La 20ᵉ édition de la Semaine du Numérique a été officiellement lancée ce mardi 18 novembre 2025 à Ouagadougou, sous le thème « L'IA au cœur de la transformation digitale ». Placée sous le très haut patronage du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, cette édition accueille le Ghana comme pays invité d'honneur, tandis que le Mali et le Niger sont les invités spéciaux. Cette célébration marque deux décennies d'efforts et d'engagement du Burkina Faso pour faire du numérique un levier majeur de développement.
Pilotée par le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques (MTDPCE), la Semaine du Numérique 2025 ambitionne de fédérer acteurs publics, privés, académiques et citoyens autour de l'IA comme moteur d'une transformation digitale durable.
Dans son allocution d'ouverture, le capitaine Ibrahim Traoré a souligné l'importance stratégique de cette 20ᵉ édition, symbole d'un long chemin parcouru mais aussi d'un vaste chantier encore à poursuivre. Pour lui, le Burkina Faso doit accélérer sa transformation digitale pour « faire un bond technologique » significatif d'ici 2030, grâce aux douze chantiers prioritaires lancés par le gouvernement.
Insistant sur le caractère transversal du numérique, il a rappelé que santé, éducation, sécurité, défense et économie ne sauraient évoluer sans technologies digitales. Le numérique, a-t-il dit, permet de réaliser d'importantes économies d'échelle et constitue un outil indispensable pour moderniser l'administration.
Le chef de l'État a également mis l'accent sur la lutte contre la corruption, qui repose désormais sur la digitalisation des procédures administratives, gage de transparence. En matière de sécurité, il a évoqué l'importance de l'analyse rapide des données grâce à l'intelligence artificielle, notamment pour permettre des interventions en temps réel sur le terrain.
Vers une véritable souveraineté numérique
Le président a dénoncé la dépendance du Burkina Faso aux hébergements de données à l'étranger, incompatible selon lui avec les ambitions nationales de souveraineté. « Le pays est en train d'acquérir ses propres data centers et développe des solutions internes », a-t-il laissé entendre.
Dans cette dynamique, il dit avoir instruit le ministère de la Transition digitale de créer des « Maisons du citoyen » dans toutes les provinces, puis dans les départements, pour garantir l'accès universel aux services numériques.
Le capitaine Traoré a aussi annoncé un vaste programme de recrutement d'ingénieurs afin de combler le retard technologique et de prouver que « les jeunes Africains ont les capacités d'innover et de concevoir » pour le développement du pays. Il a confirmé le lancement prochain d'une académie polytechnique.
Enfin, il a appelé à une sensibilisation accrue sur les dérives de l'IA, notamment la désinformation et les escroqueries, exhortant les jeunes à en faire un usage responsable.
Une IA qui « nous ressemble »
Prenant la parole à son tour, la ministre de la Transition digitale, Dr Aminata Zerbo/Sabané, a réaffirmé la volonté du Burkina de développer « une IA qui nous ressemble », conçue localement, conforme aux priorités nationales et adaptée aux réalités du pays.
Pour elle, le thème de l'édition ne constitue pas un simple slogan, mais témoigne de l'engagement du Burkina à tirer pleinement profit du numérique et de l'intelligence artificielle pour son développement socio-économique et pour le bien-être des populations.
L'IA, a-t-elle expliqué, représente une opportunité inestimable pour une administration plus efficiente, une lutte efficace contre la désinformation, une gestion optimisée des ressources, une agriculture résiliente, un système de santé performant, une éducation audacieuse, une finance inclusive et une sécurité renforcée.
Les échanges et conférences de cette édition sont organisés autour de quatre axes majeurs, dont « Gouvernance, talents et marché pour une IA inclusive », « Infrastructures et données pour une IA souveraine », « Sécurité, éthique et respect des droits humains », « Recherche & développement pour une IA endogène ».
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C'est le 3 novembre 2025 qu'a débuté le procès devant les conseillers de la Cour d'appel de Ouagadougou. Les parties ont toutes fait appel dans le cadre de cette affaire. Le parquet, tout comme l'Agent judiciaire de l'État (AJE), souhaitaient que soient, entre autres, revues les peines de ceux qui ont été condamnés en première instance et les frais exposés et non compris dans les dépens. Les défendeurs de leur côté ont plaidé pour une réduction de leurs peines.
Ce mardi 18 novembre 2025, la Cour a rendu son arrêt dans l'affaire Amidou Tiegnan et trois autres. On retient grosso modo que la Cour a jugé recevables tous les appels, puis confirmé le jugement sur les exceptions d'incompétence, de nullité et de prescription. Il a par ailleurs renvoyé les condamnés des fins de la poursuite des faits d'enrichissement illicite pour infraction non constituée.
Amidou Tiegnan, prévenu principal dans le cadre de cette affaire, a été reconnu coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Il écope d'une peine d'emprisonnement de onze ans (quinze ans en première instance), et d'une amende de 5 640 000 000 francs CFA, le tout ferme. Il est par ailleurs condamné à verser à l'État un montant de 1 880 000 000 francs CFA, au titre du préjudice financier subi par ce dernier.
Pétronille Tarpaga, elle, a été reconnue coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, de détournement de deniers publics et de complicité de détournement de deniers publics. Elle écope d'une peine de huit ans (onze ans en première instance) et d'une amende de 104 025 000 de francs CFA. Elle doit verser à l'État 34 675 000 de francs CFA, au titre du préjudice financier qu'il a subi.
Quant à Philippe Bayoulou, le juge l'a reconnu coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux. Lui, est condamné à une peine d'emprisonnement de six ans (six ans en première instance) et à une amende de 245 478 000 francs CFA. Il devra par ailleurs verser à l'État la somme de 81 826 000 francs CFA au titre du préjudice financier subi par ce dernier.
Salifou Ouédraogo enfin, écope d'une peine d'emprisonnement de onze ans (huit ans en première instance) et d'une amende de 345 millions de francs CFA, sans compter le montant à verser à l'État au regard du préjudice financier qu'il a subi. Ce montant s'élève à 115 millions de francs CFA. Rappelons qu'il est reconnu coupable des faits d'usage de faux en écriture publique, de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux.
Outre cela, le juge a condamné les prévenus à payer à l'État burkinabè la somme de un franc symbolique au titre du préjudice moral ; dit n'y avoir lieu à condamnation aux frais exposés non compris dans les dépens ; débouté l'État burkinabé du surplus de ses prétentions ; ordonné la confiscation des biens meubles et immeubles de tous les condamnés, à concurrence des montants des amendes et des condamnations pécuniaires ; dit n'y avoir lieu à solidarité ; confirmé les autres dispositions du jugement attaqué ; condamné les prévenus aux dépens.
Au sortir de l'audience, Me Marie Ouédraogo, conseil de Salifou Ouédraogo, dit être mitigée quant au verdict, en tout cas pour ce qui est de son client. En première instance, le prévenu avait écopé d'une peine d'emprisonnement de huit ans et de plus de cinq milliards de francs CFA comme responsabilité civile. Cette fois-ci, il s'en sort avec une peine d'emprisonnement de onze ans, et devra verser, au titre du préjudice financier subi par l'État, la somme de 115 millions de francs CFA. « Je prendrai le temps de discuter avec mon client avant d'apprécier », a-t-elle souligné.
Du côté de l'Agent judiciaire de l'État, le juge n'a pas retenu la solidarité de la condamnation pécuniaire. « Mais il a retenu que les biens immobiliers et mobiliers saisis, y compris ceux d'origine licite, sont confisqués pour venir en exécution de la décision intervenue », se satisfait tout de même Karfa Gnanou, AJE. « Si au premier degré, c'était pour venir en exécution des amendes, à la suite de notre appel, les autres condamnations pécuniaires, à savoir les dommages et intérêts alloués à l'État, sont concernés par cette garantie d'exécution », a-t-il indiqué.
Erwan Compaoré
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Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI) a tenu, ce mardi 18 novembre 2025, une conférence de presse dans ses locaux. Il a apporté des éclaircissements sur certains points du nouveau Cahier des charges (CDC) des Institutions privées d'enseignement supérieur (IPES) adopté par l'arrêté nᵒ 2025-363/MESRI/SG/DGESup du 13 novembre 2025.
Le jeudi 13 novembre 2025, le MESRI a présenté aux promoteurs des IPES le nouveau CDC. Le point de presse de ce 18 novembre 2025 a été l'occasion de revenir sur les principales innovations du nouveau dispositif réglementaire qui encadre désormais la création, l'ouverture, le fonctionnement, l'évaluation et la fermeture des IPES. Certaines mesures de la réglementation ont été l'objet de vives discussions sur les réseaux sociaux. Le MESRI a donc apporté des éclaircissements sur certaines incompréhensions survenues après la présentation du CDC aux promoteurs des IPES.
Le ministère est revenu en long et en large sur quatre innovations majeures, à savoir l'organisation des examens nationaux ; les exigences en matière de recrutement des enseignants permanents ; la création obligatoire d'une personne morale et l'obligation des premiers responsables de résider au Burkina Faso ; la question particulière des formations de licence et de master en sciences infirmières et obstétricales (LSIO et MSIO).
Face aux polémiques suscitées par la mesure concernant les examens nationaux, le MESRI a précisé qu'elle s'applique aussi bien aux établissements d'enseignement privés qu'aux établissements publics. La première communication ciblait uniquement les IPES, d'où la perception que la mesure ne s'appliquait qu'à elles.
Le ministère a expliqué que le gouvernement souhaite réformer le système éducatif aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public afin de permettre aux étudiants du Burkina Faso d'atteindre un excellent niveau et d'être plus compétitifs. Il faut noter que, dans le principe, les diplômes délivrés par les IESR (des Institutions d'enseignement supérieur et de recherche) publiques sont d'office reconnus par l'État et sont, dans certains cas, des diplômes d'État (art. 28 du décret 2018-1271 du 31 décembre 2018 portant organisation de l'enseignement supérieur). Ce qui n'est pas le cas des diplômes délivrés par les IPES qui doivent encore faire l'objet de reconnaissance par l'État. Il faut mentionner que cette mesure permet aux IPES de préparer leurs étudiants à passer des diplômes délivrés par l'État (art. 46 du décret 2018-1271). Ces diplômes n'auront ensuite plus besoin d'être reconnus par celui-ci.
Pour toutes les IPES ne formant pas en sciences de la santé, l'obtention des diplômes de licence (3ᵉ année), de master (5ᵉ année) et de doctorat (8ᵉ année) se passera à travers des évaluations nationales, organisées par les IESR publiques pour l'ensemble des étudiants de ce domaine.
Pour les IPES formant spécifiquement en sciences de la santé, tous les passages en classe supérieure (de la première année de licence à la dernière année de doctorat) feront l'objet d'évaluations nationales organisées par les IESR publiques.
Selon le ministère, ce dispositif vise à harmoniser les standards de formation mais aussi à dispenser les titulaires des diplômes d'IPES de procédures quelquefois longues imposées avant toute reconnaissance de ces diplômes par l'État.
Une fois ces nouvelles mesures mises en œuvre, les étudiants qui n'auront pas encore soutenu leur licence, leur master ou leur doctorat devront également participer aux examens nationauxLa question des enseignants à la retraite
Conformément à l'article 16 du nouveau Cahier des charges, toute IPES doit, au moment de son ouverture effective, disposer pour chaque offre de formation d'un minimum de trois enseignants permanents, titulaires d'un doctorat unique, d'un PhD (Philosophiæ doctor) ou équivalent, pour un institut supérieur ou une grande école ; de cinq enseignants permanents, titulaires d'un doctorat unique, PhD ou équivalent, s'il s'agit d'une université.
Pour l'ensemble du personnel enseignant n'ayant pas le statut d'enseignant-chercheur, d'enseignant hospitalo-universitaire ou de chercheur, il faut une autorisation d'enseigner, délivrée par le ministère en charge de l'enseignement supérieur. La délivrance de cette autorisation est désormais subordonnée à une formation préalable justifiée par la présentation d'un certificat de pédagogie universitaire délivré par une IESR. En outre, toute IPES doit compter dans l'effectif total de ses enseignants au moins 20 % d'enseignants permanents après 10 années académiques de fonctionnement ; au moins 50 % d'enseignants permanents après 25 années académiques.
Toujours dans la même dynamique, l'extension de l'IPES à une nouvelle offre de formation (ou filière) impose le recrutement d'au moins un enseignant permanent supplémentaire dans le domaine de l'offre de formation à ouvrir.
Pour ce qui est du cas spécifique des IPES formant en sciences de la santé, des exigences particulières sont prévues sur la question des ressources humaines. Il est important de comprendre l'exigence de personnels enseignants et encadrants hautement qualifiés au regard de la sensibilité des questions liées à la santé des citoyens et des populations, justifie le ministère.
C'est pour cette raison que toute IPES qui sollicite la délivrance d'une autorisation d'ouverture d'une offre de formation en médecine, pharmacie ou chirurgie dentaire ou encore en sciences et médecine vétérinaires, doit préalablement disposer d'au moins 60 % d'enseignants hospitalo-universitaires permanents dans certaines spécialités médicales précisées dans le cahier des charges.
