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Diplomacy & Defense Think Tank News

“Les patients peuvent aider à soigner le soin”.

Institut Montaigne - mar, 29/05/2018 - 09:38

Avec plus de 15 millions de malades chroniques, quelle place notre système de santé fait-il au patient ? Quelle expertise complémentaire les malades chroniques peuvent-ils apporter dans les parcours de soins ? Comment faire de l’expérience douloureuse d’une maladie un atout et une expertise ? Entretien avec Catherine Tourette-Turgis, Professeur en Sciences de l'Éducation et fondatrice de l’Université des Patients…

“Les patients peuvent aider à soigner le soin”. Entretien avec Catherine Tourette-Turgis

Institut Montaigne - mar, 29/05/2018 - 09:38
“Les patients peuvent aider à soigner le soin”. Entretien avec Catherine Tourette-Turgis Institut Montaigne mar 29/05/2018 - 09:38 Avec plus de 15 millions de malades chroniques, quelle place notre système de santé fait-il au patient ? Quelle expertise complémentaire les malades chroniques peuvent-ils apporter dans les parcours de soins ?

»Kein Blick in die Glaskugel«

SWP - mar, 29/05/2018 - 00:00

 

 

Prof. Dr. Norbert Lammert: „Keine Gründe, sich vom westlichen Projekt loszusagen“

Konrad Adenauer Stiftung - mar, 29/05/2018 - 00:00
Der Vorsitzende der Konrad-Adenauer-Stiftung sprach beim Global Solutions Summit 2018 über die Verantwortung der G7, über Demokratie und Rechtsstaatlichkeit.

Colombie : paradoxes de la paix et élection présidentielle

IRIS - lun, 28/05/2018 - 18:50

La paix, si l’on en croit la présentation médiatique internationale, aurait été au cœur de la campagne présidentielle colombienne, dimanche 27 mai. La paix, c’est-à-dire l’accord signé le 26 septembre 2016 entre le président sortant, Juan Manuel Santos, et la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Il convient de mettre quelques bémols à cette approche.

La paix avec les FARC n’a pas été l’enjeu principal de l’élection. Les candidats ont parlé de beaucoup de choses, de fiscalité, d’éducation, de services de santé, de soutien aux agriculteurs …, et du Venezuela. Mais assez peu des accords de paix. Quant aux FARC, elles avaient dans un premier temps envisagé de participer aux présidentielles. Avant de renoncer. Rodrigo Londono, « Timochenko », secrétaire général du part héritier de la guérilla, la Force alternative révolutionnaire du commun, contesté, parfois violemment, tout au long de la campagne des parlementaires du 11 mars dernier, a fait un accident cardiaque. Il s’est retiré pour raisons de santé. Et n’a pas été remplacé. Les FARC ont obtenu un peu moins de 0,5% des suffrages exprimés aux législatives.

Le regard sur les FARC et les accords de paix, il est vrai, n’est pas le même à Bogota et à Genève. La « communauté internationale », les grands de ce monde, en mal de processus de paix abouti, d’Afghanistan au Sahel, ont applaudi à tout rompre au lendemain de la signature des accords signés par les FARC avec les autorités colombiennes. L’accord, on le sait, a été soit boudé, soit rejeté par une majorité des électeurs colombiens le 2 octobre 2016. 50,5% de non, et plus de 62% d’abstentionnistes. Il a fallu comme pour le Traité européen une session de rattrapage parlementaire pour remettre sur rail un compromis rejeté par le suffrage direct.

Pour les Colombiens des villes, pour les Colombiens les plus aisés, les FARC sont un groupe terroriste délinquant qui devait être traité comme tel. Ils rejettent le principe même des accords et toute augmentation des impôts visant à construire une vraie paix consensuelle. Les Colombiens de la gauche parlementaire considèrent que leurs échecs électoraux successifs doivent beaucoup à la perpétuation des FARC et du conflit intérieur. Les uns et les autres savent aussi que les facteurs de violence en Colombie vont bien au-delà des FARC. Toutes sortes de groupes armés restent sur le pied de guerre dans les périphéries du pays. Politisés comme l’ELN ou l’EPL, ou groupes d’intérêts délinquants, qualifiés pour faire simple de bandes criminelles (Bacrims).

