Ainsi qu’annoncé la semaine dernière, à l’occasion du 80e anniversaire de Politique étrangère, nous vous proposons de découvrir chaque semaine l’un des textes qui a marqué la revue. Cette semaine, (re)lisez l’article de Claude Lévi-Strauss, « La politique étrangère d’une société primitive », publié dans le numéro de printemps 1949 (n°2/1949).
Élu à l’Académie française en 1973, Claude Lévi-Strauss (1908-2009) est connu pour sa carrière d’ethnologue et d’anthropologue. Au début des années 1950, moment de sa contribution à Politique étrangère, il est maître de recherches au CNRS. Il deviendra ensuite sous-directeur du musée de l’Homme, puis directeur d’études à la section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études. Il publie en 1955 Tristes Tropiques (1955) et est élu à la chaire d’anthropologie sociale du Collège de France en 1959.« Le sujet du présent article présente, dans son énoncé même, quelque chose de paradoxal. Nous ne pensons pas spontanément qu’une société primitive, ou du moins cet ensemble d’une extraordinaire diversité que nous groupons, de façon un peu maladroite, sous ce vocable qui ne signifie pas grand’chose, puisse avoir une politique étrangère. La raison en est que les sociétés primitives, ou prétendues telles, nous apparaissent comme des sortes de conservatoires, des musées vivants ; de façon plus ou moins consciente, nous n’imaginons pas qu’elles auraient pu préserver des genres de vie archaïque ou fort éloignés des nôtres propres, si elles n’étaient restées comme autant de petits mondes clos, complètement isolés de tous les contacts avec l’extérieur. C’est seulement dans la mesure où elles représenteraient des expériences isolées du reste de l’univers social qu’elles pourraient prétendre au titre de « sociétés primitives ».
En raisonnant de la sorte, on commettrait une fort grave erreur de méthode, car s’il est vrai que, par rapport à nous, les sociétés dites primitives soient des sociétés hétérogènes, cela n’implique nullement qu’elles le soient, au même titre, par rapport à d’autres sociétés.
Il est bien évident que ces sociétés ont une histoire, que leurs représentants ont occupé le globe terrestre depuis une période de temps aussi longue que n’importe quels autres; que, pour elles aussi, il s’est passé quelque chose. Cette histoire n’est peut-être pas la même que la nôtre. […] »
Pour lire l’article en intégralité, cliquez ici.
Pour vous abonner à Politique étrangère, cliquez ici.
Après les Philippines, c’est au tour de la Malaisie d’opérer un rapprochement spectaculaire avec la Chine. Le Premier ministre malaisien, Najib Razak, a annoncé cette semaine depuis Pékin, où il était en visite officielle, l’établissement de liens militaires plus étroits avec la Chine. Il avait été précédé de quelques jours par Rodrigo Duterte, le tonitruant président philippin, lui aussi invité en Chine, et lui aussi visiblement ravi d’annoncer une série d’accords avec un pays avec lequel les relations furent pourtant très tendues ces dernières années.
Ce ballet diplomatique en Chine est surtout un coup très dur porté à la stratégie du pivot vers l’Asie portée par l’administration Obama depuis le début de la décennie, avec pour ambition annoncée de replacer les Etats-Unis au centre de l’échiquier asiatique. Les deux facettes de cette stratégie sont l’économie (avec notamment la signature du Partenariat transpacifique, ou TPP) et le politico-stratégique (avec la réaffirmation de partenariats existants et la recherche de nouveaux alliés). Si le TPP attend encore une ratification du Sénat américain, il se heurte surtout au fait que seuls cinq Etats asiatiques (Japon, Brunei, Singapour, Malaisie et Vietnam) l’ont signé, ce qui a pour effet de limiter très sensiblement sa portée, là où l’objectif à peine masqué était d’unir tous les pays de la région et d’exclure la Chine (ce qui explique d’ailleurs sans doute son semi-échec). A cela s’ajoutent les avancées chinoises en parallèle, notamment la montée en puissance des investissements en Asie du Sud-est. En clair, le TPP a le mérite d’avoir été signé en 2015, mais il reste un accord au rabais, et qui pourrait ne jamais décoller. Au niveau stratégique, si les Etats-Unis ont réaffirmé le partenariat avec des alliés traditionnels comme le Japon, la Corée du Sud ou l’Australie, c’est du côté du Vietnam et des Philippines que de nouveaux dialogues sont à mettre au crédit de l’administration Obama. Mais le revirement spectaculaire de Manille depuis l’arrivée au pouvoir de Duterte, qui a déclaré souhaiter tourner le dos à Washington, est un coup de poignard dans le dos de la diplomatie américaine, et d’un pivot stratégique qui perd l’un de ses principaux soutiens.