Pr Samuel Paré a expliqué que ces réformes ont été mûries depuis 2023 et que les IPES ont été impliquéesCes enseignants hospitalo-universitaires enseignants permanents doivent avoir 50 ans ou moins pour au moins 50 % des effectifs totaux ; avoir entre 51 et 65 ans pour au plus 30 % des effectifs ; plus de 65 ans pour au plus 20 % des effectifs totaux.
Pour le cas spécifique de la santé, tout en n'excluant pas du tout le recrutement des enseignants permanents de l'institution ayant un âge supérieur à 65 ans (donc admis à la retraite), il est clairement fixé un quota qui ne saurait excéder 20 % du personnel enseignant permanent.
Abordant la question du quota imposé pour les enseignants retraités, le MESRI a expliqué qu'il s'agit d'une mesure visant à offrir davantage d'opportunités aux jeunes compétences. Le ministère insiste sur le fait qu'il ne s'agit nullement d'une « chasse aux sorcières » contre les retraités, mais plutôt d'un rééquilibrage permettant de valoriser la relève. Le MESRI affirme ne plus souhaiter que certains établissements privés privilégient quasi exclusivement des enseignants retraités, au détriment de jeunes professionnels.
« Les réformes engagées par le gouvernement traduisent une volonté ferme d'améliorer durablement la qualité de l'enseignement supérieur privé, de sécuriser les parcours académiques des étudiants, et de consolider la valeur et la compétitivité des diplômes délivrés aux plans national et international. Le ministère reste entièrement disponible pour accompagner l'ensemble des acteurs (actionnaires, sociétaires, promoteurs, IPES, étudiants) parents d'apprenants ainsi que le public burkinabè dans la bonne compréhension et dans la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions », a déclaré le secrétaire général du MESRI, Pr Samuel Paré.
D'autres innovations
Conformément aux dispositions de l'article 5 de l'arrêté portant cahier des charges des IPES, toute IPES doit désormais être une personne morale de droit burkinabè, constituée en association ou en société, avec un contrôle effectif exercé par des Burkinabè.
Le siège social doit donc nécessairement être établi au Burkina Faso, et le premier responsable (le directeur général, le recteur ou le président) est astreint à l'obligation de résider sur le territoire national, conformément à l'article 57. Ces innovations n'enlèvent en rien à l'État du Burkina Faso le droit d'initier ou de participer directement ou indirectement à la création d'IPES dans le cadre des accords et traités internationaux que le Burkina Faso a conclus, souligne le ministère.
Les formations de licence et de master Sciences infirmières et obstétricales (SIO) font également partie des innovations du cahier des charges. Au sujet des offres de formation en SIO, elles ne relèvent plus du cahier des charges des IPES. Pour les formations ante-bac (de niveau BEPC ou diplômes inférieurs), elles relèveront désormais d'agréments délivrés par le ministère de la Santé. En revanche, pour les formations post-bac (formations universitaires), elles sont réservées aux Institutions d'enseignement supérieur et de recherche (IESR) publiques. Elles devraient être créées à terme dans les universités publiques ou en affiliation avec elles pour conduire éventuellement jusqu'au doctorat.
Le MESRI compte organiser une autre rencontre avec la presse pour expliquer le déroulement des examens nationaux. À noter que la mesure entrera en vigueur au cours de l'année académique 2026-2027.
Samirah Bationo
Crédit photo : Bonaventure Paré
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Le coup d'envoi de la 20ᵉ édition de la Semaine du numérique a été donné ce mardi 18 novembre 2025 au Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO). Dans le même temps, le Salon international des TIC et de la bureautique de Ouagadougou (SITICO) a ouvert ses portes en présence du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. À peine l'ouverture terminée, les stands du pavillon Soleil Levant se sont animés, donnant le ton d'une édition qui s'annonce dense, innovante et très fréquentée.
Le capitaine Ibrahim Traoré, entouré de plusieurs membres du gouvernement et d'acteurs majeurs de l'écosystème numérique, a procédé à l'ouverture officielle du SITICO. À l'issue de la cérémonie officielle, visiteurs, professionnels du digital, étudiants, institutions publiques et entreprises privées se sont mêlés dans l'espace dédié aux exposants de la semaine du numérique. Cette 20ᵉ édition place l'intelligence artificielle au centre des réflexions, à un moment où le Burkina Faso accélère ses projets numériques, entre modernisation administrative, cybersécurité, innovation startups et renforcement des compétences.
Parmi les stands présents dès la première matinée, celui de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) attire l'attention des visiteurs. Son chargé de communication, Aimé Ouédraogo, rappelle l'importance du travail de la Brigade dans un contexte où les arnaques en ligne, usurpations d'identité ou fraudes numériques se multiplient. « La BCLCC est un acteur majeur de l'assainissement de l'espace numérique burkinabè », explique-t-il. La participation à la Semaine du numérique vise à sensibiliser le public aux risques liés aux réseaux sociaux, à décrypter les mécanismes de la cybercriminalité et à promouvoir les bonnes pratiques. La BCLCC en profite pour présenter sa plateforme Alerte BCLCC, destinée à faciliter les dénonciations et signalements d'actes cybercriminels par les citoyens.
Le Salon international des TIC et de la bureautique de Ouagadougou (SITICO) a pour objectif global de favoriser la diffusion des technologies de l'information et de la communication (TIC) au Burkina FasoPlus loin, le stand de Digital Cogito BF attire tout doucement également des visiteurs. Présente pour la deuxième fois au SITICO, cette structure a choisi la Semaine du numérique pour lancer officiellement son nouveau produit, Cogito 360, une suite logicielle unifiée regroupant gestion électronique des documents, gestion de courriers, pilotage de projets, workflows et visioconférence. « Nous sommes venus faire la promotion de notre produit et offrir des réductions, mais surtout annoncer une série de démonstrations », explique Dr Frédéric Drabo, directeur général. Pour lui, le SITICO est un carrefour stratégique où se rencontrent institutions, entreprises et acteurs du digital. L'occasion, dit-il, de renforcer les partenariats et d'accompagner l'écosystème numérique dans son développement.
Dans un secteur en pleine mutation, la disponibilité de compétences qualifiées demeure un enjeu majeur. L'Institut supérieur de génie électrique du Burkina Faso (ISGE-BF) est la seule école présente à cette édition. Son directeur général, Innocent Compaoré, insiste sur le rôle des écoles d'ingénieurs dans la construction d'un écosystème performant. « Les acteurs du numérique ont besoin de beaucoup de compétences, et celles-ci s'acquièrent dans des écoles d'ingénieurs d'excellence », souligne-t-il. L'ISGE-BF forme des ingénieurs en réseaux informatiques, télécommunications et systèmes numériques. Leur présence au SITICO vise à présenter leurs formations, échanger avec les entreprises, adapter leurs programmes aux besoins du marché et multiplier les opportunités de stages et d'emplois pour leurs étudiants.
Les exposants espèrent nouer de bons partenariats et faire connaître leurs structuresLa Communauté d'Afrique francophone des données ouvertes (CAFDO) et Open Burkina quant à eux s'installent pour la première fois au SITICO en tant qu'exposants. Leur stand attire aussi bien les professionnels que les curieux souhaitant mieux comprendre les enjeux liés aux données ouvertes. « Nous sommes ravis de venir partager nos projets avec l'écosystème numérique du Burkina Faso », explique Azèta Ouédraogo, responsable communication. Open Burkina accompagne les organisations dans la collecte, la structuration et l'exploitation de leurs données, tandis que la CAFDO prépare déjà sa 3ᵉ conférence d'Afrique francophone, prévue au Burkina. L'objectif principal : réseauter, tisser des partenariats et mobiliser de nouveaux participants.
Entre démonstrations technologiques, stands interactifs, projets innovants, sensibilisations et opportunités de partenariats, cette première journée donne le ton d'une semaine du numérique qui promet de rassembler, d'inspirer et d'accélérer la transformation digitale du Faso. Déjà, l'affluence dans les stands annonce un fort engagement des acteurs et du public.
Farida Thiombiano
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Le panel inaugural de la 20ᵉ Semaine du numérique, qui a eu lieu ce mardi 18 novembre 2025 à Ouagadougou, a exploré le thème « Gouvernance et marché pour une IA inclusive ». Chercheurs, responsables institutionnels, cadres du secteur privé et experts du numérique ont croisé leurs analyses sur les enjeux liés à l'essor de l'intelligence artificielle et sur la nécessité d'en faire un levier au service du développement national.
Vingt ans après sa création, la Semaine du numérique est devenue une plateforme incontournable pour mesurer l'évolution du secteur technologique au Burkina Faso. Cette édition se déroule dans un contexte où les enjeux liés à la souveraineté numérique, à la cybersécurité et à la transformation digitale sont d'une importance particulière.
Aminata Sabané/Zerbo, ministre de la transition digitale, des postes et des communications électroniques, a rappelé que la présence du président du Faso lors de l'ouverture « témoigne de la centralité croissante du numérique dans la stratégie nationale de développement ». Elle voit dans cette édition un tournant majeur pour l'intégration de l'intelligence artificielle dans les politiques publiques et affirme que « cette technologie est en mesure de moderniser la gouvernance, de dynamiser l'économie et d'améliorer les conditions de vie des populations ».
Elle souligne que l'intelligence artificielle se situe au cœur de la quatrième révolution industrielle et influence déjà l'ensemble des secteurs tels que la santé, l'éducation, la sécurité, l'agriculture et l'administration publique. « Construire une IA inclusive signifie veiller à la transparence des algorithmes, à la protection des données personnelles et à la confiance des citoyens envers ces nouveaux outils », précise Aminata Sabané/Zerbo, insistant sur l'importance d'une approche éthique pour accompagner cette transformation.
« L'intelligence artificielle doit servir le développement endogène et améliorer le quotidien des populations », Aminata Sabané/ZerboLa vision pragmatique du secteur privé portée par Alassane Kafando
Alassane Kafando, panéliste et responsable réseau, système et sécurité à Telecel Faso, a apporté un éclairage concret sur le rôle du secteur privé dans le développement de l'intelligence artificielle. Il rappelle que l'IA n'est plus une technologie lointaine : « plusieurs participants, en consultant simplement leur smartphone, utilisent déjà des outils tels que ChatGPT, Gemini ou d'autres applications d'intelligence artificielle », souligne-t-il.
Selon lui, ces technologies assistent désormais les professionnels dans leurs tâches quotidiennes, de l'analyse de données à la rédaction de rapports en passant par l'automatisation de processus.
L'un des premiers enjeux, selon le paneliste, concerne la capacité du secteur privé à convertir l'intelligence artificielle en nouveaux produits et services. « L'intelligence artificielle est aujourd'hui l'outil de divulgation de l'information le plus rapide jamais conçu », affirme-t-il.
Des entreprises comme Telecel Faso investissent dans l'étude des comportements client, dans le benchmarking et dans l'identification de nouveaux segments de marché. L'IA pourrait permettre d'automatiser une grande partie de ces tâches, rendant les analyses plus rapides, plus fiables et moins coûteuses.
Alassane Kafando a également souligné que l'essor de l'intelligence artificielle entraîne la création de métiers nouveaux et indispensables pour les entreprises burkinabè. « Les professions telles que les data scientists, les ingénieurs en traitement automatique du langage, les analystes IA ou les spécialistes GPU ne sont plus l'apanage des grandes entreprises internationales », explique-t-il. Ces profils deviennent essentiels pour développer des solutions innovantes, automatiser les processus et exploiter pleinement le potentiel de l'IA dans différents secteurs d'activité.
« Nos données doivent rester chez nous pour garantir notre souveraineté numérique », Alassane Kafando, panélisteIl insiste sur l'importance d'un rapprochement concret entre universités et entreprises afin de former ces spécialistes et de valoriser les résultats des initiatives comme les hackathons. « Aujourd'hui, de nombreux hackathons génèrent des idées prometteuses, mais leur application concrète reste limitée. Une collaboration étroite entre le milieu académique et le secteur privé permettrait de transformer ces innovations en solutions opérationnelles, comme des chatbots, des assistants virtuels ou des outils de traduction automatique », précise-t-il. Selon lui, ce lien est crucial pour bâtir un écosystème d'IA capable de répondre aux besoins locaux tout en stimulant l'économie et la compétitivité des entreprises.
L'urgence des infrastructures et la question de la souveraineté numérique
L'un des points centraux de sa communication a porté sur les infrastructures d'hébergement. Alors que plusieurs start-up ou fournisseurs locaux d'IA hébergent leurs données ou modèles en Europe, Alassane Kafando considère qu'il s'agit d'un handicap majeur pour la souveraineté numérique. Il relate : « Quand un fournisseur me dit que ses serveurs sont hébergés en Europe, je réponds que nous ne sommes pas sortis de l'auberge », lance-t-il, déplorant la dépendance de nombreux acteurs locaux vis-à-vis de prestataires étrangers. Il plaide pour la création de data center nationaux et régionaux, capables de sécuriser les données et d'accompagner l'essor des technologies émergentes.
Il évoque également la question des infrastructures GPU, indispensables à l'entraînement des modèles d'intelligence artificielle, et plaide pour une mutualisation des équipements afin d'abaisser les coûts, d'accélérer l'innovation et de favoriser l'émergence d'un écosystème compétitif.
