Merkel, Hollande et Renzi appellent à une relance du projet européen, un nouveau souffle. Un accord sur les intentions, mais cela suffit-il ? «Le risque majeur, c’est la dislocation, la fragmentation, l’égoïsme, le repli», a averti François Hollande…
«Le risque majeur, ça vaut pour l’Europe comme pour les nations, c’est la dislocation, la fragmentation, l’égoïsme, le repli», a averti le chef de l’Etat français lors d’une conférence de presse commune avec la chancelière allemande et le chef du gouvernement italien sur le pont du porte-aéronefs Giuseppe Garibaldi, ancré au large de la petite île italienne de Ventotene. L’Europe n’est «pas finie» depuis le coup de tonnerre du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, a assuré pour sa part le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, hôte de ce mini-sommet à trois.
Le Brexit et ses conséquences sur l’avenir de l’UE avaient déjà rassemblé les trois dirigeants le 27 juin à Berlin où ils avaient appelé à une «nouvelle impulsion» pour l’Europe, au moment où les mouvements populistes ont le vent en poupe sur le Vieux continent. Mais forger une position commune à Bratislava, au coeur d’une Europe de l’Est qui regarde avec une grande circonspection tout projet de relance de l’intégration européenne, ne sera pas aisé. «Il est très facile de se plaindre, de trouver des boucs émissaires. L’Europe est le bouc émissaire parfait», a lancé Matteo Renzi, rappelant que l’Europe signifiait aussi et avant tout «liberté, paix et prospérité». «L’Europe est la plus importante opportunité qu’ont les jeunes générations», a-t-il encore assuré.
François Hollande a de son côté énuméré trois «priorités» pour parvenir à cette relance d’une Union européenne en pleine crise existentielle. La première, selon lui, doit être la sécurité avec la protection des frontières extérieures de l’UE grâce à un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes.
La seconde, a-t-il poursuivi, doit être la défense avec «davantage de coordination, de moyens supplémentaires et de forces de projection». Et la troisième, la jeunesse avec un programme Erasmus d’échanges universitaires «amplifié».
Mais il faut aussi prendre des «mesures fortes pour relancer la croissance et lutter contre le chômage des jeunes», et «revenir à l’Europe des valeurs, plutôt qu’à celle de la finance», a averti de son côté le président du Conseil italien. Ce dernier ne cesse de dénoncer l’austérité et l’équilibre des comptes publics comme seul horizon en Europe, et réclame, à l’instar de la France, davantage d’investissements et de flexibilité en matière de discipline budgétaire.
Autres sujets de discussions : une meilleure répartition des réfugiés dans les pays de l’Union européenne, création d’un Schengen de la défense pour répondre aux défis du terrorisme qui comprendrait le renforcement des capacités militaires et de l’industrie d’armement communes également au menu une extension du « plan Juncker » pour les investissements européens dans les transports propres, la modernisation numérique, le développement de l’économie verte et l’enseignement ainsi que l’élargissement du programme Erasmus. Une énumération qui donne du crédit aux paroles que venait de prononcer Matteo Renzi : « beaucoup pensaient que l’Europe était finie. Ce n’est pas le cas ».Angela Merkel et François Hollande lui ont fait écho, la chancelière soulignant « l’exigence de prospérité et de sécurité » d’une Union européenne pour la quelle le président français a demandé qu’on « lève les incertitudes et de donner une impulsion supplémentaire ».Devant les doutes qui se manifestent, notamment dans la montée des extrémistes de droite comme de gauche, les populismes sur tout le continent, le président français a redit les enjeux d’une période historique. « On peut encore faire avec l’Europe ou on peut faire sans » a-t-il rappelé « Ma réponse est claire:il faut faire avec l’Europe, dans l’Europe mais avec une Europe qui protège et qui donne de la force aux économies nationales ou en assurant les échanges indispensables ».
Quant au Brexit proprement dit, qu’en dire ? jusqu’ici tout va bien pour paraphraser l’histoire de ce personnage qui se jette dans le vide du haut de la Tour Eiffel et interrogé à la hauteur du premier étage, répond : « jusqu’ici tout va bien ! ». Les effets sont pour plus tard, le Brexit a lui aussi du mal à se concrétiser : soixante jours après le vote, l’article 50 du Traité de Lisbonne qui entamera le processus de sortie n’a pas été invoqué et pendant ce temps le plan de Theresa May reste toujours aussi flou : « Brexit means Brexit ». Comprenne qui pourra ! Ce que l’on peut noter c’est que la victoire du Brexit a ouvert la boîte de Pandore du racisme, de l’islamophobie, de la xénophobie, du nationalisme étroit et de courte vue. A ce jour pas de quoi alimenter sérieusement la feuille de route du prochain sommet alors que pointe toujours le risque d’une contagion de l’exemple, bien que ce danger semble s’éloigner à petits pas. Il revient au prochain sommet de le confirmer.
