décision de l’Espagne d’accueillir le groupe naval russe dans son port de la Ceuta (enclave espagnole au Maroc) n’est pas illégale. Jusqu’à nouvel ordre, il n’y a pas de guerre entre l’OTAN et la Russie. « Il appartient à chaque nation, chaque Allié, de décider individuellement s’il fournit un ravitaillement en carburant et des fournitures aux navires russes » si on écoute Jens Stoltenberg. S’il existe un problème, c’est d’ordre plus politique, souligne-t-on à l’OTAN (1).

6° L’Espagne a-t-elle le droit de ravitailler un navire russe ?

Non. Dans une situation de guerre en Syrie, où la Russie est un belligérant (reconnu officiellement comme tel par les 28, cf. les conclusions du dernier Conseil européen), l’Espagne n’a pas la marge de manœuvre décrite par le secrétaire général de l’OTAN. Au contraire. Elle doit se conformer à la réglementation européenne (décidée à l’unanimité). Je ne suis pas sûr ainsi que le ravitaillement d’un navire de guerre soit vraiment conforme à l’embargo décrété par l’Union européenne vis-à-vis de la Syrie en mai 2013. L’UE a ainsi notamment interdit toute exportation d’armes ou outils pouvant servir à la répression, à destination de la Syrie ainsi que toute aide d’ordre technique.

Le texte est assez complexe. Et de fins juristes pourraient peut-être y trouver des failles. Mais il est clair qu’en agissant ainsi, un gouvernement européen contourne la décision qu’il a lui-même contribuée à adopter. Selon moi, la décision européenne, même complexe, interdit réellement toute aide technique (le ravitaillement en est une) pouvant servir à la répression en Syrie (ce que pourraient faire les navires de guerre russes et leurs avions à bord).

« Sont interdits la vente, la fourniture, le transfert et l’ex­portation à destination de la Syrie, que ce soit par les ressortissants des États membres ou depuis le territoire des États membres (…) de certains équipements, biens et technologies susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne (…) qu’ils proviennent ou non de leur territoire. […] Il est interdit: a) de fournir, directement ou indirectement, une aide technique (…) ou d’autres services en rapport [avec cette interdiction] (…) aux fins d’une utilisation en Syrie (….). »

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Devant les pressions, l’Espagne a finalement renoncé à accueillir les navires russes. Ou, plus exactement, les Russes ont modifié leur plan de navigation, renonçant à leur escale, après une demande d’information espagnole…

Les quatre bataillons à l’Est en ordre de marche dès 2017 (Stoltenberg)

Wed, 26/10/2016 - 20:31
(B2) Le développement d'une présence avancée à l'Est de l'Alliance est en passe de se mettre en place, début 2017, avec quatre bataillons prépositionnés dans chacune des républiques baltes et en Pologne. En revanche, il faudra attendre encore quelques mois pour que l'organisation euro-atlantique définisse sa présence en Roumanie et Bulgarie qui pourrait être plus […]

Une petite équipe pour prendre la relève d’EUPOL Afghanistan. Mais 14 millions d’euros pour fermer la mission !

Wed, 26/10/2016 - 19:17
(B2) A seulement quelques semaines de la fermeture de la mission de police EUPOL Afghanistan, on commence à y voir un peu plus clair sur l'avenir de la présence européenne dans le pays. Une équipe réduite autour du Représentant spécial Les experts des '28' réunis au CivCom sont tombés d'accord récemment sur le processus de […]

Missions/opérations de la PSDC en nette diminution à l’horizon 2018. La fin d’une époque ?

Wed, 26/10/2016 - 17:25
(B2) Dans les prochains mois, d'ici la mi-2018, plusieurs missions et opérations actuelles de la PSDC pourraient se clôturer ou se limiter. Après la mission EUSEC RD Congo, en juin, ce sera au tour de la mission EUPOL Afghanistan de fermer ses portes dans quelques semaines. Sa fermeture est programmée pour la fin 2016 et […]

Carnet (26.10.2016). EUPOL Afghanistan (après). QG permanent (contenu). Sanctions Syrie (dérogation, arrêts). KFOR (Royaume-Uni). Belgique-Russie (F-16). RDC (violences). Drones maritimes. Syrie (Verhofstadt). Alep (appel humanitaire). Turquie (maires...

Wed, 26/10/2016 - 11:24
(B2) Parus récemment : L’Amérique « en premier », de Trump. Pour l’Europe, un certain langage de la vérité* L’opération de lutte contre la piraterie au large de la Somalie « EUNAVFOR Atalanta » (fiche) A l’agenda de la ministérielle défense de l’OTAN les 26 et 27 octobre 2016 Les eurodéputés veulent créer une défense commune et […]

L’Amérique « en premier », de Trump. Pour l’Europe, un certain langage de la vérité

Wed, 26/10/2016 - 06:30

(BRUXELLES2) Les discours de Donald Trump, le candidat à la présidence des États-Unis, en matière de politique étrangère doivent être regardés avec une certaine attention. Contrairement à ce que laisse dire sa concurrente Hillary Clinton, ces textes traduisent une certaine logique (du moins en matière de politique étrangère). On peut ne pas la partager mais elle est loin d’être imbécile comme le présentent quelques commentateurs. Si on retire la tonalité de campagne, de nature auto-glorificatrice (dans le genre : ‘avec moi tout va changer’) un rien martiale, et les attaques répétitives (parfois sous la ceinture) contrer sa concurrente, ses prises de position (1) sont très politiques. Son slogan de campagne « America First » se traduit par un axiome : « s’occuper de notre pays en premier, avant de se préoccuper du reste du monde », parfaitement décliné en matière de politique étrangère.

