(B2) Malgré toutes les difficultés, la réintégration des anciens rebelles centrafricains se poursuit.
Les nouveaux soldats centrafricains défilent lors de la cérémonie de fin de leur formation, sous le regard de la société civile (Crédit : EUTM RCA)
Un passage de cap au bout de trois mois de formation
Le camp Kassaï à Bangui a été le théâtre d’une cérémonie importante pour les forces armées centrafricaines (FACA), le 25 mai dernier. 133 anciens rebelles en sont devenus membres de plein droit. Tous, à une exception, ont surmonté l’épreuve finale, après trois mois de formation par la mission européenne de formation, EUTM RCA. Il s’agit de la seconde vague du projet pilote de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) (1).
D’anciens combattants venus de tout le pays
La première vague d’intégration, finalisée le 5 février dernier, avait permis l’intégration de 125 anciens combattants, venus principalement de Bangui (lire : Centrafrique. Un premier détachement d’anciens rebelles réintégré). Cette fois-ci, « cette seconde cohorte a rassemblé des anciens rebelles de tous le pays » : Paoua, D’Ippy, Alindao, Bria, Bambari. Selon nos informations, certains de ces soldats ont fait partie de différentes armées des groupes tels que l’UPC d’Ali Darass, ou Le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC).
Du corps à corps aux transmissions
La formation aura duré 12 semaines. Au programme : instruction générale, conditionnement physique, combat au corps à corps et tir. Autre sujet auquel la mission a donné de l’importance : le droit international humanitaire. Faute d’instructeur qualifié (comme c’était le cas auparavant), c’est la Croix-Rouge internationale à Bangui et l’OCHA (Office de coordination des affaires humanitaires) qui ont organisé les neuf heures de formation.
Du projet pilote au succès : une question de détermination
Lancé en août 2017, et avec quelques retards du aux difficultés pour trouvé les candidats à participer au programme, les résultats du projet pilote de DDR sont positifs pour le commandant de la mission européenne, le général Maio. « Le projet-pilote a réussi au-delà de toutes espérances grâce à l’engagement de ses membres comme des cadres qui l’ont composé. » Pour lui, le projet pilote doit se poursuivre « malgré les réticences et les obstacles ». Le processus DDRR lui-même « n’attend plus que d’être mis en œuvre ».
Finie la réintégration militaire, place à la réintégration économique
Au total, ce sont 240 éléments (sur les 560 visés) qui ont ainsi intégré les FACA, depuis la création en août dernier du projet pilote de DDRR. Avec cette seconde vague, EUTM RCA met fin à son engagement. Les 280 anciens combattants restants devront eux, être orientés, avec l’appui de la Banque mondiale, vers la réintégration socio-économique et communautaire. Ils recevront un appui aux « activités génératrices de revenus individuelles ou collectives, ainsi que des subventions de projets en matière de relèvement de la communauté » selon la Minusca.
(Leonor Hubaut)
(1) Le DDRR est soutenu par le gouvernement centrafricain, l’ONU, mais également par l’Union européenne à travers la mission militaire de formation EUTM RCA depuis 2017. Il vise notamment à désarmer et réintégrer les ex rebelles volontaires en leur proposant une réinsertion dans le secteur de la défense ou dans le secteur civil, contribuant ainsi à la sécurité et à la stabilité dans un contexte d’après-guerre de sorte que puisse commencer la reconstruction et le développement.
Lire aussi :
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Le siège du SBU ukrainien à Kiev (crédit photo SBU)
(B2) La mort du journaliste ukrainien Babchenko est une fausse nouvelle, une mise en scène des services ukrainiens. Vasyl Hrytsak, le chef du SBU, l’a confirmé aujourd’hui lors d’une conférence de presse donnée cet après-midi au siège du SBU, rue Volodymyrska à Kiev.
Une opération montée de toutes pièces par le SBU
Cette opération a été montée par le SBU pour déjouer et piéger un agent russe. Une manœuvre de contre-espionnage et une (fausse) information dans lequel sont tombés tous les médias (dont B2) et toutes les organisations de droits de l’Homme, mais aussi l’OSCE, le Parlement européen, la Haute représentante de l’Union, etc.
Une fake news qui pourrait se retourner contre ses auteurs
« J’aurais dû offrir mes condoléances à la famille, mais au contraire, je veux les saluer … Je tiens à féliciter Arkady Babchenko pour son ‘troisième anniversaire’ », a déclaré Vasyl Hrytsak, chef du SBU, selon l’agence de presse ukrainienne. Une bonne blague qui semble faire beaucoup rire les hommes du SBU, mais qui pourrait rapidement se retourner contre eux.
L’humour potache est parfois difficile à partager… En voulant piéger les Russes, ils ont aussi piégé les organisations internationales (1) et toutes les associations de journalistes qui ont, durant ces dernières heures, fait des déclarations condamnant l’incident. Ils ont surtout démontré que les fake news pouvaient venir de Moscou mais aussi de Kiev. Au prochain assassinat imputé ou imputable aux Russes, ceux-ci auront beau jeu de dire : ce sont les Ukrainiens.
Une mission de conseil des Européens
On peut rappeler aussi que les Européens ont mis en place une mission de conseil à Kiev, EUAM Ukraine, chargée de faire du conseil, au niveau stratégique et politique, des forces de sécurité intérieure, et en particulier des SBU (lire notre reportage sur place, fin 2014 : Les « Services » ukrainiens : faire la guerre et réformer, en même temps).
