Almost eight months into the offensive on Tripoli by Khalifa Haftar’s “Libyan Arab Armed Forces” (LAAF), the war shows no signs of abating. Ongoing diplomatic efforts are divorced from realities on the ground. The current balance of forces rules out any possibility for a return to a political process. This would require either robust international guarantees or a fragmentation of both opposing camps. As long as Haftar has the chance to advance in Tripoli, he and his foreign supporters will view negotiations as a tactic to divide his opponents and move closer to seizing power. To create the conditions for negotiations, Western states should work to weaken Haftar’s alliance – and ultimately to prepare the post-Haftar era.
La grève du 5 décembre pourrait paralyser une partie du pays. Comment diriger cette France-là? Avec quel carnet de chèques? Et tandis que les Etats-Unis ont annoncé cette semaine considérer comme légales les colonies israéliennes, le conflit israélo-palestinien oublié réapparaît en pleine lumière. Analyse politique et géopolitique de la semaine avec la philosophe Monique Canto-Sperber, […]
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Samedi, les 207 000 électeurs de Bougainville, un petit archipel de Papouasie–Nouvelle-Guinée, commenceront à voter lors d’un référendum d’indépendance. Ce vote — qui se déroule du 23 novembre au 7 décembre — pourrait créer la plus jeune nation du monde et susciter une poussée d’influence parmi les puissances régionales.
C’est un évènement qui se prépare depuis plus de 20 ans. En 2001, dans le cadre d’un accord de paix mettant fin à une guerre civile dévastatrice, le gouvernement central à Port Moresby, la capitale, avait promis à la population de Bougainville de pouvoir voter un jour pour décider de son futur.
Les résultats seront annoncés le 20 décembre et ils devraient être largement favorables à l’indépendance. Mais le chemin menant à ce point a été long et violent et celui qu’il reste à parcourir pourrait être tout aussi problématique.
Au cœur de l’histoire de l’indépendance de la Bougainville, il y a un trésor, empoisonné : une mine d’or et de cuivre.
La mine Panguna, une immense mine à ciel ouvert, a fourni 45 % des revenus d’exportation de la Papouasie–Nouvelle-Guinée au cours des années qui ont suivi son ouverture en 1972. Lorsque le pays est devenu indépendant de l’Australie en 1975, les Bougainvilliens ont commencé à se demander si leur archipel pourrait mieux s’en sortir en étant, lui aussi, indépendant, plutôt que d’avoir leurs ressources coupées et utilisées pour soutenir une plus grande nation.
Au fil des années, la tension s’est accumulée. Puis, en 1988, les propriétaires terriens et les employés locaux de Panguna, irrités par la destruction de leur terre, les bas salaires et la répartition inéquitable des revenus (moins de 1 % des profits réinvestis à Bougainville) ont finalement pris les armes.
En réponse, le gouvernement a envoyé l’armée. Les soldats ont incendié des villages et exécuté des collaborateurs en toute impunité. Cela n’a fait qu’enflammer la résistance et les révoltes sur l’archipel. Port Moresby, avec l’appui de l’Australie, imposa un blocus naval coupant l’île du reste du monde, sans succès.
Le gouvernement central décida alors d’engager secrètement une société militaire privée basée au Royaume-Uni pour mener des opérations d’intimidations à Bougainville. Cependant, l’affaire a été divulguée auprès des médias australiens, ce qui créa un tollé et poussa le Premier ministre de la Papouasie–Nouvelle-Guinée, Julius Chan, à démissionner.
En 2001, après un conflit qui aura tué environ 20 000 personnes, un accord de paix entre les forces séparatistes et le gouvernement central fut trouvé. L’Accord de Paix de Bougainville (APB) ferma la mine, accorda l’autonomie de Bougainville au sein de la Papouasie–Nouvelle-Guinée (PNG) et posa les bases pour un référendum sur l’indépendance.
Le seul bémol, c’est que d’après l’APB, le résultat de ce référendum n’est pas « contraignant ». C’est-à-dire que le dernier mot concernant l’indépendance de l’archipel appartient au gouvernement central et non pas aux habitants de Bougainville.
