Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage d’Abdulrazak Al Faris et Raimundo Soto, The Economy of Dubai (Oxford University Press, 2016, 368 pages).
Ce livre d’économistes travaillant majoritairement au Dubai Economic Council est une étude exhaustive de l’économie de Dubaï, l’une des sept entités constitutives des Émirats arabes unis.
Le premier chapitre rappelle comment, à partir des années 1980, la manne pétrolière a permis à Dubaï de diversifier son économie, en devenant une place financière régionale majeure et en créant des zones franches pour les sociétés étrangères, la plus célèbre et ancienne étant la Jebel Ali Free Zone. Sur la période 1980-2011, la croissance annuelle du PIB a été en moyenne de 6,5 %, taux cependant inférieur à celui de Singapour et de Hong Kong (deux territoires qui font figure de modèles), en partie à cause de la faible productivité de l’émirat et de sa vulnérabilité aux chocs externes.
Au fil des pages, les auteurs soulignent les défis auxquels Dubaï est confronté et avancent des recommandations de politique économique. Par exemple, le fort endettement des entreprises publiques et parapubliques comme Dubaï World et Investment Corporation of Dubaï dans les années 2000 a pesé sur les comptes de l’émirat. Les récentes restructurations de dette devraient convaincre le gouvernement de mieux contrôler les stratégies de ces grands groupes, de développer un marché des capitaux en dirhams et de mettre en place un véritable régime fiscal (les recettes non fiscales représentant les trois quarts des recettes totales de 2011). Le système bancaire de Dubaï est jugé relativement fragile comparé à celui d’Abu Dhabi, comme l’attestent le pourcentage plus élevé de créances douteuses et la moindre profitabilité des établissements de crédit. Ces derniers financent d’ailleurs insuffisamment les petites et moyennes entreprises. La diversification de l’économie doit être approfondie. Deux secteurs seraient à privilégier : le tourisme médical et les services financiers. Parallèlement, la production de biens à haute valeur ajoutée permettrait à Dubaï d’accroître ses exportations vers les pays industrialisés en dépassant les marchés traditionnels que sont l’Inde, l’Iran et l’Arabie Saoudite. L’acquisition de terrains est un autre obstacle majeur pour les investisseurs directs étrangers ; il ne peut être surmonté que par une révision du droit de propriété.
Les progrès en matière sociale sont contrastés. Dubaï a su étendre l’accès à l’éducation. Dans les tests PISA, les scores de l’émirat sont au-dessus de la moyenne des États du Moyen-Orient mais restent inférieurs à la moyenne OCDE, et très loin des scores de Singapour et de Hong Kong. Le tissu universitaire s’est développé, mais les institutions sont encore petites et offrent un choix de programmes limité, essentiellement axé sur la finance, le commerce, la religion et les technologies de l’information. Le marché du travail, qui s’est lentement ouvert aux femmes, souffre avant tout de la kafala, par lequel l’employeur « parraine » ses employés étrangers, leur octroyant titre de séjour et permis de travail. Ce système est en fait devenu un frein à la mobilité des expatriés au sein de l’émirat.
Agrémenté de nombreux tableaux et graphiques, l’ouvrage est agréable à lire. Il présente néanmoins deux lacunes : le risque d’insolvabilité de Dubaï à moyen/long terme n’est pas abordé, et la question des mauvais traitements subis par les ouvriers étrangers (condamnés par Amnesty International dans plusieurs de ses rapports) est occultée par les auteurs du chapitre sur le marché du travail.
Norbert Gaillard
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Quand son voisin vote Front national, le militant doit-il céder à l'amertume et renoncer au combat politique ? À Séoul, la « révolution des bougies » a eu raison de sa dame de fer, en attendant mieux. Quand les entreprises européennes sont mises à l'amende au nom de la loi américaine, les principes du droit anglo-saxon — et ses avocats — triomphent. Une sélection d'archives en rapport avec le numéro du mois.
15 avril-4 juin. Des manifestations étudiantes et ouvrières en faveur de la démocratie sont organisées place Tiananmen, à Pékin. Le mouvement est écrasé par l'armée.
Eté. Francis Fukuyama publie dans The National Interest son article « La fin de l'histoire ? ».
30 juin. Coup d'Etat du général Omar Al-Bachir au Soudan.
26 septembre. Retrait officiel des derniers soldats vietnamiens du Cambodge, qu'ils occupaient depuis 1979. Les accords de Paris, scellant la paix, seront signés deux ans plus tard.
1er-24 octobre. La réunion des députés libanais à Taëf (Arabie saoudite) débouche sur un document d'« entente nationale » prévoyant des réformes politiques pour mettre fin à la guerre civile, qui dure depuis 1975.
Novembre. Définition des principes du « consensus de Washington » par l'économiste John Williamson. L'Amérique latine va servir de laboratoire.
14 décembre. Au Chili, la présidence de la République de Patricio Aylwin met fin à seize ans de dictature du général Augusto Pinochet.
17 décembre. Le Brésil connaît ses premières élections libres depuis 1964.
20 décembre. Les troupes américaines envahissent le Panamá et chassent le général Manuel Noriega du pouvoir au terme d'une semaine de combats.
199012 février. En Afrique du Sud, libération du chef historique de l'ANC (Congrès national africain), M. Nelson Mandela, après vingt-sept années de détention.
2 août. Invasion irakienne du Koweït.
Septembre. Effondrement du marché international de l'immobilier à la suite d'une importante vague de spéculation.
19 novembre. Signature du traité de réduction des forces conventionnelles en Europe (FCE).
199117 janvier-28 février. Intervention en Irak d'une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, après l'invasion du Koweït par l'armée irakienne six mois plus tôt. La principauté pétrolière est rapidement libérée.
21 mai. Le premier ministre indien Rajiv Gandhi est tué au cours d'un meeting électoral, à Madras, dans un attentat attribué aux Tigres tamouls.
25 juin. La Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance. La Macédoine fait de même le 15 septembre, suivie par la Bosnie-Herzégovine le 15 octobre. Début des guerres yougoslaves, qui vont durer quatre ans.
31 juillet. Signature à Moscou, entre M. Mikhaïl Gorbatchev et M. George H. Bush, du traité Start I prévoyant une importante réduction des armements nucléaires stratégiques.
