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Diplomacy & Defense Think Tank News

Patt in Georgien

SWP - Thu, 25/03/2021 - 00:00

Spätestens seit den Parlamentswahlen vom Oktober 2020 befindet sich Georgien in einer politischen Pattsituation zwischen Regierung und Opposition. Sie manifestiert sich vor allem darin, dass die große Mehrheit der gewählten Opposi­tionsparteien den Einzug ins Parlament boykottiert. Nicht nur innenpolitisch ist das Land herausgefordert. Der Krieg um Berg-Karabach hat auch die regionale Konstellation verändert. Während sich Russland und die Türkei als einflussreiche Akteure in der Region posi­tioniert haben, war die Euro­päische Union kaum sichtbar. Georgien als einziges Land im Südkaukasus mit klaren euroatlantischen Ambitionen sieht in dieser Veränderung eine potentielle Bedrohung für seinen westlichen Kurs. Tbilisi hegt weiter­hin hohe Erwartungen an die EU, die für sich den Anspruch formuliert hat, ein geopolitischer Akteur zu sein. Beides, der neue regionale Kontext und die georgische innenpolitische Krise, sollten der EU Anlass sein, ihr Engagement in ihrer östlichen Nachbarschaft zu er­höhen und besonders den Beziehungen zum euroatlantisch ausgerichteten Georgien neue Impulse zu verleihen.

Joe Biden et l’Amérique latine : changement dans la continuité ?

IRIS - Wed, 24/03/2021 - 16:28

La victoire du candidat démocrate, Joe Biden, aux dernières présidentielles états-uniennes, le 3 novembre 2020, a suscité beaucoup d’attentes, au sud du Rio Grande. Plus de deux mois après son entrée en fonction, le 20 janvier 2021, qu’en est-il exactement  ? La page Trump, vierge de tout projet et souvent très rude, a-t-elle été tournée comme on l’espérait à Caracas, La Havane ou Mexico  ? Le nouveau résident de la Maison-Blanche est-il plus attentif et positif à l’égard de ses voisins du Sud  ?

e passé plaide pour une approche rompant avec les années Trump. Joe Biden n’a-t-il pas été vice-président de Barack Obama, président ayant ouvert un dialogue positif avec ses voisins du Sud et en particulier avec Cuba ? De 2009 à 2017, Joe Biden n’a-t-il pas effectué 16 visites officielles et de travail en Amérique latine ? Le legs trumpien a effectivement multiplié malentendus et humiliations entre nord et sud du continent américain. Donald Trump a remis systématiquement en question les acquis de la mandature Obama-Biden : renforcement de l’embargo cubain, menaces à l’égard d’un Mexique soupçonné de laisser-aller migratoire et de concurrence commerciale inamicale, violences verbales assorties de sanctions pour le Venezuela, pressions répétées sur la Colombie soupçonnée de complicité avec le trafic de stupéfiants, coups de menton tarifaires tous azimuts, de l’Argentine au Brésil, absence de visite officielle ou de travail dans l’un quelconque des pays d’Amérique latine.

Son départ et la victoire du candidat démocrate ont provoqué le soulagement quasi général des dirigeants latino-américains. Et l’espoir souvent exprimé d’une relation différente, apaisée au minimum. La plupart des gouvernements avaient, tout au long du mandat du milliardaire nord-américain, développé une triple stratégie, en vue de préserver leur tranquillité souveraine. Celle du soutien diplomatique à la diplomatie agressivement anti-vénézuélienne de la Maison-Blanche, pour certains. Ce choix a été celui des responsables les plus conservateurs. Ils ont accepté de fabriquer une sorte de « Sainte-Alliance » anti-Caracas, le Groupe de Lima, qui ne leur a apporté aucun retour sur investissement, qu’il s’agisse du commerce bilatéral, de la gestion du dossier migratoire ou de celui des questions liées aux stupéfiants. Celle du dos rond a été pratiquée en 2019 par le nouveau chef d’État mexicain, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), échaudé par les humiliations répétées subies par son prédécesseur Enrique Peña Nieto.