Malgré son soutien au processus, c’est ce qu’a clairement rappelé l’actuel Premier ministre du pays, James Marape, en octobre dernier, qui cherche tant bien que mal à calmer les rumeurs d’effet domino. En effet, au sein de son gouvernement, beaucoup craignent que l’indépendance de Bougainville encourage les autres provinces de la PNG (il y en aurait plus de 20) à revendiquer elles aussi une plus grande autonomie, voire une sécession.
À l’issue de ce vote, où les électeurs pourront choisir entre plus d’autonomie et l’indépendance, trois options s’offrent à la Papouasie–Nouvelle-Guinée :
1- Les électeurs votent pour plus d’autonomie, refusant l’option de l’indépendance. Bougainville resterait alors une province de la Papouasie–Nouvelle-Guinée et le pays tournerait la page.
2- Les électeurs votent pour l’indépendance et le gouvernement central accepte le vote. Bougainville deviendrait alors un pays souverain.
3- Les électeurs votent pour l’indépendance, mais le gouvernement central n’accepte pas le résultat ou retarde son application. Cela conduirait sûrement à une nouvelle crise.
On suppose que la majorité de la province votera pour l’indépendance. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer la partie de l’électorat qui votera contre. En réalité, certains craignent pour l’avenir économique de l’archipel et y préfèrent l’assurance du soutien financier de Port Moresby.
Effectivement, la fermeture de la mine de Panguna et l’absence d’autres mines en exploitation ou d’industries développées sur l’archipel posent la question de savoir comment un Bougainville indépendant pourrait subvenir à ses besoins.
D’après les dernières estimations, le Gouvernement autonome de Bougainville ne reçoit qu’un dixième de ses ressources financières par le biais d’impôts sur les sociétés, de droits de douane et autres taxes. Le reste provient directement de gouvernement central, qui subventionne la province depuis la signature de l’Accord. Une équation qui fait peur, aussi bien nationalement qu’à l’étranger.
Pour l’Australie, la situation est en effet compliquée. Canberra soutient le processus du référendum, mais cherche aussi de tout prix à éviter de nouvelles instabilités dans sa région, comme par exemple un État pauvre économiquement et administrativement. L’Australie reste le plus important donateur de soutien financier à la province, et a participé à la médiation qui a mis fin aux combats. Malgré cela, la plupart des Bougainvilliens estiment que l’Australie s’oppose à l’indépendance, car Canberra n’a pas indiqué ouvertement ses positions.
En plus de l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Nations unies sont intervenues pour fournir une assistance financière et organisationnelle au référendum.
De plus loin et sur fond de combat idéologique dans la région, les États-Unis et la Chine suivent attentivement l’évolution de la situation. Pékin a d’ailleurs déjà envoyé une délégation se pencher sur les investissements possibles à Bougainville, notamment concernant un nouveau port.
En somme, ces deux prochaines semaines vont être importantes, non seulement pour la Papouasie–Nouvelle-Guinée, mais aussi pour la région. Affaire à suivre.
La crise économique et sociale dans laquelle l’Iran se trouve semble s’intensifier aussi bien en interne qu’en externe. Le gouvernement a coupé internet alors qu’une centaine de personnes aurait été tuée dans les manifestations suite à l’annonce de la baisse des subventions de l’essence. Dans le même temps, les forces de Téhéran en Syrie ont été frappées par Israël. Le point sur la situation avec Thierry Coville, chercheur à l’IRIS.
Pourquoi cette crise économique et sociale ?
Le gouvernement iranien a annoncé brutalement une mesure de hausse du prix de l’essence jeudi 14 novembre, une décision, en Iran comme dans d’autres pays, habituellement durement ressentie par la population. L’essence est très subventionnée dans ce pays et cette décision intervient dans un contexte économique et social extrêmement dégradé : profonde crise économique depuis le retour des sanctions américaines, récession de -9,5 % dans le pays en 2019 d’après le FMI, inflation à 40 % d’après les chiffres iraniens, un chômage probablement au-dessus de 20 %, une pénurie de médicaments, etc. Le pays traverse une crise très grave. Prendre ce type de décision dans un tel contexte revient à s’exposer à des réactions de forte intensité, notamment chez les plus précaires, qui sont les plus impactés par cette décision.
