(B2) Cet été sera propice à de nombreux changements dans les armées françaises. Changements loin d’être anodins quand on connait l’organisation militaire française, ‘à la verticale’ du président vers les armées
Un nouveau chef d’état-major des armées
T. Burkhard (crédit : DICOD)Le général Thierry Burkhard, actuel chef de l’armée de terre, va remplacer le général François Lecointre après la fête nationale du 14 juillet, à compter du 21 juillet. Celui qui dirige les armées françaises depuis juillet 2017, ayant pris le relais ex abrupto du général de Villiers (lire : François Lecointre, nouveau commandant des armées françaises. Les opérations pas le budget), a souhaité quitter ses fonctions cette année, ne souhaitant pas être prolongé. Entre autres, il avait été un des premiers chefs de la mission européenne de formation militaire des FAMA (Lire : EUTM Mali. Une mission à prolonger).
Issu de la Légion, le 2e régiment étranger de parachutistes puis le 4e régiment étranger, le général Burkhard a été un des pivots du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) entre 2015 et 2019 d’abord comme chef de conduite puis commandant du CPCO, après avoir été porte-parole ‘opérations’ de l’état-major des armées (de 2010 à 2013) et conseiller militaire du coordonnateur national du renseignement (Alain Zabulon).
Jean de Monicault (Crédit : DICOD / Armée de terreUn autre légionnaire à l’état-major particulier du président
Le colonel Jean de Monicault va devenir le prochain adjoint au chef d’état-major particulier du président de la République (Emmanuel Macron). Il remplacera à compter du 1er juillet 2021, le général de brigade Valéry Putz (1). Ce légionnaire, a fait une bonne partie de sa carrière au 2e REP, le régiment étranger de parachutistes, basé à Calvi (onze ans en tout), avant d’en être le chef de corps. Il rejoint l’état-major de l’armée de terre, notamment comme adjoint au chef du bureau « programmation-finances-budget ». Durant sa carrière il a servi sur plusieurs d’opérations en Côte d’Ivoire, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Afghanistan (au sein de la task-force Lafayette) et au Mali (voir son CV).
L’aide de camp
Quant au poste d’aide de camp (Terre), un autre poste clé, car il accompagne tout le temps le chef d’État, dans ses déplacements, et doit être disponible, de jour comme de nuit, pour les tâches les plus importantes, comme les plus humbles, il va être confié au lieutenant-colonel Cédric Lavisse qui vient remplacer le colonel Vincent Minguet (2). Issu de l’infanterie de marine, Lavisse a notamment servi dans les forces armées en Guyane (FAG) à la tête de la section des commandos de recherche et d’action en jungle (CRAJ).
L’état-major particulier, un rôle clé
Dans la hiérarchie militaire française, le chef d’état-major particulier occupe un poste clé. C’est en fait le conseiller en chef et le ‘cerveau’ militaire du président de la République qui est, constitutionnellement, le Chef des Armées. Il y a plusieurs aides de camps, représentant chacun des grands corps de l’armée (Air, Terre, Mer).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article De nouveaux noms à la tête de l’armée et à la présidence de la République. La Légion prend le lead est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Un sous-marin va prêter main forte à l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye
Départ du sous-marin de sa base de Eckernförde (crédit : Deutsche Marine)Sous l’eau, un petit sous-marin
Engagé sur zone d’ici trois semaines
Le sous-marin ‘U 35’, de la première escadre de sous-marins, a quitté son port d’attache d’Eckernförde ce samedi (12 juin) pour prendre la route de la Méditerranée centrale. Arrivée sur place : d’ici trois semaines, après un arrêt pour ravitaillement à Rota (au Sud de l’Espagne). Durée de la mission : quatre mois.
Objectif : assurer la surveillance sur une assez vaste zone opérationnelle qui s’étend du sud de l’île de Sicile jusqu’aux eaux territoriales de la Libye et de la Tunisie. Entre les plongées, le U-boat sera basé sur plusieurs ports en Italie (NB : en Sicile notamment) et sur l’île de Malte. Une escale plus longue est plus prévue sur l’île grecque de Crète, au milieu de l’été, avec regroupement pour les familles.
À bord, 29 marins, sous le commandement du capitaine de corvette Oliver Brux (34 ans) et quelques étudiants de l’escadron, qui vont profiter de cette expérience « pour une formation intensive aux opérations à bord » comme le précise la marine allemande. La capacité maximale de 36 personnes ce petit sous marin est ainsi pleinement exploitée.
En l’air, un drone français
Un Reaper parti de Cognac pour surveiller la zone
De son côté, l’armée de l’Air française a annoncé jeudi avoir engagé un drone Reaper MQ-9 au profit de l’opération européenne. Cet appareil, qui peut voler plus de 24 heures en autonomie, est parti de la base aérienne 709 de Cognac samedi dernier (5 juin) et a évolué « dans des corridors aériens dédiés, jusqu’en Méditerranée centrale » précise le communiqué de l’armée de l’Air. Commandé en temps réel depuis le CDAOA (commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes) de Lyon, ce vol « réaffirme l’attachement de la France et de ses alliés au respect du droit international dans la région ».
Un test opérationnel et technique
Pour l’armée de l’air, cette mission est aussi un test grandeur nature. Il « permet d’envisager un haut niveau de surveillance » notamment en cas de vol combiné du Reaper avec un AWACS, « deux vecteurs parfaitement complémentaires ». Les données ainsi recueillies sur les trafics maritimes et aériens dans la zone sont transmises aux responsables de l’opération, qu’ils soient nationaux ou alliés. Il permet aussi de « répondre à de nombreuses questions tant techniques qu’opérationnelles » avant d’envisager, « si nécessaire, ce type de mission dans d’autres cadres d’engagement ».
Commentaire : des outils d’une discrétion absolue
Ces deux moyens ont un gros avantage : assurer en toute discrétion la surveillance sur une vaste zone, avec une large autonomie. Le sous-marin, opérant en plongée, peut suivre en toute discrétion, des mouvements de navires suspects, y compris de navires militaires, en pleine mer et au plus près des côtes notamment. Idem pour le drone qui a l’avantage de couvrir une plus vaste zone, notamment les ports et aéroports, y compris sur le territoire libyen… La performance des capteurs est un atout indéniable pour l’opération IRINI.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Baye ag Bakabo, un « chef d’AQMI » (Al-Qaïda au Maghreb islamique), a été « neutralisé » au Mali par l’armée française, indique un communiqué officiel publié ce vendredi (11 juin).
Une opération de « vive force » a été lancée le 5 juin dans la journée contre « un groupe armé terroriste, qui s’apprêtait à déclencher des tirs de mortier sur une emprise » occupée par le bataillon tchadien de la Minusma (ONU), basé à Aguelhok (Mali). Cette opération a conduit à la « neutralisation de quatre terroristes », dont Baye ag Bakabo. Celui-ci était « considéré comme responsable » dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal le 2 novembre 2013.
(Jean-Stanislas Bareth, st.)
Lire le communiquéCet article L’armée française tue un responsable d’AQMI au Nord Mali est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Plusieurs raisons de politique africaine, internationale, comme opérationnelles semblent motiver la décision du président français, tout autant qu’un certain opportunisme électoral
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse (crédit : Elysée)Annoncée ce jeudi (10 juin) au détour d’une conférence de presse dédiée à présenter la position française au G7 et au sommet de l’OTAN, la décision de mettre fin à Barkhane a pu surprendre… Les mots employés par Emmanuel Macron, parlant d’un « sentiment d’usure » ou de « perdre le fil de pourquoi nous sommes là » — étaient en effet loin des communiqués de victoire d’il y a quelques mois (lire : Exit Barkhane. Vive Takuba et EUTM Mali. Emmanuel Macron décide de faire bouger les lignes).
Une décision repoussée à plusieurs reprises
On se souvient d’une décision attendue pour la fin 2020. Finalement, la décision avait été reportée. Le président français n’ayant pas réussi à trancher. Pour Emmanuel Macron, il était donc temps d’avancer une stratégie de sortie, pour tenter de se dégager de ce qui peut être analysé au bas mot comme une impasse militaire, avant de devenir un bourbier. À l’impression de sauve qui peut, on peut avancer cependant quelques raisons, solides, qui motivent cette décision, réfléchie longuement (trop longuement sans doute).
