You are here

HU-LALA (Hongrie)

Subscribe to HU-LALA (Hongrie) feed
Updated: 2 months 2 weeks ago

En Hongrie, les députés ont voté la controversée « Loi CEU »

Tue, 04/04/2017 - 14:15

Les députés ont voté en début d'après-midi une proposition de loi gouvernementale restreignant l'implantation d'universités étrangères en Hongrie. Selon ses détracteurs, la mesure vise essentiellement l'Université d'Europe centrale (CEU), fondée par George Soros, ennemi intime de Viktor Orbán.
Avec 123 voix pour et 38 contre, les députés hongrois ont validé aujourd'hui en début d'après-midi la modification de la loi sur l'enseignement supérieur. Selon le ministre Zoltán Balog, son objet est de contraindre les universités

Comprendre l'Europe centrale pour 6€/mois Je m'abonne Je me connecte

Categories: PECO

« Nous avons été frappés par la force cinématographique de United States of Love »

Tue, 04/04/2017 - 10:36
A partir de demain, les spectateurs français vont pouvoir découvrir United States of Love, le troisième long métrage du réalisateur polonais Tomasz Wasilewski. Le film a reçu  l’Ours d’argent du meilleur scénario au festival Berlinale 2016. Entretien avec Michel Zana, directeur de production et distribution et Vincent Marti, responsable de promotion à Sophie Dulac Distribution. Cet article fait l’objet d’une publication commune avec l’association Kino Visegrad, site d’information et de diffusion du cinéma centre-européen dans l’espace francophone. Pourquoi avez-vous choisi de distribuer justement ce film-là ? Qu’est-ce qui vous a décidé de le faire ?

Nous avons découvert United States of Love de Tomasz Wasilewski au Festival de Berlin, et nous avons été immédiatement frappés par sa force cinématographique et le talent de son réalisateur. Tant sur le fond que sur la forme, ce troisième long métrage nous a impressionnés par sa maîtrise et par le jeu des comédiennes principales. Nous sommes très fiers de présenter au public français ce film exigeant.

Avez-vous déjà distribué des films hongrois, polonais, tchèques ou slovaques ? Comment ça s’était passé ?

A plusieurs reprises avec le dernier film de Béla Tarr, Le Cheval de Turin (Ours d’Argent, Grand Prix du Jury Berlin 2011), Just the Wind de Bence Fliegauf pour le cinéma hongrois ou encore Cours sans te retourner de Pepe Danquart, Bruegel, le moulin et la croix de Lech Majewski pour le cinéma polonais. Chacun de ces films est très différent des autres, et présente donc des spécificités, cependant chacun a réussi à trouver son public en France. La distribution de films de l’Est n’est pas des plus évidentes dans un marché très concurrentiel où l’offre de films d’auteurs est particulièrement riche et variée. Il faut pour ces films travailler les sorties en profondeur et avec beaucoup de préparation et d’énergie, afin d’offrir la plus grande visibilité possible. Mais la qualité de ces films est toujours présente, et trouve souvent un écho favorable auprès de la presse et du public français.

Quelle perspective, selon vous, pour les films originaires d’Europe centrale ou orientale ? Comment faire pour améliorer leur distribution et surtout, qu’ils soient davantage vus par les spectateurs français ?

Difficile de répondre à cette question, car il serait bien présomptueux de prétendre anticiper les évolutions des cinématographies de ces pays. Il nous semble par ailleurs, que chaque pays est dans une situation différente et peu comparable, en fonction de l’état de la production cinéma et du dynamisme de ses créateurs. Ainsi, le cinéma roumain par exemple, semble bien se porter depuis plusieurs années et propose une production riche et varié, d’une grande exigence et d’une grande qualité formelles, et régulièrement conviée dans les plus grands festivals internationaux. C’est moins le cas pour d’autres pays de l’Est…

Qui peut savoir comment les choses vont évoluer ? Quels seront les auteurs de demain, et trouveront ils leur audience en France ? Autant de questions pour lesquelles nous n’avons pas de véritables réponses, ce qui ne nous empêche pas de nous investir des films forts, issus de pays et cinématographies plus confidentielles.

Tomasz Wasilewski : « Je voulais ressentir le communisme comme s’il était sous la peau des personnages »

Categories: PECO

En Pologne, les conservateurs s’attaquent à l’école

Mon, 03/04/2017 - 11:06
Les enseignants étaient en grève vendredi. Ils protestent contre le démantèlement du système éducatif, la suppression du collège, la « réécriture » des manuels d’histoire… Réforme express

Promulguée en janvier, sans aucune concertation, la loi sur la réforme de l’Éducation sera appliquée dès septembre. Elle détricote un système instauré en 1999, qui a pourtant placé la Pologne parmi les meilleurs élèves des classements internationaux Pisa. « C’est un retour au modèle communiste », résume Piotr Podemski, expert en éducation auprès de la fondation Geremek.

Suppression du collège

L’école primaire débutera à l’âge de 7 ans (contre 6 ans actuellement) et durera huit années, au lieu de quatre. Le lycée passera de trois à quatre ans. Mais la suppression des collèges s’annonce un vrai casse-tête pour les régions qui doivent, en quelques mois, repenser la distribution des établissements et des enseignants. 30 000 postes pourraient être supprimés au passage, estiment les associations.

Programmes revisités

Ce qui alarme le plus les associations, ce sont les nouveaux programmes. « L’histoire sera réécrite avec un point de vue nationaliste, centré sur la Pologne et non ouvert au monde. La théorie de l’évolution pourrait être supprimée en biologie et les cours d’éducation sexuelle seront écrits par une femme qui croit que tous les contraceptifs sont néfastes parce que les femmes ont besoin de sperme ! » se désole Piotr Podemski, qui regrette que les noms des rédacteurs des nouveaux programmes ne soient pas rendus publics. Pire : « Les élèves ne seront plus encouragés à poser des questions, ils devront se contenter d’écouter le prof ! »

Pour le bien des élèves ?

À Varsovie, les institutrices de l’école publique catholique piariste y voient tout de même certains avantages : huit années d’école primaire « permettent de mieux suivre les élèves et d’éviter les problèmes à la période de l’adolescence, un âge difficile », estime par exemple Sylwia, professeure d’anglais. Elle promet de ne rien changer à ses cours, mais déplore déjà devoir remplacer tous les manuels.

L’opinion divisée

Après avoir manifesté à plusieurs reprises, ces derniers mois, des milliers d’enseignants se sont mis en grève vendredi 31 mars. Une première depuis dix ans. Un combat pas toujours bien compris : selon un récent sondage de CBOS, un Polonais sur deux ignore ce que contient cette réforme. Un tiers s’y oppose, un tiers l’approuve et un tiers… est divisé.

Categories: PECO

#IstandwithCEU : des milliers de Budapestois dans la rue

Mon, 03/04/2017 - 09:10

La manifestation de soutien à l'Université d'Europe centrale visée par un projet de loi dénoncé par son recteur comme "discriminatoire" a rassemblé environ dix mille personnes dimanche soir à Budapest, dans une atmosphère festive et estivale.
Combien étaient-ils hier soir à Budapest ? Des milliers, quinze mille selon les organisateurs, environ dix mille selon des observateurs aussi sérieux que Index, l'Agence France-Presse ou encore...Hulala. Peu importe les chiffres, l'affluence a dépassé les espérances des organisateurs sur Facebook : 

Comprendre l'Europe centrale pour 6€/mois Je m'abonne Je me connecte

Categories: PECO

Révolution ! Hulala devient un site d’information payant

Mon, 03/04/2017 - 08:29
Dans quelques jours, Hulala va se muer en site d’information payant avec abonnement. Voici, chères lectrices et chers lecteurs, l’explication de cette nouvelle étape. Vous pouvez vous abonner dès maintenant !

Samedi, cela fera exactement huit années que Hulala a vu le jour. Depuis, près de trois mille articles ont été publiés, traitant de sport et de culture mais surtout de politique et société.

Depuis ces années, les contributeurs qui se sont succédés ont totalisé des milliers d’heures de travail bénévole, effectuées le soir, le week-end, ou souvent même en lieu et place d’un « vrai » travail. Aucun des membres de l’équipe n’a touché un seul centime de quelque institution que ce soit : pas de mécène, pas de fondation, pas d’argent publique ni privé n’est venu abreuver la rédaction de Hulala. Les quelques centaines d’euros de dons glanés ces derniers mois (merci à ceux qui nous ont soutenu sur Tipeee !) ont été intégralement investis dans le fonctionnement du site Internet (dont le serveur éprouve d’ailleurs quelque difficulté à supporter la hausse de fréquentation sur le site).

Cela fait huit ans que Hulala contribue à rapprocher la Hongrie du monde francophone. Vous l’avez constaté, nous nous sommes lancés depuis un an au-delà des Carpates, afin de chroniquer et analyser ce qui se passe aussi du côté de la Pologne, de la Tchéquie et de la Slovaquie. Nous avons voulu mettre la dynamique enclenchée au printemps 2016 au service d’une montée en gamme progressive de notre média, afin de livrer à nos lecteurs une information plus maîtrisée, complète et aboutie sur l’actualité des pays et sociétés d’Europe centrale[1]Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont accepté de participer à ce gain de qualité : Justine Salvestroni, Isma Hassaine Poirier, Guillaume Narguet, Mathias Quemener, Yohan Poncet, Przemysław Kossakowski, Markéta Hodouskova, Vincent Doumayrou, Paul Saïsset ; nos blogueurs Philippe Gustin, Pierre Waline, Catherine Feidt, Martin Daneš, Axel Boursier ; nos partenaires du Courrier des Balkans, de QCode, de Hajde, de Footballski, de Novastan, ainsi que l’incontournable Jean-Pierre Frommer des « Amis de Hulala ». jQuery("#footnote_plugin_tooltip_8719_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_8719_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.

