Un peu d’humour (trouvé sur Twitter)
Alors que l’avenir de la Grèce au sein de l’Union et de l’euro n’est toujours pas réglé, celui de la Grande-Bretagne s’invite dans le débat européen, David Cameron ayant promis d’organiser un référendum sur le maintien de son pays dans l’UE d’ici 2017. Cette perspective affole une partie des dirigeants européens qui redoutent qu’une sortie de Londres ne marque le début de la « déconstruction communautaire »…
En fait, c’est la seconde fois, en quarante ans, que la question du « Brexit » (« British exit ») va se poser : en octobre 1974, les travaillistes avaient, en effet, emporté les élections en promettant d’organiser un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans la Communauté économique européenne (CEE)… Ce qui fut fait et le 5 juin 1975 et le « oui » la triomphalement emporté par 67 % de voix. La différence est qu’à l’époque, Londres venait tout juste d’adhérer (le 1er janvier 1973) et, surtout, que la CEE était alors très loin du degré d’intégration qu’elle a depuis atteint : elle se limitait pour l’essentiel à un tarif douanier extérieur commun et à la Politique agricole commune. Autant dire qu’un départ n’aurait pas alors bouleversé la construction communautaire.
Mais dans le monde post-guerre froide et globalisé d’aujourd’hui, il en irait différemment : l’Union est devenue une puissance économique, commerciale et monétaire et le départ de l’un de ses membres serait perçu comme un affaiblissement du projet européen présenté jusque-là comme irréversible et toujours plus fédéral. Comment, dès lors, faire confiance à cet ensemble dont on ne sait plus si tel ou tel État sera demain encore membre ? De fait, un « Brexit » pourrait donner des idées à des pays très eurosceptiques comme la Suède ou la Hongrie. Mais pas seulement : en France, par exemple, le Front national trouverait dans un là un formidable argument de vente...
Autant dire que personne ne souhaite un tel saut dans l’inconnu, même si l’OTAN a parfaitement survécu au départ de la France en 1966. Le problème est que les partenaires de Londres sont totalement désarmés face à l’hystérie anti-européenne qui règne outre-Manche. Que faire pour aider David Cameron à gagner son référendum ? Certes, le Premier ministre veut rester dans l’Union, mais à condition qu’elle change et que ce changement soit acté par un nouveau traité européen. Le problème, outre le fait qu’un pays comme la France refuse de se lancer dans une telle renégociation par crainte d’un rejet des Français, est que les rares demandes précises qu’il formule sont inacceptables par ses partenaires, comme la limitation de la libre circulation des ressortissants communautaires, l’une des quatre libertés fondamentales du marché intérieur (avec les marchandises, les services et les capitaux). « Elles ne sont pas négociables, car elles sont l’essence de l’Union », a d’ailleurs averti dès hier le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas. « En réalité, Cameron veut d’une Europe à la carte dans laquelle il ne prendrait que ce qui l’intéresse tout en restant dans les institutions pour pouvoir bloquer ce que voudraient ses partenaires », ironise un diplomate français. C’est l’exact contraire de ce que prônait Tony Blair : « du moment que le train européen est en marche, l’intérêt de la Grande-Bretagne est d’être dans la locomotive, au lieu de rester dans le wagon de queue debout sur les freins ».
D’autant que Londres a déjà obtenu une Europe à géométrie variable que rejetaient les « pères fondateurs » : opt out sur l’euro, Schengen et la charte des droits fondamentaux, création des « coopérations renforcées », possibilité de ne prendre que ce qui l’intéresse dans les domaines de la justice et des affaires intérieures… Que donner de plus, sans détricoter l’ensemble de la construction communautaire, à un Royaume-Uni déjà en grande partie à la périphérie de l’Union ? Pour ajouter à la complexité de l’équation, celui-ci change souvent d’avis : ainsi, après avoir obtenu un opt out sur la partie sociale du traité de Maastricht, en 1992, il s’y est finalement rallié en 1997. Ou encore, alors qu’il avait la possibilité de rejeter tous les textes européens relatifs à la justice et à la sécurité intérieure qui ne lui convenait pas, David Cameron a accepté, à l’automne 2014, de les appliquer en quasi-totalité : Londres est donc toujours membre d’Europol et d’Eurojust ou encore applique le mandat d’arrêt européen !
Le malaise britannique est ailleurs, en réalité : Londres, en obtenant un opt out sur la monnaie unique, s’est interdit de peser sur l’avenir de la zone euro devenu le cœur du projet européen. Or, depuis la crise de 2010-2012, celle-ci s’est fortement intégrée (création du Mécanisme européen de stabilité, de l’Union bancaire, du gouvernement économique et budgétaire, etc.) : désormais, le risque est que le fédéralisme monétaire mène au fédéralisme politique (création d’un budget de la zone euro, d’un parlement de la zone euro, etc.) sur lequel la Grande-Bretagne n’aurait aucune prise. Surtout, elle craint que les dix-neuf États de la monnaie unique se mettent d’accord entre eux pour imposer leurs vues dans le domaine du marché unique (qui touche aussi aux sacro-saints domaines bancaire et fiscal). D’où sa volonté d’instaurer une double majorité pour les prises de décision les plus sensibles : une majorité au sein de la zone euro, une majorité au sein des pays non euro. Mais cela n’aura qu’un temps, tous les Etats, en dehors de la Grande-Bretagne, de la Suède et du Danemark, ayant la ferme volonté de rejoindre la monnaie unique. Et là, il n’existe aucun mécanisme institutionnel propre à rassurer Londres, sauf à lui donner un droit de véto sur des politiques auxquelles elle ne participe pas…
À défaut de pouvoir lui faire des concessions significatives, l’Union risque d’entrer dans une ère glaciaire jusqu’au référendum : tout ce qui pourrait déplaire, y compris l’approfondissement de la zone euro, risque d’être renvoyé à des jours meilleurs. Des Etats comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, profondément attachés à la présence de la Grande-Bretagne, vont tout faire pour ralentir le processus de décision, comme le craint Vivien Pertusot, directeur du bureau de l’IFRI à Bruxelles. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a pris les devants en en retirant près de 80 propositions législatives. Bref, rien qu’en agitant la menace d’un référendum, Londres a réussi à ralentir la marche de l’Europe. De Gaulle, le 27 novembre 1967, avait-il vu juste lorsqu’il avertissait que « faire entrer l’Angleterre », ce serait pour les Européens « donner d’avance leur consentement à tous les artifices, délais et faux-semblants qui tendraient à dissimuler la destruction d’un édifice qui a été bâti au prix de tant de peine et au milieu de tant d’espoirs » ?
N.B.: version longue de mon analyse parue dans Libération du 9 mai.
REUTERS/Yannis Behrakis
L’Eurogroupe de ce 11 mai devait être décisif pour la Grèce. C’est loupé : «les négociations progressent enfin, mais pas assez pour que l’on formalise un accord dès cette réunion des ministres des Finances de la zone euro», m’expliquait dès ce week-end une source proche des négociations. «Mais nous sommes en bonne voie». «Un accord est très proche et sera conclu prochainement», veut aussi croire Euclide Tsakalatos, le ministre des Affaires étrangères adjoint chargé des négociations avec les créanciers de la Grèce. Bruxelles ne désespère pas d’arriver à un compromis avec le gouvernement d’Alexis Tsipras avant la fin du mois.
Le problème est que chaque jour qui passe rapproche le pays du défaut de paiement. Les quelques euros qui restent dans les caisses de l’État, après que le gouvernement grec a réquisitionné les réserves des collectivités locales et des entreprises publiques, devraient permettre à Athènes de rembourser, mardi, 750 millions au Fonds monétaire international (FMI). Mais la Grèce ne pourra en aucun cas payer les salaires des fonctionnaires et les retraites à la fin du mois. «Les Grecs sont à l’os», prévient-on à Bruxelles. Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, l’a reconnu hier: «la question des liquidités est terriblement urgente. Tout le monde le sait, ce n’est pas la peine de tourner autour du pot. En termes de calendrier, nous parlons des deux prochaines semaines». «Les expériences ailleurs dans le monde nous ont montré qu’un pays peut soudainement être précipité vers la faillite», a d’ailleurs mis en garde, samedi, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances.
«Il faut au moins qu’à l’issue de l’Eurogroupe de ce jour, on donne un signal fort pour que la Banque centrale européenne (BCE) puisse augmenter le plafond de 15 milliards d’euros de bons du Trésor à court terme que la Grèce a l’autorisation d’émettre», m’affirmait avant l’Eurogroupe d’hier, la source déjà citée. «Cela devrait permettre à la Grèce de tenir jusqu’à l’accord définitif sur les réformes structurelles, accord qui permettra le versement des 7,2 milliards d’euros promis. Mais il faudra que le communiqué final soit très ferme pour que la BCE consente à ouvrir les vannes du financement. Du style : «l’Eurogroupe se réjouit des progrès significatifs accomplis»». Les ministres n’ont finalement pas été jusque-là en se contentant de «saluer les progrès» et «l’intention des autorités grecques d’accélérer leur travail avec les institutions»… Ce qui risque d’être un peu juste pour rassurer la BCE.
Athènes a déjà fait des efforts importants sur des sujets emblématiques. Ainsi, il a été acté que le marché de l’énergie sera bien ouvert à la concurrence et que l’autorité de régulation qui fixe les prix sera indépendante, que les taux réduits de TVA seront largement abrogés et que les privatisations seront poursuivies. Les créanciers de la Grèce ont accepté, en échange, que la hausse de la TVA ne soit pas uniforme (les îles pauvres en seront exclues) et que les privatisations soient laissées à la discrétion de la Grèce (abandon de la liste nominative) et poursuivi jusqu’en 2020 afin d’éviter que le pays brade ses bijoux de famille.
