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Diplomacy & Crisis News

Dans l'engrenage judiciaire, le cas Zakharov

Le Monde Diplomatique - Fri, 30/12/2016 - 21:52

Miass, 14 mars. M. Nikolaï Matveev se tient devant un centre de recrutement de l'armée et guette l'arrivée de ses troupes. Ce président de la section locale d'un syndicat de routiers, l'Union interrégionale des conducteurs professionnels (MPVP), qui revendique dix mille membres dans toute la Russie, est rejoint par cinq personnes, dont une journaliste locale. L'autocar, affrété par le syndicat, emmène le petit groupe. En fin d'année dernière, le MPVP a organisé deux opérations escargot rassemblant plus d'une cinquantaine de véhicules, une performance pour une ville de 150 000 habitants. Mais, ce jour-là, le rappel des troupes n'a pas fonctionné : l'heure est à la démobilisation.

L'autocar se dirige vers le palais de justice de Tcheliabinsk, où se tient le procès en appel de M. Alexandre Zakharov, un membre du MPVP qui, en janvier dernier, a été condamné en première instance à neuf ans de prison ferme et à près de 500 000 roubles d'amende (environ 6 500 euros). L'affaire commence au printemps 2015, bien avant les manifestations de l'automne dernier. Le 28 mai 2015, l'accusé se bat avec un certain Denis Zapirov alors que ce dernier, ivre, tente de s'installer au volant de son camion et menace sa fille. L'homme décède cinq jours après les faits. L'instruction conclut qu'il a succombé aux blessures reçues lors de son altercation avec M. Zakharov. Alors qu'il est sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire de la ville, celui-ci se rend à l'opération escargot non autorisée organisée par son syndicat le 25 novembre. Ses camarades l'obligent à quitter le rassemblement pour ne pas l'exposer à d'autres tracas judiciaires. Pour sa défense, le MPVP finance les services d'un avocat et une contre-expertise. Cette dernière établit que les blessures dont est mort Denis Zapirov entraînent la mort six à douze heures après les coups, et non cinq jours.

« Personne ne m'écoute, ni moi ni mon avocat. On refuse d'examiner les preuves ! » Sur l'écran de télévision en vidéoconférence, le visage de M. Zakharov est rayé par les barreaux de sa cellule de prison de Zlataoust, à cent cinquante kilomètres de là. L'accusé recule brusquement sa chaise. L'administration pénitentiaire a choisi un papier peint à fleurs bleues pour adoucir le tableau : le juge affirme en effet que le tribunal d'appel n'a jamais reçu la contre-expertise de la défense et, après une courte délibération, rejette le document avant de rendre sa décision. « La cour d'appel a décidé de modifier le jugement du tribunal de Miass (région de Tcheliabinsk) du 18 janvier 2016 relatif à Alexandre Petrovitch Zakharov… » Alors que le public espère que le jugement précédent sera cassé, le magistrat… énumère les fautes d'orthographe à corriger, avant de confirmer le verdict de première instance. Dans les couloirs, une vingtaine de gardes mobiles surveillent la dispersion du public. Sur le perron du tribunal, une policière s'approche de la belle-sœur de l'accusé. « Il n'y a pas de justice en Russie », lance cette dernière à l'agente publique qui s'enquiert du jugement, apparemment compatissante. « Je sais, mais, s'il vous plaît, n'organisez pas de rassemblement. Maintenant, il faut vous en aller », dit-elle d'une voix douce.

Les juges russes sont suspectés de confirmer systématiquement le point de vue de l'accusation. La police, incitée à élever les taux d'élucidation des délits, réalise souvent des enquêtes à charge. Lorsqu'ils sont traduits devant des juges, seuls 0,5 % des prévenus sont acquittés en première instance, un taux qui s'élève péniblement à 1,5 % en appel. À l'inverse, lorsque les accusés passent devant un jury populaire, ils sont 20 % à bénéficier d'un acquittement.

Le cas Zakharov serait-il une banale erreur judiciaire ? Ses collègues estiment que l'affaire a bien commencé par une instruction à charge, mais qu'elle a ensuite pris une tournure politique. Contrairement à d'autres citoyens confrontés à la justice russe, M. Zakharov disposait d'une solide défense et pouvait légitimement espérer un allégement de sa peine. Le refus de verser la contre-expertise au dossier, la sévérité de la condamnation prouvent à leurs yeux que le verdict sert à intimider le syndicat des routiers. Celui-ci sortira ainsi de la salle d'audience doublement défait : sa stratégie judiciaire balayée, ses rangs clairsemés.

Sur les routes russes, avec les camionneurs en colère

Le Monde Diplomatique - Fri, 30/12/2016 - 21:51

La crise sociale peut-elle faire ombrage aux succès diplomatiques de la Russie ? L'automne dernier, les manifestations de camionneurs contre une nouvelle taxe l'ont laissé penser. Le gouvernement a rapidement éteint l'incendie et traité ce mouvement de petits entrepreneurs issu de l'économie grise avec des égards qu'il refuse à d'autres catégories de la population.

Ces photographies de Sergei Bobylev ont été prises lors d'une manifestation de camionneurs à Khimki, en 2015. Itar-Tass Photo Agency / Alamy Stock Photo

Khimki, banlieue nord-ouest de Moscou, le 7 mars dernier. Une dizaine de camions stationnent devant un centre commercial. « Augmentation des prix : la taxe sur les routiers concerne tout le monde », « On vole les chauffeurs routiers, on dépouille les retraités », ont affiché les chauffeurs sur les pare-brise de leurs poids lourds. En se hissant sur un tas de palettes, on accède à une remorque qui sert de quartier général aux routiers encore en grève. Le véhicule offre quelques commodités : une grande table, un réchaud où grillent quelques saucisses, une imprimante et une soufflerie qui fait soudain vrombir la carcasse de fer. Les conversations s'interrompent. Il est 19 heures, deux policiers en civil s'ennuient à quelques mètres de là. Le « campement » de Khimki et son homologue de Saint-Pétersbourg réunissent les chauffeurs routiers qui refusent de rendre les armes. Ils forment la queue de comète d'un mouvement social qui a secoué plusieurs dizaines de régions russes durant l'hiver. « Depuis 1998, on n'a pas enregistré de conflits du travail aussi importants en termes de nombre de participants et de régions concernées », commente le site du Centre des droits sociaux et salariaux, qui réalise un suivi bimestriel des conflits sociaux en Russie.

Avec environ 1,8 million de poids lourds assurant le transport routier de marchandises dans le pays, le nombre de routiers approche les 2 millions (1). À ses débuts, le mouvement a été suivi par une part significative de la profession. Rien qu'au Daghestan, une république autonome du Caucase du Nord dont les camionneurs approvisionnent la Russie en produits venus d'Iran, d'Azerbaïdjan et de Turquie, les opérations escargot et autres actions ont réuni cet automne près de 17 000 personnes (2). Dans les autres régions, des centaines de rassemblements ont été dénombrés entre novembre et février. Mais ce soir-là, à Khimki, neuf grévistes seulement tiennent le campement…

Obligés d'installer dans leur cabine des mouchards GPS

Ces protestations ont rompu le consensus apparent dont jouissait le gouvernement russe dans l'opinion malgré la forte récession économique (— 3,7 % en 2015), causée par les sanctions occidentales après le rattachement de la Crimée à la Russie ainsi que par la chute des prix du pétrole dans le courant de l'année 2015 (3). La capacité de résistance de la population à l'érosion de ses revenus réels (— 4 %) aurait-elle des limites ? Les routiers sont les premières victimes de la crise. Leur activité dépend étroitement de la consommation des ménages, qui a chuté de 7,5 % l'an dernier. La mise en place en novembre 2015 d'une nouvelle taxe, dite « taxe Platon », affectée à la « réparation des dégradations causées aux routes fédérales par les véhicules de plus de douze tonnes », a mis le feu aux poudres. Les camionneurs ont le sentiment de subir une double peine. Les nids-de-poule légendaires de la voirie russe harassent leurs amortisseurs, cassent leurs reins… et ils devraient en subir le coût ! La mesure les place par ailleurs sous étroite surveillance. Ils sont désormais obligés d'installer dans leur cabine des mouchards GPS qui calculent les distances parcourues, ou encore de communiquer sur un site Internet une feuille de route avant chaque livraison. Après la première journée d'action du 11 novembre, les opérations escargot se sont intensifiées, avant qu'une partie du mouvement menace de converger vers Moscou et de bloquer l'autoroute périphérique. L'absence de coordination et les opérations de filtrage de la police ont eu raison de l'initiative : début décembre, la plupart des véhicules ont été bloqués avant d'atteindre les portes de la capitale.

« Le transport de marchandises a reculé de 10 à 15 % », estime M. Valeri Voïtko, président de l'association Dalnoboïchtchik (« chauffeur routier »), qui défend les intérêts des petites et moyennes entreprises de transport routier. « Mais la faible rentabilité du secteur, qui a chuté de 30 %, menace encore plus nos entreprises. » La taxe Platon s'ajoute à d'autres coûts en augmentation. Les pièces de rechange, importées pour la plupart, ont renchéri à cause de la chute du rouble, qui a atteint en février son plus bas niveau historique (1 dollar pour 80 roubles) depuis la dévaluation de 1998. Malgré la chute du baril, le prix du carburant à la pompe a enflé de 10 % en deux ans, à mesure que le gouvernement cherchait de nouvelles rentrées fiscales pour compenser la perte de ses revenus pétroliers. En avril, la taxe sur le gazole a été relevée de 20 %. Autre cause de mécontentement : la gestion du dispositif — depuis les boîtiers GPS embarqués jusqu'à la flotte de véhicules de patrouille chargés de verbaliser les contrevenants — a été confiée à la société RT Invest Transportnye Sistemy, dont 50 % appartiennent à M. Igor Rotenberg, le fils de M. Arkadi Rotenberg, un oligarque proche du chef de l'État Vladimir Poutine. Pour ces routiers en colère, l'« impôt Rotenberg » permet au président d'enrichir « son ami » sur leur dos. Mieux vaudrait parler d'échange de bons procédés : M. Rotenberg a accepté de construire le pont qui reliera la Crimée au territoire russe par la presqu'île de Kertch, après qu'un autre oligarque, M. Guennadi Timtchenko, eut fait défection, invoquant « une histoire très risquée ». En acceptant d'engager des fonds pour ce projet dont le coût final demeure incertain (il est estimé aujourd'hui à 3 milliards d'euros), M. Rotenberg permet la construction d'une voie d'accès vitale pour la Crimée, aujourd'hui asphyxiée par le blocus de Kiev en réponse à l'annexion.

