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Updated: 1 week 1 day ago

Les IED, outils robustes, menace continue au Sahel

Wed, 27/01/2021 - 17:02

(B2) Avec plusieurs morts dans l’opération Barkhane, coup sur coup entre fin décembre et début janvier, la menace des mines et autres engins explosifs artisanaux apparait en croissance. En fait, il n’en est rien.

Détection d’IED par des militaires de Barkhane (Crédit : EMA – DICOD – Archives B2)

Un chiffre plutôt régulier tous les ans

« Tous les ans, nous découvrons, décelons et empêchons l’explosion d’une grosse vingtaine d’IED posés par les groupes terroristes » indique le colonel Barbry, porte-parole de l’état-major des armées. Ce chiffre est « à peu près stable » d’une année sur l’autre. « Tous les ans, on déplore environ une dizaine d’attaques qui ne font pas tous des victimes. » Il n’y a « pas de recrudescence ni de pause » . Le véritable « pic des attaques a eu lieu en 2015 ». Depuis, il est en fait « en décroissance ».

L’ajout de produits pour doubler l’effet explosif

Ce qui change plutôt est la « valorisation » des engins posés, avec ce qu’on appelle « du « Home made exclusive » (HME). Autrement dit l’ajout de précurseurs chimiques ou autres produits (ex. nitrates…) à l’intérieur de l’engin qui augmentent l’effet de l’explosion. « En fonction de la charge mise, vous obtenez des dégâts proportionnels avec les matériels mis à l’intérieur. » Depuis 2013, on observe « l’ajout de Home made exclusive dans les IED ». Les charges peuvent être importantes : jusqu’à 40 kg. Sans automatiquement d’augmentation des doses d’explosifs.

Une fabrication locale éprouvée

Les systèmes des IED utilisés au Mali sont « basiques et rudimentaires », généralement « à pression ». La fabrication « reste robuste mais relativement simple » à placer. Mais il n’y a pas d’improvisation. Il y a des centres logistiques « locaux », et « nécessairement des artificiers » en mesure de fabriquer les IED sur place.

Un dispositif anti-IED

Les Français disposent d’un parc de 400 brouilleurs, mis en place depuis l’intervention en Afghanistan surtout. « Plus des deux tiers sont déployés notamment au Sahel. » Ces brouilleurs mettent en place une « bulle de sécurité », « particulièrement efficaces sur les RcIED », les engins IED radio-commandés, déclenchés par un téléphone portable par exemple (2). Mais ils peuvent beaucoup moins contre les engins explosifs sans télécommande, notamment contre les PP-IED, déclenchés par la pression (le passage d’un véhicule par exemple). Ce sont ces engins à pression que l’on « retrouve majoritairement » au Mali et au Sahel en général.

Des ouvertures d’itinéraire

Face aux IED plus rudimentaires, c’est la pratique d’une reconnaissance par un détachement d’ouverture d’itinéraire et de protection qui est utilisée avec des véhicules emblématiques Buffalo (1) et Souvim (Système d’OUVerture d’Itinéraires Minés). « Ce système d’ouverture de terrains minés permet de parcourir environ 150 km entre 8 et 10 heures. » Soit une vitesse de progression d’une petite dizaine de km/h au Sahel. Vitesse qui peut paraitre lente. Mais on est ici « sur un terrain abrasif rugueux et compliqué ».

Le renseignement humain vital

Le problème est que des engins peuvent être posés après le passage des véhicules de reconnaissance. Ce qui nécessite pour les armées d’avoir une « certaine organisation » et surtout de recourir au « renseignement humain ». Une « nécessité » dans « la traque pour la sécurité […] afin de remonter les chaines, de localiser les centres de fabrication, les plots logistiques et ceux qui les mettent en œuvre »…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Un véhicule militaire blindé à roues renforcé de type MRAP (résistant aux mines et protégé contre les embuscades), construit par Force Protection, une division de General Dynamics.
  2. Le plus récent des systèmes, le programme ‘Barrage’ dit actif-réactif avec goniométrie, est en cours de déploiement. Il devrait à terme remplacer les autres systèmes. Six ‘Barrage’ sont déjà déployés dans la bande sahélo-saharienne (BSS en terminologie militaire).

Ces réponses ont été données aux différents journalistes présents lors du point presse de la DICOD du 15.1, auquel participait B2 (via audioconférence).

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Categories: Défense

Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse

Mon, 25/01/2021 - 18:39

(B2) Le dernier rapport publié par le MICA center est net : le Golfe de Guinée est une des zones les plus dangereuses au monde. Il a pris le relais dans le hit parade du danger des côtes somaliennes

Exercice anti piraterie à bord de l’aviso Premier Maitre en 2013 (Crédit : DICOD / EMA – Archives B2)

Ce centre d’observation de la piraterie maritime est établi à Brest au sein de la préfecture maritime depuis 2016. Il surveille une bonne partie des mers du Globe : Golfe de Guinée (GOG), Golfe d’Aden et Océan indien (MSCHOA) et les autres mers.

Un vol ou une attaque tous les trois jours

114 évènements ont eu lieu cette année, dans le Golfe de Guinée, selon le rapport annuel publié par le Mica Center début janvier. Ils se décomposent en 21 abordages (bateau piraté), 30 attaques, 18 approches et 45 vols (1). L’objectif des pirates demeure le même : rapines et otages humains qui seront ensuite échangés contre rançon. On reste sensiblement sur les mêmes chiffres qu’en 2019 : 111 évènements (26 piratages et 25 attaques). Ce qui confirme un haut niveau de risque, mais aussi un certain coup d’arrêt à la progression. (pour découvrir le Mica center voir notre reportage)

L’évolution du rayon d’action des pirates

Les pirates, qui concentraient leur action sur le fond du golfe jusqu’en 2019, sont désormais plus audacieux avec « certains raids confirmés sur plus de 400 nautiques et des abordages à plus de 100 nautiques des côtes » selon le rapport (*). Et la zone de chalandise s’étend désormais « du Ghana à la Guinée équatoriale ». Idem pour les actes de brigandage et de vol, pratiqués sur des navires au mouillage. Le risque s’étend désormais de la Guinée Conakry jusqu’à l’Angola. C’est une grande partie de la côte d’Afrique de l’Ouest qui est désormais concernée.

Un nombre de prises d’otages préoccupant

Le nombre d’actes d’enlèvements dans le golfe de Guinée, dont la progression était sensible depuis 2017, reste « préoccupant » insistent les gars du Mica Center. Au total, 142 personnes ont été prises en otages en 2020. Soit un chiffre sensiblement identique à celui de 2019 (146). Les prises d’otages se sont concentrées au printemps et à la fin de l’année. Si les trois premiers mois de 2020 ont été relativement calmes, le printemps a été agité avec un total de 65 otages enlevés entre avril et juillet et une recrudescence en novembre.

Une moyenne de 30 jours de détention

La moyenne du nombre d’otages par acte est de 5,6 avec un maximum de 14, constaté durant le mois de novembre. Les actes de kidnapping constituent 23 % de la totalité des événements. Les otages ne restent pas longtemps aux mains des pirates. L’objectif, pour eux, étant d’obtenir une rançon le plus rapidement possible. La durée moyenne de détention est de 30 jours cette année (hors cas record de 149 jours).

La zone la plus dangereuse

Conclusion : « Malgré les efforts du Nigéria et des pays États riverains, le golfe de Guinée demeure la zone la plus dangereuse du monde et les actes de piraterie s’y étendent désormais du large du Ghana jusqu’au large de la Guinée équatoriale » résume l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la marine française. Et les deux récentes attaques survenues en janvier, dont l’une s’est terminée par un abordage particulièrement violent (MV Mozart) le prouve.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. un certain nombre d’attaques sont mises en échec. Ce qui est mettre au crédit de l’amélioration des procédures d’alerte entre marine marchande et garde-côtes et marine des pays riverains, comme à leur formation. Cela oblige les pirates à reconduire leurs actions à plusieurs reprises avant de parvenir à leurs fins.
Rapport Annuel Mica centerTélécharger Un porte conteneurs turc piraté dans le Golfe de Guinée (v3)

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Categories: Défense

Les camps des Fama à Mondoro et Boulikessi attaqués dans la nuit de samedi

Sun, 24/01/2021 - 22:50

(B2) Deux camps des forces armées maliennes (FAMa), situés tous deux à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso (le poste G5 Sahel de Boulikessi et le camp FAMa de Mondoro), ont été attaqués, dans la nuit du 23 au 24 janvier. Des attaques complexes et simultanées de groupes armés terroristes non identifiés aux environ de 3h30 du matin

Une patrouille du groupement commandos montagne (GCM) à l’extérieur du camp de Boulikessi en novembre (DICOD / EMA – Archives B2)

L’information est venue de l’état-major français des armées comme des forces armées maliennes ce dimanche (24.01).

Les hélicoptères Tigre et deux Mirage en appui

Les FAMa ont « tout de suite pris l’ascendant sur leur adversaire et ont tenu leur position appuyés notamment par leur Tucano », un avion d’attaque léger de type A-29, affirme l’état-major français des armées. Mais cela n’a pas suffit. L’opération Barkhane a alors déclenché une patrouille d’hélicoptères Tigre, « afin d’appuyer les FAMa ». « Moins d’une heure après l’alerte », ils étaient sur place. Les Tigre ont « rapidement » engagé le combat sur une « colonne ennemie à Boulikessi, neutralisant une dizaine de GAT [groupe armés terroristes] à motos ». En parallèle, une patrouille de Mirage 2000 a survolé les deux emprises. Ce n’est qu’au petit matin, que l’ennemi s’est « débandé » selon les termes même des militaires.

