Les quotas de pêche pour l’année 2022 ont été approuvés par les ministres européens en charge du secteur. Un accord a été trouvé après d’ultimes négociations, dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 décembre, pour arrêter les quotas de capture par espèces qui s‘appliqueront à partir du 1er janvier aux pêcheurs européens dans l’Atlantique, la mer du Nord, en Méditerranée et mer Noire.
Le prototype de système houlomoteur à échelle réduite (entre ¼ et ½) conçu par le groupe Legendre et Geps Techno ne devrait plus tarder à être expérimenté sur le site d’essais THeoREM de l’Ifremer, à Sainte-Anne du Portzic, a appris Mer et Marine. L’ensemble, composé d’un jacket surmonté d’un caisson houlomoteur, a été construit par les Ateliers Mécaniques Lorientais (AML), à Keroman, puis transporté sur le site.
(B2) La situation en Centrafrique est tendue. Et les deux missions que l’Union européenne a dans le pays ont réduit la voilure. La mission de formation EUTM RCA est quasiment à l’arrêt. Et celle chargée du conseil sur la sécurité intérieure (EUAM) pourrait l’être bientôt.
La présence de soldats français et centrafricains côte à côte, pour la formation, c’est peut-être terminé (Photo : EUTM RCA – formation transmissions d’octobre 2021 – archives B2)La prise de contrôle par les hommes du groupe Wagner sur place est réelle. Et le rapport du service diplomatique européen qui a fuité dernièrement n’est qu’un avatar public de la réalité sur le terrain.
Une prise de contrôle des Wagner
Selon nos éléments, non seulement les Russes reprennent la formation des bataillons centrafricains, une fois ceux-ci formés par les Européens. Mais ils interagissent bien davantage. Ils sont ainsi présents sur le camp Kassai de formation de l’armée centrafricaine où sont présents les Européens. Et ils ont pris le contrôle, intrinsèque, des forces centrafricaines. L’ultimatum lancé par les Européens aux Russes de Wagner de quitter le camp Kassai à Bangui n’a pas eu d’effet.
Des Centrafricains qui n’écoutent plus les conseils européens
Les soldats centrafricains qui, il y a quelques années, étaient tout disposés à recevoir l’enseignement de leurs homologues européens semblent aujourd’hui pour le moins rétifs. L’hypothèse d’une attaque interne n’est plus de la pure théorie. Dernier facteur : le gouvernement centrafricain ne semblerait plus aussi disposé à fournir les effectifs qui doivent être formés aux Européens.
Une fin de mission qui ne dit pas son nom
Les Européens ont donc décidé de se retirer (lire : La présence russe et du groupe Wagner menace l’avenir des missions PSDC (EUTM, EUAM)). Selon nos informations, environ 70 formateurs ont ainsi quitté la mission récemment — ou leur remplacement n’est pas intervenu, ce qui revient au même. Le poste de Bouar, inauguré en grande pompe, serait ainsi abandonné. La mission va se recentrer « uniquement sur le conseil stratégique » comme l’a confirmé à B2 une source militaire. Et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Autrement dit… pas grand chose. Une manière de masquer en fait un semi-départ.
Une tenaille infernale
Cette décision, politique, a été prise par les ambassadeurs des 27. Les militaires l’exécutent la mort dans l’âme. La mission de formation EUTM a été mise en place, avec maints efforts, notamment de la France en particulier. Les Européens ont beaucoup investi. Mais ils sont pris aujourd’hui dans une tenaille infernale.
Eux ou nous ?
Les Européens sont en fait coincés. Soit ils restent et avalisent de fait la présence des Wagner. Soit ils posent ouvertement la question au gouvernement africain. Eux ou Nous ? Un vrai pari. Il n’est pas sûr que le gouvernement de Bangui choisisse les Européens… ou choisisse tout court.
NB : L’arrivée d’un général belge sur place, pour prendre la relève du Français Jacques Langlade de Montgros, pourrait être compromise. Le choix doit encore être validé, apparemment…
Commentaire : la bataille perdue de la force et du verbe
Repli tactique ou défaite stratégique… ? Seul l’avenir le dira. Ce qui est certain, c’est qu’avec cette décision, prise en stoemeling (comme diraient les Belges), c’est-à-dire à la dérobée, la France et l’Europe signent là un aveu de faiblesse.
Le choix de la discrétion
Les Européens sont en passe de perdre une autre bataille : celle de l’information. Au lieu de taper ouvertement du poing sur la table, de faire de cette décision de retrait un atout, les Européens ont choisi la discrétion. C’est-à-dire le mutisme (1). Ce qu’il y a de pire aujourd’hui sur le champ de bataille.