Itar-Tass Photo Agency / Alamy Stock Photo

Toute la profession, ou presque, est vent debout. « Les grandes et moyennes entreprises de transport et de logistique sont quasiment toutes favorables à “Platon” parce qu'elles parient sur la restructuration du secteur à leur avantage. Les syndicats d'employeurs, qui représentent leurs intérêts, ne se rapprochent pas des chauffeurs protestataires pour cette raison », affirme M. Boris Kravtchenko, président de la Confédération du travail de Russie, deuxième syndicat de salariés du pays, qui revendique deux millions de membres (4). À l'inverse, les routiers protestataires sont issus de la masse des petits entrepreneurs individuels, qui possèdent entre un et cinq camions et comptent pour près de 70 % des entreprises de transport routier. « En 2001, le gouvernement a annulé le système de licences. Cette dérégulation a ouvert le marché à de nombreux chauffeurs sans qualification. Même si cela peut surprendre, la libéralisation de notre économie sous le gouvernement actuel est bien supérieure à celle de la France ou de l'Allemagne. Et cela nuit au développement du secteur », analyse M. Voïtko. Plus qu'une humeur antifiscale, la colère est celle d'un groupe social attaché à son indépendance et qui craint de disparaître. « Ils veulent nous expulser du marché, et au final nous obliger à devenir salariés des grosses boîtes », tonne M. Andreï Bajoutine, propriétaire de deux camions et coordinateur du campement de Khimki.

À 1 500 kilomètres de là, à Tcheliabinsk (sud-est de l'Oural), une dizaine de ces petits chauffeurs routiers traînent sur la stoïnka, une aire où ils parquent leurs véhicules et effectuent quelques réparations entre deux livraisons. L'heure est au désœuvrement. Entre les camions, la neige ne fondra qu'en avril ; mais, sous les châssis des véhicules qui attendent en vain un chargement, le sol est resté sec. « Les camions ne sortent plus. Ils disent que la crise est passée, mais elle ne fait que commencer pour nous », s'inquiète M. Anatoli Stakheev, un entrepreneur qui possède un camion-benne et se dit criblé de dettes. Parmi les silhouettes carrées de ces collègues, M. Anton Krylov paraît bien frêle. « Il sort d'une opération. La vie au volant lui a coûté la moitié de son estomac », commente M. Alexandre Tatarintsev, propriétaire de la stoïnka et d'une petite entreprise de transport. « Asphyxiés par les délais de livraison trop courts, beaucoup de routiers ont pris l'habitude de grignoter des soupes de pâtes chinoises sur la route et de boire de l'eau chaude pour qu'elles gonflent directement dans le ventre », précise très sérieusement M. Nikolaï Matveev, président d'un syndicat de petits entrepreneurs du transport routier basé à Miass, une ville voisine.

Au pied de la chaîne montagneuse de l'Oural, Tcheliabinsk est un point de passage vers la Sibérie orientale. Les routiers qui s'aventurent vers l'extrême est de la Russie sont appelés les zimniki (« ceux de l'hiver »). Dans ces régions, les déplacements se font en convoi afin qu'on puisse se porter secours en cas de panne. « En Iakoutie, j'ai roulé sur la glace du fleuve Léna pendant plus de mille kilomètres », se souvient un routier qui se joint à la conversation. En hiver, les fleuves gelés servent d'axes de communication dans une région où le réseau routier reste famélique et peu praticable. La nuit, il faut faire tourner le moteur à l'arrêt pour éviter que l'essence ne gèle par — 40 °C… « On devrait tout bêtement devenir chauffeurs salariés, en déduit M. Stakheev. Nombre de mes collègues ont vendu leur camion. Ils travaillent pour des chaînes d'hypermarchés : un jour de travail, deux jours de récupération, pour 40 000 roubles [530 euros], par mois », un salaire pas très éloigné du bénéfice net qu'un camionneur indépendant tire de l'exploitation d'un poids lourd : entre 40 000 et 70 000 roubles, selon l'association Dalnoboïchtchik.

Un loisir de saison : « bouksavat », ou l'art de s'embourber

Mais, plus que les salariés, les routiers indépendants se meuvent dans les méandres de l'économie grise. « Il est impossible de respecter la loi », se justifie M. Tatarintsev en donnant pour exemple la réglementation sur le tonnage. Si les routiers peinent à démêler un maquis réglementaire pas toujours cohérent, ils restent attachés aux « souplesses » qu'offre la possibilité de négocier une amende, de sous-déclarer un chargement, de payer en liquide leurs chauffeurs. « Entre 70 et 75 % du chiffre d'affaires du transport routier relève de l'économie grise : marché parallèle de carburant, travail au noir, trafic des certifications, sans compter les relations avec la police, explique M. Kravtchenko. Cette nouvelle taxe entame leur rentabilité parce qu'ils ne pourront plus utiliser les itinéraires bis et ainsi éviter les stations de contrôle de tonnage : “Platon” leur assigne un itinéraire et, en cas de détour, ils risquent une amende. Une partie des protestataires disent qu'il n'est pas nécessaire de contrôler ce marché. Mais laisser les choses en l'état, cela signifie tolérer que des chauffeurs travaillent dix-huit heures d'affilée. En ce sens, nos objectifs divergent en partie des intérêts des routiers qui protestent. »

Deux jeeps dépassent le panneau Miass. Située sur les contreforts de l'Oural, aujourd'hui sur le déclin, la ville a prospéré à l'époque soviétique grâce à l'usine de poids lourds OuralAz. C'est dimanche et, comme la chasse est fermée, M. Matveev et ses amis routiers s'adonnent à un loisir de saison : bouksavat, ou l'art de s'embourber. Hors des routes balisées, on s'enfonce dans la neige jusqu'au pare-choc — une aubaine. Les véhicules s'enlisent de longues heures, en essayant d'avancer par tous les moyens : la plus grosse cylindrée tire du bourbier la voiture plus légère, tandis qu'un treuil attaché à un sapin puis un bon coup d'accélérateur peuvent faciliter la progression. L'intérêt du passe-temps consiste à disserter sur la meilleure technique. M. Oleg Soukhov est affecté au service des verres de vodka, une fonction propice aux remémorations : « Je suis né dans un village à trois cents kilomètres d'ici, raconte-t-il devant le barbecue qui chauffe au bord de la piste. Tout était bon pour survivre : travailler comme voler. Nous étions des bandits. À 20 ans, je suis venu en ville pour gagner ma vie. Je me suis mis à racheter des coupons de privatisation (5) en association avec un autre type. Lui, il se chargeait d'investir. Je ne comprenais pas la différence à l'époque, mais maintenant c'est évidemment lui qui est devenu riche. Il contrôle le plus grand hôtel de Tcheliabinsk tout en siégeant à l'assemblée municipale. » Sans avoir fait fortune, cette génération de petits entrepreneurs qui dépasse la quarantaine a accumulé un premier capital dans les années 1990, une période durant laquelle l'économie s'est effondrée tout en basculant dans la violence mafieuse. M. Tatarintsev travaillait à cette époque dans le recouvrement de dettes, un marché tenu davantage par les gros bras que par les huissiers assermentés. Créer une entreprise dans ce contexte procure aussi certaines dispositions à l'arrangement : « Au moins, dans les années 1990, quand les bandits faisaient la loi, il y avait une forme de justice, on pouvait toujours négocier », regrette M. Soukhov.

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Le pouvoir russe se montre clément envers les camionneurs contestataires. Certes, le champ d'application de la très punitive loi sur les manifestations (6) a été élargi aux opérations escargot. Mais, à l'exception d'une condamnation pénale (lire « Dans l'engrenage judiciaire, le cas Zakharov »), aucun routier n'a pour l'instant eu à subir de peine de prison. Rien à voir avec la répression qui s'est abattue sur les derniers contestataires de l'élection de M. Poutine pour un troisième mandat présidentiel. Ces derniers ont payé très cher leur meeting du 6 mai 2012 sur la place Bolotnaïa à Moscou, un rassemblement pourtant autorisé. Accusés de participer à une opération de subversion financée par Washington, une trentaine de manifestants ont été mis en examen pour « participation, organisation ou incitation à des émeutes de grande ampleur ». Parmi ceux qui ont écopé de peines fermes allant jusqu'à cinq ans de prison, une dizaine ont été amnistiés à l'occasion de l'anniversaire des vingt ans de la Constitution de décembre 1993, après plusieurs mois d'assignation à résidence ou de détention.

