(B2) La question de la défense européenne sera au cœur d’un débat à Grenoble vendredi et samedi (22 et 23 octobre). J’y serai
Vendredi après-midi seront présents autour du thème « L’Europe dépense-t-elle assez pour sa défense ? », le député européen Arnaud Danjean, le contrôleur général des armées Patrick Gournay et l’économiste Julien Malizard. L’évènement se déroulera à l’auditorium du musée de Grenoble, 5 place Lavalette 38000 Grenoble. Les inscriptions se font ici.
Ils seront précédés par un atelier sur « L’Europe de la défense est-elle réalité ? » avec notamment le général de gendarmerie Jean-Philippe Lecouffe, directeur exécutif adjoint d’Europol chargé des opérations, ancien d’Afghanistan (attaché de sécurité intérieure en Afghanistan (2010-2012)), le général Philippe Rio ancien chef de la mission EUCAP Sahel Mali (2017-2020), Pierre Berthelet, chercheur associé à l’université de Grenoble (CESICE), et Thomas Boccon-Gibod, maître de conférences en philosophie du droit à l’université de Grenoble. Les inscriptions se font ici.
Le samedi, à partir de 10h-12h30 j’anime une table-ronde : L’UE a-t-elle encore une place dans le monde ? (Conseil départemental de l’Isère 7 rue Fantin Latour). Avec Delphine Deschaux-Dutard, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Grenoble, et le général Luc de Rancourt, directeur général adjoint des relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Inscriptions ici
Télécharger le programme iciTélécharger(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) L’outil n’est pas encore totalement implanté. Mais les premiers résultats le prouvent. Il s’avère déjà performant. Du moins ses concepteurs n’en sont pas peu fiers.
© NGV / B2Internet : le nouveau terrain de bataille
Tout est parti d’un constat. Alors qu’internet et les réseaux sociaux sont devenus un terrain de conflictualité, l’Alliance atlantique n’avait pas vraiment d’instrument pour appréhender les phénomènes qui s’y déroulent.
La défaite médiatique de la Crimée
Par exemple, lors de l’annexion de la Crimée, et de l’offensive de la Russie à l’Est de l’Ukraine, « nous nous sommes aperçus que, bien avant l’intervention russe [en Crimée], il y a avait des mouvements sur les réseaux sociaux, sur des sites, pour justifier la présence russe » dans la presqu’île ukrainienne. Idem pour l’Est de l’Ukraine. Le ‘bien avant’ ne se compte pas en jours, mais en semaines. Dès le début de Maidan. Une sorte de préparation psychologique en quelque sorte, visant à conditionner l’adversaire, à le convaincre qu’agir est inutile.
Objectif : garder la supériorité du connaître
L’OTAN, qui s’est fait surprendre alors par la Russie, ne veut plus réitérer une telle impasse. Le commandement de la transformation de l’Alliance (ACT) a ainsi développé un outil — dénommé ‘Merlin’ — en liaison avec une agence gouvernementale US spécialisée dans l’analyse des données. Objectif : avoir une perception des informations échangées sur internet et les réseaux sociaux et garder à l’OTAN sa supériorité cognitive. C’est-à-dire la possibilité de bien comprendre les enjeux et ainsi d’agir en amont d’une crise… et non après.
Un dispositif en cours d’apprentissage
Ce prototype a été développé avec l’intelligence artificielle. Mais il est encore en cours d’apprentissage. « On paramètre certains pays, certaines zones, certaines types de sujets que l’on veut suivre. » De façon concrète, chaque item ou mot qui est entré dans la machine est scruté de façon attentive. Cela permet de détecter la montée en puissance (le nombre de hit) quelque part sur la toile d’un item, d’analyser son évolution au cours des heures ou des jours, ou au niveau géographique. Peu importe la forme du message ou l’instrument utilisé : news, billets de blogs, tweets, messages Instagram ou sur d’autres réseaux sociaux. La reprise par plusieurs centaines de comptes twitter du même message est un indicateur.
Un dispositif adapté à chaque QG
Chaque quartier général de l’OTAN va ensuite pouvoir accéder aux informations en fonction de son centre d’intérêt. Naturellement le QG (JFC) de Naples (Italie) sera plus captivé par ce qui se passe au Sud, au Moyen-Orient, en Méditerranée. Tandis que le QG (JFC) de Brunssum (Pays-Bas) sera plus intéressé par ce qui se passe dans la zone Nord. Le « défi principal » reste cependant que « l’environnement informationnel évolue énormément. On doit en permanence adapter le système. » indique un des concepteurs du système. « Il faut être sûr de capturer tout ce dont on a besoin ». Précision importante : il n’y a pas de collecte nominative. « Ce n’est pas Cambridge Analytica ici », plaisante-t-il.
(Nicolas Gros-Verheyde, à Norfolk)
Cet article fait partie d’une suite sur les instruments mis au point par le Innovation Lab’ de l’OTAN. Il suit la visite au commandement de l’ACT effectuée fin septembre.
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(B2) Le premier ministre polonais avait demandé à pouvoir intervenir à la session plénière à Strasbourg. Il n’est pas certain que l’explication ait servi sa cause. Les positions se sont radicalisées. La Commission européenne a posé des limites. Avec l’appui d’une majorité des députés européens. Les chrétiens-démocrates du PPE n’étant pas les moins virulents… Ambiance
Le premier ministre stoïque, écoute (ou rêve) pendant le débat qui se déroule autour de lui (PE/B2)Un débat qui déborde
« La crise de l’État de droit en Pologne et la primauté du droit de l’UE ». Tel était l’intitulé du débat programmé mardi (20 octobre) matin. Il devait durer la matinée, mais il a largement débordé.
45 minutes de soliloque du Polonais
Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (PIS/ECR) devait parler cinq minutes. Il en a pris 40 de plus ! Une « marque d’irrespect » qui lui sera reprochée. Sa réplique « ne me dérangez pas ! » au président de séance qui a tenté plusieurs fois de le faire conclure sera reprise en boucle pour l’éreinter plus encore…
La foule au pupitre
Près d’une centaine de députés, dont nombre de Polonais, se sont succédé au pupitre, à quelques mètres du premier ministre, assis comme le veut la tradition au deuxième rang. Certains le regardent d’ailleurs directement, le désignant ou cherchant son regard. Le premier ministre, le dos raide, reste stoïque. Il ne se réfugie pas sur un portable ou dans des notes. Il écoute. Le masque sanitaire couvrant sa bouche et son nez accentue son regard. Le tapotement d’un doigt sur la table sera le seul signe visible d’agacement.
Un Polonais inflexible
Mateusz Morawiecki a repris l’argumentaire du courrier adressé aux leaders des 26 autres États membres de l’Union et présidents des trois institutions (Conseil européen, Commission européenne et Parlement européen), développé dans un plan en sept points… Le Polonais met en garde : tous les États peuvent être à leur tour mis en cause, aucun n’est irréprochable. Il prend soin de redire que la Pologne revendique « sa place » dans l’Union européenne et « sa volonté d’y rester ». Il réfute les « récits erronés sur un Polexit ou la prétendue infraction à l’état de droit ».
Un chantage inacceptable
Mieux, il attaque, jugeant « inacceptable de voir un élargissement des compétences par la pratique du fait accompli ». Il dénonce le « chantage financier », « cette langue des menaces et de la coercition ». Il persiste, « nous n’avons pas de doute sur la primauté du droit européen dans ses compétences délégués par les États membres, mais le tribunal polonais se demande si le monopole de la Cour de justice de l’UE dans la définition des limites factuelles est la bonne solution. » Pour lui, « les États membres sont les garants des Traités », déniant ainsi au passage à la Commission européenne de jouer ce rôle.
Échanges de flèches sur le fond… et la forme
Ce débat était le neuvième mettant en cause la Pologne depuis le début du mandat. Les rangs parlementaires se sont resserré pour exiger de la Commission européenne qu’elle passe désormais aux actes.