Mieux vaut informer que lutter contre la désinformation
Ne pas informer, à temps, de façon aussi complète que possible, c’est ouvrir un boulevard à l’adversaire. Les Européens et Français qui n’ont que ces mots à la bouche — « lutter contre la désinformation » et « communication stratégique » — ont, en renonçant à informer, donné à leurs adversaires leurs plus belles cartes.
Pour la Russie, la Centrafrique est gagnée… la suite à venir
Le résultat est là : les Russes ont gagné la première manche en Centrafrique. Ils peuvent dorénavant passer à la suite : au Sahel, le Burkina Faso ou le Niger (deux pays tout aussi fragiles que le Mali) et en Europe, la Bosnie-Herzégovine, le maillon faible des Européens dans les Balkans. L’objectif stratégique de Moscou est clair : faire reculer chaque fois la présence européenne, politique ou militaire. Ce par la force et le verbe !
Une défaite française, une déroute européenne
Jusqu’ici les Européens n’avaient pas vraiment la force, ils viennent de perdre le verbe. Dommage, vraiment dommage. Pour la présidence française de l’Union européenne qui commence, cette déroute en rase campagne augure mal de la suite au Sahel.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire. Russie : 1 point est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
La troisième et dernière enclave française au nord du Niger, Tombouctou, est désormais vidée de ses
Plus d'infos »(B2) C’est la Grèce qui va assurer les missions de surveillance et d’alerte de son voisin macédonien. Tout un symbole entre deux pays qui se sont chamaillé sur l’héritage historique. Deux ans et demi après l’intégration à l’Alliance du petit pays des Balkans.
(Photo : Mass Communication Specialist 1st Class Brett Dodge)Une cérémonie pour sceller la coopération
La cérémonie marquant l’intégration de la Macédoine du Nord s’est tenue le 9 décembre sur l’aéroport de Skopje, en présence de la ministre macédonienne de la Défense Radmila Shekerinska Jankovska, du général Fernando De La Cruz, commandant du centre multinational des opérations aériennes de Torrejón (Espagne) de l’OTAN et du général Themistokles Bourolias, à la tête des forces aériennes tactiques grecques. Deux F-16 grecs ont simulé l’interception d’un Learjet macédonien, puis l’ont escorté jusqu’à son atterrissage à l’aéroport. Un avion-radar AWACS de l’OTAN a également survolé l’aéroport pour l’occasion.
La Grèce protège le ciel macédonien
À proximité immédiate avec la Macédoine du Nord, c’est la Grèce qui assurera la protection de l’espace aérien de son voisin – malgré la querelle diplomatique qui a opposé les deux pays durant presque trois décennies sur le nom de l’ancienne république yougoslave. Les avions grecs seront prêts à décoller sur alerte en cas de violation de l’espace aérien macédonien, d’activité aérienne suspecte ou non conforme aux règles du trafic aérien.
(Helen Chachaty)
Lire aussi : A Malbork les F-16 belges veillent
Cet article La Macédoine du Nord rejoint la police du ciel de l’OTAN est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
D’habitude, quand un contrat d’armement est signé, le ministère des Armées ne se prive pas de s’en féliciter publiquement. Mais il a visiblement fait profil bas s’agissant de l’achat de trois frégates de défense et d’intervention [FDI – Belh@rra] par la Grèce. En effet, et alors que la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée...
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Cette semaine, le ministère russe de la Défense a indiqué qu’il avait fait décoller, à deux reprises, des chasseurs Su-27 « Flanker » pour intercepter des avions militaires français – en l’occurrence un Rafale et Mirage 2000D [doté d’une nacelle ASTAC] – qui, selon lui, se dirigeaient vers les frontières de la Russie alors qu’ils survolaient la...
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En novembre, la Pologne s’était dit prête à déclencher l’article 4 du Traité de l’Atlantique Nord, lequel prévoit que les « parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». Et cela en raison de fortes tensions à sa frontière avec...
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Fin octobre, à la villa Bonaparte [où se trouve l’ambassade de France près le Saint Siège, nldr], où il était reçu par Emmanuel Macron, le président américain, Joe Biden, avait reconnu une « maladresse » et un « manque d’élégance » pour avoir noué, dans le plus grand secret, l’alliance AUKUS [Australie, Royaume-Uni et États-Unis], laquelle eut pour conséquence...
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Après les hélicoptères d’attaque Tigre, qu’elle doit remplacer par des AH-64E Apache fournis par Boeing, l’armée australienne a l’intention de se séparer de ses 41 NH-90 [ou MRH-90 Taipan], acquis auprès d’Airbus Helicopters dans les années 2000, et se tourner vers le constructeur américain Sikorsky [filiale de Lockheed-Martin, ndlr] pour se procurer une quarantaine de...