AMLO a effectivement réussi à détendre l’atmosphère, mais au prix de concessions ayant permis de préserver l’accord tripartite Canada-États-Unis-Mexique. Et au risque d’une brouille future avec Joe Biden, AMLO ayant accepté en échange d’un entretien bilatéral à Washington, le 8 juillet 2020, en pleine campagne électorale états-unienne, d’ignorer le candidat démocrate. Ultime stratégie, enfin, celle de faire avec, en cherchant des partenaires d’équilibre. La Chine, la Russie, saisissant les inconséquences diplomatiques de Donald Trump comme une aubaine ont pris une place de plus en plus importante en Amérique latine. Les mises en garde, sans contreparties, de l’équipe Trump, n’y ont rien fait. La Chine et la Russie assortissaient leurs bonnes paroles d’offres sonnantes, trébuchantes et alléchantes. Le ministre des Affaires étrangères uruguayen, un homme de droite, a résumé la situation en ces termes : « Quand on nous demande que peuvent faire les États-Unis pour le Mercosur, bon, la première des choses serait de nous écouter, parce que pour l’instant, on dirait que le seul qui nous écoute, c’est la Chine 1».

Joe Biden a donc pris les rênes du pouvoir le 20 janvier 2021. Les grands discours prononcés ont ciblé une diplomatie de valeurs, de coopération, dans un cadre multilatéral. Ils ont été bien reçus en Amérique latine. À l’exception du Brésil dont le président, Jair Bolsonaro, a gardé de bout en bout un préjugé idéologique « trumpien ». Un bref échange de lettres courtois a toutefois rappelé l’importance attachée par Joe Biden à une coopération active pour lutter contre la Covid-19 et le réchauffement climatique.

Faute d’annonces concernant le sud de « l’hémisphère occidental », chacun a interprété les propos du président nord-américain comme l’annonce d’une nouvelle ère de « bon voisinage », qui pourrait se décliner en reprise d’un dialogue positif avec Cuba, l’ouverture d’un espace de négociation avec le Venezuela, un compromis apaisé sur l’immigration mexicaine et centraméricaine, ainsi que sur les questions de lutte contre le narcotrafic, avec la Colombie.

Un dossier a effectivement bougé, celui des migrations. Au nom des valeurs éthiques revendiquées par Joe Biden, une ouverture a été décrétée sur plusieurs fronts. Celui des mineurs séparés de leurs parents ; il a été mis un terme à cette « politique ». Celui des « anciens jeunes » jamais régularisés, connus sous le nom de dreamers ; ils pourraient l’être après le vote d’un projet de loi actuellement en cours d’examen devant le Congrès. Celui aussi des demandeurs d’asile qui pourront désormais présenter leur requête sur le territoire des États-Unis ; ce qui n’était pas le cas, sur décision ici encore de Donald Trump. Celui enfin d’accorder une aide financière aux États d’Amérique centrale afin de fixer les candidats à l’exil économique.

Le candidat Biden avait évoqué pendant sa campagne une enveloppe de 4 milliards de dollars. Une fois élu, il a nommé le 2 mars 2021 un responsable en charge des pays émetteurs de migrants, pays dits du Triangle du nord (Guatemala-Honduras-Salvador), Ricardo Zuñiga. Ces décisions ne concernent toutefois qu’une petite partie des flux. Le gros des migrants, ce sont les migrants économiques. Depuis février 2021, les adultes et les familles sont refoulés comme ils l’étaient en décembre 2020. 100 441 migrants ont été détenus pour le seul mois de février. Le Département d’État (équivalent au ministère des Affaires étrangères) a diffusé dans la presse centraméricaine, 33 canaux radiophoniques, Facebook et Instagram, des messages en espagnol, portugais et six langues amérindiennes, destinés à dissuader les migrants potentiels. À supposer que les aides annoncées soient très rapidement concrétisées, leur impact sera au mieux de moyen terme. La Garde nationale états-unienne a donc été déployée sur la frontière mexicaine pour gérer le court terme.