Les raisons de cette décision sont multiples
L’enlisement militaire
Tout d’abord, malgré les communiqués tambourinant des victoires sur l’ennemi terroriste, malgré un surge (décidé au sommet de Pau), les coups durs portés et les dizaines de ‘terroristes’ neutralisés — 859 tués pour le seul État islamique au Grand Sahara en un peu plus d’un an, depuis le sommet de Pau, disait le directeur du renseignement militaire (DRM) aux parlementaires —, les mouvements rebelles et terroristes ne semblent pas faiblir ni manquer de troupes. Ce n’est pas un échec. Les forces françaises ont marqué des succès tactiques. Mais elles ont failli sur l’objectif stratégique : éviter l’emprise terroriste sur le Sahel. Sur place, la joie et la bonne humeur qui avaient salué leur intervention en 2013 se sont évanouis, laissant place à une certaine lassitude, voire une hostilité. On peut donc dire que c’est un semi-échec.
La nouvelle donne politique africaine
Les coups d’État successifs au Tchad et au Mali ont précipité la décision de réajustement des troupes — même si le président français s’en défend. La situation à N’Djamena inquiète particulièrement. C’est là que se trouve le quartier général et une bonne partie de la logistique aérienne de l’opération. Le virage vers une instabilité chronique pourrait à la fois menacer le fonctionnement du QG, mais aussi la venue des Européens sur le théâtre, voire même en appui. La tentation du putsch militaire reste toujours vive. Elle pourrait gagner d’autres pays. La situation politique au Burkina Faso demeure tout aussi fragile.
L’échec de la montée en puissance européenne de Takuba
L’idée de mettre en place une opération européenne composée de forces spéciales européennes a, pour l’instant, échoué. La ministre des Armées a beau tous les trois mois bomber le torse et annoncer des arrivées futures. Force est de le reconnaitre : la France n’a pas réussi à convaincre, au-delà des premiers acteurs venus dès le début, Estoniens et Tchèques, rejoints ensuite par les Suédois, les autres contributions se font attendre. Les Italiens se font tirer l’oreille. Ni les Néerlandais ni les Belges ne comptent venir. Encore moins les Allemands, les Britanniques ou les Espagnols… Cela tient à plusieurs facteurs : la lenteur de mobilisation traditionnelle des Européens, un certain manque d’engouement pour un théâtre lointain et dangereux, etc. Mais il ne faut pas oublier aussi l’ambiguïté entretenue par les Français sur le commandement et les objectifs de Takuba. Le format ‘task-force‘ peine à convaincre. Ce n’est pas tout à fait une opération multinationale à part entière, mais une simple force dans un dispositif français.
La nécessité de convaincre les partenaires européens et de l’OTAN
Pour convaincre à la fois les responsables politiques et les élus nationaux des autres pays, il faut un format plus solide, plus multinational, plus africain. D’où la dissolution annoncée de ‘Barkhane’, trop connotée ‘OPEX à la française’ (1), destinée à renaitre sous un autre nom. En fait, on fusionne en une seule opération ‘Barkhane’, ‘Takuba’ et la force du G5 Sahel. Cette annonce (juste avant les sommets du G7 et de l’OTAN) a pour ambition, aussi, de convaincre les alliés de l’OTAN en premier lieu, et d’autres partenaires européens, et africains de rejoindre Takuba.
Le retrait US d’Afghanistan
Le retrait décidé rapidement par Joe Biden des Américains d’Afghanistan (qui entraîne celui des Alliés de l’OTAN) a joué également dans cette décision, un peu comme un exemple et une opportunité. Il ouvre à la fois un espace pour une nouvelle opération au Sahel — des effectifs militaires devenant ‘disponibles’ après être rentrés ‘à la maison’ — mais faisait aussi de Barkhane un symbole évident de l’interventionnisme militaire. Il fallait donc bouger les lignes.
L’échéance électorale
Enfin, il ne faut pas oublier la proximité de l’échéance électorale française de mai 2022. L’opération au Sahel n’a plus vraiment les faveurs des Français. Il était urgent de commencer un retrait en bon ordre, avant d’éventuelles nouvelles pertes inéluctables. Si celles-ci tombaient en pleine campagne présidentielle, elles ne pourraient pas être imputées uniquement à la fatalité…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Précisions sur certaines tournures de phrases et ajout de l’argument du retrait américain.
Exit Barkhane. Vive Takuba et EUTM Mali. Emmanuel Macron décide de faire bouger les lignesCet article Le Barkhane Exit de Emmanuel Macron. Sauve-qui-peut opérationnel ou raisonnement politique ? (v2) est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Outre les retrouvailles avec le boss, le président américain Joe Biden, le sommet de l’OTAN, du 14 juin pourrait être le signal d’un nouvel élan pour l’Alliance atlantique. Si renforcement militaire et politique il y a, ce sera de manière classique. Au grand dam de ceux tels Emmanuel Macron, qui souhaitaient une vaste réforme de l’Alliance
Joe Biden pour ses premiers pas sur le sol européen en tant que président américain au Royaume-Uni (tradition oblige), devant les militaires de l’US Air Force de la base de Mildenhall (crédit : White House)America is back, Nato is back
L’arrivée de Joe Biden est un signal important. Le retour des États-Unis à une position plus traditionnelle, plus prévisible rend la tournure des débats plus paisible, plus classique avec l’ensemble des Alliés. Ceux-ci pourraient ainsi s’empresser de retourner dans la position du foetus, confortable, placé sous l’ombrelle américaine. Les velléités d’un pilier européen dans l’Alliance, d’une refonte complète telle que le président français Emmanuel Macron l’avait sinon rêvée, du moins proclamée, sont en train de s’effondrer.
Finie l’agitation et la rivoluzione
Le président américain Joe Biden l’a dit clairement en arrivant sur le sol anglais, mercredi 9 juin, devant le personnel de l’US Air force rassemblé sur la base de la RAF de Mildenhall : « L’Alliance transatlantique reste une source de force vitale pour le Royaume-Uni, l’Europe et les États-Unis ». Quant à la clause de défense mutuelle : « l’engagement des États-Unis envers notre Alliance de l’OTAN et l’article 5 est solide comme le roc. C’est une obligation sacrée ». Il n’est plus ainsi question de mettre en doute cette clause comme avait semblé le faire son prédécesseur Donald Trump. Pas plus que n’est venu le temps de dresser « le bilan de l’Alliance », voire même de « pense[r] en propre la défense, la sécurité des Européens » comme le souhaitait le président français (lire : L’OTAN en état de mort cérébrale dixit Emmanuel Macron).
Les Alliés en position du foetus
Passé l’épisode Trump, la plupart des pays européens n’ont pas envie de révolutionner leur belle Alliance. Au contraire, ils veulent lui donner un coup de peinture, sans changer les fondamentaux. Les menaces sont à l’Est, voire éventuellement à l’extrême-Est (alias la Chine). L’Alliance doit être « globale » traitant à la fois les aspects militaires traditionnels (air, terre, mer et espace) et de nouveaux domaines : cyber, technologies disruptives, changements climatiques etc. Et l’OTAN doit être l’espace — le « forum » dit-on au QG de l’Alliance — où toutes les questions de sécurité doivent être débattues, au besoin en toute franchise. Bref, comme le dit le secrétaire général de l’Alliance, sans être vraiment contredit : l’OTAN doit être « forte militairement, politiquement plus forte » et unie.
Ce qu’il faut attendre du Sommet de Bruxelles de l’OTAN (14 juin 2021)Paris rentre dans le droit chemin ?
Pour la France qui avait envie d’affirmer la place européenne dans la sécurité, ce retour aux fondamentaux n’est pas une très bonne nouvelle. Paradoxalement, du temps de Donald Trump, Paris occupait une place de choix et pouvait davantage donner de la voix. Malgré leurs différences, le Français libéral et l’Américain républicain, allaient dans le même sens, partageant le constat sur l’obsolescence de l’Alliance. Ce discours n’est plus dans l’air du temps. Et Paris va devoir donner des gages de bonne foi dans une Alliance recentrée, autour de son chef (à Washington), notamment sur l’augmentation des coûts communs de l’OTAN. Dans un grand dialogue engagé avec les Américains, la France ne pourra pas se battre sur tous les fronts : la position vis-à-vis de la Chine, la taxation des GAFA, l’engagement sur les vaccins Covid-19… et l’Europe de la défense. Au-delà des grands mots, celle-ci pourrait donc faire les frais des « retrouvailles » euro-atlantiques (1). Et avec elle l’ambition d’une « autonomie stratégique » largement idolatrée à Paris.