Sur d’autres points, en revanche, il reste des différents, comme sur l’augmentation du salaire minimum qu’Athènes n’a pas les moyens de financer ou encore la réduction de l’affolante bureaucratie locale. «Mais on n’est pas loin d’un accord», affirme une source proche des négociateurs européens. «Il faut dire que désormais, nos points de vue sur l’analyse macroéconomique, que ce soit les hypothèses de croissance ou le surplus budgétaire primaire (avant service de la dette) nécessaire pour rembourser la dette, se sont rapprochés. Or, cette analyse fonde le besoin de réformes. Ça aide énormément à rationaliser les discussions».
Le problème est que le verre n’est qu’à moitié plein, ce qui pourrait ne pas être suffisant pour les plus durs, au premier rang desquels l’Allemagne et le FMI. Ainsi, pour le gouvernement Tsipras, la réforme des retraites et l’assouplissement du marché du travail restent deux «lignes rouges». Or, pour le FMI, le régime des retraites grec est insoutenable, ce qui risque de déséquilibrer à nouveau les finances publiques. Celui-ci exige donc un recul de l’âge de la retraite, alors que le gouvernement Tsipras a promis de l’abaisser à 60 ans, la fin des préretraites entre 50 et 55 ans et le non-rétablissement du 13e mois pour les retraités… Pour le marché du travail, l’organisation sise à Washington estime qu’un assouplissement des règles de licenciement est nécessaire pour assurer la compétitivité à long terme de l’économie grecque. Mais les créanciers d’Athènes sont divisés, en dépit de leurs dénégations : la Commission, notamment, milite pour que le dossier des retraites soit renvoyé à un troisième plan d’aide qui devrait, en juillet, prendre le relais du programme actuel. De même, l’exécutif européen fait valoir que l’assouplissement du marché du travail n’est pas une urgence dans un pays qui compte 25 % de chômeurs.
«Tsipras n’exclut pas de bouger sur ces deux dossiers, mais à condition que l’on acte dès maintenant le lancement d’un troisième programme d’aide et que l’on fasse un geste sur la dette», explique un diplomate européen. Sur ce dernier point, le plus difficile, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, estime que «la discussion sur l’allégement de la dette n’est pas taboue. La seule chose impossible politiquement, c’est un effacement de sa valeur nominale (320 milliards d’euros)» (dans Le Monde daté de dimanche-lundi). En revanche, une extension des maturités (de 30 à 50 ans par exemple) ou un échange de titres seraient envisageables, ce qui reviendrait de fait à une restructuration.
N.B.: mise à jour de mon article paru dans Libération du 11 mai.
The Centre for European Policy Studies (CEPS), invited on Tuesday May 5th to the seminar: ‘Network Neutrality: Challenges and Responses in the EU and in the US’. “ Given the fact that “in Europe, key aspects of net neutrality regulation remain controversial and general opinion still differs on all aspects of net neutrality, even on its definition”, the seminar, chaired by Colin Blackman (Director, Digital Forum Unit, CEPS), aimed to “compare the approach adopted in the US with the current debate in Europe.”
Scott Marcus (Independent Consultant):
How should we define Net Neutrality?
There is a bunch of different definitions and actually it is very hard to find a ‘one size fit all’ definition for net neutrality:
-. Is it the ability of all Internet end-users to access and distribute information or run applications exercising their choices?
-. Is it the absence of unreasonable discrimination on the part of network operators in transmitting Internet traffic?
-. Is it the assurance that all traffic on the Internet is threaten equally, whatever its source, content or destination?
Network neutrality could be said to be at the heart of a web of crucial issues that appropriately concern European citizens. Indeed, net neutrality is the heart of a web of public concerns:
We distinguish between Direct and Indirect linkages:
Direct linkages to anti-competitive behaviour: innovation and investment, privacy and data protection, consumer awareness, empowerment, and protection, and freedom of expression.
Indirect linkages to network and information security: broadband policy, Internet governance, and more.
What matters when speaking about net-neutrality?
Technical Aspects: Quality of Experience (QoE)
The Quality of service (QoS) parameters and mechanisms are important to enable network operators to design, build and manage their networks, but they are not directly visible to end-users.
Crucial for the end-users, however is the quality that they personally experience during their use of a service.
These Quality of Experience (QoE) requirements are strongly dependent on the application. Some are sensitive to delay.
E-Mail has little sensitivity to packet loss and delay.
Real-time two way Voice over Internet Protocol (VoIP) tends to be highly sensitive- delays greater than some 150 msec cause problems.
Real-time two-way videoconferencing is similarly sensitive, and with greater bandwidth consumption.
One-way video may or may not be sensitive, depending on user expectations for how quickly the stream starts (zapping time).
Economic background of network neutrality
At least three distinctions:
Quality differentiation and price differentiation are well-understood practices. In the absence of anticompetitive discrimination, it generally benefits both, producers and consumers.
Another view: a two-sided market:
Internet can be thought as a two-sided platform, with network operators serving d a platform connecting providers of content with consumers. Disputes are only on how costs and profits should be divided between the network operators and the two or more sides of the market
Economic foreclosure: Foreclosure occurs when a firm that has market power in one segment attempts to project that market power into vertically related market segments where competition would otherwise lead to efficient outcomes.
What do the stakeholder think of this?
The European Commission conducted a public consultation on net neutrality at the end of 2012, with an eye to a legislative initiative in 2013.
The public consultation (2012-2013):
What did the consultation dealt with?
1)Current management practices in Europe.
2) Appropriate versus inappropriate forms of traffic management.
3) Opportunities and risks associated with new services.
4) Deep packet inspection and its implications for pricacu and data protection.
5) The risk of divergent policy interventions among the Member States.
6) The path to be taken going forward.
Consultation results:
European regulatory views:
The Body of European Regulators for Electronic Communications (BEREC) is committed to the open Internet and believes that the existing regulatory tools, when fully implemented, should enable NRSAs to address net-neutrality related concerns.
Berec in his annual report 2013 stated that very few NRAs have reported specific relevant net neutrality incidents. The prevailing approach among Nras is that possible deviations from net neutrality are dealt with on a case by case basis. There is a wide agreement among national regulators that the existing tools enable NRAs to address competition concerns related to net neutrality for the time being.
In the year 2012 instead on his consultation report, Berec stated that regulation should not be unnecessarily intrusive, since flexibility appears indispensable in such a fast-changing environment.
Regulation: EU
In the European framework, market power is a key concern. Regulation addresses last mile market power in the fixed network, both for the PSTN (public switched telephone network) and for the Internet, thus fostering competition.
Internet interconnection is generally unregulated to the extend that market power does not seem to be a concern.
During the year 2009, the regulatory framework was revisioned:
The ability of end users to access content, applications or services of their choice is now an explicit goal of European policy.
Providers of electronic communication services must inform end users of their practices in regard to traffic, management and provide end users with the right to change providers without penalty if they are dissatisfied with a change in these practices.
Differences btw the US and the EU
Regulation US:
Telecommunication services are subject to numerous regulatory obligations; information services are subject to few explicit obligations.
Information services were felt not to be subject to market power, so long as basic services were available on a non-discriminatory basis. It was this distinction that historically enabled the FCC to avoid regulating the Internet core.
During the George W. Bush years, the FCC classified broadband access when bundled with Internet service to be an information service (ignoring last mile market power concerns).
Weakened of lifted precompetitive remedies, thus reversing the growth of retail competition for DSL lines.
Lifted non-discrimination obligations.
The FCC’s Report and Order of March 12th 2015, goes somewhat further than the 2010 Order (the one which had been overturned by the courts).
NO Blocking: (ISPs) shall not block lawful content applications, services, or non-harmful devices, subject to reasonable network management.
No throttling: (ISPs) shall not impair or degrade lawful Internet traffic on the basis of Internet content, application, or service, or just use of a non-harmful device, subject to reasonable network management.
Europe: The Telecoms Single Market Regulation
A messy discussion of the Telecom Single Market (TSM) in Europe was kicked off by a weakly conceptualised European Commission proposal in September 2013.
In April 2014 instead, the European Parliament, just before elections, passed a stripped down version.
Network neutrality was small but important part of the original legislative proposal, but together with mobile roaming is the only portion that appears to have survived the subsequent legislative process.
Commission’s net neutrality concerns focused on inconsistent legislation in the Member States (Netherland, Slovenia), not necessarily on any need for different or stricter legislation.
Aspects to consider:
1) Does the legislative or regulatory instrument used strike the right balance in preventing harmful divergence, while providing appropriate flexibility?
2) Does it strike the right balance in preventing harmful differentiation, while permitting non-harmful differentiation?
3) Does it enable prioritisation of services that legitimately need it, potentially including real time voice and videoconferencing over the public Internet, mission critical services (including public protection and disaster relief (PPDR), and transport, and health?
Andrea Renda Senior Research Fellow:
There is no need to state that the devil is in the detail.
Recently, EU policymakers seem to have become obsessed by the concept of ‘neutrality’ when discussing future digital policy. I see a mounting debate in Europe concerning the extension of neutrality; whatever the neutrality is understood to be (cloud, or other services).
The situation we are facing nowadays at the European level is a situation of pure fragmentation. After 12 years of debate we are still struggling on many points and the progress made was very slow. The first proposed Telecom Packages in the years 2007 and 2009 could be seen as the first steps towards a harmonization of the internal market, and the creation of a Single Digital Market, but they were never implemented.
Member states in the meanwhile took the lead on this manner, imposing national regulations concerning net neutrality.
Concerning the EU-US debate on net neutrality, it is not clear what is emerging.
The only thing they have at the US level and we don’t have at the EU level is a decision. Indeed there is something strange at the EU level but also at the transatlantic level. We need to be carefully and not rushing, the higher risk is that we end up with totally different regulations on both the sides.
One thing that emerges clearly from the FCC rule is the urgency to try to establish a bright line view. The ultimate outcome, indeed, is most importantly depended by the other rules that are already there.
Why did we want neutrality in the first place?
Anonymity of the users: nobody wants it anymore today. Only Anonymous is still in this position. The anonymity of the end users is not a fee on the table anymore.
If we are looking for Net neutrality because of the reasons listed above, we are on the wrong track. In my opinion the reason why we might consider Net Neutrality, as the best option is because it minimizes the implementation cost and regulatory errors.