Une question se pose : faut-il continuer d’aider les forces de sécurité intérieure ukrainienne ?
Il sera intéressant de voir si les Européens, sur place, ont été impliqués dans cette manip, digne de la guerre froide, ou ont été laissés dans l’ignorance totale. La seconde hypothèse étant la plus plausible. Quoi qu’il en soit, il pourrait se poser la question de la pertinence de l’assistance et de l’aide européennes, y compris financière, aux forces de sécurité ukrainienne qui jouent ainsi avec le feu.
Écouter le récit de la TV ukrainienne relayé par la BBC
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) On peut remarquer que plusieurs ministères des affaires étrangères ne se sont pas précipités pour condamner l’incident, restant assez silencieux. Une lenteur de réaction ou une information passée à temps entre ‘services’, qui pourrait laisser entendre que les Ukrainiens avaient prévenu quelques chancelleries occidentales.
Lire aussi : L’Ukraine est aussi une guerre de la comm’ et du renseignement
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(B2) Pour les Européens, le retrait américain de l’accord avec l’Iran, une véritable trahison de la parole donnée, est aussi une opportunité formidable. N’hésitons pas à le dire ! Ils se retrouvent en première ligne chargés de garder vivant un accord important pour la sécurité au Moyen-Orient. Car ce texte n’est pas un simple accord signé entre plusieurs États, c’est une résolution du Conseil de sécurité dont les Européens se retrouvent ainsi chargés.
(crédit : Conseil de l’UE)
Une question de sécurité
Il faut s’assurer tout d’abord que l’Iran respectera toutes ses obligations (comme il l’a fait jusqu’ici). Ce qui n’est pas une mince affaire. Il faut s’assurer également que la Chine et la Russie restent dans l’accord. Il faut enfin veiller à ce que les entreprises européennes ne soient pas prises pour cible par les mesures de sanctions américaines et ne se retirent pas petit à petit. Ce qui viderait de toute substance cet accord et conduirait à son délitement imperturbable. Les mesures prises par les Européens, connus sous le nom de ‘blocking status’, ne paraissent pas de nature à contrecarrer ce mouvement.
Un bras de fer vital
Bref, on est sur une question stratégique vitale où la diplomatie européenne joue son existence. Il ne faut pas avoir peur des mots. Soit elle gagne ce qui est un vrai bras de fer, et elle aura gagné ses lettres de noblesse. Soit elle le perd. Et il ne servira plus à rien de parler du poids de l’Europe dans le monde, sinon comme un sujet de colloque ou de séminaire. L’Europe resterait alors condamnée à être le bon vieux tonton qui dispose d’un vaste chéquier — de l’aide humanitaire à l’aide macro-financière — vers lequel on se tourne quand on a besoin d’un accès au marché ou d’une assistance financière pour reconstruire un dégât collatéral, et qui donne allégrement sa manne en échange de bons conseils.
Un contexte international durci
Pour autant, alors que le monde se raidit, que les alliés-voisins partenaires de l’Europe (des États-Unis à la Russie en passant par la Turquie ou Israël) ont chacun, à leur tour, durci le ton de leur politique étrangère comme l’importance de leurs critiques vis-à-vis du continent européen, les Européens vont-ils pouvoir continuer à jouer les ‘gentils’ zozos de la politique internationale ? La question mérite d’être posée après ce qui ressemble à une véritable trahison de la parole donnée par les Américains.
La trahison américaine
Les États-Unis sont, en effet, passés en quelques mois d’allié indéfectible, ami et partenaire, à celle de la position d’un allié ‘difficile’. Si le langage officiel mentionne toujours les États-Unis comme un ‘ami et partenaire’, la réalité géopolitique aujourd’hui est légèrement différente. Les USA sont clairement un adversaire. Le président du Conseil européen Donald Tusk, qu’on ne peut pas soupçonner d’être méfiant vis-à-vis de l’axe euro-atlantique (1) l’a dit clairement à Sofia : « avec de tels amis, il est inutile d’avoir des ennemis ».
« Looking at latest decisions of Donald Trump someone could even think: with friends like that who needs enemies ? »
Les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité en ont pu avoir un témoignage lors de leur récente visite à Washington. Alors qu’ils étaient reçus par certains responsables du Pentagone, du Secrétariat d’État et du Conseil national de sécurité, ils ont plutôt senti le souffle de la brise froide que celui d’une chaude amitié. « Nos interlocuteurs américains ne semblent pas vraiment fascinés par l’Union européenne » indique l’un des participants. De fait, « c’est plutôt l’indifférence qui règne à Washington sur l’Union européenne ». En termes moins diplomatiques, les alliés américains se soucient comme de leur première chemise de leurs alliés européens.
La nécessité de parler haut et clair
Les Européens qui ont l’habitude de réfléchir lentement et de parler intelligemment devront désormais apprendre à réagir plus vite, avec un langage intelligible. Ne pas hésiter à parler haut et clair n’est pas toujours un défaut…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Version longue de la chronique diffusée sur France Tv Infos par toute la bande de la Faute à l’Europe
(1) Au contraire. Pour cet ancien Premier ministre polonais, l’amitié et l’arrimage aux États-Unis constitue un de ses crédos en matière politique (lire : « La présence américaine en Europe garantit notre sécurité » D. Tusk). Dès son arrivée à son poste, en 2009, son premier geste avait été d’appeler les Américains (lire : Un Polonais roué aux commandes). Son propos reflète donc l’évolution européenne.
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