L’idée d’autonomisation européenne morte-née
Les Américains frappent déjà à la porte de tous les outils de défense de l’UE : la coopération structurée permanente, l’agence européenne de défense et le fonds européen de défense (FEDef). Avec un danger : l’alignement sur une seule planète de tous ces outils, officiellement autonomes. Le risque existe de voir se transformer le FEDef — sous couvert de compétitivité industrielle — en un outil permettant aux États membres de développer des capacités « interopérables » avec leurs équivalents américains (autrement dit servant leurs objectifs). L’autonomie stratégique européenne théorisée deviendrait alors encore plus difficile à atteindre. Autrement dit, on reviendrait à l’axiome traditionnel : le ‘hard défense‘ (défense côté militaire) et les orientations militaires à l’OTAN, le ‘soft‘ (industries, sécurité intérieure) à l’Union européenne.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article L’Alliance atlantique en pleine forme avec Joe Biden. La France prise à revers est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Un entraînement sur des routes accidentées, un projet sur la protection du patrimoine, une nouvelle compagnie mobile de contrôle au frontières et une opération de déminage. Retour sur l’actualité du mois de mai au sein des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE-PSDC
Ras Ajdir (Libye). Aux frontières entre la Tunisie et la Libye
Ras Ajdir est le poste frontière avec la Tunisie « le plus fréquenté de Libye ». En moyenne, 5 000 personnes passent par là chaque jour, et parfois jusqu’à 11.000. La mission d’assistance frontalière à la Libye (EUBAM Libya) ne s’y était pas aventuré depuis 2014. Mi-mai, la première d’une série de visites a pu avoir lieu. D’autres sont prévues. L’enjeu est de mener une évaluation complète des besoins de ce poste, afin de savoir comment la mission peut aider au mieux les diverses agences libyennes de sécurité et de gestion des frontières sur place. Détails ici
Visite du poste frontière de Ras Ajdir, à 170 km de Tripoli, par le chef des opérations et des chefs des unités de gestion des frontières et de maintien de l’ordre (crédit : EUBAM Libya)Irak. La sécurité passe aussi par la protection du patrimoine
La mission d’assistance à la réforme du secteur de la sécurité (EUAM Iraq) se lance dans deux nouveaux projets. L’un porte sur la protection du patrimoine culturel, convoité par le crime organisé et le terrorisme pour ses atouts autre que culturels… (1) L’autre vise à la mise en œuvre d’un « concept professionnel de leadership stratégique de haut niveau et de gestion du changement de la réforme du secteur de la sécurité (RSS) » au sein du ministère de l’intérieur irakien. L’Allemagne vient d’apporter un soutien (financier) à ces deux projets. Détails ici
L’ambassadeur d’Allemagne en Irak, Ole Diehl, a signé les deux accords de projet avec le chef de la mission EUAM Irak, Christoph Buik. (crédit : EUAM Irak)Kladanj (Bosnie-Herzégovine). Opération déminage
2,18 km². Le bout de terre n’est pas immense, mais vallonné, boisé et parsemé de mines… L’opération de déminage qui y a débuté début avril, prendra donc du temps. Elle ne se terminera qu’en mai 2022. Deux équipes de déminage manuel des forces armées de Bosnie-Herzégovine se chargent de la préparation mécanique du sol. Le général de division Alexander Platzer de l’opération militaire de l’UE de stabilisation en Bosnie Herzégovine (EUFOR Althea) s’est rendu sur place. Détails ici
(crédit : EUFOR Althea)Kati (Mali). Sortie de route maîtrisée !
S’entrainer à la conduite hors route. Cela fait partie des cours pratiques suivis par douze sous-officiers de l’armée malienne (FAMa). La formation, de trois semaines, a été assurée par des instructeurs de la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali), à l’école de conduite de l’armée malienne de Kati, dans la région du Koulikouro. Détails ici
La conduite sur terrains accidentés ne s’improvise pas toujours… (crédit : EUTM Mali)Niamey (Niger). Nouvelle compagnie mobile de contrôle des frontières
Afin d’assurer une meilleure surveillance de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, un protocole d’accord a été signé le 4 mai, pour la création de la troisième compagnie mobile de contrôle des frontières (CMCF) entre la mission de l’UE de soutien aux forces de sécurité intérieures (EUCAP Sahel Niger) et le ministère de l’Intérieur du Niger. Dans la phase initiale, l’Allemagne fournit un montant de 2,7 millions € pour une réalisation totale estimée à 10 millions €. Détails ici
(crédit : EUCAP Sahel Niger)Kiev (Ukraine). Formation aux méthodes d’interrogatoire pour mineurs
La mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) a présenté ce mois-ci aux policiers et aux juges ukrainiens les meilleures méthodes pour interroger des mineurs dans le cadre de procédures pénales. Cette formation a été donnée par des experts de la police finlandaise spécialisés dans les enquêtes sur les crimes contre les enfants. L’événement en ligne a réuni des représentants des forces de l’ordre de la région de Kharkiv (deuxième plus grande ville d’Ukraine). Détails ici
Les experts de la police finlandaise (crédit : EUAM Ukraine)Méditerranée. Assistance médicale à bord
L’assistance en cas d’urgence sanitaire en mer, c’est vital. Et c’est l’enjeu de accord signé entre l’opération européenne de contrôle de l’embargo vers la Libye (EUNAVFOR MED Irini) et la Fondazione Rava. Celle-ci va lui fournir du personnel médical, paramédical et de l’expertise. La première étape sera la dispense d’un cours BLSD (Basic Life Support and Defibrillation) en faveur du personnel du quartier général de l’opération. Détails ici
Le Commandant de l’opération IRINI, l’amiral Fabio Agostini, et Mariavittoria Rava, présidente de la Fondazione Francesca Rava (crédit : EUNAVFOR Med Irini)Golfe d’Aden. Premier exercice trilatéral tactique entre forces navales
20 heures durant, le navire amiral de l’opération de l’UE EUNAVFOR Atalanta, l’ITS Carabinier, le destroyer JS Setogiri de la force d’autodéfense maritime japonaise, les patrouilleurs des garde-côtes djiboutiens et la marine djiboutienne ont participé à un exercice conjoint en haute mer. Leur objectif est de renforcer les procédures tactiques entre les marines en cas de piraterie maritime. Sur le terrain, les équipes mettent déjà en pratique du renforcement souhaité par l’Union des activités conjointes pour promouvoir la sécurité maritime dans la région indo-pacifique. Détails ici
(crédit : EUNAVFOR Atalanta)(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser et Jean-Stanislas Bareth, st.)
NB : Pour tout connaitre des dernières évolutions de la politique de défense européenne, n’hésitez pas à vous procurer la nouvelle ‘boîte à outils’ de la défense européenne, qui vient de paraître, ainsi que notre ouvrage de référence sur la PSDC
Lire aussi sur le B2 Pro (parus en mai) :
Et sur le blog :
Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (mai 2021) est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) La France a décidé de suspendre sa coopération avec l’armée malienne que ce soit au niveau de l’opération Barkhane ou du conseil, afin de protester contre le coup d’État militaire, a fait savoir la ministre des Armées Florence Parly, jeudi (3 juin) en fin de soirée. Coup de bluff ou réelle volonté ? En tout cas, c’est un pari risqué
L’annonce française signifie un ‘stop’ à la task-force Takuba, et aux belles photos comme celle-ci avec les ministres de la Défense française (F. Parly), estonien (K. Laanet) et tchèque (L. Metnar) en visite au Mali (crédit : MOD Tchéquie)Un avertissement à la junte militaire de Bamako
Ce message envoyé à certains journalistes, dans un communiqué non officiel (1), tient en trois éléments :
Concrètement cela signifie que les militaires français de l’opération Barkhane entend continuer ses opérations anti-terroristes à travers le Mali, mais en ‘solo’, sans la coopération de l’armée malienne.
Les missions européennes continuent
Du côté de l’Union européenne, jusqu’à présent, il avait été décidé de poursuivre les missions de conseil et de formation de leur mission (EUTM Mali) de formation des FAMA, les forces armées maliennes, comme de celles dédiées aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Mali). Le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, l’avait confirmé à l’issue de la réunion informelle des ministres de la Défense, vendredi dernier (28 mai), à Lisbonne (Lire : Coup d’État au Mali. Les Européens condamnent. La mission EUTM Mali continue).
… mais la situation est suivie de près, et la posture sera adoptée en conséquence
Aujourd’hui, après l’annonce française, la prudence semble être de mise. « Les deux missions PSDC qui ont un mandat non exécutif et ne sont pas impliquées dans des opérations conjointes, suivent de près l’évolution de la situation et adaptent leur posture en conséquence. Les prochaines étapes dépendront de l’évolution de la situation sur le terrain » a indiqué à B2 ce vendredi, Nabila Missrali, la porte-parole du Haut représentant de l’UE.
NB : précisons que la mission EUTM Mali est actuellement dirigée par un général espagnol, Fernando Gracia Herreiz, qui doit être relayé d’ici le 7 juillet par un général allemand Jochen Deuer. Tous deux membres de l’Eurocorps, le corps européen, basé à Strasbourg.