30 octobre. Ouverture à Madrid, à l'initiative des Etats-Unis, de la conférence de paix sur le Proche-Orient, suivie des premières négociations bilatérales entre Israël et ses voisins arabes, y compris palestiniens.
8 décembre. La Russie, l'Ukraine et la Biélorussie constatent officiellement la disparition de l'URSS et créent la Communauté des Etats indépendants (CEI).
Illusions d'un nouvel ordre mondial 199211 janvier. Les autorités algériennes annulent les élections législatives, dont le premier tour a été remporté par le Front islamique du salut (FIS). L'état d'urgence est proclamé un mois plus tard et le FIS dissous. La guerre civile fera près de 150 000 morts en treize ans.
7 février. Signature du traité de Maastricht instituant l'Union européenne (UE).
6 décembre. La destruction de la mosquée d'Ayodhya, en Inde, par des extrémistes hindous est le point de départ de violences intercommunautaires (1 200 morts).
9 décembre. M. George H. Bush lance l'opération militaro-humanitaire « Restore Hope » en Somalie, menée sous les auspices des Nations unies.
19931er janvier. Naissance de la République tchèque et de la Slovaquie, après la dissolution de la Tchécoslovaquie.
3 janvier. Signature du traité Start II entre les Etats-Unis et la Russie, qui abaisse le plafond des missiles nucléaires stratégiques.
Eté. Parution dans la revue Foreign Affairs de l'article de Samuel Huntington sur « Le choc des civilisations ».
13 septembre. Signature des accords d'Oslo par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le gouvernement israélien, à Washington, respectivement représentés par Yasser Arafat et Itzhak Rabin, en présence du nouveau président des Etats-Unis William Clinton.
3 octobre. Dix-huit soldats américains sont tués en Somalie. Le 7, M. Clinton annonce le retrait progressif de ses troupes, lesquelles quitteront le pays en mars 1994.
19941er janvier. Mise en place de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) déclenche une insurrection au Chiapas (Mexique).
10-11 janvier. Lancement du Partenariat pour la paix, destiné à accueillir dans l'OTAN les ex-pays communistes d'Europe centrale.
9 février. Ultimatum de l'OTAN aux Serbes de Bosnie-Herzégovine qui assiègent Sarajevo. Le 28 commence la première intervention militaire de l'OTAN en ex-Yougoslavie.
6 avril. L'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana est abattu. Début du génocide des Tutsis par les Hutus, qui fera entre 500 000 et 800 000 morts.
9 mai. M. Mandela est élu président de l'Afrique du Sud.
15 avril. Signature à Marrakech (Maroc) de l'acte final du cycle de l'Uruguay instituant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui succède au GATT.
15 octobre. Les Etats-Unis interviennent militairement en Haïti afin de rétablir à la tête du pays le président Jean-Bertrand Aristide, renversé par un coup d'Etat le 30 septembre 1991.
11 décembre. Les troupes russes entrent en Tchétchénie. Cette première guerre durera jusqu'en août 1996.
Fragiles espoirs de paix 1995Janvier. Instauration du Mercosur (Marché commun du Sud), regroupant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.
Mai. A l'OCDE, début des négociations confidentielles sur l'Accord multilatéral sur l'investissement (AMI), conférant tous les pouvoirs aux investisseurs face aux gouvernements. Il sera abandonné en 1998.
11 mai. Le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) est reconduit par 178 pays pour une durée indéfinie.
Juillet. Les forces serbes de Bosnie massacrent près de 8 000 musulmans bosniaques à Srebrenica.
28 septembre. Signature à Washington des accords israélo-palestiniens sur l'extension de l'autonomie, dits Oslo II, divisant la Cisjordanie en trois zones à souveraineté différenciée.
4 novembre. Assassinat du premier ministre israélien Rabin par un extrémiste juif. Il sera remplacé par M. Shimon Pérès.
21 novembre. Les accords de Dayton (Etats-Unis) mettent fin au conflit en Bosnie-Herzégovine et entérinent le partage ethnique en deux entités, l'une croato-musulmane, l'autre serbe.
1996Février-mars. Après l'assassinat par les Israéliens de l'« ingénieur » du Hamas, le 5 janvier, le mouvement multiplie les attentats-suicides en Israël (plus de 100 morts).
12 mars. La loi Helms-Burton durcit les sanctions américaines à l'égard des pays commerçant avec Cuba. Elle est condamnée par la communauté internationale.
Avril. Le Hezbollah tirant, par solidarité avec les Palestiniens, des missiles sur Israël, M. Pérès déclenche l'opération « Raisins de la colère » contre le Liban (175 morts, pour l'essentiel civils).
25 juin. Attentat de Khobar, en Arabie saoudite, contre les forces américaines (dix-neuf morts).
5 août. La loi d'Amato-Kennedy renforce l'embargo mis en place par les Etats-Unis contre l'Iran et la Libye concernant les investissements dans le secteur pétrolier.
10 septembre. L'ONU adopte le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Il sera rejeté par le Sénat américain en 1999.
1997Mars-décembre. Succession de crises monétaires et financières en Asie orientale (Thaïlande, Philippines, Corée du Sud, Indonésie, Hongkong...). L'onde de choc atteint bientôt la Russie, puis l'Amérique latine.
1er juillet. Les Britanniques rétrocèdent Hongkong à la Chine.
11 décembre. Adoption du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.
13 décembre. Accord sur la libéralisation des services financiers à l'OMC.
Secousses sociales, émergence d'Al-Qaida 19986 mai. Début de la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Un accord de paix sera conclu en 2000.
11-13 et 28-30 mai. L'Inde puis le Pakistan procèdent à des essais nucléaires, entraînant un embargo occidental.
21 mai. En Indonésie, le général Suharto est chassé du pouvoir après trente-deux ans de dictature.
17 juillet. Cent vingt pays s'expriment en faveur de la création d'une Cour pénale internationale (CPI). Elle sera mise en place le 1er juillet 2002.
7 août. Deux attentats islamistes contre les ambassades des Etats-Unis font 224 victimes, dont douze Américains, en Tanzanie et au Kenya. En représailles, le Soudan et l'Afghanistan sont bombardés le 20 août.
17 août. Le rouble est dévalué, plongeant la Russie dans une crise sans précédent.
6 décembre. Election de M. Hugo Chávez à la présidence du Venezuela, première victoire d'une série que la gauche remporte dans les années 2000 en Amérique latine.