La campagne présidentielle affligeante, qui se termine enfin, n’a fait qu’affaiblir un peu plus la place de Washington en Asie, et les perspectives ne sont pas positives. Barack Obama, qui a passé une partie de son enfance à Jakarta, est resté populaire dans la région, et son capital sympathie a sans doute permis d’entretenir l’espoir d’un repositionnement américain dans une région de plus en plus marquée par la montée en puissance chinoise. Mais ni Hillary Clinton, ni Donald Trump, ne bénéficient de la même image positive. S’ajoute à cela une absence de vision de la part des deux candidats sur l’avenir de la stratégie du pivot, à laquelle Trump ne semble pas s’intéresser sinon pour dénoncer le TPP, et que revendique Hillary Clinton, mais sans pour autant en avoir fait l’un des axes de sa campagne sur les dossiers de politique étrangère. D’ailleurs, n’est-il pas étonnant qu’aucun des deux candidats n’aient proposé de politique asiatique, préférant porter leurs discussions en matière de politique étrangère sur le nœud syrien et une anachronique obsession russe ? Jamais, depuis les années Bush et les débats sur la guerre en Irak, une campagne présidentielle américaine a à ce point ignoré les enjeux politiques, économiques et militaires en Asie. A l’image de cette campagne dans son ensemble : creux, vide de sens, et surtout inquiétant pour l’avenir.
Ces errements, associés à la réalité d’un basculement progressif, certes relatif mais réel, des « alliés » de Washington au profit de Pékin, peuvent-ils signifier la fin de la stratégie du pivot, qui restera ainsi un acte manqué de l’administration Obama ? Ce n’est pas à exclure. Car la marge de manœuvre est aujourd’hui beaucoup plus réduite qu’elle ne l’était en 2009, quand Obama prit ses fonctions et nomma Hillary Clinton au département d’Etat. Cette dernière avait alors choisi l’Asie comme destination de sa première tournée comme chef de la diplomatie américaine (une première dans l’histoire du pays). Si les Etats-Unis ont cherché à avancer en Asie, avec des succès, comme nous l’avons vu, mitigés, Pékin a considérablement renforcé sa présence et sa puissance. Les signes sont nombreux. Deuxième PIB mondial depuis 2010, la Chine a mis sur pied les contours d’une zone de libre-échange avec l’Asean, créé la Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures (AIIB, 2015), et multiplié les projets économiques et commerciaux dans son voisinage, y compris avec son ennemi de toujours, Taiwan. Dans le même temps, la puissance militaire, maritime surtout, de la Chine a considérablement augmenté, au point de devenir un potentiel concurrent aux forces américaines dans la région. Enfin, les ambitions chinoises, caractérisées par la ligne des neuf (désormais dix) points et les revendications territoriales et maritimes en mer de Chine orientale et méridionale, marquent une rupture avec une posture traditionnellement plus discrète. En huit ans, la Chine est passée d’un statut de puissance asiatique en devenir à celui de puissance assumée. Pékin a également profité, de manière habile, d’une certaine vacance du pouvoir américain en période électorale (Barack Obama lui-même étant visiblement actuellement plus impliqué dans le soutien à la campagne d’Hillary Clinton que dans la politique étrangère de son pays), pour avancer ses pions. La stratégie du pivot avait comme objectif à peine masqué d’endiguer la montée en puissance chinoise. C’est donc un échec, et si elle doit se réinventer, cette stratégie devra surtout s’adapter à une donne qui n’a pas évolué en faveur de Washington. Les postures des Philippines et de la Malaisie n’en sont qu’un indicateur, la dérive autoritaire de la Thaïlande, les quatre essais nucléaires nord-coréens depuis 2009 et les déboires de la Corée du Sud d’autres. Ils sont surtout la promesse de jours difficiles pour la diplomatie américaine face à un pays qui deviendra sans doute officiellement première puissance économique mondiale tandis que le 45ème président des Etats-Unis occupera la Maison-Blanche.