Dans quelques jours, Hulala deviendra un site d’information payant

En ce début d’avril 2017, l’équipe de Hulala s’apprête à franchir un pas que nous avions jusqu’à présent refusé de faire, celui de l’information payante en ligne. D’ici quelques jours, nos lecteurs devront donc s’abonner, pour quelques euros par mois, afin de continuer à bénéficier de notre travail (vous pouvez le faire dès maintenant avec notre formulaire en bas de page)[2]Pour nous signaler tout dysfonctionnement, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à hulala.org@gmail.com jQuery("#footnote_plugin_tooltip_8719_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_8719_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Notre objectif est de dégager suffisamment de recettes pour continuer le cycle vertueux de notre développement : étoffer notre équipe à travers toute l’Europe centrale, acheter du matériel pour nos reportages et rémunérer des pigistes qui pourront rapporter – de Gdańsk à Szeged, en passant par Prague et Košice – l’information la plus pertinente possible sur cette vaste région.

Nous avons conçu un abonnement au montant que nous pensons équilibré, avec bien sûr des offres adaptées aux étudiants et aux chômeurs, mais aussi aux médias, aux associations et aux institutions. Nous maintiendrons en accès libre les contributions de nos blogueurs et certains articles seront de temps à autre offerts à tous (encore faut-il nous suivre sur Twitter et Facebook pour être prévenu ;)). Nous avons fait en sorte de pouvoir vous proposer sur le site un espace d’abonnement simple à utiliser. De même, nous avons mis les bouchées doubles pour vous garantir un paiement tout à fait sécurisé.

En vous abonnant à Hulala, vous nous permettrez de continuer à exister et à progresser. Nous comptons sur vous !

Corentin Léotard, rédacteur-en-chef et Ludovic Lepeltier-Kutasi, directeur de la publication.

Enregistrement nouveau compte

Connectez-vous pour renouveler votre abonnement

Identifiant

Email

Prénom

Nom

Mot de passe

Confirmation mot de passe

Choisissez votre niveau d’abonnement

  • Formule classique 1 an - 60€ -  1 année L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette.
  • Formule classique - 6€ -  1 mois L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette.
  • Formule étudiants, chômeurs, précaires et petites retraites 1 an - 40€ -  1 année L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette.
  • Formule étudiants, chômeurs, précaires et petites retraites - 4€ -  1 mois L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette.
  • Formule soutien 1 an - 100€ -  1 année L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette.
  • Formule associations, médias, ONG 1 an - 150€ -  1 année L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette. 3 comptes simultanés
  • Formule institutions 1 an - 500€ -  1 année L'édition abonnés de Hulala sur ordinateur, mobile et tablette. Nombre de comptes illimité

Code de réduction - Valide - Invalide Appliquer

Notes   [ + ]

1. ↑ Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont accepté de participer à ce gain de qualité : Justine Salvestroni, Isma Hassaine Poirier, Guillaume Narguet, Mathias Quemener, Yohan Poncet, Przemysław Kossakowski, Markéta Hodouskova, Vincent Doumayrou, Paul Saïsset ; nos blogueurs Philippe Gustin, Pierre Waline, Catherine Feidt, Martin Daneš, Axel Boursier ; nos partenaires du Courrier des Balkans, de QCode, de Hajde, de Footballski, de Novastan, ainsi que l’incontournable Jean-Pierre Frommer des « Amis de Hulala ». 2. ↑ Pour nous signaler tout dysfonctionnement, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à hulala.org@gmail.com function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Categories: PECO

Pourquoi Viktor Orbán s’en prend-il à l’Université d’Europe centrale ?

Sun, 02/04/2017 - 14:33
L’Université d’Europe centrale (CEU), fondée par George Soros en 1991, pourrait devoir plier bagages et quitter Budapest. La cause : un projet de loi présenté par le ministre des Ressources humaines, Zoltán Balog le mardi 28 mars et qui pourrait être approuvé dès ce lundi par les députés hongrois. Crédit photo : Yohan Poncet pour Hulala.

Cela fait plusieurs mois que le gouvernement chrétien-conservateur de Viktor Orbán a George Soros dans son collimateur. Non content d’avoir lancé une vaste campagne de dénigrement des ONG que ce dernier soutient financièrement, l’exécutif hongrois a lancé les hostilités contre l’Université d’Europe centrale (CEU) basée à Budapest. Une loi taillée sur mesure contre la CEU contraindrait les universités étrangères implantées en Hongrie à être homologuée « si et seulement si » celles-ci proposent les mêmes cursus dans leur pays d’origine. Pour le recteur de l’établissement américain Michael Ignatieff, il s’agirait là d’une disposition « discriminatoire », dans la mesure où la CEU n’a pas d’implantation hors de Hongrie.

L’oukase lancée contre la CEU a pris de court tout le monde, y compris des députés de la coalition au pouvoir (Fidesz-KDNP), dont certains ont manifesté leur désapprobation en privé à l’hebdomadaire HVG. Selon le même magasine, l’initiative gouvernementale aurait été préparée dans le plus grand secret depuis plusieurs semaines. De nombreuses personnalités politiques hongroises ont été formées au sein de l’institution, y compris dans les rangs de la droite à l’instar du porte-parole du gouvernement Zoltán Kovács. Un sous-secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères, Ákos Berzétei, est également à l’heure actuelle étudiant de cette Université et sa scolarité est financée par le gouvernement, a appris le site 24.hu.

Pourquoi le gouvernement de Viktor Orbán s’en prend-il à cette Université emblématique et pourquoi à ce moment-là ? Plusieurs théories et pistes d’explications sont avancées, tant parmi les étudiants de la CEU que dans la presse hongroise et internationale. La plupart convergent et se complètent.

La manœuvre populiste : un nouvel ennemi en vue des législatives 2018 ?

C’est la théorie la plus partagée, mais elle ne doit pas faire oublier les autres, qu’elle complète. Les élections législatives auront lieu dans une année et le pouvoir doit pouvoir mobiliser ses électeurs autour d’un adversaire. Depuis 2010, le Fidesz a alterné plusieurs boucs-émissaires : le Fonds Monétaire International, l’Union européenne, les sans-abris, les migrants et réfugiés, des Organisations non-gouvernementales, puis George Soros en personne. Cela fait plusieurs mois que l’opinion publique est travaillée au corps : alors qu’il y a quelques années le nom de Soros n’évoquait rien ou presque pour le citoyen lambda, celui-ci est devenu aujourd’hui la figure du mal et plus une semaine ne passe sans que des médias pro-gouvernementaux ne le dépeigne comme celui qui veut détruire la nation hongroise.

Le Fidesz est un parti ultra-pyramidal avec une faible capacité à la gouvernance sereine. Un adversaire de chair et d’os lui permet donc de faire campagne sans être perturbé par les nombreux scandales de corruption touchant le pouvoir et de passer à la trappe ses échecs, en matière d’éducation et de santé notamment. Selon les partisans de cette théorie, M. Orbán n’a pas l’intention d’aller jusqu’à la fermeture de l’Université. Ainsi une ancienne députée de gauche qui estime que : « ils ne veulent pas fermer l’Université. Ils veulent juste que tout le monde parle de ça au lieu de parler des vrais problèmes ». C’est aussi l’avis d’Erdost, un étudiant turc de la CEU – rencontré (parmi d’autres) par Hulala la semaine passée – et qui reconnait un style de gouvernance avec lequel il a déjà eu à faire dans la Turquie d’Erdoğan : « Orbán teste les limites, pour savoir jusqu’où il peut aller ».

Le conflit personnel entre deux hommes : Viktor versus George

Lors d’une rencontre secrète entre Viktor Orbán et George Soros, le premier aurait assuré au second qu’il ne toucherait pas à l’Université d’Europe centrale. Mais le bras de fer par voie de presse interposée s’est intensifié depuis. Notons toutefois que M. Soros et l’Open Society Foundations ont manifestement choisi de faire le dos rond et de ne pas répondre aux attaques incessantes venant du gouvernement hongrois. Toutefois, des ONG telles que le Comité Helsinki hongrois, « les laquais de Soros », comme les a qualifié un député du Fidesz, très actif sur le plan du droit d’asile, a imposé plusieurs camouflets juridiques au gouvernement, provoquant peut-être son désir de vengeance.

Le conflit idéologique : la CEU, un îlot progressiste dans un océan de conservatisme

A l’origine, il s’agissait de faire émerger les élites de demain acquises aux idées de la démocratie libérale et au concept cher à Soros de « société ouverte ». Ce type de société libérale et progressiste promu par l’OSF est l’exact opposé de l’Etat et la société illibérale que le Fidesz voudrait faire émerger en Hongrie. Aux gender studies enseignées à la CEU ou à l’Université Loránd Eötvös (ELTE), le gouvernement opposera dès la rentrée prochaine des sciences de la famille.

Et si la cible réelle était l’Open Society Foundations ?

Et si le sort de l’Université d’Europe centrale n’était pour le gouvernement hongrois qu’un moyen de pression, une monnaie d’échange : laisser la CEU opérer sans entrave en Hongrie en échange du départ de l’Open Society Foundations ?

Plaire à Donald Trump ?

Le gouvernement hongrois a fait savoir qu’il souhaitait négocier l’avenir de la CEU directement avec Washington. Souvenons-nous que le député du Fidesz Szilárd Németh avait considéré que « le contexte international depuis l’élection de Donald Trump » permettait de « nettoyer » de la Hongrie les ONG qu’il finance. Viktor Orbán pensait peut-être obtenir l’approbation du Département d’Etat américain en s’en prenant à un généreux donateur du parti démocrate et de la fondation Clinton. La diplomatie américaine s’est en fait dite « préoccupée » par la législation présentée par le gouvernement hongrois.

Categories: PECO

György Lukács progressivement effacé du disque dur de la Hongrie

Sun, 02/04/2017 - 11:58
La statue de ce grand intellectuel marxiste et personnage controversé de l’histoire hongroise a été déboulonnée du Szent István Park, dans le 13e arrondissement de Budapest. C’est aujourd’hui tout son héritage intellectuel qui se trouve menacé en Hongrie, estime le journal L’Humanité.

