Muna Navarra à l’infirmerie de la frégate Navarra (Crédit: EMAD)
(B2) Muna Navarra n’aura pas le droit de séjour en Espagne…
Cette petite fille est pourtant née sur la frégate espagnole Navarra peu avant Noël, après que sa mère en compagnie de 215 autres migrants ait été sauvée par les marins espagnols, jeudi 23 décembre.
Un beau bébé de 3,2 kg
L’accouchement a été assez long : il a duré toute la nuit pour se conclure de façon heureuse vendredi au matin. Selon la formule consacrée : « la mère et l’enfant se portent bien ». Beau bébé de 3 kg 200, Muna porte le nom de sa tante et en second prénom celui de la frégate espagnole. Ce qui devient une tradition.
Mère et fille envoyées en Italie…
Mais Madrid n’a pas voulu aller plus loin et suivre l’exemple de Berlin, qui avait accordé en 2016 le séjour à la petite Sophia née à bord d’un de ses navires qui participait comme le Navarra à l’opération maritime européenne EUNAVFOR Med (lire : Qu’est devenue la petite Sophia ?). Dès le 24 décembre au matin, un hélicoptère de la frégate a transporté mère et fille à Catania (Italie), où elles ont été immédiatement conduites à l’hôpital de Cannizzara. La plupart des autres migrants avait été transbordée sur le navire hydrographique britannique HMS Echo (H-87) qui participe également à l’opération européenne.
Madrid gêné aux entournures
Pourtant devant la presse, le ministre de l’Éducation et porte-parole du gouvernement espagnol, Inigo Mendez de Vigo (NDLR ancien eurodéputé), avait célébré la naissance à bord de la frégate espagnole, la nuit du jeudi 22 décembre, comme s’il s’agissait d’une belle histoire de Noël. « Bienvenue en l’Espagne, petite fille. Je pense que cela est de bon augure pour ce Noël, » avait-il dit le lendemain selon le quotidien El Pais. Tout le monde pensait alors que la mère et la fille auraient le droit de rester et seraient rapatriés en Espagne. Mais le gouvernement a été très ambigu dans sa réponse.
Respecter le droit européen et espagnol
L’Espagne veut agir « en conformité des normes européennes ». Bien que le bébé soit né sur le territoire espagnol, le navire Navarra, elle n’a aucun droit à la nationalité espagnole ni à résider en Espagne. La nationalité ne pouvant être acquise que si l’un des parents est espagnol, ou lorsque l’identité des parents est inconnue, l’enfant n’ayant alors pas de nationalité.
… et le protocole de l’opération Sophia
Autre raison du transfert en Italie, la volonté de « respecter le protocole d’EUNAVFOR Med » précise le ministère de la défense. « Le navire était en pleine opération militaire, dans laquelle participent plusieurs pays. Tous les navires doivent amener en Italie les naufragés qu’ils secourent. » C’est là qu’ils sont enregistrés et qu’est étudiée leur situation pour savoir s’ils ont droit à l’asile ou s’ils doivent être renvoyés dans leur pays. La famille de Muna vient de Côte-d’Ivoire, un pays qui n’est pas, en principe, considéré comme l’UE comme dangereux.
Un débat public ?
La polémique fait cependant rage en Espagne. La mère n’a que 17 ans et est donc mineure. De plus, elle aurait été violée pendant son voyage vers les côtes libyennes, selon nos confrères de El Mundo (1). Autant de raisons qui devraient justifier au moins le droit d’asile, comme le soulignent de nombreux éditorialistes. Une option que le ministère de l’Intérieur espagnol ne veut pas fermée.
Un possible réexamen du cas Muna
Son porte-parole a déclaré que « le fait d’avoir été amenée à Catane, en conformité aux normes européennes, ne préjuge rien » de la suite. Il insiste aussi sur la possibilité pour la mère de faire la demande de nationalité « quand elle le souhaite ». Mais il n’y a pas de droit automatique rappelle-t-il. « Le fait de naître en territoire espagnol permet de réduire la procédure mais ne donne pas droit à la nationalité de manière automatique ».
Une affaire devenue d’État
C’est donc la présidence du gouvernement qui a pris en charge le dossier, afin d’étudier « les possibilités pour que mère et filles voyagent en Espagne ». « L’Espagne ne permettra pas que [Muna] soit apatride » insiste le porte-parole du gouvernement.
(Leonor Hubaut avec NGV)
(1) NDLR : ce qui n’est pas un cas isolé. Selon une étude réalisée par le FGS Berlin qui a participé à la mission européenne, les cas de violences sexuelles sont courants sur la route de l’immigration particulièrement pour les jeunes femmes. Lire article à suivre
Kęstutis Lančinskas (au centre) présente le projet lors d’une table ronde (Crédit: EUAM Ukraine)
(BRUXELLES2) Avec le programme « Soutien à la réforme de la police » l’Union européenne prévoit la transformation de 20 postes de police à travers l’Ukraine, pour en faire des « modèles » de la police nationale.
20 postes remodelés
Le projet, d’une valeur de six millions d’euros, va permettre de « remettre à neuf et d’équiper les commissariats de police sélectionnés » a expliqué le chef de la mission de conseil de l’Union européenne en Ukraine (EUAM Ukraine), Kęstutis Lančinskas, le 20 décembre dernier. Les 20 postes de police choisis se trouvent dans les régions de Kiev (centre), Kharkiv (est) et Lviv (ouest) (NDLR : deux provinces où la mission européenne a étendu son activité depuis plusieurs mois déjà). Les travaux de rénovation des postes visent à créer un « environnement de travail moderne qui réponde aux besoins des citoyens qui signalent des crimes et qui respecte les droits de la personne détenue ».
… et les policiers formés
Outre une réforme des locaux, le projet prévoit « la formation et l’équipement des policiers, sur [base des] meilleures pratiques de l’Union européenne en matière de police communautaire, ainsi que sur le maintien de l’ordre public. » L’accent sera mis sur les mesures de confiance du public, sur les initiatives de lutte contre la corruption, la sensibilisation du public à la police communautaire et la participation de la société civile à l’élaboration d’un programme annuel de sécurité et de systèmes de gestion des plaintes.
Un modèle pour le futur
« Notre plan porte sur les 20 postes de police avec lesquelles nous allons coopérer, elles serviront de modèles de la nouvelle police pour le reste du pays. » Le projet sera dirigé par EUAM Ukraine, avec le soutien de la police suédoise et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).
(Leonor Hubaut)
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