Weber en procureur implacable
Manfred Weber, le leader nouvellement réélu du PPE, le premier groupe en taille du Parlement européen et qui abrite la Plateforme Civique (PO), le frère ennemi du PiS (tous deux issus de Solidarnosc), donne le ton. « Le gouvernement polonais veut mettre un terme à l’indépendance de la justice en interne. C’est cela la question ! (…) Merci aux Polonais qui sont descendus dans la rue, des centaines de milliers qui ont défendu un autre visage de la Pologne. Ce sont de vrais patriotes ! » L’Allemand tance : « Vous affaiblissez l’UE. Vous semez la zizanie. Et Poutine va se réjouir. Votre politique aide les Russes car ils ont tout à tirer d’une Europe affaiblie. Alors arrêtez ! ».
L’inaction du Conseil européen en cause
La dernière banderille vise cette fois les autres États membres : « On devrait discuter d’un recours en carence auprès du Conseil. Nos chefs de gouvernement lancent de bonnes paroles. Mais il nous faudrait un Conseil qui agisse quand on a un État qui ne respect pas le droit de l’Union européenne ». Le Parlement européen demande que la Commission européenne rejette le plan de relance de la Pologne, et lance enfin le mécanisme de conditionnalité liant budget et respect de l’état de droit, résume le Néerlandais Malik Azmani, pour le groupe centriste Renew. « Finies les tergiversations ! »
La Commission européenne prête à agir
La présidente de la Commission européenne monte à son tour au pupitre. « Fortement préoccupée » et « regrettant » cette situation, Ursula von der Leyen se borne au factuel. D’emblée, elle se place dans son rôle de « gardienne des Traités ». « C’est la première fois qu’une cour nationale statue que les traités européens sont incompatibles avec la Constitution nationale ». Cet arrêt « sape la protection de l’indépendance de la justice telle que le garantit l’article 19 du Traité. » Incitée à frapper fort par les députés, von der Leyen se montre plus déterminée lorsqu’elle reprend la parole après la conclusion du premier ministre polonais. Au passage, elle raille les manœuvres du premier ministre : « N’essayez pas de détourner l’attention, de vous soustraire à la discussion ».
Les prochaines étapes
Aux parlementaires, la cheffe de l’exécutif européen promet d’appliquer toute la conditionnalité prévue dans le cadre budgétaire pluriannuel. « Les règles pour le fonds de relance sont claires. […] Ces investissements sont liés à des réformes qui doivent répondre aux recommandations spécifiques par pays, et celles pour la Pologne prévoient le rétablissement de l’indépendance de la justice, et donc la suppression du régime disciplinaire contre les juges et le rétablissement des postes des juges limogés. C’est le plan prévu et que nous mettons en œuvre ». Et d’assurer, face aux critiques sur la lenteur de la Commission : « nous n’avons jamais perdu une procédure sur l’état de droit et nous allons continuer ».
Le Parlement en rangs serrés (ou presque)
« Je suis fière de tous les collègues qui se sont levés pour la défense de l’état de droit ! » relève in fine l’écologiste allemande Ska Keller. Cela doit se vérifier dans les votes de la résolution soumise aux voix ce jeudi (21 octobre). La fracture est nette en revanche, et sans surprise, avec la partie très à droite de l’hémicycle, à savoir les groupes ECR (conservateurs) — où siège le PiS (Droit & Justice) — et ID (Identité & démocratie) — habitant le Rassemblement national par exemple. Deux de ses représentants français (Jérôme Rivière et Nicolas Bay) prendront même la peine d’aller saluer le Polonais à l’issue du débat. Ce seront quasiment les seuls. L’autre fracture apparente, porte sur une opposition est/ouest… Ce que résume le Slovaque Milan Uhrik (Non inscrits) : « l’état de droit n’est qu’un outil de contrôle, pour faire passer un programme libéral. La Pologne a tout notre soutien pour maintenir sa souveraineté. Ne provoquez pas l’Europe centrale ».
(Emmanuelle Stroesser)
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(B2) L’unité de police (FPU) de la mission d’EULEX Kosovo a mis fin à son déploiement jeudi (14 octobre 2021) dans le nord du Kosovo. Son déploiement avait été nécessaire en raison de la remontée de la tension
Aux points frontières
Les forces de police de la mission de l’UE « pour l’état de droit au Kosovo » étaient présentes aux points de passage communs de Bërnjak/Tabalije et Rudnica/Jarinjë dans un rôle de reconnaissance « afin de surveiller la situation sécuritaire sur le terrain », expliquait à B2 la porte-parole de la mission.
Gardiens de la sécurité du Kosovo
Les équipes d’EULEX s’étaient déployées à partir du 20 septembre, pour répondre une demande officielle de la police du Kosovo, suite aux tensions liées à la non-reconnaissance des plaques d’immatriculation entre Belgrade et Pristina (Lire : Tensions dans le Nord du Kosovo. EULEX se déploie. La KFOR patrouille).
En seconde ligne
La mission de l’Union européenne sur place a ainsi joué son rôle de deuxième intervenant en matière de sécurité au Kosovo (second security responder). C’est-à-dire pour soutenir la police du Kosovo en cas de besoin. Elle a été également soutenue par la troisième ligne de renfort (third security responder), les forces de l’OTAN.
Depuis vendredi (15 octobre), la mission a donc repris son travail habituel de patrouilles de reconnaissance quotidiennes, y compris dans le nord du pays.
(Aurélie Pugnet)
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(B2) Après les Estoniens et les Tchèques déjà présents depuis le début, les Hongrois bientôt, ce sont les Lituaniens qui vont rejoindre la task-force Takuba, en fournissant un soutien logistique et humain
Un avion Spartan des forces armées lituaniennesLe conseil national de la défense — qui regroupe les principales autorités (président, ministres, parlementaires) — a approuvé, lundi (18 octobre), la participation de la Lituanie à l’opération conduite par les Français. Elle prendra la forme d’un avion de transport C-27 Spartan avec une douzaine de personnels (pilotes et mécaniciens). Un maximum de 30 militaires et civils seront déployés pour 2022.
Un avion et ses équipages au Niger
L’avion sera déployé au Niger, indique le ministre de la Défense, pour effectuer des missions au Mali. « Nous avons pris en compte les besoins et les demandes de la France », a déclaré le ministre de la Défense nationale Arvydas Anušauskas lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion, selon l’agence de presse BNS. Pour les forces lituaniennes, cette contribution est aussi « très importante dans le succès des opérations des Forces d’opérations spéciales », a ajouté le ministre.
Un retour de solidarité
Cela suit une négociation au plus haut niveau. Le président français Emmanuel Macron avait adressé cet été une demande à son homologue lituanien Gitanas Nausėda. Pour Vilnius, il s’agit en quelque sorte d’un retour de la solidarité, pour l’engagement français dans les pays baltes au titre de la police du ciel. Le pays avait déjà envoyé cet avion pour prêter main-forte aux Français lors de l’opération Sangaris en Centrafrique en 2014.
Approbation par le Parlement à venir
Le projet de résolution soumis à la Seimas (le parlement lituanien) sur l’ensemble des contributions aux OPEX pour 2022-2023, mentionne une contribution « maximale de 30 militaires » pour la task-force conduite par la France. Au total, durant cette période, la Lituanie compte déployer un maximum 323 militaires et civils dans une dizaine d’opérations extérieures de l’Union européenne, de l’OTAN ou des Nations Unies. Elle est déjà présente dans la mission de formation de l’UE en Centrafrique (EUTM RCA) et devrait aussi contribuer à la mission de formation EUTM Mozambique (lire notre Carnet (19.10.2021).
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Le conflit dans la région du Tigré dure depuis près d’un an. La situation humanitaire empire. L’aide n’y accède qu’avec difficulté. Les acteurs humanitaires eux-mêmes sont devenus des cibles. Pour le Comité international de la Croix rouge (CICR), l’accès à la santé est la priorité numéro un. Entretien avec la porte-parole régionale Afrique, Alyona Synenko
On parle de pénuries dues aux restrictions imposées par le gouvernement d’Addis-Abeba. Quelle est la situation au nord du pays ?
— Les pénuries d’électricité et de carburant dans le Tigré ont un impact sur tous les services vitaux, notamment l’approvisionnement en eau et les soins de santé. Si le courant a été rétabli quelques heures par jour à Mekele [la capitale de la région du Tigré] et à Shire, il n’y a pas d’électricité dans le reste de la région. Les infrastructures vitales, comme les hôpitaux et les stations de traitement des eaux, fonctionnent avec des générateurs, sans qu’aucune canalisation régulière de carburant n’ait été rétablie à ce jour.
