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Burkina Faso : Un Registre social unique pour accroître la protection sociale et lutter contre la pauvreté

Sun, 09/07/2023 - 01:10

La ministre en charge de l'Action humanitaire a procédé, le vendredi 7 juillet 2023 à Koudougou, dans la région du Centre-Ouest, au lancement officiel du déploiement du Registre social unique des ménages, personnes pauvres et vulnérables (RSU). Il s'agit d'un système d'information et de gestion de données qui permettra d'améliorer la coordination, l'efficacité et l'efficience des programmes de protection sociale et de lutte contre la pauvreté au Burkina Faso.

Le Registre social unique (RSU) produira, pour chaque personne pauvre et vulnérable enregistrée et enquêtée sur l'ensemble du territoire national, un code d'identification unique. Le système permettra donc de constituer une base de données unique sécurisée sur les conditions socio-économiques des personnes pauvres et vulnérables, pour une mise en œuvre efficace des programmes de protection sociale. Il s'agit aussi d'établir, à travers le RSU, à la demande des structures de prise en charge, les listes de bénéficiaires potentiels répondant à un ensemble de critères prédéfinis. Le RSU permettra aussi de mettre à jour la liste des bénéficiaires des prestations des programmes de protection sociale.

La méthodologique du RSU est axée sur l'approche communautaire en milieu rural et le dénombrement en milieu urbain, a indiqué le secrétaire technique du RSU, Moussa Ouattara.

Selon le secrétaire technique du RSU, Moussa Ouattara, la méthodologie de ce système est axée sur l'approche communautaire qui se fera en milieu rural, et celle du dénombrement en milieu urbain. L'approche communautaire, a-t-il expliqué, consiste d'abord à déterminer les localités et le nombre de ménages pauvres potentiellement éligibles. Ensuite, il s'agira pour l'équipe de conduire un processus d'animation et de mobilisation sociale pour amener les communautés à identifier elles-mêmes les ménages pauvres et vulnérables en assemblées générales de villages, secteurs ou quartiers, en administrant un questionnaire complet aux ménages choisis par la communauté.

210 440 ménages pauvres et vulnérables seront concernés par cette phase pilote de déploiement du RSU.

L'approche de dénombrement en milieu urbain, quant à elle, consiste à déterminer des zones de dénombrement, à administrer un questionnaire simplifié sur tablette à tous les ménages pour sélectionner les ménages pauvres et vulnérables par l'attribution d'un score (note), et à administrer un questionnaire complet sur tablette aux ménages classés pauvres par le scoring.

Un mécanisme pour recueillir les plaintes

La particularité du RSU, c'est aussi la mise en place d'un dispositif pour enregistrer et traiter d'éventuelles plaintes et réclamations des citoyens, liées à la mise en œuvre du RSU. Le secrétaire technique du Registre social unique, Moussa Ouattara, a affirmé que les plaignants peuvent directement contacter le comté de ciblage du village/secteur dans un délai de deux jours, contacter le service social communal le plus proche dans un délai de trois jours ou contacter le secrétariat technique du RSU dans un délai de cinq jours. Un numéro vert est également disponible : 80 00 12 56.

La ministre en charge de l'Action humanitaire, Nandy Somé, demande l'implication de tous pour que le RSU réponde aux attentes.

La ministre en charge de l'Action humanitaire, Nandy Somé, a indiqué qu'il s'agit de la phase pilote du déploiement du RSU qui a été lancée à Koudougou. Cette phase, a-t-elle poursuivi, couvrira au total 58 communes rurales, avec 1 030 villages et 210 440 ménages pauvres et vulnérables à identifier, à enregistrer dans la base de données du RSU et à mettre à la disposition des potentiels utilisateurs. « A l'issue de cette phase pilote, les leçons tirées nous permettront d'entamer la phase à l'échelle nationale qui s'étalera de 2023 à 2025, avec en perspective l'enregistrement de 1 423 473 ménages pauvres et vulnérables », a annoncé la ministre.

Avant le lancement, le PDS de la ville de Koudougou a souhaité à la ministre et à son équipe la bienvenue dans la cité du cavalier rouge

A l'en croire, le RSU offrira une opportunité de consolider les actions de protection sociale, d'établir des passerelles entre différents projets et programmes sociaux et d'accroître leurs impacts au profit des populations cibles. C'est pourquoi, elle a invité les autorités administratives, les leaders coutumiers et religieux, les structures publiques, les acteurs communautaires et les partenaires techniques et financiers à une sincère implication.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net

Categories: Afrique

Protection des orphelins : Des pensionnaires de AMPO quittent le "nid"

Sun, 09/07/2023 - 01:00

Des pensionnaires de AMPO (Association Managre-nooma pour la protection des orphelins) ont effectué leur sortie, ce samedi 8 juillet 2023 à Ouagadougou. Après avoir passé entre trois à une dizaine d'années dans les centres fermés de AMPO, notamment les orphelinats garçons et filles et le Centre Mia-Alma, ces pensionnaires ont atteint l'âge de 18 ans, et doivent maintenant être réintégrés dans la communauté.

Abdoul Aziz Kaboré est un élève qui fera la terminale C à la rentrée scolaire prochaine. Il a passé trois ans au sein de l'orphelinat garçon de AMPO où il est arrivé en classe de 3e. Ce 8 juillet, il effectue sa sortie du centre, parce qu'ayant atteint l'âge limite qui est de 18 ans. Un moment empreint d'émotions pour le jeune homme qui, prenant la parole au nom de ses camarades, a tenu à remercier la fondatrice de AMPO, Katrin Rohde, ainsi que ses collaborateurs pour la main tendue. Grâce à AMPO, Abdoul Aziz a pu poursuivre ses études dans de bonnes conditions et a appris à vivre en communauté.

Des bénéficiaires du programme suivi-formation reçoivent des kits d'installation.

Comme lui, ce 8 juillet 2023, seize pensionnaires des orphelinats filles et garçons, dix pensionnaires du centre Mia-Alma qui est un centre d'accueil de jeunes filles en difficulté, et 23 jeunes filles et garçons bénéficiaires du programme suivi-formation ont effectué leur sortie. Il s'agit d'un programme qui accompagne, pendant deux ans, les pensionnaires des centres fermés de AMPO qui, après leur passage au sein des centres, retournent dans la communauté parce qu'ils ont atteint l'âge limite.

« Les jeunes des orphelinats filles et garçons qui ont 18 ans doivent rejoindre leurs familles où ils sont accompagnés par un programme que nous appelons suivi-formation. Pendant deux ans, ce programme les accompagne pour s'assurer qu'ils seront bien intégrés dans leurs familles. Dans ce groupe, il y en a qui continuent leurs études à l'université, dans des centres de formation ou des écoles professionnelles de la place », a expliqué Denis Yaméogo, directeur général de AMPO.

Katrin Rohde, fondatrice de AMPO, fière de ces jeunes qui effectuent leur sortie.

Au cours de cette cérémonie de sortie, les bénéficiaires du programme suivi-formation ont bénéficié de kits d'installation pour exercer les différents métiers qu'ils ont appris pendant les années passées au centre. Katrin Rohde, fondatrice de AMPO, se dit fière de voir ces enfants recueillis depuis des années quitter le nid qu'a été AMPO pour eux. Elle leur a prodigué des conseils et leur a souhaité beaucoup de courage pour affronter la vie qui s'offre à eux.

Des conseils, le directeur général de AMPO en a aussi prodigué aux sortants. « Pendant leur séjour ici, on a appris à ces jeunes à être des enfants de AMPO. Être un enfant de AMPO, c'est un enfant qui dit la vérité, qui ne vole pas, qui ne triche pas, qui avance tout droit devant et qui sait qu'on commence petit pour devenir grand. En quittant nos centres, ce n'est pas un abandon de la part de AMPO, c'est aussi pour céder la place à leurs petits-frères qui sont à la porte et qui attendent d'entrer à AMPO », a indiqué M. Yaméogo.

Denis Yaméogo, directeur général de AMPO, a prodigué des conseils aux sortants.

La cérémonie de sortie des pensionnaires de AMPO a été l'occasion de reconnaître le mérite des partenaires de l'association. Ainsi, ces partenaires ont reçu des attestations de reconnaissance pour leur soutien multiforme.

Photo de famille.

En rappel, AMPO dispose de deux orphelinats filles et garçons qui peuvent recevoir chacun 55 pensionnaires. Les élèves y arrivent en âge scolaire et y passent entre trois et une dizaine d'années. Puis à l'âge de 18 ans, ils quittent les orphelinats pour retourner dans leurs familles où ils continuent de bénéficier de l'accompagnement de AMPO qui, grâce au programme suivi-formation, paie leurs études ou formation, leur octroie de l'argent pour leurs besoins, etc. Il y a aussi le centre Mia-Alma qui accueille des filles en difficulté, souvent abandonnées. Là, elles sont scolarisées, apprennent un métier de sorte à être indépendantes à leur sortie.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

Categories: Afrique

Réseau d'initiatives de journalistes : Jean Carem Kaboré est le nouveau coordinateur

Sun, 09/07/2023 - 01:00

Le Réseau d'initiatives de journalistes (RIJ) a organisé une assemblée générale, ce samedi 8 juillet 2023 à Ouagadougou. Après le bilan du comité de pilotage et l'adoption des statuts et du règlement intérieur, le nouveau bureau du RIJ a été élu par les membres. La nouvelle équipe sera dirigée par Jean Carem Kaboré, journaliste à la RTB/radio rurale.

Jean Carem Kaboré remplace Raïssa Romaine Bakouan/Zidouemba qui a occupé ce poste pendant quatre ans. Le nouveau bureau compte six membres et est appuyé par deux commissaires aux comptes. Juste Mien du journal Lefaso.net est l'un des commissaires aux comptes.

Le nouveau coordinateur a salué l'engagement de celle qu'il remplace, avant de décliner les grandes lignes de son mandat. Jean Carem Kaboré a confié que le nouveau bureau va suivre l'œuvre des devanciers en maximisant sur la formation et le renforcement des capacités des professionnels du monde des médias. « Au RIJ, nous avons une spécialité, celle du journalisme sensible aux conflits. Il s'agit de développer davantage cette problématique auprès des journalistes afin de les amener à l'exploiter quotidiennement. Nous allons œuvrer à rassembler les journalistes sur d'autres chantiers de développement. Le Burkina Faso traverse un moment difficile, il est du devoir des journalistes de donner de la voix, surtout de la bonne voix pour parler de cohésion sociale, de construction et de développement », a-t-il déclaré.

Le bureau entrant

Un riche bilan

La coordinatrice sortante, Raïssa Romaine Bakouan/Zidouemba, a brossé le bilan de sa mandature. Plusieurs projets ont été réalisés en lien avec le journalisme sensible aux conflits, avec le financement de la Deutsche Welle Akademie. Ce projet a permis d'assurer des formations de journalistes dans tous les quatre coins du Burkina Faso sur le journalisme sensible aux conflits, le journalisme mobile (Mojo) et le podcasting.

Le bureau sortant

Dans le cadre du projet, des journalistes ont été encouragés à travers le prix PaxSahel. Un site internet a été créé pour permettre aux populations de s'informer via des reportages des journalistes formés par le réseau et pour que d'autres journalistes puissent s'en inspirer pour des reportages futurs. On note également l'implication du RIJ dans le projet Covid-19 financé par l'Union européenne. Les populations ont été sensibilisées à la radio sur les bons gestes en rapport avec la prévention et la prise en charge de la maladie. Le réseau a été sollicité par l'UNICEF pour l'accompagner dans la visibilité de ses actions. Le bureau dirigé par Raïssa Romaine Bakouan/Zidouemba a organisé les festivités du 20e anniversaire du RIJ.

Jean Carem Kaboré a placé son mandat sous le signe de la mobilisation des membres

« L'apport du journalisme sensible aux conflits a été important dans la façon dont les journalistes ont pu couvrir la crise sécuritaire. Les formations ont permis aux journalistes de comprendre qu'en période de crise, il y a des précautions à prendre. Nous sommes dans un contexte hors-normes où la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Le journaliste travaille pour sa société, il n'a pas intérêt à œuvrer pour dégrader des situations difficiles. Son devoir est de dire la vérité, mais il faut savoir comment le dire à la population afin qu'elle vive en parfaite harmonie », a confié la coordinatrice sortante.

Raïssa Romaine Bakouan/Zidouemba a affirmé qu'en 22 ans d'existence, le RIJ a toute sa place dans le paysage médiatique au Burkina Faso.

Il faut noter que le RIJ existe depuis 2001 et compte à ce jour plus de 300 membres.

SB
Lefaso.net

Categories: Afrique

Athlétisme : L'or pour Hugues Fabrice Zango et Marthe Yasmine Koala

Sat, 08/07/2023 - 00:05

Les deux athlètes Burkinabè Hugues Fabrice ZANGO et Marthe Yasmine KOALA ont tous deux remporté la médaille d'or lors des compétitions disputées en l'espace de 48 heures.

