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Le groupe aéronaval français atteint au cœur. La situation minorée par les armées (v3)

Bruxelles2 Blog - Fri, 17/04/2020 - 13:12

(B2) La situation sur le groupe aéronaval n’est pas du tout celle annoncée au départ. Plus de 50% des marins et aviateurs pourraient être contaminés par le coronavirus. La question de la responsabilité d’avoir maintenu l’exercice est désormais posée, y compris au niveau politique

668 cas ont déjà été détectés positifs au Covid-19 sur les militaires participants à la task-force 473 — groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles-de-Gaulle — indique le ministère français des Armées, dans un communiqué publié jeudi (16 avril) reprenant des chiffres datant d’il y a deux jours. Un résultat très provisoire. « Au 14 avril au soir, 30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats ».

Retour de la mission Foch des aviateurs de Hawheke basés à Lann-Bihoué (crédit : DICOD / EMA)

Les marins du porte-avion principalement concernés

La « grande majorité de ces tests » concerne des marins du porte-avion Charles-de-Gaulle précise la communication officielle. Les autres concernés ne sont pas mentionnés. On sait seulement que la frégate anti-sous-marine La Motte Piquet — basée à Brest — qui accompagnait le ‘Charles’ n’a pas beaucoup de contaminés et a pu reprendre la mer. Et que des marins de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul comme le bâtiment de commandement de ravitaillement Somme, sont également atteints.

Analyse et commentaires

En l’état de la communication, volontairement lacunaire, des armées, les questions restent nombreuses.

Un taux de contamination supérieur à 50% ?

On est face à un cas beaucoup plus grave que voulait bien le dire la communication officielle (40 suspects). Si on se fie au chiffre indiqué, sur les 1767 militaires testés, seuls 70% (environ !) des tests sont connus, soit un nombre d’environ 1250. On arrive ainsi à un taux de contamination de 54% sur les militaires concernés et non de 30% comme on pouvait le penser. Le taux définitif reste donc à déterminer. Il devrait osciller entre 38% (version ultra optimiste et peu réaliste) et 70% (version pessimiste). De façon raisonnable, on peut estimer qu’il dépassera les 50%. (chiffre confirmé depuis, cf. encadré 1 et 2)

Le groupe aérien également touché ?

La communication officielle reste très discrète. Mais une des catégories touchées également serait le groupe aérien : avions de chasse Rafale (Landivisiau), hélicoptères (Hyères), avions de surveillance Hawkeye (Lann-Bihoué). Étant donné la relative tension en personnel des pilotes, mécanos et autres éléments de soutien au niveau aérien, c’est aussi grave, voire davantage que l’immobilisation du porte-avions.

Le pacha aurait demandé l’interruption de l’exercice

La question de la responsabilité politique va se poser rapidement. Selon un marin interrogé par France-Bleu, le pacha (commandant) du navire aurait proposé d’interrompre l’exercice dès connaissance des cas, après l’escale de Brest. Ce qui nous parait tout à fait logique connaissant le sens de responsabilité qui anime les marins, surtout au plus haut niveau. Le ministère a refusé. Il faudra déterminer qui a refusé. Les parapluies vont commencer à s’ouvrir un peu partout, pour rejeter la responsabilité sur le niveau inférieur… ou supérieur.

La question de la responsabilité politique

Ce qui est sûr c’est que concernant un porte-avions qui non seulement est à propulsion nucléaire, mais est un des éléments de la dissuasion nucléaire française (emportant des avions capables de porter la bombe nucléaire), cette décision n’est pas du ressort du seul pacha ni d’un simple commandant d’état-major. Une telle décision remonte immédiatement au cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly, et à celui du président de la République.

Le premier tour des municipales a-t-il influencé ?

La poursuite de la mission Foch après l’escale de Brest est une vraie interrogation : sanitaire, militaire et politique. Il est vrai qu’interrompre un tel exercice est une décision politique d’envergure, un signal symbolique. On peut raisonnablement penser que l’exécutif qui était dans une posture de ‘vaillance’ vis-à-vis du coronavirus et voulait maintenir à tout prix le premier tour des municipales ne pouvait se permettre d’annuler le déplacement du Charles-de-Gaulle. Question de principe.

Une communication à la chinoise

On peut s’interroger, au final, sur la validité de la communication française militaire aujourd’hui. Celle-ci a retrouvé les bons vieux réflexe de la ‘Grande muette’. Au moment où le président français Emmanuel Macron met en cause les mensonges de la Chine sur l’épidémie du Coronavirus (2), la communication du ministère des Armées ne vaut pas mieux : nier tout problème, puis affirmer 40 cas suspects, qui deviennent 50 positifs puis passer à un chiffre multiplié par 13, en oubliant au passage un marin sur trois…. Cela fait beaucoup. Évidemment annoncer, du jour au lendemain, un taux de contamination sur plus de la moitié de l’équipage était délicat. Donc, par touches successives, on révèle une à une les informations, espérant qu’un autre évènement surviendra, faisant passer au second plan la réalité. Cette tactique utile à court terme est néfaste à moyen terme. Elle pourrait entamer, de façon notable, la crédibilité des armées. C’est dommage…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(Mis à jour) 60% testés positifs (source SSA) sur près de 1600 marins

Interrogée par les sénateurs ce vendredi (17 avril), la directrice du service de santé des armées (SSA) a reconnu que la situation était bien plus grave que prévues. « Sur les 2300 marins du groupe aéronaval, « tous testés à leur retour à Toulon, 940 ont été testés positifs, 645 négatifs, les autres résultats de tests n’étant pas encore connus » affirme la générale Maryline Gygax Généro. Soit un taux avoisinant les 60% de contaminés sur près de 1600 marins (1585 exactement).