Avec des répercussions à plus long terme ?
— Le manque d’électricité et de carburant entraîne également des pénuries d’eau. Qui pourraient avoir un impact désastreux sur la santé publique, en particulier pendant une saison des pluies connue pour favoriser la propagation de maladies contagieuses et hydriques comme le choléra. Ce risque est particulièrement élevé pour les personnes déplacées, qui vivent dans des conditions de promiscuité dans des sites temporaires et avec les communautés d’accueil. Dans les zones rurales, de nombreuses pompes manuelles ne fonctionnent pas et la population n’a pas assez d’eau pour la boisson, les activités agricoles ou les besoins domestiques de base.
Certains signes indiquent que les opérations militaires dans la région pourraient s’intensifier. Que savez-vous des conditions actuelles de vie des habitants de la région du Tigré ?
— Le déplacement des lignes de front oblige des dizaines de milliers de personnes nouvellement déplacées dans le nord de l’Éthiopie à fuir leurs foyers en quête de sécurité. Non seulement elles souffrent du traumatisme de quitter leur foyer, mais elles doivent également faire face à une insécurité croissante. Les personnes déplacées par les violences dans les régions du Tigré, de l’Afar et de l’Amhara se trouvent principalement dans les villes principales, où elles sont hébergées par des communautés d’accueil ou dans des sites improvisés, comme des écoles. Ils ont peu d’effets personnels et dorment dans des abris surpeuplés, dans des écoles ou même en plein air, où ils peuvent être exposés au froid dans les régions de haute altitude. L’eau, la nourriture, l’argent, le carburant et l’électricité sont très rares, et les personnes déplacées dépendent fortement des communautés d’accueil, qui ont souvent peu de ressources à leur disposition.
Quelles sont les implications pour d’autres parties de l’Éthiopie, notamment dans la région voisine d’Amhara ?
— Les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées. L’absence de trafic commercial a eu un impact sérieux sur la disponibilité de la nourriture, du carburant, des fournitures médicales et des biens essentiels. Dans la plupart des régions d’Éthiopie, nous avons constaté une augmentation considérable des prix des denrées alimentaires.
Avez-vous toujours une équipe à Mekele ? Quelles sont les conditions de travail ?
— Oui, nous avons des équipes à Mekele et à Shire. C’est un environnement difficile et instable pour travailler…
Du personnel humanitaire de l’ONU a récemment été expulsé. Du personnel de l’ONG Médecins sans frontières a été tué en juin. Quelles sont dans ce contexte vos priorités et les questions humanitaires les plus urgentes selon vous ?
— L’amélioration de l’accès à la santé est la priorité absolue. Dans le Nord de l’Éthiopie, notamment dans les régions du Tigré, d’Amhara et de l’Afar, le CICR soutient les hôpitaux de référence et les hôpitaux généraux afin de leur permettre de traiter les blessés par armes et de maintenir les services médicaux essentiels. Le système de soins de santé dans les zones de conflit est soumis à une pression particulièrement forte. Les centres médicaux doivent non seulement faire face à un afflux de blessés mais aussi à une situation sécuritaire plus difficile qui met en danger le personnel médical travaillant dans les hôpitaux ou les structures de santé plus petites. Dans certaines des zones les plus touchées par le conflit, les fournitures médicales urgentes ne parviennent pas à passer. Il en résulte une absence quasi totale de services de soins de santé au moment où les gens en ont le plus besoin. Davantage de fournitures vitales, notamment médicales et alimentaires, doivent parvenir au Tigré pour éviter que cette vaste crise humanitaire ne s’aggrave. Si les hôpitaux continuent de travailler sans médicaments, sans nourriture et sans carburant, cela entraînera des décès évitables.
(Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser)
Entretien réalisé en anglais par échange de courriels, vendredi 15 octobre 2021
Lire aussi sur B2 Pro :
Ethiopie. L’Europe en position inconfortable (F. Massimo Castaldo) (juin 2021)
Le conflit en Éthiopie continue. Les Européens appellent au dialogue (Borrell-Haavisto) (avril 2021)
Le conflit éthiopien est dans une impasse. Une seule solution : négocier. L’Europe a un rôle à jouer (Pekka Haavisto) (février 2021)
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(B2) Le premier ministre slovène, tweetomaniaque, a-t-il dérapé en publiant un tweet ultra-limite ? En tout cas, il a provoqué une certaine opprobre en Europe. Mais surtout en interne. Beaucoup plus dangereuse
Tout commence jeudi (14 octobre) par la publication par Janez Janša (SDS/PPE) d’un tweet mettant en cause les « marionnettes de Soros au Parlement européen ». Et en particulier la députée néerlandaise, Sophie In’t Veld. Elle appartient au parti libéral de centre gauche néerlandais D66, membre du groupe parlementaire Renew (comme La république en Marche en France).
La bête noire du dirigeant slovène
Cette fervente militante des libertés publiques et du respect de l’État de droit, a le tort d’être à la tête d’une délégation du Parlement européen, en mission sur l’état de droit en Slovénie. Et depuis le début de la mission, il n’a de cesse de la critiquer, à coups de retweets de Nova24, la télévision fidèle au pouvoir. Une vieille habitude. Déjà en 2019, il avait abondamment fait savoir son mécontentement.
Rien de vraiment surprenant
Le dirigeant slovène adore attaquer ses ennemis, ses adversaires, bille en tête. Et il est compulsivo-maniaque retweetant à tour de bras, toutes les heures. À se demander s’il a le temps de penser et diriger le pays ! Seulement, ce tweet aux relents légèrement antisémites a provoqué une réaction importante, en Europe comme en Slovénie. Une réaction telle que Janez Jansa l’a supprimé. Fait plutôt rare pour le dirigeant particulièrement ombrageux.
Un manque de respect au Parlement !
Le président du Parlement européen David Sassoli (PD/S&D) réagit très rapidement, et avec vigueur, appelant « d’urgence » Janez Jansa « à cesser les provocations contre les membres du Parlement européen ». « Les attaques contre les membres de cette maison sont aussi des attaques contre les citoyens européens » ajoute-t-il, invoquant « la confiance et le respect mutuels ».
We urgently call on @JJansaSDS to cease the provocations against members of the @Europarl_EN. Attacks on members of this house, are also attacks on European citizens.
A constructive collaboration with the rotating Council Presidency can only be based on mutual trust and respect.
L’ambassadeur slovène à La Haye sermonné
Ce tweet sur les députés européens est « de mauvais goût » condamne à son tour le premier ministre néerlandais Mark Rutte (VVD/Renew). « Je le condamne dans les termes les plus fort possibles. » Le gouvernement néerlandais a d’ailleurs « fait passer le message » à l’ambassadeur slovène en poste aux Pays-Bas, indique-t-il jeudi en fin de soirée. En termes formels, ce n’est pas une convocation de l’ambassadeur… Mais cela y ressemble de très près. NB : le parti D66 dont fait partie Sophie In’tVeld est membre de la coalition gouvernementale.
Tasteless tweet by Janez Janša (@JJansaSDS) about MEPs. I condemn it in the strongest possible terms. The government just conveyed this same sentiment to the Slovenian ambassador in The Hague.
— Mark Rutte (@MinPres) October 14, 2021Occupez-vous de vos affaires !
Le leader slovène ne se laisse pas abattre. Deux heures après, il sermonne à son tour les dirigeants néerlandais. « Eh bien Mark [Rutte] ne perdez pas de temps avec les ambassadeurs et la liberté des médias en Slovénie. Ensemble avec Sophie in’t Veld, protégez [plutôt] vos journalistes [pour leur éviter] d’être tués dans la rue. » Faisant ainsi référence au meurtre du journaliste d’investigation de RTL4, Peter R. de Vries, abattu en pleine rue le 6 juillet, et décédé à l’hôpital le 15 juillet suivant.
Well, Mark, @MinPres, don't waste time with ambassadors and media freedom in Slovenia. Together with @SophieintVeld, protect your journalists from being killed on the streets. https://t.co/EPvDP7Jlfk
— Janez Janša (@JJansaSDS) October 14, 2021Le respect des institutions est fondamental
L’affaire s’envenime. Le président du Conseil européen Charles Michel (MR/Renew) enfonce le clou, jeudi tard dans la soirée, à 22h56. Sans citer nommément le premier ministre slovène. « Les membres du Parlement européen doivent pouvoir faire leur travail librement sans aucune forme de pression. Le respect mutuel entre les institutions de l’UE et au sein du Conseil européen est la seule voie à suivre. »
Members of the @Europarl_EN should be able to do their work free from any form of pressure.
