L’absence de négociations politiques depuis le retour au pouvoir du Parti populaire en 2011, le refus par ce dernier de toute forme de médiation depuis le référendum du 1er octobre et l’accroissement continu des tensions ont abouti à la proclamation solennelle de la République de Catalogne le 27 octobre 2017. Immédiatement, le Sénat de l’Etat espagnol a riposté en votant l’article 155 de la Constitution permettant de mettre les institutions de l’autonomie catalane sous tutelle (dissolution du Parlement catalan, destitution des membres du gouvernement…). Des élections régionales ont par ailleurs été planifiées par Madrid pour le 21 décembre.
Deux logiques politiques s’affrontent ainsi irrémédiablement et la situation devient infiniment volatile au vu d’un fossé qui s’est graduellement creusé entre les protagonistes de la crise. Nous assistons à l’affrontement de deux nationalismes, au demeurant asymétriques car chargés d’un contenu politique différents, dont chacun considère que le moindre compromis serait l’expression d’une capitulation. La question est donc désormais de savoir comment sortir d’une crise qui a atteint son acmé.
Les partisans de l’indépendance se félicitent de leur victoire, mais cette dernière risque en réalité d’avoir un goût amer. En effet, les divergences sont grandes au sein même du camp indépendantiste et ne peuvent désormais que se cristalliser. Les différences d’appréciation ont jusqu’alors été plus ou moins tues au nom de l’objectif commun revendiqué de l’indépendance, mais entre les partisans d’un centre droit modéré et ceux de la gauche radicale les divergences sont essentielles. C’est une des raisons pour lesquelles des questions centrales comme le rapport à l’Union européenne (UE) ou la question sociale ont été mal appréciées, voire éludées. Ainsi, le type de modèle républicain à mettre en œuvre n’a pas été débattu publiquement, or la revendication de l’indépendance ne peut constituer un programme politique en soi.
C’est, de notre point de vue, une position de principe que de reconnaître la volonté de s’exprimer librement et la possibilité de recourir à un processus d’auto-détermination. Il importe que ce choix décisif puisse être réalisé en toute clarté, donc sur les bases d’un programme, d’alliances et, éventuellement, de compromis entre les parties au processus, rigoureusement exposés aux citoyens. Le cardinal de Retz qui considérait en son temps qu’« on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment » avait en l’occurrence politiquement tort. La précision des objectifs et des médiations utilisées pour y parvenir est d’autant plus nécessaire que la revendication de l’indépendance a mobilisé des millions de citoyens depuis maintenant plusieurs années et que ces derniers ont besoin de perspectives nettes et claires.
On ne peut alors par exemple qu’être confondu par les illusions qui, depuis des années, ont marqué la majorité du camp indépendantiste sur le soutien que lui apporterait l’UE. Or, la réalité se révèle amère. Ni Bruxelles ni aucune capitale européenne n’ont manifesté le moindre appui au processus d’indépendance. A contrario, leur soutien à Mariano Rajoy est total. On en conviendra, c’est une erreur d’appréciation politique majeure que les dirigeants indépendantistes risquent de payer chèrement, à l’exception de ceux de la Candidature d’unité populaire (CUP – gauche radicale) qui sont vivement critiques à l’égard de l’UE.
Le contenu social de la République de Catalogne n’a pas non plus été véritablement abordé, débattu et clarifié. Si la revendication de l’indépendance révèle indiscutablement une profonde aspiration du sentiment national catalan, elle n’exprime pas automatiquement une volonté de redistribution plus égalitaire des richesses, de défense et d’accroissement des droits sociaux. Or, comme souvent dans l’histoire des processus d’émancipation sociale et politique, les mouvements qui ne parviennent pas à lier la question nationale et la question sociale sont, la plupart du temps, voués à l’échec. C’est ainsi une faiblesse des composantes du camp indépendantiste que de n’avoir pas suffisamment cherché une jonction organisée avec le mouvement social et syndical alternatif en Catalogne et au sein de l’Etat espagnol.
Même si la fenêtre est désormais étroite, c’est au prix de ces clarifications que le mouvement initié en Catalogne pourra se dénouer politiquement et démocratiquement. Nul ne peut croire un seul instant que la question nationale catalane puisse être réglée par des mesures coercitives de mise sous tutelle. La réponse à la crise présente ne peut être ni juridique ni bureaucratique mais fondamentalement politique, c’est-à-dire qu’elle doit recourir au dialogue et à la négociation, ce que jusqu’alors le gouvernement de Madrid et ses alliés de circonstance se sont systématiquement refusés à accepter.