Le sujet, donc, d’un point de vue colombien, celui des acteurs politiques en présence, a été au mieux contourné pendant la campagne.  Le candidat de droite, Ivan Duque, n’avait pas à traiter un sujet qui de son point de vue relève de la justice ordinaire et de la police. Le candidat de gauche a préféré centrer sa campagne sur l’égalité et la solidarité, garants selon lui de paix sociale. Implicitement l’un, Ivan Duque, de fait remet en question la philosophie des accords de paix. Alors que l’autre, soucieux de paix sociale ne les remet pas en cause.

Ivan Duque est arrivé en tête avec une avance confortable, mais insuffisante, 39% des suffrages exprimés. Gustavo Petro, 25% des suffrages exprimés s’est difficilement qualifié pour le deuxième tour. La victoire de l’un ou de l’autre aura nécessairement un effet destructeur ou consolidateur de paix intérieure. Alors que les accords sont déjà appliqués de façon aléatoire. Prix Nobel de la paix, le président Santos a laissé filer l’application des accords au fil des résistances de sa base sociale et de la conjoncture électorale. L’un des signataires des accords, au nom des FARC, Jesus Santrich, a été emprisonné en attente d’extradition pour trafic de stupéfiants à la demande des États-Unis. Relâché après une grève de la faim, sa situation judiciaire reste précaire. Les combattants des FARC, démobilisés et identifiés, survivent dans des camps sans perspectives claires de reconversion et d’intégration. Certains d’entre eux ont été assassinés. Tout comme des dizaines de syndicalistes et responsables de la société civile, mobilisés par l’application effective des accords de paix.

La victoire possible du candidat de droite pourrait accentuer ces évolutions. Protégé de l’ex-président Uribe, partisan du tout répressif, Ivan Duque, en remettant en cause l’esprit des Accords de paix, comme il l’a indiqué, signerait la reprise d’un cycle de violences. Déjà, environ 20% des anciens combattants des FARC ont repris du service, selon une logique que l’on avait constatée en Amérique centrale à la fin des conflits intérieurs, dans des groupes délinquants. Certains d’entre eux ont beaucoup fait parler d’eux sur les confins frontaliers de la Colombie et de l’Équateur. Les militaires de carrière participent par centaines à la guerre civile du Yémen, dans le camp des Émirats arabes unis, recrutés par l’intermédiaire de sociétés privées de sécurité nord-américaines.

Les 30 et 31 mai prochains, le président Santos sera à Paris et à Bruxelles. Pour acter le point de départ d’une étape nouvelle pour la Colombie, loin des Accords de paix. Le 30 mai, il signera l’acte d’adhésion de son pays à l’OCDE. Et le 31, celui de l’accession de la Colombie au statut de partenaire global de l’OTAN.

 

« Il n’y a pas un, mais des mondes arabes »

IRIS - lun, 28/05/2018 - 18:42

Les Etats-Unis ont ouvert, le 14 mai, leur ambassade à Jérusalem. Quel signal cette décision américaine envoie-t-elle à la région?

Nous savons que le statut de Jérusalem est extrêmement délicat pour les trois grandes religions monothéistes. En prenant cette décision unilatérale, le président des Etats-Unis Donald Trump foule totalement au pied le droit international et toute idée de multilatéralisme. Cette décision exprime la volonté du plus fort, au mépris des Palestiniens, ceux-ci étant par ailleurs incapables de s’entendre au vu de la désunion qui existe entre l’autorité palestinienne et le Hamas. Cette décision de choisir Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis est à mettre en corrélation avec l’avancée irrépressible du mouvement de colonisation des Israéliens sur des terres palestiniennes, mouvement qui rend de plus en plus difficile les perspectives de la création d’un État palestinien souverain et viable.

Autre dossier d’actualité, celui du retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien. Quelles peuvent en être les répercussions?

M. Trump suit une logique similaire: il se contrefout du droit international, de ce qui régit difficilement les accords entre les différents états constituant l’échiquier international. La seule chose que je puisse souhaiter, c’est que les autres États qui avaient signé l’accord avec les Iraniens trouvent, dans les meilleurs délais, des solutions de contre-feu par rapport à la décision de M. Trump. Il n’y a aucune raison à ce que nous acceptions les décisions unilatérales de M. Trump. Si nous n’y parvenons pas, nous, les Européens, avec les Chinois, avec les Russes, et avec bien d’autres, alors les règles du droit international se dissoudront pour quelque temps et seul comptera la loi du plus fort.