Sur le porte-avions lui-même, « 500 marins ont présenté des symptômes, 20 militaires sont hospitalisés, 8 sont sous oxygénothérapie et 1 est en réanimation ». Les marins testés négatifs sont tous en quatorzaine en enceinte militaire, et font l’objet d’un suivi biquotidien du service de santé des armées.

Et de commenter : « La contamination du porte-avions est un événement absolument majeur. Il y aura sans nul doute des conséquences à tirer à l’issue de cette crise, qu’il s’agisse des spécialités médicales du SSA, ou du matériel » a-t-elle indiqué selon le compte-rendu dressé par le Sénat. « Nous sommes et serons transparents ». Interdit de sourire …

54% sur 2010 tests

Devant l’assemblée nationale, le même jour (à 15h), la ministre française des Armées Florence Parly, complète ce chiffre par un autre qui va dans le même sens : « au 17 avril, sur 2010 tests effectués, 1081 marins sont positifs au Covid-19 ». Et, au total, « 545 marins présentent des symptômes de maladie ». On est donc bien sur un taux de contamination supérieur à 50% (53,8% exactement) (2). En sachant que ce chiffre n’est pas définitif : il reste encore 300 marins à tester. Autre élément intéressant de ce test, un marin sur deux ne présente aucun symptôme, mais est bien détecté positif (donc contaminant). Ce qui correspond aux statistiques ‘civiles’ d’une maladie extrêmement contaminante par des porteurs sains. Télécharger le discours de la ministre

  1. La Chine a masqué certaines informations. Lire son entretien au Financial Times.
  2. Selon Le marin cette information était déjà connue depuis la veille au moins. Il indique que 51 % de la population du groupe aéronaval débarquée à Toulon (2000 marins) était contaminée par le virus covid-19, selon un bilan du 16 avril, non diffusé par les autorités. Ce alors que 7 % des tests manquaient encore sur le total.

Lire aussi :

Mis à jour avec les deux informations officielles provenant du service de santé des armées et de la ministre Florence Parly (qui confortent notre première analyse), voire même vont au-delà, ainsi que l’information du Marin.

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L’opération Irini doit disposer des moyens nécessaires pour réaliser son mandat (général Graziano)

Bruxelles2 Blog - Thu, 16/04/2020 - 17:10

(B2) ‘Operation Irini’. Le nom de la toute nouvelle opération navale de l’UE est sur toutes les lèvres dans le monde de la défense européenne. Aura-t-elle plus de succès que sa prédécesseur Sophia dans le contrôle de l’embargo sur les armes en Libye ? Nous avons interrogé le général Claudio Graziano, président du comité militaire de l’Union européenne 

Le général Graziano (crédit : EUMC)

De l’opération Sophia, on retient surtout les sauvetages en mer. Elle n’a pas vraiment réussi à faire respecter l’embargo imposé par l’ONU sur les armes à destination de la Libye. C’est devenu la priorité pour Irini. Qu’est-ce qui change ? 

— Grâce à des moyens aériens, navals et satellitaires dont elle disposera, l’opération Irini sera en mesure non seulement d’appliquer l’embargo sur les armes dans la zone d’opération assignée, mais aussi de surveiller les violations dans une zone plus large et dans différentes dimensions, en assurant au mieux de ses capacités une approche équilibrée et impartiale. Cela permettra à l’Union européenne de fournir aux Nations unies un tableau plus complet de l’éventuel trafic d’armes vers la Libye.

Irini aurait du débuter le 1er avril mais a finalement été retardée, puisque les États membres n’ont pas fourni les moyens nécessaires. Beaucoup de questions se posent. En tant que président du comité militaire, vous savez comment avancent les tractations. Êtes vous optimiste ? 

— L’opération Irini est essentielle pour contrôler l’embargo sur les armes, pour la paix en Libye. C’est pourquoi elle doit disposer des moyens nécessaires pour mettre en oeuvre son mandat. L’opération a été conçue en un laps de temps relativement court, ce qui montre la capacité de réaction de l’UE en temps de crise. Nous faisons face maintenant à un défi nouveau : la complexe tache de passer, en douceur, d’une opération à l’autre.

Tout cela, sans oublier le défi inexploré que représente la pandémie actuelle de coronavirus, une des épreuves les plus difficiles que l’humanité tout entière ait jamais connues, depuis très longtemps. Je comprends que le Coronavirus puisse pour l’instant empêcher certains États membres de fournir des moyens. Cependant une déclaration claire, exprimant l’intention de soutenir Irini dès que les conditions le permettront, apportera de la crédibilité à une mission qui représente le fer de lance des activités de la PSDC.

La volonté des 27 est-elle suffisante, selon vous ?  

— Avec ce mandat clair pour la surveillance de l’embargo sur les armes, l’opération Irini est une preuve supplémentaire que les États membres de l’UE peuvent, en fin de compte, faire preuve d’une unité d’intention, responsable, en particulier lorsqu’il s’agit de menaces et de défis sécuritaires d’intérêt commun. Cette décision souligne également la volonté de l’Union européenne de jouer son rôle de manière crédible, dans un domaine d’intérêt stratégique. C’est une contribution concrète à la mise en œuvre des conclusions de la conférence de Berlin sur la Libye, et qui a comme tâche essentielle de surveiller l’embargo sur les armes établi par les Nations unies.

(Propos recueillis par Aurélie Pugnet)

Entretien réalisé entre le lundi 6 et le samedi 11 avril, en anglais, par voie de mails

Lire aussi :

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5eRHC : deux morts dans un accident d’hélicoptère

Blog Secret Défense - Thu, 16/04/2020 - 12:00
L’accident s’est produit dans les Pyrénées au cours d’un exercice d’hélitreuillage.