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Le 8 décembre 2011, la Marine nationale mettait en service son premier hélicoptère NH-90 Caïman NFH [Nato Frigate Helicopter] au sein de la Flottille 33F qui venait alors d’être réactivée sur la base aéronavale [BAN] de Lanvéoc-Poulmic. Et déjà, à l’époque, ce programme accusait cinq ans de retard par rapport au calendrier initial. Dix ans...
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(B2) Un Rafale, un Mirage 2000 et un A330 MRTT ont été interceptés à deux reprises par des Su-27 russes au-dessus de la mer Noire, les 8 et 9 décembre.
L’état-major des armées françaises a précisé que les missions de surveillance sont « classiques et habituelles » et qu’elles se sont déroulées dans l’espace aérien international. « Il n’y a pas eu d’interception, pas de raccompagnement et encore moins de tentative d’empêcher [les avions français] de rentrer dans l’espace aérien russe », précise le porte-parole, qui réfute certaines informations parues dans la presse russe.
Les avions russes à long rayon d’action effectuent eux-mêmes régulièrement ce type de manœuvre d’approche au large des côtes européennes, de la Baltique à la Manche.
(HC)
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Lors d’une conférence de presse donnée le 9 décembre, le président Macron a donné les grandes orientations de la prochaine présidence française du Conseil de l’Union européenne [UE], qui débutera le 1er janvier prochian. « S’il faut résumer en une phrase l’objectif de cette présidence […], je dirais que nous devons passer d’une Europe de coopération...
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Les premiers stagiaires des équipes tactiques de recueil d'image expérimentées au sein de la 11e BP ont
Plus d'infos »L’idée de donner un encadrement militaire de jeunes délinquants [ou en « perte de repères »] revient régulièrement dans le débat public. Candidate à l’élection présidentielle de 2007, Ségolène Royal fit une telle proposition, qu’elle renouvela par la suite. Le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti allant plus loin en défendant une proposition de loi visant « à instaurer...
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C'est au moment de l'évacuation de l'ambassade de Kaboul, en août, que la question des plaques
Plus d'infos »La suite des évènements dira si l’échange qu’a eu le président russe, Vladimir Poutine, avec son homologue, Joe Biden, aura effectivement permis de faire baisser la tension au sujet de l’Ukraine. Mais cela ne semble pas être le cas pour le moment. Ainsi, le premier a de nouveau critiqué l’expansion de l’Otan aux frontières de...
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Si l’on en croit le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sur l’état de la menace incarnée par la menace jihadiste, l’État islamique [EI ou Daesh] est encore « actif dans de vastes pans du territoire syrien, où il cherche à reconstituer ses capacités de combat, tout en étendant ses activités insurrectionnelles »....
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Depuis que l'ombre de Wagner plane sur le Mali, la France est crispée sur ses ergots. Mais ce n'est sans
Plus d'infos »(B2) C’était une volonté de Joe Biden. Promouvoir la démocratie. Avec un beau sommet réunissant tout ce que le monde compte de démocraties. Dans le plus pur jus messianique des USA et d’une vision bon versus méchants. L’Union européenne s’est embarquée dans cette aventure en la co-organisant. Et en ne disant rien sur la non-invitation de la Hongrie. Une grosse erreur
Ce sommet semble surtout avoir un objectif : flatter l’ego de Biden et le positionner sur la scène intérieure face à son concurrent Donald Trump (Photo Maison Blanche)Une réunion co-organisée par l’Union européenne
Ce jeudi démarre le Sommet de la démocratie, pardon « pour la démocratie », organisé sous l’impulsion du président américain. Il se déroulera en deux séquences. La première s’ouvre aujourd’hui, présidée par Joe Biden lui-même. La seconde sera pour l’année prochaine, présidée par l’Union européenne et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette réunion a cependant un gros handicap. Elle réunit surtout les amis des États-Unis. Et des amis pas très regardants parfois sur les droits de l’Homme. Certains pays sont invités, pas d’autres. Une liste pour le moins étonnante.
Budapest mis à l’index
Un pays de l’Union européenne en particulier n’a pas reçu de carton d’invitation : la Hongrie. Ce qui place l’Union en porte-à-faux. Qu’il y ait un problème de libertés publiques (avec la concentration énorme des médias par exemple) en Hongrie est un fait connu. Mais qu’elle soit ainsi exclue n’est pas vraiment très logique. Ou alors, la Commission européenne devrait en tirer immédiatement une implication : entamer une poursuite d’urgence pour exclure la Hongrie de son droit de vote au Conseil (selon l’article 7 du Traité).