mprisonnés par le régime de Mussolini les militants communistes et autres opposants au fascisme, notamment Altiero Spinelli et Ernesto Rossi. Mais aussi l’ancien président de la République italienne, Sandro Pertini. C’est de cette île, au printemps 1941, qu’est écrit un « Projet de Manifeste » « Pour une Europe libre et unie » (Per un’Europa libera e unita. Progetto d’un manifesto), un des principaux textes fondateurs de l’idée européenne, qui a irrigué la résistance italienne durant la guerre, et au-delà, et a servi de fondement au Mouvement fédéraliste européen créé à Milan en 1943. C’est là qu’Altiero Spinelli est enterré, en 1986, dans le cimetière de Ventotene. Le manifeste a une idée simple : retirer au nationalisme les moyens de nuire et sauver la civilisation européenne. La façon même dont ce texte a vu le jour, permet d’en mesurer la teneur. « Il fallait tenir ce texte secret et ils le cachèrent dans le double fond d’une boîte en fer ». « Ils n’avaient pas de papier, matériau jugé dangereux par les fascistes. Ils l’écrirent par conséquent sur du papier à cigarettes. »
Se plaçant sous le parrainage de l’esprit de Ventotene, Europa Nova renouvelle son appel du 9 mai : écrivains, philosophes, personnalités politiques et des affaires écrivent une lettre ouverte à Angela Merkel, François Hollande et Matteo Renzi qui se rencontrent le 22 août précisément à Ventotene.
« Le 9 mai dernier, anticipant le vote britannique, nous, personnalités de toutes sensibilités et de tous horizons, nous avons mis sur la table une feuille de route pour une Renaissance du projet européen. Le 5 juillet dernier le Parlement européen a voté une résolution reprenant nos orientations. Le Conseil européen du 26 juin s’est, comme nous le recommandions, accordé sur la nécessité d’une nouvelle impulsion, à conduire indépendamment du calendrier du Brexit. Nous souhaitons aujourd’hui que nos propositions, en matière de démocratie, de sécurité des citoyens de l’Union, de croissance économique, de migrations et de jeunesse, nourrissent la réunion préparatoire entre François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi qui se tiendra ce 22 août à Ventotene. Nos propositions sont concrètes et remettent l’homme au cœur du projet européen : qu’elles soient la base un nouveau consensus européen ; et nous invitons la chancelière allemande, le président français et le président du Conseil italien à mettre les jeunes au cœur de cette relance.
Les nouvelles générations sont la clef de la cohésion de l’Europe et de son succès futur. Elles sont les principaux soutiens du projet européen ; mais elles doutent de ce que l’Union européenne peut leur apporter et se sentent négligées. Elles demandent une union puissante, servant les intérêts concrets des Européens dans un monde que nous ne dominons plus.
La jeunesse européenne est en quête d’idéaux. En leur absence, elle peut être tentée par les radicalismes, comme le fanatisme religieux ou les courants populistes. Si quatre jeunes européens sur cinq croient encore en l’Union européenne, ils veulent une Union qui leur offre un horizon où se projeter et construire leur avenir. Loin d’opposer appartenance nationale et européenne, ils souhaitent les combiner.
Comment faire de l’Europe un projet d’avenir pour les jeunes ? Comment faire en sorte que les jeunes se pensent européens ? Voilà deux questions indissociables auxquelles nos dirigeants doivent maintenant répondre.
Nous distinguons trois priorités : faire connaître l’Europe, faire vivre une vraie expérience européenne aux jeunes et inventer les métiers de demain.
Faire connaître l’Europe
Comment se penser européen sans un minimum de culture et d’éducation communes ? Or l’Europe n’est pas enseignée partout de la même façon. Nous proposons d’instaurer un socle d’enseignement commun de notre culture européenne. Les enseignements civiques, historiques et culturels seront privilégiés.
Donnons également à nos jeunes la fierté d’être européens, en leur faisant découvrir les grandes réalisations de leurs concitoyens. Mettons en avant la créativité artistique et scientifique de notre continent. Proposons aux historiens des sciences et aux savants d’écrire une histoire européenne des sciences. Dans le domaine des arts, suggérons aux artistes et aux chercheurs d’illustrer les rencontres et la coexistence des civilisations au sein du continent. Faisons des anciens Erasmus des ambassadeurs de l’Europe auprès de leur communauté.
