(B2) Les Européens se sont réveillés groggy vendredi (matin). Les États-Unis ont frappé vite après l’attaque chimique menée par le régime Assad sur Khan Cheikhoun. Les stylos et papiers de la conférence sur la Syrie, organisée à Bruxelles mardi et mercredi, étaient à peine rangés que les Américains s’étaient déjà décidés à agir et à passer à l’action
Dans la nuit du 6 au 7 avril, 59 missiles Tomawakh, lancés à partir de deux navires — l’USS Porter (DDG-78) et l’USS Ross (DDG-71) basés en Méditerranée –, ont été tirés sur la base aérienne de l’armée syrienne de Shayrat (ou Al-Chaayrate).
Des lignes rouges à ne pas dépasser
La décision qu’a prise Donald Trump lui donne une assise que peu avaient pressentie jusqu’ici. En quelques jours, il a opéré un revirement politique quasi complet. D’une désignation de Daesh comme l’ennemi suprême, et de Bachar comme d’un encombrant personnage dont on pouvait s’accommoder, il est passé à désigner celui-ci comme un adversaire. Le régime de Damas est désormais prévenu et de façon très claire : il y a certaines lignes rouges à ne pas dépasser dans la guerre que le régime mène à une partie de sa population. C’est autrement plus efficace que des déclarations non suivies d’effet. Trump inaugure l’ère de l’effet sans déclaration préalable, un peu selon la méthode russe (1).
Un message à triple détente
Ce message n’est pas seulement à destination de la Syrie, il a une triple signification.
Un avertissement à Téhéran et Pyongyang
Le message est à destination aussi des pays voisins, notamment Téhéran : attention à ne pas reprendre un programme de prolifération nucléaire, ou ce pourrait être l’Iran qui pourrait être visé la prochaine fois, une action dont rêvent certains responsables israéliens. Il peut aussi être à destination de la Corée du nord, autre pays qui tend à jouer avec les limites de la prolifération nucléaire.
Un langage de la force pour les Russes
Le message de Trump est à destination des Russes. Même si Moscou a élevé une vive protestation, et que le ton semble monter entre les deux capitales, il semble s’agir pour l’instant plus d’une montée en puissance des muscles politiques que militaires. Le langage de la force est une notion fort utilisée par les Russes… et parfaitement comprise.
Moscou informé à défaut d’être d’accord totalement
Cette attaque semble, de plus, avoir été menée sinon avec l’assentiment de Moscou, du moins avec sa compréhension. Les autorités russes qui assurent conjointement avec les Syriens la surveillance aérienne de la zone ayant été – semble-t-il – averties de la frappe. De plus, ainsi que me l’a confié une source occidentale, les mouvements de navires américains en Méditerranée ne sont pas passés inaperçus et pouvaient laisser présager une réaction américaine. C’est la rapidité qui a surpris les observateurs, même les mieux avertis.
Le message de Vénus à Mars
Enfin, le message du président Trump est à ses alliés européens : il y a un patron à Washington et un seul patron à l’OTAN : ce sont les États-Unis qui seuls en mesure d’agir dans le monde, de façon militaire. C’est le retour très clair de la dichotomie entre la douce Vénus et le martial Mars, l’un cause et sort le chéquier pour réparer, l’autre agit militairement et discute politiquement. Trump s’inscrit ainsi dans les pas de ses prédécesseurs républicains : Ronald Reagan et John W. Bush. Il permet, au passage, au président américain de fédérer les Républicains autour de lui et de faire taire toute critique à Washington le présentant comme un président velléitaire.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Comme me le racontait il y a quelques années Dimitri Rogozine lorsqu’il était ambassadeur auprès de l’OTAN à l’époque de la Géorgie et du bouclier anti-missiles : « on frappe … et on discute après ».
(B2) Pour légitimer cette attaque, les Américains s’appuient sur la logique internationale comme l’a expliqué Rex Tillerson, le secrétaire d’État américain, dans une allocution prononcée, avec le conseiller à la sécurité nationale McMaster, de Palm Beach en Floride.
Plusieurs attaques … imputables au régime de Bachar
« Nous sommes absolument certains que les attaques menées par avion ont été orchestrées sous la direction du régime de Bachar el-Assad, et nous savons aussi assurément que ces attaques ont impliqué l’utilisation de gaz sarin, un neurotoxique. Au moins en ce qui concerne les trois dernières attaques, nous en sommes certains. »
et non pas une seule…
Outre l’attaque « la semaine dernière sur des civils, [Bachar] avait déjà mené des attaques auparavant : le mois dernier, les 25 et 30 mars, dans la province de Hama.»