Une trentaine d’assaillants tués

Au total, à Boulikessi, ce sont « plusieurs dizaines de GAT qui ont été neutralisés ». Une trentaine exactement, précise les FAMa. 2 pick-ups et 5 motos ‘ennemis’ ont également été détruits et 40 autres motos ont été saisies. À Mondoro, le bilan reste « à consolider ». Un chiffre est connu : la saisie de sept motos.

Plusieurs blessés dans les combats

Du côté des FAMa, le bilan est rude : 4 morts et 12 blessés à Boulikessi, 2 morts et 6 blessés à Mondoro. Un véhicule et une mitrailleuse détruits. Une évacuation médicale a été déclenchée de façon combinée par l’opération Barkhane et la Minusma. Parmi les blessés de Boulekessi, la Force Barkhane a pris en charge deux blessés. Les autres ont été pris en compte par la MINUSMa ou par les FAMa. Stabilisés à l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) de Gossi, ils ont été amenés à l’hôpital militaire de Gao en milieu de journée.

(NGV)

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Categories: Défense

Un porte conteneurs turc piraté dans le Golfe de Guinée (v3)

Sun, 24/01/2021 - 22:10

(B2) Le Mozart, un navire turc, a été pris d’abordage samedi (23.01) matin par des pirates au large de Sao Tomé e Principe. Assaut particulièrement violent. Les autorités d’Ankara sont en émoi

Le Mozart et une partie de son équipage (crédit : Boden)

Le porte-conteneurs battant pavillon libérien avait quitté Lagos et se trouvait alors à 100 miles au Nord-Ouest de Sao Tome e Principe en pleine mer, en direction du Cap, en Afrique du Sud. Selon les sources maritimes consultées par B2, il se trouvait alors à 1°04’13 » Nord et 5°14’17 » Est. Anciennement dénommé Pointe des Salines quand il appartenait à la CMA CGM, il est géré par la compagnie turque Boden Denizcilik AŞ, une filiale de Borealis Maritime, société établie à Hamburg, Londres et Istanbul.

Les deux dernières attaques recensées ont eu lieu à hauteur de Sao Tomé e Principe

Un mort, 15 otages

Après avoir stoppé le navire, les pirates — au nombre de quatre apparemment — ont pris d’assaut le navire. Les marins n’ont pas eu le temps de tous se réfugier dans la citadelle, ou du moins celle-ci a été forcée. Le détail n’est pas vraiment connu. Mais les pirates n’ont pas hésité. Ils sont repartis en prenant 15 membres de l’équipage en otage, de façon violente, en les battant. Un des marins, de nationalité azerbaïdjanaise, l’ingénieur en second du bord, a été tué dans l’attaque. Avant de partir, ils ont détruit une bonne partie des instruments de bord (sauf le système de navigation automatique). Le centre de surveillance maritime de Brest pour le Golfe de Guinée (MDAT-GoG) a été averti. Mais aucun moyen militaire n’était disponible à proximité pour venir en aide aux marins, selon nos informations.

Trois rescapés pour mener le navire à l’abri

Seuls trois marins ont pu en réchapper. Le quatrième capitaine du navire, Furkan Yaren, a été blessé à la jambe. Un autre a été blessé à l’estomac. À trois, ils ont réussi à conduire le porte-conteneurs au plus près jusqu’à Port-Gentil au Gabon. Furkan Yaren le raconte d’ailleurs sur un média twitter d’un ami. « Je ne sais pas où je vais. Les pirates ont démonté tous les câbles, rien ne fonctionne. Nous avons survécu, ils ont kidnappé nos amis en les battant. Seul le système de navigation fonctionne. Ils m’ont donné un itinéraire, j’avance en conséquence. Nous essayons d’amener le navire dans un endroit sûr. »

Gine Körfezi'nde korsanların saldırısına uğrayan Türk gemisinin 4. kaptanı Furkan Yaren, baskın anlarını ve yaşadıklarını anlattı. Bacağından yaralandığını aktaran Yaren, gemiyi güvenli bir limana götürmeye çalıştığını söyledi.
SoNDakika . Com pic.twitter.com/8RGQNHOQl7

— FanZin (@minimedya) January 23, 2021

Arrivée à Port-Gentil

Le navire est arrivé dimanche à 8h (GMT), a confirmé le ministre turc des Transports et des Infrastructures, Adel Karah Ismailoglu. La Turquie « a mobilisé toutes ses ambassades à l’ouest du continent africain afin de secourir l’équipage du navire attaqué » indique le ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşolu, selon l’agence Anadolu. L’ambassadrice turque à Libreville, Nilüfer Erdem, n’a pas ménagé sa peine, accueillant les marins à leur arrivée au port.

L’ambassadrice turque sur le MV Mozart à son arrivée avec un des marins rescapés (le 4e capitaine) (crédit : amb. de Turquie Libreville)

Une autre attaque à la mi-janvier

Ce n’est pas vraiment une surprise (*) ni une première. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, selon des sources maritimes, des pirates à bord d’une petite embarcation ont approché un porte-conteneurs, avec tirs à l’appui. Le Maersk Cardiff, battant pavillon de Singapour mais opéré par le Danois Maersk, était en route de Tema au Ghana vers le Cameroun. Il se trouvait alors à environ 120 miles au Sud-Sud Ouest de Brass (Nigéria) à 2°23’58 » Nord et 5°31″ Est. L’alarme a été déclenchée et tout l’équipage a été rassemblé dans la citadelle. Les pirates ont abandonné l’attaque. Le navire et l’équipage se sont déclarés sains et saufs et ont pu poursuivre leur route.

Un projet pilote européen

Le Golfe de Guinée devrait d’ailleurs devenir la première zone maritime d’intérêt européen. Les ministres des Affaires étrangères doivent le décider ce lundi (25.01) (lire Golfe de Guinée zone maritime d’intérêt européen. Premier projet pilote des présences maritimes coordonnées) .

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : sur les aspects généraux sur les risques dans le Golfe de Guinée font l’objet d’un article séparé, lire : Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse

(*) L’attaque de ce week-end s’inscrit dans ce mouvement continu et n’est donc pas totalement atypique contrairement à ce qu’affirment quelques commentaires d’analystes.

(mis à jour) Les aspects statistiques sur le Golfe de Guinée ont été mis dans un papier séparé. Précisions sur la disponibilité des secours et sur l’accueil à Libreville.

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Categories: Défense

Joe Biden intronisé sur un air de Lady Gaga chantant l’hymne national

Wed, 20/01/2021 - 23:31

(B2) C’est sans doute un des moments clés, émouvants, de l’investiture du nouveau président américain, le Démocrate Joe Biden, et de sa vice-présidente Kamela Harris, ce mercredi (20.1)

Lady Gaga devant Joe Biden (images : CNN – sélection B2)

Quand Lady Gaga arrive en haut des escaliers, les descend, prend place, le parterre des personnalités, et le Capitole, et entonne l’hymne américain ‘The Star-Spangled Banner‘ (La Bannière étoilée), accompagné par l’orchestre des Marines, le temps suspend son vol.

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[Enjeux 2021] L’Europe, une responsabilité croissante après ‘l’attentat’ du Capitole

Tue, 19/01/2021 - 10:30

(B2) L’année 2021 n’avait même pas démarré que venait de Washington une nouvelle incroyable, l’invasion du Capitole, le saint des saints de la démocratie américaine, par une bande incontrôlée et violente. Cet évènement peut changer la donne ou, au moins, couronner une évolution déjà engagée

Le coup de froid sur l’Amérique oblige à réflexion (crédit : marine portugaise)

Encalminée par l’épidémie de Covid-19, une bonne partie du monde, et l’Europe en particulier, est comme atrophiée par ce coronavirus qu’elle peine à combattre. Alors que d’autres enjeux courent

Trois leçons de l’attentat du Capitole

Une attaque terroriste

L’attaque contre le Capitole le 6 janvier ne peut être ramenée à une farandole rocambolesque. C’est un évènement majeur à plus d’un titre. Les réactions à chaud en sont un témoignage (lire : Entre consternation et condamnation, les Européens atterrés par ‘l’insurrection’ au Capitole à Washington). Le moment choisi n’est pas anodin : en pleine certification des votes de Joe Biden, ce n’est pas juste une manifestation qui dégénère, mais une volonté délibérée de rompre le processus démocratique. Le mode d’action (plus organisé qu’il en a l’air, et très militaire) peut être assimilé plutôt qu’à un coup d’état, à un acte terroriste visant le siège du pouvoir. Nous sommes face à un évènement similaire à celui du 11 septembre 2001.

La menace d’extrême droite devient principale

Cet évènement clôt, en quelque sorte, la séquence ouverte en septembre 2001, après l’attentat contre les deux tours jumelles à New York et le Pentagone. Non pas que le terrorisme islamiste est éradiqué. Mais parce qu’une menace, tout aussi grande, pèse désormais sur les démocraties. De façon évidente. Une menace de mouvements extrême, de la droite nationale, rassemblant suprémacistes blancs et néonazis. Ce mouvement a toujours été surveillé de près par les renseignements, mais sous-estimé au plan politique. Cependant, il a déjà frappé fort ces dernières années en Norvège, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande (1). Et il ne peut être mis à égalité (comme certains observateurs le font) avec l’extrémisme de gauche (qui n’a plus des velléités terroristes ou de coup d’état comme dans les années 1960-1970). Cet extrémisme est complexe car il a des racines profondes au cœur des sociétés occidentales, est empreint de théories du complot voire du négationniste, et n’hésite pas à passer à l’acte contre les communautés juives, musulmanes, étrangères et aussi contre les partis démocratiques (Norvège, USA). Purement endogène, il implique une réaction plus subtile qu’une intervention militaire ou la simple traque de criminels.