Vue partielle des participants venus échanger autour d'une IA capable de répondre aux défis locauxPour rendre son propos plus tangible, Alassane Kafando a cité plusieurs domaines dans lesquels l'IA pourrait transformer le quotidien. Dans la santé, l'IA peut détecter certaines maladies, comme le paludisme, grâce à l'analyse automatisée d'images microscopiques. Certaines recherches en Europe montrent que les systèmes IA peuvent surpasser l'expertise humaine dans certaines tâches diagnostiques précises, ouvrant des perspectives pour les pays où les ressources médicales restent limitées.
En agriculture, l'usage de drones intelligents permet d'anticiper les risques climatiques, de surveiller les cultures et d'améliorer la productivité. Dans le secteur financier, les modèles d'évaluation basés sur l'IA facilitent l'octroi rapide de microcrédits, un atout majeur pour des populations souvent confrontées au manque de liquidités. Dans les télécommunications, l'IA offre la possibilité de réaliser une maintenance prédictive. « De Ouagadougou, nous pourrons diagnostiquer un problème survenu à Bobo Dioulasso en quelques secondes, évitant des déplacements risqués dans un contexte d'insécurité », explique Alassane Kafando. Cette capacité permet d'améliorer la qualité des réseaux et de respecter les cahiers de charge des autorités de régulation.
L'IA comme trait d'union entre secteur public et secteur privé
Alassane Kafando considère que l'IA constitue un pont naturel entre administrations et entreprises. Dans le secteur public, elle permet d'automatiser les réponses aux usagers, d'améliorer la consultation des bases juridiques et de faciliter la constitution de dossiers administratifs. Il cite les projets en cours au ministère, notamment la mise au point d'outils de traduction automatique entre les langues nationales.
Dans le secteur privé, l'IA renforce la cybersécurité. Les attaques de type ransomware, les intrusions silencieuses ou les tentatives d'hameçonnage peuvent être identifiées plus tôt grâce à des systèmes capables d'analyser des millions de signaux en temps réel. Il reconnaît néanmoins que l'IA peut comporter des dérives, notamment dans l'éducation ou la cybercriminalité, mais affirme que « chaque faiblesse peut être contrée par une meilleure utilisation de l'IA elle-même ».
Les interventions du panel inaugural convergent vers le constat que l'intelligence artificielle constitue un levier essentiel pour le développement socio-économique du Burkina Faso. Pour réussir cette transformation, il sera nécessaire de renforcer les infrastructures d'hébergement, de soutenir la recherche et les start-up, de développer les compétences locales, d'établir un cadre réglementaire clair et d'encourager la collaboration entre institutions publiques et entreprises privées.
Aminata Sabané/Zerbo insiste sur l'importance de « bâtir une IA qui soit au service de toutes les populations, transparente, sécurisée et adaptée à nos réalités », tandis que Alassane Kafando estime que « si la volonté politique demeure forte et si les acteurs collaborent avec détermination, rien n'empêche le Burkina Faso de devenir un pôle numérique régional, capable de faire de l'intelligence artificielle un moteur de développement endogène et souverain ». Cette 20ᵉ Semaine du numérique ouvre ainsi une nouvelle ère pour un pays, tournée vers une intelligence artificielle inclusive, éthique et résolument tournée vers l'avenir collectif.
Hanifa Koussoubé
Anita Mireille Zongo (stagiaire)
Lefaso.net
Le saviez-vous ? La plateforme nationale de paiement en ligne des taxes et redevances publiques, Faso Arzeka, a été développée par Cybastion et ses partenaires. Cette entreprise américaine spécialisée dans les solutions numériques et les infrastructures de classe mondiale, figure parmi les sponsors majeurs de la 20ᵉ Semaine du numérique, ouverte ce mardi 18 novembre. Nous avons rencontré à cette occasion André Biyong, directeur des opérations (COO) de la société.
Le Salon international des TIC et de la bureautique de Ouagadougou (SITICO) est l'une des attractions de la semaine du numérique. Comme chaque année, les entreprises du secteur technologique y présentent leurs innovations et les projets en cours pour contribuer à l'évolution numérique du Burkina Faso.
Au rang de ces acteurs figure Cybastion, accompagné d'un ensemble d'entreprises américaines telles qu'Entrust, Uptime Institute, Vertiv ou encore Open SI, regroupées au sein de l'American Tech Hub, cet espace immersif et interactif, dédié à la valorisation des technologies américaines les plus avancées. Ces entreprises ont reçu la visite de l'ambassadrice des États-Unis, Joann Lockard.
Lors de son intervention, André Biyong a annoncé que le Burkina Faso procédera, dans les prochaines semaines, à l'inauguration d'un data center redondant, conçu en collaboration avec l'ANSSI et l'ANPTIC.
André Biyong évoque les défis du secteur des technologies lors d'un entretien« Nous achevons actuellement les installations techniques, avant de commencer la migration des données gouvernementales vers ces infrastructures. L'objectif est de rapatrier l'ensemble des informations hébergées à l'international ou conservées dans de petites salles serveurs locales pour les centraliser et les sécuriser. Ce chantier d'envergure s'étalera sur plusieurs mois », a-t-il expliqué.
Il a également évoqué la mise en œuvre de la PKI, l'infrastructure à clés publiques, qui permettra de garantir l'identité numérique des citoyens. « Grâce à ce dispositif, les signatures électroniques deviendront pleinement reconnues comme signatures officielles pour les documents authentifiés », a-t-il assuré.
André Biyong, directeur des opérations de Cybastion, présente le stand de l'entreprise aux côtés de ses partenairesÀ l'issue de son exposé, le directeur des opérations s'est prêté à nos questions. Voici l'intégralité de ses réponses.
Pouvez-vous présenter les domaines d'intervention de Cybastion ?
Cybastion est une compagnie américaine qui développe, implémente et maintient des solutions technologiques autour de plusieurs axes majeurs. Le premier, c'est la cybersécurité. Nous aidons les entreprises à protéger leurs données et accompagnons les gouvernements dans la régulation et la surveillance du cyberespace.
La deuxième verticale concerne les infrastructures. On aide les gouvernements à construire des data centers, à déployer la fibre optique, à développer des solutions Internet à grande échelle. On aide les compagnies à déployer des réseaux dans les zones peu couvertes.
Le troisième pilier est celui du digital. Nous développons des solutions de dématérialisation pour les services publics. C'est le cas, par exemple, de Faso Arzeka, qui digitalise le paiement des services gouvernementaux. Nous proposons également des solutions de e-visa, de douane en ligne, ou encore d'e-tourisme.
Enfin, nous avons un volet éducation, qui vise à former les acteurs locaux aux différentes technologies.
L'ambassadeur des États-Unis au Burkina visite le stand de l'ANSSI, partenaire de CybastionQu'êtes-vous venus proposer au SITICO ?
Nous opérons au Burkina Faso depuis six ans, mais nous avons longtemps évolué avec une communication limitée, car nous travaillions sur des sujets sensibles. Aujourd'hui, certaines solutions deviennent visibles, comme Faso Arzèka, et d'autres arrivent, notamment le data center, qui constitue l'un de nos projets majeurs, ou encore la PKI.
Au-delà de ces solutions, nous souhaitons participer à l'écosystème numérique et encourager l'appropriation des technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle. Il est essentiel que la jeunesse burkinabè s'empare de ces outils pour devenir un acteur clé du développement numérique du pays.
Le Burkina dispose d'une population jeune, familière du digital. C'est un atout que peu d'autres régions du monde possèdent. Tous les autres continents du monde ne peuvent pas fabriquer la jeunesse. Nous, on l'a avec des âges médians qui sont souvent autour de 20 ans. C'est vraiment le terreau le plus fertile qu'on puisse avoir pour pousser les bons sujets, pour que tout cela se matérialise en richesse.
Vous êtes présents au Burkina depuis six ans. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce pays ?
Plusieurs facteurs ont guidé notre choix. D'abord, un écosystème numérique en pleine émergence, cohérent avec les solutions que nous proposons. Ensuite, un concours de circonstances. Lors d'un salon, le directeur de l'ANPTIC de l'époque nous a présenté une vision convaincante d'un partenariat durable. Cette rencontre a été déterminante et a conduit aux projets que nous menons aujourd'hui.
Pourquoi les entreprises devraient-elles travailler avec vous plutôt qu'avec un concurrent ?
Notre principale différenciation réside dans notre philosophie. Nous ne cherchons pas à créer une dépendance, mais une indépendance durable.
L'ambassadeur des États-Unis au Burkina visite le stand de l'ANSSI, partenaire de CybastionNous privilégions le transfert de compétences, afin que les équipes locales deviennent autonomes. Votre évolution favorise la nôtre et contribue à faire progresser tout l'écosystème.
Nous ne venons pas planter une tente pour rester indéfiniment. Nous accompagnons, nous formons, puis nous nous effaçons pour laisser place à une expertise locale solide.
Quelle place occupe le Burkina Faso dans le portefeuille de Cybastion ?
En termes de taille, le Burkina Faso est le deuxième marché parmi les dix pays où nous sommes présents. C'est aussi le premier pays où nous nous sommes implantés officiellement avec un programme d'envergure en Afrique.
Nous avons vu évoluer des techniciens devenus chefs de service, directeurs, voire ministres. Nous avons grandi avec le pays, avec sa maturité numérique.
C'est un attachement durable. Ainsi, lorsque la ministre nous sollicite pour mobiliser des entreprises, nous le faisons naturellement, parce que c'est la famille.
Quels sont les principaux défis du secteur dans lequel vous évoluez ?
Le premier défi, c'est l'appropriation de l'intelligence artificielle, pas seulement comme outil, mais comme moteur de transformation à travers des algorithmes locaux.
Le deuxième, ce sont les ressources humaines. Il faut des formations adaptées, des parcours clairs et un accompagnement pour faire émerger des spécialistes.
Enfin, le troisième défi est financier. Les projets numériques sont très coûteux et nécessitent d'importants investissements. Il nous faut donc trouver des mécanismes innovants pour financer les infrastructures tout en réduisant le besoin en capital initial.
Un mot de fin ?
Nous espérons que ces échanges continueront d'inspirer la jeunesse, à travers vos médias. Le modèle consistant à travailler uniquement pour l'État ou une grande entreprise devient obsolète.
Le secteur privé qui supporte l'économie, ce n'est pas deux-trois compagnies, mais c'est tout un écosystème de petites et moyennes entreprises. Dans certains pays, elles représentent plus de 90 % du tissu économique. C'est le ratio vers lequel on doit tendre dans nos États.
Il faut encourager les jeunes à entreprendre. Résoudre un problème dans sa communauté, c'est poser la première pierre d'une solution qui peut ensuite s'étendre ailleurs. Toutes les grandes success stories reposent sur cette logique : l'entrepreneuriat.
Fredo Bassolé
Lefaso.net
À l'occasion de la 20ᵉ édition de la Semaine du numérique, organisée du 18 au 21 novembre 2025 à Ouagadougou, sous le thème « L'IA au cœur de la transformation digitale », l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI) s'est distinguée par une présence remarquée. Au cœur de la foire dédiée à l'évènement, son stand a attiré de nombreux visiteurs, curieux d'en apprendre davantage sur les missions et innovations de l'institution. C'est dans cet espace d'exposition que nous avons rencontré le directeur général de l'ANSSI, Boukaré Sébastien Yougbaré, qui a accepté de revenir en détail sur le rôle central de l'Agence dans la sécurisation du cyberespace burkinabè.
La protection de la souveraineté nationale dans un monde hyperconnecté impose de disposer d'une institution capable de prévenir, détecter et neutraliser les menaces qui pèsent sur les données, les infrastructures critiques et la confiance des citoyens. C'est là tout le sens de l'existence de l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI).
Le directeur général de l'ANSSI, Boukaré Sébastien Yougbaré, souligne que l'Agence, en tant qu'organe national chargé du contrôle et de la protection du cyberespace, agit sur deux volets majeurs, que sont la réduction de la vulnérabilité des systèmes d'information et la réponse aux incidents. À cela vient s'ajouter une troisième dimension essentielle, la promotion de la cyberculture.
Réduire la vulnérabilité, première ligne de défense
Selon Boukaré Sébastien Yougbaré, la réduction de la vulnérabilité des institutions et entreprises clés du Burkina Faso constitue la pierre angulaire de l'action de l'ANSSI. Cette stratégie s'appuie sur un dispositif structuré autour d'outils de contrôle, de normes et de protection. Au cœur de ce dispositif se trouve le centre d'opérations de cybersécurité, chargé de monitorer en permanence le cyberespace national. « Une attention particulière est accordée aux infrastructures critiques, telles que les services financiers, les réseaux d'eau ou d'électricité, ou encore les plateformes numériques essentielles au fonctionnement de la nation. L'indisponibilité de l'un de ces services à la suite d'une cyberattaque pourrait provoquer une crise nationale », explique-t-il.
Aussi, le directeur général de l'ANSSI précise qu'il est élaboré des guides, référentiels et normes destinés aux acteurs de la cybersécurité. L'agence procède également à l'agrément des structures habilitées, garantissant que celles-ci disposent des compétences nécessaires pour accompagner les entités jugées essentielles. À cela s'ajoute l'homologation des plateformes et des équipements, un dispositif crucial pour s'assurer que les outils utilisés ne présentent pas de failles exploitables. « On a par exemple déjà vu des bipeurs ou des radios exploser tout simplement parce qu'ils avaient été piégés », a présenté monsieur Yougbaré.