Pour certains, György Lukács (Georg Lukacs, 1885-1971) est un brillant philosophe marxiste, connu pour sa théorie du réalisme critique, dans la lignée de Karl Marx, Hegel et Max Weber, dont il fut l’assistant à l’Université Humboldt de Berlin. Parmi ses travaux les plus connus en France, il y a la Théorie du roman (1916) et l’Histoire et conscience de classe (1923).

Pour d’autres, il est l’un des idéologues de la vörösterror, la Terreur Rouge que fit régner pendant quelques semaines la République des Conseils en 1919 et dont Lukács fut le commissaire à l’Instruction. Après l’échec de la révolution, il s’exilera pour ne revenir en Hongrie qu’avec le retour des Communistes au pouvoir après la seconde guerre mondiale et sera ministre de la Culture dans le gouvernement d’Imre Nagy en 1956.

« La municipalité de Budapest s’emploie à rendre impossible toute activité de recherche à son sujet »

« L’œuvre et la vie de Lukács ont toujours suscité les réactions les plus diverses et contradictoires« , rappelle Alix Bouffard, doctorante en philosophie, dans les colonnes du journal l’Humanité. Elle rappelle que « la municipalité de Budapest s’emploie à rendre impossible toute activité de recherche à son sujet. Depuis 2010, elle tente notamment sous divers prétextes de fermer les Archives Lukács de Budapest. » [1]« Georg Lukács, situation critique », par Alix Bouffard, doctorante en philosophie, publié le 9 mars 2017 dans l’Humanité. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });

En France aussi l’oeuvre de Lukács est sous-estimée et l’étude de ses travaux souffrent d’un manque de légitimité universitaire, rappelle Alix Bouffard qui explique que « cela tient en partie à la condamnation de l’œuvre de Lukács comme produit d’un stalinien dogmatique – approche malheureusement fréquente, mais qui témoigne d’une méconnaissance aussi bien de ses textes que des conditions historiques de leur élaboration. »

Dans un long article qui revient sur la vie et l’oeuvre du philosophe, ses auteurs soulignent le paradoxe d’un intellectuel qui a suivi la ligne orthodoxe tout en inspirant ses dissidents, « Comme si Lukács jouait malgré lui contre son camp, contre le Parti« .  [2]Qui veut la peau de Georg Lukács ? Par Thibault Henneton & Frédéric Monferrand. Publié le 1er novembre 2016 sur un blog du Monde Diplomatique. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });

Récemment, une fondation internationale – Lukács Archívum Nemzetközi Alapítvány, crée sous l’impulsion de la philosophe hongroise Ágnes Heller – a vu le jour pour prendre en charge le fonds littéraire et les archives de György Lukács à Budapest, « compte tenu des difficultés auxquelles sont confrontées les Archives Lukács en raison de la situation politique en Hongrie« .

Le blog des amis de György Lukács se propose de collecter en français les actualités de la pensée de György Lukács en France, ses écrits, des photos et des références bibliographiques.

Notes   [ + ]

1. ↑ « Georg Lukács, situation critique », par Alix Bouffard, doctorante en philosophie, publié le 9 mars 2017 dans l’Humanité. 2. ↑ Qui veut la peau de Georg Lukács ? Par Thibault Henneton & Frédéric Monferrand. Publié le 1er novembre 2016 sur un blog du Monde Diplomatique. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Categories: PECO

Réfugiés : Beata Szydło refuse le « chantage » de l’Europe  

Thu, 30/03/2017 - 17:12
La Première ministre polonaise Beata Szydło a déclaré lundi 27 mars que la politique migratoire de l’Union européenne était un échec, ajoutant que son pays ne subirait pas de chantage de la part de l’UE.

La première ministre polonaise Beata Szydło a réagi ce lundi aux propos du commissaire européen à la migration et aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, sur la gestion de la crise des réfugiés par les pays du groupe de Visegrád, alors que ce dernier avait affirmé le jour même que « plus d’excuse » n’était recevable et « plus de négociations sur le transfert des réfugiés sinon sur leur accueil » n’aurait lieu. « Le groupe de Visegrád, y compris la Pologne, n’acceptera jamais de chantage et n’acceptera pas que de telles conditions leur soient dictées » a-t-elle ainsi déclaré en marge d’une rencontre avec ses homologues tchèque, slovaque et hongrois.

Pour le commissaire européen, les quatre pays d’Europe centrale auraient fait preuve d’un manque de responsabilité dans la gestion de la crise des réfugiés. En septembre 2015, les dirigeants de l’UE avaient notamment décidé que chaque pays membre devait accepter un certain nombre de demandeurs d’asile pendant deux ans pour alléger la pression sur la Grèce et l’Italie. La Pologne devait notamment recevoir 6 200 réfugiés et n’en a accueilli aucun. Une situation condamnée par le ministre de l’intérieur allemand Thomas de Maizière, pour qui Bruxelles « doit veiller à ce que la loi [sur les réfugiés] soit respectée [en Pologne] et dispose des outils pour le faire ».

En Hongrie, la question de l’accueil des réfugiés est surannée

Le plus proche allié de la Pologne au sein du groupe de Visegrád reste la Hongrie de Viktor Orbán, également pointée du doigt pour l’érection d’une deuxième clôture à sa frontière sud, ainsi que de nombreux manquements supposés aux Droits de l’Homme à l’encontre des réfugiés. De nombreux témoignages recueillis depuis plusieurs mois par des journalistes, des associations et des ONG dénoncent en effet « des réfugiés et des migrants traumatisés, nous racontant comment ils ont été violemment repoussés en Serbie par la police hongroise et détaillant diverses formes d’abus, d’humiliation et de mauvais traitements », selon Fresh Response, une association basée à Subotica qui fournit un soutien aux réfugiés et aux migrants dans le nord de la Serbie.

Categories: PECO

Tomasz Wasilewski : « Je voulais ressentir le communisme comme s’il était sous la peau des personnages »

Tue, 28/03/2017 - 10:57
United States of Love dresse le portrait croisé de quatre femmes en Pologne en 1990. Leurs trajectoires s’inscrivent dans un contexte grisâtre et transitionnel, placé au carrefour d’une histoire communiste déclinante et des modèles capitalistes émergents. Pour discuter de son approche pour le moins radicale, nous avons rencontré le cinéaste polonais Tomasz Wasileswski, à l’occasion de la sortie du film en France le 5 avril prochain. Cet article fait l’objet d’une publication commune avec l’association Kino Visegrad, site d’information et de diffusion du cinéma centre-européen dans l’espace francophone. Vous avez réalisé trois longs métrages : Dans la chambre à coucher (W sypialni, 2012), Les Gratte-ciels flottants (Płynące wieżowce, sorti en France sous le titre Ligne d’eau, 2013) et United States of Love (Zjednoczone Stany Miłości, 2016). Il semblerait qu’en comparant les trois œuvres, on puisse dire que le cinéma pour vous est un microscope explorant la vie intime. Considérez-vous l’intimité comme une sphère majeure de l’existence ?

L’intimité est une chose cruciale dans la vie des êtres humains. C’est la base. Mais je ne réduis pas l’intimité à la sexualité, ce qui m’intéresse c’est l’intimité, tout simplement. Ma motivation pour faire des films s’appuie sur l’envie de trouver une certaine vérité sur les gens, d’essayer de dresser le portrait de leurs émotions. Et analyser l’intimité, dans un tel processus, se révèle essentiel. Étudier les rapports psychologiques me rend plus proche des êtres humains.

Quel champ recouvre, selon vous, la notion « d’intimité » ? S’agit-il des sentiments, des liens psychologiques, ou de la façon dont le systèmes politiques encadrent les relations ? Ou bien est-ce le mélange de tout ces éléments ?

L’intimité, selon moi, signifie ce qui entoure chaque être humain : les choses les plus naturelles, les plus simples. Ce sont les choses les plus ordinaires qui m’inspirent, les expériences vécues par les gens qui vivent la porte d’à-côté. Selon moi, les éléments microscopiques sont les plus importants. Ils concernent chacun d’entre nous, aux quatre coins du monde. C’est ça que j’appelle l’intimité. En ce qui concerne le système politique, je le considère toujours comme la toile de fond. J’emploie effectivement les aspects sociaux et politiques comme un arrière-plan où évoluent mes personnages. Cela permet à l’histoire d’atteindre une échelle un peu plus large. Mais ce sur quoi j’insiste et ce qui m’intéresse, ce sont les choix que chaque personnage doit faire. Je mets l’accent sur les dilemmes personnels, plutôt que sur l’atmosphère environnante.

Doit-on comprendre d’un tel positionnement que l’intimité peut être explorée non seulement dans la sphère privée mais aussi dans l’espace public ?

Oui. Mais c’est une question très générale. Ce sont les gens eux-mêmes qui créent la distinction entre les sphères privée et publique. L’intimité, on peut l’apercevoir partout.

Pour approfondir la question, tout en l’inscrivant plus précisément dans votre démarche cinématographique, l’impression rendue par vos films est qu’en tant que cinéaste vous instituez une relative distance avec les personnages. Sentez-vous la nécessité d’être distant à leur égard ? Ou bien, au contraire, est-ce une manière de révéler les rapports complexes qui sont tissés collectivement ?

D’une certaine façon, je fais les deux. Je suis très proche de mes personnages. De plus, lorsque je travaille avec le comédiens, nous sommes aussi excessivement proches des émotions que nous essayons de faire jaillir. Avant le tournage, j’ai organisé des répétitions avec eux pendant de nombreux mois. J’utilise ces moments pour préparer et comprendre les émotions. L’objectif est d’être le plus proche les uns des autres, de façon à créer les conditions d’apparition des sentiments. Chacun doit se fonder sur ses propres expériences, ses propres souvenirs. Il me paraît impensable de ne pas faire cela, ce serait un mensonge. En même temps, je dois le dire : j’essaie d’être distant. Peut-être que l’adjectif “distant” n’est pas le plus approprié. Disons qu’en tant que réalisateur, j’essaie de ne pas aider mes personnages; je n’ai pas envie de les sauver.

Donc, si le terme « distant » ne convient pas, peut-être qu’il faudrait dire « retenu » ?