La solidité démocratique et militaire américaine atteinte

Outre les conséquences internes, cet acte a des conséquences externes. Les USA, gardiens du temple de la démocratie, sont atteints doublement, dans leur âme et leur honneur, dans leur dissuasion et leur force. Quelle valeur aura demain leur admonestation contre des régimes autoritaires ? Difficile de faire la leçon à la Biélorussie ou l’Iran par exemple… Les USA sont-ils si forts aujourd’hui, alors qu’ils sont incapables de défendre leurs propres institutions contre une horde, qui n’était pas puissamment armée ?  Ces questions peuvent trouver une réponse. Le simple évènement du Capitole est une faille sérieuse.

Un rééquilibrage mondial

Cet évènement sonne aussi la fermeture d’une autre séquence, celle de la toute puissance américaine.

Le multipolaire revient à la charge

La résurgence russe, l’émergence chinoise, suivie de celle de l’Inde, conduit à un rééquilibrage mondial. Moscou, Pékin, et dans une moindre mesure New Delhi ont aujourd’hui les moyens d’une diplomatie mondiale, tout autant que Washington. La question des vaccins contre le Covid-19 sera un test grandeur nature. Un pays a aujourd’hui vraiment le choix de se trouver des alliés si on le menace. La balance faite en Turquie entre OTAN et Russie le prouve. Cela réduit sensiblement le pouvoir extra-territorial américain qu’il s’agisse de la puissance dure (les armées), mi-dure (les sanctions ou les investissements) ou douce (commerce, culture, santé…). On est ainsi à l’aube d’un réel multipolarisme qui n’avait pu éclore réellement à la chute de l’URSS. Ce n’est pas l’évènement du Capitole qui déclenche le mouvement. Il le couronne, un peu comme la glace qui se brise, et révèle l’eau bouillante au-dessous.

Un rééquilibrage de fait entre USA et Europe ?

Dans cette nouvelle configuration, on pourrait assister aussi à une sorte de rééquilibrage naturel entre USA et Europe, que ce soit dans l’exemplarité démocratique ou au sein de l’Alliance Atlantique. L’évènement du Capitole interroge. Et si les USA faisaient défaut ? Et si les Européens ne pouvaient plus compter à 100% sur les USA ? La question revenait de temps à autre durant le mandat de Donald Trump. On pensait la page tournée. L’attaque du Capitole est une preuve que ce ne sont pas juste des questions conjoncturelles, mais une vraie évolution stratégique qui peut (ou doit) se produire.

Pour l’Europe, des responsabilités écrasantes

L’Europe n’a pas, là, quelques cartes à jouer. Elle a de vraies responsabilités. À elle de démontrer que son modèle démocratique, d’équilibre dans la société, de diplomatie mondiale, de maintien de la paix est le plus durable (cf. encadré). À elle de démontrer qu’on peut avoir une voix modérée, sans être faible, sans s’effacer. À elle de négocier fermement, mais sans outrances dans un monde qui, sous le poids de la crise du Covid-19, évolue sous deux tendances contradictoires : repli sur soi et interdépendance plus forte. À elle de surmonter le traumatisme de la perte d’un d’un pays-clés, le Royaume-Uni. À elle de s’intéresser enfin aux affaires mondiales, d’intervenir, sans s’ingérer.

Une quinzaine de zones de crises à suivre de près

Au plan géopolitique, plusieurs processus engagés interrogent car ils sont lourds de conséquences pour les Européens :

  1. La stabilisation de la Libye avec un cessez-le-feu qui devra être consolidé.
  2. Les relations avec la Turquie qui connaissent des hauts et des bas, avec une attitude pour le moins divergente d’Ankara des intérêts européens ces derniers mois (Syrie, Libye, Haut Karabagh, Méditerranée orientale, équipements militaires).
  3. Le conflit au Sahel, avec l’hypothèque qui pèse sur l’efficacité de l’opération française Barkhane, l’engagement des Européens et la transition gouvernementale au Mali (comme au Niger ou au Burkina Faso).
  4. La reprise ou l’abandon de l’accord sur le nucléaire iranien, avec la possible réintégration des USA dans l’accord ou la course en avant nucléaire.
  5. L’aboutissement (ou non) du processus de paix en Afghanistan et le retrait concomitant des pays de l’OTAN du pays, 20 ans après l’intervention de 2001.
  6. La reprise en main de sa propre sécurité par le gouvernement somalien et la diminution des forces sur place (Union africaine, USA, etc.).
  7. La suite du Brexit, avec un Royaume-Uni tenté par la compétition avec l’Europe, mais menacé d’un schisme interne rampant (séparatisme écossais, unitarisme irlandais…).
  8. Le sort des différents traités de désarmement qui sont en voie soit d’abandon (FNI, Ciel Ouvert), soit d’extinction (New Start) (Lire : Du TNP au TIAN, les traités pour le désarmement nucléaire sous la loupe).

Sans oublier

  1. Le conflit en Syrie qui ‘fête’ ses dix ans, avec un Bachar el-Assad toujours en place.
  2. La menace de l’État islamique qui n’a pas été complètement éradiquée au Moyen-Orient, notamment entre Irak et Syrie.
  3. La guerre dans l’Est de l’Ukraine et le processus en format Normandie initié par Français et Allemands qui patine.
  4. La stabilisation au Haut Karabagh conduite par les Russes.
  5. La situation au Moyen-Orient, avec les élections en Palestine en mai et juillet, le rétablissement des relations entre Israël et plusieurs pays arabes ou musulmans (Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc, Soudan) et une (hypothétique) reprise du processus de paix avec Israël.
  6. Le conflit en Éthiopie entre le gouvernement central et sa province Tigray, qui reste pour l’instant limité au plan national mais pourrait déstabiliser une région entière.
  7. La poussée islamiste et terroriste au Mozambique, nouvelle zone de crise.
  8. La situation aux USA, devenus aujourd’hui un foyer ‘potentiel’ d’instabilité.

Rester vigilant face à la crise non prévue

Ceci est ce qui est prévisible. Reste la surprise toujours possible. Les dernières années n’ont pas été avares de ces retournements de situation, de ces conflits qui éclatent ou qui se terminent. Il faut donc garder la porte ouverte à toutes les éventualités et être vigilant. La capacité de réaction aux crises ou aux évènements est un atout essentiel si l’Europe veut rester un acteur majeur. L’Europe est en fait à l’heure des choix : réagir et exister, ou se laisser enfoncer par les crises successives et s’effacer progressivement, lentement mais sûrement, dans ce qui ressemble davantage à une ‘lutte de Sumo’ qu’à une nouvelle guerre froide.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Une réflexion sur l’autonomie stratégique

Au-delà des mots, l’Union européenne a entamer une réflexion sur son autonomie stratégique et a commencé à se doter d’instruments. L’établissement d’un dispositif de contrôle des investissements étrangers, comme la discussion autour de la régulation d’internet ou sur la boussole stratégique qui débutent, en témoignent. La mise en place du fonds européen de défense et de la facilité européenne de paix seront particulièrement à suivre cette année aussi.

  1. La liste est longue pour n’en citer que quelques uns : à Oslo et Utøya (Norvège) contre le parti travailliste norvégien et le gouvernement en juillet 2011 (77 morts, 151 blessés) ; à Münich (Allemagne) en juillet 2016 (10 morts, 36 blessés) ; à Finsbury Park (Royaume Uni) contre une mosquée en juin 2017 (1 mort, 10 blessés) ; à Pittsburgh (USA), contre une synagogue en octobre 2018 (11 morts, 1 blessé) ; à Christchurch (Nouvelle-Zélande) contre des mosquées en mars 2019 (51 morts, 49 blessés) ; à Halle-sur-Saale (Allemagne) en octobre 2019 pour la Yom Kippour (2 morts, 2 blessés) ; à Hesse (Allemagne) contre des bars à chichas en février 2020 (11 morts, 6 blessés), etc.

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La Russie agacée par l’opération Irini et le fait savoir

Sun, 17/01/2021 - 22:12

(B2) L’approche amicale faite par une frégate grecque sur un navire marchand russe provoque la montée dans les tours de Moscou. Le ministère russe des Affaires étrangères parle d’incident et demande des clarifications

Une approche amicale…

Quand les marins de la frégate grecque Adrias (F-459 Adrias) s’approchent de l’Adler, un porte conteneur battant pavillon russe, début janvier, ils ne supposent pas que cela va devenir une question politique. Pour les gars de l’opération Irini, c’est un peu la routine. Une approche amicale. La 63e du genre. Une visite à bord, où les marins échangent des informations. « C’est utile pour les deux » dit-on au QG d’Irini. « Dans un laps de temps très court, l’officier en sait plus sur les trafiquants en Méditerranée et le capitaine du navire voit ceux qui patrouillent sur sa route. »

… montée en ‘incident’ à Moscou

Mais à Moscou, on ne l’entend pas de cette oreille. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova tonne : « La Russie exige des explications de la Grèce pour le contrôle du navire battant pavillon russe en Méditerranée ». Nous devons « clarifier les circonstances de l’incident, dans lequel beaucoup de choses nous restent incompréhensibles » indique-t-elle dans un communiqué. En particulier, cela « nécessite des éclaircissements sur les normes juridiques internationales et les informations spécifiques [qui ont permis] d’inspecter un navire russe, ainsi de savoir si les procédures internationales d’inspection des navires en haute mer ont été suivies. »

Une mention d’une inspection…

Et d’ajouter : « Inspecter les navires en haute mer au large des côtes libyennes n’est possible que s’il existe des motifs raisonnables de croire qu’ils transportent des armes ou du matériel connexe. Et cela nécessite de bonne foi le consentement préalable de l’État du pavillon ».