Ce vendredi 7 juillet, Hugues Fabrice ZANGO a remporté l'or au Meeting International Sotteville-lès-Rouen en Normandie en France en réalisant un saut de 17,61 mètres.

Quant à Marthe Koala, elle s'est imposée en saut en longueur et remporte l'or avec un bond de 6,62 mètres, lors du Meeting de Bron en France, le jeudi 6 juillet 2023.

Prochain challenge pour Zango, la Diamond League de Monaco. A cet effet, le triple sauteur a ecrit sur sa page Facebook : « J'ai pris plaisir avant la prochaine étape de la Diamond League de Monaco. Rendez-vous le 21 juillet prochain à Monaco pour d'autres belles aventures ».

« On continue d'avancer », à ecrit Marthe Yasmine KOALA
Félicitations aux deux ambadeurs du sport Burkinabè

DCRP MSJE

Categories: Afrique

Conduite de la Transition : Le Conseil des opérateurs économiques burkinabè de Côte d'Ivoire aux côtés des autorités de la transition

Sat, 08/07/2023 - 00:05

(Ouagadougou, 7 juillet 2023). Le Président de la Transition, Chef de l'Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE, a accordé une audience au Conseil des opérateurs économiques burkinabè de Côte d'Ivoire, conduit par son président Madi OUEDRAOGO.

Pour le président du Conseil des opérateurs économiques burkinabè de Côte d'Ivoire, il a été question au cours de cet entretien avec le Président de la Transition de développement et de la situation sécuritaire du pays. « Ce sont les deux sujets sur lesquels le Chef de l'Etat a échangé avec nous. Il nous a prodigué des conseils en tant qu'opérateurs économiques vivant à l'étranger. Il nous a expliqué comment nous devons nous prendre pour apporter notre contribution à la construction de la nation », a indiqué Madi OUEDRAOGO.

Selon M. OUEDRAOGO, ce que la nation peut attendre de la communauté burkinabè vivant en Côte d'Ivoire « c'est un engagement parce que la mère patrie est en danger et tout le monde est à son chevet ». C'est pourquoi il a rappelé la disponibilité de la diaspora burkinabè en terre ivoirienne d'apporter sa contribution pour aider les parents qui souffrent de cette situation que traverse notre pays. « C'est pour ça que nous sommes là, pour nous imprégner des réalités et nous armer pour voir comment apporter notre contribution de façon concrète », a affirmé Madi OUEDRAOGO.

Direction de la communication de la Présidence du Faso

Categories: Afrique

Burkina/Violences faites aux femmes : Son conjoint la répudie parce que « le marabout a dit qu'elle ne porte pas chance »

Sat, 08/07/2023 - 00:01

La crise sécuritaire a fait des victimes indirectes. C'est le cas d'Aicha (nom d'emprunt) répudiée par son époux depuis qu'il n'arrive plus à joindre les deux bouts du fait de l'inaccessibilité de certaines zones du pays. Témoignage d'une mère victime de violences dont le fondement repose sur les superstitions.

En larmes, la tête baissée, Aicha (nom d'emprunt) se remémore cette scène, le jour où son époux l'a répudiée. Après 15 ans de vie commune et quatre enfants dont une fille et trois garçons, sa vie a complètement basculé. Tout a commencé lorsqu'à ses 19 ans, son père décide de la donner en mariage. Au début de leur union, son époux lui donne de l'affection et de l'attention.

Pour subvenir aux besoins de sa famille, son conjoint se rend dans des villages environnants de Fada N'Gourma dans la région de l'Est, pour acheter des céréales afin de les revendre en ville. Un business qui lui rapporte gros. Malheureusement, la crise sécuritaire est passée par là. Les villages où il se rendait sont désormais inaccessibles et les affaires marchent au ralenti.

« Quand le terrorisme a commencé, il ne gagnait plus d'argent comme avant » se souvient-elle. Pour comprendre la raison de son mal, son conjoint décide d'aller consulter un marabout. « Mon mari est revenu à la maison en disant que son marabout lui a dit que j'étais la cause de ses malheurs. Le marabout a dit que je ne porte pas chance. J'étais bouleversée par ses propos. Je lui ai rappelé que j'ai quatre enfants avec lui et que cela est une chance. Il a répondu en disant que le bonheur ne dépend pas des enfants, mais de l'aisance financière. Il a dit que je suis tellement malchanceuse qu'il n'arrivait même plus à emprunter de l'argent », a-t-elle expliqué. C'est le début de l'enfer pour Aïcha.

Des enfants affectés

Son époux déscolarise ses deux aînés et les envoie au village. Suite au décès d'une proche parente d'Aïcha, son mari lui demande de se rendre au village pour assister aux funérailles. Une fois là-bas, il lui interdit de reprendre le chemin du domicile familial, à Ouagadougou. « Et pourtant, pour moi, il s'agissait de faire un aller-retour le même jour. Je n'ai absolument rien emporté ce jour-là. Je suis restée au village pendant un mois. J'étais obligée de laver la même tenue tous les jours. Je me cachais dans les champs en attendant que la tenue sèche et je la reportais. Il n'envoyait pas de l'argent », a-t-elle dit les larmes aux yeux.

Elle décide alors de revenir à Ouagadougou, malgré le refus catégorique de son époux et rejoint le domicile conjugal. Entre temps, ce dernier a pris une seconde épouse. Aïcha ayant refusé de rester au village, son mari décide de lui rendre la vie impossible. Il ne lui donne plus d'argent et ne s'occupe plus des enfants.

Les deux cadets d'Aïcha ne vont toujours pas à l'école

« Même l'argent de la popote ne m'était plus donné. Il donnait seulement l'argent à ma coépouse enceinte. En plus de mon travail de tisseuse, je me rendais dans des domiciles pour laver des vêtements. Le peu d'argent que je gagnais, je l'utilisais pour nourrir les enfants. Je n'avais plus d'argent pour scolariser mes deux premiers enfants, leur papa ayant refusé de le faire. Ma fille est donc allée en Côte d'Ivoire, où elle vend actuellement du bissap avec un membre de la famille. J'ai très mal, car, les promotionnaires de ma fille sont en avance à l'école », assure-t-elle.

Le pire pour elle est que son époux ne s'inquiète même pas de la santé de leur benjamin malade. Les joues du petit garçon grossissent de manière anormale depuis trois mois. « Au début, on pensait que c'était des oreillons, mais sa maladie ne fait que empirer. Des proches ont supplié son papa pour qu'il se rende à l'hôpital avec l'enfant. Il est allé une fois avec lui, mais c'était la première et la derrière fois ». Aicha confiera que la famille de son époux, les imams et les voisins ont à maintes reprises essayé de le raisonner, mais en vain. « On lui a demandé si je l'ai trompé ? Il a dit que non. On lui a demandé si je suis irrespectueuse ? Il a répondu non également. Il a juste dit qu'il ne voulait plus me voir chez lui. Il m'a même menacé en disant que si je ne quittais pas la maison, il allait me convoquer à la gendarmerie. J'ai eu peur, mais les voisins ont dit que s'il osait, c'est la gendarmerie même qui allait l'arrêter à ma place ».

Face à son refus de quitter le domicile conjugal, son époux s'est mis dans une colère noire un de ces quatre matins. C'est sous une pluie battante qu'il a jeté toutes ses affaires dans la cour et lui a interdit de rentrer dans le salon. « Mes affaires traînaient dans la cour et la pluie m'a copieusement battue. Je pensais qu'il allait au moins faire rentrer les enfants, mais il les a laissés dehors comme moi. Depuis un bon moment, il ne leur donne plus aucune affection d'ailleurs. Même ma rivale s'est mise à pleurer et lui a demandé d'arrêter. Elle a même menacé de s'en aller s'il continuait dans cette folie. Il s'est énervé encore plus et lui a dit qu'elle pouvait me suivre. Il a donné mon transport pour que j'aille rejoindre mon papa au village », s'est remémoré Aicha émue. Cette nuit-là, elle a dormi chez une proche avant de se rendre le lendemain chez un oncle.

Aïcha espère recevoir de l'aide pour s'occuper de ses enfants

Risquer sa vie en retournant dans une zone d'insécurité

Aïcha a une double peine, son village paternel ploie sous l'hydre terroriste. Son père a lui-même fui sa zone d'origine pour se réfugier à Pissila. « Mon papa est devenu un déplacé interne. Mon époux le sait très bien, mais cela ne l'empêche pas de me dire d'y aller avec les enfants. Il a dit qu'il allait m'envoyer de l'argent de temps en temps. Mon père ne veut pas que je vienne, car il vit là-bas dans des conditions difficiles et a peur que je sois exposée en cas d'attaque terroriste. Il faut dire aussi que mon deuxième fils est au village au côté de sa grande mère paternelle. Il ne va plus à l'école », a-t-elle révélé.

C'est dans ce tourbillon qu'elle a demandé à son oncle paternel de la recueillir avec ses deux enfants chez lui à Kaya en attendant qu'elle trouve une solution, ou à défaut, qu'elle reparte vivre à Pissila aux côtés de son père. Cette mère désespérée avouera que si son époux revenait vers elle, elle acceptera de regagner le domicile familial pour le bien-être des enfants. « Sinon si cela dépendait de moi, je ne vais plus y retourner » lâche-t-elle. Aicha n'a qu'un seul rêve, remettre ses enfants à l'école et leur assurer un bon avenir. Elle se dit dégoutée du mariage, car, si elle savait que son mari allait autant changer, son père n'allait même pas la donner en mariage, 15 ans plus tôt.

  • NB : Madame Aïcha a peur de représailles de la part de son époux et préfère rester anonyme. Pour l'aider, nous lançons une collecte que nous allons lui reverser..
  • Les bonnes volontés peuvent contribuer sur ce numéro :+226 70 57 90 67

Samirah Bationo
Lefaso.net

Categories: Afrique

Burkina/universités judiciaires 2023 : Le rôle de la postulation au menu des échanges

Sat, 08/07/2023 - 00:00

Le barreau du Burkina Faso organise les universités judiciaires, ce vendredi 7 juillet 2023 à Ouagadougou. Cette activité, qui réunit des avocats et des magistrats, a pour thème : « La postulation et l'office du juge et assimilés ».

Selon le bâtonnier de l'ordre des avocats, Me Siaka Niamba, la postulation, c'est tout ce que l'avocat a comme rôle de représentation, de conseil, d'assistance à apporter à ses clients.

En organisant ces universités judiciaires, l'ordre des avocats du Burkina veut rapprocher les magistrats et les avocats « qui sont dans la même barque pour l'œuvre de justice », a justifié Me Siaka Niamba. « Il s'agit de faire en sorte que l'œuvre de justice se porte bien, qu'elle soit appréciée du justiciable », a-t-il poursuivi.

Et pour communier ensemble, les avocats ont choisi pour thème : « La postulation et l'office du juge et assimilés ». Selon le directeur de cabinet du ministre de la justice, garde des sceaux, Moussa Ouédraogo, ce thème va permettre aux acteurs de mieux cerner les contours de la notion de postulation, ses formes possibles et l'adoption de résolutions y relative. C'est « une question existentielle », a-t-il déclaré.

« L'avocat au Burkina n'est pas inaccessible », a tranché Me Siaka Niamba

En plus du thème principal, plusieurs sous-thème vont enrichir ce panel. La problématique posée est de savoir s'il y a un monopole de l'avocat devant certaines juridictions. Est-ce que d'autres acteurs peuvent jouer le rôle d'avocat devant ces juridictions ? Est-ce qu'il y a des acteurs qui font l'œuvre d'avocat en cachette ? Ce sont autant de problématiques qui sont au menu de ces universités judiciaires 2023, a rappelé Me Siaka Niamba.

Présent à la cérémonie d'ouverture, le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) Mazobé Jean Kondé a laissé entendre que l'initiative d'organiser les universités judiciaires est à saluer « parce qu'elles permettent de mettre au cœur des échanges, des thématiques qui intéressent l'ensemble de la justice et ses acteurs ».

Cette année le barreau du Burkina a choisi de s'intéresser à la question de la postulation. « C'est une question transversale qui intéresse aussi bien les avocats et les magistrats que les justiciables », a-t-il indiqué.

Le Conseil supérieur de la magistrature soutient de telles initiatives, a affirmé son président Mazobé Jean Kondé

Pour comprendre pourquoi certaines personnes se substituent aux avocats, la question de savoir si au Burkina Faso les avocats ne sont pas chers et pas accessibles se pose. Me Siaka Niamba a répondu : « il faut savoir que les avocats font beaucoup de social. Lorsque vous entrez dans un cabinet d'avocat, vous avez peut-être 50% des dossiers traités sans que l'avocat ne prenne un franc. Soit parce que le client n'a pas les moyens, soit parce qu'il n'a pas payé. Sur les 50 autres dossiers, il y a peut-être 20% où l'avocat gagne quelque chose de consistant et les 30%, ce sont les frais de procédure ».