Le stand de l'ANSSI à la 20ᵉ édition de la Semaine du numériqueRéponse aux incidents
Même les systèmes les mieux protégés peuvent être victimes d'attaques. Pour cela, l'ANSSI dispose d'une équipe spécialisée dans la réponse aux incidents, souligne son directeur général. Cette dernière est chargée d'accompagner les organisations dans la restauration de leurs systèmes. L'équipe travaille également en amont, en prodiguant de précieux conseils sur la base du protocole national de gestion des incidents, élaboré par l'Agence et mis à la disposition des structures publiques et privées.
L'humain, le premier pare-feu
De l'avis du directeur général de l'ANSSI, aucun dispositif technique n'est pleinement efficace sans une prise de conscience humaine. « L'humain est le premier pare-feu de la cybersécurité. S'il agit de manière appropriée, nous pouvons réduire 90 % des attaques », a-t-il interpellé.
Il indique de ce fait que l'ANSSI mène des actions régulières de sensibilisation, de formation et d'accompagnement auprès des entreprises, des institutions, et occasionnellement, du grand public. L'objectif est de renforcer une culture numérique qui protège autant les structures que les citoyens.
Des gouverneurs des régions du Burkina Faso, présents à la Semaine du numérique 2025, ont accordé un intérêt particulier au rôle stratégique joué par l'ANSSIL'intelligence artificielle, un allié stratégique
Le thème de l'édition 2025, « L'IA au cœur de la transformation digitale », trouve un écho concret dans les pratiques quotidiennes de l'ANSSI. En effet, Boukaré Sébastien Yougbaré soutient que l'intelligence artificielle est devenue un outil incontournable dans la lutte contre la cybercriminalité. Elle permet d'automatiser l'analyse de vastes volumes de données, d'identifier rapidement les adresses malveillantes et de détecter en amont les comportements suspects, améliorant ainsi la réactivité et la précision des équipes.
Grâce à ces avancées technologiques, relève-t-il, 80 à 90 % des tâches de détection sont désormais automatisées, réduisant considérablement la charge manuelle des experts. Cette efficacité accrue, poursuit le directeur général, permet à l'ANSSI de neutraliser les menaces plus rapidement, de prévenir les incidents avant qu'ils ne se matérialisent, et de renforcer la protection des infrastructures critiques. Cela, en optimisant les ressources humaines et techniques de l'agence.
La Semaine du numérique 2025 a été marquée par la visite de plusieurs gouverneurs au stand de l'ANSSI, témoignant de l'intérêt des autorités pour la cybersécurité et la transformation digitale. Parmi eux, le gouverneur des régions de Bankui et du Sourou, l'inspecteur général de police Pierre Bassinga, a salué le travail de qualité de l'agence. Selon lui, dans un contexte marqué par la multiplication des piratages informatiques, la mission centrale de l'ANSSI consiste à protéger les systèmes informatiques, à garantir la sécurité des données nationales, personnelles et individuelles, et à empêcher que des informations privées ne se retrouvent sur la place publique.
Le gouverneur des régions de Bankui et du Sourou, l'inspecteur général de police Pierre Bassinga a invité les citoyens à s'intéresser aux activités de l'ANSSI et à se former aux enjeux de la cybersécuritéLe gouverneur a insisté sur le fait que la sensibilisation et l'éducation aux pratiques sécurisées constituent le meilleur bouclier contre les risques liés à la divulgation de données, et qu'une population informée est la clé pour renforcer la protection des systèmes et la sécurité des informations au Burkina Faso.
Une année 2025 marquée par des réalisations majeures
Parmi les avancées majeures de l'ANSSI en 2025, le rapport national sur l'état de la cybersécurité au Burkina Faso constitue un outil stratégique pour évaluer et anticiper les menaces. Ce document offre un panorama complet, en détaillant la typologie des attaques visant le pays, la localisation de leur origine, l'état de la gouvernance numérique au sein des institutions, ainsi que les grandes tendances africaines et mondiales en matière de cybersécurité. Il permet ainsi de mieux comprendre les vulnérabilités du pays et d'orienter les mesures préventives et correctives.
Les chiffres présentés dans le rapport illustrent l'intensité de la menace. En effet, 79 alertes majeures ont été traitées au premier semestre 2025, tandis que l'Agence reçoit quotidiennement plus de 900 alertes, qu'elle doit analyser pour distinguer les signaux critiques des fausses alarmes. Afin de combler rapidement les failles identifiées, les équipes publient chaque jour des bulletins de mise à jour et de correction, garantissant que les entités concernées disposent des informations nécessaires pour sécuriser leurs systèmes.
Des visiteurs s'imprégnant des prérogatives de l'ANSSIMalgré ces avancées, des défis demeurent, notamment en matière de ressources humaines qualifiées et de modernisation des outils. À cet effet, le directeur général de l'ANSSI mentionne que des initiatives prises par les autorités du pays sont en cours, comme la création prochaine d'une unité d'élite dédiée à la protection du cyberespace. Il assure néanmoins que depuis 2025, le Burkina Faso dispose d'un « minimum de dispositif » suffisant pour faire face aux menaces, grâce à une organisation nationale solide articulée autour de l'ANSSI et des entités spécialisées en cybercriminalité et cyberdéfense.
En mettant en lumière ses missions, ses réussites et ses ambitions, l'ANSSI a affirmé son rôle indispensable dans l'écosystème numérique burkinabè. À l'heure où la transformation digitale s'accélère et où l'intelligence artificielle redéfinit les capacités offensives et défensives, elle apparaît comme un rempart essentiel, garant de la sécurité des systèmes et de la confiance numérique.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
C'est le mercato financier de cette fin d'année 2025. Tout juste nommé à la tête de Wave Burkina Faso, Joël Ky voit grand. Entre fiabilité, expansion territoriale et amélioration de l'expérience utilisateur, le nouveau directeur général de Wave Burkina Faso fixe le cap. Il explique pourquoi la simplicité, la fluidité et la dimension humaine du service constituent les principaux atouts de l'entreprise sur un marché burkinabè exigeant et en pleine mutation. Nous l'avons rencontré en marge de la semaine du numérique qui se déroule du 18 au 21 novembre 2025 au Parc des expositions du SIAO. Entretien.
Lefaso.net : Vous prenez vos fonctions à un moment où l'écosystème numérique évolue très vite. Quelle est votre vision pour Wave Burkina Faso ?
Joël Ky : Ma vision à Wave est claire : c'est de faire de Wave un service profondément ancré dans le quotidien des Burkinabè. Et Wave ne doit pas être considéré comme une simple application technologique, mais un outil qui est au cœur du quotidien des Burkinabè. Ainsi est ma vision.
Quelles seront vos priorités opérationnelles dans les premiers mois ?
La première des choses, c'est d'abord la fiabilité. Vous savez, tout service numérique doit être fiable et tout utilisateur de Wave doit pouvoir à la première tentative être satisfait.
Et ensuite, la deuxième étape, ça sera le développement du réseau. Nous sommes en train de développer notre réseau et nous allons nous étendre dans les zones périurbaines, dans les zones rurales, de sorte à ce que tous les utilisateurs dans tous les points de vente puissent être satisfaits dans toutes les régions du Burkina Faso. Et ça c'est le deuxième point.
Et ensuite le troisième point, c'est l'expérience client. On va continuer à améliorer l'expérience client de sorte à ce que chaque utilisateur de Wave puisse se sentir pleinement satisfait lorsqu'il utilise notre application Wave.
Quels sont selon vous les éléments qui font la spécificité du marché burkinabè ?
Le marché burkinabè est très exigeant. Vous savez, les utilisateurs, lorsqu'ils sont en face de quelque chose qui marche très bien, ils y adhèrent facilement. Mais à contrario, lorsqu'il y a des difficultés, ils abandonnent automatiquement. Et le peuple burkinabè est vraiment mature. Il y a vraiment cette maturité d'esprit-là qui fait que nous sommes obligés d'être très efficaces et nous, nous mettons un point d'honneur à cette efficacité de sorte que tous les utilisateurs soient satisfaits à 100 %.
Pourquoi est-ce que les Burkinabè devraient choisir Wave ?
C'est simple, les Burkinabè doivent choisir Wave parce que nous sommes les meilleurs et deux, nous offrons des services et des produits qui sont très innovants, qui sont simples et il y a cette dimension humaine que nous mettons dans notre processus. Et ça c'est très important. Ce n'est pas seulement une application qu'il faut utiliser, mais nous facilitons la vie des utilisateurs. Et ça c'est très important.
Vous participez à la Semaine Numérique, un moment fort pour le pays. Quel message souhaitez-vous y porter ?
La Semaine du Numérique est une occasion pour tous les acteurs de l'écosystème numérique de réfléchir ensemble sur la transformation digitale, la transformation numérique du Burkina. Et c'est un évènement qui est très important pour nous. C'est d'ailleurs dans ce sens que nous n'avons pas hésité à y participer, à y contribuer à notre manière. Et aujourd'hui le message que nous voulons adresser à tous, c'est que nous sommes là, nous voulons intégrer l'écosystème, mais nous souhaitons aussi travailler avec cet écosystème. Et forcément il faut qu'on se donne la main pour permettre de franchir une révolution digitale comme le président du Faso, le camarade Ibrahim Traoré, le souhaite.
Où se situe aujourd'hui l'innovation chez Wave au Burkina Faso ?
L'innovation, elle, est simple chez Wave. Vous savez, notre applicatif est très pragmatique et cette innovation se traduit justement par la fluidité de nos transactions, la facilitation de la vie des utilisateurs. Nous rendons la vie des utilisateurs facile et c'est ça notre innovation. Aujourd'hui, imaginez-vous une dame qui vend des légumes au marché de Rood-Wooko et qui a des problèmes pour sécuriser ses fonds. Aujourd'hui, on donne la possibilité de sécuriser ses fonds. Un commerçant, un entrepreneur qui va dans une région du Burkina pour faire des travaux et qui a besoin d'être payé, nous, nous facilitons la vie de cet entrepreneur en lui mettant à disposition des outils efficaces. On a des petits commerçants qui ont besoin souvent d'avoir la traçabilité de certaines transactions. Et nous, avec notre applicatif, nous avons la possibilité justement d'assurer cette traçabilité-là. Nous sommes encore en train de développer d'autres services à valeur ajoutée pour permettre de faciliter la vie des utilisateurs. Tout utilisateur de Wave, toute la population burkinabè devrait pouvoir accéder aux produits de Wave sans problème. Et ça va leur faciliter la vie. C'est donc cette innovation, cette dimension humaine qui est notre innovation aujourd'hui.
Qu'est-ce qui vous tient personnellement à cœur dans cette mission ?
Lorsqu'on développe quelque chose, il y a peut-être cette question d'intérêt derrière, mais chez nous, c'est la dimension humaine que nous privilégions. Et lorsque nous produisons quelque chose et savons que cette chose facilite la vie de quelqu'un, ça me touche énormément. C'est dans ce sens-là que Wave est partie prenante à 100 % de l'innovation technologique au Burkina Faso, car faciliter la vie des utilisateurs de ces populations-là est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur.
Que souhaitez-vous dire aux autorités et aux partenaires institutionnels présents à la Semaine du Numérique ?
Alors, aux autorités, je voudrais d'abord dire merci. Je voudrais également les féliciter pour cette Semaine du Numérique qui donne l'occasion de discuter sur des problématiques numériques, qui donne l'occasion de réfléchir sur l'évolution technologique du Burkina Faso, qui donne l'occasion à certaines start-up, à certains innovateurs de pouvoir exprimer leurs talents. Ça c'est vraiment quelque chose de très bien que je vais toujours encourager.
Aux autres partenaires, pour ceux qui ont décidé d'accompagner cette semaine, notamment Wave et les autres qui sont là, je vous invite justement à continuer dans ce sens. Et mon message est clair. Vous savez, nous sommes dans un écosystème et c'est ensemble que nous pouvons développer cet écosystème. C'est ensemble que nous pouvons faire évoluer la révolution numérique au Burkina Faso. Donc, je souhaite, de manière claire, tendre la main aux autres partenaires de sorte que la révolution numérique au Burkina Faso soit une réussite parfaite. Il faut que chacun puisse apporter sa contribution. Et Wave est là aujourd'hui pour apporter pleinement sa contribution pour l'évolution numérique au Burkina Faso.
La 20ᵉ édition de la Semaine du Numérique met l'accent sur l'intelligence artificielle. Selon vous, quel rôle l'IA peut-elle jouer dans l'évolution des services numériques au Burkina ?
L'IA peut jouer un rôle vraiment essentiel parce que l'IA peut devenir un accélérateur très important pour le pays en rendant les services faciles, en rendant les services efficaces et en rendant les services sécurisés. Donc aujourd'hui, il faut naturellement travailler avec l'intelligence artificielle, c'est très important.
Un dernier mot aux utilisateurs
Alors aux utilisateurs, je voudrais d'abord dire merci. Merci pour les clients de Wave. Merci pour leur confiance. Merci pour leur franchise. Mon engagement est clair, c'est d'offrir un service fiable, un service proche qui respecte les réalités de chacun. Et donc je voudrais à ce niveau réitérer encore mes remerciements et puis vous inviter à adhérer aux différents produits et services de Wave. Nous restons et nous demeurons l'institution innovante qui va changer la vie des populations au Burkina.