Charles de Gaulle: un marin accuse le ministère d’avoir refusé d’interrompre la mission à la mi-mars

Blog Secret Défense - Thu, 16/04/2020 - 11:36
Plus du tiers de l’équipage est positif au Covid. Une frégate belge de l’escorte est rentrée douze jours plus tôt.

Covid-19 : un tiers de l’équipage du Charles-de-Gaulle testé positif

Blog Secret Défense - Wed, 15/04/2020 - 20:59
La marine ouvre une enquête de commandement sur la gestion de l’épidémie au sein du groupe aéronaval

La leçon d’Ebola du Dr. Stefan Kowitz (commandement médical européen)

Bruxelles2 Blog - Wed, 15/04/2020 - 14:06

(B2) Chef du commandement médical européen, mis en place en 2018 dans le cadre de la coopération structurée permanente (PESCO), pour coordonner les efforts des services médicaux militaires en cas d’opération de l’UE ou de l’OTAN, le Dr Stefan Kowitz, a livré, début mars, juste avant le début de la pandémie du coronavirus, un point de vue intéressant, tirant les leçons de la crise précédente, celle d’Ebola.

Une réponse rapide

La première leçon « la leçon la plus importante à tirer de la crise d’Ebola : plus la réponse est rapide avec toutes les ressources disponibles, mieux une telle épidémie peut être contenue.  ». Cette remarque ne s’applique « pas seulement à une épidémie d’Ebola » dit notre docteur.

Et trois méthodes

Pour réduire l’épidémie, il faut trois éléments dit notre général de brigade : « 1. l’isolement des patients infectieux du reste de la population, 2. la possibilité d’un diagnostic rapide, 3. un nombre suffisant d’installations de traitement » C’est « la base de toute lutte contre les maladies infectieuses ».

Commentaire : une règle pas suivie partout

Un point de vue qui n’est pas anarchiste ni dogmatique. La plupart des médecins spécialistes des épidémies le disent. Malheureusement, même après l’arrivée de l’épidémie en Italie, la plupart des pays européens (France, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni) n’ont pas tenu cette règle de conduite primaire. Résultat : l’épidémie galope au rythme de plusieurs milliers de morts par jour dans toute l’Europe.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Une bataille de communication et une lutte d’influence sont engagées dixit Josep Borrell

Bruxelles2 Blog - Tue, 14/04/2020 - 14:30

(B2) Pour le Haut représentant de l’Union chargé des affaires étrangères, en arrière-plan se tisse une vraie bataille stratégique, celle de la communication et de la lutte d’influence. L’Europe doit réagir

(crédit : SEAE)

Ce texte a été publié sur le blog officiel du Haut représentant entre 23 mars et le 2 avril 2020, sur le site du SEAE dans plusieurs langues. Il donne un message d’optimisme, à un moment où l’épidémie de coronavirus était au plus fort en Europe, et anticipe les étapes à suivre mais traduit bien l’état d’esprit. Titres et intertitres sont de la rédaction

Un remodelage du monde en cours

« La pandémie de Covid-19 va remodeler notre monde » écrit le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. « Nous ne savons pas encore quand la crise prendra fin. Il ne fait toutefois aucun doute que, lorsqu’elle s’achèvera, notre monde sera très différent. »

Pas une guerre, mais une solidarité déterminante

Pour le chef de la diplomatique européenne, « la crise provoquée par la Covid-19 n’est pas une guerre, mais elle y ressemble en ce sens qu’elle nécessite la mobilisation et l’affectation de ressources à des niveaux sans précédent. La solidarité entre les pays et la volonté de faire des sacrifices pour le bien commun sont déterminantes. […] Et l’Union européenne a un rôle central à jouer » dans cette bataille.

La logistique et la communication nerfs de la guerre

« Il est dit parfois que les guerres ne se remportent pas par la tactique ni même par la stratégie, mais par la logistique et les communications. Il semble que cela soit également vrai pour le Covid-19 : celui qui organisera le mieux sa réaction en réponse à la crise, en tirant rapidement les enseignements issus du monde entier et en communiquant efficacement avec les citoyens et le reste du monde, en ressortira le plus fort. »

Une bataille de la communication

Engagée avec la Chine…

Pour la voix de l’Europe dans le monde, « une bataille de la communication » s’est bel et bien engagée au niveau mondial, « dans laquelle le choix du bon moment est essentiel ». Il met en cause « des responsables politiques chinois » qui ont « dissimulé […] des informations cruciales », notamment l’ampleur de la crise dans la province de Hubei. À ce moment-là, l’Europe a envoyé de nombreux équipements médicaux pour aider les autorités chinoises « dépassées par les événements ». Avec une certaine discrétion. Ce qui ne semble pas être le cas de la Chine, qui ayant récupéré de la crise « envoie maintenant des équipements et des médecins en Europe, tout comme d’autres) » mais accompagnée d’une campagne de communication. « La Chine cherche à tout prix à faire passer le message selon lequel, contrairement aux États-Unis, elle est un partenaire responsable et fiable. »

… et avec la Russie, une lutte d’influence réelle

Dans cette « bataille de la communication », d’autres phénomènes ont été observés, notamment « des tentatives visant à discréditer l’UE en tant que telle et certains cas où les Européens ont été stigmatisés comme s’ils étaient tous porteurs du virus ». Sans le dire Josep Borrell vise la Russie en particulier. « Nous devons être conscients qu’il existe une composante géopolitique caractérisée notamment par une lutte d’influence menée au moyen du façonnage d’image et de la « politique de la générosité’. Armés de faits, nous devons défendre l’Europe contre ses détracteurs. »

… au sein même de l’Europe

Cette bataille de la communication fait aussi rage « au sein de l’Europe ». Il est « essentiel que l’Union européenne montre qu’elle est une Union qui protège et que la solidarité n’est pas un vain mot ». C’est le principe des vagues d’assaut qu’il prend pour exemple : « Après la première vague au cours de laquelle les autorités nationales ont joué un rôle central, l’Union européenne arrive maintenant sur le devant de la scène en mettant en œuvre des actions conjointes dans tous les domaines dans lesquels les États membres lui ont donné les moyens d’agir : la passation conjointe de marchés pour la fourniture d’équipements médicaux essentiels, des incitations économiques conjointes et un assouplissement nécessaire des règles budgétaires et des règles relatives aux aides d’État. » comme le rapatriement des Européens (1).

