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Diplomacy & Defense Think Tank News

« Au-delà du mirage » – 4 questions à Etienne Copel

IRIS - Fri, 17/09/2021 - 12:16

Etienne Copel avait défrayé la chronique lorsqu’il avait démissionné de l’Armée de l’air en 1984 et publié un livre choc « Vaincre la guerre » qui critiquait sur de nombreux points la posture de défense de la France. Major de l’Ecole de l’air et de l’Ecole supérieure de guerre, il était devenu le plus jeune général de France. Si on peut ne pas partager toutes les opinions de l’auteur, son intégrité et sa sincérité sont indiscutables. Avec « Au-delà du mirage », paru aux éditions Favre, il nous offre un livre passionnant, de ses mémoires où il revient sur les sujets essentiels à son regard sur les enjeux sécuritaires.

Vous êtes toujours favorable à l’énergie nucléaire mais réticent face à la dissuasion alors que vous avez largué une bombe atomique sur Mururoa…

Il n’y a plus de contestation sérieuse de la relation directe entre la combustion des énergies fossiles, la hausse de l’effet de serre et le dramatique réchauffement de la planète. Alors tout ce qui crée de l’énergie sans rejeter de gaz carbonique est bon à prendre. Le nucléaire a cette caractéristique, sachons en profiter. L’urgence climatique est telle qu’il faut faire feu de tout bois. Certes le nucléaire a ses défauts mais son rejet systématique n’est pas raisonnable. Même les problèmes posés par les déchets sont minimes par rapport aux désastres que causent et vont causer la hausse des températures, en particulier au sein des pays les plus pauvres de la Terre.

Oui, j’ai largué une bombe atomique au-dessus du Pacifique, je n’en suis pas honteux. Il fallait montrer que la technologie française devait être prise au sérieux. Suis-je aujourd’hui réticent face à la dissuasion ? En fait je suis toujours persuadé qu’il est plus difficile d’attaquer ou de faire chanter un pays nucléaire qu’un pays qui ne l’est pas. Donc, je ne rejette pas en bloc toute forme de dissuasion nucléaire. En revanche, j’estime qu’il ne faut pas « en rajouter ». Il n’est absolument pas nécessaire de moderniser sans cesse notre arsenal. C’est contraire à l’esprit du TNP (Traité de Non-Prolifération nucléaire) et cela prive nos armées de ressources financières qui pourraient être plus utiles ailleurs. En particulier, pour nos forces d’intervention face aux terroristes islamistes en Afrique.

Vous avez attiré l’attention il y a juste 30 ans sur le risque représenté par les centrales nucléaires face au terrorisme, aujourd’hui par les barrages…

Oui, en 1991, dans « Le Nécessaire et l’Inacceptable », j’ai expliqué qu’on avait besoin de l’énergie nucléaire en raison des dommages à prévoir avec la hausse de l’effet de serre (le nécessaire) mais aussi qu’il fallait craindre les conséquences d’éventuelles attaques terroristes (l’inacceptable). Aujourd’hui, mes craintes sont bien moindres : les réacteurs refroidis au sodium ont été arrêtés, des gendarmes armés se trouvent à l’intérieur du périmètre des centrales et surtout « grâce » au 11 septembre 2001, les détournements d’avion par des pilotes suicides sont devenus beaucoup plus compliqués. L’EPR est même complètement protégé contre la chute d’un avion aussi gros soit-il.

Restent les barrages. Je ne veux pas contribuer à des craintes inutiles mais quelques barrages sont vulnérables à une attaque terroriste, certes difficile à mettre en œuvre mais pas plus que celles dont les Américains ont été victimes à New-York et Washington. Le plus rageant est que protéger cette poignée de barrages est simple et relativement peu coûteux.

Pensez-vous que la défense civile est insuffisamment prise en compte ?

Depuis que Maurice Schumann m’a appelé au Haut Comité pour la Défense Civile de nombreux progrès ont été réalisés. En particulier en ce qui concerne les feux de forêts. Mais il reste énormément à faire. Par exemple pour mieux préparer les populations aux conséquences d’attaques chimiques ou d’épandage de produits radioactifs.

Le plus à redouter me semble aujourd’hui la crise terroriste longue. Si, un jour, une usine chimique est attaquée, si un relais de transmission est saboté, si une voie ferrée est déboulonnée dans un tunnel, si un préfet est assassiné  … et si les attaques se répètent, le gouvernement voudra naturellement  protéger pendant des mois des multitudes de points sensibles et encadrer les nombreuses victimes de ces attaques. Or, depuis la fin du service militaire, la France n’a plus de réservistes en nombre suffisant pour faire face à toutes ces menaces.

C’est pourquoi je défends fermement le « service d’un mois » proposé par le président Macron dans la mesure où il lui donne une composante militaire marquée. L’idée serait de s’inspirer des « classes » du service militaire d’antan pour former en peu de temps non pas des combattants aptes à guerroyer Outre-mer, mais des hommes et des femmes capables d’être des sentinelles autour des points sensibles et des intervenants de première urgence en cas de catastrophe, naturelle ou non.

Vous préconisez des armes nucléaires tactique de puissance raisonnable et de grande précision. Mais n’y a-t-il pas le risque de faire des armes nucléaires non plus des armes de dissuasion mais des armes d’emploi ?

Notons d’abord que les apôtres de « La Dissuasion » avec un grand D, me font plutôt sourire lorsque, tout en fustigeant les Présidents supposés incapables « d’appuyer sur le bouton » ils se vantent de mettre en œuvre une arme de « non-emploi ». Comment peut-on faire peur, comment peut-on dissuader en affirmant que la menace que l’on brandit n’est pas faite pour être employée ?

En matière de dissuasion, la crédibilité est la qualité première. C’est pourquoi pendant la guerre froide je pensais que la menace d’emploi de nos armes contre les villes soviétiques n’était pas suffisante pour nous protéger, tant le passage à l’acte, ignorant les représailles massives qui suivraient, était peu plausible. C’est, comme je le signale dans mes souvenirs, ce que m’a clairement confirmé le Président Giscard d’Estaing.

En revanche, il me semble tout à fait crédible de dire à une puissance moyenne qui menace un pays ami d’une attaque nucléaire : « Si vous lancez une attaque atomique contre tel ou tel allié de mon pays je répliquerai sur vos forces avec le même type d’armes. »  Si je ne dispose que de bombes vingt fois plus puissantes que celle d’Hiroshima, il est peu probable qu’on me croirait car elles feraient trop de morts parmi la population civile. Mais s’il s’agit d’une arme de quelques kilotonnes capable de raser un aérodrome sans répercussions notables sur les villes avoisinantes je serais bien plus crédible je serais beaucoup plus dissuasif.