Lorsque je tourne un film, je tente de voir chaque situation comme un observateur. Je ne veux pas dire aux spectateurs ce qu’ils doivent penser des personnages. J’aime beaucoup mes personnages, je suis en empathie avec eux. Mais je ne veux pas imposer ma perspective, même si je sais qu’elle apparaît dans le film. J’essaie de minimiser mon point de vue, de façon à ce que le film soit libre. Vous comprenez ?

Pour rendre ce point encore plus clair, pourriez-vous expliquer ce qui vous gêne dans l’idée de distance ?

Je n’ai aucune distance ni par rapport au film, ni par rapport aux personnages. Jamais. Je suis en permanence avec eux. Je suis en eux, d’une certaine façon. Si j’instaurais une distance, ce serait comme une séparation. Mais sur le tournage, je les laisse être comme ils sont. Je n’interviens pas. Même si j’aime mes personnages, je ne les aide pas, je refuse de les prendre dans mes bras. Et je ne fais rien pour que les spectateurs les apprécient. Dans le monde réel, quelquefois nous agissons mal ou bien; je veux rendre la même chose en filmant mes personnages. Ils ne sont pas de mauvais personnages, mais parfois ils font des choses mauvaises. C’est fascinant.

Dans ma première question, j’utilisais le mot « microscope » pour qualifier votre cinéma. Mais peut-être qu’il s’agit davantage d’une sorte « d’aquarium ». Que pensez-vous de la métaphore ?

Oui. Peut-être. C’est votre travail.

Revenons un peu sur votre parcours. Vous avez étudié à l’école nationale de cinéma de Łódź, en Pologne. Est-ce que cette approche de l’intimité était quelque chose que vous partagiez avec les autres étudiants, ou bien avec les cinéastes que vous avez rencontrés ?

J’ai un parcours un peu particulier. À Łódź, je n’ai pas étudié dans le département de réalisation, mais dans celui de production. Mon idée était de faire un long-métrage dès que possible. J’étais certain, dès le début, que je serai scénariste et réalisateur. Alors j’ai avancé par mes propres moyens. J’ai réalisé mon premier long-métrage, Dans la chambre à coucher, de façon complètement indépendante, hors de tout cadre. J’ai fait le film avec 20 000 Euros.

Qu’est-ce qui a présidé à l’envie de faire des films ? La découverte d’un cinéaste ? Une rencontre ?

Non. Je savais que je voulais faire ça depuis le début. Ce n’est pas un métier, c’est un rêve.

Mais d’où vient le fait de faire du cinéma, c’est-à-dire que le cinéma pouvait être la meilleure forme d’expression ?

Vous savez, quand j’étais très jeune, je pensais que je serai acteur. Je participais à des ateliers de théâtre. Mais j’ai pris conscience très rapidement que je voulais créer et raconter mes propres histoires. Pour moi, c’était très évident. Le fait de parvenir à faire des films était bien entendu la partie la plus compliquée. Le succès en festivals et en salles de mon premier long-métrage fut extraordinaire.

Quels sont les cinéastes qui stimulent votre imaginaire ?

Il y en a plusieurs : Michael Haneke, Ulrich Seidl, les frères Dardenne et Cristian Mungiu. D’un autre côté, j’adore Sofia Coppola, qui fait un cinéma très différent des autres. J’aime aussi beaucoup Darren Aronofsky.

Y’a-t-il des réalisateurs polonais que vous appréciez ?

Lorsque j’étais adolescent, mon idole était Agnieszka Holland. J’ai grandi en regardant ses films.

Un film en particulier ?

Le premier film qui m’a vraiment frappé était Olivier, olivier, qu’elle a réalisé en 1992. Je peux dire que c’est le premier film de ma vie.

Un film produit d’ailleurs par une productrice française, Marie-Laure Reyre… Passons maintenant à votre film Les gratte-ciels flottants, qui raconte une histoire d’amour tragique entre deux jeunes hommes dans la Pologne contemporaine. Vous m’aviez dit un jour avoir eu l’idée de ce film il y a très longtemps, mais qu’il n’était devenu faisable qu’après le succès de Dans la chambre à coucher. Le film se termine assez mal, puisque cet amour est littéralement ravalé par les interdits sociaux et moraux. Un mot sur l’homosexualité masculine en Pologne : pourquoi la norme semble-t-elle indestructible ? Est-il possible de faire un film en Pologne qui montrerait l’homosexualité d’une façon positive ?

Je pense que cela est parfaitement faisable, oui. Je l’ai souvent dit : mes personnages, dans les histoires que je dépeins, sont dévastés à la fin. Ils sont cassés. C’est la raison qui explique la fin de ce film. L’environnement politique et social n’a jamais été l’enjeu pour écrire la fin d’un récit. En tant que scénariste et réalisateur, je n’ai pas vu s’accomplir cette émotion. Il ne s’agit pas de dire si c’est possible ou non. Ceci dit, je crois qu’il est tout à fait envisageable de faire un film positif sur cette question en Pologne. Mais je ne voulais tout simplement pas le faire. En outre, il est vrai que j’ai pensé faire ce film il y a longtemps; mais il avait une forme différente. Au début, je pensais raconter l’histoire d’un amour entre deux femmes. Mais j’ai senti que l’homosexualité masculine posait un problème encore plus grand en termes d’expérience quotidienne. Il s’agit d’un enjeu social : il est plus facile, par exemple, d’accepter de voir deux filles se tenir par la main que de voir deux hommes faire le même geste. Mais peut-être que ce n’est pas plus facile, et que cela dépend de là où on se trouve.

Venons-en à United States of Love, qui sort sur les écran français le 4 avril prochain. Vous établissez dans ce film une image crue de la réalité sociale et sentimentale, qui semble se rapprocher de l’univers dépeint par Ulrich Seidl. Je n’étais donc pas surpris d’entendre son nom parmi les cinéastes auxquels vous vous référez. Comment avez-vous construit l’atmosphère du film ? Pourquoi avoir choisi le chef opérateur Oleg Mutu, qui avait travaillé avec Cristian Mungiu sur le film 4 mois, 3 semaines et 2 jours (4 luni, 3 săptămâni și 2 zile, 2007) ?

Le travail d’Oleg Mutu m’a toujours impressionné, surtout à partir du film de Cristi Puiu La Mort de Dante Lazarescu (Moartea domnului Lăzărescu) en 2005. Il a le don de savoir comment, en utilisant sa caméra, il peut s’infiltrer dans l’esprit d’un personnage. Il sait faire instantanément le portrait des émotions. J’ai pensé qu’il serait le directeur de la photographie le plus approprié. Ce qui me paraissait important dans ce film n’était pas de faire une œuvre sur le communisme en Pologne. Je voulais ressentir le communisme comme s’il était sous la peau des personnages. Je voulais avoir la sensation du communisme. Oleg Mutu est né en 1972 en Moldavie; il se souvient du communisme en Roumanie. On pouvait parler ensemble des émotions qui provenaient de cette époque. D’un point de vue narratif, le film aurait plus se passer aujourd’hui, mais pas du point de vue émotionnel. Les choix accomplis par les femmes dont je parle auraient bien différents.

« Pourtant, c’est une période capitale; tout d’un coup, nous étions libres, mais nous ne savions pas quoi faire avec. Le communisme était le seul point de repère. »

Vous êtes-vous plongé dans cette période à travers les livres d’histoire ? Il semblerait que la période de transition, en particulier le début de cette époque, soit relativement peu investie. Cette période semble hors du temps, une sorte de trou béant dans l’histoire, n’est-ce pas ?

Oui, c’est vrai. Il n’y a pas de films qui traitent de cette période en particulier. Le film montre ma façon de voir la Pologne de 1990. La pire chose aurait été de reprendre les pensées de quelqu’un d’autre. J’ai situé le film dans la ville où je suis né, Toruń. Les gens que je dépeins sont ceux qui m’ont entouré lorsque j’étais enfant. Mais, bien sûr, il s’agit de ma vision de ces gens. Je voulais raconter cette histoire, parce qu’elle est comme une brèche. Pourtant, c’est une période capitale; tout d’un coup, nous étions libres, mais nous ne savions pas quoi faire avec. Le communisme était le seul point de repère. Imaginez un animal qui a vécu toute sa vie dans une cage, et maintenant que la cage est ouverte l’animal ne sort pas. Pourquoi ? Parce que la cage est sa maison.

Même si le sens de cette histoire est bien plus large et intéressant, n’est-il pas caricaturale de penser le communisme uniquement en terme de « cage » ? N’est-il pas trop simpliste de dire qu’il n’y avait pas de libertés sous le communisme ?

Sous le communisme, il n’y avait pas de libertés. Le régime contrôlait tout.

Vous voulez parler plus particulièrement des années 1980…

Oui. Il n’y avait plus rien dans les magasins. Il n’y avait pas la possibilités de sortir. En 1990, il a fallu apprendre comment utiliser cette liberté.

Tout le film prend comme toile de fond un immeuble (un « blok »). Cela me rappelle la série du Décalogue, réalisée par Krzysztof Kieślowski en 1988. Il part d’un immeuble et raconte les trajectoires de plusieurs personnages qui habitent à cet endroit. Le Décalogue était-il une référence pour vous ?

J’ai vu le Décalogue après avoir monté le film. Je connais le travail de Kieślowski, évidemment. Mais lorsque j’écrivais le scénario, je n’avais pas cette série en tête. Chaque spectateur peut projeter des références sur le film. Peut-être qu’on parle du Décalogue parce que la série parle de la même période. Par ailleurs, mes centres d’intérêt sont proches des siens. Je suis flatté d’être comparé à lui.

Vous choisissez de traiter uniquement de personnages féminins. Pourquoi un tel choix ? Était-ce une façon de montrer que l’existence vécue par les femmes était si différente de celle vécue par les hommes ?