L’Union doit être au centre du combat

Réprimer la tentation du chacun pour soi

Dans une crise, « l’instinct de l’être humain consiste souvent à se replier sur soi, à fermer les frontières et à privilégier le « chacun pour soi ». Bien que cette attitude soit compréhensible, elle est contre-productive. La crise provoquée par le Covid-19 ne peut être résolue à l’intérieur d’un seul pays, ou en faisant cavalier seul. […]  Une pandémie mondiale nécessite des solutions mondiales et l’Union européenne doit être au centre de la lutte. […]L’heure est à la solidarité et à la coopération, et non au rejet de la responsabilité sur les autres, ce qui ne soignera pas une seule personne infectée. »

Aide l’Afrique et desserrer l’étau des sanctions

« Si les besoins sont importants à l’intérieur de l’Union européenne, celle-ci devrait également être prête à aider d’autres pays en situation de fragilité qui risquent d’être dépassés » explique-t-il visant l’Afrique en particulier. « Ailleurs, des pays comme le Venezuela ou l’Iran pourraient bien s’effondrer sans notre soutien. Cela signifie que nous devons faire en sorte qu’ils aient accès à l’aide du FMI (Fonds monétaire international). En ce qui concerne l’Iran, nous devons veiller à ce que les échanges commerciaux légitimes à des fins humanitaires puissent être effectués malgré les sanctions imposées par les États-Unis. »

Des tensions géopolitiques croissantes

Enfin, le haut représentant avertit : il faut « garder à l’esprit qu’aucun des autres problèmes sur lesquels nous nous concentrions avant la crise du coronavirus n’a disparu. À vrai dire, ils pourraient s’aggraver. Le Covid-19 pourrait exacerber certains conflits déjà plus anciens dans le voisinage. En ce qui concerne l’Europe, nous devions déjà naviguer dans un monde caractérisé par des tensions géopolitiques croissantes, en particulier entre les États-Unis et la Chine. Ici aussi, le risque est que le Covid-19 exacerbe les tendances préexistantes. »

(texte sélectionné par AP et NGV)

Télécharger le texte complet en FR et ENG

  1. Malgré plusieurs milliers de rapatriements, « il reste encore beaucoup à faire » explique-t-il. Dans le monde entier, « près de 100.000 voyageurs européens se sont signalés auprès d’ambassades ou de consulats locaux, mais le chiffre réel de ceux qui doivent rentrer chez eux est beaucoup plus élevé. » (chiffre au 23.3)

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« Nous savions que les stratégies de confinement avaient une efficacité limitée »

Blog Secret Défense - Tue, 14/04/2020 - 12:03
Alain Dunaud, un ancien de la DGA, a participé aux programmes de défense contre les armes biologiques. Il nous livre son témoignage et ses analyses sur la crise du Covid.

Comment la France s’était préparé à une attaque biologique...

Blog Secret Défense - Tue, 14/04/2020 - 11:25
L’Opinion s’est entretenu avec le médecin général Patrice Binder, ancien du SSA et grand spécialiste des armes biologiques.

Pourquoi Agnès Buzyn travaille-t-elle dans un hôpital militaire ?

Blog Secret Défense - Mon, 13/04/2020 - 11:52
L’ancienne ministre de la Santé est à Percy, à la suite d’un pataquès avec l’APHP.

La pandémie de coronavirus n’est pas une guerre, c’est un test de notre humanité (Steinmeier)

Bruxelles2 Blog - Sun, 12/04/2020 - 14:20

(B2) Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a livré samedi (11 avril) depuis le château de Bellevue, la résidence présidentielle, un discours de Pâques empli de responsabilité et d’empathie. J’ai sélectionné trois extraits. A lire

Le président F.W. Steinmeier (source : Bundespräsident / Sélection B2)

La société vulnérable

« La pandémie nous montre. Oui, nous sommes vulnérables. Peut-être pensons-nous depuis trop longtemps que nous sommes invulnérables, que nous ne pouvons aller plus vite, plus haut, plus loin. Mais c’était une erreur. La crise ne nous montre pas seulement [cela]. Elle nous montre aussi à quel point nous sommes forts! Sur quoi nous pouvons bâtir!  »

Ce n’est pas une guerre, mais un test de l’humanité

« Non, cette pandémie n’est pas une guerre. Les nations ne sont pas contre les nations, les soldats ne sont pas contre les soldats. C’est un test de notre humanité. Il évoque le pire et le meilleur des gens. Montrons-nous le meilleur de nous-mêmes! Et montrons-le aussi en Europe! »

La solidarité n’est pas une possibilité, c’est une obligation

« L’Allemagne ne peut sortir de la crise forte et saine que si ses voisins deviennent également forts et sains. […] Trente ans après l’unité allemande, 75 ans après la fin de la guerre, nous, Allemands, ne sommes pas seulement appelés à la solidarité en Europe. Nous y sommes obligés! »

Commentaire : le ton juste

Que dire de plus. Pas grand chose. L’ancien chef de la diplomatie allemande, proche de Gerhard Schröder, a trouvé le ton juste. Ni larmoyant ni guerrier, il reconnait la gravité de la situation, des erreurs, et appelle chacun à être plus dynamique, plus entreprenant. En faisant de la solidarité, une obligation historique au même titre que celle de 1945 ou de 1989, il ferme la porte à toute tentation du repli sur soi. C’est un grand discours, un discours comme on aimerait que certains dirigeants européens et français tiennent.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Qui est Steinmeier ?