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

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Procès « Marcel Tankoano et autres » : Marcel Tankoano écope de quatre ans d'emprisonnement ferme, Zaïda et Lota de deux ans et six mois ferme chacun

Fri, 07/07/2023 - 23:55

Le verdict dans l'affaire dite appel à incendier le Palais du Mogho Naaba est tombé ce vendredi 7 juillet 2023 devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou.

Marcel Tankoano, principal prévenu, écope de quatre ans de prison et dix millions d'amende ferme.

Pascal Zaïda et Abdoul Karim Baguian dit Lota écopent, chacun, de deux ans et six mois ainsi que deux millions d'amendes, le tout ferme.

Désiré Guinko prend 18 mois et un million d'amende ferme.

Boukaré Tapsoba est, lui, emprisonné à deux ans et un million d'amende ferme tandis que Karim Koné et Souleymane Belem écopent respectivement de douze mois et d'un million d'amendes fermes et de six mois avec sursis.

Lefaso.net

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Procès Marcel Tankoano et autres : Les journalistes Lookman Sawadogo et Alain Traoré dit Alain Alain ainsi que Boukary Conombo de la société civile relaxés au bénéfice du doute

Fri, 07/07/2023 - 23:50

Le verdict relatif à l'affaire dite appel à incendier le Palais du Mogho Naaba est tombé ce vendredi 7 juillet 2023 devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou. Les journalistes Lookman Sawadogo et Alain Traoré dit Alain Alain, ainsi que Boukary Conombo de la société civile sont relaxés au bénéfice du doute.

Lefaso.net

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Décès de Charles KI : Remerciements et Faire-part

Fri, 07/07/2023 - 22:00

Les grandes familles KI, PARE, a YABA OUAGADOUGOU, BOBO DIOULASSO, KOUDOUGOU France ;
Les familles alliées et amis KI, PARE, GOBI, SANKARA, BONANE, TONI, GUEL, PANGUI, KAWANE, SIDIBE, KAMBIRE, TIOYE, YANRA, BERE,ZEBA,TINKODOGO
Les enfants et petits-enfants ;

Remercient sincèrement tous ceux qui, de près ou de loin ont apporté leurs marques de sympathie, de compassion, de solidarité, et de soutien multiforme lors du rappel à Dieu le 5 juillet 2023 à OUAGADOUGOU et de son inhumation le jeudi 6 juillet 2023 a YABA de leurs regretté père, oncle, frère, amis, et grand père Charles KI inspecteur du trésor à la retraite.

La famille se garde de citer des noms de peur d'en oublier.
Que Dieu le tout puissant, dans sa grande miséricorde vous récompense au centuple de vos bienfaits.

Une messe sera dite à l'intention du défunt ce dimanche 9 juillet 2023 a 6h 30mn à la chapelle saint Marc a la Zone 1.

En attendant les funérailles qui sont prévues pour le 02 décembre à YABA, la famille vous invite à vous joindre à elle pour prier pour le défunt selon le programme suivant :

Dimanche 09 juillet 2023 :
Chapelle saint marc sis à la zone 1 messe de 6h 30mn
Dimanche 16 juillet 2023 :
Chapelle saint marc, messe de 09 h : 00 mn
Église Saint François d'assise messe de 09 h : 00 mn

Église de Tingandogo, messe de 09 h : 00 mn
Église saint François Xavier à Tenkodogo messe de 09 h : 00 mn
Dimanche Le 23 juillet 2023 :
Chapelle saint marc, messe de 09 h : 00 mn

Église Saint François d'assise, messe de 09 h : 00 mn
Église de Tingandogo, messe de 09 h : 00 mn
Église saint François Xavier à Tenkodogo messe de 09 h : 00 mn
Dimanche 30 juillet 2023 :
Chapelle saint marc, messe de 09 h : 00 mn

Église Saint François d'assise, messe de 09 h : 00 mn
Église de tingandogo, messe de 09 h : 00 mn
Église saint François Xavier à Tenkodogo messe de 09 h : 00 mn
Dimanche 06 aout 2023 :
Chapelle saint marc, messe de 09 h : 00 mn

Église Saint François d'assise, messe de 09 h : 00 mn
Église de tingandogo, messe de 09 h : 00 mn
Église saint François Xavier à Tenkodogo messe de 09 h : 00 mn

Que dans sa grande miséricorde, l'éternel lui accorde le repos éternel.

UNION DE PRIERE

Categories: Afrique

Burkina/ Navigation par satellite : 30 agents du cadastre renforcent leurs capacités

Fri, 07/07/2023 - 21:51

30 agents du cadastre ont été formés sur l'utilisation de récepteurs GNSS (Système global de navigation par satellite). Il s'est agi de renforcer leurs capacités à l'utilisation des récepteurs GNSS différentiels de type RTK de la marque Trimble et des modèles R10, R12i. La formation a pris fin ce vendredi 7 juillet 2023 à Ouagadougou.

Il faut savoir que le GNSS permet à un État de déterminer les différents points sur son territoire de manière précise (les terres, l'immobilier, les travaux de lotissement, d'aménagement et de route). Cela permet de déterminer la limite d'une parcelle d'un particulier, par exemple, via le satellite.

La formation a été à la fois théorique et pratique

A partir de là, les agents du cadastre ont des données précises et peuvent estimer les taxes que le citoyen doit payer en fonction de son bien (immobilier, parcelle, etc.) Cela permet en outre à l'Etat d'avoir une certaine maîtrise de son territoire à travers la topographie (technique de représentation sur un plan des formes du terrain, avec les détails des éléments naturels ou artificiels qu'il porte).

Les participants ont reçu des attestations

Il faut souligner qu'un agent du cadastre est en charge de répertorier les biens immobiliers, les parcelles afin de prélever l'impôt chez les particuliers. En effet, l'agent du cadastre a cinq missions à savoir : celle technique pour faire le plan cadastral, celle foncière qui lui permet d'identifier les parcelles foncières et d'aider à la gestion des titres fonciers, la mission fiscale qui lui permet d'évaluer et de prendre l'impôt, celle juridique qui lui permet de faire les bornages et les contenances des terres et une mission documentaire qui lui permet de donner des documents aux citoyens qui en ont besoin, comme un extrait cadastral.

Daouda Kirakoya a affirmé que les agents vont pouvoir mettre leurs compétences en pratique le plus rapidement possible

Les agents du cadastre sont sous la coupe de la direction générale des impôts (DGI). « Nous avons une grande mission, celle d'assurer la digitalisation du cadastre. Les instruments au niveau du cadastre doivent être fiables et il faut qu'à l'échelle nationale, nous puissions avoir un même référentiel. A l'issue de cette formation, nous attendons un avancement dans le processus de digitalisation du cadastre afin d'avoir des plans fiables. Nous espérons que tout ce qu'il y'a comme cartographie au niveau national puisse avoir des documents fiables », a déclaré le directeur général des impôts, Daouda Kirakoya. Il faut noter que la formation a été assurée par l'Institut géographique du Burkina (IGB).

Halidou Nagabila a salué ce partenariat entre agents de l'Etat

Un transfert de compétences

Selon le directeur général de l'IGB, Halidou Nagabila, ce transfert de compétences entre agents de l'Etat représente tout un symbole. « C'est une très haute vision de la part du directeur général des impôts qui a pris l'initiative de réunir l'ensemble des services publics pour faire en sorte qu'ils se soutiennent mutuellement en matière d'échanges de compétences et de savoirs pour permettre à l'Etat d'arriver à résoudre ses propres problèmes. Il faut d'abord utiliser le potentiel de l'Etat pour résoudre les problèmes de l'Etat. Après cela, si au niveau du potentiel de l'Etat il y'a des insuffisances, on peut regarder dans quelle perspective on peut trouver d'autres initiatives pour compléter ce qui manque à l'Etat » s'est-il exprimé.

Alexis Bancé a rappelé que dans le cadre du projet, du matériel a été offert en plus des formations

Cette formation s'inscrit dans le cadre du Projet d'assistance technique et financière au profit de la direction générale des impôts (PATF-DGI) financé par la coopération suisse. « Nous avons décidé d'accompagner la DGI pour qu'elle modernise ses outils de collecte de mobilisation des recettes afin de renforcer les possibilités de financements de développement. Cette formation s'inscrit dans la suite logique de notre appui qui est de renforcer les capacités de mobilisation de la DGI dont celle d'appuyer les activités du cadastre. Nous sommes ravis de savoir que cette formation a pris le chemin d'une coopération étatique », a confié le représentant de la coopération suisse, Alexis Bancé.

La phase trois de ce projet va s'étaler jusqu'en 2025. Cette formation a débuté le 12 juin 2023.

SB
Lefaso.net
Définition d'un agent du cadastre : L'Economiste du Faso

Categories: Afrique

Burkina/Promotion des droits de l'enfant : L'UNICEF sensibilise les membres de l'association Déni Dêmè sur la problématique

Fri, 07/07/2023 - 20:14

Les membres de l'association Déni Dêmè ont bénéficié d'un renforcement de capacité, du 4 au 6 juillet 2023 à Bobo-Dioulasso, en matière de promotion des droits de l'enfant. Cette formation qui a été organisée en collaboration avec l'UNICEF rentre dans le cadre de l'organisation de la 24e édition de Fitini Show, festival culturel d'éveil des enfants du Burkina pendant les vacances scolaires. La cérémonie de clôture de l'atelier a eu lieu dans l'après-midi du jeudi 6 juillet 2023, avec la remise des attestations aux participants.

La cérémonie de clôture des trois jours de formation a été ponctuée par des allocutions, la remise d'attestions aux participants ainsi qu'une prestation musicale. Une cérémonie qui a connu la présence des autorités de la commune de Bobo-Dioulasso venues témoigner leur engagement à promouvoir les droits de l'enfant pour leur épanouissement. Le président de la délégation spéciale communale a été représenté à la clôture de l'atelier par son directeur de cabinet, Lamine Passoulé, qui a tenu à saluer à sa juste valeur cette initiative qui, selon lui, vise à promouvoir les droits de l'enfant au Burkina Faso.

Cette session de formation s'inscrit dans le cadre de l'organisation de la 24e édition de Fitini Show qui se tiendra à Bobo-Dioulasso sous le thème : « Je ne suis ni employé, ni épouse ; Oui à l'éducation des enfants ! ». A en croire le président de l'association Déni Dêmè, Moussa Dembélé, à chaque début de Fitini Show, l'association organise des formations au profit de certains acteurs sur la maîtrise de la thématique retenue. « C'est pourquoi, cette année le comité d'organisation a décidé d'outiller certains acteurs sur les thématiques qui concernent cette 24e édition et qui sont liées à la protection de l'enfant, au genre et à l'éducation inclusive », a-t-il expliqué.

Le président de l'association Déni Dêmè, Moussa Dembélé, expliquant les objectifs de l'atelier

En effet, le Burkina Faso est confronté à plusieurs défis en matière de droits des enfants. Selon l'UNICEF, près de 40% des enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent, et souvent dans des conditions dangereuses et préjudiciables à leur santé et à leur développement. De plus, de nombreux enfants sont victimes d'exploitation et d'abus sexuels surtout les filles. Ce qui a des conséquences graves sur leur santé physique et mentale. Aussi, les inégalités de genre persistent encore en dépit de toutes les actions entreprises par le gouvernement et ses partenaires. Les chiffres montrent que plus de filles que de garçons sont confrontées par exemple au mariage d'enfant et à d'autres formes de violences basées sur le genre et que les enfants en situation de handicap par exemple accèdent très marginalement aux services sociaux de base dont principalement l'éducation.

La porte-parole des participants, Aminata Dorothée Zerbo, reçoit son attestation des mains du directeur de cabinet Lamine Passoulé

Toutes ces problématiques sont exacerbées dans le contexte actuel d'urgence que traverse le pays, et nécessite que les efforts soient soutenus pour contribuer à réduire les privations des droits des enfants. C'est ainsi que l'association Déni Dêmè en collaboration avec l'UNICEF a voulu saisir cette occasion pour sensibiliser ses membres sur les problématiques cruciales qui se posent aux enfants et renforcer leurs capacités pour qu'ils soient ainsi des acteurs de changement dans leurs communautés pour une meilleure protection des droits des enfants. « Cette formation était nécessaire pour que nous puissions avoir un bon Fitini Show avec un niveau élevé dans les différentes catégories », a dit Moussa Dembélé.

La formation était axée autour des communications et des messages de sensibilisation, des jeux de rôle sur les thématiques identifiées, afin de renforcer les connaissances des acteurs en contact permanent avec les enfants, notamment des jeunes, des enseignants, des leaders et des encadreurs de groupes. Environ une cinquantaine de personnes ont pris part à cette session de formation. Ils ont tous été outillés sur la protection et la promotion des droits des enfants et les violences basées sur le genre et ils sont désormais capables de les promouvoir dans leurs communautés. Ils ont été également sensibilisés sur l'éducation inclusive des enfants ainsi que ses défis notamment dans le contexte d'urgence. Ils sont aptes à intégrer les principes d'inclusion, d'égalité de genre dans la préparation et la mise en œuvre de l'évènement Fitini Show.