…démentie par l’opération Irini

En fait, il n’y a pas d’inspection, comme nous l’a confirmé un porte-parole de l’opération. Mais seulement une visite amicale. C’est-à-dire une visite effectuée avec l’accord préalable du capitaine, sans interpellation ni fouille du navire. Les moyens employés, via hélicoptère, peuvent apparaitre assez audacieux. C’est tout simplement un moyen de commodité.

Commentaire : après la Turquie qui avait de façon plus outrancière protesté contre l’action de l’opération Irini, voici maintenant la Russie qui entre dans la danse, de façon plus subtile certes, mais en mélangeant certaines informations. Il semble bien que l’opération européenne gêne les pourvoyeurs en armes des deux camps. Les frères ennemis turco-russes étant opposés en Libye, la première soutenant le gouvernement d’entente nationale de Tripoli, la seconde les hommes de Haftar basés à Benghazi.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Deux avions français en vol pour Irini début janvier

Sat, 16/01/2021 - 12:40

(B2) Deux avions français sont venus prêter concours à l’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes en Libye.

Un avion français de type Awacs (surveillance et reconnaissance tout azimut) ainsi qu’un avion de surveillance maritime Falcon 50 sont ainsi intervenus « en soutien direct » les 6 et 7 janvier dernier, a indiqué le colonel Barbry, porte-parole des armées, lors du point presse vendredi dernier (15.01) auquel participait B2.

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Retour sur l’arraisonnement du Roseline A. La mauvaise foi turque prise en défaut

Fri, 15/01/2021 - 14:30

(B2) Nous disposons de détails supplémentaires sur le ‘timing’ de l’arraisonnement d’un porte-conteneurs turc par une frégate allemande dans le cadre de l’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes (EUNAVFOR Med Irini). C’était le 22 novembre dernier, au large de la Libye

L’équipe de visite du Hamburg sur le Roseline A (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Dans une missive adressée au ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, le 5 janvier, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, a mis les points sur les ‘i’ après l’inspection avortée (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires). Il vient répondre ainsi à une lettre d’Ankara envoyée en décembre, se plaignant de l’attitude européenne au Conseil de sécurité des Nations unies.

Pour être officiels, les mots choisis par l’Européen n’en sont pas moins emplis d’une certaine ironie, notamment sur le retard à l’allumage de la Turquie dans cette affaire, sa mauvaise foi qui semble patente dans la façon de monter en épingle le sujet ou sa volonté de respecter l’embargo international sur les armes.

Quatre points sont ainsi éclaircis.

1° La coutume des quatre heures largement respectée

Le commandement de l’opération Irini a cherché à obtenir le consentement de l’État du pavillon et donné au ministère turc des Affaires étrangères un « préavis de quatre heures, prolongé d’une heure, pour laisser aux autorités le temps de répondre à la demande de consentement ». Un délai, « conforme à la pratique internationale établie dans le domaine maritime ». L’État du pavillon n’a pas « officiellement opposé de refus ». L’équipe d’arraisonnement de l’opération IRINI (l’équipe de visite de la frégate allemande Hamburg) a entrepris d’inspecter le navire.

13 heures pour réagir !

« Ce n’est qu’à 21 h 23. Soit plus de 13 heures après l’envoi de la demande officielle de consentement à l’État du pavillon et 6 heures après le début de l’inspection », que le ministère turc a fait savoir qu’il n’accordait pas sa permission.

3° Le respect des procédures OTAN

L’équipe d’arraisonnement a agi avec le « plus grand professionnalisme », dans « le plein respect des procédures et des normes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord » (NB : une manière de renvoyer la ‘balle’ à la Turquie et de l’interroger sur son appartenance à l’Alliance atlantique). Il est « inexact » d’affirmer qu’elle a fait « un usage excessif de la force contre des membres de l’équipage ». Sur l’étendue de la fouille, c’est au commandant de l’opération de décider, « en fonction de divers éléments, parmi lesquels les documents présentés par le capitaine du navire, de l’étendue de la fouille nécessaire pour évaluer la légalité d’une cargaison ».

4° L’impartialité attestée par deux éléments

L’opération Irini reste « impartiale ». Elle surveille les violations de l’embargo « commises par les deux parties au conflit libyen ». En témoignent, d’une part, « les rapports présentés au Groupe d’experts des Nations Unies sur la Libye » ; d’autre part, les « registres des inspections menées et des violations décelées ». NB : chaque inspection ou même visite amicale étant consignée, minute par minute, à la fois par le chef de la force et le capitaine menant l’inspection.

À la Turquie de coopérer si elle le veut

Le chef de la diplomatie européenne termine sa lettre en faisant une invitation à Ankara. « L’Union européenne se tient prête à coopérer avec la Turquie », sur le respect des résolutions du Conseil de sécurité, que ce soit pour « l’embargo sur les armes à destination de la Libye » ou « la sécurité en Méditerranée centrale ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

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Détroit d’Ormuz. Un Danois prend le commandement d’Agenor

Fri, 15/01/2021 - 06:01

(B2) Le Commodore danois Carsten Fjord Larsen a pris le relais du contre-amiral français Christophe Cluzel à la tête de la mission européenne de surveillance dans le détroit d’Ormuz, alias EMASOH ou Agenor

(Crédit : EMA / DICOD)

L’officier amiral danois a pris, pour six mois, la direction militaire de la mission européenne EMASOH (European Maritime Awareness in The Strait of Hormuz). Avec un moyen opérationnel : la frégate anti-aérienne française Jean Bart.

Aucun incident majeur

« Aucun incident majeur n’est survenu dans la zone d’opérations conjointes depuis août dernier. Et j’aime à penser que les patrouilles désescaladantes et rassurantes des moyens aériens et de surface de l’EMASOH font partie de ce succès » affirme le contre-amiral Christophe Cluzel tirant le bilan de ses six mois de commandement. Mais il faut rester « très vigilants. Car la situation reste instable et les semaines ou mois à venir assez sensibles ».

Une tâche essentielle pour maintenir la sécurité

« Il est essentiel que nous puissions continuer à maintenir la sécurité dans le détroit d’Ormuz, qui est également utilisé quotidiennement par les navires danois » souligne la ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen, en accueillant de retour du Golfe, la frégate Iver Huitfeldt, après quatre mois de déploiement. Déployée depuis août, la frégate aura parcouru près de 25.000 milles marins et 16 passages du détroit d’Ormuz. Outre la frégate et son équipage, le détachement danois comprenait des éléments de police militaire, des forces spéciales maritimes et un hélicoptère Seahawk de l’armée de l’air.

Huit États au QG

NB : L’opération EMASOH ou Agenor a été mise en place sur initiative française afin de veiller à la sécurité des différentes voies de navigation de la région (Golfe, détroit d’Ormuz et golfe d’Oman). Le quartier général est situé sur la base navale française d’Abu Dhabi. Huit pays y sont présents (Belgique, Danemark France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal).

(NGV)

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Frappe aérienne à Bounti. Aucun dégât collatéral affirment Maliens et Français

Fri, 08/01/2021 - 01:02

(B2) Les armées française comme malienne démentent toute bavure à Bounti, le 3 janvier. Elles n’ont pas frappé des témoins d’un mariage, mais un groupe terroriste, non loin de là

Le camp de Bounti est situé non loin de la RN16 et Hombori, lieu de nombreux IED (fonds: OpensStreetMap)

Selon l’organisation de la jeunesse peul, Tabital Pulakuu, des frappes auraient touché un mariage célébré dimanche (3 janvier) dans le village de Bounti, comme le relate RFI avec mille précautions. Une vingtaine de victimes seraient recensées. Mais la confusion règne sur le bilan comme sur le mode d’action et l’auteur de l’attaque.

Le ministère français des Armées a publié un communiqué ce jeudi (7.1), en fin de soirée (juste avant 23h) précisant les circonstances de la frappe, confirmant pour partie des éléments déjà donnés par les FAMA la veille (6.1).

L’opération ‘Eclipse’

Une opération conjointe FAMA-Barkhane

L’opération conjointe réunit FAMA, force conjointe G5 Sahel et Barkhane dénommée « Eclipse » selon les Maliens. Elle a pour cadre une zone du centre Mali, caractérisée par la présence et l’action de groupes armés terroristes (GAT), notamment « des éléments de la katiba SERMA » dans la région de Douentza, « un kilomètre au nord du village de Bounti ».

Un centre d’entrainement et de confection d’IED

Le groupe dispose d’emprises logistiques. Ce que les Maliens appellent des Merkaz : des centres d’entrainement ou ateliers de confection d’engins explosifs improvisés (IED) ; ces IED que les groupes viennent poser sur la RN16 tout près entre Douentza et Hombori et qui frappent notamment les militaires français ou maliens. Trois Français ont été tués juste après Noël (lire : Trois militaires de Barkhane décèdent dans un IED).

Une opération en sept étapes

Pour les militaires, l’opération menée dimanche (3 janvier) dans l’après-midi, est assez classique.

1° Elle s’appuie sur « une manœuvre renseignement s’étalant sur plusieurs jours ».

