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Actualité. Réflexions. Reportages
Updated: 10 hours 35 min ago

Les pêcheurs italiens retenus en Libye sont libres

Fri, 18/12/2020 - 10:15

(B2) Les 18 pêcheurs venus de Sicile, retenus prisonniers dans l’Est de la Libye depuis septembre, ont été libérés

(crédit : Farnesina – Luigi di Maio)

« Nos pêcheurs sont libres. Dans quelques heures, ils pourront embrasser leurs familles et leurs proches », a affirmé le ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio, sur facebook. Libération rendue possible par l’agence italienne de renseignement extérieur (AISE) et « tout le corps diplomatique », remerciés chaleureusement par le ministre, ancien leader du mouvement 5 Étoiles.

Venus à Benghazi (Libye) récupérer leurs concitoyens, Luigi di Maio et le premier ministre Giuseppe Conte en ont profité pour répéter directement au maréchal Haftar, commandant de l’armée nationale libyenne (opposition), un message : « Le gouvernement continue de soutenir fermement le processus de stabilisation de la Libye. »

Ces pêcheurs originaires de Mazara del Vallo (Sicile) avaient été arrêtés en septembre par les autorités de l’Est de Libye. Motif avancé : ils pêchaient dans la zone économique exclusive libyenne. Une arrestation opportune, alors que des footballeurs libyens avaient été arrêtés en Italie, dans un contexte délicat de négociation intra-libyenne où Rome est toujours actif.

(NGV)

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Aller dans Barkhane : un guêpier ! Avertissement des députés belges de plusieurs tendances

Tue, 15/12/2020 - 15:33

(B2) Des nationalistes flamands aux écolos francophones en passant par les libéraux francophones ou flamands, on ne peut pas dire que que l’engagement belge dans l’opération Barkhane suscite un grand enthousiasme

Nous avions indiqué que l’engagement belge dans Barkhane, une compagnie, forte de 250 hommes, n’était pas évidente côté belge (lire : Une compagnie belge dans l’opération Barkhane. Un accord politique encore nécessaire). Le débat à la commission Défense de la Chambre des députés, le 9 décembre dernier l’a prouvé. Les esprits ne semblent pas mûrs côté belge. Et les questions sont nombreuses, venant tant de l’opposition, que de partis membres de la coalition ‘Vivaldi’ au gouvernement. L’engagement dans Barkhane ne figure d’ailleurs qu’en pointillé dans le plan d’opérations 2021 (lire : Pays Baltes, Sahel, Afrique de l’Ouest, Iraq, Afghanistan… les opérations de la Belgique pour 2021 en détail). Et aucun montant n’a été budgété pour l’instant.

Ne pas devenir une sous-division de l’armée française

À tout seigneur tout honneur, ce sont les nationalistes flamands (dans l’opposition) qui ont tiré les premiers. L’armée belge « ne doit pas devenir une sous-division de l’armée française » a indiqué Theo Francken (N-VA), s’interrogeant sur la nécessité d’avoir un engagement de plus dans cette région, comme sur les règles d’engagement. Mais ce n’est pas un avis isolé. Loin de là.

Pourquoi s’engager dans un tel guêpier

Dans la foulée, plusieurs partis ont exprimé leurs ‘doutes’ (mot positif !), leurs ‘réticences’ voire leur opposition en l’état. « En l’état on ne peut pas approuver ce dossier », a mis en garde Kris Verduyckt (SP-A), qualifiant de « guêpier » la situation au Mali. « Si on fait quelque chose à l’étranger cela peut avoir des conséquences ici. L’implication du parlement est absolument nécessaire. Il y a un aspect développement important. En menant une action militaire, on ne doit pas mettre en danger notre action de développement menée au Mali. Un point important » pour les socialistes flamands.

Un débat nécessaire au Parlement

« Il ne faut pas avoir peur mais il faut le gérer de façon prudente, avoir une stratégie politique et militaire bien fixée », a ajouté Jasper Pillen (Open-VLD), reprenant également le mot « guêpier » sa bouche. « Je suis sceptique sur cet engagement », a renchéri sa collègue francophone du MR (Mouvement réformateur), Kattrin Jadin. « Nous devons avoir un débat au Parlement, avoir des éclaircissements, voir sous quelle forme cet engagement [peut se dérouler], quelles demandes spécifiques ont été faites à la Belgique », a précisé la députée.

Pourquoi aller s’engager aux côtés d’une ex-puissance coloniale ?

Autant de questions posées chez les Verts. « Le mandat international, les règles d’engagement, nous avons plusieurs questions à nous poser. Il faut avoir une très grosses discussion », indique Guillaume Défossé pour les Écolo. « Il y a une difficulté à s’engager aux côtés d’une ex puissance coloniale en Afrique », a-t-il renchéri.

Quelle stratégie de sortie

Le seul soutien à la ministre de la Défense est venu du PS francophone… et encore. L’ancien ministre de la Défense André Flahaut a mis en garde sur la nécessité de toujours bien « prévoir une stratégie de sortie ». Un avertissement général mais qui s’adressait aussi pour Barkhane.

Prudence gouvernementale

La ministre belge de la Défense Ludivine Dedonder s’est d’ailleurs montré très prudente à l’issue de ce débat : « Il n’y a aucune décision de prise. Nous sommes dans des analyses préliminaires, côté militaire. » Une analyse qui comprend « les moyens à engager, les risques ». Il faut « prendre le temps d’analyser tout cela correctement ». Il reviendra « ensuite au Parlement » d’en discuter…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Transcription par nos soins du débat tenu à la commission Défense le 9.12.

Citation possible selon les règles habituelles (média + auteur + lien). La seule présence d’un lien ne suffit et est constitutif d’une contrefaçon. Reproduction intégrale interdit sans autorisation.

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En Biélorussie, les gens n’ont pas abandonné (T.Khomich)

Tue, 15/12/2020 - 08:34

(B2) Les Biélorusses s’adaptent pour déjouer la répression du régime Loukachenko. Tatsiana Khomich, la soeur de la musicienne et militante Maryia Kolsnikova, membre du conseil de coordination de l’opposition démocratique, témoigne

Tatsiana dans les locaux du Parlement européen, faisant le signe de solidarité des biélorusses, à la fin de l’interview (à distance) (crédit : Parlement européen)

Tatiana a représenté sa soeur lors de la remise du prix Sakharov 2020 à l’opposition démocratique biélorusse, mercredi midi (16.12), dans l’hémicycle du Parlement européen, à Bruxelles.

Votre soeur est membre du conseil de coordination créé au lendemain de la ré-élection contestée d’Alexander Loukachenko. Poursuivie par le régime comme les autres membres du conseil, elle a déchiré son passeport pour ne pas être forcée à l’exil. Elle a été arrêtée début septembre et reste en prison depuis. Quelles nouvelles avez-vous d’elle ?

— Elle est dans une cellule avec trois autres femmes. Aucune poursuite pénale n’a encore été engagée. Nous devrions savoir le 8 janvier si elle reste plus longtemps en prison, ou si elle est assignée à résidence, ou si elle est libérée avec la condition de ne pas quitter le pays. Maryia ne reçoit pas nos lettres. Presque aucune lettre d’elle ne nous parvient d’elle non plus. Elle ne peut pas lire de livres parce qu’elle n’est pas autorisée à les emprunter à la bibliothèque. Peut-être pensent-ils qu’elle pourrait y trouver quelque chose… C’est ce qu’ils lui ont expliqué, que ce ne sont pas les livres qui font grandir ! (sourire) Maryia reste optimiste, courageuse et forte, pleine d’énergie encore.

Le régime poursuit tous les opposants. C’est à ce tire que ses avocats l’ont également été ?

— Deux de ses avocats ont été arrêtés en même temps qu’elle, dont l’un également membre du conseil de coordination. En octobre, un autre de ses avocats a perdu sa licence, et un quatrième a été arrêté, à l’origine pour avoir participé à des manifestations, mais ils n’ont pas pu le prouver donc ils ont modifié le motif d’inculpation, l’accusant d’avoir résisté lors de son arrestation. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce sont des persécutions politiques, des méthode d’intimidation.

Où en est la mobilisation de la population ? Les manifestations et les grèves continuent-elles de façon aussi forte, malgré la répression du régime ? 

—  Bien sûr, les gens sont stressés, fatigués parce qu’ils ne peuvent pas vivre normalement. Cela fait des mois qu’ils subissent des violences dans la rue. C’est très difficile, mais ils n’abandonnent pas. Si auparavant les protestations étaient massives, et que les gens se regroupaient dans le centre de Minsk [la capitale], maintenant les protestations sont plus locales, les gens se rassemblent dans leurs jardins. Il est plus difficile pour la police de les atteindre. Le type de protestation a changé, mais les gens n’ont pas abandonné.

Le gouvernement a l’intention de fermer les frontières, le 21 décembre. Qu’est-ce que cela va changer pour l’opposition ?

—  L’interdiction de sortir ou d’entrer ne concernera que les bus et les trains. Les gens pourront toujours quitter le pays mais, bien sûr, il sera plus facile de canaliser les voitures. Cette étape sera également négative pour l’économie.

Y a-t-il des signes qui vous donnent de l’espoir pour les semaines à venir ?

— Il est vraiment difficile de dire comment et quand il y aura des changements en Biélorussie. Pour l’heure, il y a toujours des violences sexuelles dans les rues, des dizaines de milliers de prisonniers politiques. Nous comptons sur un dialogue organisé avec la participation de l’OSCE, de la Russie et d’autres pays. Mais il faut comprendre que l’ancien président (NDLR. Alexander Loukachenko) n’est pas prêt pour un dialogue. Nous savons qu’une prochaine série de sanctions [européennes] est prévue. Cela pourrait aider mais cela pourrait aussi avoir des effets négatifs. Ce qui est sûr, c’est que c’est un long chemin. Notre liberté est un processus qui peut prendre du temps. Nous sommes prêts pour cela.