Le Mexique, en première ligne, a salué l’annonce par Joe Biden de la suspension des travaux du mur frontalier. Mais la conjoncture migratoire a imposé la prise rapide de décisions. Il est vrai qu’AMLO, dans l’une de ses mañaneras (conférences de presse quotidiennes du matin), le 2 mars, a critiqué Joe Biden, qui aurait pris de façon inconsidérée des décisions encourageant les candidats à l’émigration. Point de vue rejoignant ceux émis aux États-Unis par le camp républicain. La garde nationale mexicaine a été déployée sur la frontière avec le Guatemala. Antony Blinken, secrétaire d’État de Joe Biden, s’est aussitôt déplacé à Mexico pour rappeler que « la frontière était fermée à l’immigration irrégulière ». Une seconde mission dirigée par l’ex-ambassadrice de Barack Obama au Mexique, Roberta Jacobson, s’est également rendue à Mexico avant de poursuivre son travail à Guatemala, le 23 mars 20212. Ces visites ont été accompagnées d’une annonce ayant « huilé » la relation bilatérale. Tout en permettant de remettre les États-Unis dans le jeu sanitaire latino-américain, abandonné à la Chine et à la Russie. Les États-Unis, détenteurs de millions de doses du vaccin Astra-Zeneca, vaccin non homologué, ont négocié leur envoi au Mexique3. La décision a été publiquement officialisée le 19 mars 2021.

Concernant Cuba, « rien ne presse » a déclaré Ned Price, porte-parole de la Maison-Blanche. « Le secrétaire d’État, Antony Blinken, a appelé les ministres des Affaires étrangères de la région » a-t-il dit, « à une exception, celle de Cuba. Le signal est clair ». Message renouvelé le 9 mars 2021 en termes identiques par la secrétaire de presse de la présidence, Jen Psaki. Ce report de décision a pour conséquence immédiate la perpétuation des sanctions ayant remis en cause une part importante de la politique d’Obama. Seul l’exposé des motifs justifiant leur permanence a changé. Une lettre adressée au Congrès par Joe Biden, le 24 février 2021, a confirmé le statu quo. Non pas pour punir un régime « communiste », mais pour protéger les États-Unis d’une vague de migrants potentiels4.

Le sort réservé au Venezuela repose sur la même approche. Une évolution est possible. Un petit geste a été fait le 2 février 2021, avec la levée par le Secrétariat au Trésor d’entraves aux transactions portant sur certaines opérations portuaires et aéroportuaires. Mais c’est Carlos Vecchio, « ambassadeur » de Juan Guaido à Washington qui a représenté le Venezuela, le 20 janvier 2021, pour l’entrée en fonction de Joe Biden qui, comme Donald Trump avant lui, reconnaît Juan Guaido comme président du Venezuela. Antony Blinken a mis les points sur les « i » devant la commission des Affaires étrangères du Sénat : « Maduro est un dictateur brutal (…). Nous avons besoin d’une politique efficiente permettant de restaurer la démocratie au Venezuela ».

Au final, le changement principal est d’ordre local, électoral et même électoraliste. Les votants d’origines latino-américaines ont été très sollicités par le camp démocrate, pendant la campagne. Beaucoup, à l’exception d’une partie notable des Cubano-Américains, souhaitaient manifester leur hostilité vis-à-vis de Donald Trump. Les messages signalés supra, depuis la Maison-Blanche, ont cela dit ménagé les Cubano-Américains, présentés comme « les meilleurs ambassadeurs des libertés ». Donald Trump avait fait de la chasse aux sans-papiers « latins », assortie de commentaires agressifs envers cette communauté, l’un de ses chevaux de bataille. Joe Biden a bien reçu le message. Il a intégré dans son équipe gouvernementale des « Hispaniques ». Il a libéralisé le droit d’asile et annoncé la régularisation de sans-papiers. Au risque de provoquer un appel d’air en Amérique centrale, Haïti et même au-delà, générateur de difficultés avec son voisin mexicain et son opposition républicaine.