Quelques éléments de commentaires
Un second coup d’État très mal accepté par Paris
On peut remarquer la rapidité de décision entre l’annonce du coup d’État lundi (24 mai), le premier coup de semonce donné par le président Macron dans une interview au Journal du dimanche le week-end dernier, et cette annonce de l’arrêt. Le premier coup d’État avait été perçu, par plusieurs responsables européens et français, avec une espèce de soulagement, finalement. Car il mettait fin à un certain immobilisme et une certaine atonie du pouvoir central malien. Ce second coup d’État, en moins d’un an, menée par le colonel Goïta, est beaucoup moins bien perçu. Si la méthode du coup d’État militaire est condamnée, on peut remarquer les deux poids – deux mesures, entre ce coup d’État au Mali et ce qu’il faut bien appeler un coup d’État au Tchad.
La nomination de Maïga et le bourbier malien
Ce qui semble troubler l’Élysée est la proximité de certains militaires avec les milieux islamistes. L’annonce de la nomination de Choguel Maïga, le président du comité stratégique du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques), réputé proche de l’imam conservateur Mahmoud Dicko, comme Premier ministre, ne réjouit pas précisément l’Élysée. Et cette annonce ressemble tout autant à une ‘sommation politique’ contre cette nomination que contre les auteurs du coup d’État.
La crainte d’un tir fratricide et le bourbier malien
Au plan strictement militaire, on pourrait craindre également des tirs fratricides dans le cas où un militaire malien en opération ou en formation ne retourne tout d’un coup ses armes contre ses camarades militaires français. Ce qu’on appelle dans la terminologie OTAN, des attaques ‘Green on blue‘. Une pratique très courante durant l’engagement en Afghanistan, plus rare au Mali. Décidément, le Mali commence véritablement à ressembler pour les Français à l’Afghanistan des Américains, un petit bourbier où il est facile de s’enliser. Avancer plus avant est difficile, reculer est compliqué, rester immobile est risqué…
La suspension de la task-force Takuba ou son arrêt ?
Au niveau européen, cette décision est un coup dur pour la task-force Takuba. Cette task-force qui associe des forces spéciales françaises et européennes aux forces maliennes, pour agir dans la zone des trois frontières au Mali, doit également stopper ses opérations. Elle pourrait même lui porter un coup fatal, si la décision se prolongeait. De nombreux pays européens étaient déjà réticents à venir se mettre dans le bourbier malien, dans une opération mise en place, conduite et dirigée par la France, sans réel contrôle ni d’une organisation internationale (OTAN, Union européenne…) ni d’un dispositif parlementaire. Cette suspension qui était nécessaire montre toute la fragilité d’un dispositif brinquebalant, ni vraiment national ni vraiment européen.
Opérer en solo dans un territoire étranger ?
Au plan interne du Mali, cette décision n’est pas sans risque pour la France. La contradiction est en effet assez intense. La France refuse de reconnaitre le coup d’état militaire, et le possible gouvernement civil qui en serait issu (s’il ne lui agrée pas), refuse tout contact avec l’armée régulière de ce pays, mais continue d’opérer de façon autonome sur un territoire qui n’est pas situé sous sa juridiction. Au plan des principes comme du droit international, la position est pour le moins difficilement tenable. Les dénonciations de quelques opposants maliens criant à la force d’occupation (qui n’avaient pas de réalité jusqu’ici) pourraient trouver là une base plus solide au plan politique (comme juridique).
Un coup de bluff risqué
Au niveau géopolitique, aussi le pari est risqué. C’est considérer que sans l’armée française, l’armée malienne va s’effondrer et ne pourra pas tenir. Une réalité certainement sur le terrain (au plan technique comme matériel). Mais c’est faire peu de cas de l’orgueil naturel de toute armée. C’est surtout ne pas tenir compte de l’environnement international. D’autres pays, tels la Russie toujours aux aguets dans l’Afrique noire (voire la Turquie), pourraient s’afficher à être prêts à reprendre le relais. Pour la Russie, la lutte contre l’État islamique — déclarée ‘organisation terroriste’ (comme prend bien soin de rappeler dans chacun de ses articles le site officiel Russia Today) — est aussi un objectif. Et les relations entre les militaires maliens et russes ne sont pas inexistantes. Au contraire, plusieurs de ses hauts gradés ont été formés en Russie (comme en France) d’ailleurs. De façon assez logique, devant ce coup de force de la France, les Africains pourraient être très tentés par cette alternative, sinon à court terme, du moins à moyen terme. Le coup de bluff d’Emmanuel Macron se retournerait alors contre la France : contrainte de rester pour contrer l’influence russe (comme en Centrafrique), ou de partir réellement…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Une communication très étrange. La façon dont cette information a été répandue — un simple message envoyé par une boucle What's app — interpelle. La communication de la ministre française des Armées, Florence Parly, dirigée par Grégoire Devaux, a choisi ce mode de communication, moderne, mais sélectif et évanescent. C'est pour le moins très étonnant pour une nouvelle de cette importance qui aurait à tout le moins pu prendre la forme d'un communiqué écrit de la ministre des Armées, voire de l'Elysée, comme c'est l'habitude dans toutes les décisions opérationnelles (par exemple en cas de décès ou victime sur le champ de bataille). Un message what's app peut en effet se supprimer et reste privé, tandis qu'un communiqué écrit demeure.Mis à jour (samedi 5.06) avec les deux derniers aspects du commentaire. Et réécriture de l’encadré)
Cet article La France stoppe sa coopération avec l’armée malienne. La task-force Takuba stoppée dans son élan (v2) est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) L’opération navale de l’Union européenne de lutte contre la piraterie et les trafics dans le golfe d’Aden et l’océan indien (EUNAVFOR Atalanta) vient de faire le bilan des cinq premiers mois de l’année, entre janvier et mai 2021
(crédit : EUNAVFOR Atalanta)Sa frégate ITS Carabiniere (F-593) — qui est l’unique navire actuellement de l’opération — a protégé et escorté 78 navires du Programme alimentaire mondial (PAM), permettant l’acheminement de 76 520 millions de tonnes d’aide humanitaire vers la Somalie. Elle a mené 171 ‘approches amicales’ (Friendly Approaches). Quant à l’avion de surveillance maritime P-3M Orion, de la marine espagnole, a effectué 222 heures de vols de surveillance. Enfin, l’opération a conduit cinq opérations plus ciblées (focused Ops).
(ES)
Cet article Au bilan d’Atalanta ces derniers mois est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le navire allemand de l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini), le FGS Berlin, a procédé mercredi (2.06) à une inspection sur le MV Nivin, un navire battant pavillon panaméen. Contrôle effectué en application des résolutions de l’ONU sur l’embargo sur les armes en Libye. « Rien de suspect n’a été trouvé et le navire a été autorisé à poursuivre son voyage » précise l’opération. (NGV)
(crédit : EUNAVFOR Med Irini)Cet article Nouvelle inspection en Méditerranée par le FGS Berlin est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité insiste : l’Europe ne peut plus se désintéresser des questions de défense. Dans un monde où s’imposent les rapports de force, elle doit user de tous ses outils pour garder sa place
Josep Borrell à Lisbonne (crédit : présidence portugaise de l’UE)L’urgente nécessité de la géopolitique
L’Union européenne doit devenir un véritable acteur géopolitique. Tout dans notre environnement en rappelle l’urgente nécessité.
L’apparition des nouveaux empires
L’instabilité se développe aux confins de l’Europe, encouragée par les « nouveaux empires » ; de nouvelles menaces apparaissent dans le cyberespace pour nos démocraties, mais aussi pour nos infrastructures essentielles ; le multilatéralisme est affaibli et tous les domaines des relations internationales sont utilisés comme des armes dans une compétition mondiale de plus en plus vive…
Avoir un usage plus stratégique des outils
Que l’Union européenne adopte une posture plus géopolitique implique d’abord que nous fassions un usage plus stratégique des outils dont nous disposons pour gérer nos relations économiques avec le reste du monde en défendant mieux les valeurs et les intérêts des Européens. Et nous avons commencé à le faire de multiples façons. Mais cela implique aussi bien entendu que les Européens prennent mieux en charge leur propre sécurité, coordonnent davantage leurs moyens existants et se dotent de nouveaux outils pour faire face aux menaces émergentes.