(propos recueillis par Emmanuelle Stroesser)

Interview réalisée en vidéoconférence mercredi 16 décembre 2020, en anglais

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (novembre 2020)

Mon, 14/12/2020 - 14:55

(B2) Sur le terrain, les missions de la PSDC s’essaient au pragmatisme. Rapprocher la police des citoyens ne se décrète pas, mais se construit. Les équipes sont aussi à l’œuvre pour améliorer les lieux de formation et les conditions de travail des équipes locales

Kizevak (Serbie). Progrès majeurs dans la recherche de personnes disparues

L’utilisation d’images aériennes a permis de concentrer et préciser les recherches de restes humains dans un grand site de carrières de Serbie, à Kizevak. C’est le fruit d’un travail de plusieurs années, coordonné entre les experts de la mission « État de droit » de l’Union européenne au Kosovo (EULEX), de l’Institut de médecine légale du Kosovo et de la Commission du gouvernement serbe sur les personnes disparues. S’amorce maintenant le début d’un long processus avant d’identifier ces personnes. 1640 sont toujours portées disparues au Kosovo. Détails ici

(crédit : EULEX Kosovo)

Kiev (Ukraine). Doter les équipes de véhicules de patrouille

Neuf voitures de patrouille et neuf voitures pour les groupes mobiles d’intervention contre les violences domestiques, ont été livrées à la police ukrainienne, par la mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine). Des équipements financés par l’UE dans le cadre du programme de « Soutien aux réformes de l’État de droit en Ukraine dans les domaines de la police et du ministère public et de la bonne gouvernance » (PRAVO Police), mené par les Nations unies (UNOPS). Détails ici

Les groupes mobiles d’intervention contre les violences domestiques reçoivent 18 voitures (crédit : EUAM Ukraine)

Bosnie-Herzégovine. Matériel et équipement médical contre le Covid-19

Blouses chirurgicales, couvre-chaussures et gants en latex. En tout, ce sont plus de 100.000 articles individuels qui ont été livrés à l’hôpital général Prim. Abdulah Nakaš, au Centre clinique universitaire de Sarajevo et à la protection civile à Zenica, par l’opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea), pour aider au traitement des patients touchés par le Covid-19. Détails ici

(crédit : EUFOR Althéa)

 

Bamako (Mali). Des travaux aussi pour une école de déminage

La mission d’entraînement de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali) est maître d’œuvre du projet d’extension de l’école de déminage des FAMa (Forces armées maliennes). Une salle d’instruction pour 40 stagiaires, un bâtiment de stockage pour le matériel spécialisé, et l’hébergement (pour 40 étudiants et 10 instructeurs) sont en chantier. Un projet financé par le Luxembourg. Détails ici

(EUTM Mali)

Mogadiscio (Somalie). Un générateur, des lavabos et des dortoirs… 

La mission EUCAP Somalia n’a pas chômé question travaux. En commençant par la livraison d’un nouveau générateur au quartier général (en cours de construction) des garde-côtes de la police somalienne dans le port de Mogadiscio. Détails ici

Le nouveau générateur livré le 22 novembre au port de Mogadiscio (crédit : EUCAP Somalia)

21 aires de lavage des mains ont été aménagées dans les commissariats de police autour de Mogadiscio, et à l’académie de police. Détails ici

Les commissariats de police de Mogadiscio bénéficient de nouveaux lavabos (crédit : EUCAP Somalia)

La mission est également à l’œuvre en soutenant la reconstruction de dortoirs (200 lits) pour les cadets de l’Académie de police somalienne. Détails ici

(crédit : EUCAP Somalia)

Somalie. Dialogue politique sur la piraterie

Le commandant de l’opération de lutte contre la piraterie (EUNAVFOR Atalanta), le général Planells, a participé au dialogue politique entre l’UE et les autorités somaliennes, et également rencontré des représentants du domaine maritime « afin d’intensifier les efforts et de renforcer les acteurs somaliens de la sécurité maritime ». Détails ici

(crédit : Eunavfor Atalanta)

Konni (Niger). Rapprocher la police et la population

Sur trois jours, 27 personnes d’ONG locales, de la police et de la magistrature, ont été réunies pour s’entretenir sur les sujets qui fâchent entre la police et les organisations de la société civile. L’initiative de la mission de soutien aux forces de sécurité intérieure et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger) a permis « d’identifier des problématiques » sur lesquelles travailler : la méconnaissance de la mission de la police et le manque d’un dialogue constant entre la société civile et la police. Détails ici

Photo de famille des participants issus des ONG locales, de la police et de la magistrature en compagnie des experts de la Mission. (crédit : EUCAP Sahel Niger)

République centrafricaine. Décorations

Le président de la République s’est déplacé pour la présentation au drapeau centrafricain de 1208 soldats des FETTA (Formation Élémentaire Tout Type d’Armes) de Bouar et Bangui. L’EUTM était là.

Félicitations aux 1208 soldats des FETTA (Formation Elémentaire Tout Type d’Armes) de Bouar et Bangui qui ont été présentés au drapeau centrafricain, en présence du président de la République, du CEMA #FACA, du commandant de l’#EUTMRCA, des autorités locales et internationales. pic.twitter.com/G4gtvEITUJ

— EUTM RCA (@EUTMRCA) November 26, 2020

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en novembre) :

    Sur le blog :

    Et aussi tous les articles de notre rubrique missions UE (PSDC)

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    La Royal Navy déployée pour surveiller les zones de pêche au 1er janvier

    Sat, 12/12/2020 - 23:25

    (B2) Quatre navires de la Royal Navy ont été mis en alerte pour protéger les eaux britanniques des chalutiers de l’UE à partir du 1er janvier, en cas de no deal

    Le HMS Trent lors de l’opération Sea Guardian (Crédit : Royal Navy)

    L’information a été dévoilée par le quotidien britannique The Guardian. Quatre patrouilleurs de haute mer vont être mis en alerte pour pouvoir intercepter les navires de pêche européens (français, belges, espagnols…) qui pêcheraient dans la zone économique exclusive (ZEE) britannique après le 31 décembre, sans autorisation.

    Un déploiement préventif

    Ces navires de 90 mètres de long auront ainsi le pouvoir « d’arrêter, d’inspecter et de confisquer » les bateaux de pêche de l’UE pris en infraction en cas de no deal après la date fatidique où le Royaume-Uni va définitivement se séparer de l’Union européenne. Un déploiement prévu de longue date. « La défense est prête pour toute une série de scénarios à la fin de la période de transition » précise un porte-parole du ministère de la défense au quotidien britannique.

    Une position de l’État en mer

    Ce déploiement ne surprendra pas vraiment les habitués des questions maritimes. De tous temps, la marine a été mobilisée pour défendre les eaux nationales. Les Britanniques se remémorent la longue ‘guerre du cabillaud’ avec les Islandais dans les années 1950 à 1970. Et on se souvient de la ‘guerre du thon’ entre marins français et marine espagnole (et vice-versa) dans le milieu des années 1990. Mais aujourd’hui elle sonne davantage comme un avertissement dans une négociation en cours, difficile et âpre, entre Européens et Britanniques.

    Irresponsable !

    Cette attitude est jugée « irresponsable » par Tobias Ellwood, le président (conservateur) de la commission ‘défense’ de la Chambre des Communes. « Les menaces mondiales augmentent, la marine est débordée. Nous nous mesurons ici à un allié de l’OTAN alors que, sous la même mer, l’activité accrue des sous-marins et des drones russes n’est pas contrôlée. Nos amis (États-Unis) nous regardent avec consternation. Nos ennemis (Chine et Russie) dans la joie. » «Rehaussons notre niveau de jeu et passons un accord. » conclut ce qui a secrétaire parlementaire à la Défense dans le gouvernement de David Cameron auprès de Liam Fox et est un ancien des Royal Green Jackets (dont il est sorti avec le grade de capitaine).

    Irresponsible.

    Global threats increasing, Navy overstretched. Here we are squaring up to a NATO ally as beneath the same sea increased Russian sub/ drone activity goes unchecked.

    Our friends (US) watch in dismay. Our foes (China/Russia) in joy.
    Let’s raise our game & get a deal pic.twitter.com/l3R7j4uCFA

    — Tobias Ellwood MP (@Tobias_Ellwood) December 11, 2020

    (Nicolas Gros-Verheyde)

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    La Turquie a-t-elle (déjà) perdu l’Europe ?