Quant aux médias, leur rôle est primordial : il s’agit de promouvoir toutes formes de coproduction. L’Union doit par exemple investir dans la coproduction de séries européennes, mettant en scène des récits dans lesquels les jeunes pourront s’identifier et associer leur imaginaire à la géographie et à la diversité de notre continent.
Faire vivre une vraie expérience européenne aux jeunes
Pour apprendre, il faut expérimenter et sortir de son cocon. La mobilité est indispensable. C’est un vecteur majeur d’intégration sociale et de réussite professionnelle, mais aussi d’apprentissage de l’autre. Depuis sa création en 1987, le programme Erasmus a permis à plus de 3 millions de jeunes d’aller étudier dans un autre pays. Cette expérience doit se faire plus tôt encore, et sur une base plus large et moins élitiste. Faisons davantage voyager nos jeunes. Démocratisons vraiment Erasmus : chaque jeune sans exception doit avoir, avant ses trente ans, l’opportunité d’une mobilité européenne. Saisissons l’occasion de la prochaine révision du cadre financier pluriannuel de l’Union pour mobiliser de nouveaux moyens. Doubler la mise implique de dégager un demi-milliard d’euros supplémentaires sur un budget annuel de l’Union de 145 milliards. Renforçons le rôle de la Banque européenne d’investissement pour garantir des prêts à taux 0. Mobilisons des consortiums d’entreprises pour compléter les financements. En développant d’une part Erasmus, et en soutenant d’autre part le Service volontaire européen, nous dessinons l’avenir de notre identité collective.
En outre, rappelons que pour dépasser les frontières nationales, réelles et virtuelles, il est fondamental de maîtriser les langues. L’immense culture européenne est sous-utilisée car elle n’est que trop peu traduite et diffusée. L’Europe doit renforcer les moyens d’apprentissage des langues, former ses professeurs, privilégier le sous-titrage au doublage dans les médias, et investir dans des programmes de traduction, notamment automatiques. C’est ainsi que les jeunes pourront maîtriser les langues et les cultures de leurs voisins, et se sentir vraiment européens.
Inventer les métiers de demain
L’éducation et la recherche jouent un rôle majeur dans l’invention des métiers de demain. Investissons massivement dans les technologies d’avenir (Future Emerging Technologies), qui transforment nos industries et créeront des emplois au niveau local. Sensibilisons à la créativité et aux technologies du numérique. Ce sont ces investissements qui favoriseront la naissance de nouveaux métiers intégrant les enjeux du développement durable, du numérique et des nouveaux matériaux et affirmeront le leadership industriel de nos entreprises.
Investir dans la jeunesse et valoriser ses compétences impliquent d’assurer aux jeunes une entrée sur le marché du travail plus sereine, via une meilleure coopération entre les établissements d’enseignement et de formation, les services pour l’emploi des jeunes et les employeurs. Renforçons ainsi la « Garantie pour la jeunesse » et pérennisons son financement dans l’ensemble de l’Union.
Ces mesures sont concrètes. Elles dessinent l’avenir de l’Europe, encouragent la créativité et l’ouverture d’esprit, et préparent l’épanouissement d’une nouvelle génération d’Européens pleinement intégrés professionnellement et à l’aise dans un monde en mouvement. Il faut les mettre en œuvre. »
Rejoignez-nous et signez la feuille de route sur http://www.m9m.eu/FR/. Eulogos a signé l’appel du 9 mai, invitant tout un chacun à, en faire autant. Eulogos renouvelle cet appel
Pour en savoir plus :
-. Texte du manifeste de Ventotene http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2016/08/le-manifeste-de-ventotene.pdf
Les conroles anti-dopage en question: une enquête réalisée aux Jeux de Rio par les journalistes du quotidien britannique The Telegraph pose de sérieuses questions sur la qualité des contrôles antidopage effectués aux JO de 2016.
L’enquête pointe un manque de personnel, la présence d’individus non autorisés dans les zones où sont effectués les tests et plusieurs autres manquements dans l’organisation mise en place à Rio. Le nœud du problème: les volontaires. Certains sont venus récupérer leur uniforme, le premier jour, mais ne sont jamais revenus. D’autres émargent bien sur leur feuille de présence quotidienne, mais ils quittent les lieux une fois les repas servis. Selon The Telegraph, des échantillons prélevés sur les sites de compétition ne seraient jamais arrivés à temps aux laboratoires.
Pour en savoir plus : principales sources d’information