Ainsi, avec une arme nucléaire de faible puissance et de haute précision, un Président pourrait dans certains cas faire respecter les engagements de la France et protéger la paix.

Rupture du contrat sur les sous-marins australiens : quelles conséquences pour l’industrie française ?

IRIS - Thu, 16/09/2021 - 17:48

L’Australie vient d’annoncer la rupture de son contrat conclu en 2016 avec la France qui prévoyait l’achat de douze sous-marins conventionnels. Quelle lecture peut-on faire de ce « changement de besoin » selon les propos du Premier ministre australien ? Quelles conséquences pour Naval Group ? Le point avec Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS.

Quelles sont les conséquences géostratégiques de la rupture du contrat de commande de sous-marins à Naval Group ?

Ce n’est certes pas une bonne nouvelle pour Naval Group mais ce qu’il faut retenir principalement c’est l’accord de partenariat stratégique, dénommé AUKUS, signé entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie.

L’Australie était inquiète de l’attitude de la Chine qui avait décrété un embargo sur les importations de charbon, de bœuf et de vin australien suite à la demande du Premier ministre australien de mener une enquête internationale indépendante sur l’origine de la pandémie de Coronavirus. Les Australiens cherchaient donc certainement une réassurance de sécurité dans la région que les États-Unis pouvaient leur offrir.

De leur côté, les États-Unis exhortaient les Occidentaux à se regrouper pour faire face à ce qu’ils considèrent être devenus la menace numéro 1 : la Chine. Or ils ne sont parvenus qu’à moitié à convaincre les Européens de conduire cette croisade anti-chinoise lors du dernier sommet de l’OTAN, notamment du fait de l’Allemagne et de la France, qui militaient pour une approche plus équilibrée vis-à-vis de la Chine. Les États-Unis ont donc certainement cherché à matérialiser au plus vite une alliance de sécurité renforcée dans la région pour laquelle le Royaume-Uni et l’Australie étaient les partenaires rêvés. Et pour donner corps à cette alliance stratégique, la fourniture de sous-marins américains en lieu et place des sous-marins français est apparue être la bonne solution au prix de la rupture brutale du contrat commercial avec Naval Group et de l’éviction de la France du partenariat stratégique avec l’Australie.

Au total, la fin du contrat de Naval Group semble donc être davantage un dommage collatéral de cet accord stratégique entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni.

Reste que cette décision est particulièrement brutale et difficile à avaler pour les Français qui en ont été écartés sans même avoir été prévenus. Or, nous sommes alliés des Américains et des Britanniques au sein de l’OTAN et nous avions conclu un partenariat stratégique avec l’Australie accompagnant ce contrat de sous-marins, accord qui a été rompu.

Cela montre une nouvelle fois, après l’épisode afghan, que lorsque les Américains considèrent que leurs intérêts de sécurité ne recouvrent pas exactement ceux des Européens, ils agissent désormais seuls. L’unilatéralisme n’est plus le seul apanage des Républicains comme on pouvait le penser sous George W. Bush ou sous Donald Trump, cette méthode est devenue une des clés de l’action des États-Unis aujourd’hui.

Quant aux Britanniques, dont on a peu parlé dans cet accord, la doctrine « Global Britain », qui a accompagné le Brexit et qui devait signifier une plus grande indépendance et un plus grand rayonnement du Royaume-Uni sur la scène mondiale, semble en réalité devenue la doctrine « Global Partnership » avec les États-Unis. C’est inquiétant pour le futur des accords franco-britanniques de Lancaster House dans le domaine de la défense et de la sécurité.

La santé financière de Naval Group est-elle mise en cause par la fin du contrat australien ?

À court terme, il n’y a aucun risque majeur. Naval Group était payé au fur et à mesure du contrat, et les Australiens devront payer un dédit sur la rupture du contrat estimé dans la presse australienne à 400 millions de dollars. Toutefois, Naval Group était en train de négocier la phase 2 du contrat, la phase de définition, pour un montant de 1,4 milliard d’euros. Cela représente donc une perte sèche. Surtout, tout l’investissement réalisé sur place par Naval Group ou par les entreprises de la chaîne d’approvisionnement de Naval Group est perdu. Il va falloir rapatrier les personnels, leur trouver une activité.

Aujourd’hui, l’activité de Naval Group est largement assurée par les commandes de l’État français : la fourniture des sous-marins Barracuda est en cours, les premières études du nouveau porte-avions commencent et il faudra bientôt commencer à étudier et donc à financer la nouvelle génération de SNLE. Mais la commande publique française ne suffira pas sur le long terme à faire vivre Naval Group dans son périmètre actuel. Il faut donc des exportations pour compléter la commande publique française, à l’image du contrat passé avec les Australiens. Il s’agissait un méga-contrat – plus de 50 milliards d’euros – qui offrait à Naval Group une visibilité en termes d’activité sur 20 ans. Bien conduit, ce contrat était une garantie de sécurité de l’entreprise. Ce n’est plus aujourd’hui le cas même si Naval Group a des contrats exports en cours de réalisation et des prospects dans des pays comme les Philippines, l’Indonésie ou les Pays-Bas. La pression va donc être plus forte sur la direction commerciale de Naval Group.

Que peut-on dire du sous-marin américain qui sera vendu aux Australiens ?

À part que le sous-marin sera à propulsion nucléaire : rien ! L’appel d’offres conclu en 2016 entre Naval Group et l’Australie l’était pour la fourniture de sous-marins à propulsion classique. Et si aujourd’hui les Australiens se tournent vers les Américains, ce n’est pas parce que les Français ne pouvaient pas livrer des sous-marins nucléaires : le sous-marin proposé par Naval Group était dérivé du Barracuda français qui est un sous-marin à propulsion nucléaire. Donc les Français pouvaient parfaitement satisfaire la nouvelle demande des Australiens.

En revanche, les Britanniques et les Américains ne fabriquent pas de sous-marins à propulsion classique, ils ne fabriquent que des sous-marins à propulsion nucléaire, et ni l’un ni l’autre n’ont jamais vendu des sous-marins à l’export.

L’offre américano-britannique laisse en réalité perplexe sur plusieurs points.