En violation d’un accord de désarmement
Des accords précédents qui ont été conclus conformément à la résolution 2118 du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que les accords de l’Annexe A que le gouvernement syrien a lui-même accepté en 2013 indiquent qu’ils renonceraient à leurs armes chimiques sous la supervision du gouvernement russe.
La supervision russe a échoué
Les États-Unis et le gouvernement russe ont conclu des accords selon lesquels la Russie localiserait ces armes, garantirait que ces armes soient en sécurité puis détruites ‑ la Russie devait s’assurer que ces armes ne seraient plus présentes en Syrie. Clairement, la Russie a échoué dans sa responsabilité de respecter cet engagement de 2013 ; donc, soit la Russie a été complice, soit elle a tout simplement été incompétente dans sa capacité à remplir sa part de cet accord.
From 3 to 14 April 2017 in the Western Mediterranean, 1 000 French soldiers participate in SKRENVIL operational training. This joint exercise between the French Army and the Navy is designed to ensure amphibious deployment procedures.
As part of this operational training, an amphibious group is deployed in the Mediterranean. It is composed of the Dixmude (Projection and Command Ship,BPC), Cassard (Antiaircraft Frigate, FAA), Montcalm (Anti-submarine Frigate, FASM) and the Mediterranean demining group (GPD Med). Command Landing Group / CLG is provided at the 2nd Foreign Infantry Regiment (2nd REI).
A Joint Battle Group (GTIA) of the 6th Light Armored Brigade composed of different units of the 2th REI, 1st REG (Foreign Regiment of Engineers), 1st REC (Foreign Cavalry Regiment), 3rd RAMa (Marine Artillery Regiment) of the 5th RHC (Combat Helicopter Regiment), is created for the occasion. The major equipment involved is 15 VBCI (Armored Infantry Combat Vehicle) and a dozen VAB (Front Armored Vehicle), as well as 4 Puma and Gazelle helicopters.
The amphibious detachment boarded the Diksmuide with its 2 Equipment Chalands (CTM) and a Rapid Amphibious Landing Craft (EDAR).
This training consists of two phases:
- evacuation of nationals,
- followed by a grounding of the GTIA.
In total, some 20 vehicles, maneuver helicopters and attack helicopters will have to land in a coordinated way to make a progression of about 30 kilometers.
This training is characterized by a suitable training ground, the realism of the scenario, the means and the military capabilities. These are all specific features that allow the Army and the Navy to maneuver jointly and to be sufficiently reactive in the event of an amphibious operation.
Tag: SKRENVIL-2017Après quelques intenses semaines, et la publication de notre premier livre sur la PSDC, B2 prend un peu l’air la semaine prochaine. Nous assurerons un filet d’actualité, avec quelques papiers de fond (sur B2 Pro). Le rythme normal reprendra après Pâques le 18 avril.
(NGV)
(B2) Un militaire du 6e régiment de génie d’Angers est mort dans une embuscade, mercredi 5 avril, dans l’Est du Mali, ont confirmé le ministère français de la Défense et l’Elysée. Le caporal-chef Julien Barbé est décédé suite à un « accrochage avec des terroristes lors d’une opération dans le sud-est de ce pays » près de la frontière du Burkina Faso.
Une embuscade avec IED
Vers 16h30, un des véhicules blindés du détachement a subi une attaque par un engin explosif. L’explosion a légèrement blessé deux soldats qui ont été « immédiatement secourus par les équipes médicales » françaises. Le détachement du génie a ensuite été déployé pour prendre les « mesures de sauvegarde » et permettre la reprise de l’opération. C’est pendant ce travail que le détachement a été « pris à partie par des tirs directs, touchant mortellement le caporal-chef Julian Barbé ».
Opération anti-terroriste à la frontière du Burkina Faso
L’incident s’est produit lors d’une opération militaire tripartite de la force française Barkhane avec des unités maliennes et burkinabées dans la zone frontalière située au sud de Hombori, à 200 km au sud-ouest de Gao, précise le ministère de la Défense. Une opération probablement à mettre en lien avec la campagne anti-terroriste des trois pays dans la région. Des hélicoptères français, des blindés et des militaires venus de trois pays – France, Mali et Burkina Faso -, agissent depuis le 26 mars, de concert dans une opération de coopération transfrontalière dénommée « Panga ». L’objectif est de débusquer des terroristes qui s’y cacheraient, notamment dans la forêt de Fhero qui s’étend de part et d’autre de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Cette forêt abriterait de nombreux terroristes, selon les sources sécuritaires. « Notre objectif, c’est de la débusquer, ou a minima de les déranger et de les faire sortir » rapporte RFI.
Depuis janvier 2013, 19 soldats français sont morts au Mali.
(LH)