La 71e Assemblée générale des Nations unies s’est conclue sans aucune perspective de paix ou solution de règlement du conflit en Syrie. Si la question a naturellement été évoquée par de nombreux chefs d’Etats et de gouvernement, ces déclarations ont instillé un sentiment d’impuissance de la communauté internationale. Bien que Daech soit un ennemi stratégique commun aux deux coalitions diplomatico-militaires, les Occidentaux n’ont pas hésité à mettre en accusation les agissements des alliés russes et syriens (liés au régime). Les dernières vagues de bombardement ont été qualifiées de « crimes de guerre » par la France. La trêve conclue laborieusement par les Russes et les Américains est caduque depuis le 19 septembre. L’impasse diplomatique laisse le champ libre à la force militaire. Or les coalitions présentes commettent des « bavures » et provoquent des victimes « collatérales ».
Aujourd’hui, la ville d’Alep– la plus importante du pays, après Damas– est l’épicentre du conflit. Les aviations russes et syriennes mènent depuis une campagne de bombardements intenses sur les quartiers à l’Est d’Alep tenus par les insurgés. Les bombardements intenses de l’armée russe– soutien inconditionnel au régime d’al-Assad– et de l’armée syrienne loyaliste tentent de briser la rébellion située à l’Est d’Alep. Les bombardements– guidés par les Gardiens de la révolution iraniens et les soldats du Hezbollah libanais– qui ont visé des sites civils, en particulier des hôpitaux, ont été qualifiés de « crime de guerre » par le secrétaire général de l’ONU. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Ban Ki-Moon n’a pas hésité à déclarer qu’en Syrie, « le carnage continue et personne n’est épargné » ; « c’est pire que dans un abattoir ». Des déclarations sans effet. Les victimes civiles sont toujours plus nombreuses. Des civils privés de refuge et de vivres, assiégés et affamés. Une tragédie humanitaire qui dure depuis de longs mois …
L’aviation russe est accusée d’avoir eu recours à des « bombes perforantes » ou « bunker buster », destinées à atteindre les infrastructures souterraines. Il s’agit là d’un nouveau signe de l’investissement toujours plus important des Russes en Syrie. Déjà présentes dans le port méditerranéen de Tartous, les forces russes ne cessent de se renforcer avec l’envoi de conseillers et de soldats (dont le nombre reste difficile à chiffrer), mais aussi d’hélicoptères militaires, de quelques chars, de pièces d’artillerie, de véhicules blindés de transport de troupes, etc. Un cap a été franchi avec le déploiement d’avions de combat dans la région de Lattaquié, fief de Bachar al-Assad. S’il convient de ne pas exagérer l’engagement militaire russe, il contraste malgré tout avec les atermoiements occidentaux en général, et américains en particulier, y compris pour soutenir plus fortement les groupes d’opposition rebelle.
Aujourd’hui, plus que jamais, la clef du conflit se trouve dans les mains de Moscou. Vladimir Poutine est guidé par un opportunisme et un cynisme certains qui l’amènent à lancer ce qui semble être une « guerre totale ». Conscient de l’équilibre des forces favorable, le drame syrien perdurera tant que les intérêts stratégiques russes ne seront pas satisfaits. En attendant, c’est peuple syrien d’Alep qui paye le prix lourd du jeu des puissances…
Pascal Blanchard est historien, chercheur au CNRS au Laboratoire communication et politique. Il répond à nos questions à propos de l’ouvrage qu’il a co-dirigé : « Vers la guerre des identités ? De la fracture coloniale à la révolution ultranationale » (La Découverte) :
– La France est-elle en crise d’identités ?
– Les attaques terroristes qui ont secoué la France ces dernières années sont-elles symptomatiques de cette crise d’identités ?
– Quels éléments vous permettent d’affirmer que la France n’assume pas sa politique coloniale ? Le cas échéant comment l’assumer ?
Jean-Pierre Corniou revient dans cette note sur les grandes mutations de l’industrie automobile. En effet, c’est une industrie ancienne qui doit se transformer pour surmonter les défis du monde contemporain, qu’il s’agisse de l’environnement, de la révolution numérique, ou encore de l’urbanisation des villes. Plus concentrée, plus « essentielle », encore plus technique avec le […]
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Après les multiples attaques personnelles auxquelles se sont livrés les deux candidats à l’élection présidentielle, le débat d’hier a-t-il finalement débouché sur une confrontation d’idées ? Quelles ont été les attitudes des deux candidats ? Hillary Clinton a-t-elle semblée plus sereine ?
Non. Le débat d’hier n’a pas vraiment donné lieu à un débat de fond. L’opposition entre Donald Trump et Hillary Clinton reste, en ce sens, conforme à la campagne et les deux candidats en partagent la responsabilité. Le républicain, d’une part, pour ses déclarations provocantes, souvent réductrices, et pour sa tendance à établir des contre-vérités ainsi que des informations erronées. La démocrate, d’autre part, qui peut être critiquée pour son incapacité à proposer un véritable programme dans cette campagne. Madame Clinton semble se cantonner à mettre en avant son expérience en tant que secrétaire d’Etat, de sénatrice de l’Etat de New-York et de First Lady.
Durant une grande partie du débat, Trump a donné l’impression d’avoir cherché à se maîtriser, à modérer ses prises de position et à paraître présidentiable comme il le fait depuis son investiture. Sur la fin du débat, il a cependant brisé l’armure en adoptant une attitude plus vindicative, agressive, voire nerveuse, attitude qui était la sienne durant les primaires républicaines. Hillary Clinton, en revanche, s’est montrée plus sereine. En démontrant notamment ses capacités à répondre aux questions de manière plus juste et modérée. Aux reproches qu’elle serait incapable d’enchainer une campagne et cinq ans de mandat présidentiel, l’ex-First Lady a mis en avant son expérience et l’endurance dont elle a fait preuve au département d’Etat, pour lequel elle a visité 112 pays, signé plusieurs traités et géré des dossiers brûlants. En ce sens, elle a semblé supérieure à son adversaire au cours du débat.