2° Dans cette zone, plus d’une heure avant la frappe, un drone REAPER « détecte une moto avec deux individus au nord de la RN16 ». Le véhicule a ensuite « rejoint un groupe d’une quarantaine d’hommes adultes dans une zone isolée ». Les Maliens donnent un chiffre légèrement plus élevé. Ils parlent d’une « cinquantaine d’individus » qui commencent à se rassembler vers 11h. Vers 13h, ces éléments de la katiba Serma, « vêtus de la même façon », forment « trois groupes ».

3° L’ensemble des éléments renseignement et temps réel permettent alors de « caractériser et d’identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT ». « Compte tenu du comportement des individus, des matériels identifiés ainsi que du recoupement des renseignements collectés », une frappe (aérienne) est alors décidée.

4° L’observation de la zone « pendant plus d’une heure et demie » a également permis « d’exclure la présence de femmes ou d’enfants ».

5° Une patrouille d’avions de chasse (NB : Mirage 2000) – déjà « en vol » reçoit alors l’ordre « de procéder à une frappe ciblée à 15h00 locale ». La frappe se fait par « trois bombes » et est « localisée en 30 PWB 4436 83140, à « plus d’un kilomètre au nord des premières habitations de Bounti ». Il s’agit d’un « espace ouvert et semi-boisé ».

6° Au bilan, « une trentaine » de ‘terroristes’ sont « neutralisés ».

7° Vers 17h (locales), un groupe de villageois et d’hommes armés en véhicule pickup et motos arrivent sur le site et procèdent à l’inhumation des morts, selon les FAMA. « Les blessés sont récupérés par les pickup et motos, avant de partir dans des directions différentes. » Les rescapés occupent les hauteurs avec jumelles et postes talkies-walkies.

Une opération conforme aux règles des conflits armés

L’opération « a été conduite conformément aux principes de ciblage en vigueur, dans la stricte application du droit des conflits armés », précisent les Français.

Pas d’hélicoptère engagés

La frappe a aérienne était « unique ». « Aucun hélicoptère n’a été engagé au cours de cette action de combat », contrairement aux allégations. Les éléments « disponibles, qu’il s’agisse de l’analyse de la zone avant et après la frappe, comme de la robustesse du processus de ciblage, permettent d’exclure la possibilité d’un dommage collatéral ».

Aucun dommage collatéral

Les « allégations consécutives à la frappe » sur un mariage relèvent « de la désinformation » conclut l’état-major français des armées. « Aucun dommage collatéral, aucun élément constitutif d’un rassemblement festif ou d’un mariage n’a été observé. » Aucune femme ni enfant n’étaient présents ni visés.

Commentaire : ces éléments précis lèvent le doute sur la nature et le bilan de la frappe aérienne. En revanche, ils n’aident en rien à éclaircir ce qui est arrivé sur le mariage de Bounti. La présence d’un hélicoptère (solitaire) prête à interrogation également. Ces engins volant généralement par paire. Une enquête de la MINUSMA est diligentée.

(NGV)

Plusieurs blessés grièvement blessés soignés par MSF

De son côté, Médecins sans frontières confirme avoir soigné, en début de semaine, plusieurs patients grièvement blessés des villages de Bounti et Kikara, à son centre de santé de référence de Douentza. Les patients, « pour la plupart des hommes âgés, ont été blessés par des explosions, des éclats de métal et des blessures par balle ». L’ONG qui n’était pas présente dans la zone au moment des événements, n’est « pas en mesure de confirmer les circonstances exactes de ces incidents, autour desquels il y a encore beaucoup de confusion ».

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Entre consternation et condamnation, les Européens atterrés par ‘l’insurrection’ au Capitole à Washington (v4)

Wed, 06/01/2021 - 23:59

(B2) L’irruption de manifestants au sein du Capitole, au moment du vote de confirmation de l’élection de Joe Biden par le Sénat à la présidence américaine, atterre les dirigeants européens

(crédit : BBC)

De toute l’Europe, les réactions sont arrivées rapidement, d’autant plus dures qu’elles provenaient de personnes plutôt atlantistes. Les propos de l’ancien commandant en chef de l’OTAN (SACEUR), l’amiral US James Stavridis, comme du secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg sont particulièrement intéressants. Car ils reflètent assez bien la stupeur dans les milieux diplomatico-militaires.

Quelques dirigeants (Allemagne, Pays-Bas, Suède…) ont nommément mis en cause le président actuel Donald Trump, l’appelant à prendre des mesures. D’autres (Autriche, Royaume-Uni, Tchéquie,…) l’ont fait de façon implicite exigeant un transfert de pouvoir dans l’ordre). Certains (Belgique, Luxembourg) ont préféré afficher un soutien sans ambiguité à Joe Biden.

Les dirigeants européens les plus ardents supporters de Trump tels le Bulgare Boyko Borissov, le Hongrois Viktor Orban ou le Polonais Mateusz Morawiecki se sont abstenus de réagir, comme embarrassés. À noter une fausse note à Varsovie. Où le président polonais a réagi de façon très ambigüe, à rebours du ton général, sur le mode non interventionniste, comme faisant référence aux critiques européennes sur l’État de droit. En revanche, le Slovène Janez Jansa (qui a aussi affiché sa sympathie avec Donald Trump) s’est dit troublé par les violences.

Dans ce concert, la réaction des institutions européennes apparait plutôt faiblarde. Les propos de Ursula von der Leyen notamment sont d’une platitude désarmante face à des actes qualifiés « d’insurrection » ou de « sédition » (selon les propos du président élu Joe Biden) voire même de tentative de coup (d’état) par des élus démocrates comme certains républicains. Ceux de Charles Michel (Conseil européen) sont un peu plus évidents. Les mots de Josep Borrell ou de David Sassoli sont finalement les plus clairs et plus adaptés à la situation.

NB : A l’heure de boucler cet article aucune réaction n’était venue du couple franco-allemand. Emmanuel Macron (France) a réagi tard dans la nuit par un message vidéo. Angela Merkel (Allemagne) a réagi plus tard de manière similaire dans la matinée.

Une démocratie américaine assiégée

« Scènes choquantes à Washington D.C. Le résultat de cette élection démocratique doit être respecté. » Jens Stoltenberg (secrétaire général de l’OTAN)

« Je n’ai jamais pensé, au cours d’une longue vie passée opérationnellement dans des zones de conflit, à voir des scènes comme celle-ci à [Washington] DC aux États-Unis. Nos adversaires seront stupéfaits de leur chance de voir cette insurrection – la Russie et la Chine réfléchiront activement à la manière de la prolonger. […] Il faudra des décennies avant que les responsables américains ne parlent aux responsables étrangers de l’importance d’un transfert pacifique du pouvoir d’élections libres et équitables sans que les horreurs du 6 janvier ne leur soient renvoyées au visage. » James Stavridis, amiral (retraité), ancien commandant suprême allié de l’OTAN de 2009 à 2013.

« Aux yeux du monde, la démocratie américaine apparaît ce soir assiégée. Il s’agit d’une attaque invisible contre la démocratie américaine, ses institutions et l’État de droit. Ce n’est pas çà l’Amérique. Les résultats des élections du 3 novembre doivent être pleinement respectés. » Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne (Haut représentant de l’UE).

Les réactions dans les différentes capitales

« Des images horribles de Washington D.C. Cher Donald Trump, reconnaissez Joe Biden comme le prochain président aujourd’hui ! » Mark Rutte (premier ministre Pays-Bas, VVD / ALDE)

« Je suis avec beaucoup d’inquiétude ce qui se passe à Washington. La violence est incompatible avec l’exercice des droits politiques et des libertés démocratiques. J’ai confiance dans la solidité et la force des institutions des États-Unis. » Giuseppe Conte (premier ministre Italie)

« [Je suis] extrêmement troublé par la violence et les événements horribles qui se déroulent à Washington, la démocratie américaine est résiliente, profondément enracinée et surmontera cette crise. » Kyriákos Mitsotakis (premier ministre Grèce, ND / PPE)

« C’est si triste de voir ce qui se passe dans la capitale américaine en ce moment. La démocratie vaincra ! » Ingrida Šimonytė (premier ministre Lituanie / PPE)

« Scènes honteuses au Congrès américain. Les États-Unis sont partisans de la démocratie dans le monde et il est désormais vital qu’il y ait un transfert de pouvoir pacifique et ordonné. » Boris Johnson (PM Royaume-Uni / ECR)

« Choqué par les scènes à Washington, D.C. C’est une atteinte inacceptable à la démocratie. Un transfert de pouvoir pacifique et ordonné doit être assuré. » Sebastian Kurz (premier ministre Autriche, ÖVP / PPE)

« C’est avec une grande inquiétude que je suis le cours des événements à Washington, D.C. Nous assistons actuellement à une attaque contre la démocratie. Le président Trump et de nombreux membres du Congrès ont une grande responsabilité dans ce qui se passe actuellement. Le processus démocratique d’élection d’un président doit être respecté. » Stefan Lofven (premier ministre Suède / S&D)

« Tous devraient être très troublés par la violence qui se déroule à Washington, D.C. Nous espérons que la démocratie américaine est résistante, profondément enracinée et qu’elle surmontera cette crise. La démocratie présuppose une protestation pacifique, mais la violence et les menaces de mort – de gauche ou de droite – sont TOUJOURS fausses. » Janez Janša (premier ministre Slovénie, ECR)