Y a-t-il, suite à ces deux décisions, des risques d’embrasement dans la région?

Nous avons vu, il y a quelques semaines, des bombardements iraniens sur des positions israéliennes, mais surtout des bombardements israéliens sur des positions iraniennes en Syrie. Je ne crois pas que cela va se généraliser, car Israéliens et Iraniens et leurs alliés savent jusqu’où ne pas aller. Je n’ai pas de certitude absolue, car la situation est tellement délétère et volatile que tout peut déraper très rapidement. Malheureusement, il y a quelques pousses au crime, Donald Trump étant le premier d’entre eux. À moins que ce ne soit Benjamin Netanyahu. Pour le coup, Netanyahu et Trump sont strictement sur la même longueur d’ondes sur les deux dossiers que l’on vient d’évoquer. Je ne sais pas quel est celui qui conseille l’autre.

Quel est le rôle de l’Iran aujourd’hui?

L’Iran est et restera incontournable, car c’est un grand pays de plus de 80 millions d’habitants, qui a une longue histoire, qui a une place géostratégique d’une importance considérable, et qui a parfaitement conscience de son rôle et de sa puissance potentielle. Pour autant, est-ce une menace? De mon point de vue, non. C’est un pays qui veut étendre son influence, mais ce n’est pas un pays qui veut exporter son régime. Beaucoup d’analystes sont encore à raisonner sur l’Iran comme ils auraient pu le faire au début de la révolution iranienne. Il est vrai que Khomeini, en son temps, avait eu des discours enflammés en disant qu’il voulait exporter la révolution islamique dans toute la région. Mais il est mort depuis longtemps. En réalité, il n’y a plus de volonté d’exportation de la révolution islamique depuis 1980, très précisément depuis la tentative d’invasion de l’Iran par l’Irak.

Le 12 mai, les élections législatives en Irak ont sanctionné le parti du Premier ministre sortant Haider al-Abadi, donnant la victoire à deux nouvelles alliances. Qu’en déduisez-vous?

L’Irak est une société très décomposée, atomisée et, malheureusement, les citoyens n’ont plus guère confiance en une bonne partie des dirigeants. Ceux qui ont voté ont visiblement reporté leur vote vers des partis qui n’ont pas eu de responsabilité gouvernementale directe au cours des dernières années. Ce qui est très intéressant, c’est l’alliance entre le vainqueur Moqtada Al-Sadr et le parti communiste irakien, qui indique la volonté non seulement de favoriser les plus pauvres, mais aussi de transcender les divisions communautaires et religieuses qui existent en Irak. S’ils parviennent à cela, ce sera une bonne nouvelle.

Qui est Moqtada Al-Sadr, qui sort victorieux du scrutin?

Moktada Al-Sadr est un chiite assumé, à la fois très proche de l’Iran pour des raisons théologiques, mais qui incarne aussi le nationalisme irakien. Ce n’est pas quelqu’un qui fera allégeance à l’Iran. C’est l’homme de 44 ans qui a toujours lutté contre l’occupation des Etats-Unis et qui se pare d’une sagesse théologique, ce qui compte beaucoup dans la perception des citoyens irakiens. C’est aussi un homme qui est issu d’une très grande famille. Son père était un opposant qui avait été assassiné par Saddam Hussein.

Le titre de votre livre fait référence aux « mondes arabes », au pluriel. Pourquoi?

