(B2) La sphère européenne est plus que silencieuse sur les cas de harcèlement sexuel pratiqués en son sein. Si en France, la question est assez taboue, au plan européen, c’est l’omerta. A ce niveau-là, on pourrait même parler d’une tolérance qui s’avère loin d’être la tolérance « zéro » affichée officiellement.
Evacuation disciplinaire
Selon nos informations, Romeo (nom d’emprunt) était employé dans une mission européenne de sécurité et de défense (PSDC) au Moyen-Orient. Normalement, il se doit d’offrir toutes garanties morales de bonne conduite. Cela ne semblait pas être, tout à fait, le cas. L’homme était coureur de jupons. Chose qui jusqu’à là ne devrait pas susciter de problème, sauf quand il s’agit d’une course un peu forcenée. Après quelques semaines « d’intenses » entreprises sur ses collègues, il a écopé d’un blâme avec un rapport circonstancié, aux fesses, qui ont conduit au non-renouvellement de son contrat… Une sorte d' »évacuation disciplinaire », la sanction ultime de l’institution européenne (et souvent la seule) en cas de harcèlement (1).
… et réembauche quelques temps après
Cette mesure qui aurait dû être exemplaire n’a cependant pas duré bien longtemps ! Après quelques mois de « purgatoire », notre Romeo a retrouvé un nouveau poste. Il a été… réembauché à la mission de soutien aux forces de sécurité intérieure (EUAM Ukraine), basé à Kiev, à un poste qui n’est pas négligeable. Apparemment le panel chargé de la sélection n’a pas eu connaissance de son dossier — ce qui est étonnant — Ou alors celui-ci a été jugé insuffisant pour justifier cette réembauche — ce qui serait tout aussi étonnant —. Ou alors c’est sa nationalité (italienne) qui a justifié cette inexplicable mansuétude…
Une mansuétude inexplicable
La question reste posée. Il serait peut-être temps que les institutions européennes accordent un peu d’attention à ces questions de harcèlement, avant qu’une affaire type Denis Beaupin à l’européenne, n’éclate. Certes les missions et opérations de la PSDC sont des missions « en célibat géographique ». Mais cela justifie-t-il une certaine mansuétude de l’institution ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) La Commission européenne a souvent pratiqué en son sein une omerta sur les faits de harcèlement professionnel ou harcèlement sexuel, conduisant parfois à la sanction… de la victime plutôt que du harceleur, objet d’une promotion.
Lire aussi sur B2 Pro : La discipline au sein des missions PSDC. Un défaut de cadre d’action ?
(crédit : garde-côtes italiens)
(B2) Les navires des garde-côtes italiens et de la marine ont récupéré, ces dernières heures, près de 2000 migrants à bord d’environ 11 navires en provenance de Libye. Des navires maltais et irlandais ont prêté main forte à ce qui ressemble à une des plus importantes opérations de sauvetage de ces derniers mois.
Le navire Dattilo des garde-côtes (CP940) a pris en charge 800 personnes à bord de 5 canots pneumatiques. Tandis que son homologue Peluso (CP905) venait au secours, avec les autorités maltaises, de 229 migrants à bord d’un navire de pêche.
Le navire De La Penne en opération pour Mare Sicuro est arrivé, mardi (24 mai) à Augusta, avec 509 personnes à bord, récupérés la veille. Le Bettica avait mené trois opérations de sauvetage lundi dans le détroit de Sicile récupérant respectivement 137, 123 et 121 et personnes qui étaient à bord de canots pneumatiques.
Le navire de la marine irlandaise Lé Róisín (qui participe à l’opération Triton de Frontex) a participé à deux opérations de sauvetage ramenant 395 personnes à bord, au large de Tripoli. L’une a permis de venir au secours d’un navire en bois sauvant 274 personnes, selon un communiqué des forces irlandaises, l’autre 121 personnes à bord d’un canot pneumatique.
(NGV)