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Défense

L’amiral Casabianca, major général des armées ?

Blog Secret Défense - Mon, 12/04/2017 - 18:20
(Actualisé) Le général Lavigne pourrait lui succéder au MinArm
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Quatre femmes à bord de la prochaine patrouille de SNLE

Blog Secret Défense - Mon, 12/04/2017 - 11:34
Pour la première fois, quatre officiers féminins vont embarquer à bord d’un sous-marin nucléaire lanceurs d’engins.
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Le général de Villiers, auteur à succès et future «autorité morale» des armées

Blog Secret Défense - Thu, 11/30/2017 - 13:19
« Servir », le livre de l’ancien chef d’état-major des armées a trouvé son public alors que l’auteur refuse d’entrer dans les polémiques
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Arnaud Danjean : « Sans céder à un misérabilisme médiatiquement facile... »

Blog Secret Défense - Tue, 11/28/2017 - 11:46
Dans la RDN, le député européen revient sur les critiques faites à la Revue stratégique
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Comment Paris peut-il se réinventer un rôle au Proche-Orient ?

Article paru dans L'Orient Le Jour (Beyrouth)Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian (à g.), en compagnie du Premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, le 16 novembre 2017, à Riyad. Valérie Leroux/AFP×1 / 2
Proche-Orient : Que peut faire la France?
Frédéric Charillon (Professeur des Universités en science politique, UCA, Sciences Po, ENA – ancien directeur de l’institut de recherche stratégique de l’école militaire)

La France s'efforce, depuis longtemps, de maintenir ou d'adapter son rôle au Moyen-Orient. Aujourd'hui ses grands partenaires (Egypte, Arabie) inquiètent par leurs crispations internes ou leur aventurisme extérieur. Le Liban, auquel elle tient tant, est dans la tourmente.  Face à cette situation, sa diplomatie se heurte à plusieurs obstacles : un contexte international défavorable, la difficulté à trouver des relais régionaux, la contradiction des intérêts français eux-mêmes. Paris peut néanmoins aborder cette séquence difficile avec une nouvelle méthode de dialogue.

Un contexte difficile
Les encouragements donnés par Washington aux postures dures contre l'Iran favorisent la confrontation dans la région. Ni l'état actuel de l'Union européenne, ni la longue prudence des émergents, ne contrebalancent cette tendance. Et Moscou est suffisamment occupé par la Syrie pour se risquer à des arbitrages ailleurs. Dès lors, la France, plus préoccupée que d'autres par la situation libanaise et qui a souhaité y réagir vite, se trouve bien seule pour mener une initiative.
Ayant établi une relation de confiance avec Riyad (essentiellement avant la nomination du nouveau prince héritier), Paris soigne également son dialogue avec Le Caire, et se refuse à donner des leçons à quiconque, comme il l'a été rappelé lors de la visite à Paris du président Sissi. La posture a ses mérites comme ses défauts, mais elle ne permet pas de transcender le problème principal : aucune de ces capitales arabes n'est en mesure d’être un hégémon consensuel dans la tourmente actuelle. L'initiative appartient même désormais aux puissances non arabes, Israël, Iran, Turquie.  Acteurs avec lesquels Paris entretient des relations tendues, et dont l'intransigeance se prolonge (Israël), se renforce (Turquie), ou fait l'objet de rapports de force internes (Iran).
La France doit enfin faire l’inventaire de ses intérêts dans la région. L'affaire syrienne, depuis 2013, reste l'objet d'un débat : en exigeant alors le départ de Bachar al-Assad, Paris a pris le risque d'avoir moralement raison tout en se mettant diplomatiquement hors-jeu. Voir s'effondrer les régimes de l'Arabie ou de l'Egypte serait une nouvelle terrible, mais il est impossible de leur donner carte blanche pour jouer la politique du pire. Soutenir le Liban et le protéger du chaos est un réflexe à Paris : les événements libanais remontent plus haut et plus vite au sommet de l'Etat que beaucoup d'événements internationaux, et la France ne souhaite ni une mainmise étrangère sur le pays, ni un étouffement progressif interne qui ne respecte pas la pluralité libanaise. Mais l'on se souvient du temps passé pour rien à tenter de résoudre la crise institutionnelle en 2007.