    Thu, 10/12/2020 - 23:15

    (B2) À force de querelles infantiles, d’attitudes guerrières, d’insultes envers les dirigeants ou les peuples européens, Ankara a fâché et usé les Européens. Bêtement…

    Lors du dernier sommet par vidéoconférence entre le Turc R.T.Erdogan et les Européens Ch. Michel (Conseil européen) et A. Merkel (présidence allemande de l’UE). On est loin de l’ambiance réjouie des sommets des années 2000… (crédit : Conseil de l’UE)

    Helsinki, l’enthousiasme turc

    Qu’il parait loin le temps du Sommet d’Helsinki, en 1999, où, avec un certain enthousiasme, on avait décidé d’ouvrir la porte des négociations d’adhésion avec la Turquie (1). Ce sommet européen marquait un tournant dans les annales des relations avec la Turquie. Dans les conclusions, cela donnait : « Le Conseil européen se réjouit des éléments positifs qui ont récemment marqué l’évolution de la situation en Turquie [… ] ainsi que de l’intention de la Turquie de poursuivre ses réformes en vue de satisfaire aux critères de Copenhague. »

    Les provocations turques ont fini par lasser

    Exactement 22 ans après, on pourrait presque inverser toutes les phrases. L’Europe déplore le manque d’avancées de la Turquie, ses provocations, « ses activités unilatérales et provocatives », etc. Si il y a encore quelques mois, plusieurs pays avaient des doutes sur l’attitude à avoir avec la Turquie, sur la nécessité d’engager le dialogue, sur des gestes (déclarations politiques, retraits de navires…) perçus parfois comme autant de gages de bonne volonté d’Ankara… Aujourd’hui, « plus personne n’est dupe ». Un mot répété à plusieurs reprises, dans plusieurs chancelleries européennes. Il n’y a plus aucun chef qui croit sérieusement qu’un seul mouvement de navires ou un appel turc va changer la donne.

    Une alliance magique brisée

    Par son attitude, en quelques mois, en tapant tout azimut (Nord Syrie, Libye, Arménie, Méditerranée, …), le régime Erdogan a convaincu chacun qu’il y avait quelque chose de cassé dans cette alliance pourtant magique entre une Union solide au plan économique et un grand pays aux confluents de l’Europe et du Moyen-Orient. Les Européens ne veulent pas pour autant tout casser. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga européen de taper à bras raccourcis. Ce soir on devrait prendre des sanctions, assez graduées, fidèles à l’esprit européen (et ce que voulait Berlin notamment) de toujours garder une porte ouverte (lire : Turquie. Les Européens ne veulent pas couper les ponts. Vers un dispositif de sanctions élargi ?).

    Des sanctions graduées ne signifie pas une faiblesse

    Il ne faut cependant pas minorer ce geste, ni non plus le sous-estimer. Un tel processus vis-à-vis d’un pays théoriquement toujours candidat à l’Union européenne équivaut à lui fermer la porte, à reconnaitre qu’il ne « satisfait plus aux critères de Copenhague ». Entre pays membres de l’Alliance atlantique, c’est un fait singulier et plutôt inégalé jusqu’ici. Et on sait aussi que si les sanctions peuvent être parfois lentes à venir, elles sont encore plus lentes à défaire. Une fois le mouvement pris, la machine est inéluctable.

    Attention au chamallow qui dort

    À l’image du bonbon chamallow, l’Europe parait faible, un peu molle, indécise. Mais il ne faut pas s’y tromper. Une fois que l’unité est acquise, il est très difficile de rompre la ligne. Ankara devrait donc se méfier. La Russie qui a tenté à plusieurs reprises de faire plier les décisions de sanctions qui la frappaient en a été pour ses frais. Malgré quelques tangages, l’Europe est restée debout. Et encore ce soir, les sanctions économiques qui frappent Moscou pour son attitude en Ukraine viennent d’être renouvelées. Idem du côté du Royaume-Uni dans l’affaire du Brexit. Depuis quatre ans, les dirigeants britanniques ont quasiment tout tenté pour faire plier le banc européen. Ils se sont, à chaque fois, cassés les dents. Et cependant ils avaient bien plus arguments que les Turcs.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    1. Les plus anciens se souviendront qu’en plein sommet, la France avait mis à disposition un avion pour que les négociateurs européens (Javier Solana pour le Conseil et Günther Verheugen pour la Commission européenne et un représentant de la présidence finlandaise) aillent à Ankara expliquer la position européenne et convaincre le Premier ministre turc (Bülent Ecevit) de venir poser pour la photo finale avec les autres pays adhérents. La déclaration du Premier ministre d’alors est toujours sur le site du ministère turc des Affaires étrangères.

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    15.000 !

    Tue, 08/12/2020 - 10:45

    (B2) B2 le site de la géopolitique européenne (défense, diplomatie, sécurité) fête aujourd’hui son 15.000e article

    A l’origine un simple blog, surtout concentré sur les missions et opérations de la PSDC et la défense européenne, le site est devenu aujourd’hui un média en ligne, reconnu, et lu à la fois pour son suivi de l’actualité et son analyse de la géopolitique européenne.

    B2 c’est aujourd’hui trois éditions : le blog destiné à un large public, B2 pro réservé aux adhérents et abonnés (pour approfondir certains thèmes), et le Quezako, édition pédagogique destiné à servir de réservoir de connaissance. Il contient aujourd’hui 268 fiches mémo (la dernière paru sur l’association des pays tiers à la coopération structurée permanente) et 83 dossiers chronologiques (dernier né : sur la situation en Méditerranée orientale). Le tout avec une ‘petite’ équipe de 4 journalistes (temps plein ou pigistes).

    Plus de 13.000 lecteurs quotidiens nous font confiance. Parmi ceux-ci, un noyau dur (2000 environ) lisent quasiment tous nos articles. Nos lecteurs sont établis non seulement en France et en Belgique, nos deux berceaux naturels, mais aussi dans toute l’Europe, de Varsovie à Lisbonne, voire un peu plus loin (Japon, Moyen-Orient, USA). Ils forment plus d’un tiers de notre lectorat. Ce dont nous sommes assez fiers. Cela prouve que nous pouvons dépasser le seul hexagone.

    Notre approche est double : les journalistes de B2 ne doivent pas seulement ‘bien’ suivre l’actualité, ils doivent se forger leur propre expertise, mener leurs propres enquêtes, ne pas refléter un seul point de vue, rester européens sans abandonner le sens de la critique, rester compréhensibles par le plus grand nombre.

    B2, c’est un des seuls médias en ligne au niveau européen à n’avoir ni publicité, ni sponsoring, ni subvention. Cela étonne parfois certains de nos interlocuteurs. Cela ne nous rend pas la vie toujours facile. Mais cela nous garantit pleinement à la fois son indépendance et sa liberté de ton, mais aussi de rester en phase avec ses lecteurs qui sont sa seule source de stabilité économique.

    (NGV)

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    Autonomie stratégique. Faisons quelques petits tests pratiques

    Mon, 07/12/2020 - 19:21

    (B2) L’autonomie stratégique est devenue ces dernières semaines le ‘must’ du débat européen. Les ministres en ont parlé ce lundi au Conseil des Affaires étrangères. Dans cette discussion assez philosophique, pour l’instant, ne faut-il pas revenir sur terre ?

    (crédit : EUMM Georgia)

    Avant de chercher à donner de grandes définitions de ce qu’est l’autonomie stratégique, il faudrait peut-être se poser quelques questions concrètes, de savoir si on peut la réaliser et comment. Quelques tests pratiques ne seraient pas inutiles…

    Exemples :

    1. Peut-on se passer de la présence du contingent turc dans l’opération EUFOR Althea de stabilisation en Bosnie-Herzégovine. Les Turcs n’y sont pas portion négligeable — une compagnie sur un total d’environ 600 hommes maximum —, mais les Européens n’ont jamais cherché à les remplacer. Vraie nécessité ou vestige d’une opération menée sous couvert de l’OTAN ? Cela interpelle…

    2. Toutes les lacunes identifiées dans le passé (moyens héliportés, soutien médical, renseignement) au niveau européen sont-elles pourvues ? Concrètement a-t-on les moyens aujourd’hui de faire une opération comme celle faite EUFOR Tchad en 2008, sans dépendre des moyens héliportés russes ? Pourra-t-on demain avoir une opération au Sahel sans dépendre des drones et des renseignements américains ? Plus simplement, est-on capable de déployer simultanément un ou deux ‘Rôle 2’ (hopital de campagne), voire même plusieurs ‘Rôle 1’ (poste médical avancé), sans dépendre de partenaires privés dans d’autres pays tiers ?

    3. Au niveau organisationnel, les Européens sont-ils prêts à adopter un mode de financement moins archaïque et plus solidaire de leurs missions et opérations PSDC, en faisant un pot commun plus large que l’actuel qui laisse reposer sur les épaules des pays participants à la fois le prix politique et humain de l’engagement et le coût financier ?

    4. Les Européens sont-ils prêts à déployer une force de quelques milliers d’hommes de stabilisation dans un conflit de leur voisinage si l’ONU ou un voisin leur demande, dans un environnement à risque ? Par exemple, seraient-ils prêts à fournir une force d’interposition de quelques milliers d’hommes entre Arménie et Azerbaidjan, au Haut Karabagh (à supposer que les Russes le demandent), voire à s’impliquer sur place en Libye pour observer le cessez-le-feu (si l’ONU et les Libyens le souhaitent) ?

    5. L’imposition des sanctions (mesures restrictives) est-il le seul marqueur actuel de l’inquiétude des Européens ? Quel autre vecteur pourrait les remplacer ?

    Quant on aura commencé à répondre concrètement à ces questions (et à d’autres), on pourra alors se dire que la discussion sur l’autonomie stratégique n’est pas qu’une aimable conversation de salon.

    Au risque de jouer les rabat-joies, je suis en effet fermement convaincu que sans moyens d’imposer la paix, sans un minimum de hard power, il sera bien difficile pour le vieux continent d’acquérir une autonomie stratégique réelle, de s’imposer dans la vie internationale.

    L’éviction des Européens (1) de la diplomatie de crise — déjà constatée en Syrie ou au Haut Karabagh — risque alors de se poursuivre (en Libye, en Somalie ou en mer de Chine) et de devenir la règle, dans un monde où les puissances se réveillent. Et l’autonomie stratégique restera un slogan qui se videra de sens. Sauf (peut-être) en matière économique. Ce qui est un tout autre sujet en réalité.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    1. Un processus d’astanisation, comme le dit le Haut représentant, Josep Borrell, sur son blog, par référence au processus d’Astana mis en place en Syrie par les Russes et Turcs.