Reformoptionen für eine effektive UN-Nachhaltigkeitsgovernance

Momentan weist die UN-Nachhaltigkeitsgovernance einige Schwächen auf. Verbesserungen würden eine ehrgeizigerer Unterstützung von nationalen Nachhaltigkeitsprozessen in den neun verbleibenden Jahren bis 2030 erlauben. Mitglieder des Rats für Nachhaltige Entwicklung haben gemeinsam mit Wissenschaftlerinnen von SWP und DIE Reformoptionen für eine effektivere UN-Nachhaltigkeitsgovernance entwickelt.

Reformoptionen für eine effektive UN-Nachhaltigkeitsgovernance

Momentan weist die UN-Nachhaltigkeitsgovernance einige Schwächen auf. Verbesserungen würden eine ehrgeizigerer Unterstützung von nationalen Nachhaltigkeitsprozessen in den neun verbleibenden Jahren bis 2030 erlauben. Mitglieder des Rats für Nachhaltige Entwicklung haben gemeinsam mit Wissenschaftlerinnen von SWP und DIE Reformoptionen für eine effektivere UN-Nachhaltigkeitsgovernance entwickelt.

Reformoptionen für eine effektive UN-Nachhaltigkeitsgovernance

Momentan weist die UN-Nachhaltigkeitsgovernance einige Schwächen auf. Verbesserungen würden eine ehrgeizigerer Unterstützung von nationalen Nachhaltigkeitsprozessen in den neun verbleibenden Jahren bis 2030 erlauben. Mitglieder des Rats für Nachhaltige Entwicklung haben gemeinsam mit Wissenschaftlerinnen von SWP und DIE Reformoptionen für eine effektivere UN-Nachhaltigkeitsgovernance entwickelt.

Reform options for effective UN sustainable development governance

The current approach to governing the UN’s sustainable development work has a number of shortcomings. If improved, the UN could more ambitiously support national efforts for sustainable development in the remaining nine years until 2030. Even in the absence of large institutional reforms, an upwards spiral towards more ambitious and self-reflective reporting and learning could be initiated. However, the challenges ahead are complex. More ambitious UN reforms for include establishing a UN Sustainable Development Council – an upgraded and transformed ECOSOC.

Reform options for effective UN sustainable development governance

The current approach to governing the UN’s sustainable development work has a number of shortcomings. If improved, the UN could more ambitiously support national efforts for sustainable development in the remaining nine years until 2030. Even in the absence of large institutional reforms, an upwards spiral towards more ambitious and self-reflective reporting and learning could be initiated. However, the challenges ahead are complex. More ambitious UN reforms for include establishing a UN Sustainable Development Council – an upgraded and transformed ECOSOC.

Reform options for effective UN sustainable development governance

The current approach to governing the UN’s sustainable development work has a number of shortcomings. If improved, the UN could more ambitiously support national efforts for sustainable development in the remaining nine years until 2030. Even in the absence of large institutional reforms, an upwards spiral towards more ambitious and self-reflective reporting and learning could be initiated. However, the challenges ahead are complex. More ambitious UN reforms for include establishing a UN Sustainable Development Council – an upgraded and transformed ECOSOC.

Predilecciones autoritarias: el papel de los militares en América Latina

Real Instituto Elcano - Wed, 24/03/2021 - 11:10
Rut Diamint. ARI 37/2021 - 24/3/2021

En 2020, América Latina ha visto como en el centro de las medidas contra el COVID-19 los gobiernos recurrieron a las fuerzas armadas para resolver el problema. Este análisis advierte sobre el autoritarismo y la militarización que supone su inclusión en la vida pública.

Tendencias y paisajes ante un año bisagra, 2022

Real Instituto Elcano - Wed, 24/03/2021 - 06:44
Andrés Ortega. ARI 38/2021 - 25/3/2021

El análisis gira en torno a 2022, año determinante, centrándose en: vacunas, economía, sociedad y política, elecciones, y globalización y gobernanza global. Estamos más ante un proceso de reconstrucción y transformación, que de recuperación. Se plantean tres paisajes o escenarios generales.