Par commodité de langage, les uns et les autres parlent encore du monde arabe, mais c’est un mythe. Le monde arabe n’existe plus. Je reconnais qu’il y a un sentiment d’arabité qui traverse les 21 pays de la Ligue des États arabes. Mais ce sentiment d’arabité est très subjectif et difficile à définir scientifiquement. D’un point de vue géopolitique, il n’y a pas de monde arabe au singulier, il y a des mondes arabes. Entre le pays le plus riche de la Ligue arabe, le Qatar, et le plus pauvre, le Yémen, l’hétérogénéité de développement est abyssale. Deuxième chose, il n’y a pas de logique de solidarité entre ces pays. C’est la règle du chacun pour soi. En réalité, chaque état constituant les mondes arabes défend ses propres intérêts nationaux. On voit bien que la Ligue des États arabes, qui a été constituée en 1945, n’est pas un organisme susceptible de défendre les intérêts des États arabes. On le voit dans les jeux d’alliances et de contre-alliances. Par exemple, l’Arabie saoudite impose un blocus au Qatar, et pourtant ce sont deux états voisins où la religion majoritaire est identique. Je pourrais évoquer la guerre de l’Arabie saoudite contre le Yémen, les rivalités vives entre le Maroc et l’Algérie. Nous avons encore en tête de vieux schémas qui datent de la période qui suit les indépendances arabes, dans les années 50 et 60. À ce moment-là de l’histoire, il y avait, en effet, une profonde aspiration à l’unité du monde arabe, portée par le parti Baas et par le chef d’état égyptien Gamal Abdel Nasser, qui incarnait cette unité. Mais Nasser est mort en 1970. Ceux qui continuent à parler de monde arabe au singulier le font par habitude ou par incompétence.

Vous dites aussi que l’opposition systématique entre Sunnites et Chiites est obsolète?

Le facteur religieux n’est pas le facteur explicatif de tous les maux de la région, même s’il ne faut pas le négliger. L’opposition entre l’Arabie saoudite et l’Iran est présentée comme l’opposition irréductible entre Sunnisme et Chiisme. Je n’y crois pas une seconde. Je pense qu’il y a des oppositions fortes car l’Iran veut s’affirmer comme une puissance régionale influente et les Saoudiens veulent faire la même chose. L’opposition sunnisme contre chiisme est instrumentalisée au service d’intérêts géopolitiques. C’est un vernis que l’on met sur des questions politiques classiques. Regardez, il y a une crise aiguë entre l’Arabie saoudite et le Qatar. Pourtant, ce sont deux pays sunnites et wahhabites. Par contre, entre le Hezbollah libanais chiite et le Hamas palestinien sunnite les relations sont très bonnes. On pourrait multiplier les exemples.

Quel est le rôle de l’Occident dans les équilibres de la région?

Il faut prendre en compte la totalité des facteurs: religieux, économiques, politiques et extérieurs. La Syrie est un exemple absolument tragique de l’influence néfaste des puissances extérieures, notamment occidentales. La politique des Occidentaux a concouru à aggraver la crise syrienne. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne se sont mis, dans un premier temps, du côté de ce que l’on a appelé les rebelles pour virer Bachar el-Assad. Nous n’avions pas, nous, Occidentaux, me semble-t-il, à prendre parti pour l’un ou l’autre. Notre propos aurait dû se tenir à essayer de parvenir à une solution politique. Je vais plus loin. Je pense que la première puissance internationale, les Etats-Unis, a largement concouru à accroître le désordre dans la région. La guerre unilatérale de George Bush contre l’Irak à partir de 2003 a mis non seulement l’Irak, mais aussi une partie des États de la région à feu et à sang. Les décisions de Donald Trump sur Jérusalem et sur l’Iran risquent d’envenimer les tensions. J’espère que les États arabes parviendront, dans les meilleurs délais, à défendre leurs propres intérêts en fonction de leurs intérêts nationaux et non pas seulement en fonction de ceux des états occidentaux.

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Didier Billion vient de publier « Géopolitique des mondes arabes » aux éditions Eyrolles.

« 1968 : Quand l’Amérique gronde » – 3 questions à Jean-Éric Branaa

IRIS - lun, 28/05/2018 - 16:41

Jean-Éric Branaa (https://www.branaa.fr/) est chercheur associé à l’IRIS, spécialiste des États-Unis. Maître de conférences à l’université Paris II Panthéon-Assas, il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage « 1968, quand l’Amérique gronde », aux éditions Privat.

Pourquoi soutenez-vous le fait que Donald Trump souhaite revenir aux États Unis d’avant 1968 ?

Il nous faut nous rappeler de ce qu’ont été les États-Unis durant les années soixante : le pays n’avait pas encore atteint 200 millions d’habitants, mais 70 millions d’entre eux étaient encore quasiment des adolescents. C’est ce que l’on a appelé la génération du baby-boom, une conséquence du retour des soldats de la guerre, après une très longue absence. Les États-Unis pensaient alors s’appuyer sur cette jeunesse pour doper leur extraordinaire réussite de l’après-guerre.