    Une passe d’armes franco-allemande…

    Sur ce sujet chacun a en mémoire la querelle sémantique entre la ministre allemande de la Défense et le président français Emmanuel Macron. Voir dans cet échange l’alpha et l’oméga de la réflexion européenne ou une simple querelle d’egos serait erroné.

    Une querelle sémantique

    Derrière l’illusion de l’autonomie européenne dénoncée par Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), la ministre allemande de la Défense, se cache des arguments assez classiques : le lien viscéral de la Bundeswehr avec l’OTAN (lire : Défense. L’Allemagne cause beaucoup et agit peu. Pourquoi ?), tout comme la volonté allemande de se replacer en tête dans une relation avec les USA fort abimée avant l’arrivée de Joe Biden.

    aux relents nucléaires

    Cette querelle intervient sur une question de fond très sérieuse, qui pourrait transcender la prochaine discussion sur le concept stratégique de l’Alliance. La dissuasion nucléaire en Europe doit-elle rester américaine (position de AKK) ou devenir européenne telle que l’a proposé Emmanuel Macron ou ne plus être du tout ? C’est la vraie ‘illusion’ que dénonce AKK. Elle dit fermement ‘Nein, Danke’ à la proposition de Paris d’étendre le parapluie nucléaire français à l’Europe.

    Lire notre analyse complète : L’autonomie stratégique européenne, une illusion dixit AKK. Un message qu’il faut replacer dans son contexte.

    Lire aussi :

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    Le nucléaire iranien (alias JCPOA). Le dossier intergénérationnel de tous les chefs de la diplomatie européenne

    Mon, 07/12/2020 - 07:15

    (B2) S’il est un dossier sur lequel tous les Hauts représentants de l’UE ont dû travailler, c’est bien celui du nucléaire iranien. En partant de l’idée folle d’envisager un tel accord, sous Solana, jusqu’à sa conclusion, sous Mogherini, en passant par sa bataille pour le maintenir sous Borrell

    Ces confidences ont été puisées à l’occasion d’une rencontre organisée pour fêter les dix ans du Service européen pour l’action extérieure. Plus connu sous l’acronyme SEAE dans le jargon bruxellois. A l’exception de Cathy Ashton, haut représentant de 2009 à 2014,  ils étaient tous là — Javier Solana (1999 à 2009), Federica Mogherini (2014 à 2019) et Josep Borrell (depuis 2019) — pour un débat autour de la Française Christine Ockrent.

    La signature de l’accord, le moment phare

    Pour Federica Mogherini, l’un des souvenirs les plus évidents de son mandat, c’est « quand nous avons décroché l’accord, en 2015, après plusieurs années de négociation, entamées sous Javier Solana ».

    Les bases de la méthode européenne par Solana

    L’histoire commence en 2003. La première fois que Javier Solana se rend à Téhéran. Il raconte : « J’y suis allé avec des ministres des affaires étrangères de l’UE, mais sans la Chine, ni la Russie. À mesure que nous avons avancé dans les négociations, nous nous sommes tournés vers ces homologues. Les US refusaient de participer aux réunions, donc nous étions dans une situation délicate. Quand Rohani a remporté l’élection, nous avons pu mettre en oeuvre la stratégie qui a porté ses fruits. Rohani m’avait confié qu’il était prêt à négocier avec les US s’il était élu. C’est ce qui m’avait convaincu de dire à mes collègues européens qu’il était temps de négocier ». C’est « notre opiniâtreté qui a changé la donne ».

    Le relais Mogherini et l’expertise du SEAE

    « Nous avons connu des impasses dans ces négociations, passé des semaines dans des salles de réunions » se souvient Federica Mogherini. « Ce que l’on ignore, c’est que cet accord repose sur un texte très abouti, une centaine de pages, à mettre au crédit de l’équipe technique du SEAE et de dizaines de nuits blanches ». Cette solidité a certainement aidé à passer « l’épreuve » de la décision de Trump de se retirer de l’accord et surmonter cette question lancinante : « Étions-nous capables de maintenir cet accord en vie ? ». « Cela a été une réelle épreuve de la capacité européenne, alors que l’on ployait sous la pression US » souffle-t-elle.

    L’après Trump pour Borrell

    La pression repose aujourd’hui sur Josep Borrell. L’Espagnol se dit optimiste sur le fait de réussir. Même s’il ne cache pas son agacement lorsque l’actualité fait craindre le pire, comme avec l’assassinat il y a quelques jours de l’un des pères du programme nucléaire iranien. « Ce n’est pas en tuant les experts nucléaires que l’on va dissuader l’Iran de renforcer son arsenal nucléaire ! » tempête-t-il. Cela ne le fait pas changer de ligne : « Nous nous sommes employés à maintenir cet accord en vie en dépit du retrait US. Les européens sont restés unis. Cet accord est toujours sur la table et nous espérons qu’Iraniens et US accepteront de retourner à la table de négociation pour retourner à une pleine conformité de cet accord ». Dans son agenda, il a déjà inscrit la prochaine étape, juste avant Noël, une réunion du comité conjoint qu’il co préside.

    (Emmanuelle Stroesser)

    NB : Il ne faut pas oublier dans ce tableau, le travail réalisé par Catherine Ashton. S’il est un dossier où la Britannique a tenu tête, et marqué des points, c’est sans doute celui du nucléaire iranien. Et l’accord de 2015 tient aussi, un peu sans nul doute, au rôle qu’elle a joué, réussissant à se faire respecter autour d’une table en grande partie masculine. (NGV)

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    Les amis de ‘Chypre’ en exercice au large d’Alexandrie. Une frégate turque s’invite à la manœuvre

    Sun, 06/12/2020 - 13:08

    (B2) Les marines de cinq pays sont en exercice au large de Alexandrie. Objectif : améliorer leur capacité à intervenir. Un message à peine déguisé à Ankara

    (crédit : Porte-parole du ministère égypte de la Défense)

    Objectif : assurer la sécurité de la zone

    Cet exercice à dominante maritime — qui fête sa dixième édition et vient de se terminer à ce dimanche (6 décembre) — a regroupé cette fois, outre les trois habituels participants (Égypte, Chypre et Grèce), la France et les Émirats arabes unis (1). Un groupe qu’on peut appeler les ‘amis de Chypre’. Avec trois objectifs : contribuer à la sécurité régionale, renforcer la coopération militaire et l’interopérabilité, établir des synergies opérationnelles. L’adversaire n’est pas désigné, mais il s’agit bien de la Turquie qui inquiète les cinq pays.

    Une tentative de forcer le passage

    Une frégate turque, Kemal Reis, venue d’observer d’un peu trop l’exercice, s’est d’ailleurs vu intimer l’ordre de quitter les lieux. Selon les médias grecs et chypriotes, le navire turc a tenté de pénétrer dans les eaux où se déroulait la manœuvre Medusa 10. Il a été dûment averti de quitter la zone, mais a tout d’abord refusé d’obtempérer. Ce n’est qu’après l’intervention d’une frégate égyptienne qu’il a quitté la zone.

    NB : Le nom du Kemal Reis n’est pas tout à fait inconnu. La frégate turque avait déjà eu, au mois d’août, un léger incident avec ‘frôlement de coque’ avec une frégate grecque le Limnos, alors qu’elle accompagnait le navire de recherche sismique turc Oruç Reis dans ses activités de forage.

    Une dizaine de navires et sous-marins

    Ont participé à l’exercice, côté grec, le sous-marin Katsonis, les frégates Limnos et Themistokles et le bâtiment amphibie Chios et, côté égyptien, le bâtiment porte-hélicoptères amphibie Anouar El-Sadate (1) , la frégate Alexandria et les corvettes Ali Gad, El Fateh, Mahmoud Fahmy, et le sous-marin S-41, avec la corvette chypriote Ioannides pour Chypre et la corvette Baynunah pour les Émirates arabes unis. Du côté de la ‘Royale’, c’est la frégate Aconit, de garde en Méditerranée orientale, qui représentait le drapeau français.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    1. Connu au départ sous nom de Sebastopol, ce BPC, bâtiment de projection et commandement, de classe Mistral était destiné à la marine russe, avant d’être l’objet d’un changement d’orientation de la France, sous le joug des évènements (l’intervention russe en Ukraine) et d’être revendu à l’Égypte avec son ‘sister-ship’, le Vladivostok devenu le Gamal Abdel Nasser dans la marine égyptienne. Lire : N°74. Le contrat rompu des BPC Mistral russes. Un pari géopolitique osé, mais raté

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    Inspection sans problème d’un navire turc en Méditerranée centrale

    Fri, 04/12/2020 - 16:17

    (B2) Des militaires italiens ont vérifié la cargaison du navire battant pavillon panaméen, en route vers la Libye

    L’équipe de visite du ITS Cigala Fulgosi monte à bord du MV Medkon Gemlik (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

    L’inspection s’est mieux passée que lors de la précédente, celle du Roseline A (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires) (1). Il est vrai que ce navire ne battait pas pavillon turc, mais arborait un pavillon panaméen. Ce qui a facilité la visite.