Moreover when dealing with the next attempt of regulation, we should probably look more at the things from a consumer perspective, what this means is that consumers don’t always want 100% neutrality everywhere, there are other areas that are more important for end users. I’m convinced that we have to look at the whole net neutrality issues also from a more social point of view.
Concluding let me state that:
– Yes! there is a way to implement these rules.
– The European Commission should take courage and give a hint to the implementation of these rules.
– We need to think a lot before translating our considerations, into actions.
Network Neutrality: Challenge and responses in the EU and in the US
The Centre for European Policy Studies (CEPS), invited on Tuesday May 5th to the seminar: ‘Network Neutrality: Challenges and Responses in the EU and in the US’. “ Given the fact that “in Europe, key aspects of net neutrality regulation remain controversial and general opinion still differs on all aspects of net neutrality, even on its definition”, the seminar, chaired by Colin Blackman (Director, Digital Forum Unit, CEPS), aimed to “compare the approach adopted in the US with the current debate in Europe.”
How should we define Net Neutrality?
There is a bunch of different definitions and actually it is very hard to find a ‘one size fit all’ definition for net neutrality:
Is it the ability of all Internet end-users to access and distribute information or run applications exercising their choices?
Is it the absence of unreasonable discrimination on the part of network operators in transmitting Internet traffic?
Is it the assurance that all traffic on the Internet is threaten equally, whatever its source, content or destination?
Network neutrality could be said to be at the heart of a web of crucial issues that appropriately concern European citizens. Indeed, net neutrality is the heart of a web of public concerns:
We distinguish between Direct and Indirect linkages:
Direct linkages to anti-competitive behaviour: innovation and investment, privacy and data protection, consumer awareness, empowerment, and protection, and freedom of expression.
Indirect linkages to network and information security: broadband policy, Internet governance, and more.
What matters when speaking about net-neutrality?
Technical Aspects: Quality of Experience (QoE)
The Quality of service (QoS) parameters and mechanisms are important to enable network operators to design, build and manage their networks, but they are not directly visible to end-users.
Crucial for the end-users, however is the quality that they personally experience during their use of a service.
These Quality of Experience (QoE) requirements are strongly dependent on the application. Some are sensitive to delay.
E-Mail has little sensitivity to packet loss and delay.
Real-time two way Voice over Internet Protocol (VoIP) tends to be highly sensitive- delays greater than some 150 msec cause problems.
Real-time two-way videoconferencing is similarly sensitive, and with greater bandwidth consumption.
One-way video may or may not be sensitive, depending on user expectations for how quickly the stream starts (zapping time).
Economic background of network neutrality
At least three distinctions:
Quality differentiation and price differentiation are well-understood practices. In the absence of anticompetitive discrimination, it generally benefits both, producers and consumers.
Another view: a two-sided market:
Internet can be thought as a two-sided platform, with network operators serving d a platform connecting providers of content with consumers. Disputes are only on how costs and profits should be divided between the network operators and the two or more sides of the market
Economic foreclosure: Foreclosure occurs when a firm that has market power in one segment attempts to project that market power into vertically related market segments where competition would otherwise lead to efficient outcomes.
What do the stakeholder think of this?
The European Commission conducted a public consultation on net neutrality at the end of 2012, with an eye to a legislative initiative in 2013.
The public consultation (2012-2013):
What did the consultation dealt with?
1) Current management practices in Europe.
2) Appropriate versus inappropriate forms of traffic management.
3) Opportunities and risks associated with new services.
4) Deep packet inspection and its implications for pricacu and data protection.
5) The risk of divergent policy interventions among the Member States.
6) The path to be taken going forward.
Consultation results:
Most NRAs, ISPs, content providers and consumer’s advocates considered traffic management to be appropriate under suitable preconditions.
Consumer advocates and other civil society organisations appear deeply troubled by limitations on Voice over IP; but network operators view this differently
There was widespread agreement that for a network operator to prioritise its own traffic ahead of traffic for applications that compete with its own services is problematic.
European regulatory views:
The Body of European Regulators for Electronic Communications (BEREC) is committed to the open Internet and believes that the existing regulatory tools, when fully implemented, should enable NRSAs to address net-neutrality related concerns.
Berec in his annual report 2013 stated that very few NRAs have reported specific relevant net neutrality incidents. The prevailing approach among Nras is that possible deviations from net neutrality are dealt with on a case by case basis. There is a wide agreement among national regulators that the existing tools enable NRAs to address competition concerns related to net neutrality for the time being.
In the year 2012 instead on his consultation report, Berec stated that regulation should not be unnecessarily intrusive, since flexibility appears indispensable in such a fast-changing environment.
Regulation: EU
In the European framework, market power is a key concern. Regulation addresses last mile market power in the fixed network, both for the PSTN (public switched telephone network) and for the Internet, thus fostering competition.
Internet interconnection is generally unregulated to the extend that market power does not seem to be a concern.
During the year 2009, the regulatory framework was revisioned:
<!–[if !supportLists]–>o <!–[endif]–>The ability of end users to access content, applications or services of their choice is now an explicit goal of European policy.
<!–[if !supportLists]–>o <!–[endif]–>Providers of electronic communication services must inform end users of their practices in regard to traffic, management and provide end users with the right to change providers without penalty if they are dissatisfied with a change in these practices.
Differences btw the US and the EU
Regulation US:
Telecommunication services are subject to numerous regulatory obligations; information services are subject to few explicit obligations.
Information services were felt not to be subject to market power, so long as basic services were available on a non-discriminatory basis. It was this distinction that historically enabled the FCC to avoid regulating the Internet core.
During the George W. Bush years, the FCC classified broadband access when bundled with Internet service to be an information service (ignoring last mile market power concerns).
Weakened of lifted precompetitive remedies, thus reversing the growth of retail competition for DSL lines.
Lifted non-discrimination obligations.
The FCC’s Report and Order of March 12th 2015, goes somewhat further than the 2010 Order (the one which had been overturned by the courts).
NO Blocking: (ISPs) shall not block lawful content applications, services, or non-harmful devices, subject to reasonable network management.
No throttling: (ISPs) shall not impair or degrade lawful Internet traffic on the basis of Internet content, application, or service, or just use of a non-harmful device, subject to reasonable network management.
Europe: The Telecoms Single Market Regulation
A messy discussion of the Telecom Single Market (TSM) in Europe was kicked off by a weakly conceptualised European Commission proposal in September 2013.
In April 2014 instead, the European Parliament, just before elections, passed a stripped down version.
Network neutrality was small but important part of the original legislative proposal, but together with mobile roaming is the only portion that appears to have survived the subsequent legislative process.
Commission’s net neutrality concerns focused on inconsistent legislation in the Member States (Netherland, Slovenia), not necessarily on any need for different or stricter legislation.
Aspects to consider:
1) Does the legislative or regulatory instrument used strike the right balance in preventing harmful divergence, while providing appropriate flexibility?
2) Does it strike the right balance in preventing harmful differentiation, while permitting non-harmful differentiation?
3) Does it enable prioritisation of services that legitimately need it, potentially including real time voice and videoconferencing over the public Internet, mission critical services (including public protection and disaster relief (PPDR), and transport, and health?
Andrea Renda Senior Research Fellow:
There is no need to state that the devil is in the detail.
Recently, EU policymakers seem to have become obsessed by the concept of ‘neutrality’ when discussing future digital policy. I see a mounting debate in Europe concerning the extension of neutrality; whatever the neutrality is understood to be (cloud, or other services).
The situation we are facing nowadays at the European level is a situation of pure fragmentation. After 12 years of debate we are still struggling on many points and the progress made was very slow. The first proposed Telecom Packages in the years 2007 and 2009 could be seen as the first steps towards a harmonization of the internal market, and the creation of a Single Digital Market, but they were never implemented.
Member states in the meanwhile took the lead on this manner, imposing national regulations concerning net neutrality.
Concerning the EU-US debate on net neutrality, it is not clear what is emerging.
The only thing they have at the US level and we don’t have at the EU level is a decision. Indeed there is something strange at the EU level but also at the transatlantic level. We need to be carefully and not rushing, the higher risk is that we end up with totally different regulations on both the sides.
One thing that emerges clearly from the FCC rule is the urgency to try to establish a bright line view. The ultimate outcome, indeed, is most importantly depended by the other rules that are already there.
Why did we want neutrality in the first place?
If we are looking for Net neutrality because of the reasons listed above, we are on the wrong track. In my opinion the reason why we might consider Net Neutrality, as the best option is because it minimizes the implementation cost and regulatory errors.
Moreover when dealing with the next attempt of regulation, we should probably look more at the things from a consumer perspective, what this means is that consumers don’t always want 100% neutrality everywhere, there are other areas that are more important for end users. I’m convinced that we have to look at the whole net neutrality issues also from a more social point of view.
Concluding let me state that:
– Yes! there is a way to implement these rules.
– The European Commission should take courage and give a hint to the implementation of these rules.
– We need to think a lot before translating our considerations, into actions.
Patrick Zingerle
It was Wednesday, April 15th when the European Commission announced to have sent a statement of objections to Google for allegedly abusing its market position, cheating on consumers and competitors by distorting Web search results to favour its own shopping service. Moreover, the European Commission has also formally started another antitrust investigation, concerning the mobile operating system Android, “investigating on whether Google has breached the EU antitrust rules by hindering the development and market access of rival mobile operating systems, applications and services to the detriment of consumers and developers of innovative services and products”.
“No competition without transparency”, can be reassumed as the essence of the Messerschmidt Report on EU Competition Policy, adopted by the European Parliament, Tuesday March 10th that led the EU’s investigation into Google to a turning point. Indeed when approved, the European Parliament expressed regret that after four years of investigation the Commission has not shown any demonstrable results in the case itself or the allegations of the preferential treatment of its own services in displaying results of search queries, stating that “in order to be credible in the digital agenda, the Google case urges to be solved”.