En premier lieu, une des conditions que devait remplir Naval Group pour gagner le contrat australien était que les bateaux soient construits en Australie. L’objectif était de rebâtir de A à Z une capacité australienne dans le domaine de l’industrie navale dans la région Sud de l’Australie et Naval Group avait accepté que 60% de la valeur du contrat – environ 20 milliards d’euros – soient dépensés en Australie. C’était un objectif très ambitieux à atteindre. De ce fait, on voit mal comment un tel objectif pourrait être atteint avec un sous-marin américain à propulsion nucléaire à la technologie plus sensible que le sous-marin français, et en plus couvert par la législation américaine ITAR, très restrictive sur les transferts de technologie.

En second lieu, on voit mal les Américains ou les Britanniques développer un sous-marin spécifique pour les Australiens. On prendra donc soit le design de la Virginia Class américaine ou de l’Astute britannique. Ce sont de très gros sous-marins d’environ 7 500 tonnes, alors que le Barracuda français fait 5 000 tonnes et sa version australienne devait avoisiner les 4 000 tonnes. À tout ceci, il faut ajouter que les Britanniques ont connu de multiples retards et surcoûts sur leurs sous-marins Astute, qu’ils n’ont pu terminer de développer qu’avec l’aide d’ingénieurs américains. Le sous-marin vendu par les Américains et les Britanniques coûtera donc certainement très cher aux Australiens, la durée de réalisation d’un tel projet, qui n’a même pas été réellement envisagée, risque d’être très long et les Australiens ne seront pas près de sitôt de remplacer leurs sous-marins de la class Collins.

De ce fait, le sentiment est qu’Américains, Australiens et Britanniques ont signé un accord politique au niveau de leurs dirigeants, avec quelques grandes lignes directrices dont cette fourniture de sous-marins, mais que rien n’a réellement été défini pour mettre en place les termes de cet accord. Quand on connaît les difficultés pratiques auxquelles a été confrontées Naval Group dans le contrat australien, on a du mal à imaginer la faisabilité du projet américano-britannique sauf à ce que les Australiens renoncent au développement de leur industrie navale dans le sud de l’Australie.

 

 

Discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen : vers un renforcement du rôle de l’UE en matière de défense ?

IRIS - Thu, 16/09/2021 - 17:13

Edouard Simon vous donne régulièrement rendez-vous pour sa chronique « Vu d’Europe » traitant de l’actualité de l’Union européenne et de ceux qui la font. Cette semaine il revient sur le volet défense du discours sur l’état de l’Union prononcé le 15 septembre 2021 par Ursula von der Leyen.

Rupture du contrat des sous-marins : « Il s’agissait d’un partenariat stratégique sur 50 ans avec l’Australie »

IRIS - Thu, 16/09/2021 - 16:46

Cette résiliation de contrat est-elle un « coup dans le dos », comme l’a martelé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ?

Oui. Nous avions ce contrat avec les Australiens, il est rompu brutalement. Les Américains ont d’abord souhaité conclure une alliance de sécurité dans la région avec les Britanniques et les Australiens. Et ils ont dû faire pression sur eux. Les Australiens, qui ont fait l’objet d’un embargo de la Chine, étaient beaucoup plus inquiets en termes de sécurité qu’ils ne pouvaient l’être il y a cinq ans, lors de la conclusion du contrat. À un moment, la question des sous-marins est entrée dans la discussion. D’où cette vente. Sachant que les Américains n’ont jamais vendu de sous-marins nucléaires, qu’on ne sait pas de quel type d’appareils il s’agira. Il se pourrait d’ailleurs que ce soit des sous-marins britanniques.

Dans quelle mesure s’agissait-il d’un contrat important pour la France ? 

On y avait mis énormément d’énergie. Ce contrat avait été gagné de haute lutte dans une compétition avec les Allemands et les Japonais, sans les Américains à l’époque. Ils sont entrés « par la fenêtre » ces derniers mois. C’est ce qui agace énormément les Français : on est, théoriquement, entre alliés. C’est une forme de trahison. Il faut savoir qu’il s’agit d’un très gros contrat, plus de 30 milliards d’euros pour 12 sous-marins. Ce sont des appareils de la taille du Barracuda, très gros. Nous avions fait un énorme effort diplomatique pour gagner ce contrat, qui allait beaucoup plus loin qu’une simple vente : il s’agissait d’un partenariat stratégique sur 50 ans avec l’Australie ! On s’était engagé pour la sécurité de la région.

Il s’agissait par ailleurs de sous-marins nucléaires, convertis pour être conventionnels. On était donc capable de fournir ce que demande aujourd’hui l’Australie. C’est une rupture d’alliance, brutale. Et imprévue : Américains et Britanniques se sont bien gardé de prévenir les Français qu’ils étaient en train de négocier. D’où la colère de Paris sur le sujet. D’autant plus que les Australiens étaient en train de faire pression sur Naval Group pour faire baisser le prix du contrat…

La France fait-elle les frais des ambitions des USA dans la région indo-pacifique ?

Les Américains faisaient pression sur leurs alliés de l’Otan pour que la Chine soit mise en tête de liste des menaces. Ce que les Européens n’ont pas accepté, lors du dernier sommet de l’Organisation. Français et Allemands se sont, d’une certaine manière, opposés aux États-Unis en souhaitant avoir un discours plus mesuré. Les États-Unis se sont dit : « N’attendons pas nos alliés, tournons-nous vers les Australiens et les Britanniques ». Ces derniers sont d’ailleurs en train de s’aligner de plus en plus nettement sur les Américains. On le voyait à l’Otan, on le voit sur ce nouveau pacte Aukus. Cela ne sera pas sans conséquences négatives sur l’avenir du traité de Lancaster House (conclu en 2010 entre Paris et Londres, et destiné à un rapprochement en matière de défense, NDLR).

Que nous dit ce revirement australien sur la place de Paris dans le ballet diplomatique international ? La voix de la France pèse-t-elle encore ?

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’influence française. Mais il faut bien voir quel est le motif de cette alliance : se défendre contre la Chine. Quelle sera la réaction de Pékin ? Ce qui vient d’être décidé peut être perçu comme une marque d’agressivité, une posture plus offensive dans la région. Ce que ne voulaient pas les Européens. On n’allait donc pas s’aligner sur ce que voulait les Américains. On retrouve avec l’Australie le même phénomène que l’on voit avec les pays baltes, la Pologne, en Europe : quand il y a une menace majeure, on se tourne vers la puissance militaire la plus importante. À savoir les Etats-Unis et pas la France. Il faut relativiser la perte d’influence française, mais ce n’est pas agréable.

Quid de l’Europe ?

On a vu la réaction française, pas celle des Européens. Certes, la France n’est pas l’Europe, mais elle a été trahie. Tout comme les Européens l’ont été sur l’Afghanistan. Les Américains défendent leurs intérêts, avec un unilatéralisme qui ne diffère pas de celui de Donald Trump. Si les intérêts ne sont pas totalement convergents avec ceux des Européens, ce sont les États-Unis qui priment. Cela peut faire réagir les Européens, qui pourraient se demander s’ils ne vont pas subir le même coup de poignard que Paris.