L'indispensable changement d'optique
A région bouleversée, méthode nouvelle. La politique des blocs a vécu, l'unité arabe aussi, et les sociétés s'expriment de plus en plus. Comment Paris peut-il se réinventer un rôle ? Les équipes Macron, dans lesquelles on compte plusieurs connaisseurs de la zone, tablent d'abord sur le dialogue avec tous les acteurs, en l’élargissant même à de nouveaux, quels que soient les points de désaccord ; ensuite sur le multilatéralisme ; enfin sur la réaffirmation des principes.
Cette méthode (esquissée par le Président devant les Ambassadeurs français à Paris, où les Nations Unies à New York) peut-elle s’appliquer au Proche Orient ? Le dialogue à tout prix, on l’a vu dans la réception de Sissi à Paris, comme d’ailleurs avec Trump ou Poutine, consiste à chercher les points de convergence en dépit de tensions réelles. Le multilatéralisme, lui, pourrait peut prendre la forme de conférences internationales aux formats ad hoc, sur la Syrie ou pourquoi pas sur le Liban, qui mettront l'accent sur l’avenir des peuples plutôt que sur les compétitions étatiques. La réaffirmation des principes enfin, consiste à édicter la position et les lignes rouges de la France, mais sans en faire un casus belli.
Un enseignement s’impose, sur la période récente : laisser les capitales régionales dériver vers la manière forte pour ménager leur susceptibilité, n'a renforcé ni la stabilité régionale, ni l'influence française. La France teste donc sa nouvelle méthode. Elle maintient le lien historique avec Le Caire ou Riyad, mais mise aussi sur les Emirats, acteur montant. Emmanuel Macron, puis son ministre des Affaires Etrangères (ce dernier fort d’une relation de confiance ancienne avec l’Arabie) rendent visite au Prince héritier saoudien pour parler du Liban, mais invitent dans la foulée Saad Hariri à Paris, comme pour souligner que la souveraineté libanaise n’est pas négociable.
Pour peser davantage, la France doit sortir des dilemmes traditionnels: Doha ou Riyad, Sissi ou pas Sissi, Bachar ou Daech, le Hezbollah ou Hariri, etc. D’autant qu’ainsi formulés, c’est le Proche-Orient qui en est la première victime. Surtout, elle peut tenter de prendre l’initiative, en y associant les institutions internationales, de nouveaux acteurs étatiques, et les nouveaux acteurs sociétaux (jeunes, intellectuels, femmes). La réussite n’est jamais garantie au Proche-Orient, mais il est temps d’essayer ce qui ne l’a pas encore été.






Quand le Président Trump suicide l'Amérique Monde


« Le monde doit composer avec une administration américaine devenue nihiliste»
Paru dans LeMonde
En lançant son offensive contre l’accord avec l’Iran, Donald Trump aggrave la méfiance internationale à l’égard de l’Amérique et entraîne un risque de prolifération au Proche-Orient, déplore le politiste Frédéric Charillon dans une tribune au « Monde ».LE MONDE | 14.10.2017 à 10h31 • Mis à jour le 16.10.2017 à 09h29 | Par Frédéric Charillon (professeur des universités en science politique)



Tribune. 
Le comportement de Donald Trump à l’international semble obéir à des logiques désormais identifiées : s’en prendre systématiquement aux accords forgés par son prédécesseur (forcément « les pires » qui soient) ; adopter une posture belliqueuse face aux adversaires consacrés tout en ménageant d’autres régimes autoritaires ; rejeter ce qui a fait l’ancrage de l’Amérique au cœur de l’international (multilatéralisme, libre-échange…), pour flatter le segment de l’opinion américaine le moins internationalisé.L’offensive contre l’accord du 14 juillet 2015 s’inscrit dans la logique de nombreux épisodes : critiques contre l’OTAN, remise en cause de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), rejet du traité transpacifique, sortie de l’accord de Paris sur le climat, fin du rapprochement avec Cuba, menaces contre le Venezuela et la Corée du Nord, retrait de l’Unesco au nom d’un soutien à Israël… C’est donc sans surprise que le président américain renoue avec la diatribe, et la stigmatisation de l’Iran – « dictatorial », « principal parrain du terrorisme dans le monde ». Sans surprise qu’il persiste dans la logique du retrait et du cavalier seul.
Trois types de dégâts sont à attendre : une méfiance accrue vis-à-vis de l’Amérique à l’échelle globale ; un désarroi européen encore aggravé ; un Proche-Orient victime des signaux politiques dangereux envoyés par Washington. 
Jadis partisans d’une stabilité hégémonique assurée par eux-mêmes, les Etats-Unis se considèrent désormais comme une citadelle assiégée dans un monde à l’état de nature. En conséquence, on ne discute plus : on se barricade et on menace. On ne travaille plus à forger des accords, on les rejette. On ne croit plus aux biens communs ni au multilatéralisme, mais au chacun pour soi. C’est toute une panoplie d’outils de la domination américaine dans les dernières décennies qui se voit ainsi balayée.
Travail de sape