Car c’était alors un pays non seulement très riche, mais qui connaissait aussi une croissance incroyable. Le pays produisait de plus en plus et s’était lancé à corps perdu dans la société de consommation de masse. On a vu de profonds changements dans la façon de vendre ou d’acheter et certains produits ont porté une symbolique forte. Ainsi, l’automobile, qui a tenu une place très particulière dans cette société. Elle est devenue un objet social, reflet de cette époque : les Américains la voulaient belle pour épater leurs amis et leurs voisins.

Cette décennie a souvent été décrite comme une société dirigée par l’acte de consommer. Les grandes surfaces se sont développées et multipliées partout, à la sortie des villes, qu’elles soient grandes ou petites, et en particulier le long des highways, ces routes qui traversent tous les États. La télévision a pris une place prépondérante dans la vie de chaque Américain : en 1968, il y avait déjà 56 millions de postes de télévision dans les foyers américains, qui étaient donc équipés à 95%. La télévision a véhiculé une vision très conservatrice de la société. Jusqu’aux années 1970, c’était un privilège d’apparaître à la télévision, plutôt réservé aux Américains caucasiens. Être blanc représentait une normalité qui n’était pas remise en question, quel que soit le type de programme (divertissement, sport, informations ou publicités).

Dans le poste, comme dans la société, il y avait un manque flagrant de diversité raciale ou de genre, absence que l’on retrouve avec la même vigueur au sein des classes sociales. La télévision s’adressait avant tout à ceux qui pouvaient s’offrir à la fois le poste et les produits qui étaient promotionnés par la publicité. Les classes sociales les plus modestes et le monde paysan ont en conséquence été délaissés et peu représentés. Les héros mis en avant étaient tous des médecins, des avocats, des journalistes et des chefs d’entreprise. Les autres professions, en particulier les métiers manuels, étaient dépeintes de manière négative ou peu reluisante, comme c’était déjà le cas avec les minorités raciales.

C’est dans ce monde qu’a grandi Donald Trump, lui qui était âgé de 22 ans en 1968. Il était donc un jeune adulte, tout comme la plupart de celles et ceux qui dirigent l’Amérique d’aujourd’hui. Leur imaginaire s’est formé autour de cette image très masculine – voire machiste – qui était projetée, avec une place très réduite pour les femmes, les minorités et les classes sociales les plus basses. C’est là qu’ils ont tous puisé leurs repères et leur construction d’adulte. Et c’est dans ce monde-là que le président américain veut effectivement revenir et ramener son pays. C’est le message subliminal, mais pourtant fort, de son slogan : « rendre à l’Amérique sa grandeur ».

Pourquoi percevez-vous la période 68-71 comme un bloc marquant la fin du siècle américain ?

Quand on évoque le siècle américain, on pense bien évidemment à Olivier Zunz et son ouvrage éponyme, au sein duquel il décrit l’attitude de ce pays qui réécrit sa propre histoire et en gomme les défauts. Depuis la fin du XIXe siècle, les élites libérales américaines ont tenté de construire une société parfaite, basée sur le capitalisme, qu’elles ont alors proposée aux autres peuples. Les Américains avaient la certitude que la classe ouvrière pouvait être détournée de la lutte des classes grâce à des salaires revus à la hausse. La société serait donc plus juste et plus prospère et cette classe ouvrière n’aspirerait qu’à un seul but, celui de devenir une classe moyenne.

La fin du XIXe siècle est un moment charnière dans l’histoire des États-Unis qui, avec la fin de la guerre hispano-américaine, jouent un plus grand rôle sur la scène internationale. Ils adoptent alors le protectionnisme pour protéger leur industrie et McKinley s’engage sur la voie de l’isolationnisme et de l’interventionnisme choisi, qui sera plus flagrant encore avec Theodore Roosevelt et son Corollaire à la doctrine de Monroe de 1904, proclamant le droit pour les États-Unis d’intervenir n’importe où en Amérique du Sud.

Le vrai tournant est bien entendu l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui devient la norme commune pour tous les États membres de la nouvelle institution créée trois ans plus tôt, l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais on en est encore à un niveau politique et institutionnel, sans que les peuples ne se soient véritablement associés au processus. C’est pourtant ce qui arrive bien vite, lorsque les Américains réalisent que leur démocratie, ainsi basée sur le capitalisme, n’a pas gommé les plus criantes inégalités. Les Noirs en ont été exclus, mais aussi, les femmes, et toutes les minorités. Pire, nous dit Harrington, les Blancs eux-mêmes ont créé un sous-ensemble qu’ils ont refusé d’assumer : celui des pauvres.