Mutual respect between EU institutions and within the European Council is the only way forward.
Une fêlure dans la coalition
Le coup de grâce vient de l’intérieur du gouvernement slovène. Le message du premier ministre est « inapproprié et inutile » condamne, vendredi (15.10), son (jeune) ministre de la Défense, Matej Tonin qui indique « s’attendre à des excuses ».
Tvit @JJansaSDS namenjen evropskim poslancem je bil neprimeren in nepotreben. Pričakujem, da se bo PV prizadetim za svoje besede opravičil. Če želimo ohraniti EU,mora ta temeljiti na medsebojnem spoštovanju in kulturi dialoga. Škoda bi bilo na tak način zapraviti ugled Slovenije.
— Matej Tonin (@MatejTonin) October 15, 2021Un message pour le moins inhabituel au sein de la coalition au pouvoir slovène. Une fêlure dans la coalition puisque l’intéressé est aussi vice-premier ministre et chef de Nova Slovenija, un petit parti chrétien-démocrate (PPE). À suivre…
(Nicolas Gros-Verheyde, avec Emmanuelle Stroesser)
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(B2) Un soldat français de l’opération Barkhane est mort « de manière accidentelle » à Tombouctou, au Mali, mardi 12 octobre, annonce l’état-major des Armées françaises dans un communiqué. Le maréchal des logis Adrien Quélin était mécanicien au sein du groupement tactique désert ‘Roc Noir’. Il « effectuait une opération de maintenance » sur le moteur d’un camion. « Grièvement blessé » par la bascule de la cabine de ce camion, « il est décédé des suites de ses blessures ». L’état-major annonce qu’« une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’accident ». Adrien appartenait au 4e régiment de chasseurs stationné à Gap.
(AF, st.)
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(B2) L’équipage était bien jeune pour se qualifier à un entraînement aussi intense. Et il leur a fallu trois bonnes semaines de rattrapage pour se mettre à niveau et en fin intégrer l’exercice Joint Warrior
La frégate Léopold Ier (photo : marine belge)La frégate Léopold Ier (F-930) est fin prête pour sa mission et rejoindra sous peu le groupe SNMG 1 (Standing Naval Maritime Group 1) dans le cadre de l’entraînement Joint Warrior, annonce la Défense belge vendredi (8 octobre). Le navire avait été ajourné une première fois mi-septembre en raison du manque d’expérience de l’équipage.
Un entraînement intensifié
Le personnel de la frégate Leopold Ier « suit un entraînement intensif » pour atteindre les « standards nécessaires » pour rejoindre le groupe maritime SNMG 1 de l’OTAN (Standing Nato Maritime Group) et participer à l’exercice Joint Warrior, avait indiqué la Marine belge samedi (2 octobre) dans un communiqué. L’entraînement se poursuivra « jusqu’à ce que le navire atteigne le niveau de sécurité requis ».
Compenser le manque d’expérience par de l’entraînement
« Le métier de marin est un métier exigeant. Et acquérir ces connaissances demande du temps », se justifie la Marine. « Avant de déployer un navire en mission, [nous] voulons être sûr qu’il puisse l’exécuter en toute sécurité », indique l’amiral de division Jan De Beurme, chef de la composante navale belge.
(Agnès Faure, st.)
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(B2) Ça y est. C’est décidé. Budapest a formellement soumis à son parlement cette semaine une proposition afin d’enclencher sa participation à la task force européenne engagée au Sahel
Forces spéciales en entrainement (Photo : Kormany HU / Archives B2)Task-force initiée par la France, mais qui va être commandée par un Suédois prochainement.
80 hommes au maximum
La participation hongroise ne sera pas que symbolique. La Hongrie compte engager jusqu’à 80 militaires (plafond maximum). En réalité un peu moins sans doute. Mais ils seront « au front ». Les forces d’opération spéciales hongroises assureront les « tâches de conseil, de soutien et de mentorat des forces maliennes au combat » est-il précisé dans la résolution.
Engagement sur deux ans
Le premier contingent hongrois devrait être déployé au premier trimestre 2022. Mais un premier déploiement préparatoire d’une vingtaine de soldats devrait avoir lieu d’ici fin 2021. Il y aura ensuite une rotation de quatre mois « en s’adaptant aux tâches opérationnelles de TAKUBA et à la mise en œuvre de la stratégie ». La durée de l’engagement — du moins de la déclaration faite aux Parlement national — est de deux ans, jusqu’à décembre 2023.
Geste de solidarité et objectif politique
Pour Budapest, cet engagement est justifié par « la volonté d’être un contributeur actif et crédible à la sécurité euro-atlantique ». Mais aussi par une raison qui résonne particulièrement dans la campagne hongroise : la pression migratoire. « L’une des causes de la pression du sud est la menace terroriste dans la région subsaharienne » explique Szilárd Németh, le secrétaire d’État parlementaire à la Défense. La Hongrie « est donc prête à accroître sa contribution à la sécurité dans la région. Il est donc dans notre intérêt national d’y jouer un rôle » ajoute-t-il.
NB : cet engagement de la Hongrie avait été scellé lors d’un entretien entre le président français Emmanuel Macron et son alter ego hongrois Viktor Orban, il y a quelques mois déjà. Entretien qui avait aussi une valeur très politique d’armistice dans les escarmouches entre les deux leaders. On peut gager que la tenue de l’engagement par Budapest devrait être gagé sur une réciprocité de Paris sur d’autres dossiers.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Deux changements à attendre du côté de l’opération de l’UE de contrôle de l’embargo sur les armes imposé à la Libye
Michail Magkos (crédit : EUNAVFOR Med Irini)La force aéronavale de l’UE déployée au large de la Libye va passer sous commandement grec dans quelques jours. Le commodore grec Michail Magkos doit succéder au contre-amiral Stefano Frumento (en poste depuis le 31 mars), comme commandant de la force en Méditerranée centrale, à compter du 1er octobre. Magkos connaît bien l’opération pour avoir été depuis le 31 mars l’adjoint du commandant d’opération (chef d’état-major). Sa bio.
Le commandement stratégique de l’opération EUNAVFOR Med Irini reste assuré par un Italien, depuis le quartier général de Rome. Mais lui aussi vient de changer : le vice-amiral Stefano Turchetto doit succéder le 1er octobre également à son compatriote, le contre-amiral Fabio Agostini qui a tenu les rênes de l’opération, depuis sa création, au printemps 2020. Son portrait ici.
Un nouveau commandant pour l’opération Irini en MéditerranéeCet article La Grèce prend le commandement sur zone de l’opération Irini en Méditerranée est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Depuis quelques jours, chacun veut montrer ses muscles près de la frontière entre Serbie et Kosovo. Les policiers et militaires européens et de l’OTAN s’interposent
Les plaques serbes ne sont plus acceptées au Kosovo. Ici, en février dernier, à Mitrovica (Nord du Kosovo) (B2/AP)La tension monte sur le terrain
Police, blindés et même avions
Du côté kosovar, des véhicules blindés de la police spéciale kosovare ont été déployés dès le lundi 20 septembre, du côté kosovar vers les points frontières de Jarinje et Brnjak. Du coté serbe, des véhicules blindés, aussi ont été acheminés non loin de la « ligne administrative » ou frontière. Des tanks T-72s modernisés avec une nouvelle optique, comme le rapporte B92 (média serbe) samedi 25 septembre. Des Mig 21 de l’armée de l’air ont même survolé à plusieurs reprises la frontière ce week-end.
Belgrade soutenu par Moscou
Le ministre serbe de la Défense Nebojsa Stefanovic et son chef d’état-major ont rendu visite aux unités stationnées à la frontière administrative. Le tout en compagnie de l’ambassadeur de Russie, Alexander Botsan-Kharchenko, comme le rapporte un journaliste. Histoire de bien montrer que si le Kosovo est soutenu par l’OTAN, la Serbie n’est pas isolée et peut compter sur le soutien d’au moins un membre du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce mardi 28 septembre, N. Stefanovic en rajoute une couche : « l’armée a relevé son niveau de préparation au combat sur ordre du président serbe Aleksandar Vucic », selon B92.