Le Kremlin a su se montrer conciliant

Comme le montraient déjà en 2005 les manifestations contre la remise en cause des avantages sociaux en nature, dont les retraités composaient le gros des troupes (7), le pouvoir sait être plus conciliant envers les mouvements partis des régions (et non de Moscou), avançant des revendications sociales (et non politiques) et portés par des catégories socioprofessionnelles réputées fidèles au régime. Lors de sa grande conférence de presse annuelle, le chef de l'État a tenu des propos presque tendres envers les chauffeurs routiers : « Moi aussi, je viens d'une famille de travailleurs. (…) [Ella] Panfilova [présidente du Conseil auprès du président pour la promotion de la société civile et des droits de l'homme] est venue me voir et m'a dit : “Vous savez, ce sont des bourreaux de travail.” Ils me sont sympathiques, mais ils doivent sortir de l'économie grise, et il faut les aider à le faire. »

Les camionneurs ont rapidement obtenu quelques concessions : dès l'annonce de la première journée d'action du 11 novembre, le gouvernement a proposé un allégement provisoire de la taxe jusqu'au 29 février (8). Le 4 décembre, la Douma votait une loi qui divisait par… 90 le montant des amendes pour les mauvais payeurs. Lors de sa grande conférence de presse annuelle, le président a promis aux routiers une exemption de la taxe sur les transports (9), reconnaissant qu'elle faisait double emploi avec la taxe Platon.

Le mouvement des camionneurs s'est moins heurté à la répression qu'à ses propres divisions internes. « Je ne parlerais pas de mouvement. C'est plutôt une vague de protestations. Nous avons constaté que la coordination était très faible : chaque région avait son mot d'ordre, son calendrier », analyse M. Kravtchenko. Peu structurée, la protestation a attiré des forces politiques d'opposition à la recherche d'une base sociale. Dans la colère des routiers, elles ont vu une possibilité de critiquer un gouvernement sacrifiant la santé économique du pays au nom de son retour sur la scène internationale. Elles ont par ailleurs obligé le mouvement à se positionner — et à se déchirer — sur l'opportunité de politiser ses revendications sectorielles. Un homme d'affaires, M. Dmitri Potapenko, a mis son franc-parler, et certainement quelques finances, au service de la cause des camionneurs. Lors du Forum économique de Moscou, le 8 décembre, il a déclaré que l'administration avait porté des « coups fatals » à l'économie : l'« embargo criminel » sur certaines importations occidentales, qui provoque une envolée des prix, ou encore… l'« impôt Rotenberg ». Les routiers des campements de Khimki et de Saint-Pétersbourg s'identifient à ce modèle de réussite, bien loin des politiciens, qu'ils exècrent. M. Potapenko vient pourtant d'adhérer au Parti de la croissance, une formation qui représente les intérêts du patronat — hors secteurs pétrolier et gazier. Selon le journal économique Vedomosti, ce nouveau parti est un « bébé-éprouvette (…) baptisé à l'eau bénite du Kremlin par Viatcheslav Volodine », proche communicant de M. Poutine. Son but : à l'approche des élections législatives de septembre 2016, capter et canaliser l'électorat des petites et moyennes entreprises et maintenir dans leur marginalité les partis d'opposition libéraux et sociaux-démocrates plus critiques envers le Kremlin, comme Iabloko (qui a recueilli 1,6 % aux dernières législatives, moins que la barre des 5 % exigée pour être représenté à la Douma) ou Parnas (auquel appartenait M. Boris Nemtsov, opposant assassiné le 28 février 2015 à Moscou) (10).

Le 3 avril, les amis de M. Bajoutine, le leader du campement de Khimki, boycottent un nouveau rassemblement « anti-Platon » organisé dans la capitale. Des drapeaux d'au moins trois partis de l'opposition extraparlementaire flottent au-dessus d'une assistance clairsemée : Iabloko, Parnas ou encore le Parti du progrès, présidé par M. Alexeï Navalny, un blogueur anticorruption au passé nationaliste, devenu une des figures marquantes des manifestations de l'hiver 2011-2012. « Poutine, démission ! », scande-t-on à la tribune. Parmi la centaine de personnes présentes, M. Matveev. Comment un routier si patriote peut-il se retrouver sous les drapeaux de l'opposition libérale, régulièrement accusée de fomenter le renversement du régime ? Ce jour-là, un mouvement en perte de vitesse et une opposition dépourvue de base sociale ont compté leurs maigres forces.

La « révolution » ukrainienne fait figure de repoussoir

Tous les manifestants de cet automne ne sont pas prêts à élargir leur mécontentement à une critique du système politique. La « révolution » de la place de l'Indépendance de février 2014 qui a conduit au renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, présentée dans les médias comme une manœuvre du département d'État américain, fait fonction de repoussoir pour une majorité de citoyens russes. « Nos deux premières actions étaient spontanées, puis il y a eu cet accident [lors d'une action le 19 novembre, un chauffeur non gréviste a perdu le contrôle de son véhicule, tuant un manifestant et en blessant trois]  », avance M. Pavel Smolnyï, un jeune entrepreneur de 30 ans qui possède un unique camion. « On a alors décidé d'organiser un rassemblement autorisé dans le centre-ville. Je suis allé déposer la demande à l'administration comme on va au boulot : ça a duré une semaine entière ! On m'a demandé tout un tas d'explications, mais on a reçu l'autorisation. Selon moi, c'est normal. Regardez ce qui s'est passé en Ukraine ! »

La Russie pourrait-elle connaître une explosion sociale ? « Pas du tout, répond sans ambiguïté M. Kravtchenko. Les Russes ont enduré des crises bien plus graves. » Le mouvement des camionneurs, qui a bénéficié d'une attention soutenue de la presse papier et d'Internet — mais d'aucun journal télévisé —, est retombé. Finalement, la tentative de politisation du mouvement est allée de pair avec son affaiblissement numérique. Difficile de déterminer si les derniers contestataires ont rejoint les rangs d'une opposition marginalisée pour se sentir moins seuls ou si la politisation a fait fuir une partie de leurs propres troupes.

(1) Chiffres de l'inspection routière.

(2) Selon Kavkazski Ouzel (journal en ligne consacré à la région du Caucase), 1er décembre 2015.

(3) La dégringolade s'est poursuivie jusqu'à la mi-janvier 2016 (28 dollars le baril). À la mi-mai, le baril était remonté à 48 dollars.

(4) Il rassemble les syndicats dit « alternatifs », sans lien historique avec les syndicats soviétiques très liés à l'appareil du Parti communiste et aujourd'hui peu revendicatifs.

(5) Fin 1991, l'État a distribué des bons pour actions d'une valeur de 10 000 roubles aux citoyens, qui les revendaient bien en deçà de leur valeur faciale à des fonds d'investissement ou aux cadres dirigeants des entreprises eux-mêmes.

(6) En février 2014, le code pénal russe s'est enrichi d'un nouvel article. Désormais, participer à une manifestation non autorisée est considéré pour les récidivistes comme une infraction passible de cinq ans d'emprisonnement et de 1 million de roubles d'amende.

(7) Lire Carine Clément et Denis Paillard, « Dix éclairages sur la société russe », Le Monde diplomatique, novembre 2005.

(8) 1,53 rouble par kilomètre, contre 3,73 roubles précédemment. Par la suite, cet allégement a été prorogé jusqu'à octobre 2016.

(9) Prélevée sur tous les véhicules motorisés et proportionnelle à la puissance du moteur.

(10) Vedomosti.ru, 30 mars 2016.

‘Thank you,’ says Ban, bidding farewell to staff and delegations at UN Headquarters

UN News Centre - Fri, 30/12/2016 - 21:10
Secretary-General Ban Ki-moon said goodbye to staff and Permanent Representatives at United Nations Headquarters in New York today, saying that though he had delivered many speeches over his decade in office, he had but two important words for those gathered to wish him well: “thank you.”

Millions in Ukraine are in need of humanitarian assistance, UN relief wing reports

UN News Centre - Fri, 30/12/2016 - 19:01
According to the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), an estimated 3.8 million people in Ukraine are in need of humanitarian assistance and 2.2 million are suffering as a result of no access to quality health services.

Japan’s Defense Minister Visits ‘War Crimes Shrine’ Following Pearl Harbor Trip

Foreign Policy Blogs - Fri, 30/12/2016 - 18:06

Tomomi Inada (Katehon, 2016)

Japan’s “hawkish” defense minister Tomomi Inada (稲田朋美) has been called the “Japanese Joan of Arc” by her admirers and “Japan’s Sarah Palin” by her critics. She is considered a likely successor to current prime minister Shinzo Abe. In any case, Inada’s visit on December 29 to Tokyo’s ‘war crimes shrine‘ following her “tour of reconciliation” to Pearl Harbor with Abe has sparked anger among Japan’s neighbors—particularly China and South Korea—that suffered under Japanese occupation during World War II.

The visit is also certain to provide a nice wet lump of red meat for the Chinese government’s anti-Japanese propaganda machine. By extension, China’s anti-Japanese ire will likely be turned for propaganda purposes against Japan’s close ally, the United States; and used by China as a wedge in its efforts to pry South Korea away from the U.S.-Japan orbit. This is obviously highly unhelpful for U.S. efforts in the region.

Built in 1869, the Yasukuni Shrine (靖國神社) honors millions of Japanese soldiers who died in wars since the second half of the nineteenth century. Among those enshrined, however, are more than a thousand who are considered war criminals, including fourteen convicted Class A war criminals secretly enshrined in 1978. A visit by Prime Minister Abe to the shrine in 2013 was condemned by China, South Korea, and the United States, the latter of which had strongly advised Abe against the visit. Abe has since sent offerings but has made no further personal visits to the shrine.

Other officials have made visits, however, including the latest visit by Japan’s defense minister. For its part, the South Korean government denounced as “deplorable” Inada’s visit to the shrine. Said a statement from South Korea’s defense ministry: “We strongly condemn the Japanese defense minister’s visit to Yasukuni, which beautifies Japan’s war of aggression against its neighboring countries and honors war criminals.”