Devant ce tableau,
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Airbus bought 50% of Bombardier aircraft section

CSDP blog - Wed, 10/18/2017 - 21:42

The European aircraft manufacturer Airbus takes control of the CSeries medium-haul aircraft program of Canadian Bombardier. By this operation Airbus puts 50.01% of the flagship program of the family business in Quebec. A "win-win" operation Airbus shares took 4% on the Paris Stock Exchange.

The company that built the medium-haul jet was created in 2016 by Bombardier and the Government of Quebec to save the bankruptcy program. Ultimately, Airbus will take the majority stake in this company alongside family shareholders (31%) and Quebec authorities (19%). Indeed, under pressure from Boeing, the Trump administration, on the pretext of this subsidy, had overwhelmed the CSeries with an exceptional tax of 300%. A sort of death sentence for a program that has accumulated only 350 orders, but $ 450 million in losses in 2016. Yet the Quebec builder had spared no effort to try to sell his new plane. According to some analysts, the discounts could reach 75% for a device billed about $ 70 million at the list price.

Indeed, this program of medium-haul aircraft perfectly complements the range of Airbus. The CSeries is a 100 to 150-seat airplane of the latest generation, launched in 2013. It is located at the very beginning of the range of Airbus single-aisle aircraft, with 150 to 240 seats. It replaces an aging A319. Once integrated into the industrial aircraft of the European aircraft manufacturer, the CSeries should prove its full commercial potential.

Aircraft are expected to require more than 6,000 aircraft with 100 to 150 seats within 20 years. More importantly, the entry of the CSeries into the bosom of Airbus reinforces the dominance of the European aircraft manufacturer in the medium-haul segment. Airbus already holds more than 60% of a market estimated at more than 25,000 aircraft by 2037.

CERPESC European Solutions for Defence & Crisis Management //--> Tag: AirbusBombardier

Benvinguts a la República Independent de Catalunya ?

CSDP blog - Mon, 10/02/2017 - 00:00

Freedom of expression is the right of every person to think as he wishes and to be able to express his opinions by any means he deems appropriate in the fields of politics, philosophy, religion, morals. Freedom of expression in a democratic country of the European Union is considered illegal. In a EU that never hesitates to give lessons in human rights and democracy, for example to African or Balkans countries.

According to Barcelona, the YES has won with 90% of the votes. Some 2.26 million people voted and 2.02 million voted in favor of independence. These figures represent a participation of almost 42.3%, Catalonia counting 5.34 million voters.

The referendum is quite illegal under the Spanish Constitution and the interpretation given to it by the Spanish Constitutional Court. ("It is not within the competence of the autonomies to hold consultations ... which have an impact on the fundamental issues resolved by the constitutional process.") But it is legal according to the Catalan law.

CERPESC European Solutions for Defence & Crisis Management //--> Tag: Catalunyafreedom of expression

Pernille RIEKER, French Foreign Policy in a Changing World


Pernille RIEKER, French Foreign Policy in a Changing World: Practising Grandeur. Palgrave MacMillan, Londres, 2017