Turkish-Russian Adversarial Collaboration in Syria, Libya, and Nagorno-Karabakh

SWP - Wed, 24/03/2021 - 00:00

Russia and Turkey are backing opposing warring parties in three active conflicts. How­ever, this adversarial positioning has not hindered cooperation between Moscow and Ankara. They reign in opposing sides and, in effect, stage-manage their respective theatres of wars. Through multilateral arrangements, Europe is an enabler of Tur­key’s position and could leverage its support to push Ankara to cooperate more effec­tively with its Western partners.

Turkish-Russian Adversarial Collaboration in Syria, Libya, and Nagorno-Karabakh

SWP - Wed, 24/03/2021 - 00:00

Russia and Turkey are backing opposing warring parties in three active conflicts. How­ever, this adversarial positioning has not hindered cooperation between Moscow and Ankara. They reign in opposing sides and, in effect, stage-manage their respective theatres of wars. Through multilateral arrangements, Europe is an enabler of Tur­key’s position and could leverage its support to push Ankara to cooperate more effec­tively with its Western partners.

Social protection: a powerful tool – but not in the Middle East and North Africa…

Social protection is a powerful development policy tool. If well designed, it can contribute to manifold social, economic, and political goals such as those in the Agenda 2030 Its primary goal is to reduce poverty, vulnerability, and inequality. More indirectly, however, it can also promote education, health, gender justice, access to water, investment and pro-poor growth. And it can be a cornerstone in social contracts thereby stabilising societies, political systems and state-society relations. In most countries of the Middle East and North Africa (MENA), however, social protection systems are not well designed and, hence, have only marginal effects on all of these goals.

Social protection: a powerful tool – but not in the Middle East and North Africa…

Social protection is a powerful development policy tool. If well designed, it can contribute to manifold social, economic, and political goals such as those in the Agenda 2030 Its primary goal is to reduce poverty, vulnerability, and inequality. More indirectly, however, it can also promote education, health, gender justice, access to water, investment and pro-poor growth. And it can be a cornerstone in social contracts thereby stabilising societies, political systems and state-society relations. In most countries of the Middle East and North Africa (MENA), however, social protection systems are not well designed and, hence, have only marginal effects on all of these goals.

Social protection: a powerful tool – but not in the Middle East and North Africa…

Social protection is a powerful development policy tool. If well designed, it can contribute to manifold social, economic, and political goals such as those in the Agenda 2030 Its primary goal is to reduce poverty, vulnerability, and inequality. More indirectly, however, it can also promote education, health, gender justice, access to water, investment and pro-poor growth. And it can be a cornerstone in social contracts thereby stabilising societies, political systems and state-society relations. In most countries of the Middle East and North Africa (MENA), however, social protection systems are not well designed and, hence, have only marginal effects on all of these goals.

Après Barkhane, quel avenir pour le Sahel ?

IRIS - Tue, 23/03/2021 - 17:14

Le sujet est difficile et délicat. Sa formulation, mettant sur un même plateau la force Barkhane et l’avenir du Sahel, laisse planer une certaine prédominance de la dimension sécuritaire sur la question sahélienne. Il n’en est évidemment rien, mais cela tend à montrer que le sujet très pesant de « Barkhane » contribue à brouiller ou orienter quelque peu la libre réflexion sur l’avenir de l’espace sahélien.

Barkhane et son évolution : une vision sécuritaire à replacer dans une stratégie globale

 Un rappel de sa mission s’impose, et donc du sens de la présence militaire française au Sahel. Il s’agit bien de lutter contre le djihadisme.

En 2013, à la demande des autorités maliennes et en accord avec les pays voisins, la France est intervenue pour barrer la route à une force djihadiste menaçant la capitale du Mali. L’opération Serval fut alors déclenchée, force de reconquête du terrain, elle-même très vite remplacée, en 2014, par Barkhane, force occupant le terrain pourpoursuivre la lutte contre les djihadistes.