Selon Ida Tamini, contribuer au renforcement des compétences techniques des membres de Déni Dêmè et de la société civile sur les droits des enfants est d'une importance capitale pour l'UNICEF

Par ailleurs, les participants ont pu avoir des notions sur la législation en matière de travail des enfants et ses pires formes et ils connaissent mieux les actions de l'UNICEF dans le domaine de l'inclusion et en particulier l'inclusion des enfants vulnérables (dont les enfants handicapés) dans l'éducation. « A travers cette séance de formation l'UNICEF espère contribuer à faire des participants, des relais auprès de leurs communautés respectives. Nous sommes toujours prêts à accompagner cette initiative, afin de renforcer le plaidoyer auprès des autorités compétences afin d'éradiquer les mauvaises pratiques telles que le travail des enfants et autres formes d'abus et d'exploitation », a indiqué la représentante de l'UNICEF à cette cérémonie, Ida Tamini.

La porte-parole des participants, Aminata Dorothée Zerbo, salue l'initiative de la formation à sa juste valeur

Selon elle, contribuer au renforcement des compétences techniques des membres de Déni Dêmè et de la société civile sur les droits des enfants est d'une importance capitale pour l'UNICEF. Elle a affirmé que l'UNICEF et l'association poursuivent les mêmes objectifs à savoir l'épanouissement et le bien-être des enfants. « Nos filles et nos garçons, y compris celles et ceux vivant avec un handicap, ont besoin de protection, d'égalité dans le traitement, et d'accès à une éducation de qualité pour tous. Nous ne devons laisser personne pour compte », a-t-elle laissé entendre. [ Cliquez ici pour lire l'intégralité ]

Romuald Dofini
Lefaso.net

Categories: Afrique

Burkina/ENAREF : 96 heures pour renforcer la cohésion sociale entre les élèves et rehausser les différentes cultures

Fri, 07/07/2023 - 20:02

Le ministre en charge de la fonction publique, Bassolma Bazié, a présidé, ce vendredi 7 juillet 2023 à Ouagadougou, l'ouverture officielle et la conférence inaugurale des 96 heures du financier. Cette cérémonie s'est tenue en présence du délégué général des élèves, Jacques Ouédraogo, et de la représentante du directeur général de l'Ecole nationale des régies financières (ENAREF), Irène Kabré/Bougma.

« Le renforcement de la neutralité politique et de la méritocratie dans l'administration publique », c'est ce thème qui a été choisi pour les 96 heures du financier, édition 2023.
Au programme de cette édition, des activités sportives, culturelles, récréatives, et intellectuelles et le panel sur le thème choisi meubleront ces quatre jours.
Présidant l'évènement, Bassolma Bazié a rappelé qu'il se tient dans un contexte particulier de notre pays et constitue un cadre de renforcement de la cohésion sociale, de l'intégration des communautés, un brassage culturel et des valeurs socio-culturelles au sein de l'école.

Bassolma Bazié, ministre en charge de la fonction publique, présidant la conférence inaugurale des 96 heures du financier

Une activité qu'il dit saluer à sa juste valeur, surtout le thème qui a été choisi, parce qu'il fait mention d'une problématique majeure qu'est la politisation de l'administration.
Pour le délégué général des élèves, Jacques Ouédraogo, et la représentante du directeur général de l'ENAREF, Irène Kabré/Bougma, c'est une activité classique qui permet de créer un brassage culturel et un cadre d'expression des communautés représentées dans l'école.

En effet, ces 96 heures, selon le délégué, sont l'équivalent des journées portes ouvertes à l'Ecole nationale des régies financières qui est une occasion pour les élèves d'inviter des écoles professionnelles sœurs et ceux qui sont dans d'autres secteurs d'activités, à venir découvrir ce qui se fait au sein de cette école des régies financières.

Jacques B. Ouédraogo, délégué général des élèves financiers

En revenant sur le thème choisi, Jacques Ouédraogo a expliqué qu'il a été motivé par l'adoption de la loi n-002-2023/ALT portant renforcement de la neutralité politique et de la méritocratie dans l'administration publique le 16 mars 2023. Un thème, dont le décor du débat a été planté par le chef de département bonne gouvernance du ministère en charge de la fonction publique, le collaborateur du ministre Bassolma, Sidi Barry.

Dans son exposé, il a d'abord expliqué comment la loi a vu le jour. Et selon ses explications, l'administration publique burkinabè est gangrenée par un phénomène, à savoir la politisation, que le Collège des sages de 1999 issu du drame de Sapouy avait révélée, mais aussi un rapport de 2015 du ministère en charge de la fonction publique. Cela était visible, dit-il, dans les nominations de complaisance, l'utilisation des biens et moyens de l'Etat pour des campagnes électorales et autres. C'est donc sur la base de tous ces éléments réunis que la loi a été votée en mars 2023 par l'ALT, et dont le décret d'application se fera dans les semaines à venir.

Elèves financiers et autres, autorités politiques et experts en finances mobilisés pour connaître le contenu du panel sur le thème de la neutralité et la méritocratie

En somme, il a rappelé que le phénomène de politisation de l'administration compromet le principe de neutralité et d'impartialité de l'administration publique, dont les effets pervers se traduisent par le favoritisme, les nominations de complaisance, l'existence des clans dans l'administration, l'incompréhension et la mauvaise gestion des ressources publiques. Et face à une telle situation, il était donc impératif de réduire l'influence négative de la politique sur son fonctionnement, de renforcer la méritocratie en son sein, à travers l'adoption de la loi qui permettra de réduire le phénomène, d'améliorer l'efficacité des structures publiques et de contribuer au renforcement de la bonne gouvernance dans notre pays, a-t-il résumé.

YZ
Lefaso.net

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Burkina Faso : 15 ans d'emprisonnement dont 10 ans ferme requis contre Vincent Dabilgou

Tue, 04/07/2023 - 00:40

Le ministère public déclare Vincent Dabilgou coupable de toutes les infractions qui lui sont reprochées. Par conséquent, il requiert contre lui 15 ans d'emprisonnement dont 10 ferme et une amende de 500 millions de francs CFA ferme.

En plus de cela, le ministère public requiert qu'on lui décerne un mandat d'arrêt et une confiscation de ses biens à la valeur détournée estimée à plus de 900 millions francs CFA. Également, le ministère public souhaite qu'il soit déchu de ses droits civiques à vie, des décorations et médailles.

Le prévenu Vincent Dabilgou, acteur principal de cette affaire, faut-il le rappeler, est poursuivi pour détournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux et de financement occulte de parti politique, notamment le parti dont il est le président, le NTD.

Dans son réquisitoire, le ministère public est revenu point par point sur les différentes transactions monétaires, et les destinations de ces transactions.

L'argent qui a été servi provient sans aucun doute des comptes de l'État. Le détournement est constitué parce qu'aucune pièce justificative n'a été présentée lors des transactions.

"L'ex ministre était au courant de tout parce qu'il est l'ordonnateur. Les faux bordereaux de livraison viennent attester davantage qu'il était au courant. Le détournement se situe également au niveau de l'acquisition des motos, une centaine", a détaillé en partie le procureur pour démontrer que l'infraction de détournement de deniers publics par l'ex ministre est établie.

Cette infraction ayant été établie, a poursuivi le procureur, l'argent a servi au financement occulte du NTD pour la campagne.

Pour ce qui concerne la dernière infraction, à savoir, le blanchiment de capitaux, le procureur convainc que M. Dabilgou a reçu l'argent détourné qui a servi à financer les activités d'un parti politique. "M. le président, on parle de plus de 600 millions de francs CFA sur l'ensemble des marchés fictifs. C'est de ça qu'il s'agit. C'est cela le blanchiment de capitaux car ayant été, non seulement obtenu frauduleusement, mais servi pour d'autres fins", a-t-il tablé.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net

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Rencontre gouvernement/secteur privé : La 5e édition se penche sur le rôle du foncier dans la promotion de l'investissement productif

Tue, 04/07/2023 - 00:35

La 5e édition du Cadre de concertation et d'orientation pour le dialogue État/secteur privé (CODESP) se tient, les 3 et 4 juillet 2023 à Bobo-Dioulasso. Cette édition est placée sous le thème : « Le rôle du foncier dans la promotion de l'investissement productif au Burkina Faso ». La cérémonie d'ouverture des travaux qui a eu lieu ce lundi 3 juillet a été présidée par le chef du gouvernement, Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla.

Cette 5e édition de la rencontre nationale Etat/secteur privé se tient dans un contexte économique, politique et social particulièrement difficile aux plans national et international. Pour le ministre du développement industriel, du commerce, de l'artisanat et des petites et moyennes entreprises, Serge Poda, tenir un tel évènement dans ces circonstances est assurément un défi et un acte de résilience.
Cette édition de la rencontre nationale Etat/secteur privé est donc l'aboutissement d'un processus qui a commencé en 2022 et qui a impliqué tous les acteurs tant au niveau régional que sectoriel. Le thème retenu cette année est : « Le rôle du foncier dans la promotion de l'investissement productif au Burkina Faso ».

Ce thème évocateur donne ainsi l'occasion aux acteurs de se pencher sur les nombreux défis à relever par les autorités du pays en matière foncière. « Cette problématique ne peut être traitée qu'à travers un dialogue public/privé renforcé et consolidé avec des axes stratégiques clairement définis à l'effet de trouver des réponses adéquates », a souligné le ministre Poda dans le discours d'ouverture des travaux.

Selon le ministre Serge Poda, tenir un tel évènement dans ces circonstances est assurément un défi et un acte de résilience

Ainsi, au cours de cette rencontre nationale, les participants vont échanger principalement sur les préoccupations transversales résiduelles issues des concertations régionales et sectorielles, l'état de mise en œuvre des recommandations issues de la précédente édition de la rencontre nationale du cadre de dialogue tenue les 27 et 28 septembre 2021 à Bobo-Dioulasso et les conclusions de l'étude réalisée sur la thématique centrale de cette édition du CODESP.

A l'issue des échanges des recommandations seront faites en vue de poursuivre les sillons tracés et par ricochet, d'accélérer la transformation de l'économie burkinabè.
Cette rencontre se veut être un espace privilégié d'échanges entre le gouvernement et le secteur privé en vue d'examiner les préoccupations du secteur privé. Le ministre Serge Poda a rassuré que les recommandations qui seront issues des travaux feront l'objet d'un examen attentif et d'une évaluation conjointe de la mise en œuvre via le comité de pilotage du CODESP. Il a rassuré que le gouvernement a pris la pleine mesure des nombreux défis à relever pour accompagner la transformation structurelle de l'économie burkinabè.

La rencontre a réuni les membres du gouvernement et les acteurs du monde des affaires

L'accès à la terre constitue une préoccupation majeure pour le secteur privé

Le secteur privé burkinabè est considéré comme le principal moteur de la croissance économique. Il est le gros pourvoyeur d'emplois et créateur de richesse nationale. Aujourd'hui, le secteur privé est durablement affecté par la crise sécuritaire. « Cette crise nous donne l'opportunité d'opérer des mutations profondes pour un changement de paradigme et d'asseoir les jalons d'un développement économique harmonieux de notre pays », a indiqué Mamady Sanoh, vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie du Burkina.

Il poursuit en expliquant que le thème de cette année revêt une importance capitale pour le pays au vu de l'importance de la terre comme principal capital de la promotion des activités économiques. A l'en croire, la terre représente un facteur déterminant de la paix sociale indispensable à la mise en œuvre de toute activité économique et à la promotion d'un développement économique durable.

« A cet égard, l'accès à la terre constitue une préoccupation de tout processus de développement économique. La chambre de commerce partage ce souci car nous peinons depuis plus de dix ans pour mobiliser la terre nécessaire à la délocalisation du port sec qui se retrouve enclavé au cœur de Ouagadougou », a-t-il dit.

Le vice-président de la CCI-BF, Mamady Sanoh, a salué à sa juste valeur les efforts déjà entrepris par les autorités de la transition en vue de restaurer le territoire

C'est pourquoi, les acteurs du développement posent au premier rang de leurs préoccupations, la problématique de l'accès et de la sécurité foncière. Ainsi, le gouvernement et les acteurs du monde des affaires s'intéressent au rôle du foncier dans la promotion des investissements productifs au Burkina. Au cours des travaux, il s'agira pour ces acteurs de mener la réflexion autour de la problématique foncière au Burkina, afin d'identifier et de mettre en œuvre des réformes et des comportements responsables qui permettront de faire du foncier un véritable instrument de développement et éviter que ce ne soit une « bombe sociale ».