Bien que meilleure, lundi, je ne pense pas que la prestation d’Hillary Clinton l’ait été suffisamment pour qu’elle soit en mesure de mettre un coup d’arrêt à la montée de Donald Trump, en pleine progression dans les sondages.
L’actualité américaine est actuellement dominée par les questions raciales, sécuritaires et de politique étrangère. Quelles ont été les positions des candidats sur ces thématiques ?
La sécurité, avec l’emploi, fait partie des principales préoccupations des Américains. Après les attentats et les émeutes en Caroline du Nord, cette question s’invite de nouveau dans la campagne.
Hillary Clinton a, quant à elle, pris une posture plus modérée, mais ses discours ont moins d’impact sur l’opinion. En qualifiant d’« inacceptables dans une démocratie » les émeutes raciales et les problèmes liés aux forces de police en Caroline du Nord, elle adopte l’attitude qui doit être celle du président Obama. En pleine campagne, elle doit plutôt donner une dimension populiste à ses discours et se présenter comme celle qui fera, du vivre ensemble, une réalité aux Etats-Unis.
Sur ces questions, Donald Trump a fait, en revanche, preuve de lucidité et il a profité des problèmes de santé d’Hillary Clinton pour marquer des points. Il entend rassurer les Américains en se présentant comme le candidat légitime dans la lutte contre l’insécurité. En Caroline du Nord, il a dénoncé les discriminations vécues par les minorités noires. Un discours à contre-courant par rapport aux propos tenus par le républicain ces derniers mois. Il se donne ainsi, l’opportunité de susciter la sympathie des électeurs noirs qui resteront, sans doute, réfractaires au vote Trump. Toutefois, la Caroline du Nord, un Etat clé, bascule progressivement en faveur du milliardaire.
Sur la politique étrangère, les deux candidats ont refusé de rentrer dans un débat de fond. Donald Trump a mis en avant les nombreux changements qu’il souhaite opérer une fois élu tandis qu’Hillary Clinton s’est contentée de valoriser son expérience de secrétaire d’Etat. Les divergences entre le républicain et la démocrate demeurent néanmoins fondamentales. Trump, d’une part, se fait l’apôtre du réalisme en privilégiant l’intérêt national en toutes circonstances. Son réalisme, proche de la pensée d’Henri Kissinger, se traduit par une prise d’initiative quand la situation le permet, un désengagement ou un retrait dans les dossiers où les intérêts américains ne sont pas suffisamment concernés, ainsi qu’une remise en cause des alliances stratégiques et des relations américaines avec certains compétiteurs, notamment la Russie. Avec Donald Trump, le réalisme ferait son grand retour à la maison blanche.
Hillary Clinton, est, en revanche, une libérale convaincue. Elle met en avant les institutions internationales, elle prône une certaine responsabilité des Etats-Unis dans les affaires du monde. Son discours est proche du mode d’action de l’administration Bill Clinton.
Donald Trump et Hillary Clinton symbolisent deux visions différentes des relations internationales. En l’absence de débats de fond, ces visions n’ont malheureusement pas été mises en lumière.
L’Amérique assistera à deux nouvelles confrontations entre Hillary Clinton et Donald Trump. Un candidat peut-il remporter les élections sur un débat ?
Contrairement au système français où un seul débat est organisé entre les deux candidats, le système américain permet à celui qui perd le premier round, de se rattraper et de remporter les deux prochains. Cela avait notamment bénéficié à Barack Obama, lorsqu’en 2012, Mitt Romney se montre beaucoup plus convaincant que lui lors du premier débat. Les 2e et 3e débats avaient alors permis au président sortant de rendre meilleure copie et d’inverser le rapport de force.
L’enjeu de ces débats, très suivis aux Etats-Unis, est de convaincre ces 20% d’indécis, qui ne savent pas encore précisément pour qui ils voteront. En 1960, le débat entre Kennedy et Nixon ont joué en la faveur du premier qui a remporté les élections. En 1988, l’attitude, très hésitante, de Micheal Dukakis lors du débat face à Georges Bush ont contribué à sa défaite. Victorieux en 1988, l’attitude de Georges Bush lui fera défaut en 1992 lorsque, face à Bill Clinton, il regarde plusieurs fois sa montre, laissant croire que les débats l’ennuient.
Dans le cas d’Hillary Clinton, l’on ne peut pas dire que le débat de mardi ait été décisif. Cela fait trois semaines que Donald Trump progresse dans les sondages aux dépends de son adversaire. Si la prestation de la démocrate a été bonne, elle ne l’a pas suffisamment été, selon moi, pour inverser la tendance. La victoire dépendra peut-être des deux prochains débats. Elle dépendra aussi des capacités des candidats à aller à la rencontre et à convaincre les électeurs des 5 Etats clés qui seront décisifs dans la campagne (Ohio, Caroline du Nord, Floride, Colorado, Nevada). Donald Trump pour l’emporter, devrait conquérir les 5 Etats, selon les sondages, il est désormais en tête dans quatre. Les élections s’annoncent serrées.
Favorable au droit à l’IVG, j’estime que la décision d’y recourir est d’une extrême gravité. Mon opinion est en passe de devenir un délit. C’est ce que vient d’annoncer la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, au micro de France Info, le 17 septembre. L’interview commence par une entrée […]
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