“It is deplorable that Japan’s responsible politicians visit Yasukuni Shrine that glorifies its past colonial invasions and war by housing war criminals,” said a South Korean foreign ministry spokesman, “Unless Japan demonstrates humble introspection and sincere self-reflection on its wartime past, it will not be able to gain the trust of neighboring countries and the international community.”

Tomomi Inada and Shinzo Abe (China Daily, 2016)

China likewise condemned Inada’s visit to the “notorious war-linked Yasukuni Shrine.” A statement from the Chinese foreign ministry said that “China is firmly opposed to the visit to the Yasukuni Shrine by Tomomi Inada, and China will make solemn representations to Japan.” Further outrage from China should be expected in the days to come, likely extended to the United States for its alliance with Japan.

For the moment, Chinese media seem content to depict the Americans as dupes of the wily Japanese. “Perhaps it is the Obama administration and the Americans who should feel insulted most by Japan’s tricks, rather than China and South Korea,” said the state-run Global Times, “The Americans are just a bargaining chip the Abe administration can make use of.”

Inada’s hawkish, far-right views and associations have been widely noted. She has frequently defended Japan’s actions during World War II and denied Japanese war crimes including the Nanjing Massacre and the use of women and girls in occupied countries as sex slaves (“comfort women“). In 2014, Inada and far-right politician Sanae Takaichi appeared in photos with Japanese neo-Nazi leader Kazunari Yamada.

People in China, South Korea, and other Asian nations that suffered under Japanese occupation are rightly outraged at Inada’s actions and statements. Unfortunately, however, this hawk is also a golden goose for anti-Japanese and anti-U.S. propagandists in the Chinese government with their own expansionist agenda, and an albatross around the neck for America’s Asia-Pacific alliance.

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‘Eastward Ho’ for India-led South Asia?

Foreign Policy Blogs - Fri, 30/12/2016 - 17:49

(L-R) Leaders of Nepal, Bhutan, Sri Lanka, India, Bangladesh, Myanmar and Thailand at the BRICS-BIMSTEC Outreach Summit, India.

Trade blocs across the globe have often been just as much, if not more, instruments of geopolitics as they have been about commerce. A gradual but definite swell in cooperation between the South Asian nations east of Pakistan currently is playing witness to the age-old truism.

With South Asian Association for Regional Cooperation (SAARC) currently lying comatose due to the India-Pakistan conflict, India is now citing the Bay of Bengal Initiative for Multi-Sectoral Technical and Economic Cooperation (BIMSTEC) as an alternative that may potentially isolate Pakistan in South Asia.

India’s increased activities within and with BIMSTEC nations is a clear warning by India to Pakistan over the current deadlock of dialogue between the two countries because of the terror attacks on Indian soil, almost all of which emanate from Pakistan.

After pulling out of the 19th SAARC Summit in Islamabad in November 9-10, 2016, which led to pull outs by all the remaining member nations too, India – along with Bangladesh – did not attend a three-day regional conference held in Islamabad beginning December 19 to  promote innovation for sustainable development and discuss strategy of the Asian and Pacific Centre for Transfer of Technology (APCTT). The conference, significantly, was held under the aegis of the United Nations.

On the other hand, India went out of the way to promote BIMSTEC at the 8th BRICS (Brazil, Russia, India, China, and South Africa) Summit in Goa, India on October 15-16. Dubbed as one of the highlights of the Summit by many in India, the host nation facilitated a BRICS-BIMSTEC Outreach Summit, where the BRICS leaders met the heads of government of the BIMSTEC countries.

The selection of BIMSTEC for engagement with BRICS was both significant and deliberate by India.

While it fits India’s long-term Act East Policy, which aims at strengthening trade and bilateral relations with the South-East Asian nations, with India’s northeast region as the transit base, the October invitation to BIMSTEC to the BRICS summit also suited India’s immediate concerns.

In a major victory for India against Pakistan, BIMSTEC Leaders’ Retreat 2016 Outcome Document reiterated its stand:

“We strongly believe that our fight against terrorism should not only seek to disrupt and eliminate terrorists, terror organisations and networks, but should also identify, hold accountable and take strong measures against States who encourage, support and finance terrorism, provide sanctuary to terrorists and terror groups, and falsely extol their virtues. There should be no glorification of terrorists as martyrs.”

The statement was a near replica of the one released later by the boycotting SAARC member states at the time of pulling out of the Summit in Islamabad in November.

In other words, by trade or by trick, India had managed to get all the South Asian nations—and indeed Thailand and Myanmar—together to send a message to Pakistan to put a lid on terror activities emanating from its soil.

It was as much a diplomatic victory for India as it was an expression of exasperation of the other nations with regards the comatose nature of cooperation in South Asia via SAARC due to the conflict between the two biggest member states of the Association.

The boycott of events and the pointed nature of joint statements is not an ad-hoc development. As stated earlier, it is India taking a lead out of the general exasperation of the South Asian nations – particularly India and Bangladesh—with the issue of Pakistani-originating terror completely bringing to halt any future-looking trade and development issues of the region.

To that effect, India in September 2016 approved $1.04-billion for constructing and upgrading 558 km of roads to link it with Bangladesh, Bhutan, and Nepal and ease the movement of passengers and cargo within the region.

Funded equally by India and the Asian Development Bank (ADB), the primary purpose of the Bangladesh-Bhutan-India-Nepal (BBIN) road initiative is to increase the intra-regional trade by over 60%.

A much more expansive project than BBIN is the  Mekong-Ganga Cooperation (MGC), which though was established way back in 2000 in Laos, is receiving renewed attention. Named after Ganga and Mekong, the two of the largest rivers of the region, the grouping is about building tourism, culture, education and transportation linkages between India, Thailand, Myanmar, Cambodia, Laos and Vietnam.

While MGC might not be moving as well as the promoters would’ve liked it to, there are other examples that actually are.

The Kaladan Multi-Modal Transit Transport Project has been identified for special focus by the BIMSTEC Transport Infrastructure and Logistics Study (BTILS). It will connect the eastern Indian seaport of Kolkata with Myanmar’s Sittwe seaport by sea in the first phase – and then link Sittwe to Paletwa in the same country via Kaladan River route, before connecting Paletwa to the Indian state of Mizoram by road. Originally scheduled to be completed by 2014, it is running behind schedule, but moving well now.

Another one identified by the BTILS is the India–Myanmar–Thailand (IMT) Trilateral Highway, an under-construction highway that will connect Moreh in India with Mae Sot in Thailand via Myanmar. The road had a trial run in November 2015 itself, with Indian vehicles traveling to Naypyidaw in Myanmar via the Imphal-Mandalay-Bagan-Naypyidaw route and back. Myanmarese vehicles had joined the Indian vehicles on the return journey.

With a clear view of expanding the India-ASEAN Free Trade Area trade, India has proposed extending the highway to Cambodia, Laos, and Vietnam.

The most interesting one, however, is the Bangladesh, China, India and Myanmar (BCIM) Economic Corridor. The multi-modal (road, rail, water and air linkages) corridor will be the first expressway between India and China and will pass through Myanmar and Bangladesh—covering a total area of about 1.65 million square kilometers.

This is interesting because it brings together two traditional and intense rivals, India and China—and also because China has put all its eggs in the Pakistani basket in the longstanding India-Pakistan conflict, the very reason for which India is looking and leading other nations eastwards.

There remain many miles before all the mentioned projects lay the final brick. But it is amply clear that the terrorism emanating from Pakistan—and indeed the steadfast refusal by the Pakistani government to both stop supporting the terror groups and acknowledging their presence on its soil—has led to a steady rise in activities on the east of South Asia. At the moment, it is indeed ‘Eastward Ho’ for the India-led South Asia.

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UN experts criticize Ecuador’s ‘strategy to asphyxiate’ civil society human rights groups

UN News Centre - Fri, 30/12/2016 - 17:18
Five United Nations human rights experts have condemned Ecuador for suppressing civil society following a Government order to close a non-governmental organization (NGO) that supports environmental and indigenous rights.

Defending Space: Preserving U.S. Superiority in the Skies

Foreign Policy Blogs - Fri, 30/12/2016 - 17:13

(War on the Rocks)

On December 27, 2016, China’s State Council Information Office published a white paper outlining the plans for a new and expanded national space program which aims to become the first country to soft land a probe on the far side of the moon. The white paper states that Change-4 spacecraft will, through the new lunar exploration project, better examine the evolution of the moon and will carry out a low-frequency radio astronomy observation around the landing site.

It also restated China’s ambitions to send a mission to Mars by 2020. According to the white paper, in the next five years, China will continue to enhance the basic capacities of its space industry, and strengthen research into key and cutting-edge technologies.

Since sending its first satellite into orbit in 1970, almost two decades after Soviet Union’s Sputnik 1, China has been consistently funding its space program, with ambitions to both compete in the U.S. dominated global satellite networks and also to boost its military modernization.

China’s recent increased focus on enhancing its military and space capabilities are not without basis. The space environment is more competitive than ever as states are striving to benefit from space-enabled technologies and move their defense capabilities above the earth to gain a clear-eyed look at the conflict-ridden world.

Even though the militarization of space started during the Cold War years, technological developments and (unclassified) tests proved that we are now closer to an actual warfare in space. Over the past few years, China and Russia have been gradually strengthening their space-provided weapon capabilities, specifically focusing on anti-satellite defense strategies and technology.