Il n'est jamais facile d'écrire avec justesse sur la politique étrangère d'un autre pays. A cet égard il convient de saluer la publication du livre de Pernille Rieker sur la politique étrangère de la France, qui se distingue dans cet exercice pour au moins trois raisons: l'auteur ne sur-théorise pas, et délaisse avec raison ce terrible appauvrissement académique qui consiste à tout réduire à la question agent-structure ; elle évite également les clichés habituels sur le gaullisme, l'ENA, etc., qui marquent encore trop souvent la littérature scientifique anglo-saxonne sur la France ; enfin elle propose un tour d'horizon certes non exhaustif mais pertinent, des grands dossiers de notre diplomatie (Afrique, Russie, Etats-Unis, OTAN, terrorisme...). Si un chapitre à part entière sur l'Europe eut été utile, on ne peut s'empêcher de penser que son absence (l'ouvrage a été achevé avant l'élection d'Emmanuel Macron) est significative. Idem sur l'Asie ou l'Amérique du Sud, rarement présentées à Paris comme des priorités. Tout au plus pourrait-on souhaiter une perspective plus assumée sur les approches de la Méditerrannée et du Proche-Orient (les cas libyen ou syrien sont néanmoins bel et bien discutés).
Mais l'essentiel est ailleurs. Pernille Rieker, dont les travaux au sein du Norvegian Institute of International Affairs font référence, pose des questions justes : Paris a-il  plus de leviers ou au contraire moins de "grandeur", dans un monde globalisé et régionalisé? Comment  la France peut-elle continuer à influencer le monde, plaider pour son exceptionnalisme, compte tenu de ressources contraintes qui l'obligent souvent à boxer au-dessus de sa catégorie ? Réponse: par la promotion des valeurs liées à son universalisme, ou perçues comme telles. Elle peut compter pour cela sur plusieurs atouts: un rôle global qui lui confère une légitimité historique, des institutions et une élite administrative fortes, une présence dans les principales institutions internationales, des instruments de projection qui participent aussi bien du hard power (l'outil militaire) que du soft power (diplomatie culturelle).
En opposant la puissance matérielle à la puissance symbolique, et en croyant davantage à la seconde qu'à la première, la chercheuse lance un vrai débat, qui rejoint celui sur lesintérêts opposés aux valeurs dans l'action extérieure. On pourrait lui objecter que c'est le discours français qui était en panne, plutôt que l'outil matériel (comme l'ont montré les récentes opérations militaires, au Mali, en Centrafrique, en Libye...). C'est le message symbolique qui n'était plus perçu, alors même que la puissance structurelle demeure (l'image de la France dans le Sud, notamment s'est considérablement brouillée dans les dernières années). On  peut aussi estimer que puissance symbolique et puissance matérielle se rejoignent dans la pratique concrète, car une diplomatie d'influence digne de ce nom a un coût, et croire qu'on peut la décréter "à moyens constants" est une dangereuse illusion. Mais l'important était de briser le tabou et de poser la question.
En liant le destin de la France comme puissance d'influence à sa capacité à réinventer l'universalisme, Pernille Rieker ouvre encore un chantier important, valable également d'ailleurs pour le Royaume-Uni, l'Allemagne, même les Etats-Unis, et le monde occidental en général.
Après plusieurs discours de politique étrangère du nouveau président, et les premières indications sur la tonalité de ce que pourrait être un "macronisme de politique étrangère", les questions posées dans l'ouvrage apparaissent plus pertinentes encore. Comme si la nouvelle équipe au pouvoir, elle aussi, se posait la question de la pérennité de l'influence française, avec déjà quelques éléments de réponse, proches des hypothèses de Pernille Rieker. La réinvention du message universaliste est un souci visible à Paris, qui semble passer par la promotion du multilatéralisme ("multilateralism is the new universalism", pour reprendre une structure de phrase à la mode). La reconquête de l'influence telle que proposée se fait en trois temps: 1- dégager des marges de manœuvre budgétaires et montrer une crédibilité sérieuse dans la remise en ordre de la gestion intérieure ; 2- relancer le projet européen, meilleure garantie de notre rôle dans le monde ; 3- enfin, à partir de ce socle, proposer ensuite un agenda international. On retrouve bien la dialectique entre puissance symbolique et puissance matérielle, discutée dans le livre. Mais on retrouve aussi les mises en garde sous-jacentes qu'implique ce travail: le système international, comme régional, est bien là, avec ses acteurs et ses contraintes. La France ne pourra, seule, réinventer le multilatéralisme ni imposer le dialogue, si elle n'est pas suivie par d'autres sur ce terrain. Un Donald Trump à la Maison Blanche, une Angela Merkel maintenue mais affaiblie, une Grande-Bretagne qui doute, une Europe orientale qui se crispe, ne seront pas pour aider.
La France "compte toujours", pour répondre à une question posée jadis par un ouvrage antérieur. Et Pernille Rieker le prouve, en s'y intéressant au point de lui consacrer un livre. Mais la "pratique de la grandeur" devra suivre une voie parsemée d'embûches.