    Un pavillon panaméen qui facilite les choses

    Le patrouilleur de haute mer ITS Cigala Fulgosi (qui fait partie de l’opération européenne de contrôle de l’embargo vers la Libye) a arraisonné mercredi (2.12) un porte-conteneurs de la compagnie turque Medkon Lines, le MV Medkon Gemlik. Le navire, battant pavillon panaméen, était alors en haute mer, à environ 130 miles nautiques au nord du port de Benghazi. Il avait quitté le port de Borusan (Turquie) le 20 novembre, et se dirigeait vers Misrata (Libye).

    Une inspection en coopération avec l’équipage

    L’abordage s’est fait apparemment à la fois par voie de mer et par voie aérienne. Après dépose par un hélicoptère d’un homme, les six militaires de l’équipe de visite ayant pris place à bord d’un bateau pneumatique de type RHIB, sont arrivés sur le navire marchand. Une inspection effectuée sous le régime « coopératif » (2), avec l’accord du capitaine du navire et de l’État de pavillon.

    Une bonne atmosphère

    La procédure s’est déroulée « sans problème ». Et l’arraisonnement s’est déroulé « dans une atmosphère de bonne coopération » entre le capitaine et l’équipage, insiste-t-on du côté du QG d’Irini. Photo à l’appui.

    L’équipage du Gemlik avec certains membres de l’équipe de visite (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

    Rien de suspect

    L’équipe d’arraisonnement a vérifié « les documents disponibles à bord et a inspecté la cargaison ». « Rien de suspect n’a été trouvé » et le navire a été « déclaré libre de poursuivre sa route » précise le communiqué de l’opération. Il s’agit de la sixième activité d’arraisonnement depuis le début de l’opération.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    1. Lire aussi :
      Trafic d’armes vers la Libye. De forts soupçons sur le porte-conteneurs turc Roseline A
      La Turquie proteste officiellement contre l’interception d’un de ses navires marchands par l’opération Irini (v3)
    2. Sur les différentes modes d’arraisonnement, lire notre analyse : Hailing, Approche amicale, Arraisonnement, Abordage… les opérations d’interception maritime

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    Démission d’un eurodéputé de la Fidesz sur fond de partie fine

    Wed, 02/12/2020 - 14:02

    (B2) Pris sur le fait en contravention à toutes les règles du couvre-feu à Bruxelles, un pilier de la Fidesz au Parlement européen rate la gouttière et… prend la porte

    Jozsef Szájer lors de la plénière de juillet (crédit : Parlement européen)

    Trop de charge mentale

    L’eurodéputé hongrois József Szájer a présenté, discrètement, sa démission au président du Parlement européen dans une lettre révélée dimanche par le média en ligne Nyugat (ouest). Motif invoqué : « une charge mentale [trop] importante pour moi ». Il précisait alors : « La démission n’a rien à voir avec le contenu de la lutte acharnée actuelle sur la scène européenne. Dans le débat actuel, je partage la position du gouvernement hongrois et je la soutiens. »

    Dans une partie fine

    En fait, l’homme âgé de 59 ans a été pris sur le fait par la police de Bruxelles pour avoir participé à une partie fine dans un appartement privé au-dessus du bar gay (Le Detour), à deux pas du commissariat central, près de la Grand place de Bruxelles. Une ‘partouze’, selon le quotidien belge populaire la DH qui impliquait une bonne vingtaine de personnes dont un diplomate et d’autres employés du parlement apparemment. L’eurodéputé a tenté de s’échapper par une gouttière, mais a chuté et a été rattrapé par la police. Il a alors invoqué son immunité parlementaire, provoquant l’implication du ministère belge des Affaires étrangères.

    En contravention avec les règles strictes en vigueur à Bruxelles

    Cette information remontée au siège du Parlement européen et à Budapest aussitôt entraîné la démission de l’intéressé. Précisons que les contacts « rapprochés » sont strictement limités en Belgique à « une seule et même personne » par foyer (à quatre si c’est dans la rue), selon la loi belge.

    Un pilier de la Fidesz

    Le lien entre les deux évènements a été fait par nos confrères hongrois, notamment de Telex. J. Szajer n’est en effet pas n’importe qui. Ce proche de Viktor Orban, membre du parti Fidesz depuis ses origines, éminent juriste, est un des inspirateurs de la nouvelle constitution hongroise. Notamment de cet amendement : « La Hongrie protège le mariage en tant qu’union entre l’homme et la femme »…

    Commentaire : le dire et le faire…

    En soi cette participation ne vaudrait pas plus qu’une amende administrative (pour contravention aux règles du Covid-19). Émanant d’un chaud partisan de l’orthodoxie morale, elle vaut cependant son pesant de cacahuètes. Le meilleur figure dans la lettre de la démission. L’eurodéputé précisait : « À l’avenir, […] j’ai l’intention de poursuivre le travail entamé lors du changement de régime dans un domaine intellectuel plus vaste. J’accomplirai mes nouvelles tâches avec l’engagement et la détermination dont j’ai fait preuve jusqu’à présent. »

    (Nicolas Gros-Verheyde)

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    Mozart contre Wagner, la méthode Borrell à l’œuvre

    Tue, 01/12/2020 - 22:14

    (B2) Voici un an que l’ancien chef de la diplomatie espagnole est aux manettes de la diplomatie européenne. L’intéressé lui-même l’avait confié à B2 avant d’entrer en fonction, il voulait agir là où il pouvait, insuffler plus de dynamisme et donner davantage de rôle aux États membres. Il tient parole apparemment

    Josep Borrell arrivant à la salle du Conseil des ministres (crédit : Conseil de l’UE – novembre 2020)

    Moins prétentieux que Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, moins lisse que Charles Michel, le président du Conseil européen, l’ancien socialiste espagnol a fait son trou. Et son âge (73 ans) n’apparait pas comme un handicap. Au contraire…

    Entre action et réalisme

    Pour cerner Josep Borrell, il faut d’abord interroger son entourage. « Il sait ce qu’il veut. Il est réaliste sur ce qu’on peut espérer avoir » raconte un de ses proches. « Il ne veut pas juste parler, dire on est ‘préoccupé’ ou ‘très préoccupé’ et ensuite passer à autre chose. Si on est préoccupé, il faut faire quelque chose. Il faut chercher les voies alors pour le faire. Si on ne peut pas faire ou rien faire, autant ne rien dire ou ne rien tenter » et être discret.

    À l’écoute

    Par rapport à sa prédécesseure, « Josep Borrell a une approche plus précise sur ce que nous pouvons apporter, concrètement » indique un ministre de la Défense. Federica Mogherini « partait du principe qu’elle savait tout. Elle faisait tous les déplacements, n’accordait pas vraiment d’attention aux conseils des militaires, et n’en demandait même pas » nous confie un diplomate. « Borrell écoute beaucoup plus. Il demande les conseils. » Ce qui plait davantage aux États membres qui ont toujours eu l’impression avec le Haut représentant nouvelle formule’ en place depuis 2009 (1) de se voir dépossédés. Cela ne l’empêche de foncer le cas échéant.

    Décider et foncer

    Écouter ne veut pas dire ne pas décider. « C’est un vieux routier » qui perçoit quand il peut forcer la main, ou quand il ne peut pas. On l’a vu pour le lancement de l’opération Irini. Alors que le sujet trainait et menaçait de bloquer, « le Haut représentant a sorti un texte de sa manche », l’a posé sur la table des États membres. Cela a surpris. Mais cela a marché. Les États ont été d’accord pour reprendre l’opération. Au final, cette manière de faire a « beaucoup plu ». Car « il prend ses responsabilités ». « La mayonnaise prend. Pourvu que ca dure » ajoute notre interlocuteur. En tout cas, cela « nous change de Federica qui faisait un peu trop maitresse d’école ».

    Un vrai changement

    « Il y a un vrai changement » sur le fond comme sur la forme, confirme un autre vieux routier de la politique européenne. « Je me rappelle d’un moment [lors des évènements de Maidan en Ukraine] où on avait un Haut représentant (NB : Catherine Ashton) qui disait : ‘j’ai un problème avec les Weimar et une solution, les États-Unis ». Une erreur selon notre interlocuteur. Car « ce sont finalement les ‘Weimar qui sont allés ensemble à Kiev pour négocier un arrêt des violences »… et pas les US. Avec Josep Borrell, foin de tout çà. Si un groupe d’État veut prendre des initiatives, il le soutient et l’accompagne.

    Tracer la perspective…

    Pour résumer la méthode Borrell, comme nous le confie un diplomate, c’est « on trace la perspective. Le Conseil travaille. Il y a un mandat clair, une bonne répartition des rôles. On ne s’étend pas en long et large sur les sujets ». Et on essaie de garder tout le monde à bord. « Être efficace et uni. »

    … et garder une certaine dose de pragmatisme

    A cela il faut ajouter une certaine dose de pragmatisme. La discussion sur le plan 2020-2024 des droits de l’homme l’a montré. Alors que la proposition conjointe faite par le Haut représentant et la Commission européenne prévoyait un passage à la majorité qualifiée pour la mise en œuvre de ces recommandations, cela râlait du côté des États membres. Le Haut représentant a mis de côté sa proposition pour faire passer le reste du texte (lire : Droits de l’Homme et démocratie. La question de la majorité qualifiée reportée à plus tard )

    Le hard et le soft power

    Dans le concert mondial où les gros bras (Poutine, Erdogan, Trump, Netanyahou, Rohani…) jouent du muscle, Josep Borrell incarne assez fidèlement la petite musique européenne qui entend jouer sa partition habituelle, le soft power, en essayant de jouer (un peu) des effets de puissance, en s’appuyant sur son atout le plus cher (l’économie) et une volonté (stabiliser son voisinage). Ce n’est pas gagné. Mais l’exemple de l’accord sur le nucléaire iranien où les Européens ont tenu bon, malgré tout à l’administration Trump (lire : L’accord sur le nucléaire iranien. Des Européens droits dans leurs bottes), est peut-être un point clé dans ce tournant (stratégique ?).