Originaire de Rhénanie du Nord, social-démocrate jusqu’au bout des ongles, Frank-Walter Steinmeier incarne la tendance centriste du SPD allemand. Chef de cabinet à partir de 1993 de Gerhard Schröder, alors ministre-président du Land de Basse-Saxe, il l’accompagne dans sa marche vers le pouvoir. En 1998 il devient ainsi le délégué du gouvernement (= chef politique) des services de renseignement puis son directeur de la chancellerie, durant six ans (de 1999 à 2005). C’est un des artisans de la réforme des systèmes de santé mis en place au début 2000 (système plutôt efficace).

Il a ensuite été ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel à deux reprises de 2005 à 2009 et de fin 2013 à début 2017. En 2009, il est cité, un moment, comme un possible haut représentant de l’Union (lire : Le groupe socialiste et démocrate veut un Haut représentant, socialiste). Il n’hésite pas alors à s’adresser au président américain B. Obama pour réclamer une remise à plat de l’OTAN (lire : Steinmeier à Obama (usa): « une nouvelle orientation » pour l’Otan). En mars 2017, il est élu président de la RFA, fonction surtout symbolique, mais qui revêt en Allemagne une haute autorité morale car se situant au-dessus des partis.

Télécharger le discours (en allemand) * traduction non officielle

 

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Javier Solana surmonte un vilain coronavirus et sort de l’hôpital

Bruxelles2 Blog - Sat, 11/04/2020 - 16:20

(B2) L’ancien haut représentant de l’UE et ancien secrétaire général de l’OTAN, l’Espagnol Javier Solana est sorti jeudi (9 avril) de l’hôpital de Madrid où il avait admis il y a un mois pour un coronavirus ‘carabiné’. Sur ses deux pieds

Javier Solana en décembre 2017 à la bilbliothèque Solvay (© NGV / B2)

De son séjour, celui qui est âgé de 77 ans ne nous dit pas grand chose si ce n’est un grand remerciement. Après « quatre semaines et demi d’hospitalisation, je rentre chez moi et je veux montrer publiquement mon admiration pour l’équipe qui m’a soigné : médecins, infirmières et gardiens. De grands professionnels. Et ils m’ont donné une grande leçon de responsabilité et de dévouement. Je ne vous oublierai pas ! ».

Une maladie dont il faut être conscient qu’on s’en sort

Ce qu’il ne dit pas trop, c’est qu’il a été à deux doigt d’y passer. Emmené en soins intensifs, placé sous oxygène, il n’a dû sa survie qu’à sa force de caractère (nous gratifiant au passage d’un selfie avec le masque à O2), au personnel soignant et au service public auquel il dit merci. « J’étais dans toutes les statistiques pour mal finir : j’ai plus de 75 ans et autre chose, mais il ne faut pas venir (à l’hôpital) en pensant qu’on y va, mais être conscient qu’on en sort » a-t-il confié à sa sortie au quotidien Voz populi. Son voisin de chambre n’a pas eu sa chance.

Modestie et ironie

À B2 nous sommes heureux et retrouvons ainsi celui qui reste le premier Haut représentant (et le seul) jusqu’ici avec une stature et une expérience, accompagné de la modestie qui sied à cette fonction. Quand il y avait un succès ce n’était jamais grâce à lui, mais à tous les autres, à ses équipes. Il le prouve encore aujourd’hui. Un homme qui a gardé tout son ironie, celle qui nous faisait toujours sourire, malgré tout. Il y a quelques heures, il confiait sur twitter, son mode d’expression favori. « C’est impressionnant que 500 morts soit une bonne nouvelle. Le chiffre le plus bas de ces derniers jours !! ».

Javier ! Nous sommes très contents aujourd’hui que vous soyez revenus dans vos ‘pénates’.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

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Covid-19 : La ministre Florence Parly donne enfin des chiffres

Blog Secret Défense - Sat, 11/04/2020 - 12:20
« 369 cas confirmés, 867 cas déclarés et 3 800 cas probables et possibles » 

50 cas détectés positifs au coronavirus sur le ‘Charles-de-Gaulle’

Bruxelles2 Blog - Fri, 10/04/2020 - 12:45

(B2) De 40 cas suspects mercredi, on est passé ce vendredi (10 avril) à 50 cas confirmés au coronavirus sur le porte-avions français Charles-de-Gaulle

Un communiqué de l’état-major français des armées l’a confirmé ce vendredi un peu avant midi. Il y a bel et bien des cas avérés à bord du porte-avions phare de la marine française. « Sur 66 tests réalisés, la présence de 50 cas positifs au Covid-19 » à bord est confirmée.

Une équipe médicale arrivée

Une équipe médicale était arrivée par voie aérienne sur le porte-avions mercredi (8 avril) dans l’après-midi. Composée de deux médecins épidémiologistes, d’un expert en biosécurité ainsi que d’un médecin en charge des prélèvements. Celui-ci a quitté le porte-avions dans la soirée du 8 avril avec les prélèvements, aux fins d’analyse. Les trois autres médecins sont restés à bord afin de réaliser une enquête épidémiologique. L’objectif est d’identifier le circuit de contamination et d’appuyer le protocole permettant de limiter la propagation du virus.

Pas d’état grave ?

Aucune aggravation de l’état de santé des marins à bord n’est constatée à l’heure actuelle. Mais, trois marins ont été évacués à titre préventif jeudi (9 avril) au matin, par un hélicoptère NH90 Caïman Marine, vers l’aéroport de Lisbonne, au Portugal. Là, ils ont été pris en charge par un avion Falcon 900 médicalisé avec à son bord deux médecins et un infirmier et transférés à l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne, à Toulon.