Entretien réalisé par Fredo Bassolé
Lefaso.net
Opposés à leurs homologues de l'Ouganda en huitièmes de finale de la coupe du monde des moins de 17 ans, les Étalons cadets se sont imposés aux séances fatidiques des tirs au but 5-3 et filent en quarts de finale, après un score nul de 1-1 à la fin du temps règlementaire.
Pourtant, ce sont les Ougandais qui vont ouvrir le score de retour des vestiaires, à la 56e minute par l'entremise se Arafat Nkoola, avant que Alassana Bagayogo n'égalise pour les Burkinabè à la 77e sur un service du métronome Mohamed Zongo.
Le score restera tel jusqu'à la fin des 90 minutes du temps règlementaire. Pas de prolongations conformément aux règles de la compétition, place aux séances fatidiques des tirs au but. Plus techniques et réalistes, les Étalons cadets transformeront leurs cinq tirs contre trois pour les Ougandais. Score final 5-3 pour les poulains du coach Oscar Barro.
Grâce à cette victoire, le Burkina Faso file en quarts de finale de ce Mondial réservé aux moins de 17 ans et continue donc sa belle aventure en terre qatarie. Les Étalons cadets affronteront leurs homologues de l'Italie en quarts de finale.
ZM
Lefaso.net
Dans la matinée de ce dimanche 16 novembre 2025, le ministre des infrastructures et du Désenclavement Adama Luc Sorgho a procédé à l'inauguration du pont reliant Banakélédaga à Dessou. L'ouverture de ce pont à la circulation permettra ainsi de rétablir durablement le trafic et de recréer les conditions de mise en valeur de l'ensemble des zones à hautes potentialités agricoles pour une lutte efficiente contre la pauvreté. La cérémonie d'ouverture de ce pont a connu la présence des autorités administratives, des représentants de la notabilité coutumière et des populations bénéficiaires de la localité.
D'un montant final estimé à 1 170 897 902 FCFA, le nouveau pont, selon le directeur général (DG) de l'Agence des travaux d'infrastructures du Burkina (AGETIB) Ollo Franck Olivier Kansié, permet de relier l'ensemble des 7 villages à proximité de Banakélédaga, et aux populations de pouvoir se déplacer pour rejoindre les sites agricoles de la zone de Bama. Chose qui, selon lui, vient réduire le coût d'exploitation des véhicules et aussi le coût des transports. « La construction de cet ouvrage a permis de rétablir le trafic sur un site très important en termes de potentiel agricole et de désenclaver pratiquement 7 villages qui, malheureusement, étaient difficiles d'accès avec le sinistre de l'ancien pont », a-t-il salué.
Il rassure que des dispositions techniques ont été prises pour assurer la construction d'un ouvrage de qualité. « L'AGETIB en sa qualité de maîtrise d'ouvrage déléguée a supervisé les travaux et une mission de contrôle a été recrutée et mandatée pour s'assurer du suivi technique des travaux, à savoir le bureau BECOTEX, pour s'assurer de la qualité de la construction de cet ouvrage », a souligné le patron de l'AGETIB. Il rappelle que c'est suite à une requête introduite auprès de la Banque mondiale par le ministère des Infrastructures dans le cadre de la construction de cet ouvrage, après que l'ancien a été sinistré en 2018 et endommagé par les eaux pluviales. « Ainsi, à travers la requête introduite auprès de la Banque mondiale, le financement a été acquis et l'AGETIB a été mandatée pour superviser l'exécution des travaux de construction de cet ouvrage », a précisé le DG de l'AGETIB. Il se dit satisfait, tout comme l'ensemble de la population de la localité, au regard de la qualité des travaux réalisés.
Coupure du ruban marquant la mise en circulation du pontPour l'entreprise BECM-CG en charge des travaux de la construction du pont « Capitaine Ibrahim Traoré », Tembely Ambadigué, chargé des travaux de l'entreprise, salue l'accueil chaleureux dont ils ont bénéficié de la part des populations hôtes. « Nous avons quitté chez nous et nous nous sommes sentis chez nous. Nous avons travaillé avec tout le monde et dans un esprit de tranquillité. C'est une fierté pour nous de venir travailler au Burkina Faso, c'est l'AES qui gagne », s'est-il réjoui. C'est pour lui un honneur la confiance que l'État burkinabè a placée en son entreprise en leur confiant les travaux de construction de cet ouvrage. Malgré les difficultés rencontrées, il dit avoir pris l'engagement avec les différents acteurs de réaliser ces travaux de bout en bout et d'offrir un ouvrage de qualité à la population burkinabè. Dès la réception provisoire, indique le chargé des travaux de BECM-CG, le PDG de l'entreprise avait donné instruction de procéder à la démolition d'une partie du dalot au niveau de l'ancien pont qui encombrait le lit mineur avant l'installation de la saison pluvieuse prochaine.
Pour le ministre des infrastructures et du désenclavement, Adama Luc Sorgho, de visu c'est une satisfaction au regard des travaux réalisés au niveau de ce pont. « Nous ne sommes pas inquiets, car pour la mission contrôle, c'est une garantie décennale qui a été contractée. Visuellement, nous voyons que les travaux ont été bien exécutés, parce qu'à l'origine, un dalot avait été emporté en 2018 par les eaux de pluie. Aujourd'hui, on fait un ouvrage aux standards d'une route normale, une piste qui relie Banakélédaga et Dessou », a-t-il rassuré. Il insiste que, quelle que soit l'évolution de la qualité de la route, on va toujours compter sur ce pont.
Le pont Capitaine Ibrahim TraoréPar ailleurs, il indique que certaines observations ont été faites et seront prises en compte pour améliorer et donner une certaine durabilité à l'ouvrage. À l'endroit des usagers, le ministre souhaite qu'ils puissent observer de temps en temps le fonctionnement de l'ouvrage. « Le constat indique que les berges au niveau du pont sont fragiles, tandis que les moyens ne permettaient pas de les protéger toutes. Si vous constatez qu'il y a un grand arbre à côté, qui peut créer un problème, avisez les services techniques qui se trouvent à la direction régionale des infrastructures du Guiriko pour une intervention rapide », a-t-il invité.
Au nom des populations bénéficiaires, le PDS de la commune de Bama Félix Baye se dit très satisfait de l'inauguration de ce pont. « Autrefois, lorsque la saison des pluies s'installait, il était difficile, voire impossible de passer directement d'un village à un autre. Il fallait forcément faire le grand tour en passant par la ville de Bobo-Dioulasso. Ce pont vient donc faciliter la mobilité des populations de cette localité » a-t-il raconté. Cet ouvrage, pour lui, ce n'est pas seulement un pont en béton et en acier, c'est aussi et surtout un accès plus sûr aux marchés, aux écoles et aux hôpitaux. Il rappelle que la zone est réputée pour sa pratique agricole et fruitière, donc l'écoulement des produits pose des problèmes en saison hivernale. « Ce pont est donc un ouf de soulagement pour l'écoulement de ces produits et renforce l'économie au niveau de la commune », a salué le PDS de Bama.
Le ministre Adama Luc Sorgho répond aux journalistesNonobstant cet ouvrage, il a tenu à faire des doléances auprès du ministère en charge des infrastructures. Il s'agit, dit-il, de faire un revêtement bitumineux du tronçon jusqu'à Dessou et le renforcement du pont Marigot Niamè. Cela, estime-t-il, y va de la longévité du pont et de la sécurité des populations. Il rappelle aussi le cas du pont métallique à l'entrée de Bama, et réaffirme l'accompagnement de la population autant que possible dans la poursuite de ses missions du gouvernement.
Djaryigo Diarra
Lefaso.net
La 10ᵉ séance des Ateliers de MOVIDA, dont le compte-rendu est signé par Marie-Dominique Aguillon pour la plateforme scientifique MOVIDA, offre un éclairage rare sur la présence burkinabè au Ghana. Bien que cette publication remonte à 2017, les dynamiques décrites restent étonnamment actuelles, tant les questions d'identité, de citoyenneté et d'ancrage politique demeurent inchangées. À travers les travaux du sociologue Saydou Koudougou, doctorant de l'université Ouaga I et membre du Laboratoire société, mobilité, environnement (LSME), le document explore une réalité complexe, souvent méconnue, autour des mobilités et des appartenances en Afrique de l'Ouest.
L'analyse retrace les trajectoires historiques des Burkinabè installés au Ghana. Le pays a longtemps constitué un pôle d'attraction migratoire, avant que les expulsions massives de 1969 et les crises économiques des décennies suivantes ne freinent les flux vers ce voisin du sud. Marie-Dominique Aguillon rappelle que les politiques nationalistes ghanéennes de l'époque ont conduit au départ d'environ 600 000 étrangers, bouleversant durablement les dynamiques migratoires.
Le renouveau des arrivées au début des années 2000, notamment d'étudiants, montre que les mobilités burkinabè s'inscrivent dans un jeu d'alternance entre opportunités économiques, crises politiques et stratégies familiales.
Le document met en lumière un paradoxe frappant. Les chiffres officiels du Ghana ne recensent que 30 367 Burkinabè, alors que les estimations populaires évoquent une présence entre 1,5 et 4 millions. Saydou Koudougou explique cette divergence par les non-enregistrements, l'acquisition de la nationalité ghanéenne par les descendants et l'impossibilité statistique d'identifier des populations installées depuis plusieurs générations.
Une distinction clé : “anciens immigrés” et “nouveaux immigrés”
L'analyse distingue deux catégories identitaires structurant la présence burkinabè au Ghana. Les “anciens immigrés”, installés avant les années 1990, ont développé diverses stratégies d'intégration : emplois urbains précaires, adoption de patronymes haoussa, conversions religieuses ou obtention de documents ghanéens. Leurs descendants, souvent nés au Ghana, sont connus sous le nom de Dankassa, “enfants du terroir”. Beaucoup ignorent la langue ou la région d'origine de leur père burkinabè, ce qui affaiblit les liens avec le Burkina Faso. Le décès du père signe souvent une rupture définitive avec le pays d'origine.
Marie-Dominique Aguillon met en évidence un point central des travaux de Koudougou : la dissociation entre nationalité et citoyenneté. Les Burkinabè de la vieille génération, tout comme leurs enfants, demeurent légalement citoyens burkinabè. Pourtant, la non-application du droit de vote reconnu en 2009, les obstacles administratifs et le sentiment de mise à distance par les institutions du Burkina Faso expliquent la faible revendication d'une participation politique dans leur pays d'origine.
Les Dankassa, contrairement aux attentes nationales burkinabè, exercent leur citoyenneté ailleurs. Ils participent pleinement à la vie politique ghanéenne et occupent aujourd'hui des postes de ministre, député ou conseiller municipal. La citoyenneté qui leur est effectivement accessible est ghanéenne.
Une diaspora… qui n'en est plus vraiment une
L'un des points les plus marquants concerne le désintérêt massif des Burkinabè du Ghana pour le droit de vote au Burkina Faso. Selon Saydou Koudougou, la majorité ne se considère plus comme une diaspora, surtout parmi les familles installées depuis plusieurs décennies. Elles se sentent ghanéennes et ne voient pas l'utilité de se battre pour une participation électorale dans un pays dont elles ne partagent plus le quotidien.
La pression pour le vote à l'étranger venait davantage des Burkinabè de Côte d'Ivoire que du Ghana. Dans ce dernier, les priorités portaient plutôt sur la reconnaissance des droits politiques des diasporas ghanéennes vivant hors du pays.
L'article rappelle l'implication ancienne des migrants burkinabè dans la politique ghanéenne. Depuis l'époque pré-indépendance, leurs chefferies traditionnelles et leurs associations ont constitué des relais d'influence majeurs. Aujourd'hui encore, les dynamiques communautaires, notamment dans les Zongo, jouent un rôle décisif dans l'accès aux responsabilités politiques. Ce constat confirme une réalité souvent ignorée : les Burkinabè ont été, et restent, des acteurs influents de la démocratie ghanéenne.
Une problématique persistante : comment peser électoralement au Burkina Faso ?
Le document souligne une question essentielle. Comment évaluer le poids politique d'une diaspora qui n'a jamais voté, dont les chiffres restent incertains et qui, pour une large part, se sent plus ghanéenne que burkinabè ? Marie-Dominique Aguillon note que tant que les conditions techniques, notamment un fichier électoral fiable, ne seront pas réunies, le droit de vote restera théorique. Elle indique aussi que la mobilisation politique escomptée par les autorités burkinabè repose peut-être davantage sur une projection démographique que sur une réalité vécue.
L'article de MOVIDA constitue une ressource majeure pour saisir les recompositions identitaires entre le Ghana et le Burkina Faso. À travers l'analyse rigoureuse de Saydou Koudougou, relayée par Marie-Dominique Aguillon, il montre que les migrations anciennes produisent des formes de citoyenneté inattendues, loin des représentations traditionnelles de la diaspora et de la nationalité.
La question de savoir si la diaspora burkinabè “compte” encore pour le Burkina Faso reste ouverte. Elle pousse les deux pays à repenser leurs politiques migratoires, électorales et identitaires, afin de mieux comprendre les citoyens dont les appartenances se réinventent de génération en génération.