Les multiples manifestations qui ponctuent la vie politique en Catalogne depuis plusieurs années, les résultats du référendum du 1er octobre, dans les conditions de violence répressive dont tous les observateurs se souviennent, indiquent assez clairement que la société catalane est intensément et massivement mobilisée. C’est pourquoi, on ne peut être que profondément sceptiques quant à l’antienne propagée par les autorités de Madrid sur la « majorité silencieuse ». On ne peut par exemple prétendre que les élections régionales du 27 septembre 2015, atteignant un taux de participation de 77 % du corps électoral et qui ont donné une courte majorité en sièges aux diverses composantes des partisans de l’indépendance sur la promesse d’organiser un référendum, ne constituent pas un indicateur fiable de l’état d’esprit des citoyens catalans et de leur inclination. Pour autant ce serait illusoire de penser que la mobilisation restera croissante et s’exprimera de façon linéaire.
C’est donc inlassablement par la multiplication des contacts avec toutes les forces politiques, sociales et syndicales alternatives de l’Etat espagnol que l’intransigeance du Parti populaire et de ses alliés peut être battue. On ne sait à ce jour si les partis indépendantistes participeront au scrutin organisé par Madrid le 21 décembre prochain en Catalogne. La principale exigence c’est, a minima, que tous les partis puissent le faire sans aucune restriction, en d’autres termes qu’aucun de leurs dirigeants ne soit emprisonné.
Enfin, c’est la reconnaissance de la Catalogne comme une nation et donc celle de l’Etat espagnol comme un Etat pluri-national, qui permettra paradoxalement de dépasser les pièges du nationalisme. En un mot, revenir au statut de 2006 qui avait été voté par le Parlement catalan, puis le Parlement de l’Etat espagnol, puis approuvé par référendum en Catalogne avant d’être porté devant le Tribunal constitutionnel par le Parti populaire pour le vider de sa substance… On connaît la suite… Il faut désormais sortir de l’impasse. Un processus constituant apparaît comme une nécessité pour dénouer la crise.
Although the UN report of 2012 projected that Gaza would be uninhabitable by 2020, Gaza is likely to collapse into a state of chaos domestically and renewed military confrontation with Israel much earlier. Gaza’s current reality is shaped by the aftermath of military clashes between Israel and Palestinian groups, the tightening of the blockade by Israel in 2007, the closure of the Rafah Crossing by Egypt, and the international community’s no-contact policy towards Hamas. This has created a situation of isolation, in which the infrastructure as well as the social and political fabrics in the Gaza Strip have suffered. Gaza’s once export-oriented economy is now largely defunct, with the population impoverished and dependent on foreign aid. These factors pose serious threats to domestic stability, to Palestinian unity, and to the stability of the sub-region. Immediate intervention by the EU is needed to alleviate the humanitarian crisis, advance Palestinian reconciliation, and lift the Israeli blockade. The current rapprochement between Fatah and Hamas offers opportunities for the Europeans to engage.
Dominique Reynié était l’invité de Myriam Lemaire sur la radio Fréquence Protestante pour échanger sur la dernière étude de la Fondation pour l’innovation politique, « Où va la démocratie ? », et analyser l’état de santé des démocraties en Europe et aux États-Unis. L’intégralité de l’émission est à retrouver ici.
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Mente politica – la politica in testa Le democrazie contemporanee sono chiamate giornalmente a misurarsi con nuove sfide (la globalizzazione, la crisi economica, il terrorismo) e con nuovi soggetti politici (i partiti populisti, ma – più in generale – i populismi, siano essi di governo o di opposizione). È in questo contesto che, alla ricerca […]
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Dans la nuit du lundi 23 octobre, les ministres du travail des différents États membres de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une réforme de la directive sur les travailleurs détachés.
Sans surprise, le président de la République populaire de Chine a été reconduit comme Secrétaire général du Parti communiste chinois ce 25 octobre à l’issue d’un 19ème congrès qui n’a pas manqué de susciter l’émoi de la presse internationale. La Chine de Xi Jinping y a affiché la ferme ambition de prendre la tête du leadership économique et technologique. Le peut-elle également sur les questions stratégiques ? Pour nous éclairer, le point de vue de Barthélémy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS.
Au lendemain du 19e Congrès du Parti communiste chinois (PPC), Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine, est conforté sur le plan politique et idéologique. Le terme « maoïsme » usité largement par la presse internationale au lendemain de sa réélection est-il pertinent pour qualifier ce nouvel horizon politique ?