Last year’s Conference of Presidents (COP21) meeting provided an important impetus for enhanced action to tackle climate change. The adoption of the Paris Agreement was clearly the political milestone of the transition to a low-carbon development.
But keeping the global temperature rise to below two degrees Centigrade, the target set by the agreement, requires coordinated action that cannot rely solely on nationally-determined contributions.
Multilateral organisations have to seize the political momentum provided by the Paris Agreement to build their own climate action. The COP22 in Marrakech, which starts today, will be to formulate these multilateral actions.
Morocco’s geographical position and proactive policies in this field – along with the importance of the Mediterranean climate change “hotspot” – means a favourable environment for enhanced and coordinated action by the Euro-Mediterranean region at COP22.
The Union for the Mediterranean (UfM) brings together 43 countries – the 28 EU member states and 15 southern and eastern Mediterranean countries. It is a key player in overseeing the unprecedented challenges facing the region, of which climate change is a major one.
Since 1990, the average greenhouse gas (GHG) emissions of UfM members have been stable, at +0.05%. This is a good sign, as during the same period, the GDP of the region has more than doubled. Countries on both sides of Mediterranean are making huge efforts: their carbon intensity – the amount of GHG emitted per unit of GDP – has decreased in approximately the same order of magnitude: down 54 percent for non-EU southern and eastern Mediterranean states, and down 64 percent for the EU.
But by strengthening regional cooperation, UfM member states could improve the efficiency of their climate policies. After all, they are collectively responsible for implementing the Paris Agreement across the region.
Let’s consider two key sectors for the transition to a low-carbon economy: energy and trade.
The Mediterranean has exceptional weather conditions for renewable energy. Solar radiation and wind speeds are among the greatest in the world. Hydroelectricity is widely used. EU gas and electricity interconnections are with its neighbours, not with countries further afield. Having a more integrated energy market across the Euro-Mediterranean region would not only lower the cost of the EU’s energy transition, but also make it more efficient.
In 2014, southern and eastern Mediterranean countries had a €49bn trade deficit with the EU, making them the second-largest contributor to the EU’s trade surplus after the United States (at €103bn). Considering that there is already a significantly integrated market in areas such as motor vehicles, there are clear mutual benefits on both sides of the Mediterranean to consider the development of low-carbon transport at a Euro-Mediterranean level.
It is clear that Euro-Mediterranean cooperation on climate change has to be further enhanced. Today, with ten regional climate-related projects labelled by the 43 UfM members, accounting for more than €2.6bn, the Union for the Mediterranean is an important actor in enhancing climate action in the Euro-Mediterranean region, with a particular focus on the southern and eastern Mediterranean shores.
With the support of its co-presidencies, the Hashemite Kingdom of Jordan and the European Union, the Union for the Mediterranean is setting an ambitious, action-oriented climate agenda for the region.
Achieving the Paris Agreement target will be challenging. But through cooperation, dialogue and mutual support, the Euro-Mediterranean region is ready to engage to build a solution for the region and look towards a broader geographical scope, including the whole African continent. Marrakech will be the start of that important work.
IMAGE CREDIT: CC / FLICKR – Niels Broekzitter
The post From Paris to Marrakech: Euro-Med is ready for an ambitious climate policy appeared first on Europe’s World.