Archives B2 – Crédit : EUNAVFOR Atalanta
(B2) Le tanker MT NAVIG8 Providence, attaqué par des pirates armés dans le golfe d’Oman, ce vendredi (2 juin), est sain et sauf a confirmé le QG d’EUNAVFOR Atalanta, selon les informations reçues à B2.
Le navire, qui bat pavillon des îles Marshall, naviguait à 100 milles nautiques à l’est de Muscat quand il a été approché par six hommes armés à bord d’un skiff. Il s’est rapproché du pétrolier. « On pouvait voir à son bord une échelle » a témoigné le capitaine du navire (NB : en général un signe très clair de la volonté d’abordage). Les armes ont aussi parlé rapidement. « Il y a eu [en effet] un échange d’armes légères entre les pirates et l’équipe de sécurité maritime à bord du tanker. »
Le capitaine du Providence a alors entamé des manoeuvres défensives suivant en cela les recommandations maritimes (les fameuses « BMP4 », la norme anti-piraterie édictée par les militaires et l’industrie maritime). L’effet combiné de toutes mesures a eu raison de l’envie de piraterie. Les pirates ont interrompu la poursuite.
Le navire et son équipage sont indemnes. Ils ont « repris leur route » indique le QG de Northwood. Le NAVIG8 Providence est actuellement, selon les dernières informations maritimes, en mer d’Arabie naviguant à une vitesse de 10 noeuds.
Mais pour les forces navales anti-piraterie dans la zone, cela ne s’arrête pas là. Elles sont à la recherche du skiff et de ses occupants… A suivre.
(NGV)
(B2) S’exprimant (en allemand) en Allemagne, mercredi soir (31 mai), avant la décision américaine prise aujourd’hui par Donald Trump de se retirer des accords de Paris sur le climat, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne a voulu avertir les Américains, « je suis transatlantique (mais) le devoir de l’Europe est de dire : çà ne marche pas comme çà.
Trois, quatre ans pour se retirer
« Il faut trois, quatre ans après l’entrée en vigueur du traité pour sortir de l’accord. Cela signifie que l’idée que vous pouvez simplement disparaître dans l’air — cela n’arrivera pas. » « Ce qui est écrit dans la législation et tout ce qui est écrit dans les accords internationaux ne relève pas de la « fake news ». La loi est la loi. Et Il faut s’y tenir. »
Le futur de l’humanité est en jeu
« Ce n’est pas juste sur notre futur et l’humanité de l’Europe, c’est le futur du monde tout entier. 83 pays sont en risque de disparaitre si le niveau des eaux monte, si nous n’initions pas un combat résolu contre les changements climatiques. »
» il serait du devoir de l’Europe de dire: cela ne va pas comme ça
« We will keep fighting for the planet ». @JunckerEU about the #ParisAgreement#ClimateChangepic.twitter.com/BOXqmXCEEh
— EC in Cyprus (@EUCYPRUS) 1 juin 2017
Sylvie Goulard et Ursula von der Leyen à Berlin ce jeudi 1er juin (crédit : B2 photo / Bundeswehr flux d’image)
(B2) Deux femmes fortes, qui peuvent dialoguer l’une dans le langage de l’autre, et vice-versa, c’est cette image symbolique qu’ont voulu donner aujourd’hui (1er juin), à Berlin, les ministres allemande et française de la Défense, Ursula von der Leyen (1) et Sylvie Goulard, dont c’était le premier déplacement à l’étranger en solo (sans l’ombre de Macron comme au Mali ou à l’OTAN).
L’aisance en français chez Ursula, et en allemand chez Sylvie, faisait vraiment plaisir à voir… et à écouter. Aux premiers mots, vous n’aviez pas la possibilité de cerner qui était l’Allemande et qui était la Française (1). « Je vais quand même passer en français sinon certains seraient déçus » a plaisanté Sylvie Goulard. Le tout dans un allemand limpide, compréhensible par tous. Cela change du gloubi-glouba-english en cours dans les couloirs européens
Deux enjeux principaux : Intégration et Afrique
Ursula, en particulier, a détaillé ses deux axes de travail des Français et des Allemands (des Allemands surtout…) En premier lieu, « l’Union européenne de sécurité et de défense » avec « cette année » des projets « concrets que nous voulons mener ». Le premier exemple concret est ce « commandement européen » établi à Bruxelles pour les missions militaires (2), ce qui permet d’avoir « dans une seule main, à Bruxelles les missions civiles et militaires ». Il faut poursuivre par « une intégration » avec notamment le projet de « Fonds européen de défense » et de « Coopération structurée permanente », qui doit être mené comme un « projet à 27 ».