Tout dépend de ce que l’on entend par maoïsme. S’il s’agit du contenu de la politique de Mao Zedong, alors Xi Jinping avec son socialisme à la chinoise et sa glorification de l’économie de marché en est très éloigné. Il est, sur ce point, plutôt l’héritier de Deng Xiaoping. Si on comprend par maoïsme la tactique politique, qui serait, pour paraphraser Clausewitz, la poursuite de la guerre par d’autres moyens, alors on retrouve sans doute chez Xi des éléments inspirés par Mao, que la campagne anti-corruption de son premier mandat symbolise. Mais de manière générale les comparaisons sont déplacées, et assez simplistes, sans doute par manque de recul et de connaissance sur ce pays. C’est un peu comparable à la tentation pour les observateurs étrangers de vouloir trouver, chez tous les dirigeants français, un peu de Napoléon ou de de Gaulle. Pourquoi faire systématiquement référence à Mao pour chercher à comprendre les dirigeants de la Chine, sinon pour mieux montrer notre incapacité à prendre la mesure des développements exceptionnels de ce pays depuis la mort du Grand timonier, il y a plus de quarante ans ?
Xi Jinping a son propre style, et surtout un contexte que ses prédécesseurs n’ont pas connu, celui d’une Chine en position de force sur la scène internationale, et qui est en voie de devenir la première puissance économique mondiale. Certes, dans la méthode, l’habileté du président Chinois a consisté à réconcilier Mao et Deng, les deux figures de référence de la Chine contemporaine, comme pour mieux s’inscrire dans la continuité de ces dirigeants emblématiques. Mais le qualifier de maoïste est réducteur.
La Chine tend à se débarrasser définitivement de son statut « d’atelier du monde » qui l’a caractérisé au 20ème siècle pour se hisser à la pointe du progrès économique et technologique. Quelle est la Chine du 21ème siècle dessinée par Xi Jinping ?
Il s’agit là d’un vaste projet de reconversion de l’économie chinoise déjà amorcé par Hu Jintao, le prédécesseur de Xi, et son Premier ministre Wen Jiabao. Rappelons d’ailleurs au passage que le Premier ministre actuel, Li Keqiang, est proche de Hu. Les dirigeants de la Chine contemporaine ont compris que l’atelier du monde, s’il a permis à ce pays de sortir de la misère, doit désormais laisser place à une montée en gamme de l’économie. Il s’agit d’ailleurs là d’une réalité en partie consommée, et qui n’a pas attendu le 19e congrès du PCC pour se manifester.
Ces efforts se traduisent par une réduction de la pauvreté, l’émergence de classes moyennes dans des proportions qui donnent le vertige, et une augmentation de la consommation intérieure. Cela se fait au prix d’une croissance moins soutenue et d’une transformation progressive de l’économie chinoise, qui était indispensable. Mais ce sont des tendances amorcées il y a déjà près d’une décennie et que Xi ne fait que conforter, tout en capitalisant sur leurs résultats pour voir plus loin. Car, et c’est l’un des points les plus intéressants de ce congrès, la Chine se projette désormais sur plusieurs décennies, avec notamment les objectifs affichés pour 2049, année qui marquera le centenaire de la République populaire.
Avec le repli des Etats-Unis de Trump, la Chine est-elle la puissance stratégique de demain ? Comment entend-elle se positionner sur la scène internationale ?
Le déclin, relatif mais réel, des Etats-Unis sur la scène internationale, qu’on ne saurait au passage uniquement imputer à Trump et dont il ne serait qu’un accélérateur, laisse un vide. Et comme il coïncide avec la montée en puissance et la mise en avant d’un discours plus volontaire de Pékin, les raccourcis sont rapidement dessinés quant à une transition de puissance qui ferait de la Chine le nouvel artisan de l’ordre mondial. C’est aller vite en besogne.
D’une part, les Etats-Unis resteront encore plusieurs décennies, voire davantage, la première puissance militaire mondiale et ne vont pas s’effacer comme par enchantement (un rêve pour certains, cauchemar pour d’autres). La Chine est en passe de devenir un géant économique, mais elle n’est pas encore en mesure de rivaliser, sur les questions stratégiques, avec Washington. C’est sur cette base que le sinologue américain Michael Pillsbury qualifiait il y a quelques années la Chine de « puissance partielle », dominante dans certains secteurs, mais en retard dans d’autres domaines.
D’autre part, et dans le prolongement de cette idée, doit-on partir du principe que la Chine cherche à s’affirmer comme la puissance stratégique de demain, avec toutes les contraintes que cela impose et dont Washington a fait les frais ? Ne va-t-elle pas, au contraire, se complaire dans ce rôle de puissance partielle, jouant un rôle accru dans les affaires internationales, mais refusant d’être en première ligne ? Des réponses apportées par les dirigeants chinois à cette question dépendra toute l’articulation des relations internationales et de l’ordre mondial (unipolaire, multipolaire ou apolaire) des prochaines décennies.
Si vous n’avez pas encore entendu parler de #MeToo, c’est que vous n’étiez pas sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Le phénomène, qui n’a cessé de s’amplifier, témoigne du potentiel que constitue Internet pour renforcer le débat citoyen.
La criminalidad organizada presenta una gran complejidad y debe ser contemplada bajo una perspectiva no sólo integral sino también, sin duda, global.