(NGV)

Lire aussi :

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Covid-19 : 50 cas confirmés à bord du Charles de Gaulle

Blog Secret Défense - Fri, 10/04/2020 - 12:40
Trois marins ont été évacués à titre préventif.

Covid-19. La Belgique a-t-elle fait le bon choix en interrompant la mission Foch à temps

Bruxelles2 Blog - Fri, 10/04/2020 - 11:25

(B2 – exclusif) La présence de 50 cas positifs sur le porte-avions français Charles-de-Gaulle interpelle d’autant qu’un seul cas avéré a été détecté pour l’instant au sein de la frégate belge Leopold Ier. Est-ce la chance ou la Belgique a-t-elle fait le bon choix tactique, en interrompant la mission, termes sanitaires

Le Leopold Ier à quai le 27 mars (crédit : MOD Belgique / marine)

Voici les éléments rassemblés, à bonne source, sur l’évolution de la frégate belge Leopold Ier (F-930), qui participait à la task force 473 autour du porte-avions français Charles-de-Gaulle (R-91), après la découverte d’un cas suspect (confirmé) entretemps de coronavirus dans la frégate belge. À compléter le cas échéant ultérieurement.

La frégate belge avait-elle fait escale à Brest et les marins ont-ils pu quitter le bord ?

Oui, Comme tout le groupe aéronaval, l’équipage belge a pu quitter le bord lors de l’escale de Brest (13 au 16 mars). Mais avec des consignes qui dépendaient de la situation locale « prévue à ce moment ». Parmi les consignes deux essentielles : éviter « certaines zones (la zone des prostituées ?) et « se laver assez fréquemment les mains ». Le dimanche (15 mars), quand la ville est passée en ‘lock down’, les marins ont fait retour à bord. Le Léopold I a quitté Brest, le lendemain lundi (16 mars).

Que s’est-il passé quand un cas de coronavirus a été connu ? L’état-major français a-t-il été prévenu ?

Le marin présentant des signes suspects caractérisés a été évacué de la frégate belge dès le 20 mars. Dès confirmation que le test était positif au coronavirus, (NB : le 24 mars), ordre a été donné de préparer le retour en Belgique. L’état-major (français) du groupe aéronaval a été alors prévenu.

NB : On ne peut pas imaginer, connaissant la chaîne hiérarchique impeccable en cours au sein de l’armée française et la valeur stratégique et symbolique du Charles-de-Gaulle, que cette information ne soit pas remontée rapidement (voire immédiatement) à l’état-major de la marine, l’état-major des armées, voire au cabinet de la ministre et au cabinet militaire particulier du président de la république. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’autre réaction côté français. Mystère…

Qu’est-il advenu de l’équipage belge ?

La frégate belge est arrivée le 27 mars à 9h20 à sa base de Zeebruges/Zeebrugge. Là l’équipage a été accueilli par la chaine médicale. Ensuite, tout le le monde a été mis en quarantaine pour une période de 14 jours (durée d’observation standard), afin d’éviter au maximum des contaminations supplémentaires dans la population, soit à domicile, soit à la caserne. Pour les militaires, avec de la famille chez eux « qui font partie du groupe à risque » (personnes plus âgées, ou souffrant de défaillances pulmonaires), la Défense a prévu une mise en quarantaine dans une installation militaire (école militaire). Chaque marin a reçu un package d’information, des consignes à suivre et des coordonnées de contact, et est suivi de près, médicalement et psychologiquement, durant toute cette période, m’assure-t-on.

Y-a-t-il d’autres cas connus ?

Aucun autre cas n’a été détecté pour l’instant (8 avril), selon une source officielle, soit près de 14 jours après la découverte d’un cas suspect (20 mars).

Au final ? quelle tactique au plan sanitaire était la meilleure

Une question qu’on peut poser autant au niveau sanitaire qu’opérationnel. Coté sanitaire : 40 suspects sur le ‘Charles’, 1 cas suspect (confirmé entretemps) sur le ‘Leopold Ier’ et pas d’autre cas suspect. Au niveau opérationnel, côté belge, la frégate est au port, la quarantaine est quasi terminée. Et (en pure théorie), elle pourrait de nouveau être opérationnelle. Côté français, le porte-avions n’est toujours pas au port, la quarantaine n’est pas terminée. Le porte-avions serait donc inopérationnel (toujours en théorie) durant au moins une bonne quinzaine de jours…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

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Covid-19 : les armées ont transporté 142 patients

Blog Secret Défense - Fri, 10/04/2020 - 11:20
Le dispositif aérien est revu à la baisse.

Task force Takuba : l’oubli de la république Tchèque. Une bourde française ?

Bruxelles2 Blog - Fri, 10/04/2020 - 10:13

(B2 – exclusif) La déclaration solennelle de mise en place de la task force Takuba publié fin mars par Florence Parly, la ministre française des Armées, en pleine crise de coronavirus, a commis un (petit) impair : la participation des Tchèques

Entrainement au tir avec une équipe d’instructeurs européens (dans le cadre d’EUTM Mali) (crédit : Army.cz)

Ce n’est pas très grave en soi. Cela n’a pas suscité de hauts cris diplomatiques. Mais c’est gênant envers un pays qui se montre un ‘bon élève’ de la classe européenne en matière d’engagement au Sahel et de solidarité.

La bonne volonté tchèque

Le gouvernement de Prague, avec celui de Tallinn (Estonie), avait pourtant été un des premiers à indiquer sa volonté de participer à cette action des forces spéciales, complément de l’opération Barkhane, dans le Liptako-Gourma, aux confluents des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso). Ce dès novembre 2019 ! (lire : Plusieurs pays européens s’engagent ou songent à s’engager au Mali opération Takuba). Et cette contribution ne s’est pas dédite, contrairement à certaines promesses (telles la Norvège).