Il y a tout de même une rationalité économique derrière la décision de Téhéran, la question de la baisse des subventions n’étant pas récente en Iran. Le paradoxe est qu’elle a été recommandée par les grands organismes internationaux et économistes libéraux, jugeant l’essence trop subventionnée dans le pays. Ahmadinejad, l’ancien président iranien, avait déjà commencé à baisser les subventions sur l’essence en 2010, mais à l’époque il avait compensé cette décision par des versements d’argent en liquide à la population iranienne. Le fait que l’essence soit tant subventionnée conduit à une surconsommation, ce qui pose aussi des problèmes pour l’environnement, sachant que Téhéran, par exemple, est très pollué notamment à cause de l’utilisation de vieilles voitures. D’autre part, la hausse du prix de l’essence devrait permettre de limiter la contrebande d’essence avec les pays limitrophes, qui était encouragée par la différence entre les prix de l’essence dans ces pays et en Iran. Par ailleurs, le gouvernement souhaiterait commencer à exporter de l’essence, ce qui signifie qu’il faut limiter la consommation en interne. La nécessité de diversifier les exportations est une priorité en Iran, car les exportations de pétrole ont chuté du fait des sanctions, passant de 2,2 millions de barils par jour début 2018, à 600 000 aujourd’hui.
Enfin, le gouvernement iranien doit faire face à un effondrement des recettes de l’État du fait de l’embargo pétrolier. Cette hausse du prix de l’essence permet au gouvernement d’accroître ses recettes qui, a-t-il annoncé, serviront à financer des aides financières aux 18 millions de ménages les plus pauvres, soit 60 millions de personnes en Iran. Mais dans un contexte de crise aussi grave, les plus pauvres ne font pas confiance au gouvernement. Cette promesse de redistribution de l’argent récupéré n’a donc pas suffi à calmer la colère de la rue.
Comment interpréter les répressions massives des autorités iraniennes ?
Avec les sanctions américaines et la dégradation du contexte économique et social en Iran, la popularité de Hassan Rohani est en chute libre. Dans le rapport de force en interne, les « ultras » ont beaucoup plus de poids dans les décisions prises. Cette décision d’une diminution des subventions sur l’essence vient d’ailleurs d’un conseil qui réunit l’exécutif, le judiciaire et le législatif, qui a pris cette décision brutalement sans qu’il y ait eu d’annonces préalables du gouvernement. Les forces de sécurité sont plutôt contrôlées par les ultras, et Rohani n’a plus vraiment la main sur la gestion du pays en interne. Les ultras au pouvoir en Iran considèrent tous les troubles comme des enjeux sécuritaires et entretiennent le discours classique que les manifestants seraient téléguidés de l’étranger, ce qui est faux. Le degré de violence et la répression atteints aujourd’hui sont inédits dans le pays, et sont beaucoup plus élevés que lors des émeutes de 2017 ou des manifestations de 2009.
Rohani dans ses récentes déclarations a repris le discours des ultras en disant que les émeutiers étaient téléguidés de l’étranger, ce qui est assez surprenant dans la mesure où il avait dit en 2017 qu’il fallait écouter les manifestants. Mais il y a une logique claire dans sa démarche : suite à sa perte de popularité, il durcit son discours et se rapproche du guide pour chercher des appuis. Il souhaite maintenir une unité dans un régime qui se pense en situation de quasi-guerre avec les États-Unis. Tout ceci illustre bien que ce sont les ultras qui sont à la manœuvre.
Israël a frappé des dizaines de cibles appartenant notamment à la force iranienne des gardiens de la révolution en Syrie. La réaction israélienne est-elle justifiée au vu la présence iranienne en Syrie ?
Israël ne permettra jamais l’installation des pasdarans à ses portes et a mené plus de 200 frappes contre les forces iraniennes en Syrie depuis plusieurs mois. Celles observées cette semaine sont dans cette continuité.
Téhéran proteste, mais est plutôt dans une stratégie attentiste par rapport aux attaques, poursuivant un but de long terme qui vise à renforcer sa présence en Syrie. La stratégie iranienne ne change donc pas en dépit des attaques israéliennes.