“I’m not pointing the finger against Google itself but against the fact that negotiations are lasting too long. It’s four years since the Commission has taken initiative after initiative but nothing’s relay going on. I’m not seeking to put Google in the dock, but we have seen several initiatives and four years passed and we have to resolve this case. The credibility of the Commission’s digital agenda is on the line, if it fails to ensure that competition infringements in fast-moving and dynamic digital markets are tackled swiftly” so Mr. Messerschmidt about his report.
Margrethe Vestager EU Commissioner in charge of competition policy who took over this politically charged case in November, following nearly five years of investigation by former Competition Commissioner Joaquin Almunia, outlined the situation in the following way: “In the case of Google I am concerned that the company has given an unfair advantage to its own comparison shopping service in breach of EU antitrust rules.” Given the outlined situation, the Mountain View, California based company will have ten weeks of time in order to advocate their case, having “the opportunity to convince the Commission to the contrary. However, if the investigation confirms our concerns, Google would have to face the legal consequences and change the way it does business in Europe”.
Replying to the critics, accusing the EU of taking a protectionist stance against the US tech industry: “In all of our cases (concerning competition policy), the nationality of the enterprises involved is, and will remain, indifferent to us. Our mission is to make sure that every company operating within the EU, does it respecting our policies”. The fact that many of the firms that have complained to Brussels in order to challenge Google’s business practices in Europe are themselves US companies, should also be seen as an important signal.
On the newly opened Android investigation instead: “I have also launched a formal antirust investigation of Goggle’s conduct concerning mobile operating systems, apps and services. Smartphones, tablets and similar devices play an increasing role in many people’s daily lives and I want to make sure the markets in this area can flourish without anticompetitive constraints imposed by any company,” so Ms. Vestager.
Sanctions:
Concerning issues of European Competition Policy, it’s the European Commission who has the major say with the power to apply sanctions up to 10% of the company’s annual sales. In this case, concerning the Google issue, if the American tech giant will be judged guilty, the European Commission will have the power to apply a fine up to 6.2 billion euros.
Moreover if the Commission finds that companies are abusing a dominant market position, the EU regulator can also demand wide-ranging changes in the way a Company does its business in Europe
When asked if really ready to fine a tech giant such as Google, Ms. Vestager explained that “it is very important that every road is open- first when it comes to commitments but also when it comes to the other road, at the end of which is a fine.”
Reactions:
In its first reaction, the American tech giant stated that it strongly disagreed with the EU’s statement of objections, emphasizing the fact that, on their opinion, during the last years its products have fostered competition, benefitting consumers as well. “While Google may be the most used search engine, people can now find and access information in numerous different ways—and allegations of harm, for consumers and competitors, have proved to be wide of the mark”.
“Our free operating system for mobile devices has been a key player in spurring competition and choice, lowering prices and increasing choice for everyone (there are over 18,000 different devices available today)” so the Mountain View, California based company concerning the Android issue.
Ramon Tremosa i Balcells (ALDE), very active on this dossier since the beginning stressed the fact that during the last years many European S&M enterprises went bankrupt causing damage to European consumers. From a Single Digital Market perspective, the aim of Competition Policy should be to “establish an open market that contains and warrants the same opportunities for everyone”. “The Google issue is not a question of taxation, we need to assure a level playing field in the European market, assuring companies to equally compete in the market, and avoid Google to monopolize the market in the next years.”
Morten Messerschmidt MEP, author of the European Parliament’s recent annual Competition report, said: “Finally we are seeing some life in the Commission’s Competition directorate. Despite four years of investigations we have seen few clear results or actions by the Commission to allow all digital businesses to operate on a level playing field. The Commission has now showed its teeth, and it must now work swiftly with Google to resolve this case and create an open and fair Internet search marketplace.”
Monique Goyens, general manager of BEUC, an associate member of the International Consumers Organisation aiming at representing and defending the interests of all Europe’s consumers at the European level, stressed the importance of Google treating all the online services, including their own and not just Google Shopping, following the same standards and practices, without discrimination to put it simple.
“Even Uncle Google must play fair”, German lawmaker Manfred Weber, floor leader of the largest conservative group, said: « Internet is not the Wild West – there are rules on the web that must also be respected. »
Patrick Zingerle
To know more:
-. EU-LOGOS, “COMPETITION POLICY: ‘IN ORDER TO BE CREDIBLE IN THE DIGITAL AGENDA, THE GOOGLE CASE NEEDS TO BE SOLVED’.”http://europe-liberte-securite-justice.org/2015/03/17/competition-policy-in-order-to-be-credible-in-the-digital-agenda-the-google-case-needs-to-be-solved/
-. Dossier GOOGLE des articles de Nea Say http://www.eu-logos.org/eu-logos_nea-say.php?idr=4&idnl=3500&nea=156&lang=fra&arch=0&term=0
La Commission européenne propose d'accorder plus de pouvoir au Conseil et au Parlement pour élaborer de nouvelles lois. En échange de quoi les deux institutions suivraient la Commission dans son ambition de « mieux légiférer » pour alléger le poids administratif de l'UE, selon un accord divulgué à EurActiv.
Si un ressortissant d’un pays tiers à l’Union européenne retourne sur le territoire d’un Etat membre malgré l’interdiction d’entrée dans cet Etat, les autorités peuvent-elles le condamner à une peine de prison ? La réponse à cette question est : oui !, un ressortissant étranger pouvant encourir une peine allant jusqu’à quatre ans d’emprisonnement, selon la législation italienne. Mais il s’avère qu’une telle condamnation viole probablement le droit européen, selon l’Avocat général Maciej Szpunar qui vient , le 28 avril de présenter ses conclusions en ce sens à la Cour de Justice .
Dans l’affaire C-290/14 un ressortissant d’un pays tiers a été arrêté par les autorités italiennes. Ces dernières se sont rendu compte que l’intéressé avait été interdit de se rendre en 2014 pour une période de trois ans. La juridiction en charge du dossier s’est tournée vers la Cour de justice pour savoir si la législation italienne , qui prévoit dans ce cas une peine d’un à quatre ans d’emprisonnement, est conforme à la directive européenne dite « retour » (2008/115/CE).
Selon l’Avocat général Szpunar , la législation italienne n’est pas conforme au droit de l’UE. Il a rappelé que l’objectif de la directive « retour » n’est pas de prévenir un retour irrégulier, mais d’y mettre un terme par le biais d’une décision de retour, assortie éventuellement d’une interdiction d’entrée. Si un ressortissant d’un pays tiers entre à nouveau sur le territoire d’un Etat membre en dépit de l’interdiction d’entrée, les obligations qui incombent à l’Etat membre restent les mêmes, les dispositions de la directive devant à nouveau s’appliquer.
Ainsi la rétention ou l’emprisonnement doivent se limiter aux seules situations prévues par la directive à savoir pour des infractions pénales sans rapport avec l’irrégularité du séjour, dans les situations administratives régies par la directive et en vue de la détermination du caractère régulier ou non du séjour. Le seul motif que la personne est en séjour irrégulier suite à la violation d’une interdiction d’entrée n’est pas suffisant, selon le droit de l’UE, pour infliger une peine de prison, car c’est avant tout une nouvelle décision de retour qui doit être prise, sans retard et sans compromettre la procédure de retour.
Pour en savoir plus :
-. Texte de la Directive 2008/115/CE (FR) http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:348:0098:0107:FR:PDF (EN) http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:348:0098:0107:EN:PDF
-. Synthèse de la législation : Normes et procédures communes pour le retour des immigrants (FR) http://europa.eu/legislation_summaries/justice_freedom_security/free_movement_of_persons_asylum_immigration/jl0014_fr.htm (EN) http://europa.eu/legislation_summaries/justice_freedom_security/free_movement_of_persons_asylum_immigration/jl0014_en.htm
-. Texte des conclusions de l’avocat général (FR) http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=163969&pageIndex=0&doclang=fr&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=225081 (EN) http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=163969&pageIndex=0&doclang=EN&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=225081
Le 29 avril 2015 le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg, a adopté par 449 voix , 130 contre et 93 abstentions, une résolution pour répondre aux événements tragiques survenus récemment en Méditerranée et remédier aux lacunes des conclusions du dernier Conseil européen.
Au début de la réunion le président du Conseil Donald Tusk a présenté les conclusions du sommet extraordinaire convoqué d’urgence le lendemain de la tragédie en Méditerranée qui a coûté la mort à plus de 800 personnes le 19 avril. Il a fait connaître que les chefs d’États et de gouvernements des Vingt-Huit Etats membres de l’Union européenne s’étaient engagés à renforcer rapidement la présence européenne en mer en augmentant les capacités opérationnelles de Triton, l’opération de surveillance des frontières maritimes cordonnée par Frontex, et en triplant son budget, actuellement de trois millions d’euros par mois, comparés aux quelques 9 millions d’euros mensuels de l’opération italienne de sauvetage Mare Nostrum menée entre octobre 2013 et novembre 2014 . Le président du Conseil a déclaré que «sauver les vies de personnes innocentes reste notre priorité, mais il ne s’agit pas simplement de sauver des personnes en mer, il faut également mettre fin aux activités des trafiquants et des passeurs qui mettent en danger les vies des migrants ». A ce but il a annoncé que les États membres avaient décidé de renforcer la lutte contre le trafic des migrants et améliorer le contrôle des frontières. Il a rappelé la nécessité d’une coopération avec les pays d’origine et de transit pour éviter toute nouvelle perte de vies humaines en mer et pour s’attaquer aux causes profondes des flux migratoires.
«La réponse à la tragédie humaine à laquelle nous avons assistée dans la Méditerranée a été immédiate mais elle reste insuffisante» a regretté Jean Claude Juncker, président de la Commission européenne. En intervenant après M. Tusk, le commissaire s’est dit déçu par les conclusions du Conseil extraordinaire qui étaient «inférieures au niveau d’ambition qui aurait dû être le nôtre». «Il ne suffit pas de combattre les symptômes de la crise, comme Monsieur Tusk l’a dit, il est essentiel de tout faire pour éviter que des gens malheureux doivent prendre le bateau» a-t-il expliqué, en posant l’accent sur le besoin d’augmenter l’aide au développement (affichant une position assez différente de celle de ses collègues du PPE, le parti européen qui l’avait désigné pour représenter la droite.)