Mamady Sanoh a salué la récente adoption de la loi portant promotion immobilière qui permettra entre autres « d'assurer une meilleure gestion du foncier national, de préserver les terres cultivables et de favoriser la promotion du logement décent et la mise en œuvre de projets intégrés de développement ». [ Cliquez ici pour lire l'intégralité ]

Romuald Dofini
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Burkina/Insécurité : La ligue islamique du Faso exhorte les groupes armés terroristes à déposer les armes

Tue, 04/07/2023 - 00:30

La Ligue islamique du Faso (LIFA) a invité les groupes armés terroristes à déposer les armes et à rejoindre la patrie afin de travailler main dans la main, pour le développement du pays. Elle a invité également les Burkinabè à cultiver la paix, la tolérance et la cohésion sociale. Elle l'a fait savoir ce dimanche 2 juillet 2023 à Bobo-Dioulasso.

Les membres de la Ligue islamique du Faso (LIFA) étaient réunis ce dimanche 2 juillet 2023 à Bobo-Dioulasso. La rencontre a regroupé essentiellement les imams, les prêcheurs et les leaders religieux de la ville de Sya. Elle a été une occasion pour ces membres de la LIFA de souhaiter une très bonne fête de Tabaski à tous les musulmans et à toute la population du Burkina Faso. Cette rencontre qui se tient juste après la fête de l'Aïd-El-Kebir a permis à ces membres d'échanger également sur la situation du pays.

Selon le président de la communauté musulmane des Hauts-Bassins, Mahama Sanogo, cette rencontre était nécessaire car elle a permis aux membres de la LIFA d'échanger entre eux et de souhaiter une bonne fête à toute la communauté musulmane. « Nous souhaitons une très bonne fête à tous et que les sacrifices faits, le sang des béliers versé pour le Burkina, puissent laver le sang versé par les ennemis. Que la hache de guerre soit définitivement enterrée et que cesse la guerre pour que notre pays puisse retrouver la paix et la quiétude », a-t-il fait savoir.

Le président de la communauté musulmane, Mahama Sanogo, réaffirme le soutien de la LIFA aux autorités de la transition dont le capitaine Ibrahim Traoré

Le président Sanogo a saisi cette occasion pour lancer un appel à l'endroit des populations burkinabè, à se donner la main pour cultiver la paix et la cohésion sociale, « gage d'un développement durable ». Il a également lancé un appel à l'endroit des « frères égarés », à déposer les armes et à rejoindre la patrie, afin de travailler ensemble pour le développement du Burkina Faso. « C'est une guerre qui est perdue d'avance pour eux parce qu'un individu ne peut pas imposer ses lois ou ses idées dans un pays, c'est difficile. Nous avons la voie légale qui est celle des urnes. Si ces individus ont un projet de société qui peut convenir aux Burkinabè, qu'ils viennent l'exposer. Et si cela peut amener la paix, la quiétude et le développement au Burkina, les gens ne vont pas tarder à y adhérer », a laissé entendre le président Mahama Sanogo.

Il estime que la voie empruntée par ces groupes armés n'est pas la bonne. En tant que leader religieux, il a expliqué que les textes coraniques sur lesquels ces individus se basent pour combattre les Burkinabè, que ce n'est qu'une incompréhension de ceux-ci. « Ce n'est pas la réalité. C'est une manipulation qui n'a rien à voir avec la religion musulmane, ni le développement du pays, encore moins la justice. Donc nous les invitons à revenir à la raison. C'est ce qui sera bon pour eux et pour le pays », a souligné Mahama Sanogo.

Les membres de la LIFA invitent les groupes armés terroristes à déposer les armes et à travailler pour le développement du Burkina Faso

La LIFA s'est dit favorable au projet de nouvelle constitution annoncé par la transition burkinabè, car elle estime que cette révision de la constitution va « apporter un bouffée d'oxygène à la société et à nos relations avec l'extérieur ». Par ailleurs la LIFA a réaffirmé son soutien aux autorités du pays pour une issue favorable de la transition. « Nous réaffirmons notre soutien à la transition. Quel qu'en soit la situation, il faut que les Burkinabè se donne la main, laisse leurs divergences, pour qu'ensemble on puisse combattre le mal d'abord », a-t-il conclu.

Romuald Dofini
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Validation de la mise en œuvre de l'ITIE : Le Burkina Faso ne négocie pas avec l'ITIE international

Tue, 04/07/2023 - 00:25

L'article d'un journal français paru le 23 juin 2023 amène Jonas Hien à penser que le rapport provisoire de L'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) a été tripatouillé et que l'ITIE est en train de faire une guerre par procuration contre le Burkina Faso, face à sa décision de s'autodéterminer. Il s'en explique dans les lignes qui suivent.

Le Journal français, Africa Intelligence, dans sa parution du 23 juin 2023, sous le titre « A Dakar, Ouagadougou manœuvre en coulisses pour rassurer l'ITIE », écrivait ceci : « la délégation burkinabè a rencontré, en toute discrétion, le Directeur Afrique de l'ITIE lors de la conférence mondiale de l'organisation, qui s'est tenue à Dakar du 12 au 15 juin 2023. Son objectif : adoucir un rapport provisoire du secrétariat international de l'ITIE, très critique à l'égard de la junte. » Cet article tendancieux et mensonger m'oblige à donner l'information aux Burkinabè sur ce qui s'est passé.

Depuis janvier 2023, le Burkina Faso est dans un processus de Validation de la mise en œuvre de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE). La mise en œuvre de l'ITIE est guidée par un référentiel appelé Norme ITIE qui renferme des règles qualifiées d'Exigences que le pays est tenu de respecter dans la mise en œuvre de ce processus international. La Validation consiste à évaluer le pays pour apprécier dans quelles mesures il respecte ces Exigences qui s'appliquent à la fois à l'Administration publique, aux sociétés minières et à la société civile. Suivant le processus normal, l'ITIE international soumet au pays évalué un rapport provisoire et le pays dispose d'un mois pour apporter ses commentaires et les réponses aux préoccupations de l'ITIE international consignées dans le rapport provisoire. Ainsi, au mois de mars 2023, le Burkina Faso devait recevoir son rapport provisoire. Mais jusqu'à vers fin mai 2023, le rapport provisoire n'était pas encore parvenu.

Au niveau du Comité de pilotage de l'ITIE-Burkina Faso, nous avions commencé à nous interroger sur ce grand retard, inhabituel. Des différents échanges entre le Secrétariat permanent de l'ITIE-Burkina Faso et l'ITIE international, il ressort que le rapport était en phase d'assurance qualité. Mais on soupçonnait déjà que quelque chose ne va. En effet, l'ITIE international avait relevé auparavant, plusieurs fois, le cas de la suspension de Radio France internationale (RFI) et de France 24, qualifiée d'entraves à la liberté d'expression et de presse et d'autres choses encore. Vers fin mai donc, j'ai été obligé d'appeler à l'ITIE international (basé à Oslo, en Norvège), pour exprimer la préoccupation de la société civile face à ce grand retard dans la transmission du rapport provisoire.

J'ai été rassuré que le rapport provisoire nous parviendra mais en me disant que notre pays étant un régime militaire, il y a des aspects à voir. Toute de suite, je n'ai pas partagé cette façon de voir avec mon interlocuteur, car le régime militaire dont il parle n'impacte en rien la mise en œuvre normale de l'ITIE au Burkina Faso. Mon interlocuteur me confirme une information que j'avais déjà à savoir que l'ITIE international nous proposait une rencontre à Dakar, en marge de la conférence mondiale de l'ITIE pour échanger sur le rapport provisoire (qui n'était pas encore arrivé) tout en me rassurant qu'on aura le rapport avant de venir à Dakar.

Finalement, le rapport provisoire nous est parvenu dans l'après midi du 07 juin 2023 alors que toute la délégation du Burkina Faso devait arriver à Dakar le 11 juin 2023. Personnellement, le 07 juin, jour de l'arrivée du rapport au secrétariat permanent de l'ITIE-Burkina Faso, j'étais déjà au Sénégal, dans une autre ville, pour prendre part à une conférence Afrique du Réseau mondial des ONG et organisations de la société civile œuvrant dans le secteur des industries extractives, avant de revenir à Dakar pour la conférence mondiale de l'ITIE qui s'ouvrait le 12 juin.

Déjà à cette rencontre Afrique des ONG/OSC, j'ai eu un entretien avec le Directeur régional Afrique francophone, Afrique du Nord et Moyen Orient de l'ITIE international, celui là-même à qui le Journal français Africa Intelligence a attribué le titre de Directeur Afrique de l'ITIE international. Je l'ai rencontré (à sa demande), en compagnie du journaliste Elie KABORE qui fait partie du Comité de pilotage de l'ITIE-Burkina Faso, au titre de la société civile. Je n'ai pas été tendre avec l'ITIE international à travers notre interlocuteur. Je lui ai dit que le rapport provisoire qu'ils venaient de nous envoyer est un rapport de provocation car irrespectueux pour l'Etat burkinabè et ses dirigeants, irrespectueux pour la société civile burkinabè, un rapport politique dénué d'analyses techniques comme le veut ITIE.

En somme, un rapport visant à torpiller le Burkina Faso à cause des difficultés qu'il a actuellement avec la France. J'ai aussi manifesté ma colère, car déjà le 6 juin, avant même que le rapport nous soit parvenu, le même Journal français Africa Intelligence l'avait déjà lu et a produit un article sous le titre « Ouagadougou en mauvaise posture à l'ITIE ». Dans cet article du 6 juin, ce Journal insinuait qu'avec ce rapport, le Burkina Faso aura des difficultés à mobiliser des ressources au plan international. Je ne pouvais pas comprendre qu'un rapport confidentiel soit déjà entre les mains dans ce Journal. En effet, tout rapport provisoire de validation d'un pays est confidentiel jusqu'à la publication du rapport final. Elie KABORE a aussi dénoncé le contenu du rapport qui insinuait que la presse burkinabè n'a pas joué son rôle sur certains aspects de la gouvernance du secteur minier, lequel rôle que l'ITIE international voulait voir jouer n'existant pas en réalité au regard des allégations de l'ITIE international. Donc, déjà avant la conférence mondiale, nous étions sur nos nerfs face à un rapport politique et contraire à l'orientation de l'ITIE.

En marge de la conférence mondiale, à Dakar, la rencontre proposée par l'ITIE international a effectivement eu lieu dans une salle du Centre international de conférence Abdou Diouf où se tenait la conférence mondiale et n'avait rien de discret. Le Secrétaire général du Ministère de l'Economie, des Finances et de la Prospective, Président du Comité du comité de pilotage de l'ITIE-Burkina Faso, devait conduire la délégation burkinabè pour rencontrer l'ITIE international. Mais pour des contraintes de dernières minutes, il n'a pas pu venir à Dakar. Il fallait nous organiser et trouver un membre du Comité de pilotage de l'ITIE-Burkina Faso, instance de décision, pour conduire la délégation. C'est comme ça que je me suis retrouvé à conduire notre délégation pour la rencontre avec l'ITIE international. La délégation du Burkina Faso était composée de représentants de l'Etat, des sociétés minières, de la société civile, du Secrétaire Permanent de l'ITIE et des techniciens dudit secrétariat permanent.

La délégation de l'ITIE international était composée de représentants de la Direction exécutive de l'ITIE et de membres du comité de Validation du Burkina Faso. Nous les avons d'abord écouté car ce sont eux qui nous ont proposé la rencontre, ce qui est une bonne chose, car en dehors de cette occasion ou de la Validation, les échanges sont permanents, en cas de nécessité, entre l'ITIE international et le Secrétariat permanent de l'ITIE-Burkina Faso, la société civile et les sociétés minières. C'est le mode de fonctionnement normal de l'ITIE. Ils nous ont fait le point du processus de validation de notre pays et des conclusions auxquelles ils sont parvenus et contenues dans le rapport provisoire qu'ils venaient de nous envoyer.

Il a été aussi question du fait que nous sommes un régime militaire, que le gouvernement a demandé une contribution au Fonds minier de développement local dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, que la société civile n'a pas critiqué cet état de fait, que des médias ont perdu leurs licences d'exercer au Burkina Faso en s'abstenant de citer RFI et France 24, que la gouvernance se détériore depuis l'arrivée des militaires au pouvoir, qu'il y'a eu requissions de l'or des sociétés minières, ce qu'ils ont appelé saisie d'or, que nous sommes un pays anti-occidental et bien d'autres choses encore. Tout ça, c'est écrit dans le rapport provisoire et certains nous ont été repris de vive voix.