La défense, l’étape la plus difficile de l’intégration européenne
Cela n’a jamais été la partie la plus simple du processus d’intégration européenne. D’abord parce que les questions de défense restent dans les esprits parmi les plus directement associées aux prérogatives des États nationaux. Et ensuite parce que les sujets de politique étrangère et de sécurité restent soumis à la règle de l’unanimité au sein de l’Union. Une unanimité que nos histoires, nos cultures, nos situations géographiques différentes ne permettent pas toujours d’atteindre aisément et rapidement. Malgré ces difficultés connues de longue date, les efforts engagés depuis trois décennies maintenant, et en particulier depuis l’adoption en 2016 de la Stratégie globale de l’Union européenne, commencent à porter leurs fruits : l’Union s’est progressivement dotée de nombreux outils pertinents dans ce domaine.
Des efforts à poursuivre
La crise déclenchée par l’épidémie de Covid-19 a montré à la fois l’ampleur des interdépendances à l’échelle globale et la dureté des rapports de force avec la diplomatie des masques, puis des vaccins. Mais elle mobilise aussi, de façon parfaitement légitime, les finances publiques à des niveaux inédits sur des enjeux sanitaires, économiques et sociaux. Malgré la pression qui s’exerce, et continuera à s’exercer demain, sur les finances publiques, il est essentiel que l’Union et ses États membres poursuivent les efforts engagés en matière de sécurité et de défense communes.
‘Nous n’avons pas levé le pied’
Sur le terrain…
Malgré cette crise d’une ampleur inédite, nous n’avons pas levé le pied cependant au niveau européen sur le terrain de la défense depuis mon entrée en fonction. Nous avons lancé en effet l’opération Irini en Méditerranée pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye, élargi le mandat de l’opération Atalanta au large de la corne de l’Afrique, mis en place un nouveau concept de présence maritime coordonnée pour lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée ou encore renforcé les missions européennes au Sahel et lancé une nouvelle mission civile en République centrafricaine.
… comme dans les instruments
Nous avons également adopté les premières sanctions en réponse à des cyberattaques tout en renforçant nos capacités de lutte contre la désinformation. Nous avons aussi lancé le nouveau fonds européen de défense pour soutenir l’innovation dans les industries du secteur, tout en assurant la cohérence de ces actions avec les autres initiatives européennes dans ce domaine, notamment la coopération structurée permanente et la revue annuelle coordonnée de défense.
Une nouvelle culture stratégique en élaboration
Enfin, nous avons engagé la mise au point d’un Strategic Compass, une boussole stratégique, basée sur un diagnostic partagé des menaces qui pèsent sur l’Union. Elle vise à développer une culture stratégique commune, un préalable essentiel à une politique de sécurité plus intégrée.
L’Europe, le meilleur allié de l’OTAN
L’arrivée du Président Biden à la Maison Blanche a permis de relancer le dialogue transatlantique, notamment sur les questions de défense, et nous nous en réjouissons. Cela ne change rien cependant à la nécessité de renforcer les efforts des Européens pour mieux prendre en charge leur propre sécurité. Non pas parce qu’il conviendrait de remettre en cause l’alliance transatlantique qui reste bien entendu un pilier de notre politique de sécurité, mais au contraire pour la renforcer en devenant un meilleur allié des États-Unis au sein de l’OTAN.
Un chantier encore inabouti
Cet ouvrage le montre et nous en avons pleinement conscience : la politique européenne de sécurité et défense reste encore un chantier inabouti. Mais, comme nous l’avons montré déjà depuis décembre 2019, notre détermination est totale pour saisir toutes les opportunités afin de le faire progresser.
Josep Borrell
Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité
La boite à outils de la défense européenne. 98 pages, 10 euros. Disponible ici.Titres et intertitres sont de la rédaction – texte écrit avant les derniers évènements en Biélorussie.
Cet article L’urgence de la défense européenne (Josep Borrell) est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Un avion de chasse F-5E Tiger II, de la force aérienne suisse, s’est écrasé mercredi 26 mai, lors d’un vol d’entraînement.
Un avion de chasse F-5E Tiger II (crédit : Département fédéral de la Défense)Le lieu du crash est une zone non-habitée, dans la région de Melchsee-Frutt, au centre de la Suisse. Le pilote de l’appareil a pu s’éjecter à temps. Il a été secouru par la REGA (la garde aérienne suisse de sauvetage). L’avion avait décollé de Payerne, la plus importante base aérienne suisse (située dans le canton de Vaud). Il effectuait un vol d’entraînement comme « sparring-partner » avec des avions de chasse suisses F/A-18, selon les autorités suisses. La raison du crash reste inconnue.
(Jean-Stanislas Bareth, st.)
CommuniquéTéléchargerHeute gegen 09:00 ist ein F-5 der Luftwaffe bei Melchsee-Frutt abgestürzt. Der Pilot blieb unverletzt.
Der Tiger F-5 war in Payerne gestartet und befand sich auf Trainingsflug als Sparringpartner für die F/A-18 der Luftwaffe. Militärjustiz untersucht zurzeit die Unfallursache. pic.twitter.com/UO1K0MEdkl
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(B2) La Biélorussie a-t-elle agi seule ? Cet incident est-il celui de trop pour le régime de Loukashenko ? Que signifie-t-il ? Un passage ou un changement stratégique ? Comment les Européens vont-ils réagir ? De façon unie ou comme d’habitude, avec des blocages ?
Entre l’Europe et la Russie, Loukashenko semble avoir délibérément choisi (crédit : Commission européenne – Archives B2 – août 2014 – de gauche à droite : C. Ashton, V. Poutine, A. Loukashenko)Sur le détournement d’avion
Un appui technique russe ?
On ne sait pas encore grand chose sur la préparation, l’organisation et l’enchaînement exact des évènements lors de l’interception du vol FR4978 de Ryanair à destination de Vilnius. Mais ce type d’opération ne s’improvise pas totalement. Il faudra donc vérifier de près comment les autorités biélorusses ont agi, si elles ont agi entièrement seules ? Ou si elles ont bénéficié d’un appui technique, politique ou autre des services russes ? NB : il faudra aussi vérifier l’identité des Russes descendus en cours de route à Minsk.
L’incident de trop ?
Jusqu’à présent, le régime de Minsk réprimait intensément, mais en interne. Les Européens avaient réagi avec quelques sanctions, plutôt symboliques et mollassonnes, il faut le reconnaitre sur l’échelle de la temporalité des sanctions (cf. sanctions Syrie, Iran, Russie, etc.). Cet évènement rebat les cartes. Il est l’incident de trop, ou l’incident révélateur.
Une tactique de la provocation ?
Au niveau politique, on peut déjà voir une énorme ressemblance. La Russie a toujours cherché avant un Conseil européen décisif à attirer l’attention des Européens, à les tester, au besoin, voire à les provoquer. Tout au long de la séquence de la mise en place des sanctions européennes vis-à-vis de son intervention en Ukraine, au lieu de tempérer ou amoindrir, Moscou choisissait souvent pile le moment entre 72h et 24h avant un sommet pour faire une action provocante qui obligeait les Européens à durcir leur discours, ou au moins à convaincre les hésitants de se rallier aux positions des plus durs sur les sanctions.
Le ralliement de Minsk à Moscou est acté ?
Cet évènement est hautement symbolique. Le régime de Minsk a abandonné la tentation d’être un État tampon entre Russie et Europe. Il se rattache désormais clairement et se place délibérement dans l’orbite russe, abandonnant ainsi toute velléité d’indépendance.
Sur la réaction européenne
Tester les Européens, ou les unifier ?
Chacun parle de test des Européens. En fait, le test a déjà été fait. À plusieurs reprises. Quand les Européens ont été testés en leur chair et dans leur os, ces derniers temps, ils ont réagi, de manière plutôt unie. Cela a été le cas pour l’affaire ukrainienne (qui a pris une tournure beaucoup plus forte pour les Européens avec le tir et le crash de l’avion MH17). Cela a été le cas pour le terrorisme en 2015-2016. Cela a été le cas sur la négociation sur le nucléaire iranien, etc.
Sur la Russie, les Européens sont-ils unis ?
Parfois, il faut un peu de temps aux Européens pour se mettre d’accord. En général, les premières semaines sont un peu l’expression de la diversité européenne, chacun s’exprime, des veto s’esquissent. Au final, la position s’unifie. Parfois sous le coup d’évènements extérieurs. Paradoxalement, le Kremlin aide beaucoup les Européens à s’unir. Les sanctions vis-à-vis de la Russie sont le parfait exemple. Moscou espérait une cassure dans le bloc européen. Elle n’est jamais intervenue. Sujet polémique dans les années 2014-2015, il est devenu si ordinaire, que le renouvellement des sanctions se passe sous le niveau politique et ne fait à peine que deux lignes dans la plupart des médias européens. (1)
Une opposition hongroise à de nouvelles sanctions contre Minsk ?