Speech on migration by HR/VP Mogherini at the EP plenary session

CSDP blog - Fri, 09/15/2017 - 17:37

CERPESC European Solutions for Defence & Crisis Management //--> Tag: migration crisisMogherini

Laurent Fabius, 37 quai d’Orsay, diplomatie française 2012-2016

Laurent Fabius, 37 quai d’Orsay, diplomatie française 2012-2016, Plon, 2016

Comme un rapport de fin de mission, l’ancien ministre des Affaires Etragères Laurent Fabius a publié un bilan (naturellement sous un prisme personnel) de son action à la tête du quai d’Orsay, peu de temps après son départ du Ministère (pour prendre la présidence du Conseil constitutionnel). Ce type d’exercice, on le sait, participe toujours d’une figure imposée qui empêche de le prendre totalement pour argent comptant, mais offre toujours également des enseignements précieux.
D’abord sur les dossiers, les moments, que son auteur a choisi de mettre en avant. Laurent Fabius commence par l’accord de Paris sur le climat (COP21 de fin 2015), dont on connaît les difficultés depuis l’élection de Donald Trump, mais que l’ancien ministre et Premier ministre considère, sans sous-estimer les obstacles à venir, comme le moment fort de son action au quai.  L’accord sur le nucléaire iranien et la tragédie syrienne sont les deux autres grands volets abordés ensuite, sur lesquels l’auteur ne renie rien et assume ses positions, critiquées comme on le sait : a-t-il été trop intransigeant, donnant l’impression de s’opposer à une solution sur l’Iran (hypothéquant par-là même l’avenir des relations avec ce pays), et marginalisant la France dans la crise syrienne à force de réclamer avant tout le départ de Bachar al-Assad ? Viennent ensuite les questions européennes, sur lesquelles Laurent Fabius pressent la nécessité de changer d’approche, face à la crise à la fois morale et politique de l’Union. Un dernier chapitre sur l’administration du ministère vient rappeler utilement les réformes engagées (en particulier une plus grande prise en compte de la préoccupation économique et commerciale), et celles qui restent à accomplir pour moderniser notre diplomatie. Et la conclusion revient sur l’indépendance de la France.
On retient de ce livre son ton souvent direct, ponctué d’anecdotes parfois cruelles pour certaines personnalités internationales, mais pédagogique, et en cela utile puisqu’il récapitule les dossiers, leurs points de blocage, leur dénouement, et les actions qui y ont conduit. On retient également la propension de Laurent Fabius à ramener plusieurs enjeux à une confrontation entre Washington et Moscou. Les « lignes rouges » syriennes et le recul de Barack Obama n’ont pas été digérés, mais les sirènes poutiniennes ne sauraient y constituer une alternative. Sur chacun des deux chefs d’Etat, le chef de la diplomatie française consacre de longs passages, et y revient encore dans sa conclusion. Prisme trop daté de la bipolarité ? C’est pourtant bien autour des ces deux figures que se sont recomposées les relations internationales dans ces années, au point même de faire sortir la France du jeu syrien, dans lequel elle avait initialement cherché à être structurante. Mais Laurent Fabius ne regrette rien. Le face-à-face entre l’Etat islamique et le régime syrien est l’œuvre machiavélique de ce dernier, véritable fossoyeur du pays et de sa population. Les Etats-Unis, en refusant de frapper à l’été 2013, ont laissé le champ libre à la Russie, qui en a tiré la leçon de la faiblesse occidentale, leçon dont on reparlera en Ukraine. Donc la position française était juste. Même si elle a conduit à la marginalisation, pourrait-on demander ? La cohérence de la posture et la force de son sous-bassement éthique semblent assumées ici, même si à court terme la percée politique ne fut pas au rendez-vous. 
Mitterrandien s’il en est, Laurent Fabius semble jouer pour l’Histoire : avoir eu moralement raison, avoir entamé la modernisation, comptent plus que d’éventuels succès de court terme. L’inconvénient, comme on le devine, réside dans le fait que là se trouve précisément le reproche souvent adressé à la diplomatie française (par exemple par Charles Cogan, dans son French Negociating Behaviour : Dealing With La Grande Nation), à savoir privilégier la posture et le processus plutôt que le résultat.
Laurent Fabius laisse ici de côté d’autres débats : concepts de gaullo-mitterrandisme ou de néo-conservatisme, de grandeur ou de déclin, s’effacent ici devant l’impératif de gestion, raconté de l’intérieur même si c’est avec recul. D’autres grands moments du quinquennat sont moins développés, comme s’ils étaient secondaires par rapport aux trois grands piliers retenus (COP 21, Iran, Syrie), moins marqués du sceau de l’auteur lui-même (comme la conférence sur le Proche-Orient), ou davantage gérés par d’autres (le Mali). Mais au final le témoignage est précieux, et l’on souhaiterait qu’il fasse école.