En tant que Chef de la délégation, j'ai introduit ce que nous pensons du rapport provisoire. Je leur ai dit qu'une fois de retour au pays, nous allons analyser le rapport provisoire et leur envoyer des réponses techniques en espérant que le rapport final qui va sortir sera le rapport du Burkina Faso car celui-là ne l'est pas. Je leur ai dit que le rapport qu'ils nous ont envoyé insulte notre pays, ne respecte pas nos dirigeants, ne respecte pas la société civile, prête des intentions que les sociétés minières au Burkina Faso n'ont pas. J'ai dit que l'ITIE est en train de perdre sa crédibilité. J'ai répété que l'ITIE est utilisé pour torpiller le Burkina Faso à cause de notre désamour avec la France et que cela ne passera pas. J'ai insisté sur le fait qu'il est inadmissible que le rapport traite nos Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) de milices. De toutes les interventions des autres membres de notre délégation qui ont suivi, on n'a pas été tendre avec l'ITIE international.

On a dit qu'il n'est pas question qu'il remettre en cause la souveraineté du Burkina Faso car cela ne relève pas de son rôle. Je suis revenu pour dire que s'agissant du Fonds minier de développement local, le gouvernement n'a forcé la main à personne et que la société civile a donné son accord pour cette contribution, de même que les sociétés minières car pour avoir ce Fonds minier, il faut la production minière, pour la production minière, il faut la sécurité sur les sites miniers. Donc, sans sécurité on aura plus de Fonds minier dans quelques temps. C'est donc avec responsabilité que la société civile, qui est très regardante sur ce Fonds, a marqué son accord pour sa contribution à la lutte contre l'insécurité. Des communes sont vidées de leur monde et ne peuvent pas utiliser l'argent de ce Fonds minier qui leur est alloué. Il n'était donc pas question pour nous de critiquer ce qu'on a cautionné.

J'ai voulu aussi que l'ITIE international comprenne que la société civile burkinabè, en tous cas, nous autres, n'agit pas sur la base de manipulation et je n'admets pas que l'ITIE donne l'impression qu'on doit s'opposer ou critiquer sur la base de ce qu'un partenaire nous dit de faire. On travaille avec conviction et détermination sans influence de qui que ce soit. Ainsi, la société civile dans le secteur minier ne cherche pas à savoir si ceux qui sont au pouvoir sont des militaires ou des civils. On fait notre travail de veille citoyenne comme toujours. Le représentant des sociétés minières a dit ne rien comprendre de l'attitude de l'ITIE international car la saisie d'or en question, qui n'est pas en réalité une saisie, (et même le mot réquisition utilisé par le gouvernement ne sied pas) car il s'agit d'un achat d'or par le gouvernement. Et l'or qui a été pris par le gouvernement a été acheté au prix normal du marché international. Le gouvernement a payé la totalité des montants dus aux sociétés minières et qu'aucune société minière se s'est plaint et elles ne peuvent pas se plaindre car elles n'ont rien perdu dans cette opération.

Ainsi, pour chaque point de récrimination, nous avons démontré que le rapport s'est abondamment attardé à vouloir juger la gouvernance politique du Burkina Faso alors que ce n'est pas le rôle de l'ITIE. En effet, l'ITIE n'a pas un mécanisme de fonctionnement à l'image de la CEDEAO qui lui donne droit d'apprécier la gouvernance politique d'un pays. L'ITIE peut seulement, de façon contextuelle, évoquer le contexte politique dans lequel le processus est mis en œuvre dans le pays. Si le contexte politique a un impact négatif dans la mise en œuvre de l'ITIE, il peut également le relever en recommandant que les gouvernements prennent des mesures pour la poursuite normale de la mise en œuvre de l'ITIE. La vocation de l'ITIE est d'accompagner les Etats à rendre performant leurs administrations afin de créer les conditions de transparence dans la gestion des affaires publiques et lutter contre l'opacité. Il n'a pas pour vocation de poser des actes qui s'apparentent à de l'ingérence dans des affaires politiques d'un Etat.

Hormis donc ces aspects contextuels, la boussole de la validation d'un pays est et demeure la Norme ITIE et suivant un document appelé Guide de validation. Que ce soit la Norme ou le Guide, nulle part il n'est question de régime militaire ou civile quand il s'agit de conduire l'ITIE dans un pays. Ce qui est exigé, c'est que le gouvernement en place, civile ou militaire, montre son engagement à poursuivre la mise en œuvre de l'ITIE en évitant d'entraver la société civile dans son rôle car c'est elle la sentinelle dans le processus ITIE dans tous les pays mettant en œuvre cette initiative.

C'est pourquoi, avec le MPSR II, au niveau de l'ITIE-Burkina Faso, nous avons amené le Premier Ministre, Appolinaire Joachimson KYELEM de Tambéla, à signer un engagement dans ce sens qui a été envoyé à l'ITIE international. Mieux, le gouvernement a donné plus de budget au secrétariat permanent de l'ITIE pour poursuivre la mise en œuvre de l'ITIE au Burkina Faso, ce qui nous a d'ailleurs surpris au regard du contexte où le gouvernement cherche l'argent partout. Malgré tout, l'ITIE international a trouvé moyen de dire que le gouvernement burkinabè n'est pas engagé dans la mise en œuvre de l'ITIE. C'est politique non !?

Bref, à Dakar, il n'a pas été question de négocier quoi que soit. Certes, nous avons demandé d'effacer dans le rapport le mot milice qui a été attribué à nos VDP car nous ne pouvons accepter que nos VDP soient traités de milices. Nous avons dit que si l'ITIE doit perdre sa crédibilité jusqu'à ce point et présenter l'ITIE comme un instrument de chantage des Etats, le Burkina Faso sera obligé de se retirer de cet instrument. Vous me demanderez si c'est possible de sortir de l'ITIE. Je réponds oui.

Tous les pays ne sont pas dans l'ITIE. La France même n'a pas adhéré à l'ITIE. Mais elle finance l'ITIE international, ce qui lui permet d'avoir tous les rapports ITIE que produisent les Etats et donc de disposer des informations sur l'exploitation de l'or, du pétrole, du gaz, du cuivre, du gaz, etc., des différents pays. Le plus important, c'est d'avoir un mécanisme interne (dans chaque pays) rigoureux et solide en matière de transparence. C'est pourquoi, j'ai tenu à indiquer à l'ITIE international que le peuple burkinabè a atteint un niveau d'exigence en matière de gouvernance tel qu'un gouvernement, même militaire, ne peut plus faire ce qu'il veut sans la réaction de la population.

Tout ce développement pour vous dire que le Journal français Africa Intelligence ment. Il a menti et a écrit du importe quoi. Ceux de la délégation de l'ITIE international qui ont pris part à la rencontre de Dakar trouveront même cet article ridicule, erroné car très loin du contenu des échanges que nous avons eus à Dakar. Son action entre dans la campagne internationale de communication mensongère contre le Burkina Faso. Le 30 mai 2023 déjà, le media Agence Ecofin interviewait un avocat du nom de Charles Bourgeois, qui dit être spécialiste en droit minier, expliquait les enjeux juridiques liés à la modification du code minier du Burkina Faso afin d'autoriser légalement la contribution du Fonds minier de développement local à la lutte contre l'insécurité.

Non seulement cet avocat a déversé son inculture sur le Fonds minier mais aussi tentait de préparer les sociétés minières à s'opposer à la relecture du code minier en lien avec le Fonds minier. S'il connaissait bien le dossier dont il parlait il aurait su que déjà sous le régime du Président Lieutenant-Colonel Damiba, les sociétés minières étaient les premières à lui demander d'utiliser le Fonds minier pour lutter contre le terrorisme. Mais ne nous trompons pas. Dans ce monde injuste où des dits forts se croient tout permis quand il s'agit de l'Afrique, la souveraineté a un prix à payer. Tant qu'ils auront l'occasion de nous torpiller, ils le feront. Il nous appartient d'accepter les sacrifices et de travailler pour y faire face.

L'ITIE international nous a indiqué qu'il n'est pas politisé ni influencé comme on le pense tout en reconnaissant et regrettant la fuite du rapport. Ils ont promis d'enquêter sur cette fuite. En tous les cas, nous avons dit ce qu'on pensait. Mais le processus de validation se poursuit. Nous enverrons les éléments de réponses basés sur la Norme ITIE. Si à la fin du processus le rapport final reflète les efforts du Burkina Faso dans la mise en œuvre de l'ITIE, ce serait justice qui nous a été rendue. Mais, nous ne négocierons rien pour avoir de bonnes notes. Nous voulons le mérite, ou une mauvaise note, pour peu que la note reflète la réalité, sur une base technique et non politique.

La société civile continuera à jouer son rôle de gendarme dans la mise en œuvre de l'ITIE au Burkina Faso, à être exigeante conformément à ce que l'ITIE exige aux Etats. Mais nous serons aussi exigeants vis-à-vis de l'ITIE international afin qu'il reste dans son rôle. Notre colère vis-à-vis de l'ITIE international vient du fait que nous avons la conviction que le rapport provisoire que nous avons reçu a été tripatouillé et que l'ITIE est en train de faire une guerre par procuration contre le Burkina Faso, face à sa décision de s'autodéterminer.

Et jamais nous n'allons l'accepter.

Jonas Hien

Categories: Afrique

Gouvernance : « Le sort d'un peuple ne dépendra jamais d'une élection bourgeoise, encore moins d'un coup d'Etat » (Abdoul Kader Ouattara alias Almamy KJ)

Tue, 04/07/2023 - 00:20

Aussi convaincu que « la réalité de tous les pouvoirs fascistes, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de critiques, mais que tout le monde applaudisse » et que « ce qui se passe sous nos cieux est une révolution sans révolutionnaire… », le reggae-maker et leader d'opinion, Abdoul Kader Ouattara alias Almamy KJ, fait une lecture, dans la même verve et intrépidité qu'on lui connaît, de l'actualité socio-politique du Burkina. C'était à la faveur d'un entretien qu'il a accordé en mi-juin 2023 sur un récent séjour artistique à Abidjan.

Lefaso.net : Vous semblez observer un certain silence depuis un moment, malgré votre actualité qui conduit ces dernières semaines à Abidjan… Que vaut ce silence et dans quel cadre Almamy KJ a-t-il séjourné dans la capitale ivoirienne ?

Almamy KJ : Il faut dire que Almamy KJ était occupé par des travaux de studio, notamment la préparation de sorties à l'extérieur. Pour ce qui est du studio, avec le staff, nous avons élaboré un bon nombre de textes, que nous enregistrons progressivement. Comme vous le savez, pour la professionnalisation d'une carrière, il faut beaucoup de tact, beaucoup de travail. Donc, à un moment donné, nous avons décidé de replier un peu et de travailler de façon sobre et silencieuse.

Tout cela mis ensemble, avec les sorties dans la sous-région, prend beaucoup de temps et explique le silence là où mes mélomanes me réclament. Et comme vous l'avez dit, nous étions à Abidjan pour une série d'invitations. Nous avons commencé par « Adjamtala Reggae », le 21 mai du côté d'Adjamé ; un grand espace reggae. Le 2 juin, nous étions du côté de AZK Live, qui est actuellement le plus grand espace reggae de la Côte d'Ivoire, situé au quartier Blockhauss.

Nous avons été également au festival de reggae de Treichville, les 2, 3 et 4 juin. Entre temps, il y a eu ce passage chez les étudiants du quartier Abobo, avec l'Association générale des élèves et étudiants de la Côte d'Ivoire, où nous avons fait une prestation à la clôture de leur congrès. Il y a eu bien d'autres activités connexes et des visites privées à des acteurs culturels, notamment à des sommités de la reggae-musique, à qui je saisis l'opportunité de cet entretien pour dire encore, merci !

Mais cela ne met pas fin au silence, tant que nous n'avons pas sorti le prochain ; on veut travailler pour quelque chose d'encore plus consistant pour les mélomanes. Nous avons une sortie à Bamako, en août, puis nous repartirons sur Abidjan, avant de mettre le cap sur Paris en septembre pour trois spectacles et nous continuons sur Lyon pour la Fête de l'humanité.

Parlant de silence…, les thèmes que vous évoquez n'y contribuent-ils pas, quand on sait qu'ils ne sont pas faits pour caresser dans le sens des poils ; ce qui n'invite pas dans ces nombreux soirées et spectacles mondains !

Vous dites juste ; parce que les thèmes que nous évoquons sont des sujets qui intéressent le vécu des masses de plusieurs pays, mais qui irritent en même temps les dirigeants, ceux qui ont les pouvoirs dans ces pays. Quand on aborde la mal gouvernance, la corruption…, vous ne vous verrez jamais dans les soirées mondaines, les salons feutrés. Ils ne vont jamais vous appeler. Ils ne vont jamais inviter des artistes qui vont venir dire des choses qui sont aux antipodes de leur volonté (endormir les masses, les voler…). Et ce n'est pas une surprise. Quand vous faites de la reggae-musique et que vous êtes prisés par ces gens-là, vous devez même vous poser des questions : « Est-ce que je suis sur le bon chemin ? ... ».