Agbegnigan Yaovi
Correspondant au Ghana
Lefaso.net
Étudiant en Intelligence artificielle (IA) et internet des objets à l'université des sciences et technologies de Chine (USTC) à Hefei, au sud du pays, Ézéchiel Ouédraogo fait partie du lot d'étudiants burkinabè transférés de Taiwan en République populaire de Chine après la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays en 2018. En année de master dans le domaine de l'IA, l'étudiant entend retourner au bercail après ses études pour mettre son expérience au service de son pays. Ce retour pour lui, est avant tout un sentiment d'amour pour son pays mais aussi un devoir. La langue, le transfert de Taiwan en République populaire de Chine, ses projets futurs…, il s'est confié à Lefaso.net dans cette interview. Lisez !
Lefaso.net : Comment êtes-vous arrivé en Chine dans le cadre de vos études ?
Ézéchiel Ouédraogo : Mon parcours est assez particulier et s'inscrit dans un contexte diplomatique important pour le Burkina Faso. En fait, je fais partie de la première promotion à venir en Chine après la reprise des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la République populaire de Chine en 2018. Au départ, nous avions été sélectionnés par l'ambassade de Taïwan pour poursuivre des études supérieures à Taïwan. Nous avions passé tout le processus de sélection et étions prêts à partir.
Mais juste avant notre départ, il y a eu la rupture des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et Taïwan, suite à la décision du gouvernement burkinabè de reconnaître la politique d'une seule Chine. Cette situation aurait pu compromettre nos projets d'études, mais heureusement, des discussions ont été rapidement engagées entre les nouveaux responsables de la diplomatie chinoise et le ministère burkinabè des Affaires étrangères. Grâce à ces négociations, nous avons été transférés en Chine continentale. Le gouvernement chinois a accepté de nous accueillir et de nous offrir les mêmes opportunités d'études.
C'est ainsi que je me suis retrouvé en Chine en septembre 2018. Nous avons d'abord été accueillis dans un centre de langue à Beijing pour une année d'apprentissage intensif du mandarin, ce qui était essentiel pour pouvoir suivre nos cursus universitaires. Ensuite, j'ai intégré mon programme de bachelor, et aujourd'hui je poursuis mon master à l'USTC.
Je dirais que nous avons été, d'une certaine manière, les témoins et les bénéficiaires directs de ce tournant diplomatique historique entre nos deux pays.
Comment avez-vous vécu vos premiers moments ?
Mes premiers moments en Chine sont gravés dans ma mémoire ! Dès notre arrivée à l'aéroport, des compatriotes burkinabè, auparavant à Taiwan, sont venus nous chercher. C'était très rassurant de voir des visages familiers dans cet environnement totalement étranger. Ils nous ont immédiatement pris sous leurs ailes et nous ont accompagnés pour nos premières sorties : aller au restaurant pour découvrir la cuisine chinoise, faire nos premiers achats pour nous installer, nous expliquer comment utiliser les applications mobiles indispensables comme WeChat et Alipay. Leur présence et leurs conseils ont vraiment facilité notre adaptation.
Mes premières impressions étaient un mélange de confusion et d'émerveillement. Je me sentais un peu perdu dans cette immense métropole futuriste qu'est Beijing. Tout était nouveau, différent, parfois déroutant : les caractères chinois partout, les sons de la langue, les habitudes culturelles…
Mais en même temps, j'étais complètement ébloui ! Le système de transport m'a particulièrement impressionné : le métro moderne, rapide, propre, avec des stations qui ressemblent à des œuvres d'art. La technologie omniprésente dans la vie quotidienne : le paiement mobile, la digitalisation de tout… C'était comme entrer dans le futur.
Grâce au soutien de nos aînés burkinabè et à l'année d'apprentissage de la langue qui a suivi, j'ai pu progressivement passer de ce sentiment d'être perdu à celui de me sentir de plus en plus à l'aise dans cet environnement. Aujourd'hui, je peux dire que la Chine est devenue ma deuxième maison.
Avez-vous des nouvelles du pays ?
Oui, absolument ! Grâce à internet, nous restons constamment informés de ce qui se passe au pays. Le gouvernement, les journaux, les entreprises et pratiquement tout le monde sont maintenant sur les réseaux sociaux, ce qui nous permet de rester au parfum de l'actualité nationale. Nous suivons de près l'évolution politique, économique et sociale du Burkina Faso. Au-delà des nouvelles générales du pays, les réseaux sociaux me permettent également de garder un contact étroit avec ma famille et mes amis.
Qu'est-ce qui a justifié le choix de la Chine pour poursuivre votre formation ?
Plusieurs raisons ont motivé ce choix, et je dirais que c'était une combinaison de facteurs académiques, linguistiques, et économiques. D'abord, la qualité de la formation. La Chine offre une formation de pointe, comme en témoignent ses innovations remarquables dans de nombreux domaines : les technologies de l'information, l'intelligence artificielle, les télécommunications avec la 5G, les énergies renouvelables, l'aérospatiale, et bien d'autres. Le classement des universités chinoises au niveau international ne cesse de progresser. Des institutions comme l'université des Sciences et technologies de Chine où j'étudie, Tsinghua, ou Peking University figurent régulièrement parmi les meilleures universités mondiales.
De plus, la Chine investit massivement dans la recherche et le développement, avec des laboratoires ultramodernes et des infrastructures de pointe. Pour quelqu'un qui s'intéresse à l'IA et à l'internet des objets comme moi, c'est l'endroit idéal pour être au cœur de l'innovation technologique mondiale.
Ensuite, la langue chinoise constituait une motivation très importante. Le mandarin est l'une des langues les plus parlées au monde avec plus d'un milliard de locuteurs. Dans un monde de plus en plus globalisé, maîtriser cette langue représente un avantage compétitif considérable.
L'Afrique et le Burkina Faso en particulier tissent de plus en plus de relations profondes avec la Chine dans tous les domaines : commerce, infrastructures, coopération technique, échanges culturels. Les entreprises chinoises sont très présentes sur le continent africain, et réciproquement, de plus en plus d'entreprises africaines cherchent à établir des partenariats avec la Chine. C'est donc un atout non négligeable, voire indispensable, de pouvoir comprendre la langue et la culture chinoises pour faciliter ces échanges et cette coopération.
« Je veux contribuer au développement technologique du Burkina Faso de manière concrète », Ézéchiel OuédraogoEnfin, l'accessibilité des bourses. Soyons réalistes : même si le niveau de vie en Chine n'est pas aussi élevé qu'en Occident, vivre et étudier à l'étranger reste toujours très coûteux pour une famille ordinaire burkinabè. Les frais de scolarité, le logement, la nourriture, les déplacements… tout cela représente un investissement important.
La Chine offre de nombreuses bourses aux étudiants étrangers, notamment à travers des programmes comme la bourse du gouvernement chinois (CSC), les bourses des universités, et d'autres initiatives bilatérales entre la Chine et le Burkina Faso. Ces bourses couvrent généralement les frais de scolarité, le logement, et offrent même une allocation mensuelle pour les dépenses quotidiennes. Sans ce soutien financier, il aurait été extrêmement difficile, voire impossible, pour moi de poursuivre des études supérieures à l'étranger. C'est donc l'une des raisons déterminantes pour lesquelles j'ai choisi la Chine.
Comment est née votre passion pour l'intelligence artificielle ?
Ma passion pour l'intelligence artificielle est le fruit d'un cheminement progressif qui a commencé très tôt. Depuis mon jeune âge, j'ai été passionné de technologie, particulièrement l'informatique. J'étais ce genre d'enfant qui voulait toujours comprendre comment les choses fonctionnaient : comment un ordinateur pouvait exécuter des programmes, comment internet connectait le monde entier, comment les logiciels étaient créés. Cette curiosité naturelle m'a naturellement orienté vers des études en informatique.
Le véritable déclic est survenu pendant mon parcours de bachelor, lorsque j'ai suivi un cours d'introduction à l'intelligence artificielle. Ce cours m'a littéralement ouvert les yeux sur un nouveau monde de possibilités. J'ai pu voir le potentiel immense que l'IA représentait : des machines capables d'apprendre par elles-mêmes, de reconnaître des patterns complexes, de prendre des décisions intelligentes, d'interagir avec les humains de manière naturelle. C'était fascinant !
Ce qui m'a particulièrement captivé, c'est la polyvalence de l'IA. Contrairement à d'autres domaines plus spécialisés, l'intelligence artificielle peut être appliquée à pratiquement tous les secteurs : la santé pour améliorer les diagnostics médicaux, l'agriculture pour optimiser les rendements, l'éducation pour personnaliser l'apprentissage, les transports pour créer des systèmes autonomes, la finance, la sécurité, et bien d'autres encore.
Quelles sont vos ambitions après vos études ?
Mes ambitions se déclinent en plusieurs étapes, qui correspondent à mon parcours actuel et à ma vision à long terme.
À court terme, mon ambition première est d'apprendre et d'innover. Je suis conscient de la chance exceptionnelle que j'ai : je me trouve dans l'une des meilleures universités au monde, l'Université des Sciences et technologies de Chine, qui dispose d'infrastructures de recherche de pointe et d'un personnel académique extrêmement compétent. C'est un environnement particulièrement propice pour l'apprentissage académique et la recherche de haut niveau.
Je veux profiter au maximum de cette opportunité pour approfondir mes connaissances en Intelligence artificielle et en internet des objets, participer à des projets de recherche innovants, publier des articles scientifiques, et repousser les frontières de ce qui est possible dans mon domaine. L'excellence académique est pour moi la base solide sur laquelle tout le reste va se construire.
Dans la même lancée, j'ai également l'ambition d'acquérir des expériences professionnelles concrètes en entreprise. La théorie académique est essentielle, mais l'expérience pratique en milieu professionnel l'est tout autant. Je souhaite faire des stages ou travailler dans des entreprises technologiques, idéalement celles qui sont à la pointe de l'innovation en IA et IoT.
Cela me permettrait de comprendre comment ces technologies sont déployées à grande échelle, comment on gère des projets complexes, comment on travaille en équipe multidisciplinaire, et surtout comment transformer des idées brillantes en produits et services qui résolvent de vrais problèmes. Cette double compétence académique et professionnelle est cruciale pour ce que j'envisage pour la suite.
Ézéchiel Ouédraogo salue l'accompagnement du gouvernement chinoisÀ long terme, mon ambition ultime est d'avoir un impact réel quand je serai de retour au pays. Tout ce que je fais aujourd'hui, l'apprentissage, la recherche, l'expérience professionnelle, est au service de cet objectif final.
Je veux contribuer au développement technologique du Burkina Faso de manière concrète. Cela pourrait prendre plusieurs formes : participer à la recherche et à l'enseignement dans les universités burkinabè pour former la prochaine génération d'experts, travailler avec le gouvernement ou des organisations pour déployer des solutions technologiques adaptées aux défis locaux, ou même créer une entreprise technologique qui développe des produits et services innovants pour le marché africain.
L'idée, c'est de ne pas être simplement un consommateur de technologies importées, mais de devenir un acteur du développement technologique, quelqu'un qui crée, qui innove, et qui adapte les technologies de pointe aux réalités et aux besoins spécifiques de notre contexte africain.
En résumé, mes ambitions suivent une trajectoire claire : exceller académiquement ici en Chine, acquérir une solide expérience professionnelle, puis retourner au pays avec les compétences, les connaissances et le réseau nécessaires pour faire une différence significative dans le développement du Burkina Faso.
Quelle nuance-a-t-on entre l'usage de l'IA en Chine et celle au Burkina Faso ?
La différence est considérable, tant au niveau du déploiement que de l'adoption de l'intelligence artificielle dans les deux pays.
En Chine, l'IA est omniprésente et profondément intégrée dans la vie quotidienne. On la rencontre partout : dans les systèmes de reconnaissance faciale pour les paiements et la sécurité, les assistants vocaux intelligents, les recommandations personnalisées sur les plateformes de e-commerce et les réseaux sociaux, les voitures autonomes en phase de test dans plusieurs villes, les systèmes de surveillance intelligents, la télémédecine assistée par IA, et même dans l'agriculture avec des fermes intelligentes.
De plus, il y a une culture d'adoption technologique très forte chez les citoyens chinois. Les gens sont habitués à utiliser des applications intelligentes pour pratiquement tout : commander de la nourriture, réserver un transport, payer, accéder aux services gouvernementaux. Cette acceptation sociale facilite grandement le déploiement de nouvelles technologies d'IA.
Au Burkina Faso, par contre, nous en sommes encore aux premiers stades de l'adoption de l'IA. L'usage reste limité et concentré principalement dans quelques secteurs spécifiques ou projets pilotes. Il y a plusieurs raisons à cela.
D'abord, les infrastructures numériques sont encore en développement. L'accès à internet reste limité, surtout dans les zones rurales. La connexion est souvent lente et coûteuse. L'électricité n'est pas encore accessible partout de manière stable, ce qui constitue un frein majeur au déploiement de technologies avancées.