    Un homme au parler clair

    Enfin, pour la presse, ce Haut représentant a un avantage :  il connait ses dossiers et ses interlocuteurs. Et il parle ‘clair’ et ‘précis », du moins autant que possible, sans tirer la couverture à soi (2). On ne peut pas parler d’une totale franchise (ce serait l’antithèse de la diplomatie). Mais il n’esquive pas quand existe un problème ou une difficulté. Et quand il l’esquive, la non-réponse est … clairement une réponse.

    Bien continuez !

    A l’aune de cette première année, à B2, nous lui décernons donc une mention ‘Bien. Continuez’… Nous verrons si les quatre années à suivre permettront de confirmer (ou d’infirmer) ce jugement favorable.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    Lire aussi : les méthodes de travail au cœur d’un débat entre ministres

    1. Depuis le Traité de Lisbonne entré en vigueur fin 2009, le haut représentant est non seulement chef de la diplomatie européenne et des missions de la PSDC, mais aussi vice-président de la Commission et président du Conseil des Affaires étrangères.
    2. Sur les récentes avancées en Libye, il reconnaissait ainsi récemment que si on avance, ce n’est pas grâce à nous, c’est grâce aux Nations unies. Un joli renvoi d’ascenseur et un pied de nez au passage à la présidence allemande qui a beaucoup mis en avant son ‘processus de Berlin’.

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    Un officier portugais prend le commandement de la force anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR)

    Mon, 30/11/2020 - 09:13

    (B2) A quelques semaines de la prise de présidence de l’UE par le Portugal, le 1er janvier, un officier portugais sera dans l’Océan indien

    (crédit : Marine portugaise)

    Le capitaine de vaisseau portugais, José Diogo Pessoa Arroteia, va prendre à compter de jeudi (3.12) la tête de la force maritime européenne, présente au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta), chargé de combattre la piraterie maritime.

    Agé de 52 ans, José Diogo Pessoa Arroteia est spécialisé dans les communications et était depuis le 4 septembre dernier, directeur du Centre intégré de formation et d’évaluation navales.

    A bord du navire espagnol Reina Sofia

    Le Portugais officiera à bord du navire-amiral de l’opération, le Reina Sofia de l’armada espagnole, pour une durée de quatre mois (jusqu’à fin mars). Il sera accompagné d’une équipe de cinq marins et officiers de la marine portugaise qui formeront sa garde rapprochée. Frégate de la classe Santa Maria, le Reina Sofia (F-84) a une fonction : les opérations d’interdiction maritime et la protection des navires de type porte-aéronef ou porte-avions contre les menaces sous-marines, aériennes ou de surface.

    Une opération Atalanta avec de nouvelles tâches

    L’opération devrait connaitre une évolution l’année prochaine, selon nos informations, avec une extension de ses tâches à la lutte contre les trafics de drogue et d’armes et une extension de sa zone d’opérations (surtout vers le Sud de l’Océan indien). Une discussion est toujours en cours au sein des instances européennes pour avaliser ces changements.

    (NGV)

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    Trafic d’armes vers la Libye. De forts soupçons sur le porte-conteneurs turc Roseline A

    Sun, 29/11/2020 - 12:23

    (B2) La fouille du porte-conteneurs turc arraisonné par l’équipe de visite de la frégate allemande Hamburg il y a une semaine n’a pas eu lieu tout à fait au hasard. Les cris d’orfraie poussés par Ankara interpellent

    Le navire turc Roseline A a été intercepté par la frégate allemande Hamburg dimanche dernier (22.11) (lire : Grabuge turco-germanique en Méditerranée orientale. Ankara s’oppose au contrôle d’un de ses navires).

    Un navire repéré et suivi

    Ce navire avait été repéré depuis plusieurs semaines à la fois par les moyens satellitaires, mais aussi aériens, de l’opération, selon nos informations. Si officiellement, « aucun matériel illicite n’a été trouvé à bord durant l’inspection », comme l’indique le communiqué de l’opération Irini publié lundi (23.11), cette présomption d’innocence semble très fragile. Car les militaires n’ont matériellement pas eu le temps de fouiller tout le navire, et notamment les quelque 150 conteneurs à bord.

    Une fouille stoppée par la Turquie…

    Un point confirmé par un porte-parole européen interrogé par B2 vendredi (27.11), lors du point de midi. Les militaires « n’ont pas pu fouiller tout le navire ». C’est un fait. Ils ont été « stoppés par la réponse de la Turquie ». L’absence de matériel trouvé ne vaut donc que « jusqu’au moment où ils ont arrêté l’inspection » indique Peter Stano, porte-parole du Haut représentant de l’UE. Elle ne signifie aucunement qu’il n’y a pas de matériel illicite à bord…

    Des soupçons très forts

    Le ‘Roseline A’ adore la Libye. Il a fait la navette au moins huit fois cette année, non seulement vers Misrata, mais aussi vers Chums ou Tripoli, et avait été placé sur la liste ‘rouge’ des bateaux suspects. Selon le média allemand Der Spiegel, des analystes de la mission européenne « Irini » ont découvert sur des images satellites que, lors d’un précédent séjour à Misrata, le navire avait déchargé des véhicules militaires blindés. Et, en novembre, quand dans le port turc d’Ambarli, des images de surveillance révèlent que des marchandises suspectes sont ramenées à bord du Roseline A, le doute n’est plus permis. Décision est prise alors d’intercepter le navire quand il pénètre (après être passé au large de la Crête) dans la zone d’opération de Irini.

    Commentaire : une volonté turque de créer un incident ?

    Pourquoi les Turcs ont mis plus de quatre heures à finalement refuser l’inspection d’un navire civil portant leur pavillon ? On peut émettre trois hypothèses principalement.

    Première explication : un cafouillage à Ankara, qui aboutit à ne pas savoir quoi répondre… Tout à fait plausible, cela arrive même dans les pays les mieux organisés.

    Deuxième explication : la réalité de la fouille vs la réalité de la cargaison. Les Turcs se rendent compte que les Allemands sont réellement en train de fouiller le navire et pourraient découvrir des éléments compromettants.

    Troisième explication : la volonté de créer un incident. Ankara laisse faire d’abord, puis intervient in extremis, obligeant les Européens à battre en retraite, et ensuite crie au scandale sur la violation du droit de la mer (1). Objectif : mettre Berlin et les Européens dans l’embarras, viser l’opération Irini qu’ils combattent depuis le début. Au passage, l’humiliation des militaires allemands, obligés de rester à bord la nuit venue, n’est pas pour déplaire aux autorités turques (2). Connaissant l’ingéniosité et la duplicité turque, cette hypothèse est tout aussi valable que les deux premiers.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    Un droit international violé de façon délibérée par la Turquie

    Contrairement à tout ce qu’ils affirment, les Turcs n’ont pas le droit international pour eux.

    Les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, votées en février et mars 2011, qui instaurent un embargo sur les armes, exigent de tous les États membres de l’ONU une pleine participation à l’instauration de cet embargo, notamment en prévenant toute exportation par des navires « battant leurs pavillon » (article 9) ou en inspectant les navires dans leurs ports et en haute mer (article 11), en saisissant et détruisant les biens illicites (article 12). Cela inclut de laisser contrôler ses navires civils, par une force agréée par les Nations unies et agissant sous son mandat. Ces résolutions sont prises sous le chapitre VII de la Charte des NU, justifiant le recours à la force.

    Certes formellement, en vertu du droit de la mer et de l’état du pavillon, la Turquie avait tout à fait le droit de refuser une inspection d’un navire portant son pavillon. Mais, en vertu des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, la Turquie n’avait aucune raison valable de ne pas autoriser l’inspection d’un navire civil, a priori inoffensif, sauf si, justement, sa cargaison n’était pas… aussi inoffensive que cela. Ce refus, abusif, constitue une infraction au droit international et aux résolutions de l’ONU.

    1. Droit de la mer revendiqué par Ankara dans ses droits, mais pas dans ses obligations puisque la Turquie n’a pas signé la Convention de Montego Bay.
    2. Les arrestations ‘opportunes’ de plusieurs journalistes occidentaux, surtout allemands, dans les dernières années, comme la menace (proférée à plusieurs reprises) de rouvrir le robinet de l’immigration vers l’Europe, montrent comment Ankara sait user de plusieurs moyens de pression.

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    Les militaires belges rentrent dans les casernes. Fin du déploiement en rue en septembre 2021

    Sat, 28/11/2020 - 21:45

    (B2) La Belgique va réduire ses militaires présents en rue depuis l’attentat de 2016

    Le Conseil des ministres belge a approuvé vendredi (27.11) la proposition de réduction progressive des soldats dans la rue (opération Vigilant Guardian), comme prévu dans l’accord de gouvernement.

    Lente décrue jusqu’à septembre 2021

    À partir du 2 décembre, le déploiement de militaire dans la rue va diminuer. Le nombre maximum de militaires déployés descendra à 300 personnes (contre environ 500 personnes aujourd’hui). La police fédérale va reprendre la mission de surveillance de certains lieux à partir du 1er décembre 2020. Si « le niveau de menace demeure constant », les forces de police, fédérale et locale, auront repris toutes les missions de surveillance de la Défense pour le 1er septembre 2021.