Pour autant, Barkhane n’a pas pour vocation à rester indéfiniment, elle s’inscrit dans la stratégie suivante :

– stopper l’avancée djihadiste ;

– constituer une coalition et la renforcer progressivement pour éradiquer le djihadisme

– replacer l’action sécuritaire dans une stratégie globale incluant notamment le développement et visant au retour de la paix et de la sécurité au Sahel ;

– transférer progressivement la responsabilité de la lutte contre le djihadisme aux forces locales après avoir participé à leur renforcement opérationnel.

Cette stratégie a pour conséquence logique un changement de posture pour Barkhane qui ne peut rester aussi visible qu’elle l’est aujourd’hui. À cet égard, trois raisons lui imposent désormais de passer le pas très rapidement :

– au Sahel, la situation sécuritaire ne s’améliore pas malgré l’énormité des moyens militaires consentis, ce qui montre que la stratégie du tout sécuritaire a trouvé ses limites, et l’image de Barkhane a progressivement évolué, perçue désormais par les populations locales comme une force d’occupation ;

– en France aussi, l’opinion publique a changé en ce qui concerne sa perception de l’engagement français au Sahel, avec désormais 51% d’opinion défavorable au maintien de Barkhane, chiffre appelé probablement à augmenter en cas de nouvelles pertes humaines au sein du contingent français. Nul doute que le sujet a pris une dimension politique et s’imposera à la prochaine présidentielle dans un an. La pression pour un changement de posture vient donc aussi de France ;

– dernière raison, majeure, les autorités maliennes (et aussi burkinabées) considèrent aujourd’hui qu’un retour à la paix passe par la négociation avec tous les acteurs nationaux, y compris certains groupes djihadistes importants comme le JNIM d’Iyad Ag Ghali et le Front de libération du Macina d’Hamadou Koufa, d’obédience Al-Qaïda. Or il se trouve que ces mêmes groupes ont été nommément désignés par Barkhane comme les cibles prioritaires à combattre en 2021, et cela a été repris par le président de la République lors du sommet de N’Djamena en février dernier. Il y a donc une ambiguïté majeure à lever, évidemment, car dans ces conditions, Barkhane ne peut plus être le porte-drapeau de la lutte contre le djihadisme.

Pour ces raisons, Barkhane doit rapidement changer de posture, certainement en 2021, probablement à l’été. Cela pourrait se faire en deux temps, après concertation avec les membres de la coalition :        

– 1er temps : tout en poursuivant activement la lutte, il s’agira de poursuivre et d’accélérer le transfert de responsabilité des affaires sécuritaires aux forces locales (aujourd’hui, il y a déjà plus de militaires locaux que de non sahéliens dans les opérations communes contre le djihadisme). Parallèlement, Barkhane devra réduire son empreinte au sol, c’est-à-dire passer d’un dispositif éclaté sur le terrain, exposé, visible et très exigeant au plan logistique, à un dispositif regroupé, moins visible, agissant sur renseignement, faisant appel à plus de technologie, dispositif moins lourd à soutenir au plan logistique, car s’appuyant sur moins d’emprise sur le terrain. Cela permettrait une réduction notable d’effectif.

– 2e temps : Barkhane interviendrait au sein des forces de la coalition, mais sur demande des forces locales assurant elles-mêmes la responsabilité des opérations sur le terrain. À terme, Barkhane quitterait progressivement le théâtre, toutes ces décisions étant prises en concertation avec les autres acteurs de la coalition.

Quelles perspectives d’avenir au Sahel ?

Après avoir évoqué Barkhane et son effacement progressif à terme, les perspectives à attendre au Sahel s’inscrivent dans le schéma suivant.

La dimension sécuritaire devrait être replacée dans une stratégie globale, intégrant les dimensions politique, économique, sécuritaire, sociale… Tout le monde pense cela aujourd’hui, sauf qu’on attend toujours une stratégie globale digne de ce nom. Cette stratégie ne peut être que sahélienne, ce sont les Sahéliens qui détiennent les clés de la solution au Sahel. C’est donc aux Sahéliens de définir cette stratégie, tout le monde y a intérêt, les Sahéliens tout comme les acteurs de la communauté internationale.

