(Crédit : Amnesty International)
(B2) « Vos décisions ont des conséquences sur la vie et la mort, et si vous continuez à baisser les normes, les pays du monde entier suivront le même exemple. »
Dans une lettre datée du 8 mars, 162 ONG rappellent aux institutions européennes leur « responsabilité de gérer les migrations de manière équitable et de répondre aux préoccupations légitimes des citoyens. […] Seule une Europe qui respecte vraiment ses valeurs peut être un leader fort et crédible dans un monde ébranlé par l’augmentation du populisme et par des faits dits alternatifs. »
Ne pas repousser les migrants aux frontières européennes
« Si l’UE et ses États membres veulent rester des acteurs internationaux crédibles, ils ne peuvent pas s’attendre à ce que des pays comme la Turquie, la Jordanie et le Liban accueillent des millions de réfugiés et poussent simultanément les migrants et les réfugiés aux frontières de l’UE, en Grèce, ou dans une zone de conflit incontrôlée comme la Libye. »
L’UE doit ouvrir des voies d’entrée légales
« Nous nous attendons à des politiques migratoires durables et à long terme qui garantissent le respect des droits des personnes plutôt que de les mettre en danger. Il s’agit notamment d’élargir les voies sûres et régulières vers l’Europe, comme les visas humanitaires et autres, d’accroître les espaces de réinstallation et d’améliorer l’accès aux régimes de regroupement familial, ainsi que d’améliorer la mobilité des travailleurs entre les niveaux de compétence. »
(LH)
L’eurodéputé Saryusz-Wolski envoyé au casse pipe contre son compatriote et membre du même parti, Donald Tusk, n’a aucune chance d’être élu (crédit : Parlement européen)
(B2) L’élection du nouveau président du Conseil européen sera marquée du sceau d’un petit mélodrame, bien oriental, ce jeudi (9 mars). Un évènement sans précédent au niveau européen. Pour une fois, un gouvernement ne va pas soutenir un de ses nationaux qui peut prétendre à un poste de premier plan au niveau européen, présentant même un contre-candidat pour saper cette candidature (1).
Dans les rangs européens, la candidature du Polonais Donald Tusk, pour un second mandat de deux ans et demi (2), semblait ces derniers jours ne plus susciter vraiment de doute. Tout le monde semblait, à peu d’accord, même si tous ne partagent pas vraiment le style et l’impetus du Polonais. Mais voilà qu’est venu se glisser un caillou dans la chaussure du candidat : son propre pays, la Pologne !
Une candidature d’un glorieux inconnu
Pour contrer Donald Tusk (et les autres Européens), le gouvernement de Beata Szydło n’a pas présenté une candidature vraiment susceptible d’entraîner une vague d’enthousiasme derrière elle. Au contraire, elle a bien pris soin de choisir un candidat, qui n’a aucune chance d’être élu. Tout simplement, car il ne remplit pas les critères attendus pour ce poste. Jacek Saryusz-Wolski a d’incontestables qualités, personnelles, humaines et dans l’expertise européenne, même s’il est, un peu, virevoltant politiquement (3). Mais il n’a jamais été ni Premier ministre ni chef d’État (« pas même ministre d’ailleurs » comme l’a susurré un diplomate européen). Ce qui est une des conditions primordiales, même si elle est non écrite, pour occuper ce poste (4).
Le Conseil européen : un club
Le Conseil européen n’est, en effet, pas une institution classique, et encore moins une administration. C’est avant tout un club. Un rassemblement de personnes qui ont, toutes, leur parcours politique, leur expérience, leur tempérament, et leur ego. On ne devient pas Premier ministre, ou Président, par hasard, dans n’importe quel pays. Pour arriver à un tel poste, il faut une ambition, un caractère, une volonté bien trempée. Il importe donc d’une part d’avoir déjà franchi ce test, cette barrière, pour être accepté. Il faut, ensuite, avoir côtoyé chacun d’entre eux, un certain temps, avoir dîné avec les uns ou les autres, passer quelques soirées, à débattre de la pluie et du beau temps, de l’Euro et de la Russie, pour être reconnu, voire connaître de façon un peu plus intime certains membres. Enfin, il importe de bien cerner les règles de fonctionnement de ce « club », qui n’a pas vraiment de règles affichées, mais toute une série de non-dits. Il s’agit, surtout, de bien cerner les facteurs de tensions ou de rassemblement entre toutes ces personnalités.
Le président du Conseil n’est pas un simple agitateur de clochettes
Le président du Conseil est, en effet, davantage un « chairman » le président d’un board, qu’un président formel qui est là pour agiter la clochette pour ouvrir la séance, lire l’agenda, puis aller faire le kakou devant la presse, à la fin de la réunion, avec un ou deux bons mots. Il doit savoir taper du poing sur la table, quand c’est nécessaire, prendre une initiative quand il sent le moment venu, rester discret à d’autres moments. Il doit surtout agir en coulisses pour recoudre les positions, trouver les points de force d’un consensus possible ou les défauts d’une proposition qui risque de susciter une division notable. C’est du grand art, de la dentelle politique qui nécessite une certaine confiance des 28 Chefs d’Etat et de gouvernement, leur estime et leur respect.