Une erreur juridique et politique
En termes juridiques, c’est un manquement grave à la lettre et à l’esprit du Traité, au principe de solidarité, de coopération loyale entre les institutions. En termes politiques, c’est pour le moins très maladroit : si on voulait provoquer encore Budapest et l’amener à bloquer systématiquement toute velléité de l’Union européenne d’être audacieuse dans la politique étrangère, on ne s’y prendrait pas autrement. Comme si on voulait encourager Viktor Orban à signer des accords séparés, contraires à l’esprit européen… Cela revient à lui accorder un « feu vert » tacite. Plus qu’une faute de goût, c’est une erreur juridique et politique.
Le Pakistan et le Maroc invités
Cette incongruité saute aux yeux quand on jette un œil sur les indices de la démocratie établis de façon indépendante. J’ai choisi de me référer à ceux établis par Freedom House, un think tank américain (qu’on ne peut pas vraiment soupçonner d’être un doux anarchiste de gauche). Son scoreboard, alimenté de façon assez rigoureuse est éloquent : la Hongrie est cotée à 67, tandis que le Pakistan et le Maroc héritent d’une note très moyenne (37) et n’auraient donc pas dû être invités.
Des amis de Washington plutôt que des amis de la démocratie
Ces incongruités continuent quand on regarde par zone régionale. Dans les Balkans, le Kosovo (54) est invité mais pas la Bosnie-Herzégovine voisine (53). Idem dans l’Afrique de l’Ouest où la Côte d’Ivoire (44) n’est pas invitée, mais le Nigeria oui (45). Ne pas inviter en revanche la Turquie a une logique : le régime de Erdogan n’a que 32 points. Mais que penser de l’invitation du Brésil de Bolsonaro…
Gêne à la Commission européenne
Du côté de la Commission européenne, on se défend comme on peut. C’est un sommet « pour » la démocratie et non « de » la démocratie ! me répond-on quand j’interroge un haut responsable européen. La liste des invités « a été faite par les USA ». Et Washington « n’était pas à l’aise à l’idée d’inviter la Hongrie ». Et de vouloir se rassurer. L’Europe « a [son] agenda, indépendant des USA ». Mais la raison de cette co-organisation semble reposer sur une autre logique, plus politique. La Commission européenne a, en fait, un objectif essentiel : « resserrer les liens » avec les États-Unis et surtout l’équipe Biden. Le traumatisme trumpien pèse : « Notre expérience de Trump a été très claire ». Alors : « Est-ce parfait, Non sans doute. Mais ne faut-il pas coopérer ? »
Commentaire : une bévue géopolitique
En faisant de la segmentation entre les démocraties libérales et celles qui suivent un autre modèle plus a-libéral ou autocratique, on ouvre une autoroute à la Russie ou la Chine. Pékin et Moscou auront beau jeu de dénoncer un « certain » modèle de démocratie, le « double standard » des occidentaux. En semant le trouble et la division, dans toutes les régions, on ne facilite guère la propagation de la démocratie. Au contraire. De plus, on formalise ainsi le découpage du monde en deux blocs : entre les bons et les méchants. On cristallise les divisions. Ceux avec qui on débat, ceux avec qui on ne débat pas. Or, discuter de la démocratie avec les amis ne sert (presque) à rien.
La vision européenne du monde me semble beaucoup plus raffinée et subtile. Elle peut paraitre un peu mollassonne parfois… Mais elle reflète aussi une certaine complexité. L’Union européenne est aujourd’hui confrontée à un vrai choix stratégique. Soit elle joue un rôle dans le monde, en promouvant ses propres valeurs, son propre modèle de la démocratie et des libertés publiques, des relations économiques et politiques mondiales, en étant une passerelle entre l’Ouest et l’Orient. Soit elle fait partie du monde occidental pur et dur. Et elle risque fort de se trouver dépourvue… si demain, d’aventure, les États-Unis rebasculaient, repassant d’un démocrate bon teint à un républicanisme conservateur trumpien. Ce qui d’après un diplomate européen, est tout à fait probable dès les prochaines élections de mi-mandat, en novembre 2022.
Les relations d’aujourd’hui ne sont plus celles de la guerre froide d’hier. Elles sont tout aussi rudes, et secouées, mais beaucoup plus complexes. Car le monde est réellement devenu multipolaire. Au moins tripolaire. Et des puissances moyennes — du Pakistan à l’Arabie saoudite en passant par la Turquie ou l’Iran — ont aujourd’hui les moyens de « résister » au modèle occidental. Ce sera encore plus le cas demain (d’ici 20 ou 30 ans) avec la montée en puissance d’autres pays. L’Europe a une carte énorme à jouer en étant la « puissance du milieu », la « puissance douce » dans un monde de brutes, sans naïveté ni faux semblants. Bref, co-organiser ce sommet ressemble vraiment à une grosse bévue géopolitique…
(Nicolas Gros-Verheyde)
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