Discours sur l’état de l’Union : l’Europe a-t-elle (enfin) vu la lumière sur ses tourments économiques ?

IRIS - Thu, 16/09/2021 - 14:38

Lors de son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen de Strasbourg, Ursula von der Leyen a promis que l’UE « ne répétera pas l’erreur » de la rigueur budgétaire commise lors de la dernière crise financière. A quelle erreur fait-elle exactement référence ? Quelles en ont été les conséquences sur l’Europe ?

Rémi Bourgeot : Au-delà de la question européenne, un débat mondial, peu inspiré sur le plan historique, avait penché en faveur de l’austérité budgétaire en pleine crise financière mondiale. Des universitaires de renom comme Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart de l’Université de Harvard, avait été jusqu’à maltraiter des données pour expliquer que dette élevée rimait avec faible croissance – ce qui ne signifiait pas pour autant qu’il faille pratiquer l’austérité en pleine crise. Mais c’est surtout en Europe que ce débat s’était matérialisé sur le plan politique, du fait des tensions entre cultures économiques nationales et du contexte de mise sous tutelle des décisions budgétaires des pays sous programmes d’aide par la fameuse « troïka ». C’est également dans ce contexte qu’a été développée par la BCE, comme pour pallier le manque de soutien budgétaire, une réponse monétaire devenue peu à peu illimitée, au péril des pires bulles financières et immobilières.

Aujourd’hui, l’UE a-t-elle définitivement tiré les leçons de 2008 ?

Si l’austérité et la mise sous tutelle aveugle des pays sous aide ont effectivement été une aberration, cela ne suffit pas qu’il suffise de faire l’inverse. Des questions bien plus importantes se posent comme celle de l’inclusion des compétences, en particulier technologiques. Toute politique qui conduit à l’exclusion d’une génération est catastrophique. Ça a été un des effets des politiques d’austérité aveugles. On peut pour autant imaginer une politique de soutien et de dépense massive qui cible certaines catégories tout en laissant se poursuivre ou s’accélérer un phénomène d’effondrement industriel et d’exclusion généralisée des compétences concrètes. C’est dans cette situation que se trouve aujourd’hui la France et l’ensemble des pays d’Europe du Sud.

L’Allemagne n’est pas un modèle, car elle peine à se repositionner industriellement dans la révolution technologique en cours, mais jamais le pays ne s’est lancé dans une logique généralisée d’exclusion des compétences technologiques. Nos gérontocraties européennes, ultra-administratives, ne parviennent plus à concevoir une emprise sur l’économie réelle. Et il ne serait pas d’un grand secours que de chercher à trancher le bon vieux débat sur la relance keynésienne. On peut relancer à coût de milliards déversés sur l’hôtellerie-restauration et autres dérivés du mirage touristique en passant à côté des enjeux de la concurrence technologique en cours dans le monde. 

Suite à cette prise de position d’Ursula von der Leyen, à quoi peut-on s’attendre en termes d’orientation économique ? Faire le constat de l’échec de la rigueur suffit-il à régler tous les problèmes économiques de l’UE ?

L’explosion de la dette est un problème qu’on ne peut nier. Et sa gestion risque encore de justifier l’écrasement des taux par une politique de relance monétaire à l’origine de bulles qui minent aussi bien la stabilité économique et sociale que notre compétitivité. Malgré le constat d’échec quant à l’idéologie de l’austérité par temps de crise, ce sujet va peser lourdement. Les relations européennes ne manqueront pas de se tendre davantage face à cette situation, sans parler naturellement du refus accru de toute forme réelle de solidarité budgétaire, qui en découlera. L’enjeu pour tous les pays européens est aujourd’hui de mettre en œuvre les conditions d’une véritable croissance, fondé sur le progrès technologique et les gains de productivité. C’est la seule voie de sortie de cette situation d’effondrement industriel et social tout comme de la situation d’hyper-endettement. Les projets technologiques doivent revenir sur le devant de la scène, sans se laisser parasiter par de vains débats d’économistes et de bureaucrates. On constate par exemple en ce moment une prise de conscience du retard européen face à la pénurie de semi-conducteurs. Cette prise de conscience est salutaire et donne lieu à des projets intéressants. Il faudra veiller à ne pas s’égarer dans d’interminables débats macroéconomiques ni à laisser la politique technologique être prise en otage par divers effets de mode.

 

Propos recueillis par Atlantico.

Las elecciones parlamentarias rusas de 2021

Real Instituto Elcano - Thu, 16/09/2021 - 14:20
Mira Milosevich-Juaristi. ARI 78/2021 - 16/9/2021

Del 17 al 19 de septiembre se celebrarán en Rusia elecciones generales y la pregunta clave es si el resultado llevará a una posible transformación política del país.

“Building Back Better” through social protection

Social protection plays a critical role in responding to the immediate effects of the Covid-19 pandemic and in supporting socio-economic recovery efforts. In parallel, current calls for Building Back Better have emphasized that the climate  crisis  needs  to  be  considered  in  Covid-19  recovery  plans  through enhanced climate change adaptation and mitigation action. In recent years, social  protection  has  gained  importance  in  addressing  climate  change risks  and  facilitating  a  just  transition  to a  green economy.  Therefore,  the momentum for Building Back Better during and after the pandemic offers a unique opportunity to integrate social protection into green and resilient recovery strategies which should not be wasted. Against this background, this article describes the role of social protection in buffering economic and social impacts of the pandemic and emphasizes the importance of linking social protection systems with climate action to address the global climate crisis.

“Building Back Better” through social protection

Social protection plays a critical role in responding to the immediate effects of the Covid-19 pandemic and in supporting socio-economic recovery efforts. In parallel, current calls for Building Back Better have emphasized that the climate  crisis  needs  to  be  considered  in  Covid-19  recovery  plans  through enhanced climate change adaptation and mitigation action. In recent years, social  protection  has  gained  importance  in  addressing  climate  change risks  and  facilitating  a  just  transition  to a  green economy.  Therefore,  the momentum for Building Back Better during and after the pandemic offers a unique opportunity to integrate social protection into green and resilient recovery strategies which should not be wasted. Against this background, this article describes the role of social protection in buffering economic and social impacts of the pandemic and emphasizes the importance of linking social protection systems with climate action to address the global climate crisis.