Second enjeu pour la ministre allemande : « l’Afrique, et en particulier l’Afrique de l’Ouest avec l’opération anti-terroriste française Barkhane, l’engagement allemand dans la Minusma, les missions de formation au Mali et au Niger (NB : dirigée par un Allemand). »
Une Allemagne forte est bien pour tout le monde
« Lors de ma visite au Mali, j’ai pu voir qu’il se passait des choses au niveau européen » a renchéri la ministre française, concluant qu’elle n’avait pas « peur d’une Allemagne forte ». « Les menaces sont communes et si l’Allemagne, comme elle le fait sous l’impulsion d’Ursula, investit plus dans le secteur de la défense, c’est une bonne nouvelle pour nous tous » a-t-elle ajouté.
A suivre…
Un conseil franco-allemand de sécurité aura lieu à Paris le 13 juillet pour avancer sur ces projets. C’est essentiel. Le couple franco-allemand est à reconstruire. Non pas qu’entre Paris et Berlin, il n’y ait pas de dialogue. Il y a des belles lettres communes, des projets menés en bilatéral plein d’espoir (la base commune des C-130J à Orléans) mais au niveau européen, cela rame…
Une dissension sur l’approche européenne
Au-delà des bons mots, il y a en effet entre Paris et Berlin, de vraies dissensions d’ordre philosophique, psychologique et technique. Paris et Berlin n’ont, en effet, pas la même vision de l’approche de la défense et de l’approche européenne tout. Ce qui mine actuellement toute avancée supplémentaire dans l’Europe de défense, plus sûrement que tout « No » britannique ou « irritation » polonaise.
Entre le Pont d’Arcole et la planification blindée
Pour les Français, l’Europe c’est « moi » ; pour les Allemands, c’est « nous ». Certains rêvent ainsi cette Europe de la défense sur le modèle napoléonien : type Pont d’Arcole, je franchis le Pont et on gagne la bataille, puis après on verra ; d’autres la rêvent plus réfléchie, planifiée, type plan bismarckien d’économie sociale. La France rêve d’une Europe de la défense des plus entreprenants, l’Allemagne veut une défense européenne assise le plus large possible, à 27. Les militaires d’un côté du Rhin rêvent de sable chaud, d’aventure, d’action avec les Américains et les Britanniques, si possible, ou les Africains. Les seconds préfèrent parler structures militaires intégrées, coopération permanente, présence stabilisatrice post-conflit dans un cadre organisé. Les positions sont parfois à front renversé. Le tropisme atlantique du pouvoir allemand s’efface ainsi rapidement là où les Français rêvent encore de l’Amérique sauvée par La Fayette.
Dissiper les malentendus et faux semblants
Les deux visions ne sont pas contradictoires en soi, elles sont complémentaires. Encore faut-il d’abord apaiser les malentendus, les sous-entendus, nombreux et multiples. En effet quand l’un avance une idée, l’autre se méfie, soupçonnant des arrières-pensées industrielles ou politiques. Ensuite il faut structurer le dialogue, qu’il se déroule non pas épisodiquement, mais organiquement, de façon plus fluide et continuelle, et enfin avoir un certain nombre de projets concrets moteurs. Bref, créer une dynamique telle que les autres Européens n’auront qu’un choix : se rallier ou s’isoler.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) d’avoir une Allemande ou une Française. De façon intéressante, d’ailleurs la ministre allemande qui a repris son discours à la presse en allemand ensuite a eu un lapsus entre parlant du G cinq (G5) en français et non du G fünf comme elle s’est repris ensuite.
(2) Commandement qui devrait entrer en vigueur prochainement selon les informations de B2 (lire : Couvrez ce QG que je ne saurai voir… Le texte sur la MPCC finalisé. Détails)