La réalité de cette période, surtout en ce qui concerne les petites villes, faisait que les familles étaient divisées. Une grande partie des pères partaient à l’étranger, aux États-Unis par exemple, pour travailler. Ça a été la réalité de ma famille. Mon père est parti à New York pendant trois ou quatre ans. Lorsque vous partiez, vous ne pouviez pas revenir. C’était de l’émigration illégale. Il nous envoyait des vidéos pour nous montrer sa vie. J’ai repris ce souvenir pour en faire une séquence du film. La vidéo qu’on voit est authentique, elle nous avait été envoyée par mon père.

Les personnages masculins présents dans le film, au-delà de ceux qui sont absents, apparaissent comme totalement impuissants.

Pendant cette partie de mon enfance, je n’étais entouré que de femmes. Je voulais me concentrer sur la perspective féminine, sur leurs sentiments, sur leurs combats.

L’impression rendue par le film est qu’il y a une frontière entre la réalité féminine, et une réalité que nous ne faisons qu’apercevoir, la réalité masculine. Voyez-vous les choses à partir de cette frontière ?

La réalité de cette période était très différente de celle que nous vivons aujourd’hui. La société était plus divisée. Même s’ils pouvaient apparaître comme plus proches, à cause du communisme, la ligne qui séparait les hommes des femmes était criante. D’ailleurs, lorsqu’on regarde les figures féminines dépeintes à cette époque, elles étaient principalement vues soit comme des prostituées, soit comme des mères.

Sauf dans le Décalogue de Kieślowski !

Oui. Vous savez, les rôles sociaux étaient très strictes. Mon père allait travailler, ma mère devait prendre soin des enfants. C’était des rôles très simples. La séparation entre eux était visible. Lorsque je me suis souvenu des femmes qui m’entouraient, j’ai tenté de comprendre quels étaient leurs désirs. Comment elles pouvaient se battre pour leur propre bonheur.

Avez-vous écrit le film seul, ou bien avez-vous fait appel à des collaborateurs ?

J’ai écrit le scénario seul.

Pensez-vous que United States of Love soit un film politique ?

Non, pas du tout. Je ne suis pas sûr être capable de faire un bon film politique. Un film politique est une œuvre dans laquelle le dilemme principal est un enjeu politique, lié aux discours. Dans mes films, il s’agit seulement des êtres humains, même s’il peut y avoir une dimension politique parfois.

Le film rend compte du renforcement de l’Église catholique au moment de la transition. Pourquoi avoir mis l’accent sur l’omniprésence de l’Église ? Les modèles catholiques encadraient l’intimité ?

Pour le régime communiste, l’Église a toujours été le plus gros problème. Elle avait le soutien du pape polonais. Le combat des gens était soutenu par l’Église. Au-delà du syndicat Solidarność, les églises étaient des lieux de solidarité. Pour une majeure partie de la société polonaise, l’Eglise avait une grande importance. Ma famille était dans ce cas-là. J’ai grandi dans une église, et j’ai été éduqué dans la religion catholique, dans cet environnement traditionnel. Les barrières entre les hommes et les femmes que nous évoquions est à mettre sur le compte de l’influence de l’Eglise. Cette influence, qui existe toujours, a formé la société et les relations.

Le film est déjà sorti en Pologne. Quelle a été la réaction des spectateurs ?

Les réactions ont été très positives. Certaines personnes ont mis en avant le fait que nous avions raconté l’histoire vraie des femmes à ce moment-là. Une histoire qui n’avait jamais été montrée, des voix qui n’avaient jamais été entendues auparavant.

Avez-vous d’autres projets de films ? Voudriez-vous tourner un film à l’étranger, si oui dans quel pays ?

Le film que je suis en train d’écrire décrit la vie d’une femme d’une soixantaine d’années. Et, si l’occasion se présente, j’adorerais travailler en France, en Angleterre, ou ailleurs.

Categories: PECO

Un ministre polonais met en cause la régularité de l’élection de Donald Tusk

Tue, 28/03/2017 - 08:54
Le ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement conservateur polonais, Witold Waszczykowski, a mis en doute, dimanche 26 mars, le bien-fondé de la réélection de Donald Tusk à la Présidence du Conseil Européen, le 9 mars. Selon M. Waszczykowski, une irrégularité de nature à remettre en cause cette investiture aurait été commise lors du vote.

D’après le ministre polonais, le vote aurait été sujet à des doubles standards : lorsque Beata Szydło, la Première-ministre polonaise a avancé la contre-candidature de Jacek Saryusz-Wolski, « on n’a pas demandé qui était contre et qui s’abstenait du vote ». Ceci, au regard des expertises dont Waszczykowski se dit détenteur, constituerait une erreur mettant en doute la légalité des élections.

Le ministre Waszczykowski a annoncé qu’il soumettra ses expertises au jugement de la Première-ministre Beata Szydło. Le gouvernement décidera ensuite des démarches à entreprendre le cas échéant. Considérant le poste du Président du Conseil européen comme « peu important », M. Waszczykowski estime toutefois que « de telles démarches pourraient être superflues ».

Le Droit et Justice prend ses distances avec son ministre

Cependant, ces « révélations » du ministre des Affaires étrangères n’ont pas suscité d’enthousiasme parmi les dirigeants du Droit et Justice (PiS) : quelques jours après la réélection de Donald Tusk, le chef du parti au pouvoir, Jarosław Kaczyński, a considéré le choix du Conseil comme « incontestablement légal ». Le président de la Pologne, Andrzej Duda, a manifesté la même opinion en félicitant officiellement M. Tusk après son investiture.

Les propos du chef de la diplomatie polonaise ont été désavoués le jour suivant par son vice-ministre chargé des affaires européennes, Konrad Szymański. Selon ce dernier, il n’existe « aucune raison légale » de mettre en doute l’élection de Donald Tusk. Il a aussi ajouté que la seule erreur commise lors du vote était de nature politique, puisque le Conseil a élu un candidat dépourvu du soutien de son propre pays.

Pareillement, le secrétaire d’État de la Chancellerie du Président, Krzysztof Szczerski, affirme qu’aucun document lié à cette affaire n’a été remis à Andrzej Duda. Le secrétaire considère « la question de l’élection du Président Tusk comme close », et suggère de « ne plus y revenir ».

L’opposition gênée

Des hommes et des femmes politiques de l’opposition se montrent de plus en plus embarrassés par les dérapages continuels du ministre Waszczykowski. Ses propos concernant l’élection de Donald Tusk sont considérés par des opposants du pouvoir comme « scandaleux » (député Cezary Tomczyk, Plate-forme civique), et le chef-même de la diplomatie « n’est pas un bon matériel pour un ministre des Affaires étrangères » (députée Katarzyna Lubnauer, Nowoczesna).

Les députés de la Plate-forme civique Cezary Tomczyk et Tadeusz Zwiefka ont fait part de leur intention d’interpeller la Première-ministre Beata Szydło, afin de savoir si la position de son ministre est conforme à celle de son gouvernement. Dans le cas contraire, l’opposition attend que le ministre soit démissionné, son comportement étant jugé nocif pour la position de la Pologne en Europe.

Photo d’illustration : Witold Waszczykowski le 13 février 2016 (Zwez / MSC, via Wikimedia Commons).

Categories: PECO

Sondage : la Plate-forme civique menace Droit et Justice

Tue, 28/03/2017 - 07:37
Selon un sondage de soutien aux partis politiques en Pologne effectué par IPSOS les 17­­­–19 mars pour le journal internet OKO.press, le parti conservateur Droit et Justice au pouvoir en Pologne depuis 2015 a de bonnes raisons de s’inquiéter : la Plate-forme civique (PO, centre-droit), commence à le talonner.

Le nouveau sondage, effectué sur un petit échantillon de 1001 personnes représentatif de la population polonaise, indique que si les élections parlementaires avaient eu lieu au moment du sondage, le Droit et Justice (PiS) ne pourrait compter que sur 32 % des votants contre 28 % pour la Plate-forme civique. Rappelons que le PiS a remporté les élections en 2015 avec 37 % des votes (lui permettant d’obtenir 51 % des mandats).

Ces résultats d’Ipsos confirment ceux d’un autre sondage réalisé par le 16–17 mars par la société IBRIS pour le journal « Rzeczpospolita » selon lequel le Droit et Justice disposait de 29 % des voix contre 27 % pour la Plate-forme civique. Selon OKO.press, l’écart entre les deux partis en tête se situe désormais au niveau de la marge d’erreur statistique.

Entreraient également au parlement, selon ce sondage, le parti Kukiz’15 (10 % des votants), PSL (Parti Populaire de la Pologne, 6 %) et SLD (Alliance de Gauche Démocratique, 5 %).

La gauche libérale dévisse

Plus que le léger décrochage du PiS dans l’opinion publique (-3 points par rapport à décembre 2016), c’est la forte hausse de la Plate-forme civique qui marque (+8 points). Deux explications se dégagent :

– Les déboires du Droit et Justice au moment de la réélection de Donald Tusk à la présidence : la candidature de Jacek Saryusz-Wolski, propulsée par le Droit et Justice, n’a même pas été votée, tandis que l’investiture de Donald Tusk a pu consolider l’opposition.

– Le parti de gauche libérale Nowoczesna (Moderne) a enregistré une chute catastrophique depuis décembre, avant tout en raison du comportement de son leader, Ryszard Petru, au moment de la crise parlementaire le 19 décembre dernier. Alors que ses députés bloquaient solidairement la tribune de la diète polonaise, leur chef se trouvait sous le soleil de Madère afin d’y célébrer le Jour de l’An… Il semble donc que le seul parti de gauche qui compte en ce moment sur la scène politique polonaise puisse mieux s’y retrouver sans la personne de son leader.

Sources : gazeta.pl, OKO.press

Categories: PECO

Voyage à Prague en mars 1990

Mon, 27/03/2017 - 11:47
Je ferai exceptionnellement une infidélité à « ma ville », Budapest, pour évoquer mon premier séjour à Prague en mars 1990, quelques mois après la révolution de velours.