Les années soixante deviennent alors un long combat de tous ces exclus pour la reconnaissance de leur situation et la fin des sixties marque la fin de ce siècle américain qui a montré ses limites et n’est plus supportable pour une grande partie de ce peuple.

La révolte étudiante est-elle aussi aux États-Unis l’image la plus marquante de l’année 68 ?

La révolte américaine est plus globale et plus profonde que les mouvements qui éclatent un peu partout dans le monde. La comparaison avec un autre pays trouve donc rapidement ses limites. Ainsi, en France, le mouvement étudiant devient l’élément central de la contestation : il est voyant, bruyant, mais également bref, principalement centré sur le mois de mai. Le mouvement étudiant américain n’est qu’une composante d’une révolution plus complexe : sur le socle d’une contestation à la guerre du Vietnam, la contestation est plus longue, mais aussi multiple, et ne cesse de se réinventer. On peut considérer que l’étincelle allumée par Samuel Harrington, qui déclenche la guerre à la pauvreté, est un élément moteur bien plus structurant. En réalité, il s’agit à chaque fois d’un même mouvement, commun à tout ce qui va survenir ensuite : le mouvement étudiant, les grèves ouvrières, la lutte pour les droits civiques, la seconde vague du féminisme, l’émergence d’un mouvement gay ou d’une conscience écologiste, la contre-culture, qui envahit tous les espaces et voit de l’art et de la vie partout et en tout.

Pour autant, le mouvement étudiant américain est fondamental, car il pose les bases politiques de tous ces bouleversements : il introduit et adapte le socialisme, ce qui semblait impossible dans un contexte de guerre froide intense. Par cela, il intensifie encore le choc de l’affrontement entre deux sociétés, qui se retrouvent dès lors dans un autre choc, celui des générations. La société « d’avant » ne comprend pas sa jeunesse ou – dit autrement – les parents ne semblent plus capables de comprendre leurs enfants. Tout va trop vite et trop loin aux yeux des plus anciens et des plus conformistes. Tout doit être réinventé aux yeux des plus jeunes : ceux-là introduisent donc le progressisme et, en donnant le pouvoir aux fleurs et à l’amour, entendent contester tous les modèles pour faire leurs propres expériences de la vie. En 1994, Bill Clinton déclarait : « si vous regardez derrière vous, vers les années 1960, et pensez qu’il y a plus de bon que de mauvais, vous êtes sans doute un démocrate. »

Les femmes ont brulé les soutiens-gorges, les gays ont gagné leurs quartiers à New York, les artistes ont libéré leur imagination, les noirs ont regagné leurs droits civiques, il y a tant à décrire dans cette Amérique en ébullition ! L’image qui est à retenir n’est pas tant celle de la révolte étudiante, de ses luttes pour l’inclusion, la liberté d’expression, ou pour réinventer la société : l’image forte est bien celle de la révolte de TOUTE sa jeunesse et de la cassure entre deux mondes, celui d’avant et celui d’après, que l’on retrouve dans toutes les strates de la société, jusqu’à la mode, le sport, la musique ou les objets du quotidien. C’était toute la jeunesse de l’Amérique qui grondait alors.

 

Les bienfaits de la donnée

Institut Montaigne - lun, 28/05/2018 - 15:43

Faut-il encourager ou restreindre l’utilisation des données personnelles ? 

Le 25 mai 2018, le Règlement général sur la protection des données, marqueur de la volonté européenne de se distinguer de ses voisins chinois et américains concernant l’utilisation des données personnelles, est entré en vigueur. 

Ancré dans un contexte de défiance croissante des utilisateurs envers les grandes plateformes…

Les bienfaits de la donnée : le point de vue des chargés d’études

Institut Montaigne - lun, 28/05/2018 - 15:43
Les bienfaits de la donnée : le point de vue des chargés d’études Institut Montaigne lun 28/05/2018 - 15:43 Faut-il encourager ou restreindre l’utilisation des données personnelles ? 