Ensuite, il y a une question de priorités. Le Burkina Faso, comme beaucoup de pays africains, fait face à des défis plus fondamentaux : l'accès à l'eau potable, à l'éducation de base, aux soins de santé primaires, à la sécurité alimentaire. Dans ce contexte, l'IA n'est pas encore perçue comme une priorité immédiate, même si elle pourrait justement aider à résoudre certains de ces défis.
Enfin, il y a un manque de ressources humaines qualifiées. Peu de professionnels sont formés aux technologies d'IA, et les universités commencent à peine à intégrer ces disciplines dans leurs programmes. Sans expertise locale, il est difficile de développer et déployer des solutions d'IA adaptées à nos réalités.
La nuance principale, je dirais, c'est que la Chine est dans une phase de déploiement massif et d'optimisation de l'IA, tandis que le Burkina Faso est dans une phase de sensibilisation et d'expérimentation.
Les autorités actuelles invitent les étudiants à retourner au bercail après leur formation pour servir le pays. Seriez-vous vraiment prêt à revenir au Burkina Faso pour mettre vos compétences au service de la nation ?
Absolument, et sans la moindre hésitation. L'objectif final, c'est bien sûr de retourner au pays, par amour et par devoir. Vivre en Chine, c'est voir tous les jours ce qu'une société peut offrir de meilleur en termes d'infrastructures, d'innovation et de développement. Naturellement, on aspire à la même chose pour les siens. J'espère donc avoir la chance d'apporter ma pierre à la construction de notre pays et de contribuer à son développement, particulièrement dans le domaine des technologies émergentes.
Quelle appréciation faites-vous des formations offertes par la Chine ?
Mon appréciation est très positive. Les formations sont très variées. La Chine propose un large éventail de programmes, notamment en ingénierie, médecine, informatique, commerce international, sciences sociales et technologies émergentes comme l'IA, les énergies renouvelables, ou encore la robotique.
Concernant la qualité, comme je l'ai mentionné précédemment, les universités chinoises investissent massivement dans la recherche et disposent d'infrastructures modernes. Les laboratoires sont bien équipés et les professeurs sont souvent à la pointe de leurs domaines respectifs. De plus, l'approche pédagogique combine théorie et pratique, ce qui est particulièrement bénéfique dans des domaines techniques comme le mien.
À combien peut-on estimer le nombre de la communauté estudiantine en Chine ?
Je ne saurais donner un chiffre exact. Les étudiants arrivent en Chine par différents moyens : agences privées, DGCOB, bourses universitaires directes, etc. Il est donc difficile, voire impossible, d'avoir un recensement précis.
L'ambassade du Burkina Faso en Chine organise parfois des recensements et dispose certainement de chiffres plus fiables. Ce que je peux dire, c'est que la communauté estudiantine burkinabè en Chine est en croissance constante.
Quel message avez-vous à l'endroit de vos compatriotes au Burkina Faso ?
J'aimerais dire à la jeunesse burkinabè : croyez-en vous et en vos rêves, investissez dans votre éducation et l'acquisition de compétences, car c'est le plus grand atout qu'on puisse avoir. Soyez ouverts au monde, profitez de toutes les opportunités qui se présentent, mais n'oubliez jamais que notre pays a besoin de nous. Le développement du Burkina Faso viendra de nous, les Burkinabè. Chacun à son niveau peut contribuer à bâtir le pays dont nous rêvons tous. Ensemble, nous pouvons construire un Burkina Faso plus prospère et plus innovant. Restons fiers et déterminés ! Que Dieu bénisse le Burkina Faso !
Interview réalisée en ligne par Serge Ika Ki, à Pékin
Lefaso.net
La Direction Générale de l'Economie (DGE) du Mnistère des finances a tenu, mardi 18 novembre, l'édition 2025 de sa conférence périodique. C'est sous le thème : « Vers une meilleure intégration du Bénin dans les chaînes de valeur régionales et internationales : quels leviers mobiliser ? ».
Cadres de plusieurs ministères, experts, universitaires, représentants de partenaires techniques et financiers, ainsi que de nombreux étudiants ont pris part, mardi 18 novembre 2025, à la conférence périodique de la Direction Générale de l'Economie.
Au cours de cette rencontre, trois sessions complémentaires ont permis d'examiner les enjeux liés à l'intégration du Bénin dans les chaînes de valeur régionales et mondiales. La première session a porté sur une analyse approfondie du degré d'intégration dans les chaînes de valeur mondiales, mettant en lumière les dynamiques actuelles et les secteurs concernés. La deuxième session a identifié les opportunités offertes au Bénin ainsi que les contraintes qui freinent son insertion dans ces chaînes, tant au niveau régional que mondial. Enfin, la troisième session, organisée sous forme de panel suivi de débats, a permis de discuter des défis spécifiques auxquels le pays fait face, des initiatives déjà engagées et des politiques à renforcer pour améliorer durablement la participation du Bénin aux chaînes de valeur mondiales et stimuler la croissance de son économie.
Faki Adje, le Directeur Directeur Général Adjoint de la Société d'Investissement et de Promotion de l'Industrie (SIPI-Bénin S.A), a présenté, à l'occasion, la contribution de la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ) au développement industriel du Bénin.
Dans son mot d'ouverture, le Directeur général de l'Economie, Aristide Médénou, a rappelé l'importance de ce rendez-vous. « La conférence périodique du Ministère de l'Economie et des Finances a été instituée il y a environ 10 ans pour constituer un creuset d'échange avec le grand public », a-t-il indiqué avant de remercier les participants de leur fidélité. L'édition 2025, dit-il, vise à mieux comprendre les conditions permettant au Bénin « de s'insérer dans les chaînes de valeur régionales et internationales ». Le DGE a rappelé les avancées obtenues grâce aux réformes du PAG. « Les fruits sont en train de porter les promesses des fleurs ». Mais il prévient qu'il y a encore du chemin à faire. Il attend de la conférence des pistes concrètes pour « renforcer la compétitivité du Bénin et accroître la création de valeur locale ».
Représentant le ministre d'Etat, le Directeur de cabinet, Hermann Orou Takou, a officiellement lancé les travaux. Il a salué la qualité du cadre proposé par la DGE. « La DGE nous offre un cadre d'échanges structuré et scientifiquement rigoureux », a-t-il affirmé. Pour lui, le thème retenu est pleinement d'actualité. « À l'heure où l'économie mondiale se redessine, les pays africains doivent repenser leurs trajectoires industrielle et commerciale », a-t-il souligné. Il a rappelé les réformes engagées depuis 2016 : modernisation du port, infrastructures routières, climat des affaires, dynamisation des filières agricoles, investissements dans l'énergie et le numérique. Autant d'acquis qui, selon lui, « constituent un socle essentiel pour faciliter l'intégration du Bénin dans les chaînes de valeur ».
Le DC a précisé que « l'intégration du Bénin n'a pas encore atteint son potentiel ». Il estime que la transformation locale doit s'amplifier, l'industrie monter en gamme et les exportations de produits transformés progresser.
M. M.
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en collaboration avec Agrodev Services et CBI, a organisé une journée spéciale consacrée au partage des opportunités d'investissements dans les chaînes de valeur du moringa au Burkina. La cérémonie d'ouverture a été présidée par le chef de programme de l'UICN, Dr Jacques Somda. C'était aussi en présence des représentants des co-organisateurs, notamment le directeur général d'Agrodev Services Logistiques, Jean Bosco Dibouloni, et du consultant de CBI, Dr Andreas Wesselmann.
Placée sous le thème « Investir dans le moringa pour l'emploi et le climat », cette journée vise en effet à stimuler l'investissement structurant et direct dans le secteur du moringa au Burkina.
Pour ce faire, il sera spécialement question de présenter l'état des lieux du secteur moringa du Burkina, de démontrer l'existence d'un marché national, régional et international non satisfait, de partager les différents modèles économiques dans les chaînes de valeurs du moringa et leur rentabilité, ainsi qu'identifier les investisseurs potentiels et les fonds capables d'être mobilisés pour le financement du secteur.
Le présidiumEn ouvrant officiellement cette journée dédiée au partage des opportunités d'investissement dans le secteur de moringa, le chef de programme de l'UICN, Dr Jacques Somda, a indiqué qu'elle trouve sa pertinence dans un contexte marqué par l'accélération de la demande mondiale de produits à base de moringa, mais également par la nécessité d'une professionnalisation accrue des acteurs et d'un passage à l'échelle des modèles de production.
En tant qu'investisseur social, l'UICN œuvre, selon lui, au renforcement des chaînes de valeur du moringa avec pour objectif de favoriser la durabilité environnementale, l'autonomisation économique des producteurs, et les chaînes de distribution.
Vue partielle des participantsIl a rappelé que le Burkina dispose de tous les atouts pour devenir le premier producteur de moringa en Afrique. Mais pour transformer ce potentiel en réalité, il est indispensable de mobiliser toutes les énergies entre les pionniers du secteur, les nouveaux acteurs, les prestations de services, les institutions financières et les chaînes de distribution, a-t-il dit, tout en appelant à l'audace et à l'innovation des entrepreneurs et investisseurs afin de développer des modèles économiques viables et compétitifs, capables de hisser le moringa burkinabè au rang des filières d'excellence.
Le directeur général d'Agrodev Services, Jean Bosco Dibouloni a renchéri en ajoutant qu'il s'agit de se donner de meilleures idées et de se donner de meilleurs filons afin de faire du Burkina, le premier pays producteur du moringa en Afrique.
Le president de la cérémonie, le chef de programme de l'UICN, Dr Jacques Somda, co- organisateur de la journéeLe consultant de CBI, Dr Andreas Wasselmann, a pour sa part, souligné que bien que le Burkina ait un potentiel climatique favorable à la production du moringa, l'offre est limitée et la production n'est pas suffisante, alors que la demande, déjà élevée, va s'accroître de plus en plus. A titre d'exemple, il dit avoir invité quelques producteurs burkinabè à une foire dénommée Biofar qui se tient en Allemagne et il y a eu une mise à relation. Après discussion, des entreprises étaient intéressées et voulaient environ 600 tonnes de moringa séchées, demande que le Burkina n'a pas pu honorer. Le défi majeur actuel au niveau du Burkina, c'est que ce sont des petits producteurs d'un ou deux hectares. Et avec ce type de production, on ne peut pas avoir de grandes quantités.
Dr Andreas Wesselmann, le consultant de CBIC'est pourquoi il conseille aux producteurs de se regrouper en coopératives et de produire dans les mêmes conditions, c'est à dire en privilégiant la production biologique, cela permettra d'accroître l'offre.
Photo de familleDans les quinze prochaines années, d'après lui, la demande de moringa au niveau mondial va s'accroître de 10% chaque année.
Cette journée sur le Moringa au Burkina Faso, il faut le rappeler, est une opportunité offerte par le Gouvernement Burkinabè et la banque mondiale, à travers le Projet de gestion durable des paysages communaux pour la REDD+ ( PGPC/REDD+)
Yvette Zongo
Lefaso.net
Réunies autour du Secrétariat permanent des ONG (SPONG), les organisations nationales et internationales vont valider ce jour, 18 novembre 2025, les lignes directrices de la localisation de l'aide humanitaire au Burkina Faso. Ces lignes proposent une approche harmonisée en vue d'inscrire les actions des organisations locales dans une dynamique cohérente et intégrée. Elles visent à garantir que l'aide apportée soit réellement adaptée aux besoins des populations, culturellement pertinente, et durable dans le temps. Les lignes directrices sont structurées autour de six composantes fondamentales que sont le partenariat, le financement, le développement de capacités, la coordination, l'influence et le plaidoyer ainsi que la participation des communautés affectées.
Le concept de localisation a pris une importance majeure sur la scène internationale suite aux engagements du Grand Bargain adoptés lors du Sommet mondial humanitaire en 2016. Pour améliorer l'efficacité de la réponse humanitaire, les grands donateurs se sont engagés à mettre les acteurs nationaux et locaux au cœur de la réponse humanitaire. Il s'agit d'augmenter le soutien aux acteurs locaux et nationaux, d'améliorer leurs conditions d'accès au financement, et de promouvoir un leadership local renforcé.
Depuis mai 2023, le Burkina Faso a enclenché le processus de localisation à travers diverses initiatives menées par Oxfam et Catholic Relief Services, en vue d'avoir un cadre formalisé pour rendre opérationnelle la localisation. Des concertations ont été menées en vue d'harmoniser les stratégies de localisation des organisations. Des études ont aussi été conduites, pour faire un état des lieux de la localisation. Elles ont permis en septembre 2025 d'aboutir à un document intitulé « Baromètre de la localisation ».
Yandi Lompo, chargé de l'humanitaire au SPONGC'est à la lumière des résultats de ce baromètre que les lignes directrices qui vont conduire l'action humanitaire au niveau du Burkina Faso ont été élaborées, fait savoir Yandi Lompo, chargé de l'humanitaire au SPONG. « L'objectif final est de voir comment on améliore l'aide humanitaire au Burkina, comment avec peu de ressources on arrive à avoir de l'impact au niveau des interventions. Les financements se raréfient et il faut trouver des alternatives, et une des alternatives c'est de mettre les acteurs locaux et nationaux au centre de la réponse car ils maîtrisent le terrain et sont issus de la culture, et cela va permettre que l'aide soit efficace », a-t-il ajouté.