1999Janvier. Naissance de l'euro, qui sera mis en circulation le 1er janvier 2002. En 2008, il représentera 25 % des réserves mondiales en devises.
23 mars-11 juin. L'OTAN déclenche des bombardements aériens sur la Serbie, sans mandat de l'ONU, qui aboutissent au retrait des forces serbes du Kosovo. La région est placée sous protectorat des Nations unies.
30 août. Le Timor-Leste, occupé par l'Indonésie depuis 1975, se prononce massivement pour l'autodétermination lors d'un référendum. L'armée indonésienne mène une répression sanglante.
Septembre. Après plusieurs attentats à la bombe au Daghestan et à Moscou, attribués aux indépendantistes tchétchènes, les Russes bombardent Grozny et envahissent la république. Seconde guerre de Tchétchénie.
30 novembre-3 décembre. La troisième conférence ministérielle de l'OMC, à Seattle (Etats-Unis), se solde par un échec. Le sommet donne lieu à d'importantes manifestations contre la mondialisation.
2000Mars. Chute des valeurs de la « nouvelle économie » (bulle Internet).
24 mai. Les forces israéliennes se retirent du Liban sud — à l'exception de la zone dite des fermes de Chebaa.
23 juin. Signature de l'accord de Cotonou entre l'Union européenne et les 77 Etats du groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Conclu pour vingt ans, cet accord de coopération succède à la convention de Lomé.
28-29 septembre. Début de la seconde Intifada dans les territoires occupés palestiniens.
10 octobre. Normalisation des relations commerciales sino-américaines.
12 octobre. Attentat contre le destroyer américain USS Cole dans le port d'Aden (Yémen). Revendiqué par Al-Qaida, il cause la mort de douze marins.
Le choc du 11-Septembre 2001Janvier. Premier Forum social mondial (FSM) à Porto Alegre (Brésil), tenu aux mêmes dates que le Forum économique mondial de Davos (Suisse).
13 mars. Les Etats-Unis rejettent le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.
20-22 avril. M. George W. Bush présente, lors du Sommet des Amériques, le projet de création d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) regroupant tous les Etats américains, excepté Cuba.
14-15 juin. Création officielle de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Quatre Etats observateurs (l'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Mongolie) intégreront cette organisation.
20-21 juillet. Plus de 300 000 personnes manifestent à Gênes (Italie), à l'occasion de la réunion du G8. Un jeune altermondialiste, Carlo Giuliani, est tué par les carabiniers. On dénombre également des centaines de blessés.
11 septembre. Les attentats contre le World Trade Center, à New York, et le Pentagone, à Washington, font près de trois mille morts.
7 octobre. Intervention militaire en Afghanistan, avec l'aval des Nations unies, d'une coalition dirigée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
23 octobre. Lancement du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad).
11 décembre. La Chine entre à l'OMC.
13 décembre. Les Etats-Unis se retirent du traité américano-soviétique de défense antimissile (ABM, 1972), qui interdisait le déploiement d'un bouclier antimissile sur le sol américain.
200229 janvier. M. Bush qualifie l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord d'« axe du Mal ».
18-22 mars. La conférence des Nations unies sur le financement du développement, réunie à Monterrey (Mexique), adopte le « consensus de Monterrey », selon lequel les problèmes se règleront par les investissements privés et le libre-échange.
11-14 avril. La CIA participe en sous-main au coup d'Etat tenté contre le président vénézuélien Chávez.
21 mai. Washington annonce que les Etats-Unis ne ratifieront pas le traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), signé par M. Clinton en décembre 2000.
Juillet. WorldCom, le géant américain des télécommunications, dépose le bilan. C'est la plus grosse banqueroute (frauduleuse) de l'histoire.
20 septembre. Adoption par les Etats-Unis d'une nouvelle « stratégie de sécurité nationale » prévoyant notamment des attaques préventives contre les « Etats voyous ».
12 octobre. A Bali (Indonésie), une série d'attentats islamistes visant deux discothèques de Kuta Beach et le consulat des Etats-Unis fait 187 morts.
Invasion de l'Irak 200320 mars. Début de l'opération militaire américano-britannique « Liberté de l'Irak ». Bagdad tombe le 9 avril. Le 1er mai, M. Bush déclare que la « mission » en Irak est « remplie ».
26 août. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) affirme avoir découvert en Iran des taux d'uranium enrichi supérieurs aux normes civiles. Elle intime peu après à Téhéran de prouver qu'il ne développe pas l'arme nucléaire.
30 août. Un compromis est trouvé à l'OMC, après plusieurs mois de négociations, pour l'accès des pays du Sud aux médicaments génériques.
10-14 septembre. Echec de la conférence de l'OMC à Cancún (Mexique) : le Sud refuse l'accord sur l'agriculture proposé par les Etats-Unis et l'Union européenne, ainsi que l'ouverture de négociations sur l'investissement, la concurrence, les services et l'ouverture des marchés.
2004Janvier. Signature de l'Accord de libre-échange de l'Asie du Sud (SAFTA) entre le Bangladesh, le Bhoutan, l'Inde, les Maldives, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka.
29 février. Les Etats-Unis, aidés par la France, démettent de ses fonctions le président haïtien, M. Jean-Bertrand Aristide.
11 mars. Des bombes explosent dans des trains de voyageurs en gare d'Atocha, dans la banlieue de Madrid. Le bilan s'élève à près de 200 morts.
2 avril. La Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie rejoignent l'OTAN.
Mai. Indignation dans le monde après la publication de témoignages et de photographies sur les tortures de l'armée américaine dans la prison d'Abou Ghraib, en Irak.
3 septembre. Une prise d'otages dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord, se solde par la mort de 340 personnes — en majorité des enfants — après l'intervention des forces spéciales russes.
6 octobre. Le rapport de la mission américaine chargée d'enquêter sur la présence d'armes de destruction massive en Irak conclut que Saddam Hussein n'en possédait plus depuis 1991.
26 décembre. Un tremblement de terre, au large de l'Indonésie, provoque un raz de marée géant causant la mort de près de 220 000 personnes en Asie du Sud.
200517 janvier. M. Bush évoque une intervention armée pour arrêter le programme nucléaire iranien.
10 février. La Corée du Nord annonce qu'elle détient l'arme nucléaire afin d'assurer son « autodéfense contre la volonté américaine de [l'] étouffer ».