La Hongrie de Viktor Orban qui s’est illustré à plusieurs reprises dans la peau du ‘Mister No’ européen. Une position qui tient parfois aux tréfonds de la politique étrangère hongroise, mais plus souvent aussi à un positionnement national (s’opposer à l’Europe n’est jamais mauvais) et européen (s’opposer permet d’élever le prix du ‘Oui’ ensuite). La Hongrie s’est ainsi opposée récemment au passage à la quatrième vague de sanctions, plus économiques. Dans l’affaire du détournement de Ryanair, le prix est trop cher. La pression des autres pays concernés est très forte. Et ils sont nombreux : de la Pologne à la Lituanie (pays de destination), en passant par la Suède, l’Allemagne, l’Irlande, la Grèce, etc. Le prix du ‘Non’ de Budapest serait trop cher pour les capacités politiques de la Hongrie.
Une vive réaction européenne
Au final, ce qu’on peut apprécier est la rapidité de la réaction européenne. On a rarement vu un tel concert quasi-unanime de solidarité se mettre en place. C’est un point à souligner dans des temps où la réaction est parfois plus évasive. En quelques heures à peine, les Européens ont convenu qu’il fallait passer aux conséquences, c’est-à-dire à des sanctions contre la Biélorussie. Il est vrai que la proximité d’un Conseil européen y a aidé. Quand les Européens se sentent menacés dans leur chair, ils réagissent avec toute la panoplie d’outils à leur disposition : messages diplomatiques, convocation d’ambassadeurs, sanctions individuelles, mesures économiques…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour avec le dernier commentaire sur la rapidité de la réaction européenne
Cet article Le détournement du vol Ryanair par Minsk. Quelques réflexions à chaud pour la géopolitique de demain (v2) est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le patrouilleur de haute mer Commandant Bouan (F-797) a débuté jeudi (20 mai) sa permanence, dans le golfe de Guinée. Mission : assurer la surveillance maritime face à trois fléaux : la pêche illégale, la piraterie et les autres trafics illicites. C’est la 157e rotation de la marine nationale française dans le cadre de l’opération Corymbe. Des patrouilles qui s’inscrivent désormais dans les présents maritimes coordonnées au niveau de l’Union européenne.
Cet article Le commandant Bouan dans le golfe de Guinée est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) On peut proclamer sur tous les tons que la liberté de la presse est primordiale. Et que la diversité de la presse doit être préservée. Encore faut-il la mettre en application de façon concrète, en particulier au niveau économique…
Médias attendant dans la cour de l’Elysée © NGV / Archives B2 – Août 2017Une liberté d’informer restreinte
Accéder à l’information est devenu plus difficile en ces temps de crise sanitaire du Covid-19. Au moment où se rouvrent restaurants et cinémas, les restrictions pour la presse demeurent. Les conférences de presse sont réduites au strict minimum. Quand elles existent, elles ne rassemblent qu’une poignée de journalistes, chargés, dans le meilleur des cas, de collecter et relayer les questions de leurs confrères (c’est le système de pool). Le plus souvent, elles sont remplacées par des visioconférences ou des « briefs » téléphoniques.
Quoi de plus facile alors que d’ignorer purement et simplement une question gênante posée sur une boucle WhatsApp ou dans une conversation Teams ? Ou tout bonnement de refuser à un journaliste d’assister à un briefing (NB : sous de fallacieux prétextes techniques, comme l’Élysée sait si bien le faire). Certaines organisations refusent tout bonnement les questions en direct, voire les questions tout court. Autre habitude désormais bien ancrée : le « micro tendu » à l’issue d’un déplacement ou d’une rencontre ne laisse la place, une fois de plus, qu’à un nombre très limité de questions, et permet de couper court à la première occasion. Créer et entretenir un réseau devient aussi plus difficile.
Or, poser des questions librement, demander des précisions, relancer pour obtenir un éclaircissement, s’autoriser à douter d’une affirmation… : autant il est possible de maintenir le lien avec une source par téléphone quand la relation est déjà bien installée, autant il peut devenir délicat de recueillir des informations sensibles ou inédites d’une personne qu’on n’a même jamais rencontrée…
Les différentes associations professionnelles de journalistes viennent d’adresser une lettre aux autorités françaises pour protester contre les restrictions à la liberté d’informer. « La situation sanitaire justifie certes la prudence, mais elle offre aussi à certains l’occasion de limiter l’accès à l’information les Français méritent de pouvoir accéder à une information libre et de qualité », critiquant-elles.
Lettre des associationsTéléchargerDes aides discriminantes
Autre élément, plus économique. Selon les derniers chiffres révélés par la La Lettre A, le gouvernement français, via les aides publiques à la presse, a plutôt aidé à la concentration des groupes de médias que leur diversité. Ainsi sur les 87 millions d’euros d’aides directes à la presse (hors aide à l’AFP et exonération de charges sociales) en 2019, 49 millions d’euros, soit plus de la moitié ont été versés à dix groupes uniquement. Un seul groupe, LVMH (Le Parisien, Les Echos, Investir…), capitalise à lui seul 16,8 millions d’euros. Suivi, de plus loin, par Le Figaro et Le Monde (1).
La distorsion de concurrence nuit gravement au pluralisme
« Une telle disproportion dans la distribution des aides constitue une préjudiciable distorsion de concurrence entre médias » interroge indique le SPIIL (Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne, auquel appartient B2 (2)). « Sur ces 87 millions d’euros, en effet plus de 75 millions d’euros concernent exclusivement la presse imprimée en raison de la nature même des aides qui excluent la presse en ligne. » Ce qui est contradictoire avec la volonté de développer le numérique. Le SPIIL « réclame un rééquilibrage d’urgence pour l’année 2021 et une remise à plat des aides à la presse ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire tout le communiqué ici
Article complété avec les éléments de la lettre adressée par les associations de journalistes
Cet article Entre aides publiques discriminantes et restrictions au travail des journalistes, la liberté d’informer mise en cause (v2) est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le commandant de l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye sera ce matin devant le Comité politique et de sécurité pour donner son dernier bilan. Juste au moment où celle-ci vient de boucler sa 13e inspection de navire suspect
Une inspection d’un navire suspect
Le navire amiral de la force européenne de contrôle de l’embargo en mer Méditerranée (EUNAVFOR Med), le San Giorgio, a abordé et inspecté mercredi (19 mai), au large de la Libye, le Cileen M, un navire porte-conteneurs battant pavillon togolais, qui se dirigeait vers Benghazi (Est de la Libye).
Le porte-conteneurs Cileen M (crédit : EUNAVFOR Med Irini)« Rien de suspect n’a été trouvé ». Et le « navire a été autorisé à poursuivre son voyage » précise le QG de l’opération à Rome. Cette inspection s’est déroulée sans problème. « L’équipage et le capitaine se sont montrés coopératifs. » Le navire venait du port grec de Kalymnos, selon les sources maritimes.
C’est la 13e inspection effectuée par un navire européen dans le cadre du contrôle de l’embargo sur les armes ou le pétrole imposé par le Conseil de sécurité des Nations unies.
4 vols suspects reperé chaque semaine
Au dernier bilan, depuis près de 14 mois d’activité, l’opération Irini a enquêté sur « plus de 3200 navires et a surveillé 235 vols suspects ». Cela signifie près de 50 navires interrogé chaque semaine, mais surtout 4 vols « suspects » repérés chaque semaine. Ce n’est pas négligeable ! Un bilan que le contre-amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération Irini, vient présenter ce jeudi (20 mai) devant les ambassadeurs des Etats membres réunis à Bruxelles au sein du COPS (Comité politique et de sécurité.
122 approches amicales
L’opération européenne a effectué 13 inspections et 122 visites amicales (ou ‘Friendly Approaches‘) à bord des navires marchands en Méditerranée venant ou allant vers la Libye. Elle a surveillé 16 ports et installations pétrolières libyens, 25 aéroports et pistes d’atterrissage.
23 rapports adressés à l’ONU
Toutes les informations récoltés lors de ces visites, inspections, entretiens, ainsi que par les observations satellitaires du SatCen ont été consignées soigneusement. L’opération IRINI a ainsi rédigé « 23 rapports classifiés » adressés au groupe d’experts des Nations Unies sur la Libye sur « des violations ou d’éventuelles violations de l’embargo sur les armes ». Ce des « deux côtés du conflit en Libye », prend-on bien soin de préciser du côté des militaires européens.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Inspection d’un porte-conteneurs en route vers Benghazi. Et dernier bilan de l’opération Irini est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) La ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, l’a confirmé ce mercredi (19 mai) en commission défense de la Chambre des députés.