On pouvait encore à cette époque-là acheter à Budapest chez Čedok, l’organisme officiel en charge de la promotion touristique de la Tchécoslovaquie un « paquet » comprenant les visas, le voyage en train, l’hôtel et des tickets pour prendre des repas dans une liste attitrée de restaurants de la vieille ville. De mémoire, tout compris, le paquet pour trois nuits et quatre jours sur place coûtait dans les 300 francs français pour deux personnes ce qui était dérisoire. Pour ce prix-là, nous logions à l’hôtel Ambassador qui avec l’hôtel Paris (où nos tickets nous permettaient de prendre des repas) était ce qu’il y avait de mieux à Prague qui n’était naturellement pas le haut-lieu du tourisme qu’elle est devenue.

C’est en découvrant la Tchécoslovaquie quelques semaines après la chute du régime communiste qu’on pouvait mesurer à quel point la Hongrie était la baraque la plus gaie du camp. Quelques petits détails surprenaient le touriste occidental comme ce cordon à l’entrée des restaurants derrière lequel il convenait d’attendre l’arrivée d’un serveur qui faisait tout pour vous faire croire qu’il était le seul à vous autoriser à entrer ou non dans l’établissement. Le sourire était rare et la maîtrise de langues étrangères inexistante.

Il n’en demeure pas moins que la ville était un enchantement. Rétrospectivement, je considère comme un luxe inouï d’avoir pu déambuler en solitaire ou presque sur le Pont Charles. Je me souviens aussi que durant notre séjour, nous pûmes de manière complètement impromptue assister à des concerts de musique de chambre dans des endroits tous plus beaux les uns que les autres, au Dům u kamenného zvonu un bâtiment gothique) ou sur la Staroměstské náměstí (Place principale de la vieille ville) par exemple.

Ce séjour reste toutefois gravé dans ma mémoire pour une mésaventure qui m’est arrivée et qui en dit long sur l’ambiance de l’époque. Je devais justement assister à un concert et en ayant un peu de temps à tuer, je décidai de rentrer boire un thé au café Europa sur la Václavské náměstí dont la magnifique façade incitait à la visite. En cette fin d’après-midi, un pianiste assurait l’ambiance musicale. Il fallait donc payer une somme modique pour pouvoir entrer, ce que je fis. Je pris place et tentai de commander un thé. La serveuse pourtant semblait faire la sourde oreille. Après 3 ou 4 essais, un maître d’hôtel vint à ma table et m’indiqua dans un allemand approximatif que je ne serai servi que si je mettais mon manteau que j’avais négligemment laissé poser sur le dossier de ma chaise, au vestiaire payant prévu à cet effet. Je lui expliquai que je n’allais rester qu’un petit quart d’heure et que mon manteau ne me gênait pas. Ces arguments ne semblaient pas lui convenir. Je décidai donc de quitter le café sans avoir consommé et c’est là que je commis l’impensable.

Était-ce par bêtise, par pingrerie ou tout simplement parce que j’étais vexé de ne pas avoir pu prendre un thé dans ce bel endroit, je m’approchai de la dame qui vendait les tickets d’entrée et lui réclamai d’être remboursé. Il ne s’agissait que de quelques centimes mais j’en fis vite une question de principe. Le ton monta et n’obtenant pas satisfaction, je quittai l’établissement en claquant la première porte vitrée. Je fus rattrapé par le maître d’hôtel dans le sas d’entrée et il me ramena de force dans le restaurant. En claquant la porte, j’avais manifestement fait tomber une petite baguette en bois qui tenait une des vitres. La situation devint ubuesque avec l’arrivée moins de cinq minutes plus tard d’un homme en uniforme à la mine patibulaire. J’eus beau sortir mon passeport et réclamer de joindre mon ambassade, rien n’y fit.

Bien au contraire : le policier m’arracha mon passeport des mains et répéta en tchèque une phrase dont je compris qu’on me demandait 50 $ pour réparer la porte que j’avais dégradée. Comme je continuais à refuser en répétant en boucle le mot ambassade, le policier perdit patience. Il me prit vigoureusement par le bras, et me sortit de l’établissement. Il posa son pied sur le mien et me tenant au collet, me dit dans un allemand très correct, alors qu’il n’avait parlé jusqu’à maintenant qu’en tchèque: « Maintenant tu as le choix, soit tu paies les 50 $ soit tu passes la nuit en prison ! » Je dois dire que je n’avais pas trop envie de faire connaissance avec les geôles praguoises. Je payai donc les 50 $ ce qui me permit de récupérer mon passeport et je m’enfuis sans demander mon reste.

Cette mésaventure n’a pour rien au monde eu d’influence sur ma fascination pour la capitale tchèque. J’ai même failli y déménager à deux reprises et c’est chaque fois avec un réel plaisir que j’y retourne. Force est de constater que l’ambiance a changé. Prague, comme Budapest, s’est métamorphosée en 25 ans et je dois dire que je suis un peu nostalgique de la quiétude qui régnait dans la ville avant qu’elle ne devienne cette destination en vogue.

Categories: PECO

Le Fidesz veut ériger une statue de Lech Kaczyński à Budapest

Mon, 27/03/2017 - 10:57
Máté Kocsis, le maire Fidesz du 8e arrondissement de Budapest, a proposé qu’une statue soit érigée dans la capitale hongroise en hommage au défunt président polonais Lech Kaczyński.

L’annonce a été faite jeudi 23 mars, à l’occasion de la Journée annuelle de l’Amitié hongro-polonaise. Soutenu par le maire de la ville István Tarlós, le maire du 8e arrondissement Maté Kocsis a annoncé qu’il allait proposer lors du conseil municipal de ce mercredi l’érection d’une statue en souvenir de l’ancien président polonais Lech Kaczyński, décédé en 2010.

Les dirigeants chrétiens-conservateurs du Droit et Justice (PiS) en Pologne et du Fidesz en Hongrie ont multiplié les signes d’amitié réciproque ces dernières années. Mais le chef de file du PiS, Jarosław Kaczyński, qui n’est autre que le frère jumeau du président défunt, s’était dit « déçu » par la décision de Viktor Orbán de soutenir la réélection de Donald Tusk à la tête du Conseil de l’Europe, à laquelle il s’opposait farouchement. Des partisans du PiS présents à Budapest lors de la fête nationale du 15 mars ont ouvertement affiché leurs reproches au Premier ministre hongrois.

Lech Kaczyński est décédé dans le crash de son avion à Smolensk (Russie) le 10 avril 2010. Il se rendait en Russie pour commémorer le massacre de plusieurs milliers de polonais à Katyń, accompagné de plusieurs dizaines de hauts dirigeants politiques et militaires.

Categories: PECO

201 personnes sont mortes de froid cet hiver en Hongrie, dont un enfant de 11 ans

Mon, 27/03/2017 - 10:14
Les chiffres de la mortalité liée au froid ont enfin été annoncés. Comme on le craignait, l’hiver extrêmement rigoureux qui a frappé l’Europe centrale et balkanique a été très meurtrier en Hongrie, où plus de deux cents personnes sont mortes d’hypothermie.

Selon les chiffres annoncés dimanche 26 mars par le Forum social hongrois (Magyar Szociális Fórum), deux cents une personnes sont décédées en raison de l’exposition au froid au cours de l’hiver 2016-17 en Hongrie. La victime la plus jeune était un enfant de 11 ans et la plus âgée un homme de 93 ans.

Si les sans-abri doivent survivre à l’hiver dans des conditions abominables, contrairement aux idées reçues, peu de personnes décèdent en raison du froid dehors dans les espaces publics, affirme le MSZF. La grande majorité des 201 personnes ont trouvé la mort chez elles, dans leur habitation non-chauffée, ou peu après leur arrivée à l’hôpital.

Nous ne disposons pas de plus de précisions quant à ces données. Plusieurs médias – dont l’hebdomadaire Heti világgazdaság (HVG) – ont déploré à de nombreuses reprises que ni le gouvernement ni les autorités compétentes n’acceptent de les révéler (les services d’urgence, le ministère de l’Intérieur, de la Santé…). Ces dernières renvoient à la difficulté méthodologiques de produire de telles statistiques.

Categories: PECO

La grève de la cocarde

Mon, 27/03/2017 - 10:12
La cocarde tricolore ne fait plus l’unanimité en Hongrie le jour de la fête nationale. Peut-être parce que le pouvoir a dévoyé le patriotisme en nationalisme ?

Mais où sont donc passées les cocardes ? Il y a dix ans, se promener dans les rues de la capitale hongroise sans arborer sur la poitrine les couleurs nationales piros-fehér-zöld un 15 mars, était quelque chose d’un peu inconfortable. Dans les rues et dans les transports publics, peu de gens sortaient sans la kokárda.

Le 15 mars dernier aussi il ne fallait pas chercher beaucoup pour croiser des personnes portant la cocarde. Mais l’évidence sautait aux yeux : ceux ne l’arborant pas était considérablement plus nombreux. Et la fréquence allait décroissant à mesure que l’on s’éloignait de l’épicentre du tremblement patriotique, le Musée national où Viktor Orbán tenait discours.

« La nation hongroise se renforce et se dresse », proclamait-il devant une assemblée de peut-être trois mille personnes, réduite à peau de chagrin au regard de l’affluence lors des fêtes nationales il y a quelques années. Des personnes âgées dans leur très grande majorité, que l’on imagine avoir été acheminées depuis les campagnes du pays, au vu de la rangée de dizaines de bus garés le long de l’avenue Rákoczy. « Grâce à son talent et à son travail acharné, elle recevra à juste titre la reconnaissance de la communauté des nations européennes. Le nom de la Hongrie sera à nouveau digne de sa grande renommée passée ».

En extrapolant un peu ces observations, peut-on aller jusqu’à dire qu’il ne se trouve guère plus que les gens de droite (Fidesz et Jobbik) pour revêtir ce symbole patriotique ? Cette évolution ne serait pas illogique : depuis des années, le Fidesz a accaparé l’Etat et les symboles de la nation, dévoyé la patriotisme en nationalisme et nié l’existence d’un peuple de gauche, pourtant tout aussi hongrois et patriote que lui. Après tout, il n’est pas besoin d’aller bien loin pour trouver d’autres exemples de pays empêtrés dans pareille impasse…

Dans un registre similaire, il est tout aussi frappant de noter que les autocollants représentant la Grande Hongrie historique accolés à l’arrière des voitures sont bien moins nombreux aujourd’hui qu’au milieu des années 2000, au moment où le Jobbik et des mouvements irrédentistes tels que le HVIM ont commencé leur ascension fulgurante.