“Building Back Better” through social protection

Social protection plays a critical role in responding to the immediate effects of the Covid-19 pandemic and in supporting socio-economic recovery efforts. In parallel, current calls for Building Back Better have emphasized that the climate  crisis  needs  to  be  considered  in  Covid-19  recovery  plans  through enhanced climate change adaptation and mitigation action. In recent years, social  protection  has  gained  importance  in  addressing  climate  change risks  and  facilitating  a  just  transition  to a  green economy.  Therefore,  the momentum for Building Back Better during and after the pandemic offers a unique opportunity to integrate social protection into green and resilient recovery strategies which should not be wasted. Against this background, this article describes the role of social protection in buffering economic and social impacts of the pandemic and emphasizes the importance of linking social protection systems with climate action to address the global climate crisis.

Manipulation des rencontres sportives : une préoccupation grandissante au sein du monde du sport

IRIS - Wed, 15/09/2021 - 20:47

Entretien avec Christian Kalb, directeur de CK Consulting, expert des paris sportifs et des questions de gouvernance du sport, dans le cadre du projet EPOSM, co-financé par le programme Erasmus + Sport de la Commission européenne.

Mené par Carole Gomez, directrice de recherche à l’IRIS, en charge du Programme Sport et Géopolitique.

En savoir plus sur le projet EPOSM – Evidence-based Prevention Of Sporting-related Match-fixing. 

Die nächste Bundesregierung und die Vereinten Nationen

Diese Woche hat der Generalsekretär der Vereinten Nationen (VN) Antonio Guterres mit „Our Common Agenda“ einen ambitionierten Plan zur Neupositionierung der VN vorgestellt. Deutlich stärker als bislang sollen die VN drängende globale Probleme angehen sowie für globale öffentliche Güter und einen neuen Gesellschaftsvertrag eintreten, der wesentlich auf der Achtung von Menschenrechten beruht. Die nächste Bundesregierung sollte sich diesen Plan, mit dem die VN nach ihrem 75-jährigen Jubiläum eine neue Phase globaler Gemeinwohlpolitik einleiten können, zum Anlass nehmen, um die deutsche VN-Politik strategischer und kohärenter aufzustellen. Sie sollte in Ideen und Allianzen investieren, um die VN wirksam bei der Bewältigung globaler Herausforderungen nutzen zu können und sie zukunftsfähig zu machen.   

Deutschland ist in einer guten Position, um multilateral durchzustarten. Das Engagement bei den VN wurde in den letzten Jahren umfangreich ausgebaut. 2016 ist die Bundesrepublik zum zweitgrößten Beitragszahler der VN aufgestiegen. Das gilt auch für Entwicklungspolitik und humanitäre Hilfe, die finanziell betrachtet den Schwerpunkt der VN ausmachen. Für einzelne Organisationen wie das VN-Entwicklungsprogramm (UNDP) oder die Weltgesundheitsorganisation (WHO) ist Deutschland sogar wichtigster Geber. Anders als andere Länder, die während der COVID-19 Pandemie Kürzungen vornahmen, hat Deutschland seine Beiträge deutlich angehoben und damit zu einer effektiveren multilateralen Krisenreaktion beigetragen. Die deutschen WHO-Beiträge etwa haben sich während der Pandemie fast verdreifacht. Bei anderen Entwicklungsorganisationen wie dem Kinderhilfswerk (UNICEF) gab es einen Zuwachs an besonders wertvollen Kernmitteln, die nicht an Gebervorgaben gebunden und so von VN-Organisationen flexibel einsetzbar sind.

Aber nicht nur wegen seines finanziellen Engagements wird Deutschland bei den VN geschätzt. Mit der Allianz für den Multilateralismus, einem Zusammenschluss gleichgesinnter Staaten, die für eine regelbasierte internationale Ordnung eintreten, hat die Bundesregierung einen wichtigen Kontrapunkt zum Unilateralismus der USA unter Donald Trump gesetzt. Beobachter*innen heben auch Deutschlands Beteiligung an sieben von derzeit 13 VN-Friedensmissionen hervor und ziehen insgesamt eine positive Bilanz der deutschen Sicherheitsratspräsidentschaft 2019/2020, trotz geopolitisch widriger Umstände. Dazu beigetragen haben deutliche Worte Deutschlands im Sicherheitsrat zu Menschenrechtsverletzungen durch Russland oder China. Dass bald zwei hochrangige Führungspositionen von Deutschen bekleidet werden – Achim Steiner leitet das UNDP, Gerd Müller ab Januar 2022 die VN-Organisation für industrielle Entwicklung (UNIDO) – zeigt, welche Wertschätzung Deutschland bei den VN erfährt. Dazu kommt, dass Deutschland sich zu einem wichtigen VN-Standort entwickelt hat. Allein in Bonn sind nunmehr 25 VN-Einrichtungen angesiedelt, während in Berlin unlängst der WHO Hub for Pandemic and Epidemic Intelligence eingeweiht wurde.

In Summe ergibt sich daraus aktuell ein beachtliches deutsches Engagement für die VN. Gleichzeitig sind die neue Rolle der Bundesrepublik und damit verbundene Handlungsspielräume noch nicht ausreichend im politischen Bewusstsein von Regierung und Gesellschaft angekommen. Der Ausbau des VN-Engagements folgte bisher keinem strategischen Ziel. Vielmehr ist Deutschland nolens volens mit weithin unkoordiniertem Agieren zu einem schwergewichtigen Akteur aufgestiegen. Angesichts zentraler Herausforderungen, die Deutschland (un)mittelbar betreffen – vom sich beschleunigenden Klimawandel zu Rückschritten in der menschlichen Entwicklung und globalen Regelungslücken –, ist es jedoch wichtiger denn je, internationale Politik strategisch zu gestalten. Angesichts wachsender geopolitischer Großmachtrivalitäten bedarf es einer proaktiven deutschen VN-Politik, die im Verbund mit der Europäischen Union und anderen gleichgesinnten Staaten globale Weichenstellungen im Sinne der von Guterres vorgelegten „Common Agenda“ mitprägt.

Die nächste Bundesregierung sollte sicherstellen, dass die für VN-Organisationen und -Prozesse vorgesehenen Beiträge stabil im Bundeshaushalt verankert werden. Vor allem braucht die deutsche VN-Politik eine größere Strategiefähigkeit und mehr Kohärenz über Ministerien und Durchführungsorganisationen hinweg. Bei der Modernisierung des außenpolitischen Apparats nach dem Scheitern der Intervention in Afghanistan etwa muss die Agenda 2030 ein zentraler Referenzpunkt werden. Generell sollte sich deutsche VN-Politik von ressortübergreifenden klaren Prinzipien anstatt von kleinteiligen Einzelerwägungen leiten lassen. Außerdem sollte die nächste Bundesregierung auf eine Stärkung der VN hinarbeiten, um diese für globale Aufgaben fit zu machen. Das bedeutet vor allem, Ländern des globalen Südens und nichtstaatlichen Akteuren effektivere Mitsprachemöglichkeiten einzuräumen und VN-Organisationen durch eine Erhöhung der Kernbeiträge politisch und finanziell aufzuwerten.