2 mai. Pour la première fois, le candidat élu au poste de secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), le Chilien José Miguel Insulza, n'est pas le postulant soutenu par les Etats-Unis.
20 octobre. L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) adopte la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, malgré l'opposition de Washington.
Des Etats-Unis plus isolés 200616 mars. M. Bush dévoile sa « nouvelle » doctrine stratégique de sécurité nationale, axée sur la notion de « guerre préventive ». Sept pays sont qualifiés de « despotiques » : l'Iran, la Corée du Nord, la Biélorussie, la Birmanie, Cuba, la Syrie et le Zimbabwe.
11 avril. Selon le président iranien, M.Mahmoud Ahmadinejad, l'Iran a « rejoint le club des pays disposant de la technologie nucléaire ».
Juin-novembre. Après avoir évacué la bande de Gaza en septembre 2005, l'armée israélienne y lance deux vastes opérations terrestres et aériennes.
15-17 juillet. La tenue du G8 à Saint-Pétersbourg (Russie) consacre le retour de la Russie au sein du club des grandes puissances.
12 juillet-14 août. Le Hezbollah ayant capturé deux soldats israéliens et en ayant tué huit autres, le premier ministre d'Israël, M. Ehoud Olmert, déclenche une offensive militaire au Liban. Le bilan est de près de 1 200 morts côté libanais, et 150 morts côté israélien.
26 septembre. Une étude du renseignement américain affirme que la guerre en Irak a « aggravé la menace terroriste » et renforcé l'islamisme radical.
12 octobre. La revue médicale britannique The Lancet estime que près de 650 000 Irakiens seraient décédés à la suite de l'occupation américaine.
16 octobre. Le président Bush impose des sanctions contre le régime soudanais, qu'il accuse de commettre un génocide au Darfour.
Novembre. Le Vietnam devient le 150e Etat membre de l'OMC.
23 décembre. Le Conseil de sécurité des Nations unies instaure un embargo sur le programme nucléaire iranien, mais n'autorise pas le recours à la force. Les sanctions économiques sont durcies trois mois plus tard.
200710 janvier. M. Bush annonce l'envoi de 21 500 soldats supplémentaires en Irak.
27 juillet. La Bolivie du président Evo Morales signe un accord pour l'exploitation du minerai de fer avec une compagnie indienne. C'est le premier investissement indien d'importance en Amérique latine.
Août. Effondrement du marché américain des crédits immobiliers à risque (subprime). Début de la crise financière.
16 septembre. Selon les prévisions de The Economist, le poids des pays émergents dans l'économie mondiale devrait dépasser les 60 % en 2025, retrouvant un pourcentage équivalent à celui du début du XIXe siècle, quand la Chine et l'Inde dominaient la production manufacturière mondiale.
17 septembre. La Chine accorde un prêt de 5 milliards de dollars à la République démocratique du Congo (RDC).
1er octobre. Washington crée un commandement régional militaire unique pour l'Afrique (Africom).
10 décembre. L'Argentine, la Bolivie, le Brésil, l'Equateur, le Paraguay et le Venezuela créent une nouvelle institution régionale latino-américaine, la Banque du Sud, pour prendre leurs distances avec la Banque mondiale et le FMI et retrouver leur autonomie financière.
Nouvelle politique ou nouveau discours ? 200821 janvier. Les Bourses mondiales s'effondrent. Elles plongeront à nouveau en octobre.
19 février. Le président cubain Fidel Castro prend sa retraite politique. Les Etats-Unis indiquent qu'ils ne changeront pas leur politique à l'égard de Cuba.
Mars. L'armée chinoise réprime violemment une série de manifestations au Tibet, organisées à l'occasion du 49e anniversaire du soulèvement de 1959.
8 avril. Le FMI évalue à 945 milliards de dollars le coût de la crise financière.
23 mai. Signature du traité constitutif de l'Union des nations sud-américaines (Unasur).
24 mai. En visite à Pékin, le nouveau président russe, M. Dmitri Medvedev, déclare : « La coopération sino-russe est devenue un facteur majeur de la sécurité mondiale. »
8 juillet. Washington obtient l'autorisation de Prague pour l'installation d'une base de radars en sol tchèque dans le cadre du projet américain de bouclier antimissile.
Août. Guerre entre la Russie et la Géorgie, au sujet des régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, à laquelle les Etats-Unis et l'OTAN assistent impuissants.
15 septembre. L'Unasur intervient, sans les Etats-Unis, pour soutenir le président bolivien Morales, victime d'une tentative de déstabilisation.
23 septembre. « Wall Street tel qu'on l'a connu cessera d'exister », annonce... le Wall Street Journal concernant la crise financière mondiale.
Octobre. Le Sénat américain approuve le plan de sauvetage du secteur financier (700 milliards de dollars). Le plan européen s'élève, quant à lui, à 1 700 milliards d'euros.
4 novembre. M.Barack Obama est élu président des Etats-Unis.
27 décembre. Israël déclenche un assaut contre Gaza. Au terme de vingt-deux jours d'offensive, le bilan est de 1 400 morts.
2009Janvier. L'armée sri-lankaise lance une opération d'envergure contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Les rebelles annonceront le 17 mai qu'ils déposent les armes. C'est la fin d'un conflit vieux de trente ans, qui aurait fait près de 100 000 morts selon l'ONU.
17 février. M. Obama promulgue un nouveau plan de relance de l'économie, d'un montant de 787 milliards de dollars.
27 mars. Le président américain annonce l'envoi de 17 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.
12 juin. Election présidentielle contestée en Iran. M. Ahmadinejad est déclaré vainqueur.
30 juin. Les troupes américaines se retirent des villes irakiennes.
5 juillet. Plus de 150 personnes sont tuées au cours d'émeutes dans la province chinoise du Xinjiang.
6 juillet. Accord entre Washington et Moscou sur les armes nucléaires, qui prend le relais du traité Start I expirant en décembre 2009.
4-11 février. La conférence de Yalta réunit Franklin Roosevelt, Winston Churchill et Joseph Staline, les dirigeants des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l'URSS. Le communiqué commun annonce une coopération militaire pour le désarmement et l'occupation de l'Allemagne, ainsi qu'un accord sur la prochaine réunion d'une conférence des Nations unies à San Francisco.