Le président de la Commission est ensuite revenu sur deux sujets sur lesquels les chefs d’État et de gouvernement n’étaient pas parvenus à un accord, celui de la répartition de la charge des demandeurs d’asile et celui de l’ouverture des frontières à une immigration légale. Il a plaidé pour la mise en place d’un système de quotas afin de régler la répartition géographique sur toute l’Europe des réfugiés. «On ne peut pas laisser aux seuls soins des États membres directement concernés la gestion de la relocalisation des réfugiés. Il s’agit de solidarité partagée» il a précisé.
Quant à la question de l’immigration légale M. Juncker a affirmé: «Si nous n’ouvrons pas, ne fût-ce qu’à moitié, la porte d’entrée, il ne faut pas faire le surpris lorsque des malheureux de la planète entière entrent par effraction par la fenêtre. Il faut ouvrir les portes pour éviter qu’on entre par les fenêtres.»
Le débat qui a suivi leurs interventions a été tendu et riche en polémiques. Il a mis en lumière la claire différence entre les priorités des trois institutions, en effet le Conseil veut concentrer son action sur la lutte contre les trafiquants, par contre la Commission et le Parlement sont convaincus que l’urgence est à la recherche et le sauvetage des migrants. Les députés ont sévèrement critiqué les conclusions du sommet européen, présentées comme « inadéquates et honteuses» puisque trop axées sur la sécurité et peu sur l’accueil, comme le député Gianni Pittella l’a remarqué.
Philippe Lamberts a parlé d’ «endiguement» en se référant aux résultats du Conseil extraordinaire. «Cette attitude est indigne! Indigne d’une Europe qui est, comme le président Juncker l’a rappelé, un des continents les plus riches du monde. Indigne aussi d’une Europe qui se targue souvent d’être le berceau des droits de l’homme et qui ne manque pas une occasion de donner des leçons au reste du monde. Nous attendons des chefs d’État ou de gouvernement une autre attitude» a-t-il reproché, en appuyant l’intervention du président Juncker.
Barbara Spinelli a accusé le Conseil, les gouvernements des États membres et la Commission d’être «directement responsables du crime qui tue de plus en plus de migrants qui fuient les guerres que l’Europe a facilitées et les persécutions qu’elle tolère». «Après les morts du 19 avril, l’Union aussi fait naufrage dans le déni et l’aveuglement. Elle déclare la guerre aux trafiquants, en feignant de croire que ce sont eux les seuls responsables de tant de morts. Ils ne sont pas responsables; ils sont là parce qu’il n’existe pas de voie légale d’accès pour les réfugiés» a-t-elle poursuivi.
La majorité des députés a plaidé pour une filière d’immigration légale et sûre. «Si vous voulez contrôler un processus, le meilleur moyen est de le rendre légal. Le rendre illégal c’est perdre tout contrôle» a affirmé M. Lamberts. Mais les critiques n’ont pas manquées. Le président du PPE, Manfred Weber, en évoquant que «un jeune sur cinq en Europe est au chômage», a déclaré: «quiconque affirme que nous allons ouvrir les portes du marché du travail à la migration légale et que c’est une façon de mettre un terme à la misère en Méditerranée se leurre».
A l’issue de la réunion les eurodéputés ont voté une résolution où le Parlement « prie instamment l’Union européenne et les États membres de développer la coopération existante et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter que d’autres personnes ne périssent en mer».
A propos de l’opération Triton, les députés ont demandé que son mandat soit clarifié, afin d’accroître sa zone d’opération et d’élargir son mandat. La résolution adoptée insiste pour que Triton puisse ressembler «à une opération de sauvetage humanitaire européenne permanente et robuste, qui, comme Mare Nostrum, agirait en haute mer et à laquelle tous les États membres contribueraient financièrement et avec des équipements et des atouts». Sur ce point, toutefois, le Président Juncker s’est dit en désaccord. «Il n’est pas vrai que le mandat de Triton ne permet que le sauvetage dans les eaux territoriales des États membres, il est beaucoup plus large. Nous n’avons pas à changer le mandat mais à élargir ses moyens» a-t-il précisé.
La résolution appelle les États membres à s’engager en augmentant leur contribution aux budgets et aux opérations de Frontex et du Bureau européen d’appui en matière d’asile, et en leur fournissant les ressources nécessaires (en personnel et en équipements) pour répondre aux obligations qui leur incombent. En outre, conformément à l’article 80 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), elle met en évidence la nécessité d’une approche fondé sur la solidarité envers les États membres qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile, et demande le partage équitable des responsabilités, pour que les demandes d’asile, quel que soit le pays d’accueil dans l’Union, reçoivent un traitement équivalent. A ce sujet la résolution «invite la Commission à établir un quota contraignant pour la répartition des demandeurs d’asile entre les États membres».
D’ailleurs les députés ont demandé la délivrance de visas humanitaires dans les ambassades et les bureaux consulaires des États membres dans les pays tiers, l’activation de la directive « protection temporaire » de 2001 ainsi que d’avantage efforts sur la réinstallation et sur la possibilité d’un traitement rapide des demandes, en collaboration avec les pays tiers d’origine et de transit sûrs. La résolution souligne aussi la «nécessité d’encourager les politiques de retour volontaire, tout en assurant la protection des droits de tous les migrants et en garantissant un accès sûr et légal au régime d’asile européen, en respectant pleinement le principe de non-refoulement».
Une coordination plus étroite entre les politiques de l’Union et celles des États membres est requise en vue de traiter les causes profondes des migrations, tout comme une coopération renforcée de l’Union avec les pays partenaires du Proche-Orient et d’Afrique, afin de promouvoir la démocratie, les libertés et les droits fondamentaux, la sécurité et la prospérité.
Le Parlement invite les États membres à «collaborer étroitement avec l’agence Frontex, le Bureau européen d’appui en matière d’asile, Europol et Eurojust afin de lutter contre la traite des êtres humains et les réseaux criminels de passeurs», et à prendre des «
sanctions pénales les plus rigoureuses possible contre la traite des êtres humains et les filières de passeurs, au niveau de l’entrée comme de la circulation dans l’Union, mais aussi à l’encontre d’individus ou de groupes qui exploitent les migrants vulnérables dans l’Union».
Quant aux conflits et à l’instabilité en Libye et en Syrie le Parlement encourage les efforts diplomatiques et maintient son ferme engagement de créer une stabilité régionale dans les points chauds, étape essentielle pour réduire les flux de déplacement des personnes.
Comme le texte même le rappelle, cette résolution ne propose que des «mesures urgentes à adopter immédiatement», mais, dans l’attente du nouvel agenda de la Commission européenne prévu pour le 13 mai, elle plaide pour «un programme européen ambitieux dans le domaine des migrations, qui prenne en compte tous les aspects du phénomène».
Fiorenza Pandolfo
Pour en savoir plus:
-. European Parliament resolution on the latest tragedies in the Mediterranean and EU migration and asylum policies:http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=MOTION&reference=P8-RC-2015-0367&language=FR
Discours du Président Jean-Claude Juncker: http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-15-4896_fr.htm
-.Communiqué de presse: http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20150424IPR45723/html/Migration-le-Parlement-r%C3%A9clame-des-mesures-urgentes-pour-sauver-des-vies
-. Conclusions du Conseil extraordinaire: http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2015/04/23-special-euco-statement/
-.La commission LIBE débat de la situation en Méditerranée: http://europe-liberte-securite-justice.org/2015/04/23/la-commission-libe-debat-de-la-situation-en-mediterranee-et-egalement-du-besoin-dune-approche-holistique-de-la-migration/
/Voir la version française plus bas/
One of the new A400M military transport aircraft crashed Saturday, May 9 near Seville in southern Spain. It was a test flight, conducted systematically before a new airplane is delivered to the customer. This usually occurs with a reduced crew. This is the first accident of this type of device since its commissioning. The aircraft informed the control tower to report a problem, before rushing toward the ground. The crew was Spanish and the accident has cost four lives.
The manufacturer Airbus Defence and Space, a subsidiary of European aerospace group (former EADS, up to 2013), which assembles the A400M at its factory in Seville, Andalusia, said in a statement that the plane was destined for Turkey. Airbus was not able to provide details of the accident, but has formed a crisis unit.
The first copy of the new European aircraft was delivered to France in 2013. Since then, Turkey and Germany have also taken delivery. Equipped with four turboprop engines, the A400M can carry up to 37 tons on 3300 km, land on unprepared terrain like sand, with a cargo of tanks or helicopters. The device has experienced many delays in its production and in its deliveries and accumulated an overbudget of 6.2 billion euros (around 30%).
Airbus has high hopes for this device that hits the market when its US competitors are at an end, including the C-130 developed there over 50 years. A total of 174 copies have been ordered to date, including 50 from France, 53 from Germany, 27 from Spain and 22 from the UK.
Following the crash of the Saturday A400M, Germany, the UK and Turkey have decided to stop their planes. If other countries are waiting for the identification of disaster`s causes, France has meanwhile decided to keep its six A400M in service but only "for priority flights," said the Defence Minister Jean-Yves Le Drian.
In March 2015, the Royal Air Force has received its second A400M transport aircraft "Atlas". And one of the six aircraft delivered to the Air Force will going to fly, this March 6, around the world, in 15 days, 11 stops and 3 days, 2 hours and 20 minutes of cumulative flight (Transall C-160 would require three times as long). And that in order to ensure the commercial promotion of the device in Australia, check the availability of land and Faa'a Tontouta in New Caledonia and measure crew`s fatigue and alertness during the long trips.