Dieser Text ist im Rahmen der Reihe „Impulse zur Bundestagswahl“ erschienen.

Diese Kolumne ist am 16.09.2021 auch auf den Seiten der DFVN erschienen.

Die nächste Bundesregierung und die Vereinten Nationen

Diese Woche hat der Generalsekretär der Vereinten Nationen (VN) Antonio Guterres mit „Our Common Agenda“ einen ambitionierten Plan zur Neupositionierung der VN vorgestellt. Deutlich stärker als bislang sollen die VN drängende globale Probleme angehen sowie für globale öffentliche Güter und einen neuen Gesellschaftsvertrag eintreten, der wesentlich auf der Achtung von Menschenrechten beruht. Die nächste Bundesregierung sollte sich diesen Plan, mit dem die VN nach ihrem 75-jährigen Jubiläum eine neue Phase globaler Gemeinwohlpolitik einleiten können, zum Anlass nehmen, um die deutsche VN-Politik strategischer und kohärenter aufzustellen. Sie sollte in Ideen und Allianzen investieren, um die VN wirksam bei der Bewältigung globaler Herausforderungen nutzen zu können und sie zukunftsfähig zu machen.   

Deutschland ist in einer guten Position, um multilateral durchzustarten. Das Engagement bei den VN wurde in den letzten Jahren umfangreich ausgebaut. 2016 ist die Bundesrepublik zum zweitgrößten Beitragszahler der VN aufgestiegen. Das gilt auch für Entwicklungspolitik und humanitäre Hilfe, die finanziell betrachtet den Schwerpunkt der VN ausmachen. Für einzelne Organisationen wie das VN-Entwicklungsprogramm (UNDP) oder die Weltgesundheitsorganisation (WHO) ist Deutschland sogar wichtigster Geber. Anders als andere Länder, die während der COVID-19 Pandemie Kürzungen vornahmen, hat Deutschland seine Beiträge deutlich angehoben und damit zu einer effektiveren multilateralen Krisenreaktion beigetragen. Die deutschen WHO-Beiträge etwa haben sich während der Pandemie fast verdreifacht. Bei anderen Entwicklungsorganisationen wie dem Kinderhilfswerk (UNICEF) gab es einen Zuwachs an besonders wertvollen Kernmitteln, die nicht an Gebervorgaben gebunden und so von VN-Organisationen flexibel einsetzbar sind.

Aber nicht nur wegen seines finanziellen Engagements wird Deutschland bei den VN geschätzt. Mit der Allianz für den Multilateralismus, einem Zusammenschluss gleichgesinnter Staaten, die für eine regelbasierte internationale Ordnung eintreten, hat die Bundesregierung einen wichtigen Kontrapunkt zum Unilateralismus der USA unter Donald Trump gesetzt. Beobachter*innen heben auch Deutschlands Beteiligung an sieben von derzeit 13 VN-Friedensmissionen hervor und ziehen insgesamt eine positive Bilanz der deutschen Sicherheitsratspräsidentschaft 2019/2020, trotz geopolitisch widriger Umstände. Dazu beigetragen haben deutliche Worte Deutschlands im Sicherheitsrat zu Menschenrechtsverletzungen durch Russland oder China. Dass bald zwei hochrangige Führungspositionen von Deutschen bekleidet werden – Achim Steiner leitet das UNDP, Gerd Müller ab Januar 2022 die VN-Organisation für industrielle Entwicklung (UNIDO) – zeigt, welche Wertschätzung Deutschland bei den VN erfährt. Dazu kommt, dass Deutschland sich zu einem wichtigen VN-Standort entwickelt hat. Allein in Bonn sind nunmehr 25 VN-Einrichtungen angesiedelt, während in Berlin unlängst der WHO Hub for Pandemic and Epidemic Intelligence eingeweiht wurde.

In Summe ergibt sich daraus aktuell ein beachtliches deutsches Engagement für die VN. Gleichzeitig sind die neue Rolle der Bundesrepublik und damit verbundene Handlungsspielräume noch nicht ausreichend im politischen Bewusstsein von Regierung und Gesellschaft angekommen. Der Ausbau des VN-Engagements folgte bisher keinem strategischen Ziel. Vielmehr ist Deutschland nolens volens mit weithin unkoordiniertem Agieren zu einem schwergewichtigen Akteur aufgestiegen. Angesichts zentraler Herausforderungen, die Deutschland (un)mittelbar betreffen – vom sich beschleunigenden Klimawandel zu Rückschritten in der menschlichen Entwicklung und globalen Regelungslücken –, ist es jedoch wichtiger denn je, internationale Politik strategisch zu gestalten. Angesichts wachsender geopolitischer Großmachtrivalitäten bedarf es einer proaktiven deutschen VN-Politik, die im Verbund mit der Europäischen Union und anderen gleichgesinnten Staaten globale Weichenstellungen im Sinne der von Guterres vorgelegten „Common Agenda“ mitprägt.

Die nächste Bundesregierung sollte sicherstellen, dass die für VN-Organisationen und -Prozesse vorgesehenen Beiträge stabil im Bundeshaushalt verankert werden. Vor allem braucht die deutsche VN-Politik eine größere Strategiefähigkeit und mehr Kohärenz über Ministerien und Durchführungsorganisationen hinweg. Bei der Modernisierung des außenpolitischen Apparats nach dem Scheitern der Intervention in Afghanistan etwa muss die Agenda 2030 ein zentraler Referenzpunkt werden. Generell sollte sich deutsche VN-Politik von ressortübergreifenden klaren Prinzipien anstatt von kleinteiligen Einzelerwägungen leiten lassen. Außerdem sollte die nächste Bundesregierung auf eine Stärkung der VN hinarbeiten, um diese für globale Aufgaben fit zu machen. Das bedeutet vor allem, Ländern des globalen Südens und nichtstaatlichen Akteuren effektivere Mitsprachemöglichkeiten einzuräumen und VN-Organisationen durch eine Erhöhung der Kernbeiträge politisch und finanziell aufzuwerten.

Dieser Text ist im Rahmen der Reihe „Impulse zur Bundestagswahl“ erschienen.