25 avril-26 juin. La conférence de San Francisco réunit les représentants de cinquante nations pour élaborer les statuts de la future organisation internationale (l'Organisation des Nations unies).
2 septembre. Hô Chi Minh proclame l'indépendance de la République démocratique du Vietnam.
19465 mars. Constatant l'influence croissante des communistes sur les gouvernements des pays libérés par l'armée rouge, Churchill déclare qu'un « rideau de fer » est tombé sur le continent.
19 décembre. A la suite du bombardement du port de Haïphong par l'armée française, Hô Chi Minh lance une attaque contre ses garnisons.
19475 juin. Annonce du plan Marshall (programme américain d'aide à la reconstruction pour l'Europe).
19492 janvier. La Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie créent le Conseil d'assistance économique mutuelle (Comecon).
4 avril. Signature à Washington du traité de l'Atlantique nord par les Etats-Unis, le Canada, la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark, l'Islande, l'Italie, la Norvège et le Portugal.
8 mai. Vote de la Loi fondamentale constituant la République fédérale d'Allemagne (RFA).
29 août. Explosion de la première bombe atomique soviétique.
1er octobre. Mao Zedong annonce la prise de pouvoir des communistes et proclame la République populaire de Chine.
7 octobre. La République démocratique allemande (RDA) est proclamée.
195025 juin. L'armée de la Corée du Nord franchit le 38e parallèle.
27 juin. Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte, en l'absence de l'URSS, une résolution condamnant l'agression nord-coréenne.
7 juillet. Une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies confie le commandement d'une force onusienne aux Etats-Unis. Seize pays acceptent de venir en aide à la Corée du Sud.
26 septembre. Du fait de l'ampleur de la contre-offensive, les Nord-Coréens sont repoussés au-delà du 38e parallèle.
18 octobre. Les forces onusiennes entrent en Corée du Nord et s'emparent de Pyongyang, sa capitale.
Novembre-décembre. Face à la menace américaine à la frontière mandchoue, les troupes chinoises se portent au secours de leur allié nord-coréen.
195118 avril. Création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) par la Belgique, la France, la RFA, le Luxembourg, l'Italie et les Pays-Bas.
Juin-juillet. Stabilisation du front autour du 38e parallèle et début des négociations entre l'ONU et la Corée du Nord.
19511er novembre. Les Etats-Unis font exploser leur première bombe H avec succès dans les îles Marshall.
Vers la coexistence pacifique 19535 mars. Mort de Staline. Elle ouvre une période de « dégel » à l'intérieur (libération de prisonniers) comme à l'extérieur.
17 juin. Soulèvement à Berlin-Est et dans plusieurs villes de RDA. Les autorités soviétiques décrètent l'état d'urgence ; l'insurrection est réprimée par l'armée rouge.
27 juillet. Signature de l'armistice qui met fin à la guerre de Corée.
13 septembre. Nikita Khrouchtchev est élu premier secrétaire du Parti communiste.
195421 juillet. A la suite de la bataille de Diên Biên Phu, les accords de Genève officialisent la fin de la guerre d'Indochine. Il est établi que le Vietnam sera partagé en deux zones de regroupement militaire le long du 17e parallèle. Les Etats-Unis et Ngô Dinh Diêm, le chef du gouvernement de l'Etat vietnamien — créé par les Français à Saïgon en 1949 —, ne ratifient pas la déclaration finale.
195524 février. L'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Turquie signent un traité d'alliance avec le Royaume-Uni (pacte de Bagdad).
18-24 avril. La conférence de Bandoung des peuples afro-asiatiques consacre l'émergence politique des pays du tiers-monde. Au-delà de la volonté de coopération économique, culturelle et politique, ces nations condamnent le colonialisme et plaident pour la coexistence pacifique et le non-alignement.
6 mai. Adhésion officielle de la RFA à l'OTAN.
14 mai. Création du pacte de Varsovie entre l'URSS, la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Hongrie et l'Albanie.
195614-25 février. Lors du XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), Khrouchtchev dénonce le culte de la personnalité de Staline et révèle les crimes de l'ancien dirigeant.
Octobre-novembre. Soulèvement en Hongrie ; Israël, la France et le Royaume-Uni lancent une action conjointe contre l'Egypte, qui a nationalisé la Compagnie du canal de Suez. Sous la pression des Etats-Unis et de l'URSS, le Royaume-Uni, la France et Israël acceptent un cessez-le-feu.
19575 janvier. Dwight D. Eisenhower annonce au Congrès l'engagement des Etats-Unis contre le communisme au Proche-Orient.
25 mars. La France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Italie et la RFA signent le traité de Rome, qui établit le Marché commun (la Communauté économique européenne).
Octobre. Lancement de Spoutnik 1, le premier satellite soviétique.
19594 janvier. Ernesto « Che » Guevara entre dans La Havane abandonnée par Fulgencio Batista. M. Fidel Castro devient premier ministre.
15-25 septembre. Première visite de Khrouchtchev aux Etats-Unis. Rencontre avec Eisenhower à Camp David.
196117 avril. Tentative d'invasion de la baie des Cochons à Cuba organisée par la Central Intelligence Agency (CIA).
11 mai. Le vice-président américain Lyndon B. Johnson annonce à Saïgon le soutien des Etats-Unis au régime de Diêm. John Fitzgerald Kennedy portera à 15 000 le nombre de soldats américains au Sud-Vietnam.
12-13 août. Pour enrayer l'exode croissant des citoyens de RDA, les autorités est-allemandes entreprennent la construction du mur de Berlin.
1962Février. Un commandement militaire américain est créé à Saïgon.
Octobre. L'installation à Cuba de rampes de lancement de missiles soviétiques déclenche une crise majeure.
L'enjeu vietnamien 1963Août. Le traité de Moscou, signé par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS, interdit notamment les essais nucléaires dans l'atmosphère.
19647 août. A la suite du prétendu incident du golfe du Tonkin, le Congrès des Etats-Unis donne au président Johnson la possibilité de « prendre toutes mesures nécessaires pour faire échec au communisme ». Johnson fait bombarder les installations côtières du Nord-Vietnam.
14 octobre. Khrouchtchev est destitué de toutes ses fonctions. Leonid Brejnev devient premier secrétaire.
19657 mai. Les marines américains débarquent à Da Nang alors que Moscou livre ses premiers missiles à Hanoï.