Is. Facon, C. Marangé, « L’ambivalence de la puissance russe »



 Is. Facon, C. Marangé, « L’ambivalence de la puissance russe », Revue défense nationale, été 2017


La RDN semble avoir trouvé sa formule de croisière, avec des dossiers thématiques complets abordés sous l’angle des études de défense, auxquels on ajoute pour mémoire d’anciens articles parus dans la même revue (qui existe depuis 1939), et quelques revues d’ouvrages récents. Le numéro proposé par Isabelle FACON et Céline MARANGE sur la puissance russe offre presque une trentaine de papiers précis, pointus même, qui ont également l’avantage de montrer que la communauté française d’experts sur la Russie est plutôt bien fournie.
Au-del de l’hypothèse centrale (la Russie est une puissance plus fragile que ce qu’en disent  les analyses qui se concentrent sur l’habileté stratégique de Vladimir Poutine), les contributions d’Eugène Berg sur la Russie dans le conflit syrien, d’Igor Delanoë sur sa présence en Mer Noire, de Robert Zazemann sur les forces russes en Crimée, son d’une grande utilité. Céline Marangé sur les forces nucléaires, Guillaume Lasconjarias sur les instrulments d’A2/AD, les papiers sur les forces terrestres, maritimes et aériennes, sont tout aussi précis. La stratégie russe vue de l’UE (Laure Delcour), de Scandinavie (Barbara Kunz), des pays Baltes (Zivile Kalibataite), du Bélarus (Anaïs Marin) ou du Caucase du Sud (Gaïdz Minassian), offrent des perspectives rarement explorées avec autant de minutie en France. Hélène carrière d’Encausse, Anne de Tinguy, Valérie Niquet, apportent les contributions de plumes reconnues, pour dire le moins.
Formule RDN oblige, les papiers restent extrêmement courts, et chacun pourrait faire l’objet d’un rapport bien plus long, plus développé. Mais l’essentiel, ici, était de démontrer que la communauté stratégique française en a les auteurs potentiels. Le numéro est pertinent, complet (sous l’ange défense) et bien informé. A ce titre, il constitue une référence. Les coordonnatrices auraient pu se replier sur des exercices plus convenus, qui auraient suffi à « meubler » un numéro de plus. Elles ont choisi de réunir de nombreux papiers sur des sujets souvent originaux, véritablement resserrés autour de l’analyse militaire et de défense (plus la sécurité énergétique), et à ce titre méritent que leur travail soit salué.


Jean-Christophe NOTIN, Les guerriers de l’ombre



Jean-Christophe NOTIN, Les guerriers de l’ombre. Taillandier, Paris, 2017
A la suite d’un documentaire réalisé sur Canal Plus par le même auteur, connu pour ses ouvrages sur les opérations militaires françaises (Afghanistan, Côte d’Ivoire, Mali…), ce travail dresse un portrait de treize agents de la DGSE, qui acceptent (anonymement, et avec toutes les précautions d’usage, cela va sans dire), de parler. Ils ont accompli des missions difficiles, dans la clandestinité. De quoi parlent-ils au juste, sans pouvoir se livrer totalement, sans trahir de secrets ? De leur recrutement, du métier, qui n’est pas ce qu’on en dit, de ses joies comme de ses difficultés, de la solidarité comme de la solitude, de l’aventure comme de la bureaucratie, des succès et des échecs, des déceptions (au sens français du terme…) et des bonnes surprises. De l’Afghanistan, aussi, qui sert de fil rouge à leur discours (et ils ne sont pas tous d’accord).
Après un certain nombre d’ouvrages de fiction (citons plutôt DOA et son Pukhtu Primo que la série SAS, qui ne semble pas dans le cœur des interviewés, en dépit de son succès de gare et de l’estime de nombreux décideurs…), après la série Le bureau des légendes, après la création de l’Académie du Renseignement qui avait pris l’initiative courageuse de plusieurs colloques ouverts (notamment sur le renseignement dans la Première Guerre mondiale), ce travail confirme le regain d’intérêt du grand public pour le renseignement en France, sans doute en partie, hélas, du fait des attentats récents. Il vise sans doute, lui aussi, à encourager des vocations, en démystifiant ou en répondant par avance à un certain nombre de questions.
L’exercice est utile, et participe de ce que le monde académique qualifierait, avec sa pompe, d’approche sociologique qualitative sur la base d’entretiens semi-directifs. L’échantillon en est forcément réduit ici, ce qui n’amoindrit pas le tour de force, de faire parler ceux dont le métier est de se faire passer pour un(e) autre. Et d’insister sur le caractère irremplaçable de l’humain, tant l’électro-magnétique demeure contournable. Leur témoignage est rare et précieux. naturellement, il ne règle pas tous les maux que l’on connaît en France : des études universitaires de renseignement (ou intelligence studies) à développer en dépit de quelques auteurs très productifs, sérieux et talentueux (Forcade, Laurent…) ; surtout, des moyens financiers limités pour le renseignement (les salaires suivent-ils les défis géopolitiques ?..) en dépit d’un réel savoir-faire, internationalement reconnu ; comme partout ailleurs, des améliorations organisationnelles à imaginer, etc. Il n’en demeure pas moins que le livre mérite d’être lu, et confirme la contribution régulière de Jean-Christophe Notin aux questions de défense.