En cause, un banal conflit de plaques d’immatriculation
La cause de cette montée d’adrénaline : une question banale en apparence. Quelles plaques d’immatriculation doivent porter les voitures au Kosovo ? Une plaque kosovare, jure Pristina, l’État du Kosovo étant indépendant depuis 2008. Une plaque serbe, réagit Belgrade qui n’a jamais reconnu complètement l’indépendance de cette ancienne province autonome yougoslave. Et considère toujours les habitants du Kosovo (au moins les Serbes) comme ses administrés. On le comprend bien, derrière ce problème de vie quotidienne, se cache une vraie question géopolitique : reconnaitre ou pas le Kosovo (1).
L’accord intérimaire qui a pris fin
La reconnaissance des plaques était un point important du Brussels Agreement, dans le cadre du Dialogue Belgrade-Pristina (2). Un accord était intervenu, entré en vigueur en 2016, mais uniquement à titre intérimaire, pour une période de cinq ans. Cet accord a pris fin. Et le Kosovo a décidé tout bonnement il y a deux semaines d’interdire la circulation des véhicules kosovars avec une plaque serbe sur son territoire. Autre raison avancée : le premier ministre kosovar parle de « réciprocité de mesures », rapportent des médias, car la Serbie interdisait avant cela les plaques kosovares sur son territoire.
Présence européenne et euro-atlantique renforcée
Conformément aux plans de sécurité, les Européens d’EULEX Kosovo et les Otaniens de la KFOR ont commencé à se renforcer sur place — au Nord Kosovo uniquement.
La police de EULEX déployée depuis une semaine
Des équipes de l’Unité de police constituée (FPU) d’EULEX (la mission de l’Union européenne pour l’État de droit au Kosovo) sont déjà « déployées depuis le 20 septembre » aux points de passage communs (CCP) de Bërnjak/Tabalije et de Rudnica/Jainjë, actuellement bloqués, explique Ioanna Lachana, porte-parole de la mission. Leur rôle est « la reconnaissance afin de surveiller la situation sécuritaire sur le terrain ».
Gardiens de la sécurité du Kosovo
L’unité de police d’EULEX a ainsi répondu à la demande officielle de la Police du Kosovo. Elle intervient dans son rôle de deuxième intervenant en matière de sécurité au Kosovo (second security responder). C’est-à-dire pour soutenir la Police du Kosovo en cas de besoin. Elle est en passe d’être soutenue par la troisième ligne de renfort (third security responder), les forces de l’OTAN.
Le nombre de patrouilles de la KFOR augmentée
La KFOR a ainsi été déployée depuis lundi (27 septembre) dans le Nord Kosovo. Des soldats américains, canadiens et polonais précise Kosovo Online. Les forces de l’OTAN « ont augmenté les patrouilles le long des principaux axes de circulation affectés par les barrages routiers » et « [déployé leurs] unités aux points de passage frontaliers de Jarinje et Brnjak », où se massent également manifestants et barricades, nous confirme le commandant de la KFOR, le général (italien) Franco Federici (3).
Objectif : faire baisser la pression
Ces mesures adoptées par l’OTAN ont trois objectifs, détaille notre interlocuteur : « favoriser une désescalade rapide des tensions et restaurer un environnement sûr et sécurisé, ainsi que la liberté de mouvement pour toutes les communautés du Kosovo ». Le tout a été « préalablement discuté par le commandant de la KFOR avec toutes les institutions du Kosovo et avec les maires des municipalités du Nord », nous précise le commandant de la force.
A noter que les attachés de défense américain et canadien ont également fait le déplacement visitant les deux points frontières de Jarinje et Brnjacka « pour mieux comprendre la situation ». « Heureux de constater que la KFOR est sur place en tant que facteur de stabilisation » indiquent-ils dans un tweet. Attachés de défense américains et canadiens (Crédit : Ambassade US à Belgrade)Une présence exceptionnelle
Ce n’est pas dans les habitudes de la Police du Kosovo de demander des renforts internationaux. La dernière fois que les Kosovars ont demandé à EULEX d’intervenir remonte au 28 mai 2019. C’était aussi dans le nord du Kosovo. EULEX avait alors « augmenté la fréquence des patrouilles des unités de police constituées pendant plus d’une semaine, à la suite de l’opération anti-contrebande menée par la police du Kosovo le même jour », rappelle à B2 Ioanna Lachana.
(Aurélie Pugnet)
Cet article Tensions dans le Nord du Kosovo. EULEX se déploie. La KFOR patrouille est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le caporal-chef Maxime Blasco, du 7e bataillon de chasseurs alpins (BCA), est tombé au Mali vendredi (24 septembre).
Il participait avec son commando, à « une opération de reconnaissance et de harcèlement », conduite par la Force Barkhane dans le Gourma malien, dans la région de Gossi, à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, précise l’état major des Armées.
Plus tôt dans la journée, « des éléments d’un groupe armé terroriste [avaient] été détectés par un drone Reaper dans la forêt de N’Daki ». Une patrouille de deux hélicoptères d’attaque avait été engagée « pour les neutraliser ».
(AF)
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(B2 à Norfolk, Virginia) La relève est assurée au commandement ‘Transformation’ de l’OTAN (ACT), l’un des principaux commandements militaires de l’Alliance
La cérémonie de remise du commandement commence (© NGV / B2)Le général (français) Philippe Lavigne a pris le relais de son compatriote le général André Lanata, à la tête de ce qui est un des principaux commandements de l’Alliance atlantique. L’ACT est chargé de la Transformation de l’Alliance, c’est-à-dire de veiller au grain sur les évolutions futures et de préparer l’OTAN aux conflits et crises de demain… ou d’après-demain.
Les représentants militaires tous là, ou presque, à la cérémonie de passation du commandement. (© NGV / B2)Dans la grande salle du musée naval de la ville est rassemblé tout l’aréopage de l’OTAN, la plupart des représentants militaires au sein de l’Alliance ont fait le déplacement aux USA pour assister à la cérémonie. Mais une bonne cérémonie militaire ne se conçoit pas sans un orchestre…
Une petite formation cuivre fait résonner tour à tour les hymnes de l’OTAN, de la France et des USA (© NGV / B2)À ceux qui pourraient douter de la présence de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, il n’y a ici aucun doute. « La France est un allié de l’OTAN fort et très apprécié, avec des capacités de pointe et des forces hautement professionnelles », lance d’ailleurs le secrétaire général dans son discours.
Drapeaux français et américain côte à côte lors de la cérémonie (© NGV / B2)« Depuis plus d’une décennie, la France a nommé ses meilleurs officiers pour prendre ce commandement », poursuit Jens Stoltenberg. Un compliment assez naturel dans ce type de cérémonie, mais qui prend un relief particulier en pleine retombée de l’affaire Aukus.
Le secrétaire général Jens Stoltenberg monte sur la tribune pour assurer la passation des drapeaux. (Crédit photo : OTAN)(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Au-delà de la colère légitime française, cet accord a une certaine résonance pour les Européens. La relation avec Washington, Londres et Canberra pourrait pâlir. Mais réagir ne sera pas simple. Sauf à faire un saut politique notable
Un acte plutôt inédit
Un cas d’école
Contrairement à ce que déclarent certains commentateurs, la décision australienne n’est pas juste un cas de plus de la compétition qui règne sur les marchés de défense. Un secteur où la concurrence est féroce, y compris entre alliés. La victoire américaine des F-35 en Suisse (ou en Belgique auparavant) ou celle du Rafale français en Croatie en témoignent. Où tous les coups sont permis normalement. Mais, ici, on est dans un vrai cas d’école : un contrat signé, dans le cadre d’un partenariat stratégique, rompu sans aucun préalable, de façon au minimum non élégante. NB : un montant de 900 millions d’euros a déjà été engagé par les Australiens avec Naval Group dans des études préliminaires.
Une certaine duplicité australienne
Le mot de « trahison » posé par les Français n’est pas juste un coup de colère. Le jour même de l’annonce de l’accord avec les Américains et Britanniques, « les Australiens ont ainsi notifié à Paris la ‘system functionnal review’ (revue fonctionnelle du programme) » souligne ainsi un responsable du ministère des Armées à quelques journalistes dont B2. Une note importante. Elle atteste que les préliminaires techniques ont été franchis et qu’on peut « passer aux étapes suivantes». Ce n’est que « quelques heures avant l’annonce de l’accord AUKUS », que le ministre australien de la défense Peter Dutton prend son téléphone pour appeler son homologue française Florence Parly et lui annoncer la nouvelle.