19667 mars. Charles de Gaulle annonce que la France se retire du commandement militaire intégré de l'OTAN.
19672 mars. Les Etats-Unis déclenchent l'opération « Rolling Thunder » contre le Nord-Vietnam. Ces bombardements massifs se poursuivront jusqu'en 1968.
196830 janvier. L'offensive du Têt lancée par les forces du Front national de libération du Vietnam (ou Vietcong) et de l'Armée populaire vietnamienne prend les Etats-Unis par surprise. Repoussée, elle affecte cependant l'administration Johnson, dont de nombreuses personnalités se positionnent contre la guerre.
Janvier-août. En Tchécoslovaquie, le premier secrétaire du PC slovaque, Alexander Dubcek, lance une vague de libéralisation politique, économique et sociale (le printemps de Prague). Les armées des cinq pays du pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie.
1er juillet. Signature à Londres, Moscou et Washington du traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
197012 août. Signature du traité germano-soviétique qui confirme le statu quo territorial entre l'Union soviétique et la RFA. Il inaugure l'Ostpolitik en ce qu'il ouvre la voie à la normalisation diplomatique.
19713 septembre. Signature du traité de Berlin, qui définit le statut de Berlin-Ouest.
25 octobre. La Chine populaire est admise à l'ONU parmi les membres permanents du Conseil de sécurité.
197226 mai. Signature, à Moscou, par l'URSS et les Etats-Unis de deux accords sur la limitation des armements stratégiques (SALT I).
3 octobre. Signature entre les Etats-Unis et l'URSS du traité ABM d'interdiction des missiles antibalistiques.
21 décembre. Le « traité fondamental » signé par les deux Etats allemands affirme le respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, du droit à l'autodétermination et de la non-discrimination.
197327 janvier. Les accords de paix de Paris signés par les Etats-Unis, la République démocratique du Vietnam et le Sud-Vietnam prévoient le retrait des forces terrestres américaines du Vietnam dans un délai de soixante jours.
19751er août. Signature de l'acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à Helsinki. Les trente-trois pays européens, à l'exception de l'Albanie, les Etats-Unis et le Canada reconnaissent l'inviolabilité des frontières, le respect des droits de l'homme, la libre circulation des hommes et des idées, la nécessité de développer leurs relations économiques.
Retour de la tension : la « guerre fraîche » 19769 septembre. Mort de Mao.
19791er février. Retour à Téhéran de l'imam Ruhollah Khomeiny (en exil depuis 1963), qui proclame la République islamique.
15-18 juin. Les accords SALT II sont signés à Vienne entre le président James Carter et Brejnev.
12 décembre. L'OTAN décide du principe de déploiement de nouveaux missiles nucléaires (fusées Pershing-2 et missiles de croisière Cruise) en Europe occidentale. Il s'agit de rétablir un équilibre avec les SS-20 soviétiques.
27 décembre. Intervention de l'armée soviétique en Afghanistan.
1980Novembre. Ronald Reagan est élu président des Etats-Unis.
198212 novembre. Iouri Andropov succède à Brejnev, décédé le 10 novembre.
1983Novembre. L'OTAN déploie ses euromissiles (Allemagne, Royaume-Uni, Italie) en réponse aux SS-20 soviétiques. Rupture des négociations sur la limitation des armements.
La fin de la guerre froide 198511 mars. M.Mikhaïl Gorbatchev est élu secrétaire général du PCUS. Ses mots d'ordre sont : perestroïka (« restructuration ») de l'économie nationale et glasnost (« transparence ») dans les affaires politiques et culturelles.
198915 février. Les dernières troupes soviétiques quittent l'Afghanistan.
4-18 juin. Victoire de Solidarnosc aux élections législatives polonaises, un non-communiste dirige le gouvernement pour la première fois à l'Est.
9 novembre. Chute du mur de Berlin.
22 décembre. Le régime de Nicolae Ceausescu est renversé par la population roumaine soutenue par l'armée.
199031 mai-2 juin. Les présidents George H. Bush et Gorbatchev concluent un accord sur la préparation d'une réduction des armements stratégiques offensifs.
Août. L'URSS condamne l'invasion du Koweït par l'Irak et ne s'oppose pas aux diverses résolutions.
1991Janvier-mars. Les pays baltes se déclarent favorables à l'indépendance.La Géorgie fait sécession tandis que neuf des quinze Républiques soviétiques acceptent de participer à un référendum sur l'organisation d'une « Union rénovée ».
1er juillet. Dissolution du pacte de Varsovie.
3 octobre. Unification de l'Allemagne.
21 décembre. Dissolution de l'URSS.
Contre l'ordre actuel, deux types de combats se côtoient, parfois rivalisent. La propagande par le fait recherche une prise de conscience morale et politique. Elle a recours à des techniques spectaculaires, souvent individuelles, mais peine à maintenir l'élan initial. Moins en vogue, l'organisation privilégie un travail de longue haleine, plus collectif, moins ludique. Il arrive pourtant que ces deux fleuves se rejoignent.
Herbert Wegehaupt. – « Cercles concentriques », 1927-1928 ADAGP – Photo : Philippe Migeat - Centre Pompidou – MNAM – CCI – RMNIl y a une dizaine d'années, j'assistai à une conférence intitulée « 1968 » dans une université du New Jersey. L'orateur, Mark Rudd, une figure du mouvement étudiant et de la contre-culture des années 1960, avait pris sa retraite au Nouveau-Mexique après avoir enseigné les mathématiques au sein d'établissements d'enseignement supérieur fréquentés surtout par des pauvres. Dans son discours, il s'amusa à démystifier la célébrité qui lui était tombée dessus lorsque, âgé d'une vingtaine d'années, il joua un rôle important dans l'occupation de l'université Columbia, à New York. À la même époque, il fut également partie prenante du Weather Underground, un groupe radical apprécié des médias, adepte de la « propagande par le fait », qui connut son heure de gloire en faisant exploser des bombes devant le Capitole puis le Pentagone (heureusement sans faire de victimes).
L'assistance, composée pour l'essentiel d'étudiants et de jeunes gens politisés, ne demandait qu'à s'enflammer pour le passé révolutionnaire de Rudd, fascinée par sa condition de fugitif pendant des années. Les « Weathermen », se disait-on, y sont peut-être allés trop fort et n'ont rien accompli de tangible ; mais au moins ils ont agi !