Photo prise le 15 mars 2017 à Budapest par hulala.

Categories: PECO

Jean-Luc Mélenchon pour renégocier le traité de Trianon ?

Wed, 22/03/2017 - 21:14
De l’Atlantique à l’Oural, « il faut rediscuter de toutes les frontières ». Évoquant celles de l’Ukraine, de la Pologne et de la Hongrie, les propos du candidat « France insoumise » Jean-Luc Mélenchon ont été interprétés en Hongrie comme un positionnement en faveur d’une renégociation du traité de Trianon.

Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre socialiste et représentant de la gauche alternative à l’élection présidentielle française, s’est prononcé lundi soir en faveur d’une grande conférence de sécurité de l’Atlantique à l’Oural, afin de discuter avec les anciens pays du bloc de l’Est du tracé de leurs frontières. « Toutes les tensions [géopolitiques, ndlr] viennent du fait que, quand l’empire soviétique s’est écroulé, personne n’a négocié les frontières avec qui que ce soit. C’est le moment de négocier les frontières. Pas la guerre, la négociation », a-t-il notamment déclaré, alors que le candidats était invité à s’exprimer sur l’opportunité d’une « Europe de la défense » et d’une armée commune aux 28 pays membres.

« De la même manière, vous ne voyez que les problèmes entre les Russes et les Ukrainiens. Attendez de voir les problèmes entre les Polonais et les Ukrainiens ; attendez de voir les problèmes entre les Hongrois et leurs voisins​. »

Interpellé par le candidat PS-EELV-PRG Benoît Hamon sur les frontières à renégocier, Jean-Luc Mélenchon a évoqué le cas de la Crimée[1]Objet d’un litige entre l’Ukraine et la Russie. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_4122_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_4122_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, mais également celui de plusieurs pays d’Europe centrale : « Par exemple entre la Russie et l’Ukraine [la frontière] est-elle à la fin de la Crimée ou avant ? Qu’est-ce qu’on applique : la décision du bureau politique de Nikita Khrouchtchev ou bien est-ce qu’on accepte ce qu’a décidé M. Poutine ? Je ne sais pas ce qu’il faut décider (…) De la même manière, vous ne voyez que les problèmes entre les Russes et les Ukrainiens. Attendez de voir les problèmes entre les Polonais et les Ukrainiens ; attendez de voir les problèmes entre les Hongrois et leurs voisins​. » 

La petite phrase sur le cas hongrois n’a pas manqué de faire réagir le grand quotidien conservateur Magyar Nemzet, titrant dans un article paru hier : « Le candidat de la gauche radicale à l’élection présidentielle réglerait Trianon », en référence au traité éponyme conclu en 1920 pour sanctionner la Hongrie, puissance vaincue de la Première guerre mondiale. L’interprétation selon laquelle Jean-Luc Mélenchon soutiendrait la cause irrédentiste hongroise a également été reprise aujourd’hui par le site pro-gouvernemental Hungary Today, avec une certaine candeur maîtrisée.

En Hongrie, le traité de Trianon est considéré par de nombreux chroniqueurs historiques comme un « traumatisme national », dans la mesure où il y a été fait exception du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » en annexant à la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie et l’Autriche des territoires et des grandes villes alors majoritairement habités par des Hongrois. Avec une amputation territoriale des deux-tiers, 3,3 millions de personnes de nationalité magyare se sont retrouvées du jour au lendemain sous domination étrangère.

Les partisans d’une révision du « diktat de Trianon » se retrouvent principalement à droite de l’échiquier politique. Si le parti gouvernemental Fidesz privilégie une diplomatie de voisinage centrée sur la préservation des droits linguistiques, politiques et culturels des minorités magyarophones[2]Les locuteurs du hongrois sont estimés à environ 5 millions de personnes dans les pays limitrophes. La Hongrie quant à elle un peu moins de 10 millions d’habitants. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_4122_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_4122_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, certains groupes d’extrême-droite prônent un retour pur et simple aux frontières de la « grande Hongrie » médiévale[3]A la fin du XVe siècle jQuery("#footnote_plugin_tooltip_4122_3").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_4122_3", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Marginalisée durant la période soviétique durant laquelle il fallait célébrer l’entente avec les « pays frères », la « question de Trianon » est réapparue dans le débat public dans les années 1990 à travers le discours du « Le Pen hongrois » István Csurka mais aussi de façon édulcorée dans celui du jeune premier ministre Viktor Orbán lors de son premier mandat entre 1998 et 2002. Même si la Hongrie s’est engagée à renoncer à ses revendications territoriales, elle est régulièrement accusée par ses voisins d’encourager les mouvements autonomistes hongrois.

France’s Leftist Presidential Candidate Says European Borders Should Be Reconsidered, Including Trianon

Notes   [ + ]

1. ↑ Objet d’un litige entre l’Ukraine et la Russie. 2. ↑ Les locuteurs du hongrois sont estimés à environ 5 millions de personnes dans les pays limitrophes. La Hongrie quant à elle un peu moins de 10 millions d’habitants. 3. ↑ A la fin du XVe siècle function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Categories: PECO

D’un gouvernement qui avait horreur des arbres…

Wed, 22/03/2017 - 18:35

Les scies et les haches du Droit et Justice ne cessent de faire ravage dans les forêts en Pologne. La tristement célèbre « lex Szyszko » (du nom du ministre polonais de l’Environnement dans le gouvernement conservateur de Beata Szydło) a déjà provoqué des dommages environnementaux irréparables. Mais la société se serre les coudes.

Depuis l’entrée en vigueur de la modification de la loi sur l’abattage des arbres, le 1er janvier 2017, plus de 2 millions d’arbres ont déjà été abattus sur des parcelles privées. Cet abattage de masse n’a même pas épargné des monuments naturels. Avant cette date, les propriétaires avaient besoin de l’accord des autorités locales avant d’abattre un arbre d’une certaine taille. Mais depuis la fameuse « lex Szyszko », personne ne peut s’opposer à ce phénomène à grande échelle.

« Nous n’acceptons pas la lex Szyszko » – Ces propos ont été prononcés le 21 mars par Grzegorz Schetyna, le chef de la Plate-forme civique, l’un des leaders de l’opposition. Ce jour-là, à l’occasion de l’arrivée du printemps, les hommes et les femmes politiques de son parti ont mené une action consistant à planter des arbres à des endroits particulièrement touchés l’abattage massif. Cette action de la Plate-forme civique n’a pas été laissée sans réaction : la police s’est rendue sur place afin de relever l’identité des participants. « Les identités des arbres antigouvernementaux ont été relevées », a écrit sur Twitter, non sans ironie, M. Andrzej Halicki, membre de la Plate-forme civique.

Promenade parmi des moignons…

Crédit : www.kobieta.wp.pl

Les politiciens n’étaient par les seuls à manifester leur mécontentement face à la destruction volontaire de l’environnement par le pouvoir. Le même jour, une vingtaine de jeunes mères ont fait une drôle de promenade sur un terrain vague qui fut jadis un parc boisé. Aujourd’hui, rien que des moignons d’arbres coupés à la scie à la fin du mois de février. Elles se sont assises sur des troncs pour allaiter tranquillement leurs enfants dans une protestation mutique mais expressive.

C’est déjà la troisième séance de ce happening « Mères Polonaises aux clairières », organisé par Cecylia Malik, une artiste de Cracovie. À l’issue de cet événement « socio-artistique », les photos prises lors de la manifestation vont être envoyées au président de la République polonaise, Andrzej Duda, ainsi qu’à la Première ministre Beata Szydło, et accompagnées d’une demande de destitution du ministre de l’Environnement Jan Szyszko.

Les gens du ministre

Le parlement est appelé à voter pour ou contre une motion de censure à l’encontre du ministre de l’Environnement ce jeudi. Tous ses défenseurs se mobilisent pour organiser une manifestation de soutien, mais ils ne sont pas si nombreux…, comme le raconte « Gazeta Wyborcza ». Le journal a pu observer comment, à Gdańsk, la direction régionale du syndicat des forestiers (NSZZ) « Solidarność » a proposé à ses adhérents un jour de congé pour aller manifester et loué un bus pour les acheminer à Varsovie devant la Diète en uniformes de gala. Mais en dépit de ces efforts de la direction, le nombre de forestiers volontaires ne fut pas suffisant pour organiser le trajet…

Des hommes et des femmes politiques de l’opposition, des membres du syndicats des forestiers, des jeunes mères, de plus en plus de personnes prennent conscience des dommages que l’abattage massif des arbres cause à l’environnement naturel en Pologne, un des pays, rappelons-le, les plus boisés d’Europe. La situation des forêts s’aggrave de jour en jour et même la période de reproduction des oiseaux qui commence n’a pas freiné le processus. Le lobby du ministre Szyszko est jusqu’ici trop fort au Parlement, et il faudra attendre encore longtemps pour que les modifications de la loi proposées par de nombreux membres du parti au pouvoir (dont le chef du Droit et Justice, Jarosław Kaczyński) soient soumises au vote des députés.

Sources : Gazeta Wyborcza, oko.press

Crédit photo : Gazeta Wyborcza.

Categories: PECO

Des groupes polonais à l’affiche des festivals de musique du monde entier

Wed, 22/03/2017 - 14:40
C’est un début d’année fructueux pour les artistes polonais. 2017 semble bien amorcer l’exportation de la musique polonaise grâce à « Don’t Panic! We Are From Poland ».

« Don’t Panic! We’re from Poland » (DPWFP) met en avant les jeunes artistes polonais qui essaient de s’exporter. Créée en 2008 par l’Institut Adam Mickiewicz, sa mission est de promouvoir la musique polonaise à travers le monde, en concentrant ses efforts sur la pop, l’alternatif, le jazz, l’électro, le métal, l’expérimental et le folk.