Macron-Poutine, une voie bien étroite

Institut Montaigne - lun, 28/05/2018 - 13:50

En Syrie comme sur le dossier du nucléaire iranien, Moscou n'est plus sous-estimé comme il a pu l'être par le passé. Attention toutefois à ne pas commettre l'erreur inverse en surestimant sa puissance.

Pour un président français qui vient d'entrer dans la deuxième année de son mandat, il convenait d'abord de dissiper les "ombres" laissées par la récente rencontre à Washington avec le président américain : trop de…

Macron-Poutine, une voie bien étroite

Institut Montaigne - lun, 28/05/2018 - 13:50
Macron-Poutine, une voie bien étroite Institut Montaigne lun 28/05/2018 - 13:50 En Syrie comme sur le dossier du nucléaire iranien, Moscou n'est plus sous-estimé comme il a pu l'être par le passé. Attention toutefois à ne pas commettre l'erreur inverse en surestimant sa puissance.

Jours sombres en perspective pour la démocratie en Turquie

Fondapol / Général - lun, 28/05/2018 - 13:08

Dominique Reynié était l’invité d’Yves Calvi dans L’info du Vrai sur Canal Plus pour analyser la situation politique en Turquie. L’émission dans son intégralité ici.

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L'Europe et la puissance

Fondation Robert Schuman / Publication - lun, 28/05/2018 - 02:00
Les formes de la puissance Définitions philosophiques de la puissance La "puissance" peut s'opposer à la notion d'impuissance ou de faiblesse. Mais elle peut aussi se référer à la distinction classique, remontant au moins à Aristote, de la puissance et de l'acte. On peut dire que les...

Fondation, L'Europe de la Défense, une ambition, une exigence

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
La Ville de Saint-Malo et la Maison de l'Europe Rennes et Haute-Bretagne organisent conjointement le 1er juin une conférence sur le thème de l'Europe de la Défense. Jean-Dominique Giuliani y intervient sur les dernières avancées sur le sujet.

Fondation, Rapport Schuman 2018 sur l'état de l'Union

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Le "Rapport Schuman 2018 sur l'état de l'Union" est disponible en français et en anglais. Cette édition analyse les défis auxquels l'Europe doit faire face. Un entretien exclusif avec le président français Emmanuel Macron, des cartes et statistiques commentées, offrent une vue complète de l'Union européenne. Vous pouvez le commander en ligne sur notre site, le trouver au format numérique ou en librairie.

Commission, Publication du rapport de printemps du semestre européen

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Le paquet de printemps du semestre européen 2018 a été publié par la Commission européenne le 23 mai. Celle-ci recommande notamment aux Etats membres d'accélérer leur processus de mise en place d'une croissance soutenue, inclusive sur le long terme. Les lignes directrices économiques décrites dans ce rapport seront valables pour les 12 à 18 prochains mois. Elle a proposé de sortir la France de la procédure pour déficit excessif ouverte contre elle en 2009.

Commission, Budget 2019 : un budget axé sur la continuité et la mise en œuvre

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
La Commission européenne a présenté le 23 mai sa proposition pour le projet de budget 2019 de l'Union. Le budget, qui se chiffre à 166 milliards € en crédits d'engagement, soit en hausse de 3 % par rapport à 2018, vise à investir dans une économie européenne plus forte et plus résiliente et à promouvoir la solidarité et la sécurité de part et d'autre des frontières de l'Union.

Commission, RGPD : les nouvelles règles ont pris effet le 25 mai

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Les nouvelles règles européennes en matière de protection des données, qui renforcent les droits des citoyens et simplifient les règles pour les entreprises, sont entrées en vigueur le 25 mai. Le nouveau règlement général avait été adopté en avril 2016 et vise à protéger les citoyens contre toute violation de leur vie privée et de leurs données, dans un monde de plus en plus basé sur les échanges de données, tout en créant un cadre plus clair et plus cohérent pour les entreprises.

Commission, Union des marchés des capitaux : faciliter le financement des petites entreprises

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Le 24 mai, la Commission européenne a proposé de nouvelles règles visant à faciliter l'obtention de financements sur les marchés boursiers pour les petites et moyennes entreprises (PME). Cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre du programme pour la mise en place d'une union des marchés des capitaux (UMC), a pour but d'aider les entreprises européennes qui souhaitent se développer à se financer plus facilement, et à moindre coût, sur les marchés.

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