La Belge Ludivine Dedonder (PS) et la Française Florence Parly (TDP app. LREM), tout sourires devant les photographes lors du dernier conseil ‘défense’ le 6 mai dernier (crédit : Conseil de l’UE)En 2021 c’est exclu, pas de troupes disponibles
« En raison de plusieurs facteurs tels que la prolongation imprévue de la mission « Resolute Support » dirigée par l’OTAN en Afghanistan et la réorientation et le développement de nouvelles initiatives dans le cadre de la Coalition pour le Sahel, la Défense a dû revoir sa planification opérationnelle pour 2021 » indique Ludivine Dedonder, selon le compte-rendu officiel reçu par B2. « Un nouveau déploiement à grande échelle en 2021 n’est donc pas réaliste. »
Aucun engagement n’était pris
La Belgique fait donc lanterner un peu Paris. Il n’y a pas rupture d’une promesse se défend la ministre. « Notre pays n’avait encore pris aucun engagement. » La France appréciera… Paris qui a demandé aux « États européens de déployer davantage de troupes conventionnelles dans le cadre de la task-force Takuba » va devoir ronger son frein. Et l’objectif de Florence Parly d’avoir une dizaine de pays dans Takuba risque jugé plus digne de la méthode Coué que de la réalité.
Pour 2022, on verra
Pour l’année suivante, la ministre belge se montre en effet plus que prudente. « Les différentes options de déploiement pour 2022 sont actuellement à l’étude. » Une extension du déploiement militaire belge au Sahel « sera discutée en Conseil des ministres et au Parlement ». Le dossier « portant sur le programme des opérations pour 2022 » sera soumis au gouvernement « au dernier trimestre 2021 ».
Un esclandre avec Paris évité de justesse
Ce sujet de la participation belge à Barkhane était un haut sujet de tensions entre Paris et la Belgique. En témoigne ll’affaire du tweet du député Theo Francken (N-VA). Dans la foulée d’une réunion de la commission chargée du suivi des missions à l’étranger, le député nationaliste avait tweeté ceci : « Operatie Barkhane: « geen deelname in 2021 #DedonderLudivin #Comdef » (Opération Barkhane: «pas de participation en 2021)
Les Français n’étaient pas encore au courant officiellement de la décision prise par le cabinet belge. Et le téléphone avait alors ‘chauffé’ entre Paris et la Belgique. La ministre belge de la Défense avait alors exigé, quelques jours après, dans un courrier adressé à la présidente de la commission (Annick Ponthier, appartenant au parti d’extrême-droite Vlaams Belang) des sanctions (courrier publié par la RTBF). Ce qui avait finalement été appliqué : interdiction d’assister à des réunions auquel l’obligation de secret est applicable, jusqu’à la fin de la session ordinaire 2020-2021 et amende sous forme de retenue de 20% sur son indemnité parlementaire pour une période de trois mois. Non sans susciter quelques réactions courroucées d’autres députés, pourtant partenaires de la majorité, tels Denis Ducarme, trouvant la sanction exagérée. « Il n’y a pas de faute de Théo Francken, mais de la ministre Dedonder » tonne le député libéral (MR) selon le quotidien Le Soir.
Commentaire : un revirement, signe d’une mésentente ?
Contrairement à la position officielle, il s’agit bel et bien d’un revirement du gouvernement belge. Même si aucune certitude n’était acquise, l’intention belge avait bel et bien été affichée, et répétée (apparemment) au moins un entretien bilatéral. Outre l’argument officiel du manque de troupes, on peut avancer deux autres éléments d’ordre politico-militaires. D’une part, l’absence d’un consensus politique entre les différents partenaires de la majorité, sur cet engagement à haut risque. D’autre part, l’absence d’un cadre vraiment fixé au plan multinational. Y-a-t-il d’autres éléments dans cette attitude belge. Rien n’est à exclure… En tout cas il y a de la friture sur la ligne entre Paris et la Belgique.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Les Belges n’iront pas dans Barkhane en 2021. Et pour 2022 on verra ! est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
La politique de défense européenne, ses avancées, ses difficultés, ses atouts ou ses échecs, expliqués pas à pas…
Deux années politiques riches en émotions
La défense européenne a-t-elle un avenir ? L’OTAN est-elle obsolète ? Que signifie l’autonomie stratégique ? À quoi va servir le fonds de défense, la nouvelle facilité de paix ? Où sont déployés les militaires européens ? Les battlegroups sont-ils dépassés ? Un QG européen va-t-il voir le jour ? Combien dépensent les pays de l’OTAN pour leur défense ?…
Un tour complet d’horizon
Conçu par les journalistes de B2, qui suivent pas à l’actualité géopolitique européenne, cet ouvrage retrace les dernières évolutions de la politique de défense européenne : de la doctrine aux missions et opérations, en passant par les institutions, les responsables politiques, les instruments de coopération financiers et industriels… pas moins de 50 thèmes sont abordés.
Un ouvrage à lire de bout en bout… ou à picorer
« Malgré une crise (sanitaire) d’ampleur inédite, cet ouvrage confirme que nous n’avons pas levé le pied au niveau européen sur le terrain de la défense » explique Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union (le chef de la diplomatie européenne), qui signe la préface.
« Nous avons voulu décortiquer toutes les nouveautés par le menu, sans tabou, sans concession… », explique Nicolas Gros-Verheyde, co-auteur de l’ouvrage et rédacteur en chef du média en ligne B2. « Mais en gardant ce qui fait l’atout d’un site internet, son côté accessible à tous, sa possibilité de piocher un ou plusieurs éléments spécifiques« .
Pour aller plus loin que l’actualité du moment
Un complément au fil quotidien d’information développé par B2 devenu le premier média en ligne sur l’Europe géopolitique, et au manuel sur ‘La politique européenne de sécurité et de défense commune’ (500 pages, 2017). À quelques encablures de la présidence française de l’UE au premier semestre 2022, c’est une lecture indispensable pour comprendre les enjeux de demain.
Parution : 25 mai 2021
Prix : 10 euros
Disponible sur internet – format PDF – Commandable et téléchargeable sur internet à compter du 25 mai.
Auteurs : Nicolas Gros-Verheyde, avec Leonor Hubaut, Aurélie Pugnet, Emmanuelle Stroesser. Préface : Josep Borrell. Postface : André Dumoulin.
À propos de B2 – Bruxelles2
Créé en 2008 par Nicolas Gros-Verheyde (ancien auditeur à l’IHEDN, correspondant de Sud-Ouest auprès de l’UE et de l’OTAN), B2 Bruxelles2 est le seul média francophone dédié à l’Europe géopolitique. Il propose trois éditions : un blog libre d’accès, un site professionnel B2 Pro (adhérents et abonnés) et une édition pédagogique. Média en ligne, il est agréé ‘information politique et générale’ par la CPPAP (France), B2 a produit plus de 16.000 articles et compte plus de 10.000 lecteurs quotidiens en France, en Europe et dans le monde. Il emploie quatre journalistes professionnels et est soutenu par une association loi 1901 (ASBL).
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(B2) Une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères a été programmée pour mardi pour montrer l’unité européenne face aux tensions entre Israël et Palestine. Et d’éviter des coups de griffe à l’unité européenne
Cette réunion a été convoquée par le Haut représentant de l’UE, chef de la diplomatie Josep Borrell, après consultation avec les différents ministres. L’objectif comme il l’explique dans un tweet est de : « coordonner et discuter la manière dont l’Union européenne peut contribuer au mieux à mettre fin à la violence actuelle ». Ce alors que « l’escalade continue entre Israël et la Palestine (faisant) un nombre inacceptable de victimes civiles ».
Il s’agit notamment de proclamer plus fort, la voix de l’Europe et donner un message d’unité. Ce qui n’a pas été toujours le cas depuis le début de la crise, entre Européens. La question israélo-palestinienne reste en effet une des plus clivantes sur le plan européen. Et il s’agit d’éviter que la divergence ne prenne le pas sur ce qui réunit les Européens.
Un message très allemand
Un tweet de la présidente de la Commission a fait jaser dans les couloirs européens. Ursula von der Leyen publie sur Twitter vendredi (14 mai) un message ambigu. Elle ne nomme qu’un protagoniste : le Hamas dont elle « condamne » les attaques « indiscriminées » du mouvement palestinien, parle de « protéger les civils de part et d’autre », sans indiquer l’autre adversaire. Elle ne fait aucune référence à la situation à Jérusalem, comme à l’attitude d’Israël. Une position qui ne reflète en aucun cas la diversité de points de vue au sein de l’Union européenne ou de la Commission européenne.