Diese Kolumne ist am 16.09.2021 auch auf den Seiten der DFVN erschienen.

Die nächste Bundesregierung und die Vereinten Nationen

Diese Woche hat der Generalsekretär der Vereinten Nationen (VN) Antonio Guterres mit „Our Common Agenda“ einen ambitionierten Plan zur Neupositionierung der VN vorgestellt. Deutlich stärker als bislang sollen die VN drängende globale Probleme angehen sowie für globale öffentliche Güter und einen neuen Gesellschaftsvertrag eintreten, der wesentlich auf der Achtung von Menschenrechten beruht. Die nächste Bundesregierung sollte sich diesen Plan, mit dem die VN nach ihrem 75-jährigen Jubiläum eine neue Phase globaler Gemeinwohlpolitik einleiten können, zum Anlass nehmen, um die deutsche VN-Politik strategischer und kohärenter aufzustellen. Sie sollte in Ideen und Allianzen investieren, um die VN wirksam bei der Bewältigung globaler Herausforderungen nutzen zu können und sie zukunftsfähig zu machen.   

Deutschland ist in einer guten Position, um multilateral durchzustarten. Das Engagement bei den VN wurde in den letzten Jahren umfangreich ausgebaut. 2016 ist die Bundesrepublik zum zweitgrößten Beitragszahler der VN aufgestiegen. Das gilt auch für Entwicklungspolitik und humanitäre Hilfe, die finanziell betrachtet den Schwerpunkt der VN ausmachen. Für einzelne Organisationen wie das VN-Entwicklungsprogramm (UNDP) oder die Weltgesundheitsorganisation (WHO) ist Deutschland sogar wichtigster Geber. Anders als andere Länder, die während der COVID-19 Pandemie Kürzungen vornahmen, hat Deutschland seine Beiträge deutlich angehoben und damit zu einer effektiveren multilateralen Krisenreaktion beigetragen. Die deutschen WHO-Beiträge etwa haben sich während der Pandemie fast verdreifacht. Bei anderen Entwicklungsorganisationen wie dem Kinderhilfswerk (UNICEF) gab es einen Zuwachs an besonders wertvollen Kernmitteln, die nicht an Gebervorgaben gebunden und so von VN-Organisationen flexibel einsetzbar sind.

Aber nicht nur wegen seines finanziellen Engagements wird Deutschland bei den VN geschätzt. Mit der Allianz für den Multilateralismus, einem Zusammenschluss gleichgesinnter Staaten, die für eine regelbasierte internationale Ordnung eintreten, hat die Bundesregierung einen wichtigen Kontrapunkt zum Unilateralismus der USA unter Donald Trump gesetzt. Beobachter*innen heben auch Deutschlands Beteiligung an sieben von derzeit 13 VN-Friedensmissionen hervor und ziehen insgesamt eine positive Bilanz der deutschen Sicherheitsratspräsidentschaft 2019/2020, trotz geopolitisch widriger Umstände. Dazu beigetragen haben deutliche Worte Deutschlands im Sicherheitsrat zu Menschenrechtsverletzungen durch Russland oder China. Dass bald zwei hochrangige Führungspositionen von Deutschen bekleidet werden – Achim Steiner leitet das UNDP, Gerd Müller ab Januar 2022 die VN-Organisation für industrielle Entwicklung (UNIDO) – zeigt, welche Wertschätzung Deutschland bei den VN erfährt. Dazu kommt, dass Deutschland sich zu einem wichtigen VN-Standort entwickelt hat. Allein in Bonn sind nunmehr 25 VN-Einrichtungen angesiedelt, während in Berlin unlängst der WHO Hub for Pandemic and Epidemic Intelligence eingeweiht wurde.

In Summe ergibt sich daraus aktuell ein beachtliches deutsches Engagement für die VN. Gleichzeitig sind die neue Rolle der Bundesrepublik und damit verbundene Handlungsspielräume noch nicht ausreichend im politischen Bewusstsein von Regierung und Gesellschaft angekommen. Der Ausbau des VN-Engagements folgte bisher keinem strategischen Ziel. Vielmehr ist Deutschland nolens volens mit weithin unkoordiniertem Agieren zu einem schwergewichtigen Akteur aufgestiegen. Angesichts zentraler Herausforderungen, die Deutschland (un)mittelbar betreffen – vom sich beschleunigenden Klimawandel zu Rückschritten in der menschlichen Entwicklung und globalen Regelungslücken –, ist es jedoch wichtiger denn je, internationale Politik strategisch zu gestalten. Angesichts wachsender geopolitischer Großmachtrivalitäten bedarf es einer proaktiven deutschen VN-Politik, die im Verbund mit der Europäischen Union und anderen gleichgesinnten Staaten globale Weichenstellungen im Sinne der von Guterres vorgelegten „Common Agenda“ mitprägt.

Die nächste Bundesregierung sollte sicherstellen, dass die für VN-Organisationen und -Prozesse vorgesehenen Beiträge stabil im Bundeshaushalt verankert werden. Vor allem braucht die deutsche VN-Politik eine größere Strategiefähigkeit und mehr Kohärenz über Ministerien und Durchführungsorganisationen hinweg. Bei der Modernisierung des außenpolitischen Apparats nach dem Scheitern der Intervention in Afghanistan etwa muss die Agenda 2030 ein zentraler Referenzpunkt werden. Generell sollte sich deutsche VN-Politik von ressortübergreifenden klaren Prinzipien anstatt von kleinteiligen Einzelerwägungen leiten lassen. Außerdem sollte die nächste Bundesregierung auf eine Stärkung der VN hinarbeiten, um diese für globale Aufgaben fit zu machen. Das bedeutet vor allem, Ländern des globalen Südens und nichtstaatlichen Akteuren effektivere Mitsprachemöglichkeiten einzuräumen und VN-Organisationen durch eine Erhöhung der Kernbeiträge politisch und finanziell aufzuwerten.

Dieser Text ist im Rahmen der Reihe „Impulse zur Bundestagswahl“ erschienen.

Diese Kolumne ist am 16.09.2021 auch auf den Seiten der DFVN erschienen.