DPWFP profite des festivals musicaux pour placer et faire connaître les artistes polonais aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne, en Estonie, au Japon… Depuis le début de l’année, les Polonais se sont déjà illustrés lors des représentations dans le monde entier. Les concerts de Trupa Trupa et Buslav au festival Eurosonic Noordeslag (Pays-Bas), devant plus de 42 000 festivaliers, ont donné envie aux distributeurs étrangers de leur proposer d’autres dates.

Autres performances notables, celles de Coals, Sotei et Teielte au festival « MENT » de Ljubljana (Slovénie). Ce festival, qui met en avant les artistes émergents, accorde beaucoup d’importance à leur visibilité et leur permet de se faire connaître sur la scène européenne. Le printemps s’annonce très fleuri pour l’industrie musicale polonaise avec la Tallinn Music Week ( du 27 mars au 02 avril), le Spring Break Festival à Poznań (du 20 au 22 avril), le Primavera Sound de Barcelone (du 31 mai au 04 juin)  et Jazzahead! à Brême (27 au 30 avril) qui accueilleront tous des groupes polonais.

Alors qu’actuellement, la Pologne fait surtout parler d’elle dans le débat politique européen, son industrie culturelle bénéficie moins du feu des projecteurs. Le programme de l’Institut Adam Mickiewicz « Kultura polska na świecie » (Culture polonaise dans le monde) s’adresse à tous les artistes participant à l’industrie créative de la Pologne. Le but est de participer financièrement aux projets de ces artistes en co-finançant les coûts liés aux déplacements et à la logistique des événements à l’étranger.

Categories: PECO

La fillette palestinienne qui a remporté un concours de dessin patriotique

Mon, 20/03/2017 - 11:30
Une jeune écolière palestinienne compte parmi les lauréats d’un concours de dessin patriotique organisé à Budapest à l’occasion de la révolution hongroise de 1848.

Et alors ? Cette information anecdotique réjouit pourtant des médias comme HVG et 444.hu, car le père de la lauréate compte parmi les bénéficiaires de l’association Menedék (Menedék Migránsokat Segítő Egyesület) dont la mission est d’aider à l’intégration des personnes immigrées en Hongrie. Cette association a été plusieurs fois montré du doigt par le gouvernement car elle perçoit des fonds de l’Open Society Foundations de Georges Soros.

Second élément : c’est Józsefváros qui a organisé le concours, c’est à dire le quartier qui a pour maire Maté Kocsis, qui s’est montré l’un des représentants politiques du Fidesz les plus hargneux et les plus haineux à l’égard des migrants livrés à eux-mêmes dans Józsefváros à l’été/automne 2015.

En 2013, c’est une jeune hongroise d’origine vietnamienne, Nguyen Hoang Lan Laura, qui avait attiré l’attention en remportant un concours d’écriture runique, le rovásirás, forme de proto-hongrois disparue avant d’être remis au goût du jour et brandie comme symbole identitaire par l’extrême-droite.

Dans un registre similaire, on se souvient qu’un médecin Yéménite du nom d’Abdulrahman Abdulrab Mohamed avait été désigné médecin de l’année par l’Ordre des médecins en 2016.

Categories: PECO

Une motion de censure (symbolique) contre le gouvernement polonais

Mon, 20/03/2017 - 07:17
Cette motion de censure présentée par la Plate-forme civique et qui dénonce une politique « anti-démocratique » et « contraire aux principes d’un état de droit » n’a aucune chance d’être adoptée par le parlement aux mains du PiS. Mais c’est tout de même l’action la plus audacieuse entreprise par l’opposition parlementaire en Pologne depuis l’arrivée du PiS au pouvoir en 2014. Et une excellente occasion pour Hulala de passer en revue les principaux griefs adressés aux conservateurs au pouvoir…

Gdańsk, correspondance – L’opposition du gouvernement de Beata Szydło à la réélection de Donald Tusk à la présidence du Conseil Européen n’est pas restée sans écho dans la politique intérieure de la République de Pologne. Au contraire, il semble que la première ministre, en enfermant son gouvernement dans une position ubuesque au dernier sommet de Bruxelles a provoqué le ras-le-bol au sein de l’opposition parlementaire.

En effet, vendredi, Sławomir Neumann, président du groupe parlementaire de la Pateforme civique (PO, opposition parlementaire de centre-droite) et Tomasz Siemoniak, l’ex-ministre de la Défense, ont déposé ensemble au Parlement une motion de censure contre le gouvernement du Droit et Justice (PiS). Cette motion contient trente-cinq pages résumant les failles de sa gouvernance jugées particulièrement néfastes pour l’État polonais.

Le leader du parti Nowoczesna (Moderne), Ryszard Petru, a regretté que la publication de la motion n’ait pas été précédée de consultations avec les autres leaders de l’opposition. Il n’en demeure pas moins qu’il a fait part de sa volonté de soutenir la motion de la PO, ainsi que Władysław Kosiniak-Kamysz, chef du Parti Populaire de la Pologne (PSL).

Droit et Justice « n’a pas peur »

Les auteurs de la motion ne cachent pas le caractère symbolique de leur démarche, destinée selon eux à provoquer un débat constructif. L’échec de ce projet est certain, le Droit et Justice possédant la majorité absolue au Parlement, avec 234 députés contre 226 pour l’opposition, dont tous ne voteront pas contre le gouvernement en place. Paweł Kukiz, learder du parti Kukiz’15 (formation politique sensiblement populiste), affirme que son groupe s’abstiendra.

Ryszard Terlecki, chef du club de Droit et Justice ne dissimulait pas son amusement vendredi face à cette motion de censure, estimant que ce document est excessif et sans lien avec la réalité et le qualifiant d’« exemple de morgue de la Plate-forme civique ». En ce qui concerne le débat que les auteurs de la motion souhaitent provoquer au Parlement, il affirme que son parti « n’a pas peur » de discuter avec l’opposition.

Le parti au pouvoir n’a effectivement rien à craindre pour l’instant et le dossier sera rejeté par la majorité des députés dans les sept jours suivant sa publication. Grzegorz Schetyna, chef de la Plate-forme civique, désigné dans le document comme Premier ministre de substitution (ainsi que le prévoit la loi polonaise), ne le deviendra pas suite à cette motion de censure. Il n’en reste pas moins que cette initiative de l’opposition constitue une sorte de tournant et peut être considérée comme l’action la plus audacieuse de l’opposition parlementaire en Pologne depuis l’arrivée du PiS au pouvoir en 2014. Et il n’est pas exclu qu’un débat – au moins partiellement constructif – soit suscité par cette motion de censure.

Image d’illustration : la diète polonaise en décembre 2015 (crédit photo : P. Tracz / Wikicommons) Ce que contient la motion de censure contre le gouvernement PiS

En termes généraux, les auteurs de la motion dénoncent une politique « anti-démocratique » du gouvernement et « contraire aux principes d’un état de droit ». Sur trente-cinq pages, la liste des accusations formulées par PO à l’encontre du gouvernement est longue et concerne la quasi-totalité des ministres du Droit et Justice.

– La cible principale, Beata Szydło, est attaquée pour son attitude lors du dernier sommet de Bruxelles où elle n’a pas soutenu la cause du candidat à la présidence du Conseil Européen, M. Donald Tusk, lui-même issu de la Plate-forme civique.

– La motion de censure pointe aussi du doigt le ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, qui, selon les auteurs, ridiculise la Pologne sur la scène internationale et promeut une « politique négative » du gouvernement face à l’Union européenne. L’opposition considère que le ministre ne prend pas en compte le véritable intérêt de l’État.

– Mateusz Morawiecki, le ministre du Développement et des Finances, n’est pas épargné non plus : la politique de son ministère aurait provoqué une augmentation inédite de l’endettement et une trop faible croissance du PIB (2,8 % en 2016 contre 3,9 % en 2015). La motion de censure lui reproche donc d’avoir freiné le développement économique du pays.

– L’opposition n’a pas non plus oublié Antoni Macierewicz, le ministre de la Défense : celui-ci se trouve accusé d’avoir engendré une vague de démissions parmi l’Etat-major de l’armée polonaise, l’affaire de Bartłomiej Misiewicz (exemple de népotisme dans la classe dirigeante du Droit et Justice) et son indifférence (ou son impuissance) face au manque d’équipement des forces militaires de la Pologne.

– Zbigniew Ziobro, à la fois ministre de la Justice et Procureur général, est pour sa part accusé d’avoir « politisé » le parquet et de procéder contre l’indépendance de tout l’appareil judiciaire. Le ministre est maintenant capable d’impacter tout procès par ses interventions arbitraires. On rappelle également son rôle dans l’affaire du Tribunal Constitutionnel, son manque de réaction lorsque des jugements du Tribunal n’étaient pas publiés par le gouvernement (ce qui constituait déjà une infraction à la loi).

– La motion de censure dénonce aussi les réformes imposées sans consultations préalables par la ministre de l’Éducation nationale, Anna Zalewska : la liquidation du collège (réinstaurant le système avec huit années d’école primaire et quatre années de lycée).

– Parmi les accusés se trouve encore Jan Szyszko, ministre de l’Environnement, et sa modification de la Loi sur la Protection de l’Environnement. Sa décision de permettre aux propriétaires d’abattre les arbres sur leurs parcelles a mené à l’abattage de plusieurs milliers d’arbres sur des parcelles privées. On lui reproche aussi l’allègement des réglementations en matière de chasse (le ministre étant lui-même un fervent chasseur).

– Enfin, le ministre de l’Intérieur, Mariusz Błaszczak, est accusé « d’attaquer l’opposition dans les médias », de purges politiques dans la police, ainsi que de négligence en ce qui concerne le Bureau de Protection du Gouvernement (BOR) à l’origine – selon le document – de plusieurs accidents de la route de membres du gouvernement : du président Andrzej Duda d’abord, celui d’Antoni Macierewicz ensuite, et de la première ministre Beata Szydło enfin.

Il ne s’agit ici que d’un échantillon de ce que comporte la motion de censure.

Sources : Gazeta Wyborcza, tvn24.pl

Categories: PECO

Pages