Du point de vue des Sahéliens d’abord :         

Cela demande d’admettre que le djihadisme n’est pas la cause du désordre et de l’anarchie, mais une conséquence qui s’appuie sur le désordre et l’anarchie provoqués par des maux endémiques :             

le vide d’État d’abord : depuis trop longtemps, l’État n’assume plus ses missions régaliennes en matière de santé, d’éducation, de développement, de social… Les populations se sentent abandonnées et livrées aux mains des djihadistes, ce qui les amène parfois à recruter des milices, sur une base ethnique, pour assurer leur protection. Tout cela ne fait qu’ajouter aux tensions intercommunautaires donc à la cohésion nationale et plus globalement au désordre général ;

les trafics illicites ensuite : trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes… et la recherche du contrôle de ces trafics débouche sur des luttes sanglantes qui participent au chaos ambiant ;

la corruption enfin : corruption et autres comportements déviants proches de la criminalité organisée ont pris une importance d’autant plus colossale que le développement de ces maux est lié à la culture d’impunité régnante. Tout cela surajoute (proposition : contribue) à l’anarchie de la situation locale.

En prenant tout cela sérieusement en compte, il est temps de définir une stratégie globale réaliste et vertueuse, ambitieuse en termes d’objectifs, englobant toutes les dimensions, politique, économique, sécuritaire, sociale…

Du point de vue de la communauté internationale ensuite :        

Tous les acteurs de la communauté internationale ont intérêt à ce que cette stratégie sahélienne réussisse, mais cela leur impose d’admettre quatre exigences :

faire confiance : la communauté internationale doit accepter de participer à une stratégie qui n’est pas la sienne et doit se tenir prête à y jouer son rôle. Pas facile de faire preuve d’humilité ;

donner les moyens : on connaît la faiblesse matérielle des pays sahéliens, il s’agit donc d’accepter de donner généreusement les moyens d’une véritable mise à niveau, non seulement sécuritaire, mais aussi politique, économique, sociale… Une aide massive peut être déclenchée aux conditionnalités décidées par les deux partis. Il faut arrêter de donner de façon mesurée et condescendante ;    

accompagner les Sahéliens : dans cette entreprise, on sait que les pays du Sahel ont besoin d’alliés expérimentés. Dans ce cadre, la communauté internationale doit accepter de se plier à une démarche d’accompagnement de la solution décidée par les Sahéliens et non d’imposition de sa propre solution ;       

être patient : il faudra du temps, évidemment, car cette stratégie ne portera ses fruits que dans plusieurs années, ce qui signifie que l’aide et l’accompagnement ne peuvent s’imaginer que sur le temps long. Difficile à accepter quand on a l’habitude d’exiger des autres tout, tout de suite.

Le retour de la paix est-il possible au Sahel ?

Oui, le retour de la paix est possible au Sahel, on vient d’en voir les conditions, et côté sahélien et côté communauté internationale. Certes, cela ne sera pas facile, car cette stratégie ambitieuse et vertueuse devra intégrer des points majeurs comme le retour de l’État et des institutions, la reprise des missions régaliennes, la lutte acharnée contre la corruption et les trafics illicites, la fin de la culture d’impunité sur le plan de la justice… Certains parleront de vision exagérément optimiste, voire utopique. Pourtant, des signes positifs concrets montrent sur le terrain que rien n’est impossible et que tout est affaire de volonté. Ces exemples sont facteurs d’espérance :

– au plan politique, le parti des Transformateurs au Tchad prône la mise en place d’un système politique libre, juste et transparent. Son jeune dirigeant a volontairement abandonné une carrière d’économiste internationale qui s’annonçait prometteuse pour se consacrer à l’organisation d’une vie politique vertueuse pour son pays. Chacun pourra observer l’enthousiasme qu’il déclenche au sein de la population ;