These appearances are deceiving. After being rescued in 2010 while additional costs and delays mounted, the A400M program traverses a zone of turbulence again, which led to the replacement of Airbus military aviation branch`s director, Domingo Ureña-Raso by Fernando Alonso. The first A400M delivered in December to the German army, would have been found some "875 shortcomings" ... Hence the severe criticism of the manufacturer by Berlin, which also wants to replace as soon as its C-160 Transall suffering a serious problem of availability. "There is more at stake than the single image of an industrial company, it is question of the reliability of Germany in its alliances' military even said Ursula von der Leyen, the German Minister of Defense. And estimate that Airbus "seemed to have a problem with understanding the quality of a product". French Air Force was to receive 4 planes in 2015, it will have to settle for just 2. And Again, if all goes well as the delivery of the second aircraft is expected to occur at the end of the year.
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L`une des nouveaux avions de transport militaire A400M s'est écrasé samedi, le 9 mai près de Séville, dans le sud de l'Espagne. Il s'agissait d'un vol d'essai, réalisé systématiquement avant qu'un nouvel appareil soit livré au client. Il s'effectue généralement avec un équipage réduit. C'est le premier accident de ce type d'appareil depuis sa mise en service. L'avion a informé la tour de contrôle pour lui signaler un problème, avant de foncer vers le sol. L'équipage était espagnol et l`accident a coûté la vie à quatre personnes.
Le constructeur Airbus Defence and Space, filiale du groupe aéronautique européen (EADS jusqu`à 2013) qui assemble l'A400M dans son usine de Séville, en Andalousie, a indiqué dans un communiqué que cet avion était destiné à la Turquie. Airbus n'a pas été en mesure de donner des détails sur l'accident, mais a constitué une cellule de crise.
Le premier exemplaire de ce nouvel avion européen a été livré à la France en 2013. Depuis, la Turquie et l'Allemagne en ont également pris livraison. Équipé de quatre turbopropulseurs, l'A400M peut transporter jusqu'à 37 tonnes sur 3.300 kilomètres, se poser sur des terrains non préparés comme le sable, avec à son bord des blindés ou des hélicoptères. L'appareil a connu de nombreux retards dans sa fabrication puis dans ses livraisons et a accumulé un dépassement de budget de 6,2 milliards d'euros (environ 30%).
Airbus a de grands espoirs pour cet appareil qui arrive sur le marché quand ses concurrents américains sont en bout de course, notamment le C-130 conçu il y a plus de 50 ans. Au total, 174 exemplaires ont été commandés à ce jour, dont 50 par la France, 53 par l'Allemagne, 27 par l'Espagne et 22 par le Royaume-Uni.
Suite au crash de l'A400M de samedi, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Turquie ont décidé d'immobiliser leurs avions. Si les autres pays attendent que soient identifiées les causes de la catastrophe, la France a quant à elle décidé de garder ses six A400M en service mais seulement "pour les vols prioritaires", a précisé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
En mars 2015 le Royal Air Force vient de recevoir son deuxième avion de transport A400M « Atlas ». Et un des six exemplaires livrés à l’armée de l’Air va boucler, ce 6 mars, un tour du monde accompli en 15 jours, 11 escales et 3 jours, 2 heures et 20 minutes de vol cumulé (un Transall C-160 aurait besoin de trois fois plus de temps). Et cela afin d’assurer la promotion commerciale de l’appareil en Australie, de vérifier l’accessibilité des terrains de Faa’a et Tontouta en Nouvelle-Calédonie et de mesurer la fatigue et le niveau de vigilance des équipages sur de longs trajets.
Ces apparences sont trompeuses. Après avoir été sauvé en 2010 alors que les surcoûts et les retards s’accumulaient, le programme A400M traverse à nouveau une zone de turbulences, ce qui a conduit au remplacement du directeur de la branche aviation militaire chez Airbus, Domingo Ureña-Raso par Fernando Alonso. Sur le premier A400M livré en décembre à l’armée allemande, il aurait été constaté quelques « 875 manquements »… D’où les sévères critiques adressées au constructeur par Berlin, qui veut par ailleurs remplacer au plus vite ses Transall C-160 qui souffrent d’un sérieux problème de disponibilité. « Il y a plus en jeu que la seule image d’une entreprise industrielle, il est question de la fiabilité de l’Allemagne dans ses alliances » militaires, a même déclaré Mme Ursula von der Leyen, le ministre allemand de la Défense. Et d’estimer qu’Airbus « semblait avoir un problème avec sa compréhension de la qualité d’un produit ».L`armée de l’Air française devait recevoir 4 avions en 2015, elle devra s’en contenter de seulement 2. Et encore, si tout va bien étant donné que la livraison du second avion devrait avoir lieu à la fin de l’année.
Source : Sudouest.fr et Zone militaire
Language English Tag: A400MEuropean Commission head Jean-Claude Juncker called again for the bloc to build an army, saying a flock of hens posed more of a threat than its current military capabilities. "A bunch of chickens looks like a combat formation compared to the foreign and security policy of the European Union," Juncker told a Brussels forum in typically lively language.
"I always call for a European army as a long-term project. It is not something you can build from scratch tomorrow morning," he said. Juncker has consistently backed the idea that the EU's 28 member nations — all no strangers to a bloody, war-torn past — should accept a military arm, a need highlighted by the Ukraine crisis. "A common army among the Europeans would convey to Russia that we are serious about defending the values of the European Union," he told Germany's Welt am Sonntag in March.
A joint EU force would also rationalize defense spending and drive further EU integration. For many European Union states, however, defense is a no-go area, with Britain especially hostile to sacrificing what it sees as a core sovereign prerogative to Brussels.Britain also insists that NATO, the US-led military alliance set up to hold the Cold War line against the Soviet Union, should remain the focus of European defense efforts. Juncker told the forum that considering the current fragmented state of EU military readiness, it was perfectly "right that central and eastern European countries put their trust primarily in NATO." "The 28 armies are just not up to it," he added.
EU leaders are due to review the bloc's security policy at a June summit to take on board the threat posed by a more assertive Russia and turmoil across North Africa and the Middle East. Analysts say it is unlikely to lead to radical changes in the current very limited joint military operations undertaken by the EU, such as the Atalanta anti-piracy mission off the Horn of Africa.
Tag: JunckerCFSPCSDP« C’est un paradoxe : le Royaume-Uni se méfie de plus en plus d’une Union européenne qui n’a jamais été aussi en ligne avec ses idées », s’exclame un haut fonctionnaire de la Commission de nationalité britannique. Du libre-échange à l’anglais, devenu langue quasiment unique des institutions communautaires, en passant par l’élargissement, le marché unique, le moins légiférer, la baisse du budget communautaire, l’Europe à géométrie variable, bref tout ce dont rêvait depuis toujours Albion. « Aujourd’hui, c’est la France qui souffre: l’Europe puissance, la défense européenne ou encore la politique industrielle, autant de choses qui effrayaient la Grande-Bretagne et qui ne sont plus d’actualité », s’amuse ce haut fonctionnaire. Or, plus l’Europe devient britannique, plus Londres s’y sent mal à l’aise au point de vouloir la quitter.
Le Royaume-Uni a su parfaitement manœuvrer pour imposer ses idées au fil des ans. Tout commence avec Margareth Thatcher, la dame de fer, qui comprend rapidement que le Grand Marché lancé par Jacques Delors en 1985 n’est pas seulement un projet fédéral, mais va lui permettre de faire sauter les barrières intérieures aux échanges et ainsi de réaliser une zone de libre échange européenne. Même si elle était plus organisée qu’elle ne l’aurait souhaité, c’est bien ce qui s’est passé, Londres ayant toujours bloqué toute harmonisation fiscale et sociale qui aurait dû en être la contrepartie. Ses successeurs, John Major et Tony Blair, ont, eux, réussi à créer une Europe à géométrie variable en obtenant des « opt out » dans plusieurs domaines : la monnaie, bien sûr, l’immigration et l’asile, la justice et la police, Schengen ou encore la défense. Londres a aussi milité activement pour un élargissement rapide, en s’alliant pour le coup avec l’Allemagne, meilleur moyen de tuer l’idée même d’Europe puissance, un concept qui la hérisse.
La Grande-Bretagne a aussi su renforcer sa présence à Bruxelles. Même si les Britanniques ont toujours été inférieurs en nombre (4,3 % parmi les fonctionnaires de la Commission, par exemple, contre 9,8 % de Français, 10,5 % d’Italiens ou 8,3 % d’Allemands), leur qualité a plus que compensé ce handicap. Ainsi, dans l’exécutif présidé par Jean-Claude Juncker, on compte six chefs de cabinets (et adjoints) britanniques contre trois Français. Parmi les directeurs généraux (chef d’administration centrale), il n’y a certes que cinq Britanniques (sur 68 postes), contre six Français et dix Allemands, mais là aussi à des postes importants. Il faut rajouter la toute puissante secrétaire générale de la Commission, Catherine Day, certes irlandaise, mais très proche des Britanniques. « Il ne s’agit de placer des gens qui prennent leurs ordres de Londres », précise un haut-fonctionnaire britannique, « mais d’avoir des gens qui ont une culture anglo-saxonne et qui influent donc directement sur la législation européenne ». La Représentation permanente (RP, ambassade) britannique auprès de l’UE sait entretenir des relations régulières avec ses fonctionnaires, à la différence de son homologue française qui ne s’intéresse pas aux petits grades. « Même les stagiaires sont reçus par la RP britannique, alors que les Français ignorent qu’on existe », témoigne un Français.
Mais le vent a tourné : depuis 2010, le nombre de candidats britanniques aux concours européens est en chute libre. « Les jeunes ne parlent plus autre chose que l’anglais, ce qui leur barre la route de la fonction publique européenne, l’Europe ne les fait plus rêver et les diplômés sont bien mieux payés dans le privé », analyse un responsable européen. Un phénomène que l’on retrouve dans l’ensemble des pays du nord de l’Europe.