(War on the Rocks)

For example, Russia recently launched an anti-satellite weapon into the space, the latest in a number of weapons led under Putin’s administration. The test of the PL-19 Nudol missile was carried out on December 16 from a base in central Russia, and was monitored by U.S. intelligence agencies. It was the fifth test of the Nudol missile and the third successful flight of a system Moscow has claimed is for use against enemy missiles, said officials familiar with the reports of the launch.

With modern armies and much of the world’s economy dependent on the information, imagery and communication systems supported by satellites in orbit, it is no surprise that providing assets in space is a high priority for national security and provides a competitive edge in deterrence as part of defense strategies globally.

As a global force, Washington has many reasons to further explore technology options in space for military capabilities as well. Instead of exhaustive deployments, the space domain successfully facilitates the U.S. to overcome the financial and political borders, allowing for greater force projection. As a result, the U.S. military depends critically on its orbital assets for navigation, intelligence exercises, accuracy, communication, early warning and other activities.

While being the leader in space and military technologies provides advantages for the U.S., its heavy reliance on these technologies also entails dangers. The existing U.S. power in space could give challengers incentives to attack its infrastructure in orbit or develop technologies to obscure satellite vision, essential for military communications and location accuracy.

In the infamous 2007 incident, China tested and demolished one of its own satellites, resulting the largest recorded creation of space debris with more than 2,000 pieces. Irrespective of labeling it as a scientific exploration accident, this is a close example of what could become an anti-satellite weapon threatening to destroy U.S. investments in space.

(Vice News)

While historic rivalseven though how we label Russia and China may soon changealso depend on space for their military capabilities, they are less dependent on these assets since neither state has as much investments as the U.S. do on orbit and since their power is initially aimed within their geographic regions, they can successfully rely on earth-based technologies and traditional military capabilities for their short to medium term goals. In the long term, however, it would benefit any opposition to U.S. significantly if they could simply take down its satellites, essentially eyes and ears of the U.S. national defense.

“China’s aspirations are driven by its assessment that space power enables the country’s military modernization and would allow it to challenge U.S. information superiority during a conflict,” states the 2015 Report to Congress of the China-U.S. Economic and Security Review Commission and besides the national security concerns and military aptitudes, it underlines that the humanity depends on space systems for communication, exploration, navigation and a host of other functions essential to modern life.

If the U.S. wants to preserve its superiority, not dominance, in the face of increasing threats to its strength in space, it will need to invest in strategies to deter attacks on its orbital assets. And while working on deterrence strategies, it will also need to take additional steps to plan for a potential war in space, by providing the necessary financial and political support to defense forces and also administrating space programs with both deterrence and readiness in mind, all while keeping a close eye on what others are conducting in orbit.

A good place to start could be improving the space situational awareness programs and investing in technologies which makes managing and operating space systems more resilient. According to a Government Accountability Office report, situational awareness in space remains limited despite halting attempts at improvement. This means more land-based radar and optical telescopes, as well as space-based visible optical telescopes to track the 22,000 currently active and dead satellites, junk, and debris.

If the U.S. took no action at all, China and Russia would no doubt continue to grow their space-provided capabilities and could eventually undermine the American strategic advantage in space. Others would surely follow to catch up and take their place in the renewed space-front.

Striving to maintain American superiority in space does not just protect the U.S., but considering the alternatives, also makes the world a safer place.

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Avis de gros temps sur l'économie russe

Le Monde Diplomatique - Fri, 30/12/2016 - 16:32

A chaque saison son choc. Après l'annexion de la Crimée au printemps, l'escalade des sanctions cet été, la chute brutale du prix des hydrocarbures cet automne, l'économie russe subit l'effondrement du rouble depuis novembre dernier. Rouvrant les cicatrices des années 1990, cette crise de change laissera des traces. Car elle expose au grand jour des faiblesses structurelles longtemps sous-estimées par le pouvoir.

Si le rattachement de la Crimée est interprété au Kremlin comme un succès militaire et politique, le bilan économique de l'année 2014, marquée par l'adoption de sanctions occidentales à l'encontre de la Russie, est loin d'être positif. L'ampleur de la chute du rouble vis-à-vis du dollar (— 42% entre le 1er janvier 2014 et le 1er janvier 2015) a effacé les gains de puissance économique relative réalisés depuis 2009. Le pays a rétrogradé du dixième au seizième rang mondial en termes de produit intérieur brut (PIB) au taux de change courant. Les autorités visaient une inflation réduite à 5 % ; elle a plus que doublé et s'établit à 11,4 %. La croissance devait se redresser à 3,5 % ; dans le meilleur des cas, elle sera nulle en 2014 et fera place à une récession en 2015 (entre — 3 % et — 4,5 % selon les prévisions du gouvernement). La diversification industrielle devait être relancée ; la production d'automobiles a chuté lourdement. Le leader Avtovaz a déjà supprimé plus de dix mille postes et s'apprête de nouveau à licencier. Si la situation continue de se dégrader, nul doute que ses concurrents lui emboîteront le pas.

La persistance d'une forte inflation dans une période de stagnation a pour conséquence d'aggraver les inégalités de revenus réels et de déprimer la consommation. Le commerce de détail, après avoir longtemps résisté, a commencé à céder. Du côté des entreprises, l'investissement, nerf de la guerre pour la modernisation de l'économie russe, confirme et amplifie un repli amorcé au printemps 2013. Il continuera en 2015 sur cette pente descendante, compte tenu des taux d'intérêt directeurs portés à 17 % par la banque centrale en décembre pour limiter la dérive du change et de l'inflation. Par ailleurs, le système financier russe n'est plus en mesure d'apporter les liquidités nécessaires : les sanctions (lire la chronologie « L'escalade des sanctions ») obligent les grandes banques à modifier le cœur de leur modèle économique, qui reposait sur l'emprunt en devises à bas taux d'intérêt sur les marchés internationaux combiné à des prêts à taux d'intérêt plus rémunérateur en roubles sur le marché national. L'épargne nationale en roubles ne suffira pas aux besoins de l'économie russe, tant elle est découragée par l'inflation.

Les fleurons nationaux commencent eux aussi à souffrir. Si, en 2014, un nouveau record de production de pétrole vient d'être battu, cette progression risque de rester sans lendemain car la croissance des volumes extraits ralentit depuis 2011. Elle est portée par les compagnies privées, désormais minoritaires dans le paysage énergétique russe. Le géant Gazprom a quant à lui enregistré une chute de 9 % de l'extraction de gaz en 2014. Jamais depuis sa création, son niveau de production n'avait été aussi bas.

Pressions sur les ressources publiques

Dans la conjoncture actuelle, l'investissement dans les technologies permettant de mettre en valeur les gisements non conventionnels et de grande profondeur devient crucial. Les restrictions occidentales sur les transferts de technologie aux compagnies pétrolières et gazières russes obèrent sérieusement leurs perspectives de développement, notamment en Sibérie orientale et dans l'Arctique. Confronté à une situation financière délicate, Gazprom vient de renoncer au South Stream, le projet de gazoduc devant approvisionner l'Europe en contournant l'Ukraine par le sud, pour déployer davantage de ressources vers la Chine et le nouveau gazoduc oriental. Selon toute probabilité, le retard d'investissement ne sera pas rattrapé dans les années qui viennent.

Certains secteurs de l'économie affichent de meilleurs résultats. C'est le cas de l'agriculture, qui a enregistré des récoltes record en 2014. En pareil cas, la Russie devient habituellement l'un des principaux exportateurs mondiaux de céréales. De plus, la chute du rouble se combine aux volumes produits pour offrir des possibilités redoublées. Mais, par crainte d'une hausse des prix intérieurs, le gouvernement a cru bon de freiner administrativement les exportations, avec pour effet pervers de limiter la capacité des agriculteurs russes à acheter en devises étrangères les intrants (semences, engrais…) nécessaires à leur production future.

A mesure que la crise mord sur des secteurs-clés de l'économie, l'Etat subit une pression croissante de la part des acteurs touchés. Celle-ci est d'abord venue du secteur énergétique : Rosneft, Novatek et Lukoil ont obtenu durant l'été des financements de plusieurs milliards de dollars, soit directement tirés des fonds publics, soit via des banques non touchées par les sanctions. En juin, M. Vladimir Poutine avait déjà chiffré les besoins en capitaux supplémentaires de Gazprom à 50 milliards de dollars, avant que l'entreprise ne publie ses premières pertes trimestrielles depuis 2008, attribuées à des retards de paiement ukrainiens.

Cette première salve a été bientôt suivie d'une autre dans le secteur bancaire : le gouvernement a annoncé début septembre une série de recapitalisations pour VTB, Rosselkhozbank et Gazprombank notamment. Tout comme Sberbank, première banque du pays, VTB est présente en Ukraine, où la situation est encore plus dégradée qu'en Russie. Ces établissements, par ailleurs coupés des marchés internationaux de capitaux, sont donc touchés doublement. Le gouvernement, qui fait du secteur bancaire sa priorité, prévoit de le renflouer à hauteur de 18 milliards de dollars durant le premier trimestre 2015.

L'appareil militaro-industriel constitue le troisième groupe de pression ayant actuellement une influence réelle sur le pouvoir politique. Avec les succès obtenus sur le terrain en Crimée et au Donbass — où sa présence est toujours niée par les autorités —, ses responsables sont désormais en position de force pour négocier la sécurisation de leurs moyens (+ 11 % prévus dans le projet de budget 2015). Les conflits de répartition vont donc s'intensifier. Dans quelques mois, les effets de l'inflation et de la détérioration de l'activité industrielle risquent d'ajouter de nouvelles pressions, politiques et sociales, à celles des secteurs bancaire, énergétique et militaire. Compte tenu de la nature fédérale de l'Etat, c'est vers les budgets municipaux et régionaux que se tourneront les revendications. Or ceux-ci souffrent déjà depuis la récession de 2009.