    Déployés depuis 2015

    Les militaires avaient été déployés au lendemain des attentats de Paris en janvier 2015, et renforcés à deux reprises essentiellement ensuite après les attentats du Bataclan, en novembre 2015 (Lire : Et Bruxelles devint noire) et au lendemain des attentats de Bruxelles en mars 2016 (lire : Mobilisation de la défense belge après les attentats)

    (NGV)

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    Une compagnie belge dans l’opération Barkhane. Un accord politique encore nécessaire

    Thu, 26/11/2020 - 12:30

    (B2) Les Belges devraient s’engager au Mali en 2021 de façon plus robuste qu’aujourd’hui

    (crédit: mil.be)

    Une compagnie ou sous GTIA dans Barkhane

    Un « sous GTIA » selon l’appellation française, une compagnie selon l’appellation belge devrait être intégrée à l’opération Barkhane, selon nos éléments, et non pas dans la task-force Takuba. Environ 200 hommes, venant surtout de la composante terre de l’armée belge, qui milite en particulier pour cet engagement permettant de tester également ‘grandeur nature’ ses nouveaux blindés Griffon et Jaguar, en interopérabilité totale avec les Français (1).

    La prudence officielle

    Ceci se retrouve explicité dans la note de politique générale du ministère de la défense soumise à la Chambre des députés, début novembre : « un déploiement d’un sous-groupe tactique d’armes combinées (CATSG ou Combined Arms Tactical Subgroup), éventuellement dans le cadre de l’opération française Barkhane, sera étudié plus avant et, le cas échéant, fera l’objet d’un débat parlementaire. » Un propos très prudent, qui tranche avec les autres engagements relatés de façon plus décisive dans cette note (EUTM, Minusma). Du côté du cabinet de la ministre belge de la Défense, la jeune Ludivine Dedonder, contacté par B2, on ne veut pas en dire vraiment plus.

    Une ‘décision’ très politique

    L’explication est très politique, comme me l’a confié un collègue bon connaisseur de la défense belge. La décision appartient normalement à l’exécutif en Belgique. Mais il n’y a pas d’unanimité, au sein de ce qu’on appelle la coalition ‘Vivaldi’ (2). Si les libéraux et socialistes francophones sont assez allants, Verts francophones, Ecolos et Socialistes flamands notamment ne ressentent pas une envie forcenée envers ce qui peut apparaitre comme une ‘aventure’ militaire. D’où la décision du gouvernement de recourir à une discussion parlementaire, une sorte d’approbation lui permettant d’éviter une crise sur un sujet accessoire en pleine crise du Covid-19.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    Sur le sujet, lire aussi FOB qui a été un des premiers à couvrir cette information

    1.  Un exercice commun avait rassemblé, il y a un an, les deux partenaires. Lire : Le premier exercice ‘CaMo’ en Belgique a commencé et Insurrection celtique en province de Luxembourg.
    2. Par référence aux quatre saisons du compositeur italien et de son illustration colorée — vert, rouge, orange, bleu — qui symbolise les couleurs des principaux partis qui en sont membres (Ecolos, Socialistes, Chrétiens-démocrates flamands, Libéraux).

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    Sécurité en Méditerranée. Deux jours pour réfléchir, comprendre et partager des idées (Fabio Agostini)

    Wed, 25/11/2020 - 18:00
    (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

    (B2) A la veille de la conférence ‘Shade Med’, l’amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération européenne Irini explique le pourquoi et le comment de cette arène virtuelle qui va réunir des acteurs civils et militaires des trois continents autour de la Mare nostrum

    Un moment clé

    En ce moment historique, d’une grande complexité et d’une effervescence remarquable, célébrer la mer Méditerranée dans un forum est une étape nécessaire. Cette conférence SHADE MED (Shared awareness and De-confliction in the Mediterranean) qui a lieu jeudi et vendredi (26-27 novembre) est importante. Elle va permettre à tous les professionnels et au public qui se connecteront par vidéoconférence de discuter des défis de la région et des perspectives d’avenir possibles.

    Un lieu d’échanges essentiel, un pont entre l’Atlantique et l’Indo-Pacifique

    Le bassin méditerranéen est désormais un ‘pont d’eau’ qui assure une continuité, avec les connexions commerciales, de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique. Il s’agit d’une zone avec un taux très élevé d’échanges économiques et culturels, avec des acteurs historiques et nouveaux ainsi que des puissances régionales intéressées à avoir un certain poids influent en la matière.

    Coopérer en Méditerranée un défi

    Le thème de SHADE MED de cette année — « Les défis de la coopération en Méditerranée après la pandémie mondiale »— permettra d’éclairer les différents scénarios possibles et, grâce à des intervenants de haut niveau, ouvrira la voie à de nouvelles initiatives communes au profit de tous les acteurs qui ont des intérêts et partagent des objectifs liés à cette mer stratégique.

    Une arène virtuelle pour trois continents

    Je tiens beaucoup à ce séminaire international qui, précisément à cause de la pandémie du Covid-19, se déroulera en ligne. Pendant deux jours intenses, cela va être une arène virtuelle avec des participants des trois continents surplombant la mer Méditerranée mais aussi le quartier général de l’opération de l’UE IRINI que j’ai l’honneur de commander.

    Réfléchir, comprendre et partager des idées

    Nous estimons qu’il est nécessaire de réfléchir, de comprendre et de partager des idées sur la manière de faire face à la période actuelle et sur ce qui suivra la pandémie au niveau économique, humain et structurel dans la zone méditerranéenne. Je suis convaincu que si nous nous posons les bonnes questions et si nous faisons face à la réalité avec une approche holistique mais néanmoins pragmatique, nous pouvons réellement obtenir des résultats durables.

    Il reste beaucoup à faire

    Dans le cadre de l’opération IRINI, par exemple, nous avons essayé de traiter cette question en adoptant plusieurs mesures, en gardant toujours une attitude positive et proactive. Cependant, nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup à faire, à différents niveaux (pas seulement opérationnel), pour gérer raisonnablement tous les défis que le Covid-19 et la région méditerranéenne apportent avec eux.

    Notre mission : garantir stabilité et sécurité en Méditerranée centrale

    Notre ambition, avec cette conférence, d’apporter une contribution proactive. En restant à équidistance des parties, nous travaillons jour après jour pour garantir la stabilité et la sécurité en Méditerranée centrale. Notre avenir est écrit dans cette mer, berceau de la civilisation, une route bleue pour l’avenir, un scénario de défis et de grandes opportunités que la pandémie du Covid-19 nous force à saisir. Il nous appartient d’être proactifs et vigilants pour le bien-être commun.

    Contre-amiral Fabio Agostini, commandant de l’opération IRINI

    Titres et intertitres sont de la rédaction

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    Sahel. La Grèce s’engage dans Takuba aux côtés des Français

    Wed, 25/11/2020 - 06:10

    (B2) La Grèce devrait envoyer une unité militaire dans la task-force Takuba au Mali. Un gage de son engagement européen

    Eléments de l’escadron parachutiste des forces spéciales (crédit : Alpha TV)

    Athènes pourrait envoyer une petite unité militaire, dans le cadre de l’opération anti-terroriste initiée par la France, plus particulièrement dans le triangle des trois frontières, aux confins du Mali et du Niger.

    Une unité de petite taille

    La mission grecque sera de « petite taille » et impliquera du personnel des forces spéciales, selon notre collègue Savvas Vlassis du média grec Doureios. Ils devraient provenir de l’escadron parachutiste des forces spéciales (ou ETA comme Eidiko Tmima Alexiptotiston), une unité d’élite de l’armée grecque.

    Pour la force protection

    Au préalable, deux officiers des forces spéciales devraient être envoyés au Mali, en repérage, afin de s’informer sur le cadre opérationnel, se faire une image de la lutte en cours et de la mission de Takuba. Le contingent suivra ensuite. L’unité grecque devrait assurer, au début, la ‘force protection’ du camp.

    La Grèce est le cinquième pays européen à s’engager dans cette opération au sahel (après l’Estonie, la Tchéquie, la Suède et l’Italie).

    Commentaire : un engagement africain peu courant

    Cet engagement des Grecs sur le terrain terrestre est suffisamment rare pour ne pas être signalé. Athènes n’avait pas montré un engagement notoire sur le terrain africain jusqu’ici. Les Héllènes ne sont actuellement que deux dans la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali). On peut donc y voir une contrepartie, solidaire, à l’engagement français indéfectible aux côtés des Grecs dans leurs différents répétés avec la Turquie. La France a d’ailleurs encore récemment envoyé plusieurs navires en Méditerranée orientale (lire : MEDOR. Trois navires et deux avions français pour surveiller du coin de l’œil la Turquie).

    Un tournant grec dans la défense européenne

    Mais il ne s’agit pas d’un simple retour d’ascenseur. La Grèce effectue un retour notable dans le dispositif européen de la défense, sous la direction du premier ministre (Nouvelle Démocratie), K. Mitsotakis. Après une période de prudence, elle s’est impliquée de façon notable dans la coopération structurée permanente (PESCO), coordonnant 5 des 26 projets les plus prioritaires. Elle est entrée récemment dans l’initiative européenne d’intervention (IEI) lancée par Paris. Elle commande aujourd’hui la force maritime en mer Méditerranée (EUNAVFOR Med Irini) y contribuant directement avec un navire et un avion de patrouille maritime. Enfin, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, vendredi dernier (20.11), le Grec Nikolaos Panagiotopoulos avait appuyé sur « l’intérêt commun » des États membres à « parvenir à la stabilité au Sahel et à renforcer la sécurité dans l’ensemble de la région », en particulier au Mali.