– au plan social, dans plusieurs pays sahéliens apparaissent des plateformes pour dénoncer la corruption qui rencontrent toutes un succès étonnant. De même, des mécanismes d’aide sociale de type assurance maladie, taillés pour les petits métiers, émergent ici ou là en Afrique de l’Ouest, en mode public comme privé ;

– au plan économique, des initiatives ambitieuses sont proposées par des acteurs trop souvent ignorés, voire méprisés, alors qu’ils sont essentiels au renouveau économique des pays. Il s’agit bien sûr des acteurs du secteur privé. Le projet des corridors économiques reliant les capitales du Sahel, porté par le Conseil National du Patronat malien, en est un exemple prometteur ;            

– au plan sécuritaire, il serait intéressant d’étudier pourquoi un des pays sahéliens tire son épingle du jeu beaucoup mieux que les autres. Le maintien des savoir-faire traditionnels, bien adaptés pour contrer les djihadistes, n’explique pas tout. La volonté et l’engagement de son dirigeant, au comportement vertueux, compte pour l’essentiel.

Force est de remarquer que derrière toutes ces initiatives, il y a toujours une forte volonté politique de les imposer. C’est une nécessité absolue lors de la mise en œuvre de toute stratégie. Au-delà du déclaratoire, cela doit se traduire par l’action concrète et l’engagement résolu. Aussi, il est illusoire de penser que la paix reviendra au Sahel si ses dirigeants n’en ont pas vraiment la volonté. Dans le cas contraire, l’adoption par les pays du Sahel d’une stratégie ambitieuse et vertueuse, portée par une volonté politique résolue, soutenue par une communauté internationale généreuse acceptant de l’accompagner sur le temps long plutôt que d’imposer ses solutions, serait de nature à donner enfin l’espoir de sortir de la situation infernale dans laquelle est plongé le Sahel.   

Attention, les temps changent, on ne peut plus tricher impunément. Partout, la jeunesse connectée au reste de la planète demande des comptes, et elle a raison. Des événements soudains, en cours à l’ouest du Sahel, sont là pour nous le rappeler.

Post-conflict transition and REDD+ in Colombia: Challenges to reducing deforestation in the Amazon

REDD+ is a mechanism to address climate change by reducing deforestation and forest degradation. In this article, the implementation of the REDD Early Movers- REM/Visión Amazonia program in Guaviare, Colombia, is analyzed, focusing on the implementation challenges and scope of the program when addressing deforestation drivers in a post-conflict context. By taking a historical perspective on regional deforestation challenges in Guaviare, we link these challenges to the recent deforestation trends in the region. This article demonstrates the particular challenges to implementing REDD+ in the Colombian post-conflict context related to the power vacuum left by the FARC retreat, land grabbing for speculation and cattle ranching, power asymmetries and corrupted regional elites. The article concludes that the current scope of REM does not sufficiently address the main drivers of deforestation, and that REM's focus on campesinos and indigenous communities will not significantly reduce the substantial deforestation rates in the present post-conflict context.

Post-conflict transition and REDD+ in Colombia: Challenges to reducing deforestation in the Amazon

REDD+ is a mechanism to address climate change by reducing deforestation and forest degradation. In this article, the implementation of the REDD Early Movers- REM/Visión Amazonia program in Guaviare, Colombia, is analyzed, focusing on the implementation challenges and scope of the program when addressing deforestation drivers in a post-conflict context. By taking a historical perspective on regional deforestation challenges in Guaviare, we link these challenges to the recent deforestation trends in the region. This article demonstrates the particular challenges to implementing REDD+ in the Colombian post-conflict context related to the power vacuum left by the FARC retreat, land grabbing for speculation and cattle ranching, power asymmetries and corrupted regional elites. The article concludes that the current scope of REM does not sufficiently address the main drivers of deforestation, and that REM's focus on campesinos and indigenous communities will not significantly reduce the substantial deforestation rates in the present post-conflict context.

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