« Les violences contre le Capitole sont une attaque odieuse contre les fondements de la démocratie et la liberté de la presse. Nous avons confiance dans la force du peuple et des institutions américaines pour surmonter ces temps de division et nous nous tournons vers le président élu Joe Biden. » Xavier Bettel (premier ministre Luxembourg, ALDE)

« Choc et incrédulité face aux événements en cours au Capitole américain, symbole de la démocratie américaine. Nous sommes convaincus que les institutions fortes des États-Unis surmonteront ce moment difficile. Soutien total au président élu Joe Biden. » Alexander De Croo (premier ministre Belgique / ALDE)

« Les images violentes de la violation du Capitole à Washington aujourd’hui sont choquantes. Cependant, je suis convaincu que la démocratie américaine et l’État de droit sont suffisamment solides pour résister à toute attaque. » Jüri Ratas (premier ministre Estonie / ALDE)

« Scènes très inquiétantes de Washington DC, je suis convaincu que les institutions démocratiques et les principes de l’État de droit prévaudront. » Edgars Rinkēvičs (ministre des Affaires étrangères letton) retweeté par Krišjānis Kariņš (premier ministre Lettonie)

« L’intrusion de manifestants dans le bâtiment du Congrès est une affaire très grave et préoccupante. Cela montre combien il est important de défendre la démocratie sans trembler. » Sanna Marin (premier ministre Finlande / S&D)

« L’extrémisme, la violence, la polarisation et le chaos ne sont jamais la voie à suivre. Images horribles de Washington. Que la démocratie redevienne opérationnelle ». Mette Frederiksen (premier ministre Danemark / S&D)

« Les ennemis de la démocratie seront heureux de voir ces images incroyables de Washington DC. Les paroles d’émeutes se transforment en actes violents – sur les marches du Reichstag, et maintenant dans le Capitole. Le mépris des institutions démocratiques est dévastateur.  Trump et ses partisans devraient enfin accepter la décision des électeurs américains et cesser de piétiner la démocratie. » Heiko Maas (ministre des affaires étrangères allemand, SPD / S&D)

« Je suis avec inquiétude les nouvelles qui viennent de Capitol Hill à Washington. J’ai confiance en la force de la démocratie américaine. La nouvelle présidence de Joe Biden surmontera cette période de tension, unissant le peuple américain. » Pedro Sánchez (premier ministre Espagne, PSOE / S&D)

« Je suis avec inquiétude l’évolution de la situation à Washington. Des scènes troublantes. Le résultat des élections doit être respecté, avec un transfert de pouvoir pacifique et ordonné. J’ai confiance dans la force des institutions démocratiques aux États-Unis. » António Costa (premier ministre Portugal / S&D)

« La violence au Capitol Hill à Washington DC est préoccupante et inacceptable. Nous faisons confiance à la démocratie américaine, qui devrait rester un modèle mondial, et exprimons notre confiance que la situation va bientôt se désamorcer afin de permettre la reprise de la certification des votes électoraux. » ministère roumain des affaires étrangères.

« Des moments troublants à Washington DC. La violence n’a pas d’excuse. #Capitol est un symbole de la démocratie. Son rôle constitutionnel doit être respecté en tout temps et en toutes circonstances. C’est ce qu’est l’État de droit. » Igor Matovic (premier ministre Slovaquie, OĽaNO / PPE)

« Le peuple irlandais a un lien profond avec les États-Unis d’Amérique, construit au fil de nombreuses générations. Je sais que beaucoup, comme moi, regarderont les scènes se dérouler à Washington DC avec beaucoup d’inquiétude et de consternation. » Micheál Martin (premier ministre Irlande, Fianna Fáil / ALDE)

« Ce qui s’est passé aux États-Unis est une attaque inacceptable et sans précédent contre la démocratie. Quatre vies ont été inutilement perdues et le processus démocratique de base a été perturbé. J’ai toujours condamné la violence et le chaos de ce genre. La transition du pouvoir doit se faire en douceur et de manière pacifique. Je crois fermement que ces incidents doivent cesser. »  Andrej Babiš (premier ministre Rép. Tchèque, ALDE)

Le couple franco-allemand asynchrone

« Ce qui est arrivé aujourd’hui à Washington n’est pas américain. […] Nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause [la démocratie]. » a réagi dans un long message vidéo Emmanuel Macron (président français, LREM / ALDE)

We believe in democracy.#WeAreOne pic.twitter.com/dj3hs66KKn

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 7, 2021

« Ces images m’ont rendu furieux et triste. Mais je suis sûr que la démocratie américaine sera beaucoup plus forte que les agresseurs et les émeutiers » a indiqué Angela Merkel (premier ministre Allemagne, CDU / PPE). « Je regrette beaucoup que le président Trump n’ait pas admis sa défaite depuis novembre et encore hier. Les doutes sur le résultat de l’élection ont été alimentés. Cela a créé l’atmosphère nécessaire pour que les événements de la nuit deviennent possibles »

Diese Bilder haben mich wütend und traurig gemacht. Ich bin aber sicher: Die amerikanische Demokratie wird sich als viel stärker erweisen als die Angreifer und Randalierer. – Kanzlerin #Merkel zu den Ereignissen in #WashingtonDC: pic.twitter.com/5N0kFqzyHg

— Steffen Seibert (@RegSprecher) January 7, 2021

La réaction molle des institutions européennes

« Je crois en la force des institutions et de la démocratie américaines. La transition pacifique du pouvoir est essentielle. Joe Biden a remporté l’élection. Je me réjouis de travailler avec lui en tant que prochain président des États-Unis. » Ursula von der Leyen (Commission européenne).

« Le Congrès américain est un temple de la démocratie. Être témoin des scènes de ce soir dans Washington DC est un choc. Nous faisons confiance aux États-Unis pour assurer un transfert pacifique du pouvoir à Joe Biden. » Charles Michel (Conseil européen).

« Profondément inquiétant, les scènes du Capitole américain ce soir. Les votes démocratiques doivent être respectés. Nous sommes certains que les États-Unis veilleront à ce que les règles de la démocratie soient protégées. » David Sassoli (Parlement européen, S&D).

Ne pas s’en mêler

« Les événements de Washington sont une affaire intérieure des États-Unis, qui sont un État démocratique et de droit. Le pouvoir dépend de la volonté des électeurs, et la sécurité de l’État et de ses citoyens est garantie par les services désignés à cet effet. La Pologne croit en la force de la démocratie américaine. » Andrzej Duda (président Pologne, PiS / ECR)

(Propos rassemblés par Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour 1H du matin – 7.1 9h et 12h avec propos Macron, Merkel, Babis – et mise en perspective des différents propos et nuances apportées dans le commentaire sur les institutions UE.

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[Enjeux 2021] La surveillance maritime devient un vecteur de la défense européenne

Wed, 06/01/2021 - 15:55

(B2) Les Européens ne sont plus des ‘nains de papier’. L’Union est devenue un acteur de premier plan qui s’ancre dans la durée. Les zones de surveillance maritime s’étendent. C’est un tournant majeur qui se prépare en mer

Le volet aérien constitue un élément clé de la surveillance maritime (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Entre les opérations multinationales menées par quelques Européens, de façon coordonnée, aux opérations menées dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), les Européens sont aujourd’hui en position d’assurer une surveillance de plusieurs zones maritimes, non seulement dans leur pourtour immédiat, mais également plus loin.

Quatre zones surveillées en permanence

D’Est en Ouest quatre zones maritimes sont aujourd’hui surveillées de façon permanente :

1. La Méditerranée centrale. L’opération EUNAVFOR Med Irini, à l’origine centrée sur le trafic d’êtres humains, a été recentrée en avril 2020 sur le contrôle de l’embargo sur les armes et le trafic de pétrole en Libye. Elle est dotée d’un mandat exécutif, c’est-à-dire avec possibilité d’inspection, voire d’arrestation ou de saisie des navires. Mandat donné par une résolution de Nations unies.

2. La Mer rouge, le Golfe d’Aden et l’Océan indien. L’opération EUNAVFOR Atalanta, à l’origine destinée à la lutte anti-piraterie, vient de voir son mandat revu et corrigé à partir du 1er janvier 2021. Elle est dotée d’un mandat exécutif (inspection de force, arrestation, saisie), donné par une résolution de Nations unies.

3. Le détroit d’Ormuz et le Golfe d’Oman. L’opération Agenor — volet militaire de EMASOH (European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz) —, chargée essentiellement de surveiller les menaces venues d’Iran et de veiller à la bonne circulation des tankers et autres méthaniers, qui font la navette entre le Golfe et l’Europe afin d’assurer l’approvisionnement en pétrole et gaz. Une mission lancée à l’initiative de la France, qui n’est pas formellement sous commandement de l’Union européenne, mais a été montée dans le même esprit et avec des Européens. Elle n’a pas de mandat exécutif.

4. Le Golfe de Guinée. C’est le terrain d’expérimentation des présences maritimes coordonnées, nouveau concept européen léger, permettant de coordonner des moyens nationaux présents sur une même zone. Concept décidé en 2019 et qui sera mis en œuvre en 2021 (lire : Les ministres de la Défense ouvrent la porte à un mécanisme de présence maritime coordonnée). Dans le Golfe, trois marines — portugaise, espagnole et française (opération Corymbe) — sont présentes de façon quasi-permanente dans la zone, sans compter les efforts bilatéraux (belge par exemple). L’essentiel de leur activité est déterminé en étroite coordination et en soutien des marines locales. Mais elles disposent également d’un mandat exécutif général, découlant du droit de la mer, permettant d’intervenir en haute mer en cas de fait de piraterie.