L’explication de cet éloignement de l’Europe tient à la crise financière, qui a porté un coup fatal au laisser-faire économique, et surtout à la crise de la zone euro. Avec l’approfondissement de la zone euro qui a suivi la crise des dettes publiques de 2010-2012 (Mécanisme européen de stabilité, gouvernance économique et budgétaire, union budgétaire, Union bancaire, etc.), la Grande-Bretagne a vu se réaliser son pire cauchemar : une fédéralisation de l’Europe dont elle ne peut ralentir la marche puisqu’elle s’est auto-exclu de la monnaie unique. Désormais, le lieu du pouvoir dans l’Union, c’est la zone euro, une évolution qui n’a échappé à personne, tous les pays européens voulant désormais la rejoindre. Sauf la Grande-Bretagne et la Suède (le Danemark, qui vient de rejoindre l’Union bancaire, est de facto dans la zone euro, la couronne danoise étant liée à la monnaie unique). Au conseil des ministres (l’instance législative qui représente les États), « c’est l’Eurogroupe qui dicte la marche sur des dossiers comme la fiscalité, la réglementation bancaire, les questions budgétaires, etc. », souligne un eurocrate. Désormais, Londres vit dans la hantise que les Etats de la zone euro se mettent d’abord d’accord entre eux afin d’ensuite lui imposer leur volonté…
De même, la crise en Ukraine a redonné du lustre aux partisans d’une Europe puissance, d’une Europe de la défense : « la Grande-Bretagne est dans une position bizarre entre les États-Unis qui se retirent des affaires du monde et l’Union qui s’affirme de plus en plus sur la scène internationale », regrette un haut fonctionnaire britannique.
Cette évolution institutionnelle du cœur de l’Europe s’est accompagné d’une auto-marginalisation politique des conservateurs britanniques qui, en juin 2009, ont quitté le PPE (parti populaire européen, conservateurs) pour créer un groupe sans influence au Parlement européen. Autrement dit, les Tories ont décidé de ne plus rien peser au moment où cette Assemblée a vu ses pouvoirs s’accroitre considérablement avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne fin 2009. Un exemple ? Les Britanniques n’ont pas pu participer à la désignation du candidat du PPE à la présidence de la Commission, en l’occurrence Jean-Claude Juncker qui leur fait horreur. Et, en dépit du vote négatif de David Cameron, celui-ci a été confirmé par le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement en juin 2014, ce qui n’était jamais arrivé jusque-là. Autre faute diplomatique : la campagne contre la libre circulation des travailleurs d’Europe de l’Est qui lui a fait perdre ses soutiens traditionnels.
À la différence d’un Tony Blair, qui voulait placer son pays « au cœur de l’Europe » afin de contrôler au plus près son développement, David Cameron a fait un choix inverse qui se paye comptant. « L’image de la Grande-Bretagne est en plein déclin à Bruxelles. Surtout, elle n’est plus à l’initiative, elle est en blocage, ce qui l’empêche de peser sur les textes en discussion en participant à un compromis », analyse un diplomate français. Pour autant, nul ne se résout, à Bruxelles, au départ de la Grande-Bretagne, car cela ouvrirait une nouvelle ère, celle de la déconstruction communautaire. Si l’Union est prête à faire des efforts en légiférant moins, , elle n’ira pas beaucoup plus loin, notamment parce que personne ne veut s’amuser à négocier un nouveau traité. « D’autant qu’en réalité, David Cameron veut participer aux institutions communautaires, mais pas aux politiques européennes. Et, ça c’est inacceptable même pour les plus anglophiles des Européens ».
N.B.: version longue de mon article paru le 7 mai
REUTERS/Yves Herman
Les bonnes fées semblent enfin s’être rappelé de l’existence de la zone euro. Alors qu’elle semblait durablement engluée dans la stagnation économique, à la suite de la crise des dettes publiques de 2010-2012, tous les indicateurs passent enfin au vert et le résultat est là : la croissance s’accélère. La Commission européenne a annoncé, hier, qu’elle tablait sur +1,5 % dans la zone euro pour cette année (1,8 % dans l’UE à 28) au lieu des 1,3 % prévu en février et sur 1,9 % pour 2016 (2,1 % pour l’UE). « Nous avons aujourd’hui des indications claires qu’une reprise cyclique véritable est désormais en cours », a estimé Pierre Moscovici, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires. La mauvaise nouvelle, car il y en a une : la France fait moins bien que ses partenaires : 1,1 % en 2015 et 1,7 % l’année prochaine. Hier, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a tiré le signal d’alarme : « fondamentalement, l’économie française ne va pas assez bien » et reste « impuissante à créer des emplois nécessaires à ses jeunes » en dépit « de l’environnement monétaire et financier le plus favorable (…) depuis plusieurs décennies ».
De fait, après les tensions de 2010-2012, qui avaient poussé les taux d’intérêt sur les emprunts d’État au plus haut (sauf pour l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe), la situation s’est non seulement normalisée, mais jamais la zone euro n’a emprunté à des taux aussi favorables, ce qui donne de l’air aux finances publiques : les marchés prêtent à Berlin à 10 ans à un taux de 0,45 %, à Paris à 0,70 %, à Rome à 1,57 %, à Madrid à 1,54 %, etc. Selon Christian Noyer, une baisse d’un point équivaut, pour la France, à une économie annuelle de 40 milliards… Un effet, notamment, du « quantitative easing » lancé en mars dernier par la Banque centrale européenne (BCE) qui rachète sur le marché secondaire (celui de la revente) 60 milliards d’euros par mois de dettes publiques. L’effet sur l’économie réelle commence à se faire sentir, les taux d’intérêt consentis par les banques commerciales plongeant, ce qui facilite le financement des entreprises et des ménages.
L’effet de cette politique très volontariste de Francfort, aux limites extrêmes de son mandat, à laquelle s’ajoute la bonne conjoncture américaine et la remontée des taux programmées outre-Atlantique, ont fait chuter l’euro de 25 % en un an face au dollar (à environ 1,10 dollar pour 1 euro), mais aussi, dans une moindre mesure, vis-à-vis des autres monnaies. Une telle baisse, favorable aux exportations, aurait pu avoir des conséquences catastrophiques sur les importations, notamment sur le prix de l’énergie. Mais là aussi, les bonnes fées ont joué leur rôle : la chute des prix de l’énergie a largement neutralisé cette baisse de la monnaie unique. Cerise sur le gâteau, la politique monétaire de la BCE restera très accommodante (les taux à trois mois sont à 0,05 %) au moins pour les deux prochaines années et la politique budgétaire est neutre dans la plupart des pays (sauf la France) qui sont revenus sous les 3 % du PIB de déficit.
Dès lors, on comprend que moral des ménages et des industriels se soient améliorés, ce qui a relancé la consommation intérieure. La fin de la crise de la zone euro a aussi joué : l’Irlande et le Portugal sont sortis, comme prévu, du plan d’assistance financière européen et ont renoué avec la croissance (3,6 % pour la première, 1,6 % pour le second), tout comme l’Espagne (+ 2,8 %) et bientôt Chypre (- 0,5 % cette année, + 1,4 % en 2016). Le seul point noir demeure la Grèce qui ne parvient pas à sortir de la crise. Ainsi, alors que la Commission tablait encore sur une croissance de 2,4 % en 2015, elle a revu hier à la baisse sa prévision à cause des graves incertitudes politiques que font peser sur ce pays les interminables négociations sur son programme de réformes : + 0,5 %... Mais, si tout se termine bien, Athènes peut tabler sur une croissance de 2,9 % en 2016 !
Le chômage a aussi logiquement entamé sa lente décrue, après le pic de 2013 (12 %), ce qui aura un effet sur la consommation et donc la croissance : 11 % cette année, 10,5 % l’année prochaine. Mais la situation de l’emploi reste très contrastée entre les pays de la zone euro, de 4,6 % de chômage en Allemagne à 25,6 % en Grèce, même si là aussi la situation s’améliore (23,2 % en 2016).
Cela étant, une hirondelle ne fait pas le printemps. Pierre Moscovici a mis en garde contre un relâchement des efforts : il faut continuer à réformer, à investir et à purger les comptes publics. Un message relayé, hier, par le gouverneur de la Banque de France dans un discours très offensif : outre un « redressement des finances publiques et un réexamen de l’action publique », il a demandé une baisse du coût du travail notamment en revoyant l’indexation du SMIC, une réforme du droit du travail, de la sécurité sociale et de la fiscalité. Réponse cinglante de Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement : « du côté des libéraux, banquiers, financiers, cela ne va jamais assez loin ».
N.B.: version longue de mon article paru dans Libération du 7 mai.
REUTERS/Benoit Tessier
En ce début de XXIe siècle, le politiquement correct a rejeté le fascisme et le nazisme dans les limbes du passé. À l’heure de l’internet tout puissant, ils sont même devenus un simple «point», le «point Godwin» qui clôt tout débat : dire d’un parti populiste, souverainiste, anti-musulman, anti-immigré, anti-libéral, anti-capitaliste, anti-américain (les États-Unis étant l’incarnation du «grand Satan» pour tous ceux qui haïssent la liberté), qu’il est fasciste ou simplement évoquer les années 30 pour s’inquiéter de la percée de ces partis, favorisée par l’impotence des forces démocratiques et républicaines, c’est s’assurer la risée du «net» et, au-delà, des bien-pensants. Le fascisme, c’est le XXe siècle, ce sont des circonstances historiques différentes, il n’a plus sa place dans l’Europe apaisée et démocratique d’aujourd’hui !
On peut certes qualifier le NPD en Allemagne, Aube Dorée en Grèce ou le Jobbik en Hongrie de «néo-nazis», mais c’est seulement parce qu’eux-mêmes revendiquent l’encombrant héritage nazi. Tous les autres partis sont forcément démocrates : ils ont le droit de «poser les bonnes questions», comme le disait Laurent Fabius à Jean-Marie Le Pen en 1984 puisqu’ils jouent le jeu électoral et que le respect du peuple implique que ces partis participent au débat démocratique. À la limite, on peut encore parler d’extrême droite, mais l’expression «droite radicale», par opposition à la «gauche radicale», est en passe de l’emporter dans la guerre des mots. Rares sont ceux qui osent encore dire tout haut que ces partis représentent un danger mortel pour la démocratie, alors même qu’on a sous les yeux l’exemple du Fidesz de Viktor Orban en Hongrie, une version allégée du FN, qui déconstruit pan par pan l’État de droit sous le regard impuissant de ses partenaires européens. Hé bien, n’écoutant que mon courage, je vais braver le point Godwin !