Rudd ébranla notre romantisme bon marché. À la différence de la plupart de ses anciens camarades, devenus plus conservateurs avec l'âge, il était resté fidèle aux idéaux politiques de sa jeunesse. Mais il n'adhérait plus à la tactique de la confrontation directe qui lui avait valu sa notoriété. La pavane machiste, les appels à prendre les armes, tout cela, nous disait-il, n'avait représenté qu'une illusion délirante. En s'attribuant le rôle avantageux d'avant-garde destinée à catalyser une force combattante au service des « peuples du monde », lui et ses camarades ne réussirent qu'à démobiliser la base militante que d'autres avaient mis des années à rassembler, au prix de beaucoup d'efforts.
Ce qu'il ne mesurait pas à l'époque, nous expliqua-t-il sans chercher à ménager nos fantasmes insurrectionnels, c'était la différence entre l'« activisme » et l'organisation, entre la mise en scène de ses idéaux et la construction d'un mouvement. Ce message, il ne cesse de le marteler. « La seule fois, m'a-t-il dit récemment, où j'ai entendu le mot “activiste” il y a cinquante ans, c'était sous forme d'insulte adressée aux militants étudiants par nos ennemis d'alors, les administrateurs de l'université et les éditorialistes. »
À la différence du terme « organisateur (1) », ancré dans l'histoire du syndicalisme et de la gauche américaine, celui d'« activiste », aux origines ambiguës, s'est progressivement imposé pour désigner les personnes engagées dans une action de régénération individuelle et politique au sens large. « Nous-mêmes avions l'habitude de nous qualifier tour à tour de révolutionnaires, de radicaux, de militants, de socialistes, de communistes ou d'organisateurs », se souvient Roxanne Dunbar-Ortiz, une historienne de gauche forte de cinquante ans d'expérience des mouvements sociaux. L'apparition du mot « activiste » sur la scène publique coïncida, selon elle, avec la généralisation du « discrédit de la gauche ».
Maintenir la mobilisationUne grande partie des camarades de lutte de Rudd et de Dunbar-Ortiz venaient de familles imprégnées d'idées communistes, syndicalistes, ou alors ils avaient pris part au combat pour les droits civiques dans les États du Sud. Ils s'y étaient familiarisés avec un mouvement adossé aux Églises et à des structures communautaires, payant souvent — pauvrement — des organisateurs afin qu'ils maintiennent la population mobilisée pendant de longues périodes, alors même que les perspectives de victoire étaient lointaines.
C'est seulement après la fin des années 1960 et à la faveur de nouveaux combats — centrés sur le féminisme, l'émancipation des homosexuels, l'écologie, les droits des handicapés — que les activistes ont commencé à proliférer. Au cours des années 1980 et 1990, le terme s'est imposé. Les mouvements qualifiés de la sorte ont accompli un travail énorme en un temps très court, bien souvent grâce à la mise en œuvre de techniques qui enrichirent les formes de lutte traditionnelles ; ils inventèrent notamment des procédures ouvertes, démocratiques et antihiérarchiques. Cependant, tout à leur désir de s'affranchir de l'héritage pesant de la gauche traditionnelle, ils ont parfois jeté par-dessus bord des tactiques, traditions et méthodes qui auraient pu leur être utiles.
Les activistes ont tiré parti d'une période où les contestataires se détournaient de ce qu'ils estimaient être des idéologies désuètes au profit de choix politiques plus incisifs et plus radicaux. À partir des années 1960, il devint également courant de chercher à se dégager de la figure du leader charismatique, compte tenu des dégâts essuyés par le mouvement social lorsque le personnage ayant endossé ce rôle finissait assassiné (Martin Luther King), perdait la raison (Eldridge Cleaver (2)) ou retournait sa veste (Jerry Rubin (3)). Dans le même temps, les syndicats américains pâtirent d'avoir laissé s'installer à leur tête des bureaucrates timorés ou corrompus. Le désenchantement envers les professionnels du changement social a alors gagné les cercles les plus idéalistes.
Mais, pendant que la gauche se détachait de ses racines organisationnelles, les conservateurs, eux, créaient des structures nouvelles, des think tanks, des groupes d'affaires arrosés d'argent par les multinationales ; ils galvanisaient l'infanterie évangélique de la « majorité morale » ; ils déroulaient le terrain à la « révolte fiscale » des grosses fortunes. La gauche gagnerait donc à réapprendre à s'organiser pour rendre son activisme plus durable, plus efficace, pour soutenir et amplifier son élan lorsque l'intensité des protestations de rue décline. Autrement dit, fonder des organisations politiques, débattre de stratégies à long terme, faire émerger des dirigeants (choisis en fonction de leur fiabilité et non de leur charisme) et réfléchir à la manière de les soutenir. La progression de l'activisme au cours des dernières décennies est un phénomène salutaire. Toutefois, les modes d'organisation qui assuraient jadis le succès des mouvements sociaux ne se sont pas développés au même rythme, bien au contraire.
Aujourd'hui, les activistes américains ont des repères politiques très différents de ceux de leurs aînés. Nul n'a plus de parent membre du Parti communiste, les syndicats sont moribonds et, de la longue lutte du mouvement des droits civiques, qui aurait encore tant à nous apprendre, ne subsiste qu'une série d'images pieuses et de contes de fées. Le terme même d'« activiste » a été dévoyé de son sens. Dorénavant, il décrit davantage un tempérament qu'un spectre donné d'opinions et de pratiques politiques. Nombre de ceux qu'on qualifie ainsi paraissent se délecter de leur marginalisation et se soucier comme d'une guigne de l'efficacité, en imaginant peut-être que leur isolement constitue une marque de noblesse ou une preuve de vertu.
De larges segments de l'activisme contemporain risquent donc de succomber au piège de l'individualisme. Or l'organisation est coopérative par nature : elle aspire à entraîner, à construire et à exercer un pouvoir partagé. Elle consiste, comme l'écrit le jeune sociologue et militant Jonathan Smucker, à transformer un « bloc social en force politique ». N'importe qui peut se dire activiste, même quelqu'un qui, en tentant sans relâche d'attirer l'attention sur un sujet important, agit seul et ne répond de ses actes envers personne. Faire en sorte que nos semblables prennent conscience d'un problème — l'un des objectifs privilégiés par l'activisme contemporain — peut se révéler fort utile. Mais l'éducation n'est pas la même chose que l'organisation, laquelle n'implique pas uniquement d'éclairer l'individu qui reçoit votre message, mais aussi d'agréger des personnes autour d'un intérêt commun afin qu'elles puissent combiner leurs forces. L'organisation, tâche de longue haleine et souvent fastidieuse, implique de créer des infrastructures et des institutions, de trouver des points vulnérables dans les défenses de vos adversaires, de convaincre des individus dispersés d'agir au sein d'une même équipe.