À cela, il faut ajouter :

  1. La Méditerranée orientale, avec une présence épisodique des navires italien et français au large des eaux grecque et chypriote, pour surveiller et tenter de dissuader les incursions turques dans les zones exclusives maritimes de ces deux pays.
  2. Les opérations de sécurité intérieure, liées à la surveillance des frontières en Méditerranée (essentiellement), coordonnées par le corps européen de garde-frontières et garde-côtes (Frontex) au large des eaux grecques, maltaises, italiennes ou espagnoles.

Quelques éléments pour comprendre ce tournant

Une réflexion et une évolution sous le poids des menaces

Ceci est le résultat à la fois d’une stratégie mûrement réfléchie — la mise en place d’une stratégie de sûreté maritime (EMSS) en 2014, impulsée par la France, mais aussi les pays méditerranéens (Portugal, Espagne notamment), des menaces (la piraterie somalienne en 2007-2008, la crise migratoire en Méditerranée en 2015-2016, la stabilisation de la Libye en 2020 ) — et des opportunités, comme le retrait de l’OTAN des opérations anti-piraterie et une présence moins multinationale des Américains dans certaines zones.

La transformation d’Atalanta, un vrai signal

La récente transformation de l’opération de lutte anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta est symptomatique. Un fait, passé relativement inaperçu, veille de Noël et rush le Brexit oblige, sauf de B2… (lire : Avec quatre nouvelles tâches, EUNAVFOR Atalanta devient une opération de surveillance maritime globale de l’Océan indien).

L’ajout de quatre objectifs nouveaux de surveillance des trafics en tous genres (armes, drogues, charbon, pêche illicite) — avec un mandat exécutif (inspection de force, arrestation, saisie, traduction en justice) pour les deux premiers domaines (armes et drogues) — témoigne de cette évolution, qui ancre les Européens dans un rôle de ‘police des mers’ dans une zone d’intérêt stratégique, hors des eaux territoriales européennes (exception faite de La Réunion et Mayotte). De plus, elle vient compléter, voire suppléer aux défaillances de la mission multinationale impulsée et conduite par les Américains (CMF) qui n’ont plus une activité aussi importante que par le passé.

L’aérien et le satellitaire vecteurs clés des opérations de surveillance

Les moyens navals ne sont pas seuls mobilisés. Le concept européen est aussi de fédérer des moyens aériens, mais aussi satellitaires, qui sont primordiaux dans cette action de surveillance. La coopération très étroite, opérationnelle, mise en place en Méditerranée et au large de la Libye, avec le centre satellitaire de l’UE à Torrejon en Espagne (CSUE) devra être regardée de près. Elle pourrait servir de prélude à un développement plus systématique.

De nouvelles zones à prévoir

Cet état des lieux pourrait évoluer dans l’avenir. D’une part, le concept de ‘présences maritimes coordonnées’ expérimenté dans le Golfe de Guinée a vocation à s’étendre à d’autres zones. La Grèce et Chypre sont ainsi demandeurs pour la Méditerranée orientale. La Finlande ou la Suède pourraient faire de même pour la mer Baltique (qui est plutôt aujourd’hui une zone de patrouille de l’Alliance atlantique). D’autre part, de nouvelles zones maritimes deviennent stratégiques aujourd’hui. Il n’est pas interdit de penser ainsi que l’Arctique devienne dans les cinq ans à venir une zone de surveillance commune. La situation en mer de Chine, aujourd’hui un peu plus lointaine des centres d’intérêt européen, pourrait aussi devenir un point d’ancrage supplémentaire.

Une dominante : l’intérêt européen

Au final, on remarque que dans ces opérations, l’Europe et les Européens mettent en avant un axiome : la défense de leurs intérêts, qui est hissée au même rang (voire au-dessus) de l’objectif historique de stabilisation de zones à risque. On n’est plus là dans des débats (théoriques) sur la souveraineté européenne ou l’autonomie stratégique, mais bien dans une application pratique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Task force Takuba. Déploiement tchèque en cours

Wed, 06/01/2021 - 11:26

(B2) Les militaires du 601e groupe de forces spéciales sont en phase d’installation sur la base avancée de Menaka

Une première tchèque

Pour les hommes de cette unité d’élite de l’armée de terre tchèque, qui porte le nom du général Moravec (2), basée à Prostějov (ville située entre Brno et Olomouc), c’est un peu une première. Ils ont déjà été déployés sur plusieurs terrains de tensions (depuis l’avènement de la république Tchèque) : durant la guerre des Balkans (IFOR, SFOR, KFOR, FORPRONU), en Irak (lors de la guerre du Golfe ou l’opération Enduring Freedom) ou en Afghanistan. Mais jamais en Afrique en position de combat. Ce déploiement de 60 personnels vient concrétiser une décision entérinée par le parlement tchèque fin octobre (lire : Takuba : le oui (définitif) des Tchèques).

Une terre déjà connue

Pour autant, le Mali n’est pas terre inconnue pour l’armée tchèque. Depuis les débuts des opérations, en 2013, des éléments sont déployés au sein de la mission de formation de l’UE (EUTM Mali), assurant notamment la ‘force protection’ du camp, comme les escortes VIP (Lire : Les Tchèques s’engagent, de façon décisive, dans EUTM Mali et Première mission en Afrique pour les paras de Chrudim). Et la mission elle-même est commandée depuis un an, par un général tchèque, le général Ridzak (lire : Les Tchèques vont prendre le commandement de la mission EUTM Mali).

Une présence industrielle

Coté industriel, cette présence est un atout. Elle permet à Prague de renouer des contacts pour des contrats de fourniture, notamment en matière d’avions de formation. Une vieille pratique tchèque puisque durant la période du ‘bloc de l’Est’, la Tchécoslovaquie a équipé plusieurs forces africaines (dont Mali, Nigeria puis Ghana, Guinée) en avions de formation L29 Delfin fabriqués par Aero Vodochody. Début janvier 2020, Prague a ainsi annoncé la signature d’un contrat de vente de quatre avions d’entrainement L39 Albatros au Sénégal (lire : Une formidable opportunité selon Tomáš Kopečný).

Un déploiement plus lent que prévu

Prévu à l’origine pour une pleine capacité opérationnelle, à l’automne ou fin 2020, celle-ci ne devrait finalement pas être atteinte début 2021 comme espéré (lire : L’opération Takuba prend du retard. 2021 plutôt que courant 2020) mais plutôt à la mi-2021. Les Suédois doivent aussi se déployer début 2021. Le recrutement est en cours, indique-t-on à Stockholm. Les Italiens sont aussi attendus. Mais malgré une décision favorable de la Chambre des députés, dans le cadre de la planification des opérations pour 2021, c’est l’expectative sur leur date d’arrivée exacte sur le terrain. Au ministère des Armées, on se montre plutôt évasif sur ce sujet. Ce serait davantage pour le printemps… au plus tôt.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Nouveau commandant adjoint à EUTM Mali

Wed, 06/01/2021 - 10:10

(B2) Le colonel allemand Eckard Böddeker a pris le relais du colonel espagnol Vicente Infante, comme numéro 2 (commandant adjoint) de la mission de l’UE de formation de l’armée malienne.

Les col. Oliveras (de dos) et Böddeker (crédit : EUTM Mali)

Une passation effectuée lors d’une cérémonie tenue au QG à Bamako le 1er janvier. C’est le prélude au changement de commandement, qui doit voir le général espagnol Fernando Gracia Herreiz prendre le relais du général tchèque František Ridzák, début janvier (lire : Un général de brigade espagnol prend la tête d’EUTM Mali en janvier). Il sera suivi d’un général allemand.

Böddeker vient de l’armée de terre allemande. Il a notamment été commandant du bataillon d’appui au commandement 285 (Führungsunterstützungsbataillons), dont une partie de l’effectif a été déployé au sein de l’ISAF en Afghanistan pour assurer la ‘force protection’.

(NGV)

Lire aussi : Mali. Il faut doter les FAMA d’une structure correcte de commandement et de contrôle (général Gracia Herreiz)

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Ukraine. Des millions $ destinés à la lutte contre le Covid-19 s’évanouissent

Mon, 04/01/2021 - 16:29

(B2) Une partie des dons faits par l’Europe, comme par les États-Unis, à l’Ukraine pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 a été détournée de son objectif initial

Près de la moitié du fonds de 2,3 milliards $, créé au printemps, pour lutter contre la pandémie de coronavirus et ses conséquences n’a pas été allouée à des médicaments ou à du matériel médical, détaillent des chercheurs ukrainiens sur leur blog. Un fonds alimenté en partie (environ 20%) directement par des fonds européens. L’Union européenne (232 millions $) et l’Allemagne (181 millions $) étant les principaux financeurs internationaux.

Plutôt, 1,2 milliard $ (environ 1 milliard €) ont été alloués à la construction de routes dans le cadre du programme présidentiel « Grande construction » (1), comme l’a reconnu en novembre Igor Umansky, l’ancien ministre des Finances et conseiller en chef du bureau présidentiel. Cet argent a par ailleurs bénéficié à une série d’entreprises dirigées par des oligarques ukrainiens (Avtomagistral-South, Avtostrada, Rostdorstroy, Altkom et Techno-stroy-center), mais aussi des sociétés turques. Onur et Ozaltin ont ainsi remporté des contrats importants (respectivement de 91 millions $ et 38 millions $) avec Ukravtodor en 2020.

(NGV)

  1. Un programme initié par le  président Volodymyr Zelensky et le gouvernement ukrainien qui a pour objectif la construction et l’entretien de 6500 km de routes, de 137 établissements d’enseignement, de 116 jardins d’enfants et de 122 installations sportives.