On oublie un peu vite que les partis fascistes d’avant-guerre ne sont pas arrivés au pouvoir en Italie et en Allemagne (l’Espagne est un cas à part, puisque Franco est le produit d’une sanglante guerre civile) en promettant la suppression des libertés civiles, la déportation de leurs opposants ou des «races inférieures», le génocide et une guerre mondiale ! Ils se sont imposés sur des thèmes souvent empruntés à la gauche à la fois sociaux, étatistes et souverainistes (ce qui englobe le sujet identitaire). Le fascisme italien se voulait avant tout social et populaire, tout comme le nazisme qui signifie, ne l’oublions pas, «national-socialisme». À l’époque, les contemporains des fascismes allemand et italien se sont totalement trompés sur la véritable nature de ces partis. Neville Chamberlain, le Premier ministre britannique, n’affirmait-il pas, au lendemain des accords de Munich qui signaient la capitulation des démocraties occidentales, que «Herr Hitler est un gentleman» et que c’était «un homme à qui on pouvait se fier quand il avait donné sa parole» ?
Le refus de qualifier de fascistes des mouvements qui en présentent pourtant les traits caractéristiques (par exemple le culte du chef, la famille Le Pen en offrant un bon exemple, le pouvoir absolu donné à l’État, la volonté de «purger» la communauté nationale de ses éléments étrangers ou politiquement adverses [ramenés au statut d’ennemis de la nation]) date des années 80. Il trouve son origine dans la diabolisation extrême du nazisme, et par contrecoup du fascisme, qui est l’incarnation du mal absolu, un mal incompréhensible par sa singularité et donc pas susceptible de se répéter. Or, résumer le fascisme à sa dimension impériale, raciste et antisémite, c’est cela qui interdit aujourd’hui de penser la percée de leurs équivalents modernes. Dans un entretien au Soir, l’historien allemand Thomas Weber, auteur de «La première guerre d’Hitler», estime très justement qu’en «réduisant Hitler à cette incarnation du mal absolu, ultra-antisémite et raciste, nous omettons de voir où est le vrai danger. Si nous prenons «l’autre» Hitler, celui qui est farouchement antilibéral et anticapitaliste, alors c’est peut-être encore plus inquiétant pour l’Europe, car ces idées pullulent de nouveau, sous la forme des mouvements de contestation populistes, comme Pegida en Allemagne, le FN en France, le Vlaams Belang en Belgique, le FPÖ en Autriche ou le Fidesz en Hongrie. Les dirigeants de ces partis affichent un pragmatisme comparable, teinté d’antilibéralisme. Nous devrions reconnaître ces similitudes: lors de son ascension initiale, Hitler ne s’est pas imposé avec un discours raciste et xénophobe, mais antiaméricain, anticapitaliste et antilibéral. Ces nouveaux leaders sont plus dangereux, car ils sont plus modérés et usent d’un langage moins antagonisant, à l’instar de Marine Le Pen en France».
Pour contourner le véritable interdit moral qui empêche désormais toute assimilation du FN français ou du FPÖ autrichien au fascisme, les «intellectuels» ont inventé le mot de «populisme» jugé historiquement plus «neutre» et moins polémique. Quelle erreur ! Ce faisant on a légitimé un peu plus ces partis : dans populisme, il y a peuple et le FN, par exemple, en joue pour affirmer qu’il est le parti du peuple. Ce terme qui se veut méprisant valide en réalité son discours : d’un côté, il y aurait un parti populiste ou «anti-establishment» pour reprendre une expression de Le Pen père, à l’écoute du peuple, de l’autre «l’UMPS» représentant les élites. Le mot «populisme» donne une façade aimable à des partis qui détestent les valeurs européennes d’égalité, de liberté, de fraternité léguées par la Révolution française. S’interdire de nommer ce que l’on combat, c’est s’interdire tout simplement de le combattre : si les jeunes sont attirés par ces partis, c’est aussi parce qu’ils sont sans filiation encombrante, qu’ils paraissent neufs alors, ce qui leur permet de se revendiquer des traditions nationales les plus nobles, comme le fait sans vergogne le FN avec De Gaulle et Jaurès.
Aucun de ces partis «populistes», tous fascinés, ça n’est pas un hasard, par la Russie autoritaire de Poutine, ne dit, en effet, qu’il va confisquer le pouvoir ou limiter les libertés civiles et politiques, aucun de ces partis n’utilise (encore ?) systématiquement la violence physique comme leurs prédécesseurs du XXe siècle. Pourtant, c’est la conséquence logique de leur programme.
Prenons l’exemple du FN. Sur le plan intérieur, les incidents du 1er mai ont donné une idée précise de ses conceptions en matière de libertés publiques : plusieurs journalistes ont été tabassés par un élu et des militants FN et la milice du parti (le DPS –département protection et sécurité-dont la devise est «honneur et fidélité») a pénétré dans un lieu privé (une chambre d’hôtel) pour arrêter violemment des manifestantes (les Femens) pacifistes : atteinte à la liberté de la presse, viol de domicile, coups et blessures, arrestation arbitraire, tout cela en quelques minutes… Un comportement qui est en phase avec le parti «réel» : il suffit de lire la «fachosphère» pour se rendre compte des haines et de la violence qui travaillent ses militants et électeurs.
Le FN ne cache pas sa volonté de remettre en cause les libertés civiles (droits des femmes avec, par exemple, la remise en cause de l’avortement, droits des homosexuels avec l’abrogation du mariage, etc.) et économiques («protectionnisme intelligent», interventionnisme de l’État). Les libertés politiques sont elles aussi menacées, même si pour le coup, ça n’est pas assumé publiquement. Mais il est clair que toute opposition sera perçue comme une atteinte aux intérêts nationaux : ainsi, comme l’a tweeté après les incidents du 1er mai, dans un bel acte manqué, Florian Phillipot, le numéro 2 du FN : «défendre d’une façon ou d’une autre les Femens, c’est de fait avouer sa haine de la France». En clair, on n’appartient plus à la communauté nationale si on n’est pas avec le FN. La liberté de la presse et plus généralement de pensée sera sans aucun doute remise en cause afin d’assurer au parti le contrôle du pays : pas d’argent public pour ceux qui déplaisent, contrôle de l’audiovisuel public (Nicolas Sarkozy a montré l’exemple), intimidations (la liste des journalistes tabassés par le FN commence à être longue)…
Si les citoyens français attachés aux libertés démocratiques souffriront, que dire des étrangers et des Français d’origine étrangère ! La lutte sans merci contre l’immigration clandestine, qu’elle soit africaine ou européenne, impliquera la multiplication des contrôles non seulement aux frontières, mais à l’intérieur du pays. Sans compter que la reconduite à la frontière de ces étrangers sans papier, une politique que le FN annonce impitoyable, passera par des renvois de masse qui ne s’embarrasseront pas du respect des droits humains. Les immigrés légaux, eux, passeront après les Français tant pour le travail que pour les services sociaux. Lorsque Marine Le Pen s’en prend «aux Mohamed Merah» qui traversent la Méditerranée, elle indique que pour elle un Français né en France n’est pas à l’abri d’une interdiction du territoire à cause de son origine… D’ailleurs, elle veut en finir avec le droit du sol au profit du droit du sang et de la nationalité «au mérite». L’étranger restera un étranger pour longtemps, surtout s’il n’est pas chrétien : un élu proche du FN n’a-t-il pas mis en place des statistiques ethniques sur la base des prénoms (arabes bien sûr) ?
Quant à l’alternance, il ne faut pas rêver : un parti comme le FN qui plonge ses racines dans ce que la France a de plus haïssables (la collaboration avec les nazis, l’OAS et l’Algérie française) et dont la présidente se fait élire avec 100 % des voix comme dans une République bananière trouvera les moyens nécessaires pour se maintenir au pouvoir, comme le montre le Fidesz hongrois. Ceux qui en France estiment qu’il faudrait que le FN puisse gouverner pour le normaliser font exactement la même erreur stratégique tragique que les partis démocratiques allemands au début des années 30.
Procès d’intentions que tout cela ? Que nenni : il suffit d’observer ce qui se passe en Hongrie avec le Fidesz pour avoir un avant-goût de ce qui attend la France «bleu marine». Et ce pays appartient, lui, à l’Union, ce qui freine –un peu- l’autoritarisme de Viktor Orban… Ça ne sera pas le cas d’une France FN qui quittera l’euro et l’Union afin de remettre à l’honneur les frontières nationales (pour mieux contrôler) et avoir les mains libres en matière de libertés publiques et d’économie. L’explosion du projet européen sera sans doute la conséquence géopolitique la plus grave pour le vieux continent : 70 ans de paix seraient rayés d’un trait de plume et on en reviendrait aux bons vieux rapports d’État à État qui ont fait leurs preuves dans un passé récent. Quand on voit que la Grèce en est à réclamer des dommages de guerre à l’Allemagne, cela donne un avant-goût du retour des vieilles haines recuites, toujours présentes, qui nous attend. D’autant que l’Allemagne et plus généralement les pays étrangers fourniront un excellent bouc émissaire aux difficultés que ne manquerait pas de rencontrer le FN. Un ennemi extérieur, c’est l’idéal pour se maintenir au pouvoir…
Collectivement, nous sous-estimons le danger qu’incarnent ces partis dits «populistes». On s’habitue, petit à petit, à l’idée qu’ils accéderont un jour au pouvoir. La douceur des mots qu’on emploie pour les désigner cache leur brutalité. Il est temps de faire tomber les masques et de combattre sans état d’âme ces fascismes à visage humain avant qu’il ne soit trop tard.
N.B.: version remaniée d’une chronique pour le site de la Libre.be (écrite avant les incidents du 1er mai…)