Fardeau de l'endettement extérieur

La Russie vendant son pétrole en dollars, un baril lui rapporte d'autant plus de roubles que sa devise nationale est faible. Mais la chute du rouble n'a pas suffi à compenser la dégringolade du prix du pétrole : sur l'année, le prix du baril Oural (unité de référence en Russie) exprimé en roubles a perdu 14 %. Par ailleurs, avec une monnaie aussi dépréciée, la capacité de l'économie russe à se procurer les importations indispensables en technologies et biens d'équipement pour lesquelles il n'existe aucun substitut à court terme en Russie a été divisée par près de deux.

Les projets de privatisation, qui pourraient procurer des recettes de substitution, restent dans les cartons en raison du contexte économique incertain. Le gouvernement s'abstient aussi de recourir à l'emprunt, car, si l'endettement propre de l'Etat demeure très faible (12 % du PIB, lire l'encadré « Un Etat producteur mais peu protecteur »), celui des grandes entreprises publiques — en devises — s'avère très lourd. Alors que les agences de notation internationales multiplient les avertissements sur la dette souveraine, le ministère des finances a renoncé à plusieurs reprises à émettre des obligations d'Etat, les conditions du marché étant défavorables. Le fardeau de l'endettement extérieur peut s'avérer létal pour des agents économiques fortement engagés qui ne peuvent compter sur un renouvellement de leurs emprunts.

Sur le plan financier et commercial, un nouveau problème est désormais posé aux autorités monétaires : celui de la volatilité du rouble vis-à-vis de l'euro et plus encore du dollar. Cette instabilité soulève une difficulté au moins aussi redoutable que la faiblesse de la monnaie ou que les sanctions. Elle déprime le commerce extérieur en renchérissant la couverture contre le risque de change que les entreprises tant nationales qu'étrangères doivent contracter pour poursuivre leurs activités.

Jusqu'ici, les sirènes prônant des restrictions aux flux de capitaux n'ont pas réussi à séduire les autorités monétaires. L'option reste néanmoins sur la table, avec ses avantages — mettre le rouble à l'abri de la spéculation et redonner de l'autonomie à la politique monétaire — et ses limites — réduire les financements en provenance des investisseurs étrangers directs, aggraver la frilosité des investisseurs et multiplier les occasions de corruption et de développement des marchés parallèles. D'ores et déjà, le gouvernement a annoncé qu'il obligerait cinq grandes compagnies exportatrices (Gazprom, Rosneft, Alrosa, Zaroubejneft, Kristall Production Corporation) à vendre dans les semaines qui viennent les devises accumulées depuis octobre 2014 (soit 40 à 50 milliards de dollars), pour reconstituer les réserves de la banque centrale et soutenir le rouble (1). A l'avenir, d'autres mesures administratives pourraient s'ajouter à celle-ci.

Le régime recherche d'autres perspectives économiques. La mise en œuvre de l'Union économique eurasiatique (UEE) avec le Kazakhstan et la Biélorussie, rejoints depuis le 1er janvier 2015 par l'Arménie, avant de l'être par le Kirghizstan dans le courant de l'année, s'inscrit dans cette logique. Sans l'Ukraine, ce projet revêt bien sûr beaucoup moins de sens d'un point de vue économique. L'enthousiasme des premières années a laissé place à des critiques de plus en plus ouvertes parmi les fondateurs. Mais la dimension symbolique du projet demeure essentielle pour M. Poutine.

De même, l'appartenance au groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui a constitué un sujet de fierté et d'optimisme durant ces dernières années, tarde à porter ses fruits économiques, sauf si on lui attribue la signature récente d'accords d'exportation de centrales nucléaires russes avec New Delhi et Pretoria. Deux organismes financiers multilatéraux (Nouvelle Banque de développement et Dispositif de réserves contingentes) ont été lancés au sommet des Brics de Fortaleza (Brésil) en juillet dernier et doivent entrer en fonction en 2016, ce qui représentera une première. Toutefois, les conditions concrètes de leur fonctionnement restent à établir, en particulier le type de conditionnalités qui sera pratiqué pour l'octroi de prêts.

Se tourner vers la Chine ?

C'est surtout dans sa relation avec la Chine que la Russie a réussi d'importantes percées en 2014. Au-delà de l'accord permettant de régler des échanges bilatéraux sans passer par le dollar, la question du gaz a retenu l'attention. La construction du gazoduc qui permettra de relier directement les gisements russes au territoire chinois a été décidée le 21 mai 2014. Cette décision boucle fort opportunément des négociations menées depuis plus de dix ans et offrant à Gazprom ses premières perspectives réelles de diversification de ses débouchés. Compte tenu des délais de mise en œuvre, les premières retombées concrètes des accords ne sont pas attendues avant 2018, soit bien au-delà de l'horizon qui importe aujourd'hui. Dans l'intervalle, la Chine semble prête à subvenir aux besoins de plus en plus pressants en devises des grandes compagnies russes. Elle trouve sans doute trop belle cette occasion de faire un pied de nez aux sanctions occidentales et d'affirmer sa capacité d'intervention en tant que nouvelle grande puissance financière.

La Russie n'est pas seulement prisonnière des positions géopolitiques sur lesquelles campe son président à propos de l'Ukraine. Elle est prise dans une contradiction entre deux objectifs économiques dont la poursuite simultanée n'est pas tenable. Le premier consiste à fonder le renouveau économique sur l'attractivité internationale du territoire. On peut lire cette tendance dans l'accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), devenue réalité en 2012, dans l'objectif maintes fois rappelé par M. Poutine de hisser le pays à la vingtième place du classement Doing Business de la Banque mondiale d'ici 2020, dans celui de faire de Moscou un centre financier international et d'attirer toujours plus d'investissements directs étrangers, ou bien dans l'idée, datant de l'intérim Medvedev (2008-2012), de créer des pôles technologiques à vocation mondiale, comme celui de Skolkovo. Le second axe de développement, orthogonal au premier, consiste à bâtir un modèle économique et institutionnel autochtone, reposant sur des normes propres et abrité pour cette raison d'une concurrence mondiale présentée comme menaçante. Fondamentalement, cet objectif s'est traduit par les mesures protectionnistes prises après la récession de 2009 et par les premières réactions, en 2013, de la Russie à l'accord de libre-échange proposé à l'Ukraine par l'Union européenne. C'est aussi lui qui teinte le projet de l'UEE, qui fonctionne selon des règles très directement inspirées par la Russie. Depuis l'annonce des sanctions occidentales, ce second axe a trouvé une nouvelle vigueur et domine largement les discours tenus sur la scène nationale.

Si les conditions géopolitiques ne changent pas, les sources privées de financement ont toutes les chances de continuer de s'amenuiser dans les prochains mois. Les comptes publics resteront aussi sous pression, ce qui va motiver de nouvelles quêtes de liquidités des autorités russes, notamment vers la Chine. Pékin pourrait trouver intérêt à prendre des options sur des actifs tangibles (parts de gisements, parts du capital de sociétés) en Russie. Mais, pour des raisons d'occupation de l'espace, de démographie et de dynamiques économiques et migratoires, les relations entre les deux voisins restent empreintes de méfiance. La puissance économique de la Chine représente aujourd'hui plus de dix fois celle de la Russie, et sa dynamique récente est tout autre. Les dirigeants russes savent aussi que l'intensification des relations commerciales bilatérales a de fortes chances de hâter la désindustrialisation de leur pays. Or cette perspective contredit la stratégie économique menée jusqu'à maintenant, qui érige en priorités nationales la diversification industrielle et le maintien de l'emploi dans le secteur manufacturier.

Aux niveaux actuels du rouble et du prix du pétrole, l'économie russe se trouve dans une impasse. La dégradation de la situation découle de l'annexion de la Crimée et du conflit dans le Donbass, mais aussi des fragilités structurelles de l'économie russe que la crise actuelle a révélées. Trois de ces fragilités méritent d'être soulignées : la première est la paradoxale faiblesse de l'Etat. Omniprésent depuis 2000, il s'est pourtant montré de moins en moins en mesure d'exister en dehors de la figure de son chef actuel et d'assurer son rôle d'institution capable de dépasser les intérêts particuliers. La deuxième est la concentration des ressources du pays dans les secteurs énergétique et financier, tous deux contrôlés par une oligarchie ayant conservé, tout au long des années 2000, une forte influence sur l'appareil d'Etat. La troisième est le sous-développement persistant des infrastructures de maillage de l'immense territoire du pays, qui limite l'efficacité et la résilience des activités qui s'y développent.

Parce qu'il a fourni au pouvoir l'occasion de lui imputer la responsabilité des difficultés actuelles, le durcissement des sanctions occidentales en juillet 2014 a été politiquement contre-productif. Il revient donc aux puissances européennes — au sein desquelles la France a toutes les raisons et les moyens de jouer un rôle moteur — de proposer une sortie par le haut à M. Poutine. Les possibilités de partenariats mutuellement bénéfiques entre l'Union européenne et la Russie sont légion : administration publique, infrastructures, nouvelles technologies, enseignement et recherche, transition énergétique… Conditionnées à une coopération effective dans le règlement du conflit ukrainien, ces perspectives peuvent offrir une issue à l'impasse dans laquelle l'économie russe est engagée. Si, au contraire, il est placé au pied du mur, le pouvoir en place risque de se crisper plus encore, nourrissant l'isolement, le nationalisme et le revanchisme. L'histoire de l'Europe nous montre que cette voie ne mène qu'à la désolation. Européens et Russes devraient donc se donner les moyens d'une levée des sanctions.