    Une demande française de longue date

    Cela répond à une demande française exprimée à plusieurs reprises. Le président français Emmanuel Macron l’avait évoqué de façon sybilline en recevant le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis fin janvier, parlant « d’opération conjointes maritime comme terrestre ». La ministre des Armées Florence Parly l’avait exprimé plus directement lors d’une rencontre avec son homologue grec, à Athènes en février. « J’ai demandé à mon homologue de considérer l’engagement, à un niveau significatif, des forces armées grecques à nos côtés, au sol, en Afrique, pour lutter contre la menace terroriste et neutraliser au plus loin les trafics. » « Cet engagement exigeant est porteur d’une forte expérience opérationnelle et d’une plus grande interopérabilité de nos forces. » avait-elle ajouté. (Télécharger ici). Et le sujet aurait été à nouveau abordé lors du sommet Med7 en Corse début septembre (lire : Sommet Med7. Les Méditerranéens menacent la Turquie de sanctions).

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    Correction apportée sur la dénomination de l’entité. Il ne s’agit plus de la gendarmerie

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    Hailing, Approche amicale, Arraisonnement, Abordage… les opérations d’interception maritime

    Tue, 24/11/2020 - 23:55

    (B2) Héler, intercepter, arraisonner des navires relève du commun de l’action maritime en mer. Et de l’opération Irini en particulier. Mais encore faut-il bien distinguer les différentes modalités

    L’hélicoptère est souvent utilisé pour se rendre rapidement sur le navire. C’est une bonne alternative au bateau à coque rigide (alias Zodiac), surtout en mer agitée, ou pour arriver sur un navire haut sur l’eau. L’engin survole le navire visé, et les militaires glissent le long d’une corde pour prendre pied. – Ici L’hélicoptère de bord du Hamburg en manœuvre (crédit : Bundeswehr 11 novembre – Archives B2)

    Des opérations d’interception maritime

    Selon la situation et le degré de suspicion vis-à-vis de la rupture de l’embargo sur les armes ou le pétrole vers/de la Libye (1), il existe plusieurs options de visite : du simple interrogatoire (ou hailing) et de l’approche amicale (friendly approach) à l’arraisonnement plus ou moins ‘rude’. On distingue ainsi trois types d’arraisonnement, selon la volonté de coopération du navire: l’arraisonnement sans opposition (ou coopératif), l’arraisonnement non coopératif et l’arraisonnement avec opposition. Ces options diffèrent en termes de degré de force utilisée (non létale et létale).

    Deux objectifs : information et vérification

    Pour l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini), l’objectif général de ces interrogations ou interceptions est tout d’abord de recueillir des informations, de montrer la présence également, voire d’effectuer une fouille plus précise en cas de suspicion avérées.

    Par voie de mer ou d’air

    L’équipe de visite arrive à bord soit par voie de mer (bateau à coque rigide type RHIB ou Zodiac), soit par la voie des airs (hélicoptère). Cette dernière modalité souvent préférée pour des raisons de rapidité et d’adaptabilité à tous les temps (notamment en cas de mer un peu houleuse ou agitée) et aux navires hauts sur l’eau.

    Codifiées dans les règles d’engagement

    Toutes ces interventions se retrouvent normalement codifiées dans les « règles d’engagement » de l’opération Irini. Les ‘ROE’ (selon l’appellation courante des militaires) constituent là, un « cadre juridiquement contraignant » pour l’emploi de la force. Si elles paraissent insuffisantes au regard de la situation, et pour permettre l’arraisonnement, le chef d’équipe doit obtenir l’autorisation du commandant de la force pour mettre en œuvre d’autres mesures.

    Les cinq formes d’approche d’un navire

    Premier contact : le hailing

    Le « hailing » (hélage ou interrogation) est le premier contact avec un navire . Il s’effectue en général via la radio maritime VHF. L’interrogatoire implique la collecte de données sur un navire marchand : données générales et techniques, équipage, cargaison, destination et historique du voyage (départ, escales, horaires, etc).

    Les informations obtenues sont alors transmises au commandement de l’opération de l’UE, qui les évalue. Et, si nécessaire, ordonne des mesures supplémentaires. C’est là que tout commence. C’est la base d’un processus. Si rien de suspect n’est constaté, l’appel est discret. Le navire interrogé est relâché et peut poursuivre son voyage en tant que navire dit autorisé. S’il y a un élément à vérifier, on passe à la suite avec des mesures militaires supplémentaires nécessaires (cf. ci-dessous).

    Second mode : l’approche amicale (Friendly approach)

    Par définition, l’approche amicale n’est pas l’arraisonnement, mais plutôt l’approche d’un navire non suspect. Cela nécessite « toujours » le consentement de son capitaine. Le consentement de l’État de pavillon n’est pas nécessaire. L’utilisation de mesures coercitives, l’attribution de lieux, la collecte de données personnelles et les recherches sont interdites.

    Le but est, ici, de recueillir des informations, au besoin de clarifier les conversations radios, comme d’informer l’équipage sur l’objectif de l’opération. Il permet ainsi de faire comprendre la présence des navires de guerre dans la zone maritime et d’établir une confiance mutuelle. C’est un outil de présence, de dissuasion comme d’information. Une ‘aimable conservation’ de police en quelque sorte.

    L’arraisonnement sans opposition (Unopposed Boarding)

    L’arraisonnement sans opposition représente le niveau le plus bas des ‘abordages’. S’il y a un soupçon de violation de l’embargo sur les armes, c’est souvent sur ce format que le navire de guerre se dirige.

    En principe, le consentement du capitaine civil et celui de l’État du pavillon doivent être requis. L’équipage est dit coopératif. La résistance n’est ni attendue ni avérée. En gage de coopération, en général, une échelle de pilote est lancée à l’équipe de visite, venant par le hors-bord. Le chef d’équipe est normalement un des premiers récupérés par le premier officier du navire.

    L’équipage est consigné dans un espace commun. L’équipe de visite, en coopération avec lui, fouille soigneusement le navire sous sa propre sécurité. Les membres d’équipage sont photographiés et identifiés. Tous les documents et pièces du navires sont consultés et évalués. 

    L’arraisonnement non coopératif (non-cooperative Boarding)

    Dans ce cas, ni le consentement de l’État du pavillon ni celui du capitaine ne sont acquis. L’équipage prend parfois des mesures de résistance passive pour rendre difficile l’embarquement de l’équipe, le retarder ou l’empêcher. Des exemples typiques sont le fait de ne pas répondre aux appels vocaux marins ou de refuser qu’ils montent à bord, y compris de ne pas déployer une échelle de pilote.

    Pour l’équipe de visite, cela signifie recourir à des règles d’engagement un peu plus larges. Elle pourra ainsi monté à bord du navire marchand contre la volonté de l’équipage et le fouiller de façon plus élaborée. Lors de la fouille, une partie des militaires assureront la protection des autres.

    Arraisonnement de force (Opposed Boarding)

    C’est le niveau d’arraisonnement le plus robuste. Le navire suspect refuse activement de laisser monter l’équipe d’arraisonnement. En règle générale, l’équipe doit alors forcer l’accès. Du côté de l’équipage, il s’agit clairement de contrer la visite. L’équipe de visite, en coopération avec un membre de l’équipage fouille soigneusement. Le reste de l’équipage est consigné dans un espace commun

    Le risque d’un incident est élevé et le recours à la violence armée est concevable des deux côtés. À bord du navire, l’équipe de visite doit adopter une approche tactique qui met l’accent sur la sécurité de l’équipe et permet en même temps de sécuriser les preuves, les données et les informations. En général, cet arraisonnement nécessite l’utilisation de forces spéciales.

    Et après la visite ?

    S’il n’y a pas de problème, après enquête complémentaire au besoin, le navire marchand est libéré pour continuer le voyage. Il est « important d’éviter autant que possible les retards dans l’intérêt des compagnies maritimes » précise un officier maritime. Si le soupçon de violation est avéré, « des mesures supplémentaires » peuvent être requises.

    Déroutement vers un port de diversion

    Le navire va par exemple être dérouté vers un port de l’Union européenne, sous escorte (2). Il y en a pour l’instant un déjà désigné : Marseille (lire : Le port de Marseille, port de déroutement pour Irini). Mais un ou deux autres devraient être désignés rapidement (en Grèce et/ou en Italie), afin de mener une enquête plus approfondie sur le navire et sa cargaison. Des échantillons peuvent ainsi être prélevés s’il s’agit d’une cargaison liquide (violation de l’embargo sur le pétrole) et analysés à terre.

    Garde à vue et mise sous séquestre

    Si le soupçon est avéré, la saisie du navire (ou sa mise sous séquestre à titre conservatoire), la mise en garde à vue du capitaine ou de certains officiers de l’équipage, le consignement de celui-ci à terre ou sur leur navire peuvent être ordonnés. Les poursuites pourront être engagées ensuite soit par l’Etat du port de diversion, soit (au besoin après transfert) par l’Etat du pavillon du navire ayant procédé à l’arrestation. La base de ces poursuites reste la résolution de l’ONU sur le contrôle de l’embargo sur les armes.

    (Nicolas Gros-Verheyde)

    1. Ces règles s’appliquent +/- pour l’action anti-pirates. Avec une différence fondamentale : le délai de piraterie, codifié dans le droit de la mer, autorise (surtout en absence d’État du pavillon) un contrôle plus robuste.
    2. On parle de déroutement ou diversion (selon la terminologie anglaise).

    Cet article est extrait de conversations avec les militaires, de la communication officielle et des données de l’opération Irini. La réalité est un peu complexe. Mais nous avons essayé d’être aussi didactique que possible. Toutes les précisions ou ajouts sont bienvenus (case commentaires)

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