J.J. JABBOUR, La Turquie. L’invention d’une diplomatie émergente



J.J. JABBOUR, La Turquie. L’invention d’une diplomatie émergente (préface de Bertrand badie), CNRS Editions, 2017
Cet ouvrage de Jana Jabbour en français sur la politique étrangère de la Turquie était d’autant plus attendu que l’exercice est trop rare. Jana Jabbour décrit et décrypte, à travers l’ascension de l’AKP et d’Erdogan, les évolutions d’une stratégie internationale turque jadis formulée par Ahmet Davutoglu, aujourd’hui en disgrâce. De cette diplomatie émergente qui s’était promis une relation à « zéro problème avec le voisinage », que reste-t-il après des printemps arabes qui ont laissé zéro voisin sans problèmes ? D’abord l’élaboration d’une nouvelle conception de la puissance, qui réhabilite l’empire et en appelle à la grandeur civilisationnelle derrière un leader qui se veut charismatique. Ensuite des vecteurs de puissance originaux, à commencer par l’AKP en tant que parti, mais aussi l’utilisation d’acteurs non étatiques, ONG, acteurs religieux transnationaux, minorités, mais aussi think tanks (l’une des parties les plus réussies de l’ouvrage). Le Moyen-Orient – arabe – est l’espace d’exercice de cette puissance réinventée, la cible des entreprises diplomatiques turques. En dépit des drames politiques, ce sont les populations qui font l’objet d’une entreprise de séduction et d’un soft power « à la turque », fait de séries télévisées (un autre passage fort intéressant), mais aussi de politiques d’éducation. Rien n’est gagné bien sûr pour la Turquie, dans cet environnement proche-oriental si complexe, qui rappelle à toute puissance ses limites. Mais Ankara compte bien revenir en force dans ce grand jeu, fort de son passé et d’instruments d’avenir. Les contradictions, les paradoxes, les principaux traits originaux de cette politique nous sont dépeints ici avec précision, snas polémique inutile en dépit d’un contexte passionnel, et dès lors ce travail fait référence sur le sujet en langue française.

D. KEROUEDAN, J. BRUNET-JAILLY (dirs.), Santé mondiale



D. KEROUEDAN, J. BRUNET-JAILLY (dirs.), Santé mondiale, enjeu stratégique, jeux diplomatiques, Presses de Sciences Po, 2016
Cette somme de presque 500 pages s’attaque à un thème trop peu exploré des relations internationales : la santé, comme enjeu de sécurité humaine au cœur de bien des rapports de force. Dominique Kerouedan est docteur en médecine et elle a été titulaire de la chaire « Savoirs contre pauvreté » du Collège de France. Joseph Brunet-Jailly enseigne à Sciences Po. A travers des exemples précis et concrets (MSF au Nigéria contre les épidémies, la lutte contre la mortalité maternelle au Mali, l'organisation des soins en Syrie sans l'Etat, la diplomatie de la santé au Brésil), et des thématiques plus transversale et problématisées (accès aux médicaments et propriété intellectuelle, géopolitique du médicament, justice et éthique médicale…) c’est un tour d’horizon dense qui nous est proposé. Les auteurs vont des chercheurs pointus aux politiques (Laurent Fabius, Bernard Kouchner), avec une dominante critique, qui souligne les apories d’un rapport Nord-Sud toujours vivant sur ces sujets, et plus encore les dégâts du tout libéral. Des « politiques de croissances à haut risque sanitaire », un contexte institutionnel contraint, font partie des constats de cette approche politique de la santé mondiale. On saluera également les bibliographies précieuses qui suivent chacun des 18 chapitres, pour proposer au final sinon un manuel du moins un ouvrage de référence sur cette question. A compléter par d’autres lectures utiles, par exemple sur les enjeux de santé tels que traités dans les organisations internationales ou les partenariats public-privé (voir notamment les travaux d’Auriane Guilbaud).

e nouveau départ de la politique internationale de la France


(article paru dans L'Orient Le Jour)

Un nouveau gouvernement de 33 membres avec plus de femmes que d'hommes, une équipe internationale mi-technique, mi-expérimentée, un entretien décapant du président à la presse européenne (le 22 juin), qui annonce une rupture avec « une forme de néoconservatisme » et confirme le credo européen et franco-allemand : le gouvernement Philippe, plus profondément remanié que prévu après les élections législatives, a sa feuille de route pour l'international... et de vifs débats de politique étrangère à venir.