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New attack against a vehicle of Operation Barkhane near Menaka in Mali (v2)

Sat, 02/01/2021 - 19:30
(crédit : DICOD / EMA)

(B2) A patrol of the Barkhane Force was hit this Saturday (2 January) in the early afternoon by an improvised explosive device. The French forces are counting two dead and one seriously wounded

The incident took place in the locality of Tabangoute, 2 km north of the town of Menaka in Mali. The attack by an improvised explosive device (IED) caused several casualties among the military, according to Wassim Nasr, citing local & corroborating sources. It is the work of the JNIM (1), analysis the watchman-analyst and journalist for France 24. Organisation which has a « platform for firing home-made rockets » in the area he says.

Two dead, one injured

The information was officially confirmed at 23:00. « Sergeant Yvonne Huyng and Brigadier Loïc Risser of the 2nd regiment of Haguenau hussars died in battle north of Ménaka, » the French army said in a statement. Despite the immediate care provided by the detachment’s first-aid worker, they died « as a result of the explosion ». A third soldier was injured. His condition « is stable and his medical prognosis is not promising », assured the French army staff. Aerial observation, protection means (such as fighter planes) and a rapid reaction force on the ground (by helicopter) have been « deployed » to ensure the protection of the elements, as well as the evacuation of victims.

Improvised explosive device

Their light armoured vehicle, acting as part of an observation and intelligence patrol, was hit by an improvised explosive device NB: this is indeed a mine-type IED. An EOD investigation team was deployed on site to determine the operating mode used (by pressure or remote control of the mine), as well as its design. This is important in order to define the origin or group behind the explosion.

Second incident in less than a week

This is the second incident in less than a week. The previous one took place on Monday in another area near Hombori.

Czech deployment under way

Menaka is a key area. It is there that the Czech soldiers who are going to operate with the French within the framework of the Takuba Task Force grouping together European special forces under the command of the Barkhane Force is to be based. This incident is all the more significant as the units of the 601st special forces group based at Prostějov are, according to our information, in the process of setting up in the area. Most of them have even already arrived.

This is a first for the men of this elite unit of the Czech Army, which bears the name of General Moravec (2). They have already been deployed in several areas of tension (since the advent of the Czech Republic): during the Balkan War (IFOR, SFOR, KFOR, UNPROFOR), in Iraq (during the Gulf War or Operation Enduring Freedom) or in Afghanistan. But never in Africa in a combat position.

(NGV)

  1. The Support Group for Islam and Muslims (GSIM or JNIM in Arabic) brings together several rebel and terrorist movements and is affiliated to Al Qaeda in the Islamic Maghreb.
  2. Head of Czechoslovak military intelligence during the period of World War II

English version published at 23:50

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Nouvelle attaque contre un véhicule de l’opération Barkhane près de Menaka au Mali (v3)

Sat, 02/01/2021 - 19:30
(crédit : DICOD / EMA)

(B2) Une patrouille de l’opération Barkhane a été atteinte ce samedi (2 janvier) en début d’après midi. Deux morts et un blessé grave figurent parmi les forces françaises

L’incident a eu lieu vers la localité de Tabangoute à 2 km au nord de la ville de Menaka au Mali. L’attaque par un engin explosif improvisé (IED) a fait plusieurs victimes dans les rangs des militaires, selon Wassim Nasr, citant des sources locales & concordantes. Il est l’œuvre du JNIM (1), précise le veilleur-analyste et journaliste pour France 24. Organisation qui a dans la zone une « plateforme de tirs de roquettes artisanales ». Le bilan exact n’est pas confirmé. Mais on parle de deux morts au moins et plusieurs un militaire gravement blessé, évacué sur l’hôpital de la base militaire de Gao (Mali).

#Mali selon sources locales & concordantes « un convoi #Barkhane a été frappé par un IED en début d’après midi vers la localité de Tabangoute à 2km au nord de la ville de #Menaka » // zone d’activité du #JNIM #AQMI utilisée aussi comme plateforme de tirs de roquettes artisanales pic.twitter.com/FouizZf7I2

— Wassim Nasr (@SimNasr) January 2, 2021

L’état-major des armées, sollicité par B2 vers 20h, n’a pas souhaité au départ commenté la nouvelle. Ce qui n’est pas vraiment de bon augure. En général, il s’agit d’une part de prévenir les familles concernés, mais aussi de consolider le bilan exact et de mettre au point la communication politique.

Deux morts et un blessé

(Mise à jour) L’information a été confirmée officiellement à 23h. « Le sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser du 2e régiment de hussards de Haguenau sont morts au combat au nord de Ménaka », détaille l’état-major des armées dans un communiqué. En dépit des soins prodigués immédiatement par le secouriste du détachement, « ils ont succombé des suites de l’explosion ». Un troisième militaire a bien été blessé. Son état « est stable et son pronostic médical n’est pas engagé ». Des moyens d’observation et de protection aérienne (de type avions de chasse) ainsi qu’une force rapide de réaction au sol (intervenue par hélicoptère) ont « été déployés » afin de garantir la protection des éléments, comme l’évacuation des victimes.

Le sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser (crédit : DICOD / EMA)

Un engin IED

Leur véhicule blindé léger qui faisait partie d’une patrouille d’observation et renseignement a été atteint par un engin explosif improvisé.

NB : il s’agit bien d’un IED de type mine. Une équipe d’enquête EOD a été déployée sur place afin de déterminer le mode opératoire utilisé (par pression ou télécommandée de la mine), comme sa conception. Ce qui est important pour définir la provenance ou le groupe à l’origine de l’explosion.

Second incident en moins d’une semaine

C’est le second incident en moins d’une semaine. Le précédent avait eu lieu lundi, dans une autre zone, près de Hombori (lire : Trois militaires de Barkhane décèdent dans un IED). Mais Menaka est une zone clé. C’est là que doivent s’installer les militaires tchèques qui vont opérer avec les Français dans le cadre de la Task force Takuba (regroupant des forces spéciales européennes sous le commandement de Barkhane) (lire : Takuba. Déploiement tchèque en cours).

Hommage

Plusieurs hommages ont été rendus aux militaires français venant de responsables européens « C’est l’Europe toute entière qui s’incline devant le sacrifice de ces jeunes tués loin de chez eux et qui, en protégeant la paix et la stabilité au Sahel, renforcent aussi notre sécurité en Europe » a indiqué Charles Michel, via twitter.

(NGV)

  1. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe) regroupe plusieurs mouvances rebelles et terroristes et est affilié à Al Qaida au Maghreb islamique.
  2. Chef du renseignement militaire tchécoslovaque durant la période de la 2e guerre mondiale.

Mis à jour 23h30 (v2) Confirmation du bilan. Précisions sur l’engin explosif et sur la présence tchèque. 5.1 (v3) Ajout du commentaire de Charles Michel

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Trois militaires de Barkhane décèdent dans un IED

Mon, 28/12/2020 - 23:46

(B2) Trois soldats français de la force Barkhane ont été tués, ce lundi (28.12), dans la zone des « trois frontières », dans le centre du Mali

Leur véhicule blindé léger, qui assurait une mission d’escorte entre Hombori et Gossi (Mali), a été atteint par un engin explosif improvisé (IED). En dépit de l’intervention immédiate de l’équipe médicale présente dans le convoi et des soins prodigués, « le brigadier-chef Tanerii Mauri et les chasseurs de première classe Dorian Issakhanian et Quentin Pa n’ont pas pu être ranimés », indique l’état-major français. Ils appartenaient au 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse (Est de la France).

Des moyens d’observation et de protection aérienne ainsi qu’une force rapide de réaction au sol ont aussitôt été déployés afin de garantir la protection des éléments. Le nombre de soldats français tués dans les opérations au Sahel depuis 2013 monte à 47.

(NGV)

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Noel in Gao. Two wounded in the Barkhane force

Sat, 26/12/2020 - 17:06

(B2) Two French soldiers from the Barkhane force were wounded on Christmas Eve by one of their owns

Militaires du 1er RTIR à Gao (source Facebook RTIR)

Incident in Gao

The incident took place on New Year’s Eve (December 24-25) at the base in Gao, where both French soldiers of the Barkhane Force as well as Europeans (mostly Estonians) were present. The exact circumstances have yet to be clarified. But it seems that alcohol played a role in what appears to have been quite a slip-up.

Two wounded, one of whom was repatriated to France

« Following an altercation when under the influence of alcohol, a French soldier of the Barkhane force wounded two other soldiers with his automatic pistol, » the French army staff confirmed to B2. The two wounded soldiers were immediately taken care of by the Barkhane force’s health service but « their days are not in danger », we were told. The more seriously injured soldier was repatriated to France, to the Percy Army Training Hospital in Clamart, according to our information.

Within the 1st regiment of riflemen

The one who fired the shots, just as the two wounded, belonged to the 1st Rifle Regiment (1st RTir or 1er régiment de tirailleurs) based in Épinal. This regiment is the heir of the African army (in particular the 7th Algerian Rifle Regiment) and is now in charge of site protection, logistics, maintenance and air combat at Gao military base. We have been assured that the incident did not have any effect outside this regiment. An investigation by the prévôté present in Gao (the gendarmerie of the armies) has been launched.

Comment: Despite its apparently innocuous character, this incident casts a shadow on the Barkhane Force at a key moment, as the French armies are seeking to put forward, with forceful reporting, the successes of the force and to convince the European partners to come as reinforcements, in order to be able to begin a (slight) withdrawal movement.

(NGV)

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