Donc, quand vous êtes reggae-maker et que vous dénoncez, ne vous attendez jamais à être dans une salle avec eux. Mais ce qui nous réconforte, c'est de savoir que le chemin que nous avons choisi, la reggae-musique, demande à ce que nous restions aux côtés des masses, que nous dénoncions ce qui doit être dénoncé.

Si non, il faut aller faire autre chose que la reggae-musique. C'est en cela que la reggae-musique trouve tout son sens. Par moments, on a des appels pour dire : « Almamy, il faut revoir ta position, sinon tu ne seras pas invité ». Je dis simplement aux interlocuteurs que moi, ma musique, c'est pour le peuple, pas pour les « forts » du moment, dont nous savons les gymnastiques par lesquelles ils arrivent au pouvoir. Donc, ce n'est pas joué auprès d'eux qui m'intéresse. On me dit : « Vous avez de la famille, des enfants ; à un certain moment, il faut se ramollir ».

Je dis, se ramollir, est-ce accompagner les « forts » du moment (Compaoré, Zida, Kafando, Kaboré, Damiba ou Traoré) ? Moi, je n'accompagne pas un chef d'Etat, je suis désolé. Pour moi, ce sont les intérêts des masses populaires ici et maintenant. Je l'ai dit et je le dis, le sort d'un peuple ne dépendra jamais d'une élection bourgeoise, encore moins d'un coup d'Etat.

Moi, j'accompagnerai toujours les masses, pour le changement populaire. Et le changement populaire, c'est celui révolutionnaire. On ne dira jamais qu'Almamy KJ chante maintenant pour les « forts » du moment. Jamais ! Almamy KJ chantera toujours pour les masses, en dénonçant la vie chère : les produits de première nécessité ne sont pas accessibles aux masses.

C'est cela la vérité. De Compaoré à Traoré aujourd'hui, qu'est-ce qui a fondamentalement changé dans la vie des Burkinabè ? Si je ne suis pas à mesure de dénoncer cela, il y a problème. Si je ne suis pas à mesure de dire qu'aujourd'hui, il y a restriction de libertés individuelles et collectives, qu'aujourd'hui-là, on dit de la boucler et de dire « vive Traoré ! », c'est que je ne suis pas un reggae-maker. Si je ne suis pas à mesure de dire que ce pour quoi ils ont pris le pouvoir, la question sécuritaire, ils sont en train d'échouer, c'est que je ne suis pas un reggae-maker.

A tous ceux qui ont décidé de faire de la musique engagée, reggae, rap…, de ne pas abandonner ce peuple, de dire la vérité quand il le faut. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Le panier de la ménagère est devenue un sachet noir, le carburant a grimpé comme jamais, etc. La CCVC (Coalition de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés) l'a dit, et c'est cela la vérité. Il ne faut pas avoir peur de dénoncer les exécutions sommaires, extra-judiciaires.

Il ne faut pas avoir peur de dire qu'il y a confusion dans la lutte contre le terrorisme par moments. On ne va pas se taire. On ne libère pas un peuple, un peuple se libère. La seule chose qui peut nous tirer réellement d'affaire, c'est l'unité populaire (l'unité qui va permettre à tous les secteurs d'activités du pays de s'épanouir, ce n'est pas de vouloir que la presse dise ce que le chef veut entendre), et non l'union sacrée autour d'un chef d'Etat.

Le jour où je ne serai pas en mesure de dire qu'un dirigeant a échoué (pas critiquer pour critiquer, mais avec des analyses scientifiques), j'arrête de faire de la reggae-musique. Si ceux qui ont volé, je ne suis pas à mesure de dire qu'ils ont volé, moi Almamy KJ, j'arrête de faire de la reggae-musique pour faire de la musique ludique. Mais tant que je serai en train de faire de la reggae-musique, je dirai toujours ce qui est.

A l'époque, dans la chanson « Elections wouya wouya » où je disais que je ne me faisais pas d'illusions sur la portée des élections, que ce sont des moments de prédilection pour des traitres à la nation, pour semer la confusion au sein des populations, il s'est trouvé des gens, au nom de leur panse, pour raconter du n'importe quoi. Ces personnes sont toujours-là, elles ont changé de discours …pour penser berner tout le monde.

… Et le 24 janvier 2022 semble vous avoir donné raison !

Ça ne va nulle part ! Et après, on me dit : « Mais, on ne te comprend pas : tu n'es pas pour les élections, tu n'es pas non plus pour les coups d'Etat ». Le coup d'Etat, est-ce le peuple qui le fait ? Des gens ont fait le coup d'Etat, au nom de leurs intérêts. Ils ont fait le coup d'Etat au nom des intérêts d'un clan, d'une famille politique, et après, on dit aux masses-là : « venez nous soutenir ». Comme si nous étions au courant des tenants et aboutissants d'un coup d'Etat. Voilà pourquoi, je dis de ne pas confondre un coup d'Etat et une révolution.

L'insurrection a été stoppée dans son élan. Sinon, elle devait aboutir à une révolution. Voilà pourquoi, on dit que l'insurrection a été stoppée également en 2014 par un autre coup d'Etat militaro-civil que nous avons suivi. Donc, aujourd'hui, on ne peut pas nous berner. La même classe, avec les mêmes hommes, on reprend les mêmes et on compte faire autre chose avec, on compte faire du nouveau. Ce n'est pas possible.

Avec les mêmes reformes de la Banque mondiale, du FMI et avec les mêmes qui crient que nous sommes abandonnés par la communauté internationale. Les mêmes qui ont crié à l'autonomisation du pays disent aujourd'hui que nous ne sommes pas assistés. On crie qu'on ne veut pas de X, de Y et en même temps, on dit que la communauté internationale ne nous vient pas au secours.

C'est de la comédie. Tant que ce sont toujours les mêmes propos qu'on va entendre, ce sont les mêmes actions qui vont se mener et en fin de compte, on ne bougera pas, on tourne en rond. On a l'impression que les gens se voient, ils prennent le pouvoir et ils se disent : « on va essayer ». Ils tâtonnent, tâtonnent…, ça ne bouge jamais et après, ils disent : « aidez-nous ». Comme si on avait pris le pouvoir ensemble. Le pouvoir d'Etat s'assume.

Comme ils l'ont dit eux-mêmes, « on n'a attaché personne pour diriger le pays ». Et on n'attachera personne pour diriger le pays. Si vous n'êtes pas en mesure d'assumer les besoins des masses, vous passez à autre chose. Qu'on arrête de manipuler les Burkinabè. C'est triste. Aujourd'hui, nous sommes à plus de deux millions de déplacés internes. Qu'est-ce qu'on fait ? On fait la guerre ou bien on vend la bière à 2 000F, en espérant que c'est cet argent-là qui va faire la guerre ?

Je suis désolé ; la guerre, il faut la faire. Ce n'est pas la propagande qui fait la guerre, qui gagne la guerre. Si c'était le cas, les Américains avaient gagné en Afghanistan, les Français et les Américains avaient gagné au Viêt-Nam. Si les intérêts des masses sont respectés, on ne va même pas leur dire de suivre les tenants du pouvoir, elles vont se lever d'elles-mêmes, parce que leurs aspirations sont au beau fixe.

Mais non, ce n'est pas le cas. Voilà pourquoi, j'insiste pour dire qu'il faut l'unité populaire, qui tiendra compte des aspirations les plus profondes des masses. J'encourage nos braves FDS, nos braves VDP…, mais il faut arrêter de dire aux gens que la guerre n'a pas encore commencé ou que la guerre vient de commencer, que nous sommes à l'introduction, etc.

On ne peut pas tergiverser et puis vouloir engranger des résultats. Ce n'est pas vrai. On a comme l'impression que ça ne va pas, mais il faut dire que ça va. On tue à l'Est, on tue à l'Ouest, on tue au Nord…, mais il faut dire que ça va. On ne doit pas parler parce que ce sont des militaires. C'est faux ! Les libertés dans ce pays-là ont été acquises au bout de l'effort, grâce à la sueur et le sang. Donc, ce n'est pas un groupe d'individus qui peuvent remettre cela en cause, même avec leurs armes. Ah non, et non ! Voilà pourquoi dans mes chansons, je reviens toujours là-dessus. Et j'insiste : je ne confonds pas liberté et libertinage. Sans liberté, on n'aura rien.

On imagine que l'album à venir ne sera pas différent des précédents, dans ses thématiques et le ton de dénonciation !

On revient sur la gestion de la cité. Ici, comme ailleurs. Vous savez, partout dans le monde entier …, sans liberté, il n'y a pas de vie. Quand nous sommes au Burkina Faso, on entend dire qu'il y a eu ceci ou cela en Côte d'Ivoire, au Mali, aux Etats-Unis, en France, en Ukraine…, c'est parce que l'information passe ! C'est la liberté. Mais vous dites chez vous, il n'y a pas l'information ; dites ce que nous, nous voulons. A la limite, c'est infantiliser les gens. J'ai été appelé par des gens pour me dire de chanter pour telle ou personne.

Je dis en vertu de quoi ? Je ne sais pas quelle est leur ligne, ce qu'ils prévoient faire pour nous. Si je savais comment ils sont venus, les tenants et aboutissants, ce qu'ils ont comme projets pour nous, je peux chanter pour les encourager. Je ne sais rien de tout cela, on me dit de chanter pour ces gens-là. Moi, je ne suis pas un comédien. Je chanterai sur la liberté, contre l'impérialisme…, parce que ceux qui sont au pouvoir se disent anti-impérialistes, mais jusqu'à présent, ils prennent des mesures anti-sociales, ils courent derrière et appliquent les mesures de la Banque mondiale et du FMI.

Donc, il ne faut pas que les gens pensent pouvoir nous endormir. Ce qui se passe sous nos cieux, c'est une révolution sans révolutionnaire. Ou du moins, une révolution anti-prolétaire ; des gens qui disent qu'ils sont pour le peuple, mais rien n'est accessible à ce peuple-là. Vraiment, je ne sais pas c'est quelle révolution. Et moi, en tant qu'artiste-reggae, je dis non à cela et je persiste. Il faut dénoncer ce qui ne va pas, c'est cela le rôle de l'artiste, de façon générale, et de façon particulière, l'artiste-reggae maker et l'artiste-rappeur.

En quoi cette nouvelle dynamique de votre carrière à travers l'ouverture dans la sous-région peut-elle être bénéfique pour vous et pour la reggae-musique burkinabè ?

A Abidjan, il y a eu de très belles expériences. D'abord, l'approche des reggae-makers, très free, des musiciens qui sont très professionnels. On était aux côtés de doyens comme Jim Kamson, Ismaël Isaac, Ras Goody Brown, Neth Soul, etc. Ces passages à « reggae united » de Yopougon, l'accueil des populations, chez les étudiants à Abobo, qui m'ont spontanément appelé, avec grande surprise pour moi, « l'artiste du peuple ».

Ils me disent : « Almamy, on te suit, on suit tes activités, on écoute tes sons via YouTube et nous en sommes fiers ; tu défends les masses ». Quand vous êtes face à de telles expériences, vous êtes obligés de maintenir le cap, de ne pas décevoir. Je prends cela comme une interpellation à encore et à toujours travailler de façon scientifique.

Le séjour a mis en perspective des collaborations avec des artistes de reggae et des zouglou-makers (parce que le Zouglou est une musique qui, à l'origine, fait de la dénonciation). Nous avons également des travaux de studio, qui se feront alternativement à Ouagadougou et à Abidjan. A Abidjan comme à Ouagadougou, il y a de bons musiciens, ce serait intéressant qu'ils soient en contact ; parce que l'art, c'est la communion également. C'est l'un des grands projets que nous comptons mettre en œuvre, car l'artiste, c'est toute une entité ; en général, on voit le chanteur. Alors qu'en vérité, ceux qui sont en arrière-plan (les musiciens, les batteurs, les bassistes, les guitaristes, les pianistes, les saxophonistes…), ce sont eux qui font le chanteur.

Si on conjugue les efforts, musiciens d'ici et d'ailleurs, on aura des choses très intéressantes. Chacun des deux pays regorgent d'une soixantaine d'ethnies, et chacune a une façon particulière de jouer un instrument. Si on arrive à combiner toutes ces richesses, ce sont, au finish, nos populations, nos peuples qui gagnent.
Le même principe de partage d'expériences a été mis en place avec le festival de reggae du Mali et le festival de reggae du Sénégal. Quand on a discuté, on s'est dit, si on ne va pas ensemble, ça sera difficile. Donc l'expérience d'Abidjan a été très belle.

Dans un contexte global où les gens préfèrent être caressés dans le sens du poil…, flattés que critiqués, la musique reggae n'est-elle pas un genre en étouffement ?

Il ne faut pas se leurrer : étouffer le reggae, c'est bel et bien leur souhait. Il faut même le dire, tout un travail est fait pour l'étouffer et accepter que la reggae-musique est en voie d'étouffement et sera même étouffée, si les acteurs ne se bougent pas. On ne va pas se leurrer, c'est cela la réalité. La réalité de tous les pouvoirs, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de critiques, mais que tout le monde applaudisse.