(1) Russian Legal Information Agency (Rapsi), 23 décembre 2014, www.rapsinews.com

Trump and al-Sisi Set to Launch Strategic Rapprochement

Foreign Policy Blogs - Fri, 30/12/2016 - 15:47

Donald Trump meets with Egyptian President Abdel Fattah Sisi. (Dominick Reuter / AFP-Getty Images)

As President-elect Donald Trump prepares to take office next month, concerns about the direction of U.S. foreign policy in the Middle East is already looming in the air. With the Trump administration at risk of triggering tensions with traditional American allies in the region, in particular those in the Persian Gulf, there are also high expectations for a fresh start with the others. Indeed, Egypt’s strongman President Abdel Fattah al-Sisi could emerge as one of the potential winners of the Trump foreign policy.

There is little secret that relations between Obama and al-Sisi have been marked by persistent tensions that affected bilateral relations. The Obama administration’s support for the Arab Spring largely discredited the White House’s credibility among the higher ranks of the Egyptian political establishment and, in particular, within the Egyptian army.

Indeed, the Obama’s foreign policy in the Middle East remained an epitome of “the divide and rule” strategy for many in Egypt. With a direct meddling into domestic affairs, it was viewed as continuation of efforts for causing a controlled havoc across the Arab world that started during the George W. Bush Presidency.

Despite friendlier recent statements from the White House towards Egypt, the relations between Obama and al-Sisi remain complicated. However, the situation might take a dramatic turn after Trump’s inauguration.

The “friendship” between Trump and al-Sisi began even before the Republican candidate won the elections in November. Al-Sisi met Trump in New York in September, and the meeting resulted in the Egyptian President calling Trump “a strong leader”, while Trump responded by calling al-Sisi “a fantastic guy.”

Meanwhile, many in the Middle East treated the news of Trump’s election with deep concerns; al-Sisi welcomed it with enthusiasm. The Egyptian President was the first world leader to congratulate Trump on his victory, highlighting hopes for a “new spirit into US-Egyptian relations.”

Al-Sisi’s support for Trump might come as a surprise to many. Egypt is one of the world’s most populous Muslim nations and Trump still maintains its hardline stance on implementing the ban on Muslim immigrants to the United States. However, the Egyptian President foresees future benefits of the President-elect foreign policy that outweigh its provocative statements.

Despite Trump’s hardline anti-Muslims rhetoric, he emerges as a game-changer to the Obama U.S. foreign policy in the region. For example, Trump’s views on Muslim Brotherhood resembles those of al-Sisi. The organization is currently categorized as a terrorist group in Egypt, and Trump labels it as “radical”.

Similarly to al-Sisi, Trump is also supportive of a Russian-led campaign in Syria and interprets it as a part of greater efforts of a “war on extremism”. Moreover, Trump seems willing to cooperate with the Kremlin in halting the expansion of radical jihadists across the Middle East. This is a crucial point for Cairo which is deeply concerned by the surge of extremists both in its immediate neighborhood and in the Sinai Peninsula.

Both Trump and al-Sisi also share a mutual appreciation for a strongman leadership. Trump has already demonstrated during the meeting in September that he does not intend on lecturing Cairo for its disregard for human rights.

In fact, the bilateral relations under the Trump administration might resemble those when George W. Bush was U.S. President and paid less attention, relatively to Obama, to the issue of “democratization in Egypt.” It is fair to say that Bush and Mubarak still butted heads over issues of human rights; but Trump is likely to be even less concerned.

Cairo is also hoping that Trump’s policy might contribute to opening ways for a thaw in U.S.-Russia relations,. Cairo and Moscow have become close friends over the past several years and their ties have grown even stronger after the Kremlin launched its military campaign in Syria.

Overall, the strategic rapprochement between Egypt and the United States could deliver a long-awaited balance to the Egyptian foreign policy while opening more opportunities for maneuvers between the White House and the Kremlin. Furthermore, the improved relationship will likely elevate Cairo’s stance within the regional balance of power, breaking away from its dependence on the Gulf monarchies—which became extremely burdensome after the Arab Spring.

Cairo’s expectations of the Trump’s policy could shed light on the Egypt’s recent decision to postpone a vote on a UN Security Council resolution against Israeli settlements—a move that caused many in the Arab world to raise eyebrows. Indeed, while many in Egypt are extremely critical of Israeli actions in the West Bank, it was important for al-Sisi to accentuate on the readiness for a fresh start with the incoming Trump administration.

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Palestine : l’histoire avance plus vite que les idées

Politique étrangère (IFRI) - Fri, 30/12/2016 - 08:00

Pour terminer cette sélection d’articles qui ont marqué les 80 ans de la revue, nous vous proposons de lire un dernier texte phare, écrit par Sari Nusseibeh : « Palestine : l’histoire avance plus vite que les idées », publié dans le numéro d’automne 2013 (n°3/2013).

Sari Nusseibeh est un des grands intellectuels palestiniens contemporains. Il a été président de l’université Al-Qods de Jérusalem de 1995 à 2014. En 2002, il a proposé un plan de paix avec Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet (service de renseignement intérieur israélien). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont What is a Palestinian State Worth? (Harvard University Press, 2011) et Une allumette vaut-elle toute notre philosophie ? (Flammarion, 2012).

« Près d’un demi-siècle après l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et 20 ans après la signature des accords d’Oslo, l’Union européenne (UE) commence à réaliser que l’absorption de cette partie du territoire occupé par Israël rend impossible une solution classique à deux États. La création d’un État palestinien le long des frontières de 1967 ayant pour capitale Jérusalem-Est ne paraît en effet plus réalisable. Les responsables européens ont brusquement pris la mesure de la multiplication des atteintes commises par Israël à l’encontre de la population arabe dans cette partie de la ville et ont estimé qu’il était urgent d’agir. Ainsi Jérusalem-Est commence-t-elle à figurer dans les rapports officiels de l’UE et dans le plan de soutien financier de l’UE au prétendu processus de création d’un État palestinien.

Comme Palestinien de Jérusalem, j’ai désespérément tenté pendant 20 ans d’attirer l’attention de l’UE et d’autres émissaires internationaux sur les effets néfastes de la politique israélienne sur une solution à deux États. Je ne sais donc pas si je dois ressentir du soulagement ou de la colère. D’une part, il est positif que la communauté internationale voie enfin les choses en face. De l’autre, il est frustrant de constater que cela arrive trop tard : quoi que l’on fasse aujourd’hui, on ne pourra revenir en arrière. La Jérusalem-Est qui était appelée à devenir la capitale d’un futur État palestinien a tout simplement cessé d’exister. […] »

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In December alone, UN food relief agency assists one million people in northeast Nigeria

UN News Centre - Fri, 30/12/2016 - 06:00
In December, the United Nations food aid agency has delivered food or cash to more than a million people in conflict-affected zones in northeast Nigeria, meaning that over half of those in need of urgent humanitarian assistance have now been reached.

Gambia: UN chief congratulates President-elect Adam Barrow

UN News Centre - Thu, 29/12/2016 - 23:14
Secretary-General Ban Ki-moon today called Adam Barrow, the President-elect of Gambia, to congratulate him on his electoral victory and to reiterate the commitment of the United Nations to support a peaceful, timely, and orderly transfer of power.

UN aid wing cites ‘deep concern’ at surge in attacks on relief workers in Central African Republic

UN News Centre - Thu, 29/12/2016 - 22:59
The United Nations relief wing today voiced deep concern at the resurgence of attacks against humanitarian workers in crisis-gripped Central African Republic (CAR).

INTERVIEW: Stop dividing humanity into “us and them” – UN Deputy Secretary-General Jan Eliasson

UN News Centre - Thu, 29/12/2016 - 21:59
Jan Eliasson took up the job of Deputy Secretary-General of the United Nations in July 2012, and while the post has been challenging, it has not proved daunting for the Swedish national – a veteran of international affairs, with decades of diplomatic experience in world capitals and conflicts.

UN study reveals record number of demolitions in occupied Palestinian territory in 2016

UN News Centre - Thu, 29/12/2016 - 21:24
A recently completed United Nations study indicates that during 2016, Israeli authorities demolished or seized 1,089 Palestinian-owned structures throughout the West Bank – including East Jerusalem – thus displacing 1,593 Palestinians and impacting the livelihoods of another 7,101.

Syria: UN envoy welcomes new ceasefire between Government and opposition groups

UN News Centre - Thu, 29/12/2016 - 19:30
The United Nations envoy for Syria has welcomed the announcement of a nationwide ceasefire between the Government and armed opposition groups that would come into effect at midnight tonight.

UN experts applaud US decision to dismantle ‘discriminatory and ineffective’ counterterrorism programme

UN News Centre - Thu, 29/12/2016 - 17:46
Two United Nations human rights experts welcomed a decision by the United States to dismantle a national registry program targeting people visiting from countries that are home to active terrorist groups, a program that the experts labelled “discriminatory and ineffective.”

L’art de conduire une bataille

Politique étrangère (IFRI) - Thu, 29/12/2016 - 08:00

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère (n°4/2016). Rémy Hémez propose une analyse de l’ouvrage de Gilles Haberay et Hugues Perot, L’art de conduire une bataille  (Pierre de Taillac Editions, 2016, 238  pages).

Gilles Haberay et Hugues Perot, tous deux saint-cyriens, officiers de l’armée de Terre et fantassins, s’évertuent à transmettre leur passion de la tactique. Trop souvent, cette dernière est vue comme un objet d’étude secondaire, réservé aux seuls praticiens ou aux spécialistes d’histoire militaire. Il s’agit pourtant d’un art complexe qui mérite d’être analysé, car « si la bataille est, par essence, le moment du choc physique de deux armées, elle est aussi le résultat de l’affrontement de deux systèmes de planification, de conduite et de commandement, en vue d’atteindre un objectif tactique ». La tactique décide bien souvent du sort des batailles. Aussi une connaissance minimale de ses ressorts est-elle indispensable à tous ceux qui s’intéressent aux conflits. Cet ouvrage offre une excellente introduction aux problématiques tactiques à la lumière de l’histoire. Il ne nécessite pas de connaissances préalables pour que l’on puisse l’apprécier et en tirer des fruits.