La photo de campagne de Donald Trump en grand héros américain (crédit : Donald Trump)

Les Etats-Unis trop indulgents envers leurs alliés

Dans son premier discours de politique étrangère, en avril, Trump avait averti : au sein de l’OTAN « nos alliés ne paient pas leur juste part. (…) Beaucoup d’entre eux (…) regardent les États-Unis comme faibles et indulgents et ne ressentent aucune obligation d’honorer leurs accords avec nous. À l’OTAN, par exemple, hormis l’Amérique, 4 seulement des 28 autres pays membres dépassent le minimum requis de 2 % du PIB consacré à la défense. (…) Nos alliés doivent contribuer [davantage] aux coûts financiers, politiques et humains. (…) Les pays que nous défendons doivent payer pour le coût de cette défense. Sinon les États-Unis doivent être prêts à laisser ces pays se défendre. Nous n’avons pas le choix. »

La solidarité automatique dans le cadre de l’OTAN

Trump l’a répété, en juillet, dans une interview au New York Times. L’intervention des États-Unis ne sera plus automatique. « Je préférerai être capable de poursuivre les accords existants mais uniquement si les alliés arrêtent de considérer comme un avantage acquis ce qui peut être appelé une ère de largesse américaine qui n’est plus supportable ». Il faudrait avant tout vérifier que ces pays « ont bien respecté leurs obligations vis-à-vis de nous ».

“I would prefer to be able to continue” existing agreements, he said, but only if allies stopped taking advantage of what he called an era of American largess that was no longer affordable.

La présence permanente US à l’étranger remise en cause

De la même façon, dans cet entretien, il estime que « le déploiement avancé de troupes américaines à l’étranger n’est pas toujours nécessaire. (…) Si nous décidons que nous devons défendre les États-Unis, nous pouvons toujours déployer » à partir du sol américain, souligne-t-il. Ce faisant, il pourrait remettre en cause la présence américaine en Europe qui peut paraître superflu au regard de cet axiome.

Une certaine tentation à l’isolationnisme

Le candidat à la présidence américaine revient à ce qui est un des courants traditionnels de l’Amérique : l’isolationnisme. « Quand le monde voit dans quel pétrin les États-Unis sont plongés et qu’on commence à parler de libertés civiles, je ne crois pas qu’on soit un très bon messager », a-t-il dit au New York Times. « Je ne crois pas que nous ayons le droit de donner des leçons. Comment pouvons-nous donner des leçons alors que chez nous des gens tirent de sang-froid sur des policiers ? » souligne-t-il. Dans d’autres discours, il a particulièrement critiqué les interventions en Iraq (2003) et en Libye (2011), les jugeant peu efficaces.

Commentaire : un raisonnement légèrement tronqué

Ce n’est pas la fin de la clause de solidarité mutuelle comme on l’a craint au niveau de l’OTAN ou des pays baltes. C’est la fin d’un dispositif faussé, un tantinet parasite, qui consiste pour la plupart des pays européens à considérer l’OTAN et les États-Unis comme une assurance tous risques à moindres frais, avec un minimum d’investissement (tant financier qu’en prise de risque). Le langage de Trump est assez logique : pas question de faire un effort si les Européens ne contribuent pas davantage de façon décisive à l’OTAN.

Si on peut partager ce propos de Trump, il faudrait aussi rappeler l’effort important consenti par les Européens qui ont contribué aux opérations menées en solo par les Américains en Afghanistan (à partir de 2001) et en Irak (à partir de 2003).

De nombreux pays ont répondu présents en hommes, en matériels et en engagement financier à des interventions qui étaient largement contestables (2) au plan de l’utilité politique, militaire comme du droit international (pour l’Irak), montrant ainsi une certaine solidarité hors limite avec les intérêts américains (du moment).

Trump oublie également que les États-Unis ont souvent veillé à verrouiller l’OTAN dans le sens de leurs intérêts. Et l’important investissement militaire consenti a été payé de retour également, en termes de retombées économiques nationales, les États-Unis imposant souvent la production made in USA à ses alliés.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Télécharger les discours sur la politique étrangère (avril 2016) et sur l’Islam radical  (août 2016)

(2) Donald Trump affirme s’être très tôt opposé à l’intervention en Irak dans un speech prononcé en août. « J’étais un adversaire de la guerre en Irak depuis le début. (…) J’ai exprimé publiquement mes doutes privés au sujet de l’invasion. Trois mois avant l’invasion, je l’ai dit, dans une interview avec Neil Cavuto : « Nous ne devrions peut-être pas le faire (…) l’économie est un beaucoup plus gros problème ». En août 2004, dans le magazine Esquire il déclarait : « Regardez la guerre en Irak et le gâchis que nous sommes. (…) Quelqu’un croit-il vraiment que l’Irak va être une démocratie merveilleuse où les gens vont courir jusqu’au bureau de vote, y glisser doucement un bulletin de vote et le gagnant dirigea le pays ? Allons ! Deux minutes après notre départ, il y aura une révolution, et le plus méchant, le plus dur, le plus intelligent gars, plus vicieux va prendre le relais. Et il y aura des armes de destruction massive, que Saddam ne possédait pas. » 

L’opération de lutte contre la piraterie au large de la Somalie « EUNAVFOR Atalanta » (fiche)

Tue, 25/10/2016 - 23:00
(B2) EUNAVFOR Atalanta, lancée en décembre 2008, est la première opération aéronavale de l'Union européenne réalisée dans le cadre de la PSDC (1). Née d’une initiative franco-espagnole, elle vise à répondre à la résurgence de la piraterie qui a déstabilisé la circulation maritime des nombreux navires marchands passant par le Golfe d’Aden et l’Océan indien. Appel […]

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