Voilà pourquoi, il serait intéressant pour l'ensemble des reggae-makers, de chercher à élever le niveau de la reggae-musique, en respectant d'abord le principe qui est de rester aux côtés des masses populaires. Si vous n'élevez pas le niveau de conscience, vous pouvez être facilement pris dans un piège de manipulation ; sans même savoir, vous allez applaudir pour un pouvoir X ou Y et après, vous rendre compte que vous avez été embarqués. Si vous faites cette erreur, les mélomanes ne connaîtront pas cela, vous aurez déçu plus d'un et vous aurez embarqué beaucoup dans l'erreur.

C'est le travail de tout pouvoir, d'amener à liquider toutes les voies discordantes, qui ne vont pas dans le même sens que lui. Pour moi, il serait donc important que tous les reggae-makers, je vais même au-delà pour ajouter les rappeurs, restent focus, ne se laissent pas intimider, n'aient pas peur.
Il y a plusieurs types de musique, la musique ludique, la musique didactique, etc. Si vous avez opté pour le reggae, qui est une musique didactique, il ne faut donc pas vous en éloigner, c'est même une obligation.

Sinon, après, vous devenez un intellectuel de service, un intellectuel-serviette, qui, pour des miettes, vend son âme au diable. L'art est une œuvre intellectuelle, et ses principes doivent être respectés par tout artiste. Sans quoi, il devient un intellectuel vendu. Il ne faut donc pas que les artistes se rangent du côté des intellectuels vendus. L'artiste ne doit pas changer comme un caméléon, il ne doit pas être aveugle, il doit être aux côtés du peuple. Là où les autres vont se taire, il doit dire mot. Il doit être une torche pour le peuple.

En mars 2022, la diva de la musique ivoirienne et africaine, Aïcha Koné, a effectué un déplacement à Ouagadougou pour spécialement marquer vos dix ans de carrière. Quels sont vos liens actuels et qu'est-ce que cet acte de la détentrice de « deux disques d'or et plus de 45 prix et trophées nationaux et internationaux » apporte à votre carrière ?

De très bonnes relations. On discute fréquemment. Même à Abidjan, j'étais du côté de Marcory, chez la maman Aïcha Koné, la diva de la musique africaine. On se donne des nouvelles de spectacles dans le monde entier. Auprès d'elle, ce sont beaucoup de conseils, beaucoup d'expériences... Elle est plus qu'un apport, d'un point de vue musical, très énorme, pour ma modeste carrière.

Votre message à tous ceux qui vous suivent, en particulier vos mélomanes ?

A tous ceux qui me suivent, à tous ceux qui m'accompagnent, de près ou de loin, ici et ailleurs, je leur dis merci. Je leur dis d'encore et de toujours comprendre les positions de l'artiste, qui sont des positions que certains vont juger par moments délicates. Mais, reggae-maker que je suis, je ne peux que rester dans ce carcan-là, qui est de défendre l'intérêt général, ici et ailleurs.

Je leur dis merci de me porter et de toujours continuer à me porter haut ; parce que si aujourd'hui, on est sollicité dans les capitales africaines et en Europe, c'est grâce à eux. Et qu'Almamy KJ qu'ils ont connu dénonciateur, défenseur de la veuve et de l'orphelin, ne peut pas quitter ce cadre-là. Si je le faisais, ce ne serait que de la pire trahison. Non seulement j'aurais trahi le reggae et tout son sens, mais également tous ceux qui m'ont porté, et continuent de me porter, ici et ailleurs.

Je dis courage aux vaillants peuples d'ici et d'ailleurs. Nous sommes dans un monde rempli d'imposture, d'imposteurs, de manipulateurs, mais que chacun reste focus et ne se laisse pas emporter par le tourbillon du diktat. Que chacun reste débout malgré les difficultés. Que chacun tienne bon et tienne son bâton de pèlerin pour la liberté et la justice, parce que ceux qui se battent sincèrement finissent toujours par gagner. Dans la lutte sincère, on finit toujours par avoir gain de cause.

Entretien réalisé par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

Categories: Afrique

Boucle du Mouhoun : La saison agricole s'installe, des paysans entre inquiétude et certitude

Tue, 04/07/2023 - 00:15

La saison agricole humide 2023 s'installe timidement dans la région de la Boucle du Mouhoun, au Burkina Faso. Les paysans retrouvent, de plus en plus, le chemin des champs. Ils s'affairent au défrichage, au labour et au semis pour ne citer que ces activités. Notre reporter, sur place à Dédougou, s'est rendu dans quelques localités rurales.

A l'horizon, le soleil monte dans le ciel. Il commence à darder ses rayons brûlants sur la cité du Bankuy. Laquelle cité retrouve progressivement son animation habituelle en ce début de journée de samedi 24 juin 2023. A l'instant même, nous enfourchons notre cyclomoteur avec pour leitmotiv d'aller à la rencontre de paysans dans des localités rurales riveraines de Dédougou, chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun. Le ciel avait déjà commencé à ouvrir ses vannes depuis maintenant quelques semaines, arrosant par endroits la région. Et la campagne agricole 2023 s'installe au fur et à mesure, même si cela reste de manière à ne pas satisfaire entièrement nombre de paysans. La rareté des pluies est brandie pour justifier ce ressenti. Les cultivateurs sont néanmoins dans les champs. Ils se livrent à diverses activités y relatives. Le cap est mis sur des localités situées dans la partie sud-ouest de la ville de Dédougou. Chaque kilomètre qui éloigne de la cité est une charge supplémentaire de peur au ventre. Les incursions ou la présence de groupes armés terroristes dans plusieurs localités voisines de Dédougou oblige.

Abdoulaye Sankara et ses deux gosses rivalisant de rapidité dans l'ensemencement de leur champ

Les paysans entre plusieurs tâches

Premier village sur le trajet, Sonyalm-tenga, localité située à moins de deux lieues de Dédougou. Sous un ciel éclairci, le soleil déjà enflammant, Abdoulaye Sankara et ses enfants s'empressent de mettre en terre du mil et du maïs. Leur champ est vaste d'environ trois hectares. Le père de famille a visiblement des doutes vis-à-vis du début de la campagne agricole 2023 dans la Boucle du Mouhoun. « La saison s'installe avec un petit retard par rapport à l'année passée. Ce qui est encore inquiétant, c'est la non-régularité des pluies pour permettre aux semis de pousser correctement », glisse-t-il du bout des lèvres. D'une main, chacun tient sa pioche et, de l'autre, une petite calebasse contenant des semences. Pas question de perdre ne serait-ce qu'un seul instant.

Souleymane Oumsaonré estime que le début de la campagne agricole est réconfortant

Son voisin Souleymane Oumsaonré est propriétaire de champ d'une superficie de cinq hectares. Il confie son intention de faire pousser du mil, du maïs, du riz et des arachides. Ses femmes, ses enfants et lui sont au four et au moulin. Pendant qu'un tracteur, bruyant et terrassant tout sur son passage et dont le propriétaire du champ s'est attaché les services, remue la terre d'un côté du champ, les membres de la famille, à l'autre bout, s'emploient à l'ensemencement de la rizière. Le chef de famille, muni d'une pelle, s'attèle à éparpiller des tas de fumure organique. Il a un avis certain sur l'installation de la saison agricole. « Le début est bon. Nous souhaitons que la cadence des pluies se poursuive bien afin que nous ayons une fin satisfaisante de campagne agricole », a-t-il imploré, le corps tout trempé de sueur.

Déplacé interne, Karim Kindo veut mettre fin à sa dépendance vis-à-vis de l'assistance alimentaire

Pékuy est à portée de main après une quinzaine de minutes de route. Dans ce village tout comme le long du trajet, les champs sont noirs de paysans. Le temps semble compté pour ces acteurs du développement socioéconomique local, tant ces derniers s'émeuvent de partout. Parmi eux, Karim Kindo. Il parcourt, les pieds nus, son champ d'est en ouest, pataugeant presque dans un bas-fond. Appareil à pomper au dos, Monsieur Kindo pulvérise sa rizière de plus d'un hectare contre les insectes, les herbes et autres éléments nuisibles. Une bonne volonté lui a fait don du lopin de terre. « Je suis une personne déplacée interne venue de Sanaba. Ma famille est à Dédougou, mais je suis venu négocier ce terrain jusqu'ici pour cultiver », nous accueille-t-il. Par ce travail, « l'exilé interne » croit pouvoir dire non à la résignation et à l'assistanat perpétuel.

Salif Dakuyo crie à la cherté des intrants agricoles

Poursuivant le périple, nous voilà à Fakouna, dernière localité visitée. Le village est à une quinzaine de kilomètres de Dédougou. Nous avons dû traverser des marécages, patauger parfois dans la boue à certains endroits et emprunter des pistes sinueuses pour nous y rendre. La saison agricole présente, dans cette bourgade, la même physionomie que dans les autres localités. Chaque paysan, dans son champ, y va de ses moyens de bord. Des animaux de trait comme les ânes et les bœufs sont mis à contribution, respectivement par Salif Dakuyo et Adama Kondé. Contrairement à eux, leur voisine est à court de moyens financiers pour s'offrir les services d'un tracteur ou de bêtes de trait. Balguissa Zana s'est contentée de semer sur un terrain nu. Sans aucune protection, elle manipule des produits chimiques tels des herbicides destinés à pulvériser son champ. La paysanne était à l'œuvre au moment où nous l'accostions. « Depuis plus de dix jours, nous sommes dans les champs. Pour le moment, le rythme des pluies ne correspond pas à ce qu'on aurait voulu. Mais, nous espérons qu'il va pleuvoir régulièrement les jours à venir », lâche-t-elle.

A l'image de Balguissa Zana, les femmes participent activement aux travaux champêtres

L'angoisse de ces paysans se résume essentiellement au retard, léger soit-il, relevé par certains des acteurs et à la rareté des pluies en ce début de campagne agricole. Il faut cependant noter un changement positif depuis la veille de la fête de la Tabaski, pour ce qui concerne la ville de Dédougou et ses environs. L'enchaînement des pluies tend à ramener la sérénité au sein du monde paysan. Au-delà de cette préoccupation majeure soulignée par les paysans, bien d'autres sont légion.

L'insécurité traîne sa bosse partout

Ces cultivateurs crient également au manque de ressources financières pour l'achat des intrants agricoles et à l'inaccessibilité de ceux-ci sur le marché. Ils n'admettent pas de flambée des prix des intrants agricoles cette année. Mais ces derniers regrettent quand même la cherté de ces produits en considération des coûts auxquels ils sont proposés. La situation sécuritaire est indexée comme responsable de la mise en berne des activités économiques dans la région au point de tarir les possibilités pour ces agriculteurs de trouver les moyens d'acheter l'engrais et les produits phytosanitaires dont les herbicides.

A défaut de tracteur, Adama Kondé se sert de ses bœufs pour le labour

A en croire Salif Dakuyo, le sac d'engrais de 50 kg coûte 30 000 F CFA alors que le prix des herbicides varie entre 1 000 F CFA le sachet (poudre) et 3 000 F CFA le bidon d'un litre (liquide). Il informe pourtant avoir besoin de plus d'une vingtaine de sacs d'engrais et une importante quantité de produits phytosanitaires pour couvrir ses dix hectares de coton, de mil et de maïs. [ Cliquez ici pour lire l'intégralité ]

Yacouba SAMA
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Procès Vincent Dabilgou et 6 autres : 24 mois de prison et 10 millions de FCFA d'amende ferme requis contre Jean Gabriel Séré, ex DAF

Tue, 04/07/2023 - 00:10

Le ministère public requiert pour l'ex DAF du ministère des Transports, Jean Gabriel Séré, 24 mois de prison et 10 millions de francs CFA d'amende, le tout ferme.

En plus de cela, il réclame une peine de dégradation civique (droit de vote, de décoration...) pour une durée de 5 ans et qu'il soit décerné à son encontre un mandat d'arrêt.

Il a eu une amende honorable parce que, d'après le ministère public, il a accepté de s'exprimer, de dire ce qu'il en était dans cette affaire. M. Séré est considéré comme étant la boîte noire de ce "crash".

Au-delà de ses déclarations, poursuit le procureur, M. Séré, lors des interrogatoires par l'Autorité supérieure de contrôle d'État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), ensuite par le parquet et enfin au procès, il s'est assumé en restant droit dans ses bottes.

Il faut rappeler qu'il est poursuivi pour abus de fonction, de détournement de deniers publics, d'enrichissement illicite. Toutes ces infractions, selon le ministère public, sont avérées sauf celle de détournement de deniers publics.

" À ce niveau, nous n'avons pas pu démontrer que M. Séré à touché directement de l'argent lors des différentes transactions. Par conséquent, on suggère, M. le président, que soit requalifiée cette infraction", a suggéré le procureur.

Obissa Juste Mien
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