Pour le représentant du président du conseil d'administration du SPONG, Georges Kouwonou, ces lignes directrices constituent une approche coordonnée et unifiée qui va permettre d'améliorer la portée et la durabilité des actions menées au profit des populations. « En impliquant activement et en responsabilisant les acteurs locaux et nationaux, nous posons les fondations d'une aide humanitaire plus efficace, en même temps que nous soutenons le relèvement durable des communautés affectées. Ce cadre vise également à améliorer la redevabilité, la transparence et l'appropriation locale des réponses humanitaires », a-t-il indiqué.
Pour Georges Kouwonou, représentant du président du conseil d'administration du SPONG, ces lignes directrices constituent une approche coordonnée et unifiée qui va permettre d'améliorer la portée et la durabilité des actions menées au profit des populationsGeorges Kouwonou n'a pas manqué de souligner que cette démarche de localisation n'aspire nullement à remplacer les acteurs internationaux. « Il s'agit au contraire d'instaurer une complémentarité synergique entre tous les intervenants humanitaires. Notre ambition est celle d'un système humanitaire burkinabè aussi national que possible, aussi international que nécessaire, fondé sur la confiance mutuelle et la reconnaissance effective des compétences et capacités des structures nationales par leurs partenaires internationaux », a-t-il précisé.
Les lignes directrices élaborées sont structurées autour de six composantes, qui relèvent la nécessité d'instaurer des partenariats équilibrés, de consolider l'ancrage national des programmes humanitaires et de placer la participation des communautés affectées au centre des mécanismes d'intervention. Elles portent sur le partenariat, qui doit évoluer vers des relations authentiques, basées sur des principes d'équité, de transparence et de durabilité. « Il s'agit de dépasser la simple logique de projets pour installer des partenariats stratégiques à long terme, où les projets et budgets sont co-construits, mis en œuvre et évalués par les partenaires et les communautés bénéficiaires », explique Georges Kouwonou.
Ismaël Traoré, secrétaire exécutif de l'association UNJED Afrique, s'est réjoui de l'adoption des lignes directricesEn ce qui concerne le financement, l'ambition affichée est d'augmenter la quantité et la qualité des ressources allouées aux acteurs locaux et nationaux, avec pour objectif concret d'atteindre un seuil minimal de 25 % des financements humanitaires alloués directement ou aux acteurs locaux. À ce jour, les financements humanitaires alloués directement aux acteurs locaux sont de 3 %.
Autre composante, le développement des capacités qui doit être fondé sur une approche de co-apprentissage, visant à renforcer durablement les capacités institutionnelles, organisationnelles, opérationnelles et de leadership des acteurs locaux, pour garantir leur indépendance et leur efficacité à long terme.
À cela s'ajoute la coordination qui va permettre de favoriser le renforcement du leadership, de la présence sur le terrain et de l'influence des acteurs locaux dans les mécanismes de pilotage, en veillant à ce qu'ils puissent participer équitablement, voire assumer le rôle de chef de file ou de co-leader.
L'influence et le plaidoyer sont également une composante indispensable pour assurer la reconnaissance et la visibilité des contributions locales. Ils permettent aux acteurs nationaux d'exercer un rôle actif dans l'élaboration et la révision des cadres politiques et juridiques, développant ainsi leur poids et leur légitimité dans la gouvernance humanitaire.
Sixième et dernière composante, la participation des communautés affectées, véritable socle de l'action humanitaire, garantit que ces populations seront parties prenantes à part entière dans la planification, la mise en œuvre et l'évaluation des interventions.
Ismaël Traoré, secrétaire exécutif de l'association UNJED Afrique, s'est réjoui de l'adoption des lignes directrices, qui vont permettre selon lui aux bailleurs de fonds et aux acteurs locaux de faire converger leurs points de vue. « Le contexte actuel du Burkina requiert que les organisations locales qui sont plus proches des communautés soient les premiers acteurs en ce qui concerne l'appui à l'aide humanitaire. La localisation n'exclut pas les acteurs internationaux, nous devons travailler en synergie afin que ceux qui connaissent mieux le terrain puissent vraiment répondre aux besoins. L'adoption de ces lignes directrices orientera davantage l'ensemble des acteurs afin que nous puissions regarder dans la même direction pour mettre en œuvre l'agenda de la localisation au Burkina », a-t-il soutenu.
Afin d'assurer l'efficacité de l'application des lignes directrices, les organisations ont été invitées à un effort systématique, continu et concerté.
Armelle Ouédraogo
lefaso.net
Le secrétariat permanent du Conseil national pour le développement durable organise du 18 au 21 novembre 2025 à Bobo-Dioulasso, en collaboration avec le Programme des nations unies pour le développement, un atelier de formation et d'élaboration participative d'un modèle d'intégration de la Contribution déterminée au niveau national (CND) dans le Plan régional de développement (PRD) du Guiriko. L'ouverture des travaux a eu lieu ce mardi 18 novembre sous la présidence de la présidente de la délégation spéciale du conseil régional du Guiriko, représenté par le chargé de mission, Brahima Zerba.
Organisé avec l'appui du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), cet atelier vise ainsi à renforcer les capacités des collectivités territoriales pour mieux intégrer les enjeux climatiques dans leurs documents de planification. Pour le représentant du PNUD, Dr Issaka Ouédraogo, la démarche est essentielle. « Aucune action ne peut être menée si elle n'est pas prévue dans les plans régionaux ou communaux de développement », a-t-il rappelé. Selon lui, les défis climatiques à savoir les sécheresses, les inondations, les pertes de récoltes, interpellent directement le Burkina, dont plus de 70% de la population vit de l'agriculture.
Les participants à l'atelier de formation et d'élaboration participative d'un modèle d'intégration de la CND dans le PRD du Guiriko« Donc il est important que la planification, qu'elle soit au niveau national ou au niveau local, intègre les défis climatiques pour pouvoir effectivement les voir comme des solutions, afin de résoudre les problématiques qui se posent au niveau des collectivités. Et c'est là tout l'intérêt de ce travail qui va commencer ce matin ; intégrer effectivement les questions de contributions déterminées au niveau national, qui sont des ambitions pays pour faire partie de la solution globale au niveau international à l'effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre », a-t-il expliqué.
Le représentant du PNUD, Dr Issaka Ouédraogo, soulignant l'importance de cet atelierL'enjeu est donc d'intégrer la CDN, qui porte les ambitions du Burkina Faso en matière de réduction des émissions et d'adaptation, dans les plans locaux. Dr Ouédraogo a expliqué que les participants seront formés aux mécanismes de planification climatique et travailleront à produire un modèle d'intégration opérationnel. « Ce document permettra aux communes et à la région de disposer d'un outil pour internaliser les enjeux climatiques dans leurs politiques de développement », a-t-il laissé entendre.
Pour le secrétariat permanent du Conseil national pour le développement durable, représenté par Dambatia Lazare Tagnabou, l'exercice s'inscrit dans les engagements internationaux du Burkina Faso. A l'en croire, cet atelier mobilise les services techniques de l'État, les collectivités territoriales, la société civile, les partenaires techniques et financiers ainsi que le secteur privé. Il sera ponctué de communications thématiques sur les concepts climatiques, des exercices pratiques d'analyse de vulnérabilité, d'identification d'actions d'adaptation et d'atténuation, et de production d'un document de référence destiné à la région. Ce livrable devra traduire les priorités environnementales et climatiques du territoire en actions concrètes.
La photo de famille à l'issue de la cérémonie d'ouverture des travauxTout en soulignant l'importance de cet atelier, il a aussi rappelé que le secrétaire permanent du Conseil national pour le développement durable, de par sa mission, doit développer des stratégies pour permettre au Burkina de répondre aux engagements internationaux auxquels il s'est livré.
Des ambitions climatiques fortes pour le Burkina Faso
Dans son discours d'ouverture, Brahima Zerba a rappelé l'engagement du Burkina Faso dans la lutte contre les changements climatiques. Selon lui, le pays vise une hausse de ses ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le coût global de la mise en œuvre de la CDN actuelle s'élève à plus de 4, 124 milliards de dollars, dont 61% restent à mobiliser. Il a souligné que la prise en compte de la CDN au niveau régional contribuera à orienter les actions locales vers des solutions sobres en carbone, favorisant la résilience des populations. « Cet atelier est un outil d'aide à la décision pour permettre à la région du Guiriko de mieux intégrer la CDN dans son plan de développement », a confié Brahima Zerba.
Pour Dambatia Lazare Tagnabou, l'exercice s'inscrit dans les engagements internationaux du Burkina FasoIl a rappelé que cet atelier se déroule en deux phases. « Une formation méthodologique sur l'intégration de la CDN, l'analyse de vulnérabilité et l'identification d'actions d'adaptation et d'atténuation. L'élaboration d'un modèle d'intégration, destiné à devenir un référentiel pour la planification régionale », a-t-il martelé. Il a saisi cette occasion pour exprimer la gratitude du conseil régional au PNUD ainsi qu'au ministère en charge de l'environnement pour le choix du Guiriko parmi les régions bénéficiaires.
Romuald Dofini
Lefaso.net
Le mardi 18 novembre 2025, le directeur général de la famille et de l'enfant Windkouni Benjamin Ouédraogo a présidé la cérémonie d'ouverture de la rencontre d'échanges et de plaidoyer avec 30 acteurs de la chaîne judiciaire à Bobo-Dioulasso, dans la salle de réunion de la direction régionale de l'action humanitaire et de la solidarité nationale du Guiriko. Initiée par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), cette rencontre entend contribuer à la promotion de l'élimination de la pratique de l'excision.
Depuis 1996, le Code pénal burkinabé réprime la pratique des MGF. Malheureusement, cette loi n'est pas appliquée dans toute sa rigueur. En cas de condamnation ferme, les prévenus ne comprennent toujours pas la gravité de leurs actes, ni la justification de leur condamnation. Selon le directeur général de la famille et de l'enfant, le constat indique qu'au Burkina Faso, malgré l'interdiction formelle de ces pratiques par la législation en vigueur, les Mutilations génitales féminines (MGF) demeurent encore répandues dans plusieurs localités. Pour lui, les MGF constituent une violation grave des droits humains, notamment ceux des femmes et des filles. « Pour certains, l'excision s'inscrit dans la tradition et pour d'autres, elle est perçue comme un impératif religieux. Quelle qu'en soit la motivation, cette pratique engendre des conséquences sanitaires, sociales, psychologiques et économiques profondes », a laissé entendre le directeur général de la famille et de l'enfant.
Face à cette réalité, indique-t-il, le gouvernement du Burkina Faso, en collaboration avec ses partenaires sociaux, techniques et financiers, a mis en œuvre des stratégies et des approches pour l'élimination des MGF. Il souligne que selon l'Enquête démographique et de santé (EDS 2021), ce sont 56 % des femmes âgées de 15 à 49 ans et 9,4 % des fillettes de 0 à 14 ans qui sont victimes de MGF, et que toutes les 45 provinces du pays sont concernées, avec une persistance accrue dans les zones à accès fragilisé. Cette rencontre, estime-t-il, s'inscrit dans la logique du renforcement de la synergie d'actions pour l'élimination des MGF et favorise la concertation et le partage d'expériences entre acteurs, afin de garantir un traitement systématique et une gestion efficace des cas d'excision.
Un aperçu des acteurs judiciaires attentifs aux présentationsIl rappelle que la stratégie nationale d'élimination des MGF repose sur trois piliers interdépendants, à savoir la prévention, la prise en charge et la répression. Selon Windkouni Benjamin Ouédraogo, il est essentiel de réfléchir à des mesures correctives permettant aux condamnés de devenir des agents de changement de comportement dans leurs communautés après leur libération. D'où cette rencontre en vue de renforcer les connaissances des acteurs sur les méfaits de la pratique et les textes applicables en cas d'excision ; faire le point sur l'application de la loi contre les MGF au Burkina Faso ; sensibiliser à un meilleur traitement des cas d'excision, de la dénonciation au jugement et présenter le protocole d'intervention en cas de pratique d'excision.
S'adressant aux participants, il signifie que « Les échanges de cette rencontre devront permettre à chacun d'entre nous, selon son mandat, de mieux jouer sa partition pour une gestion optimale des cas d'excision et le bien-être des victimes. Ils devront aussi aboutir à la formulation de pistes et d'actions concrètes pour accompagner les condamnés afin qu'ils deviennent des relais de changement dans leurs communautés ».
Le DG (milieu) invite les auteurs à cesser cette pratiqueIl dit apprécier que l'UNFPA puisse accompagner le ministère de l'Action humanitaire et de la solidarité nationale pour cette journée de plaidoyer dans le but d'éliminer la pratique réelle par des sanctions qui seront vraiment dissuasives aux auteurs d'excision au Burkina Faso. Car, regrette-t-il, il y a toujours des poches de résistance, et la recrudescence de cette pratique infamante et invalidante pour la femme et la jeune fille au Burkina Faso. Aux auteurs qui pratiquent les MGF, le directeur général de la famille et de l'enfant les appelle à abandonner définitivement cette pratique et à devenir des acteurs de changement dans leur communauté. Il prévient que cette pratique n'est ni recommandée par la religion, ni par la tradition. Au nom des autorités du pays, il remercie le partenaire l'UNFPA pour son accompagnement dans cette lutte.
Djaryigo Diarra
Lefaso.net