La trahison des Alliés
Cette trahison n’est pas juste australienne. Elle s’applique également aux Américains et Britanniques. Des Alliés très proches qui se concertent, quotidiennement, au sein de l’OTAN pour faire face aux menaces, diverses, et définir notamment une politique vis-à-vis de la Chine. La pilule passe difficilement à Paris Et cela pourrait laisser des traces.
Quelques leçons sur l’accord australien
Le bloc des Fives Eyes est solide
Cet accord a certes une certaine logique. L’Australie s’arrime clairement au monde anglo-saxon, américain et britannique, notamment par les accords de renseignements. L’accord avec la France constituait en quelque sorte une incartade face à cet axe géopolitique aux racines historiques. On assiste ainsi au renforcement du bloc des Cinq (USA, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) auquel devra réagir l’Europe si elle entend exister réellement.
Un projet pilote d’une alliance plus importante ?
Cela ira-t-il plus loin que les sous-marins ? Sans doute. D’ores-et-déjà, d’autres pistes sont déjà évoquées par les participants, notamment en matière de recherche ou d’intelligence artificielle. Faut-il y voir la préfiguration d’une sorte Alliance militaire du Pacifique, pendant de l’OTAN pour la zone euro-atlantique. On peut le penser… Surtout si les Alliés de l’OTAN restent réticents à s’engager les yeux fermés derrière le drapeau américain dans son ‘combat’ politique, économique et stratégique contre la Chine.
De America First à America Back une constante
La politique de l’administration Biden ne diffère pas sensiblement de celle menée par l’administration Trump. Cela n’étonnera nullement les plus avertis (notamment ceux de B2, lire : America is back, dit l’administration Biden. Quelle politique avec l’Europe ?). Les imprécations en moins, l’efficacité en plus ! L’Amérique entend rester leader dans le monde, et les Alliés suivent. La mise en place du retrait d’Afghanistan l’avait montré, le partenariat AUKUS le confirme. NB : Même quand Donald Trump a rompu l’accord signé par tous avec l’Iran, cette procédure n’est allée à son terme qu’au bout de longs mois. Et non sans avertissement.
L’attitude non amicale britannique
La volonté du Royaume-Uni de tisser un réseau d’alliances se révèle ne pas être un simple slogan de campagne du Brexit. Avec cet accord AUKUS, Boris Johnson signe un de ses premiers succès. Et ce ne pourrait pas être le seul. Londres entend bien pallier à sa sortie de l’Union européenne, en renforçant ses liens avec ses alliés traditionnels, nord-américain comme du Commonwealth.
La France en solo
Dans cette affaire, la France est apparue tout d’abord un peu seule. C’est logique. Le contrat signé par Paris avec Canberra n’est pas un acte européen ni même n’a été concerté au niveau européen. C’est la France, seule, qui a négocié un accord avec les Australiens. En se gardant bien d’y associer les autres Européens. La compétition était même de règle avant la signature de ce contrat — voire même après — avec les Allemands en particulier de TKMS. NB : un point que l’Hotel de Brienne (siège des armées françaises) préfère passer sous silence.
Quelle réaction pour les Européens ?
Un point d’interrogation sur les relations avec l’Australie
Au-delà d’un possible ralentissement des négociations engagés par les Européens avec Canberra sur un accord de libre échange (lire : L’affaire AUKUS prend une tournure européenne. Toutes les options sont sur la table), on peut se demander si certains projets UE-USA ne vont pas subir, eux aussi, un certain ralentissement.
La relations transatlantique : un peu compliquée
Les demandes américaines de s’impliquer davantage dans les outils européens de défense — comme la coopération structurée permanente et le fonds européen de défense — pourraient être examinées… très, très lentement. La demande de signer un arrangement administratif avec l’agence européenne de défense (EDA) pourrait ainsi se heurter à un ‘Non’ de la France (déjà réticente à un tel accord). La négociation de l’arrangement administratif sur l’association américaine au projet PESCO de la mobilité militaire pourrait lui aussi connaitre quelques retards. Idem pour l’arrangement sur l’accès américain au signal sécurisé public (PRS) de Galileo.
La préférence européenne : à développer
Le modèle de développement des armements en se reposant sur les exportations trouve là une limite. Si les Européens veulent conserver une industrie de la défense européenne dynamique, ils devront d’abord acheter les armements produits sur le continent. La préférence européenne doit être aussi forte et présente que la préférence américaine. La seule exonération de la TVA proposée par Ursula von der Leyen dans son discours sur l’État de l’Union ne suffira pas. (Lire : Défense. L’Europe doit pouvoir agir seule ! Les six propositions (audacieuses) de von der Leyen).
Des négociations groupées : à envisager
L’Europe pourrait aussi penser à faire davantage bloc dans la négociation des contrats extérieurs. Si le contrat australien avait associé des Allemands, la réaction Outre-Rhin serait un peu plus ‘dynamique’. C’est très compliqué. Il ne faut pas se le cacher. Mais tant que les Européens ne feront pas bloc pour faire des offres communes à certains pays, ils seront exposés à ces revers de bâtons, de la part de concurrents… ou d’alliés.
L’attitude vis-à-vis de la Chine : à définir
La discussion entre alliés sur l’attitude à avoir vis-à-vis de la Chine — menée essentiellement au sein de l’Alliance atlantique, pour la définition d’un futur concept stratégique — pourrait être impactée. Soit les Alliés se rangent au désir des Américains (ce qui est en soi le message politique de cet accord). Soit ils maintiennent une voie semi-autonome, comme définie jusqu’ici.
La défense européenne
L’idée de développer l’Europe de la défense sort renforcée, exprime-t-on. Mais saura-t-elle convaincre au-delà de ceux déjà intiment convaincus ? Sortira-t-on du « Nous voulons » pour passer à « Nous faisons » ? Le défi est réel. Et le saut géopolitique important. Il faudra plus qu’un évènement de ce type pour franchir le gué.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article L’accord sur les sous-marins entre Australie et USA provoque les Européens est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) À partir de novembre 2021, c’est la Suède qui va assurer le commandement de l’opération des unités spéciales mises en place au Mali à l’initiative de la France et avec les Européens.
(MOD France / EMA)« Nous pouvons confirmer que nous avons accepté de fournir le poste de direction de la Force opérationnelle Takuba au Mali » indique un communiqué de la défense suédoise.
C’est « un exemple clair de la bonne coopération franco-suédoise dans l’opération en cours et de la confiance que notre personnel a bâtie pendant le temps que nous avons travaillé ensemble au Mali », souligne le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales.
NB : les Suédois sont arrivés dans la task-force depuis février 2021 avec l’apport (précieux) d’une force d’intervention rapide et d’hélicoptères. Avec cette prise de fonction, les Français parachèvent ce qu’ils avaient commencé en européanisant Takuba.
(NGV – AF st.)
Cet article La Suède va prendre le commandement de la task-force Takuba est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe terroriste État islamique au Grand Sahara [EIGS] a été neutralisé par les forces françaises, a annoncé le président français Emmanuel Macron, jeudi (16 septembre). « Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel » a-t-il ajouté.
Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe terroriste État islamique au Grand Sahara a été neutralisé par les forces françaises. Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 15, 2021Cet article Le chef d’EIGS tué par les forces françaises est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le couple A400M-A330, la base militaire aux Émirats, la coopération avec les alliés ont été des éléments-clés dans l’évacuation de Kaboul. Un peu précipitée, faute de prévisions…
Un avion A330 évacué vers Paris les évacués de Kaboul (Crédit : DICOD / EMA)La ministre des Armées est venue devant la commission défense de l’Assemblée nationale mardi (14 septembre) tirer le bilan d’Apagan.
Trois éléments clés de la réussite de l’opération d’évacuation
Le couple A400M – A330MRTT à la manœuvre
« Réalisée dans des conditions complexes, cette opération est une réussite », s’exclame tout de suite la ministre des Armées, Florence Parly, commentant l’opération d’évacuation de Kaboul. Un succès qui repose « sur les performances du couple A400M – A330MRTT et de leurs équipements ». Ces deux avions ont permis « d’agir plus vite et plus loin, avec des capacités de navigation et de transport permettant de tenir leur place dans un contexte sécuritaire dégradé et des conditions de vols difficile ».