Depuis 2011, nombre d'acteurs des mouvements sociaux ayant surgi aux quatre coins du monde sont tombés dans le piège décrit par Mark Rudd : « L'activisme comme expression de nos sentiments profonds n'est que l'un des éléments de la construction d'un mouvement. C'est une tactique qui a été élevée au rang de stratégie en l'absence de toute stratégie. La plupart des jeunes militants pensent que s'organiser consiste à prendre les dispositions nécessaires à la tenue d'un rassemblement ou d'un concert de soutien. » On pourrait ajouter à cette liste : créer un hashtag sur les réseaux sociaux, poster une pétition en ligne, animer des débats entre internautes. Le travail réel d'organisation a perdu de son cachet auprès de nombreux cercles militants, figés dans leur croyance en une insurrection spontanée et dans une suspicion profonde envers toute institution, direction ou tentative de prise de pouvoir.
À certaines périodes, des rassemblements, des concerts, des hashtags, des pétitions et des débats en ligne trouvent leur pleine utilité. Le problème surgit lorsque ces pratiques représentent l'horizon ultime de l'engagement politique. « C'est une bonne chose qu'au cours des dernières années bien des gens aient eu envie d'agir, et que le développement des nouvelles technologies ait facilité leur passage à l'acte », observe L. A. Kauffman, qui achève la rédaction d'une histoire de l'action directe. S'engager dans de petites actions concrètes — signer une pétition, participer à un rassemblement, etc. — peut en effet encourager ensuite à se mettre au service d'objectifs plus généraux, par exemple contrarier les élites et s'attaquer à leurs profits.
Mais des organisateurs de la vieille école, comme les syndicalistes, continuent simultanément à abattre un travail inestimable. Et un nombre croissant d'individus font l'expérience de nouvelles formes de pouvoir économique et de résistance. L'un des défis majeurs de notre époque néolibérale et postfordiste consiste donc à trouver des moyens inventifs de mettre à jour le modèle du syndicalisme et à l'adapter aux conditions actuelles de financiarisation et d'insécurité sociale. À construire de nouveaux liens entre les millions de travailleurs échoués, privés d'un emploi stable, de droits syndicaux, afin qu'ils constituent une puissance avec laquelle il faudra compter.
Les organisateurs du combat pour la justice climatique, par exemple, ont mis au point des formes de mobilisation originales contre les profits des compagnies pétrolières en poussant le gouvernement américain à ne plus délivrer de licences d'exploitation de mines de charbon sur des terres publiques. Lancée en 2012 par des étudiants sur leurs campus, cette campagne contre les énergies fossiles a contraint des investisseurs totalisant 3 400 milliards de dollars (3 000 milliards d'euros) de fonds à se retirer du marché. L'action s'est rapidement propagée au-delà des cercles universitaires, jusqu'à rallier une soixantaine de villes dans le monde. « L'un des plus grands succès de cette campagne jusqu'ici est qu'elle a ruiné la confiance dans les projets de l'industrie des énergies fossiles, se réjouit Jamie Henn, l'un des instigateurs du mouvement et cofondateur du groupe de lutte pour l'environnement 350.org. Ce ne sont plus seulement de petites écoles de beaux-arts de gauche qui prennent au sérieux le risque carbone, mais d'énormes institutions financières telles que la Banque d'Angleterre, le fonds souverain norvégien et les fonds de pension californiens. »
Internet montre des limitesLe mouvement Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent ») peut également se prévaloir d'un résultat impressionnant, puisqu'il a remis sur le devant de la scène la question des oppressions subies par les Noirs aux États-Unis. De jeunes collectifs comme les Dream Defenders (« Défenseurs du rêve »), un groupe fondé en Floride après le meurtre raciste de Trayvon Martin, revendiquent un modèle d'organisation qui accepte la présence de dirigeants et qui doute des effets d'un activisme uniquement basé sur Internet. « Pour changer la vie de nos communautés, nous avons besoin de pouvoir, pas seulement de “followers” », ont expliqué les dirigeants du groupe.
Quand la notion d'activisme est née il y a un siècle dans l'esprit du philosophe allemand Rudolf Eucken, elle privilégiait le monde spirituel plutôt que le monde matériel. Cette préférence s'observe encore chez ceux qui croient que l'action, même déconnectée de toute stratégie cohérente, peut provoquer magiquement une sorte d'épiphanie sociale. Heureusement, les activistes n'ont pas totalement évincé les organisateurs. Une multitude d'espaces subsistent où, selon Mark Rudd, se pratique le triptyque « éducation, construction d'une base, coalition », qu'on pourrait décrire comme la création d'une identité collective alliée à un partage du pouvoir économique. Mais ces efforts, peu spectaculaires, se voient trop souvent ensevelis par le dernier buzz en ligne.
Ces derniers mois, des dizaines de milliers d'Américains se sont rués dans les meetings de M. Bernie Sanders pour l'entendre dénoncer la « classe des milliardaires ». Dès lors qu'un nombre croissant de jeunes et une majorité de nouveaux électeurs démocrates ont une perception positive du mot « socialisme », un travail d'organisation efficace et intelligent permettrait d'appuyer cette résurgence renversante de la sensibilité de gauche et de canaliser l'énergie qu'elle charrie au-delà du rituel étriqué du scrutin présidentiel et de la politique électoraliste.
Les élites n'ont jamais eu de mal à faire passer ceux qui contestent leur pouvoir pour des perdants et des grincheux. Il leur sera toujours plus difficile de disqualifier des organisateurs qui ont réussi à mobiliser une base populaire qui agit de façon stratégique.
(1) « Organisateur » (organizer en anglais) s'entend ici comme cadre d'une structure politique ou associative.
(2) Militant des Black Panthers, il finit membre du Parti républicain et de la secte Moon.
(3) Libertaire, hippie, il se reconvertit dans les affaires et appuya Ronald Reagan.