(B2) Le Charles-de-Gaulle, le porte-avions français, a quitté Toulon ce matin et mis le cap à l’est de la Méditerranée. Objectif : prendre part rapidement aux opérations contre Daech.
Tripler la force de frappe sur la Syrie
Avec ses 18 Rafale Marine et 8 Super Etendard (modernisés), le navire dispose d’une force de frappe conséquente qui « va permettre de multiplier par trois le potentiel miliaire des moyens français engagés au Levant contre Daech » précise-t-on à l’état-major des armées. Le Charles-de-Gaulle s’en ira ensuite dans le Golfe arabo persique.
Un groupe de 5 navires au minimum
Le groupe aéronaval qui est constitué autour du Charles-De-Gaulle comprend 5 bâtiments dont un Belge et un Britannique :
La frégate FREMM Provence (+ 1 Caïman Marine) viendra prendre le relais dans le Golfe persique lors du déploiement de longue durée. Ponctuellement des moyens américains navals et aériens viendront le renforcer. Et la présence d’autres bâtiments d’autres nations alliées – sans préciser la nationalité – est annoncée.
Le groupe aérien embarqué à bord du « Charles » comprend outre les Rafale Marine et Super étendard déjà mentionnés : 2 Hawkeye, 2 Dauphin et 1 Alouette III.
Manoeuvres conjointes et diplomatie navale
Au cours de son déploiement, le groupe aéronaval participera également à des manœuvres conjointes dans un cadre multinational et interalliés, ainsi qu’à des manœuvres bilatérales avec les pays de la région. Dans le golfe Arabo-Persique, le GAN assurera durant plusieurs semaines le commandement de la Task Force 50.
Mission Arromanches 2 pour la TF 473
Petit nom de cette Task Force, commandée par le contre-amiral René-Jean Crignola = la TF 473 ou Mission « Arromanches 2 » pour les plus romantiques. Précision importante : le GAN sera placé d’abord sous le contrôle opérationnel (OpCon) du commandant de la zone maritime en Méditerranée puis, dès son entrée en Océan Indien et jusqu’à sa sortie du golfe Arabo-Persique, sous le commandement de la composante navale de la coalition et, enfin, sur le trajet du retour, jusqu’au franchissement du canal de Suez, sous l’autorité commandant de la zone maritime de l’Océan Indien (Alindien).
Une question
Reste à savoir quelle attitude adoptera le commandement si des bateaux de réfugiés s’approchent du bord. La loi de la mer impose de venir au secours s’ils sont en détresse. Mais se poseront immanquablement des questions de sécurité, plus importantes qu’auparavant, dans le contexte post-attentats de Paris. Question sans doute théorique vu la distance des côtes auxquelles évoluera le groupe aéronaval. Mais néanmoins pas tout à fait exclue…
(NGV)
(B2) Une marseillaise à capella entonnée par le président du Parlement européen, Martin Schulz, dans l’hémicyle du Parlement à Bruxelles, aux cotés du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de la Haute-Représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, et du Secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Harlem Désir. L’instant était d’une rare émotion qui n’était pas feinte…
http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2015/11/LR_I112218INT1W.mp4« Les attentats de Paris étaient une attaque contre notre liberté, une attaque contre nos valeurs européennes et notre mode de vie, une attaque contre nous tous. Dans la douleur, nous, Européens, sommes aux côtés du peuple français », a souligné Martin Schulz. Le président du Parlement européen a voulu mettre en garde contre un éventuel changement d’approche sur le droit d’asile des Syriens : « Nous ne nous laisserons pas empoisonner par le venin de ces criminels (…) Si nous suspectons tous les réfugiés de Syrie, alors nous confondons victimes et meurtriers, car les réfugiés cherchent précisément chez nous un asile contre la barbarie de ces assassins ».
En Afghanistan, avec François Hollande, en 2012 (crédit : MOD France)
(B2) Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la défense, avait promis de secouer l’Europe de la défense. Avec la force des évènements survenus à Paris vendredi (13 novembre), il a choisi de mettre sa promesse à exécution. En déclenchant la clause d’assistance mutuelle ou de défense mutuelle, de l’article 42.7, il déclenche un vent de force 7. Une petite révolution, tout de même, à l’échelle européenne.
Une clause délaissée
Jamais personne n’avait pensé un jour que cette clause, reproduite du Traité de l’Union de l’Europe occidentale, et datant de 1948 (tournée plutôt contre l’Allemagne à l’origine puis vers la Russie), trouverait un jour à s’appliquer. Personne n’avait non plus la moindre idée, hier encore, de ce que pouvaient demander les Français ni des modalités de discussion. Il y a, en effet, eu très peu de travaux doctrinaux, internes, depuis son introduction dans le Traité de Lisbonne, ne serait-ce qu’une note interprétative sur la façon dont peut fonctionner cette clause (lire notre explication : La clause d’assistance mutuelle. Origine, déclenchement, effets, limites (fiche-mémo)). Dans un monde de procédures, on sentait donc quelque peu le flottement. Les autorités européennes semblaient également avoir été averties assez tard de la demande française.
Au pied du mur, sur les autres théâtres d’opération
Avec cette demande, Jean-Yves Le Drian veut surtout mettre les Européens au pied du mur, « face à leurs responsabilités » comme l’a expliqué François Hollande dans son discours devant le Congrès à Versailles, lundi après-midi (16 novembre) (Lire : Terrorisme. François Hollande sonne les cloches aux Européens et réclame plus de solidarité). Il souhaite un peu plus que des mots de compassion mais un engagement plus ferme au plan politique comme opérationnel. Il faut davantage d’implication des Européens sur le terrain militaire en Syrie par exemple, mais aussi sur les autres théâtres d’opération où sont engagés les Français : au Sahel (Mali, Niger…), en Méditerranée. La France veut arriver également à un dispositif de solidarité financière plus efficace qu’aujourd’hui. Toutes les tentatives pour réformer le système n’ont pas échoué mais ont fait des avancées minimes.
Des mesures dans la lutte anti-terrorisme
La France veut aussi faire prendre conscience de la nécessité pour les Européens — les Etats membres mais aussi les autres institutions européennes (le Parlement européen) — d’avancer sur certaines mesures législatives ou opérationnelles en matière de lutte anti-terroristes, notamment sur l’échange de renseignements. Accessoirement, l’ouverture de cette clause permet d’avancer vers une reconnaissance d’une exemption pour circonstances exceptionnelles aux règles du Pacte de stabilité.
(Nicolas Gros-Verheyde)
NB : une conférence de presse du ministre français et de la Haute représentante de l’UE est prévue dans quelques minutes à Bruxelles (vers 10h). On en saura plus à ce moment là.
(B2) Les avions français ont mené à nouveau un raid contre Daech (organisation de l’Etat islamique / ISIS) à Raqqah en Syrie, annonce l’état-major des armées. Dix avions de combat étaient de la partie : 6 Mirage 2000 et 4 Rafale. Comme dans la nuit de dimanche à lundi (lire : Deux frappes de représailles sur Raqqah), les équipages ont décollé à partir des bases situées en Jordanie et dans le Golfe arabo-persique (GAP) pour se rejoindre au-dessus de la Syrie. Ils ont frappé « simultanément un centre de commandement qui abrite l’un des quartiers généraux de Daech, et un centre d’entraînement ». Au total 16 bombes ont été larguées.
(NGV)