La base 104 : un point d’appui essentiel
Autre condition de cette réussite : « le point d’appui aux Émirats arabes unis » qui a « confirmé toute sa pertinence ». Ce « positionnement stratégique » constitue « un gage de notre crédibilité opérationnelle ». La base aérienne 104 d’Al Dhafra (aux Émirats arabes unis) a permis d’établir un double pont aérien : « Le premier entre Kaboul et Abu Dhabi grâce aux A400M et C130 qui ont fait 26 ponts tactiques, le deuxième entre Abu Dhabi et Paris grâce à 16 vols stratégiques de A330MRTT ». (Lire : Première opération d’évacuation d’envergure pour les A400M de toutes nationalités)
Le choix de la boucle sécuritaire américaine
« La coordination aérienne et la coopération avec les US ont permis de mener à bien l’évacuation », souligne la ministre. L’accès à l’aéroport a été assuré grâce au soutien « crucial » des « alliés » britanniques, chargés « de la sécurisation de l’un des accès ». Dès les premiers jours, le choix a été fait de se placer dans la « boucle sécuritaire » des États-Unis, encore présents. La « solidarité européenne » a joué, permettant l’exfiltration des membres de la délégation de l’UE ainsi que l’évacuation de citoyens européens.
Un manque de prévision patent, entre Alliés
La vitesse de la conquête de Kaboul mal anticipée !
Quant à pouvoir prévoir la chute de Kaboul, la ministre le reconnait, humblement : « On ne peut pas dire qu’on savait ce qui allait se passer. » Ce qui était connu, « ce sont les échéances fixées par la négociation qui avait eu lieu entre les US et les Taliban à Doha. Nous connaissions cette date du 31 août comme la date du désengagement US. » La chose « que personne n’avait anticipée, c’est la vitesse avec laquelle les Taliban allaient reprendre le contrôle de la totalité du pays ». Au contraire !
Le temps a manqué aux Alliés
« Lorsque les Américains et tous ceux qui étaient présents en Afghanistan ont pris connaissance de ce calendrier, ils ont imaginé qu’il y aurait du temps pour conduire ces opérations d’évacuation. »
(Agnès Faure, st.)
Un exercice de haute voltige : le Retex des armées sur Apagnan 1. Les Raid Air Evac ont été « des exercices de haute voltige » mais le défi « a été bien relevé » souligne le colonel Pascal Ianni, le porte-parole d'état-major des armées. La vitesse de mise en place et de coordination a été « un élément clé ». 2. « La réactivité des armées ». « On s'est rendu compte que notre dispositif d'alerte fonctionne ». 3. L'opération a permis de tester la « robustesse des capacités notamment des A400M et C130 », de vérifier qu'il existe une « allonge suffisante pour chercher du monde ». 4. L'interopérabilité avec les Alliés. « On s'entraîne avec eux, on est déployés avec eux. Toute cette interopérabilité qu’on a créé et nourri au cours des années a montré toute sa pertinence dans les situations d'urgence ». 5. La « plus value opérationnelle du dispositif de forces prépositionnés » (les FFEAU) donne « un avantage en cas d'imprévu et d'urgence ». Éprouvé à de nombreuses reprises en Afrique, il est un élément « très particulier et significatif pour la France par rapport autres pays européens ». 6. « La connaissance intime de la région des FFEAU a permis que cette manœuvre complexe et inédite se fasse dans les meilleures conditions possibles ». NB : le porte-parole des armées s'exprimait lors d'un point de presse le 31 août auquel a participé B2.Cet article Évacuation de Kaboul. Premier bilan de Apagan. Un exercice de haute voltige est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Le sempiternel débat sur la défense européenne est à nouveau relancé. Mais il faut se poser les bonnes questions… et les résoudre
Pour intervenir efficacement, encore faut-il le savoir, le vouloir, et le décider (MOD Ukraine)L’Europe a des capacités, mais ne les utilise pas
Aujourd’hui, l’Europe ne manque pas de capacités au niveau militaire. Elle en regorge, même. Sur le papier, les 27 États membres alignent pas moins de 1,4 million de soldats, disposent de centaines d’avions de chasse et de navires, de milliers de chars et véhicules blindés, et ont des bases prépositionnées ou un équivalent dans plusieurs points du monde (Asie, Pacifique, Moyen-Orient, Amérique latine). Pourtant l’Europe n’arrive que péniblement à réagir aux crises, à aligner quelques milliers d’hommes pour aller assurer la sécurité dans son voisinage, ou tout simplement venir en aide à des citoyens européens en danger.
Tirer les leçons du terrain
L’exemple de l’Afghanistan est patent. Malgré une présence aérienne en nombre et l’envoi de forces spéciales, les Européens ont été incapables de se coordonner et planifier un déploiement commun. C’est l’impulsion américaine qui a été décisive, pas l’européenne (lire : Premières leçons de la ‘crise de Kaboul’). L’impression finale était celle d’un joyeux bazar, qui a été au final un succès… mais aurait pu virer au désastre.
Ne pas s’enferrer dans une voie condamnée
L’échec des battlegroups — cette force de réaction rapide européenne — est patent. On n’est pas sur un problème conjoncturel, mais bien structurel. Ce dispositif où quelques pays sont ‘de garde’, pour intervenir dans le monde entier, sur toute sorte de crise, ne peut pas fonctionner. On a tenté à plusieurs reprises de les faire partir. À chaque fois, la réponse a été ‘Non’.
Des dispositifs science fiction
La raison est structurelle : Ce sont les 27 qui décident, à l’unanimité de l’engagement. Mais seuls quelques pays, ceux d’astreinte, supportent tout le coût humain, politique et financier de l’engagement. Il faut un formidable alignement des planètes pour avoir à la fois une volonté politique commune d’agir, dans un délai d’action rapide, sur un terrain où les pays d’astreinte sont prêts et formés à intervenir, et sans aucun obstacle (politique, financier ou technique) qui vienne s’interposer (lire : Revoir le concept des battlegroups : une nécessité).
Trois outils à mettre en place pour réagir
Trois éléments font aujourd’hui défaut à l’Europe de la défense :
1. une capacité d’anticipation, donc un partage du renseignement, efficace, qui parte du terrain et remonte au niveau politique, avec une analyse commune, permanente, qui provoque une décision politique. Cela suppose une révolution des mécanismes et des esprits.
2. une capacité de commandement politico-stratégique. Elle suppose non pas une révolution, mais une utilisation intelligente des dispositifs existants. Ce n’est pas vraiment un grand quartier général militaire qui manque à l’Europe, c’est un dispositif politique de décision dans l’urgence. Le dispositif européen est aujourd’hui conçu sur une mécanique de consensus politique, d’engagement financier et d’actions, qui se décompte en quelques semaines ou quelques mois (voire années). Trop long, là où il faut réagir en 24 ou 48 heures.
3. une capacité d’intervention, taillée sur mesure, à la hauteur des objectifs que peuvent atteindre les Européens. Inutile de prévoir une force d’entrée en premier, de 5000 hommes, si l’on n’est pas capable de réagir rapidement dans un théâtre extérieur et dangereux (où des vies seront sans doute perdues). Autant prévoir une capacité réaliste, modulaire, capable d’intervenir.
Une opportunité politique
L’Europe de la défense a aujourd’hui une porte ouverte formidable. L’Alliance atlantique terrassée par la défaite de l’Afghanistan va devoir remettre en question sa doctrine expéditionnaire de stabilisation. Il y a fort à parier qu’elle se recentrera, au moins dans l’immédiat, sur sa vocation première : la défense du territoire européen face aux menaces venues de l’Est (Russie mais aussi Chine), tant traditionnelles que d’un genre nouveau (cyber, etc.). Les USA de Joe Biden mettent en vigueur un tournant déjà amorcé par Obama et Trump : en finir avec les interventions militaires extérieures non justifiées par la stricte sécurité nationale, et faire face à la compétition politique, militaire et économique venue d’Asie (Chine et autres).
Les Européens voudront-ils la saisir ?