Une contribution notable en attente de l’aval parlementaire

Le ministre tchèque de la Défense Lubomír Metnar avait ainsi confirmé, lors de la réunion tenue par video-conférence de l’initiative européenne d’intervention, le 27 mars « l’approbation de la proposition d’envoyer des troupes tchèques à la Force opérationnelle Takuba par le gouvernement de la République tchèque ». Seule réserve, tout comme les Suédois, la participation tchèque reste soumise à une formalité nécessaire : le consentement des élus nationaux. Là encore c’est de notoriété publique (du moins quand on comprend le tchèque). « Cette proposition [est soumise] au Parlement, dont le consentement est nécessaire pour l’envoi de soldats tchèques » a expliqué le ministre Melnar.

La volonté de stabiliser la région sahélienne

Il faut « inverser les développements négatifs actuels et supprimer les causes de l’instabilité au Mali et au Sahel en adoptant des mesures vigoureuses de façon unifiée » a ajouté Prague rejoignant ainsi le texte de la déclaration finale.

Une présence déjà affirmée à Bamako

Précisons que le Mali n’est pas une totale nouveauté pour les Tchèques. Leurs forces ont assuré, depuis quasiment le début, la ‘force protection’ de la mission européenne de formation de l’UE (EUTM Mali), au quartier général de Bamako en particulier, ou lors des escortes de ViP. Avec efficacité, fermeté… tout en gardant le sourire. Et ils vont prendre le commandement de la mission relayant les Portugais dans la seconde partie de l’année (lire : Les Tchèques vont prendre le commandement de la mission EUTM Mali).

Commentaire : un juste retour des choses

Il est étonnant de voir mentionner la Suède (qui est plutôt un traine-la-patte en matière de défense européenne) et pas la république Tchèque, qui sont au même point d’avancée (lire : Lire : La task-force Takuba est créée. Une déclaration signée à onze. Quelques-uns s’engagent plus).

Il est étonnant que, plusieurs jours après, alors que cet oubli est connu, aucune modification n’ait été faite. S’il s’était agi du Royaume-Uni ou de l’Allemagne, la rectification aurait été faite dans l’heure, avec un communiqué envoyé à toute la presse.

extrait du communiqué publié le 27 mars 2020 – toujours inchangé

Un oubli inexplicable d’autant plus que le gouvernement de Prague est dirigé par un membre des libéraux et démocrates européens, tout comme Emmanuel Macron. Ou alors l’explication est politique : on estime peut-être que la promiscuité avec un certain Andrej Babiš, premier ministre au tempérament de feu, plus proche dans l’esprit de Viktor Orban, fait tâche.

On dénonce souvent l’absence de solidarité des pays d’Europe centrale et orientale en matière de défense et de leur atlantisme à outrance. C’est parfois vrai, parfois non. L’esprit européen de ces pays est souvent oublié (cf. encadré 1), particulièrement en France, où les commentateurs adorent montrer du doigt ces ‘vilains’ de l’Est pas solidaires que les féliciter. Il faut rétablir un certain équilibre.

Au lieu de vilipender sans cesse, nous devrions plutôt nous inspirer. Ce qui se fait aujourd’hui dans les pays de l’Est n’est pas idiot : la réaction, rapide, des autorités locales en matière de lutte contre le Covid-19 a sans doute évité certains dégâts (cf. encadré 2). Mettons de  côté notre côté fanfaron — du genre ‘nous sommes les meilleurs (pour la santé, le système politique, la défense, etc.) —, soyons plus à l’écoute des autres Européens et profitons de leur expérience.

(Nicolas Gros-Verheyde)

1. Une certaine solidarité européenne, trois exemples

En matière d’équipement, alors que plusieurs pays de l’Est européen achètent en majorité de l’équipement US (par exemple la Pologne ou la Roumanie), l’un d’entre d’eux se détache particulièrement, la Hongrie de Viktor Orban (Fidesz/Chrétiens-Démocrates) qui achète régulièrement ‘européen’ (lire : La Hongrie fait ses emplettes chez Airbus et KMW). Pour l’opération Irini, le premier pays à avoir annoncé une contribution publique réelle… c’est la Pologne de Andrej Duda (Pis/Conservateurs) (lire : L’opération EUNAVFOR Med Irini sans navires, pour l’instant. La génération de forces se poursuit). Et la Roumanie de Ludovic Orban (PNL/Libéraux-centristes) est un des seuls pays européens à avoir accepter d’envoyer (ces jours-ci) une équipe de 11 médecins et infirmiers dans le nord de l’Italie en renfort dans la lutte contre le coronavirus (lire ici). La réalité est donc plus contrastée qu’on veut bien le dire.

2. L’exemple vient de l’Est  

On peut noter l’extrême promptitude de réaction tchèque en matière de lutte contre le coronavirus avec à la clé fermeture des frontières (ce qu’a fait tout le monde ensuite), achat massif de masques et recours à l’armée (lire : Prague organise un pont aérien pour rapatrier masques et respirateurs de Chine). Alors que la France vrombit au son de la guerre (cf. discours Emmanuel Macron), mais tergiverse encore l’utilisation massive des masques et le recours à l’armée, la république Tchèque n’hésite pas, elle déclenche un pont aérien. Résultat : le premier avion gros porteur de type Antonov se pose à Prague le 23 mars. Il faudra une semaine exactement (le 30 mars) pour avoir le même effet à Paris ! Ce alors que la crise du coronavirus est plus forte en France qu’en Tchéquie. Si le gouvernement d’Edouard Philippe avait été plus rapide, quelques vies supplémentaires auraient sans doute pu être sauvées (surtout du côté du personnel soignant).