Un royal inconnu
En présentant un eurodéputé royalement « inconnu » selon les termes mêmes des diplomates actuellement à Bruxelles (5), Varsovie a non seulement affiché un singulier mépris pour cette fonction mais, surtout, a ridiculisé la Pologne, en portant sur la scène européenne des querelles de personne, sans doute très intéressantes dans les trois bars autour de Nowogrodzka (le siège du PiS) mais qui n’intéressent vraiment personne au niveau européen (et même en Pologne, je pense). De plus, le gouvernement polonais oublie un, petit, facteur mathématique : un président du Conseil européen, s’il n’est pas désigné au consensus, est élu à la majorité qualifiée. Et, même avec le soutien très éventuel de la Hongrie, la Pologne est loin d’obtenir cette majorité…
Des candidatures valables il y en avait…
C’est dommage. Comme si la Pologne n’avait pas d’autre candidat valable à présenter. Si Varsovie avait présenté la candidature de Lech Wałęsa, par exemple, cela aurait eu de la gueule. C’était un vrai symbole. Et cela aurait jeté le trouble (6). Même la candidature du président du PiS, Jarosław Kaczyński, aurait été judicieuse. Il aurait perdu, mais avec un certain panache, Car, après tout, il symbolise bien le choix entre les deux modèles de politique européenne qu’on peut : celui de l’intégration et de la coopération, celui de la souveraineté des États et de la simple coordination des politiques.
Un résultat… contraire à l’objectif
La candidature présentée par Varsovie aura eu au moins un premier résultat : personne, ou presque, ne trouve aujourd’hui à redire à la candidature de Tusk. En ne soutenant pas son compatriote, le gouvernement polonais lui a rendu un fier service : il a fait taire toute critique éventuelle (il n’y en avait plus beaucoup à vrai dire) et lui a déroulé le tapis rouge pour sa réélection ! Si, malgré tout, Tusk n’est pas réélu, ce qui est sûr, c’est que ce ne sera pas un Polonais qui occupera le siège du Conseil européen. Pour un gouvernement qui affirme vouloir mettre le phare de la Pologne au plus haut, c’est … bête.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Le Portugal avait ainsi soutenu le renouvellement de José-Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne. Idem quand Jacques Chirac avait accepté la présence de son ancien rival, Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la Convention.
(2) Le mandat du président du Conseil européen est de deux ans et demi, renouvelable une seule fois. Soit un mandat de 5 ans. Le prédécesseur de Donald Tusk, Herman Van Rompuy, avait été renouvelé à mi-mandat.
(3) Membre officiellement de la plate-forme civique (PO), le parti de Donald Tusk dans l’opposition actuelle au PiS, Saryusz-Wolski a toujours une position atypique, assez proche parfois du PiS… surtout quand un poste se profilait à l’horizon. Son nom avait ainsi été évoqué comme un possible ministre des Affaires étrangères, avant que ne soit annoncé le choix du PiS de se porter sur Witold Waszczykowski.
(4) Lire : Comment est nommé le président du Conseil européen ? Critères officiels et officieux
(5) Dans les couloirs européens, la candidature présentée par Varsovie est commentée, avec toute la cruauté dont les diplomates peuvent être capable. « J’ai entendu la délégation polonaise parler de cette candidature d’un parlementaire polonais — dont je ne voudrais pas prononcer le nom de peur de l’écorcher –. Un quasi inconnu pour la totalité des chefs d’Etats et de gouvernement » ironise sous cap un diplomate expérimenté.
(6) Du moins à l’Ouest. L’aura de l’ancien dirigeant de Solidarność semble un peu effacée en Pologne même et avec Kaczyński, les relations sont à l’état du glaçon…
(B2) La mission européenne de formation des forces armées centrafricaines (EUTM RCA) est en deuil.
Le brigadier-chef Anthony Rémy, du 1er régiment d’artillerie, est décédé, ce mercredi 7 mars, des suites d’une forme grave de paludisme, contracté en Centrafrique lors de sa mission. Les symptômes ne sont apparus qu’après son retour en France, précise le ministère de la défense dans un communiqué. Rentré en France le 11 février dernier, Anthony Remy a servi, pendant trois mois, dans la force protection de la mission EUTM RCA.
C’est la 57e personne à être décédée dans une mission ou opération européenne (lire : *In Memoriam. Diplomates et militaires morts en mission CE / UE). Il s’agit du cinquième militaire français mort en Centrafrique, et le deuxième engagé dans une des missions européennes dans le pays. En novembre 2014, le caporal Moana avait été rapatrié de Bangui vers Paris alors qu’il participait à la mission EUFOR RCA (lire: Un militaire français d’EUFOR RCA décède de maladie).
Un engagé volontaire, artilleur de formation
Né le 8 août 1987 à Belfort, Anthony Rémy est entré dans l’armée en 2010, comme volontaire de l’armée de Terre. Le 11 juillet 2012, il embarque pour sa première mission de courte durée pour rejoindre la Nouvelle-Calédonie. A son retour en France, il est désigné pour occuper le poste de conducteur d’artillerie. Le 1er juillet 2013, il passe au 1er régiment d’artillerie, et est nommé brigadier le 1er août 2014. Le 3 novembre 2016, il est déployé en RCA (Centrafrique) au poste de chef d’équipe. Il est promu brigadier-chef le 1er décembre 2016. Au cours de son engagement, il réalise trois missions de type « Vigipirate ». Depuis janvier 2015, il a pris part également à sept missions Sentinelle ». Le brigadier-chef Anthony REMY était titulaire de la médaille de la protection militaire du territoire avec agrafe « Sentinelle », de la médaille échelon argent de la défense nationale agrafe artillerie et mission d’opérations extérieures et de la médaille d’outre-mer avec agrafe « République centrafricaine ».