Dans son voisinage proche, et même légèrement au-delà, l’Europe est donc seule à bord et maîtresse de son destin. Voudra-t-elle assumer cette charge, et comment ? C’est tout l’enjeu de la réflexion entamée aujourd’hui par la présidente de la Commission européenne dans son discours sur l’Etat de l’union (lire : Défense. L’Europe doit pouvoir agir seule ! Les six propositions (audacieuses) de von der Leyen, et par les États membres dans la ‘boussole stratégique’ (sorte de futur livre blanc sur la défense européenne). Travail qui pourrait déboucher (si tout va bien) sous présidence française dans un sommet spécial Défense, à Toulouse. Pour réussir cet exercice devra cependant en terminer avec le bla-bla, les bonnes intentions sans lendemain, les outils mort-nés, regarder la réalité en face et se retrousser les manches.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Défense. L’Europe a des capacités. Encore faut-il vouloir et être capable de les utiliser est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.
(B2) Septembre sonne l’heure de la rentrée. À l’école des aviateurs de l’armée slovène, les élèves ne sont pas les seuls à être attendus avec impatience… quelques nouveaux équipements un peu particulier sont également sur le chemin
Un Virus 121SW prend son envol (Forces armées slovène)Nous sommes reçus par des aviateurs. Habillés de combinaisons vert kaki, la ressemblance avec des acteurs de Top Gun est frappante. Ce n’est pas sans raison : nous sommes à la 15th Wing — base de l’aviation militaire slovène et son école — basée à Cerklje ob Krki, à quelques kilomètres à peine de la frontière avec la Croatie.
La base aérienne militaire slovène
C’est ici que sont formés des pilotes, depuis les années 1990. Mais depuis le 1er septembre, de nouveaux arrivants ont fait leur apparition dans la 15th Wing. Et ils sont particulièrement surprenants. Il y aura des avions électriques — ils seront testés avant d’être inclus dans les formations — et un simulateur de vol — utilisé pour les formations des cadets. L’excitation des formateurs, comme des élèves est particulièrement palpable. L’accord signé avec l’entreprise slovène Pipistrel il y a plusieurs mois est entré en vigueur juste à temps pour la rentrée des classes.
L’avion électrique
La star du show, c’est Velis Electro, un avion qui fonctionne uniquement à l’électrique. Il est proche du « zéro émission » et est peu bruyant, se félicitent les Slovènes. Une aubaine, alors que l’école d’aviation se situe tout près d’un village. Surtout, il est « certifié » par l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne — c’est-à-dire autorisé à voler : une première.
Velis Electro arrivera le 22 septembre prochain sur le terrain de Cerklje ob Krki. Dès ce moment là, dans toutes les formations, Velis Electro jouera un rôle modeste mais significatif, notamment pour montrer le niveau de technologie et le respect de l’environnement. Il sera utilisé dans différentes étapes de la formation des pilotes. Pas fait pour faire de la voltige, il servira plutôt pour les courts trajets dans les airs et apprendre à décoller/atterrir.
Rechargement express
En effet, le souci de l’avion électrique, c’est bien son autonomie. Elle n’est pas aussi longue qu’un avion ordinaire. Les Velis Electro (à l’électrique), disposent d’à peine une heure. Pour comparaison, les Virus 121SW (au carburant) de Pipistrel ont une autonomie de vol de 5 heures 30. La recharge des Velis Electro peut aller « vite » — deux à trois heures grâce à des chargeurs spéciaux — ou moins vite — toute une nuit lorsque l’appareil est rechargé sur une prise de courant classique. Il faut donc un minimum d’organisation, et disposer de plusieurs batteries rechargées en stock.
Impressions positives
Les différents utilisateurs rencontrés par B2 ont fait état de leur impression très positive. Pour un pilote expérimenté, piloter un avion électrique est d’ailleurs plus aisé qu’un avion à propulsion classique, car il est notamment plus facile de contrôler sa puissance. Seul soucis qu’il partage avec nous : la petite réserve d’énergie présente dans un avion électrique, et sa moindre puissance comparée à un avion à carburant.
Autres petits nouveaux
Une semaine avant l’arrivée d’un Velis Electro, c’est un Virus 121SW qui prendra ses aises dans les quartiers de la 15th Wing, dès mercredi 15 septembre pour la période de test. Lui fonctionne au carburant. Son empreinte carbone est basse et son ratio performance/coûts semble avoir déjà gagné le cœur de ses clients.
Deux pilotes ont commencé leur formation sur le type Virus 121 et sont désormais certifiés. L’un est instructeur pour la formation d’instructeurs et l’autre est candidat pour devenir instructeur. La formation a eu lieu à la mi-août avec un Virus 121 présent pour l’occasion.
Ensuite, il sera temps de tester la version UAV (drone) du Virus 121 avec des équipements de surveillance. Puis, arrivera le Panthera hybride à l’empreinte carbonne basse, destiné lui aux formations avancées (advanced trainer). Il s’agit d’une mise à niveau logique, après les Virus. Cela devrait être possible au milieu de l’année prochaine.
Un élève s’exerce sur le simulateur de vol (AP/B2)L’électrique aussi dans le simulateur de vol
Les avions ne sont pas la seule innovation à faire leur apparition dans l’école. Dans une petite salle à l’air de rien, trône la nouveauté : une boîte, à l’apparence d’un cockpit d’avion. A côté, un écran, sur lequel on voit l’avion décoller, faire un looping, se balader, et atterrir. Le tout, du point de vue du pilote.
Comme dans un jeu
En fait, l’image à l’écran est la même que celle que le pilote voit dans son casque de réalité virtuelle (VR). C’est comme dans un jeu : l’élève s’installe dans le faux-vrai cockpit, met le casque sur les yeux… et sans quitter la terre ferme, apprend à maîtriser un avion. B2 a essayé pour vous… le résultat et les sensations sont plus que réels, au point d’oublier que l’on est bien sur la terre ferme. Le simulateur de vol est en appui des avions : il permet de tester avant de se lancer dans les airs.
L’outil simulateur enthousiasme
L’école a utilisé pour la première fois ce simulateur dans son processus de sélection des élèves, après la théorie et avant la phase de vol. Et le résultat est sans appel : « la phase de vol a débuté à un niveau visiblement plus élevé qu’avant l’utilisation du simulateur — le simulateur est donc très utile. Nous allons tester très soigneusement dans quelles phases nous pourrions inclure le simulateur dans la formation au vol. Nous prévoyons de commencer toute la formation au vol avec la phase du simulateur à l’avenir et nous espérons que les premiers candidats commenceront avant la fin de cette année », se félicite le lieutenant-colonel Tomaž Oblak, officier supérieur d’état-major.
Pendant que B2 s’exerce sur le simulateur, les aviateurs expérimentés nous guident : les images du casque de virtualité virtuelle sont retransmises sur une télé.Un effet verdissement
Pour la défense slovène, l’achat de ces technologies a une raison en particulier : le « vert ». Utiliser des batteries électriques plutôt que du pétrole, ou s’entraîner dans des simulateurs plutôt que d’utiliser des avions, est ce qui leur permet, selon eux, de réduire leur empreinte carbone et contribuer à la défense de l’environnement. C’est une des priorités du ministère de la Défense, notamment dans le cadre de la présidence slovène de l’Union européenne (lire : Notre interview avec Matej Tonin, ministre slovène de la Défense).
(Aurélie Pugnet)
La Slovénie arrive la première sur l'électrique. Avec l'arrivée des avions dès la semaine prochaine, la Slovénie « a bien l'ambition d'être la première armée de l'air à effectuer une partie de la formation au vol avec un groupe motopropulseur entièrement électrique », se réjoui le lieutenant-colonel Tomaž Oblak, officier supérieur d'état-major. Le Danemark s'est aussi équipé auprès de Pipistrel, et les appareils « doivent arriver à l'automne 2021 », « pour un test de concept, qui aidera à déterminer si la technologie peut être utilisée de manière opérationnelle dans l'armée de l'air », annonçait le ministère de la Défense danois en juin dernier. Côté français, le général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace en mai 2021, a volé à bord d’un avion biplace à moteur électrique, l’Alpha Electro.Cet article L’armée slovène passe à l’électrique pour entraîner ses pilotes est apparu en premier sur B2 Le média de l'Europe géopolitique.