Une équipe nouvelle
Après le départ des ministres issu du MoDem, deux membres de l'équipe régalienne (Sylvie Goulard aux Armées, Marielle de Sarnez aux Affaires européennes) ont été remplacées, respectivement par Florence Parly et Nathalie Loiseau, tandis que le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian conserve son poste. L'énarque Florence Parly a participé à la direction d'Air France puis de la SNCF, et fut membre du cabinet de Paul Quilès. Spécialiste des questions budgétaires mais pas de défense (Sylvie Goulard ne l'était pas non plus), sa nomination est parfois interprétée comme une priorité donnée à l'objectif de parvenir à 2 % du PIB pour les armées à l'horizon 2022. Directrice sortante de l'ENA, Nathalie Loiseau est une diplomate, diplômée de Sciences Po et de l'Inalco (Langues O'), excellente connaisseuse des rouages du Quai d'Orsay et connue pour son charisme réformateur, aussi bien à la tête de l'ENA que dans ses engagements personnels (son livre, Choisissez Tout, incite les femmes à ne renoncer à rien entre vie professionnelle et familiale). Deux secrétaires d'État sans portefeuille ont également été adjoints aux Affaires étrangères et aux Armées.

Confirmation d'une ligne gaullo-mitterrandienne
Ces nominations confirment l'inflexion perçue en faveur du projet européen et d'une ligne dite « gaullo-mitterrandienne », qui voit par ailleurs le retour de proches de Jacques Chirac ou de Dominique de Villepin à des postes-clés : Bernard Émié (ancien ambassadeur au Liban 2004-2007 et l'un des artisans de la résolution 1559 de 2004) devient directeur de la DGSE, Maurice Gourdault-Montagne est annoncé comme secrétaire général du Quai d'Orsay, Emmanuel Lenain, chef du pôle diplomatique à Matignon. Que peut signifier cette ligne aujourd'hui ? Dans une interview à la presse européenne le 22 juin, le président de la République insiste sur la nécessité d'une Europe forte en tant qu'acteur international autour du moteur franco-allemand, là où l'atlantisme avait prévalu depuis 2007 (réintégration du commandement intégré de l'OTAN en 2009), éloignant la France du projet d'Europe puissance. Il remet en cause l'intervention militaire comme outil diplomatique systématique, saluant l'opposition chiraquienne à la guerre irakienne de 2003 et critiquant les résultats de l'intervention sarkozienne en Libye de 2011. Enfin, il s'oppose au « regime change », surtout quand il n'y a plus de « regime » après le « change » : « Quel fut le résultat de ces interventions ? Des États faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes. »

Un « parler vrai » diplomatique ?
Deux phrases, entre autres, dans l'interview présidentielle ont suscité des commentaires. « Avec moi, ce sera la fin d'une forme de néoconservatisme importée en France depuis dix ans », et « Assad, ce n'est pas notre ennemi, c'est l'ennemi du peuple syrien » (la première partie de la phrase semblait ouvrir une porte, mais la seconde est une condamnation définitive). Ce « néoconservatisme » (en réalité mélange complexe d'occidentalisme, d'interventionnisme, d'atlantisme classique), qui l'a « importé » ? Qui l'a appliqué, sous Sarkozy et Hollande ? Le débat est ouvert. Sur Assad, son départ n'est plus un préalable, surtout sans plan précis pour la suite, mais la France est prête à le frapper, seule si nécessaire. Ces positions sont à la fois un inventaire sévère des deux quinquennats précédents, et une sorte de « parler vrai » (cher à feu Michel Rocard) sur l'international, qui veut poser les données du problème sur la table sans renoncer à l'action. Naïveté pour les uns (cette transparence et ce grand écart ne sont pas tenables dans le grand jeu des puissances), cynisme au contraire pour d'autres (où sont les valeurs libérales de l'atlantisme?), réalisme et pragmatisme enfin, la prise de parole présidentielle ouvre incontestablement un débat sur la politique étrangère de la France, ses valeurs et ses interprétations.

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