Un message qu’il faut plutôt lire dans un contexte allemand. En Allemagne, les tensions au Proche-Orient ont provoqué une montée de fièvre contre Israël : des drapeaux sont brûlés devant les synagogues de Münster et Bonn, mardi soir et des slogans anti-juifs prononcés à Gelsenkirchen mercredi. Une situation impossible à tolérer Outre-Rhin. « La chancelière Merkel condamne les attaques à la roquette contre Israël et les incidents antisémites en Allemagne. Notre démocratie ne tolérera pas les rassemblements antisémites » prévient le porte-parole de la Chancelière, Steffen Seibert, vendredi twitter. La CDU a hissé le drapeau israélien sur son siège en signe de solidarité avec l’Etat hébreu.
Une bévue diplomatique européenne
Signé depuis son compte de présidente, rédigé dans les trois langues européennes, ce message peut cependant laisser croire que l’Union européenne a révisé à sa position d’équilibre dans le conflit et désigné un seul adversaire : les Palestiniens. Délicat vis-à-vis du monde arabe comme de certains pays européens et commissaires européens qui ont une position plus équilibrée.
Une dynamique du conflit
La dynamique du conflit sur place, avec la destruction d’un immeuble où est abritée la presse internationale, comme la position américaine viennent prendre très vite la présidente de la Commission européenne à revers. L’administration Biden n’est pas dupe de la position israélienne. Elle rappelle « aux Israéliens que garantir la sûreté et la sécurité des journalistes et des médias indépendants est une responsabilité primordiale » comme l’affirme Jen Psaki, porte parole du département d’État samedi (15 mai).
Une position plus équilibrée de la diplomatie européenne
Du côté du vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, la tonalité du message est aussi légèrement différente. Ce, depuis le début de la crise. Et le chef de la diplomatie européenne le rappelle encore dans un message publié samedi (15 mai). « [Je] poursuis mes contacts avec mes homologues pour soutenir les efforts visant à désamorcer la situation extrêmement préoccupante en Israël / Palestine. La priorité et le message de l’UE restent clairs : la violence doit cesser maintenant. »
Message équilibré et plutôt classique de la diplomatie européenne. Il condamne bien évidemment les tirs indiscriminés du Hamas et ses roquettes, mais demande aussi au gouvernement israélien, nommé précisément, d’assurer la protection des civils, et de respecter le statu quo sur la garde des lieux saints, etc.
Le tir corrigé
S’apercevant de sa bévue, la présidente corrige le tir, samedi en soirée (16 mai), affichant cette fois clairement son « soutien total » aux efforts menés par le chef de la diplomatie européenne « pour travailler à une solution diplomatique pour mettre fin à la violence ».
Un message rédigé, dans une seule langue (en anglais), mais si rapide que le prénom de Josep Borrell est écorché (transformé en Joseph, il sera corrigé juste après). L’incident est clos. Mais il laissera quelques traces.
Conclusion : d’abord maitriser les codes avant de réclamer
La place sur le sofa de la diplomatie ne se résume pas à une exigence de protocole. La géopolitique est un art qui mérite d’être appris et dosé. La bévue d’hier reste limitée (heureusement). Mais Ursula Von der Leyen a démontré qu’elle ne maîtrisait pas encore tous les codes d’une fonction plus géopolitique de la Commission européenne. Elle parait ainsi plus à l’aise pour faire une tempête dans un verre d’eau et disputer à Charles Michel une place sur un fauteuil (lire : La stratégie du sofa. De la puissance et de la brutalité), que de propulser l’Europe sur la scène internationale. Dommage…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Conflit en Israël : où est passée la Commission géopolitique ?
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(B2) Le conflit gelé entre Israël et Palestiniens s’est soudainement réveillé. Ne le dites surtout pas trop fort à Bruxelles. La Commission européenne, géopolitique, de Ursula von der Leyen est en congés !
Le réveil d’un conflit
Parti d’émeutes réprimées sur l’esplanade des mosquées, ce conflit a pris une tournure plus vive avec des roquettes parties de Gaza et la réplique israélienne de frappes aériennes sur l’enclave palestinienne. En rythme journalier (un indicateur objectif), on atteint un chiffre de 30 morts / jour (1). Sans que la Commission européenne, proclamée ‘géopolitique’ par Ursula von der Leyen, n’interrompe sa pause. Week-end prolongé de l’ascension oblige !
Seuls les diplomates sont sur le pont
Comme d’habitude. Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union, passe des coups de fils — au ministre des affaires étrangères Gabi Ashkenazi, au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, … Il multiplie les appels à la désescalade. Sans grand espoir. L’Europe semble atone attendant que les États-Unis impriment le rythme d’un cessez-le-feu, incapable de prendre une initiative, ni même de réfléchir à une solution (2).
La stratégie du sofa
Où est passée la Commission européenne « géopolitique » promise par Ursula von der Leyen : pleinement mobilisée pour préparer une initiative, en réunion d’urgence ? Où est passée la colère de même Von der Leyen, dépitée de ne pas eu sa place sur la scène internationale ? Pousser un ‘hum hum’ d’insatisfaction car on n’a pas droit à un beau fauteuil à Ankara est facile (lire : La stratégie du sofa. De la puissance et de la brutalité). Donner des leçons à l’Europe entière devant le Parlement européen est aisé (lire : A Ankara, le ‘sofagate’, miroir tendu aux faiblesses européennes). Se prononcer sur un conflit international sensible semble plus délicat.
Un défaut d’initiative criant
Le Parlement européen a appelé pourtant à plusieurs reprises les Européens à prendre l’initiative. En septembre 2015, notamment, il a voté une résolution pour que l’Union joue un véritable rôle politique dans le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Sans réaction. La dynamique d’une initiative de paix, souvent promise par exemple par Federica Mogherini, ne s’est jamais réalisée. La grande initiative de paix pour le Proche-Orient, lancée par la France en janvier 2017, s’est évanouie dans les sables. Les États européens restent encore très divisés, entre le soutien à la création d’un État palestinien ou au seul État d’Israël (3). En clair, on aimerait bien aujourd’hui un petit ‘hum hum’ de la Commission sur le conflit au Proche-Orient.
La fin de certains tabous
Prendre l’initiative, c’est prendre un risque. En effet. Cela supposerait de reconnaitre l’évolution des faits sur le terrain. Le processus d’Oslo, avec la solution à deux États, parait hors de portée, du moins dans l’état des forces aujourd’hui. Certains diplomates européens le reconnaissant en off : le processus d’Oslo est « en coma profond », « moribond »… Que faire ? Hugh Lovatt, un chercheur du think-tank britannique EFCR, propose « d’élaborer un nouveau paradigme fondé sur l’égalité et la fin de l’occupation » (4). Cela peut être une idée. On pourrait aussi réitérer l’idée d’une force conjointe de police sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, suggérée il y a plusieurs années déjà par certains responsables européens (5). Etc. Aucune solution n’est évidente. Mais tout vaut mieux que l’immobilisme actuel.
Commentaire : le risque d’un effacement stratégique est réel
L’épisode récent entre Tel Aviv, Jérusalem Est et Gaza le prouve. Tant qu’une solution ne sera pas trouvée au conflit israélo-palestinien, difficile d’entrevoir une stabilisation de la région. Si elle veut être géopolitique, l’Europe doit être à l’initiative. Elle n’a pas d’autre choix. Pour le conflit en cours… mais aussi pour son propre avenir. Si l’Europe arrive à peser sur certains conflits en cours (Sahel, Mozambique, Éthiopie) ou sur des dossiers comme le nucléaire iranien ou la crise politique en Géorgie récemment (6), elle s’est aussi fait exclure (ou s’est exclue elle-même) de la solution de crises majeures. De la guerre civile syrienne au conflit Arménie-Azerbaïdjan, les exemples ces dernières années sont frappants. Cette question n’est pas que conjoncturelle. Elle est structurelle. Toute attentionnée à ses crises internes (Grèce, Immigration, Brexit, Covid-19, cadre budgétaire…) parfois très superficielles (comme le ‘sofagate’), l’Europe loupe des marches géopolitiques. Elle n’anticipe pas suffisamment. Et, surtout, elle n’arrive pas à réagir à temps aux crises qui surviennent. Résultat : sa sphère d’intervention se rétrécit.
Ce qui se passe entre Israël et Palestiniens pourrait être une opportunité dans une Europe géopolitique… à condition d’être un peu dynamique, inventif.
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(B2) Le Patrouilleur de Haute Mer Commandant Birot fera escale au port de Constanţa en Roumanie, du 13 au 17 mai. Un déploiement en mer Noire dans le cadre des missions de présence de la Marine nationale. Objectif : montrer la solidarité de la France envers ses Alliés et préserver la liberté de navigation dans une zone contestée et objet de tensions entre l’Ukraine et la Russie.
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