Demokratie schützen: Die Relevanz internationaler Demokratieförderung für Amtszeitbeschränkungen

Die Frage, ob und wie sich Demokratie durch internationale Unterstützung fördern und schützen lässt, hat jüngst an Relevanz gewonnen. Zum einen hat der Abzug der NATO-Truppen aus Afghanistan eine öffentliche Debatte über die Grenzen von Demokratieförderung neu entfacht. Zum anderen wächst der Bedarf an internationalem Demokratieschutz angesichts zunehmender Autokratisierungstrends weltweit. Forschungsergebnisse des DIE zeigen: Wirksame Unterstützung von Demokratie ist möglich. Dabei sind sowohl der Schutz von zentralen demokratischen Institutionen wie Amtszeitbeschränkungen von Machthabern als auch die Förderung von demokratischen Kräften, die sich Autokratisierungsversuchen proaktiv widersetzen, zentral.
Seit 2010 zeichnen sich Autokratisierungstrends dadurch aus, dass sie bereits erreichte Demokratisierungserfolge oft schleichend erodieren und Autokratien festigen. Umgehungen und Aufhebungen präsidentieller Amtszeitbeschränkungen durch amtierende Präsidenten gehören zum typischen „Autokratisierungsbaukasten“. Amtszeitverlängerungen schränken demokratische Kontrolle ein und weiten die präsidentielle Macht aus.
Demokratieförderung und -schutz spielen eine relevante Rolle für den Erhalt präsidentieller Amtszeitbeschränkungen und damit für den Schutz von Demokratie. Sie tragen dazu bei, „Überlebenschancen“ von Amtszeitbeschränkungen zu verbessern. Je mehr internationale Demokratieförderung bereitgestellt wird, desto geringer das Risiko, dass Amtszeitbeschränkungen umgangen werden. Eine DIE-Analyse ergab z. B., dass eine moderat hohe Demokratieförderung von durchschnittlich US$ 2,50 pro Kopf über vier Jahre hinweg das Risiko der Umgehung einer präsidentiellen Amtszeitbeschränkung im Schnitt halbiert.
Basierend auf einer quantitativen Analyse und Fallstudien ergeben sich die folgenden Empfehlungen für internationale Demokratieförderer:
• Demokratieförderung und -schutz komplementär einsetzen. Einerseits gilt es, Demokratie stetig zu fördern, da die Organisations- und Oppositionsfähigkeit politischer und zivilgesellschaftlicher Akteure nur langfristig aufgebaut werden können. Anderseits müssen Demokratieschützer in politischen Krisen auch mit Ad-hoc-Maßnahmen und diplomatischen Mitteln kurzfristig reagieren.
• Demokratieförderung ist eine Risikoinvestition, die sich lohnt. Ob es gelingt, Demokratie langfristig zu fördern und vor Autokratisierung zu schützen, hängt vor allem von heimischen Kräften und Institutionen ab. Auch für sie sind politische Krisen ergebnisoffen. Während Untätigkeit Autokraten eher in die Hände spielt, birgt kontextsensibles Engagement immerhin die Möglichkeit, einen Beitrag zum Erhalt von Demokratie zu leisten.
• Demokratieschutz durch regionale Organisationen stärken. Regionalorganisationen wie die ECOWAS oder AU bieten regionalpolitische Strukturen, die helfen können, deeskalierend zu wirken und glaubwürdige Verpflichtungen vonseiten der Amtsinhaber zu gewährleisten. Internationale Geber könnten sich daher in demokratiekritischen Situationen mit Regionalorganisationen wirksam abstimmen.

Demokratie schützen: Die Relevanz internationaler Demokratieförderung für Amtszeitbeschränkungen

Die Frage, ob und wie sich Demokratie durch internationale Unterstützung fördern und schützen lässt, hat jüngst an Relevanz gewonnen. Zum einen hat der Abzug der NATO-Truppen aus Afghanistan eine öffentliche Debatte über die Grenzen von Demokratieförderung neu entfacht. Zum anderen wächst der Bedarf an internationalem Demokratieschutz angesichts zunehmender Autokratisierungstrends weltweit. Forschungsergebnisse des DIE zeigen: Wirksame Unterstützung von Demokratie ist möglich. Dabei sind sowohl der Schutz von zentralen demokratischen Institutionen wie Amtszeitbeschränkungen von Machthabern als auch die Förderung von demokratischen Kräften, die sich Autokratisierungsversuchen proaktiv widersetzen, zentral.
Seit 2010 zeichnen sich Autokratisierungstrends dadurch aus, dass sie bereits erreichte Demokratisierungserfolge oft schleichend erodieren und Autokratien festigen. Umgehungen und Aufhebungen präsidentieller Amtszeitbeschränkungen durch amtierende Präsidenten gehören zum typischen „Autokratisierungsbaukasten“. Amtszeitverlängerungen schränken demokratische Kontrolle ein und weiten die präsidentielle Macht aus.
Demokratieförderung und -schutz spielen eine relevante Rolle für den Erhalt präsidentieller Amtszeitbeschränkungen und damit für den Schutz von Demokratie. Sie tragen dazu bei, „Überlebenschancen“ von Amtszeitbeschränkungen zu verbessern. Je mehr internationale Demokratieförderung bereitgestellt wird, desto geringer das Risiko, dass Amtszeitbeschränkungen umgangen werden. Eine DIE-Analyse ergab z. B., dass eine moderat hohe Demokratieförderung von durchschnittlich US$ 2,50 pro Kopf über vier Jahre hinweg das Risiko der Umgehung einer präsidentiellen Amtszeitbeschränkung im Schnitt halbiert.
Basierend auf einer quantitativen Analyse und Fallstudien ergeben sich die folgenden Empfehlungen für internationale Demokratieförderer:
• Demokratieförderung und -schutz komplementär einsetzen. Einerseits gilt es, Demokratie stetig zu fördern, da die Organisations- und Oppositionsfähigkeit politischer und zivilgesellschaftlicher Akteure nur langfristig aufgebaut werden können. Anderseits müssen Demokratieschützer in politischen Krisen auch mit Ad-hoc-Maßnahmen und diplomatischen Mitteln kurzfristig reagieren.
• Demokratieförderung ist eine Risikoinvestition, die sich lohnt. Ob es gelingt, Demokratie langfristig zu fördern und vor Autokratisierung zu schützen, hängt vor allem von heimischen Kräften und Institutionen ab. Auch für sie sind politische Krisen ergebnisoffen. Während Untätigkeit Autokraten eher in die Hände spielt, birgt kontextsensibles Engagement immerhin die Möglichkeit, einen Beitrag zum Erhalt von Demokratie zu leisten.
• Demokratieschutz durch regionale Organisationen stärken. Regionalorganisationen wie die ECOWAS oder AU bieten regionalpolitische Strukturen, die helfen können, deeskalierend zu wirken und glaubwürdige Verpflichtungen vonseiten der Amtsinhaber zu gewährleisten. Internationale Geber könnten sich daher in demokratiekritischen Situationen mit Regionalorganisationen wirksam abstimmen.

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