 

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La stratégie de la Russie en Arctique : une remilitarisation qui coûte cher

Bruxelles2 Blog - Thu, 09/04/2020 - 16:15

(B2) Dans le Grand Nord, la Russie a une ambition : « reconquérir l’Arctique ». Une militarisation forte de la région qui ne se fera qu’au travers d’un investissement conséquent, et au détriment de ses relations avec les pays occidentaux, note l’Institut français des relations internationales

Les principales infrastructures militaires et énergétiques dans l’Arctique russe (crédit : IFRI)

Alors que la pandémie de Coronavirus occupe toute l’attention, B2 (tente) de tenir son engagement : garder un œil sur les zone de tensions les plus brûlantes du globe qui resurgiront dès la crise passée car elles sont structurantes.

L’Arctique, bastion de la souveraineté de la Russie

La stratégie actuelle de Moscou en Arctique suit trois objectifs, selon Marlène Laruelle (IFRI) *. Premièrement, sur la scène internationale, cette zone représentante « un lieu pour réaffirmer son prestige et son statut de grande puissance », mettant en avant le dialogue et la coopération internationale plutôt que l’affrontement. De plus, pour sa sécurité, la Russie veut « réaffirmer sa souveraineté territoriale » en « sécurisant » les voies de transport et « se préparant aux menaces potentielles pour sa souveraineté ». Par ailleurs la Russie veut relancer l’économie dans le Grand Nord, qui représente 11% de son PIB.

Une forte remilitarisation de l’Arctique 

Moscou a beaucoup investi dans la militarisation de la région depuis 2007. Moscou y abrite aujourd’hui les deux tiers de son armement nucléaire, et la péninsule de Kola à elle seule héberge la plupart de ses navires de lancement de missiles balistiques nucléaires (SSBN), ainsi que son arsenal anti-aérien et anti-navire. Depuis 2015, des avions intercepteurs MiG-31 et des bombardiers tactiques Su-34 sont positionnés et « rendent les côtes américaines plus accessibles » à la Russie. En parallèle, des bombardiers stratégiques patouillent également à nouveau les frontières avec l’OTAN.

Depuis 2014, c’est une quinzaine de bases aériennes qui ont été rouvertes, dont trois sont équipées de missiles à longue, moyenne et courte portée. La flotte du Nord, elle, a été non seulement renforcée de plusieurs navires, mais la Russie a également prévu d’y ajouter un véhicule sous-marin nucléaire non-habité (UUV) Poséidon, et des missiles antinavires hypersoniques Tsirkon. En plus, le dernier programme d’armement prévoit de développer de nouveaux systèmes de missiles adaptés à l’Arctique.

… pour protéger les intérêts nationaux

En 2014, la doctrine militaire de la Russie mentionne explicitement « la protection des intérêts nationaux dans l’Arctique comme l’une des priorités » des forces armées russes. Et pour mener sa politique ambitieuse, le ministère de la Défense aurait mis en place un « commandement stratégique unifié du Nord », l’année dernière.

Budget vs. Puissance

Malgré la stagnation de l’économie russe, les investissements sont nombreux, et pas que du côté de la défense. Cela « implique des investissements humains et financiers que [la Russie] ne peut assumer pleinement dans les conditions sociales et budgétaires actuelles ». Toutefois, l’Arctique présente un exemple concret de « la résilience des politiques publiques russes dans des domaines jugés stratégiques ». Les fonds sont « limités, mais donc sont soigneusement ciblés dans des secteurs considérés comme cruciaux pour la capacité de la Russie à affirmer sa puissance ». En défense, la marine russe, elle, est « le grand perdant », avec des fonds insuffisants pour renouveler les bâtiments. Reste à voir jusqu’où ce budget est extensible (1).

Un succès certain

La remilitarisation de la frontière arctique est un « succès ». En dix ans, le géant russe « a réussi » à y établir une présence militaire et paramilitaire. En parallèle, la flotte du Nord se modernise. Ce malgré les conditions extrêmes, les budgets réduits et les « dysfonctionnements typiques du secteur militaire russe », soit les retards de production, la corruption et la qualité parfois pauvre des produits.

… au détriment des relations internationales 

Ce succès a pourtant eu un revers sur la scène internationale : il s’est fait « au prix d’une aggravation des tensions avec les pays occidentaux », à noter que « cela est dû davantage à un contexte général extrêmement dégradé plutôt qu’à la situation spécifique de l’Arctique ». La nouvelle carte qui se dessine dans la région crée des incertitudes, selon comment les acteurs feront face aux potentielles escalades et sauront garder un climat de confiance dans la région.

Une activité offensive ou défensive ?

Le dispositif militaire régional mis en place par Moscou est plus défensif qu’offensif, étant donné la façon dont il est construit, note l’IFRI. Notamment, la reconstruction des capacités arctiques reste sur le territoire russe. Malgré tout, sa stratégie présente des risques de tensions, car ses mesures visent également à « dissuader les influences potentielles des voisins de l’OTAN », et « dans le contexte actuel, peuvent être interprétées comme étant plus offensives ». Un point sans doute remarqué derrière les frontières de l’Alliance, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou (Sergey Shoigu) reconnaissant que la compétition dans la région pourrait mener au conflit.

(Aurélie Pugnet)

  1. La Russie investit largement dans la défense en Arctique, mais également dans le développement d’infrastructures gazières et des ports sur le chemin du passage nord-est, pour lesquels elle est obligée de se tourner vers la Chine pour investir, faute de moyens russes suffisants

* Russia’s Arctic PolicyA Power Strategy and Its Limits, Marlène Laruelle, Notes de l’Ifri, Russie.Nei.Visions, n° 117, mars 2020, 32 pages. Télécharger l’étude ici

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