Le livre se compose de l’étude de 26 batailles. Les cas choisis couvrent une très vaste période allant de l’Antiquité à la guerre du Golfe (1991). Ils comprennent aussi bien des classiques comme la bataille de Cannes (216 av. J.-C.) ou celle de Cambrai (1917), que des choix plus audacieux à l’image des batailles de La Kalka – qui voit Russes et Polovtses affronter les Mongols en 1223 – ou de Cuito Cuanavale – combats en Angola en 1987-1988 entre d’un côté les Forces armées de libération populaire (FAPLA) et leurs « conseillers » cubains, et de l’autre l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) et des troupes sud-africaines. Chaque cas d’espèce est présenté selon un plan traditionnel et efficace : d’abord une description de la situation générale, puis une analyse des forces en présence et des intentions ; viennent ensuite une présentation du déroulement de la bataille et, enfin, une synthèse des enseignements tactiques. L’idée n’est pas d’offrir une vision complète et définitive de chaque bataille évoquée, mais bien de replacer chacune d’entre elles dans la perspective plus vaste de la tactique et de susciter des pistes de réflexion.

Les batailles ne sont pas retracées en ordre chronologique mais réparties intelligemment en 11 thématiques tactiques – les plus efficaces pour vaincre – qui regroupent chacune deux ou trois études de cas : « épuiser l’attaque ennemie », « tendre une embuscade », « créer la surprise », « disloquer par le choc », « percer les défenses », « contre-attaquer au bon moment », « alterner ses efforts », etc. Ce classement permet de croiser plus facilement les enseignements des batailles et aide le lecteur à avoir une approche problématisée.

Comme beaucoup d’ouvrages édités par Pierre de Taillac, ce livre a fait l’objet d’un travail éditorial soigné. Il bénéficie d’une présentation agréable et d’illustrations cartographiques de qualité. Il est pourtant dommage que la bibliographie ne soit pas plus étoffée et que l’on ne puisse aisément identifier des ouvrages permettant d’aller plus loin dans l’étude des cas historiques exposés.

Rémy Hémez

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How the U.S. Sentiment Towards Refugees Shifted

Foreign Policy Blogs - Wed, 28/12/2016 - 15:52

We see images of them all the time: running up from the shoreline after disembarking, walking in large groups across a dusty road, sleeping in clumps in a refugee shelter tent. These are Syrian refugees fleeing a five-year civil war, but look just like images from the 1970s and 1980s when Vietnamese refugees fled a decade-long war.

President Barack Obama announced in September 2015 that the United States would accept 10,000 Syrian refugees over the course of a year. Governors of 31 out of the 52 U.S. states responded to Obama’s resettlement plan by denying Syrian refugees a place in their state.

Nevertheless, the 10,000th refugee successfully reached the U.S. at the end of August 2016. There have been no announcements to increase American assistance. With Donald Trump assuming office on January 20, 2017, it’s unlikely the United States will welcome anyone.

Forty years ago, almost two million Vietnamese refugees resettled in the United States, with no strong reactions to those refugees by local communities. Foreign Policy Association spoke to three Vietnamese-Americans to learn about their journey to the United States and what could have happened to the American sentiment towards refugees from the Vietnam War to the Syrian War. Their statements have been edited for clarity.

Trong Nong, professor at University of Houston

Being the captain of the boat with 22 people is what makes me the most proud in my life. I learned to navigate by using math from school to chart the course. We escaped Vietnam in a fishing boat to Thailand and then we were moved to the Philippines to a refugee processing center. I left Vietnam in February 1980 and arrived in the U.S. by November of that year.

I just saw my life slipping away, since there was no future in the jungle. My family had been forced into a new economic zone and our property and wealth were confiscated. My father was a high-ranking military officer for the South, so he was the enemy of the people. We were put in the jungle and I had to lead my brothers in cultivating the land. My father spent 15 years in a reeducation camp along with all the other officers.

We were lucky to be accepted by the US. A church in North Carolina sponsored me. Others weren’t accepted and had to stay in a refugee camp until they returned to Vietnam. The American policy was to find a sponsor to take in the Vietnamese refugees, not through the government, but through an NGO, usually a church. The refugees had to find churches to take us in, orient us, help us settle, and get us shots. The church that took me in was founded by Vietnamese-Americans in 1975.

I was baptized after I arrived. My family had no religious affiliations, so none of us had any problem converting to Christianity. The people in North Carolina were very friendly. They had fresh memories of the Vietnam War, so they were sympathetic. The Americans who welcomed me probably felt they had a debt to repay because the U.S. just left Vietnam so suddenly. Actually, my supervisor at my first job was a Vietnam War veteran. He understood me.

Since this country is a country of immigrants and refugees, the U.S. should accept Syrians. But there must be a process of doing things, like we had with the sponsoring churches. Having a clear plan would ease the angst in American people. The main difference between the resettlement of Vietnamese and of Syrians is religion. Vietnamese are Buddhist or ancestor worshippers, so we had no problem accepting Christian values. Muslim Syrians might have more trouble.

Tram Ho, internal medicine internist

I was captured when I was ten years old and put in prison because my dad was in the South Vietnam military, so we were singled out and targeted. I was separated from my parents and stayed with my three younger brothers in a cell with close to 70 or 80 other people. We were allowed one hour to breathe fresh air and to shower. There was nothing in the cell except a small toilet and concrete floor. I was in prison for two weeks until my parents paid to get me out.

We were discriminated against and couldn’t advance in society because of the stigma of being the children of the traitor or American ally. My father was put in a reeducation camp after April 30, 1975, like many other military personnel. After he was released, we planned to escape by boat.

I was thirteen when I managed to escape with my father and five siblings. My mother and one sibling stayed behind. After six days and five nights, we made it to Hong Kong and stayed there for six months to fill out paperwork. A Catholic nonprofit organization, USCC, or United States Catholic Conference, sponsored us and I arrived in 1982. We were settled into a halfway house for shelter. There were 50 other people there already, the majority from Vietnam. Two months later, my dad was able to find a job as an auto mechanic and we moved out to our own apartment with two other families.

I had pretty neutral responses from neighbors when I moved to the U.S. I don’t recall whether anybody had negative feelings towards us. We basically stayed home by ourselves and my dad worked two jobs, so we didn’t really interact with Americans anyway. When I started eighth grade, no one teased me or anything, but I also didn’t really talk to anybody because everything was so new. As a teenager, I was uncomfortable and scared.

Refusing refugees is not a new problem and that’s why the wave of the boat people stopped. The Vietnamese refugee wave stopped in early 1985 because the U.S. stopped accepting refugees too. My mom wouldn’t have made it if we weren’t already here. All the camps in Southeast Asia closed and didn’t accept any more Vietnamese escaping.

I feel for the Syrian refugees. Most of them are very nice people running away from hardship and war. But I understand that with the current situation now and the problem of terrorists disguising themselves as refugees, Americans can’t have open arms like they had with the Vietnamese refugees.

Trish Nguyen, senior branch manager at Boat People SOS

My dad worked for an American company and when the communists took over the South, they saw that my family supported the Americans and we were shunned. My dad didn’t work for a political company, so they put him in jail for six months. He was lucky. They kept a log of what our family did and kept tracking us.

We lived in a small town and we were very poor when I was young. We went to the field every day and tried to find something to eat for that day.

My aunt was American and brought my uncle back to the U.S. and we connected 17 years later. They sponsored our family in 1993. The first year when I came to the U.S., I was just trying to survive. I had to start over. I couldn’t go to school because I was working hard to have money for an apartment. My parents never worked and can’t speak English or drive. They live with me and I take care of them. My brother is still in Vietnam and when he asks me to visit, I say I’ll think about it, but I don’t think I’ll ever go back. It’s just bad memories there.

I graduated and am now the branch manager at Boat People SOS Houston. My wish came true and now I can help the people who were once in my situation. BP SOS helps with cases of domestic violence, elderly aid, welfare, human trafficking, et cetera.

There was a language barrier, but I worked hard, studied hard, and learned English. The Americans I met had good hearts, maybe because they had experience already with Chinese immigrants and others. In my opinion, I don’t think the U.S. will close their doors because this country has always welcomed refugees. There’s no reason to reject them. Other governments have never allowed foreigners in the way the U.S. does. God bless America—I can say that.

Kimberly Cooper, Children’s Ministry Coordinator at Trinity Episcopal Church

Trinity Episcopal Church is helping resettle a Syrian family now, actually. They’ve been waiting since 1998. In the early 80s, the church helped a Vietnamese family and again in the 90s. The congregation at the time was very supportive and eager to help. Outside the church, the community is still very comfortable.

I’ve been working in some way with the U.S. refugee program for almost 20 years and I’ve met some of my best friends through that program. I mean, they’ve even babysat my kids. These are Muslims and I trust them.

People are really just confused about the religion of Islam and there is a lot of lumping everyone into one bad corner. I haven’t heard a negative comment, but quite a few people have contacted me genuinely asking me about why I’m comfortable having Muslims here.

A local person running for office in Texas wrote a campaign comment about how it’s not okay to bring more Muslims into the country when the ones that are here aren’t assimilated. And I’m like, what do you mean by assimilation? What do you want to happen? Do you want them to all be white Christians? That’s not really an appropriate request for all Americans.

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