L’explosion d’une bombe placée au sous-sol d’un immeuble du Teréz körút a secoué le centre-ville de Budapest samedi dernier. Celle-ci visait visiblement les deux membres des forces de l’ordre blessés, selon les déclarations d’un porte-parole de la police dimanche soir en conférence de presse. Pour autant, les motifs de l’agression restent inconnus à ce jour. Le service de sécurité nationale a diligenté une enquête sur la vie privée des deux agents de police, afin d’examiner s’ils auraient pu être personnellement visés par cet attentat. Selon le consultant Péter Tarjányi, présenté par Népszabadság comme «expert des questions de sécurité», la piste d’une attaque djihadiste visant la Hongrie est à exclure, dans la mesure où le modus operandi de l’explosion ne ressemble en rien aux techniques et visées stratégiques habituellement retenues par l’État islamique.
Des images enregistrées par des caméras de surveillance samedi soir montrent un jeune homme coiffé d’un chapeau blanc, déposer un sac sur les lieux quelques minutes avant l’explosion. En attendant de mettre la main sur le suspect, la police a dépêché des experts en explosif afin d’identifier le procédé employé et comparer les relevés avec ceux de leur base de données. Selon des photos postées sur les réseaux sociaux, des clous auraient été dispersés sur le boulevard où se trouve l’immeuble, ce qui laisserait penser à l’usage d’une bombe artisanale. La police hongroise a lancé un appel à témoins, promettant une récompense de 10 millions de forint pour toute information décisive, et a annoncé travailler en étroite collaboration avec les services du renseignement territorial, afin d’identifier des personnes susceptibles d’avoir pu développer un tel savoir-faire en matière d’engin explosif.
An inside job ?
La police hongroise, ainsi que le comité parlementaire de sécurité nationale réunissant des députés de la majorité et de l’opposition, ont choisi de rester discrets durant le déroulement de l’enquête. Ce mutisme des autorités semble en tout cas avoir favorisé depuis samedi soir la propagation de nombreux scénarios conspirationnistes sur les réseaux sociaux.
Cet évènement s’est produit dans un contexte politique tout à fait particulier : la campagne pour le referendum “anti-migrants” du 2 octobre bat son plein et le gouvernement ne cesse d’amalgamer immigration et terrorisme islamiste. Ainsi les théories et les rumeurs vont bon train sur internet. Le parti de la Coalition Démocratique (DK), par la voix de György Kakuk, membre de la direction du parti, a même déclaré à l’agence de presse MTI que le gouvernement pouvait se trouver derrière cet attentat : “C’était le dernier acte désespéré du gouvernement avant le referendum. Même Orbán et son équipe pourraient être derrière cet acte“.Il y a plusieurs mois, la police avait laissé planer le doute sur une possible piste terroriste pendant plus de 24 heures lorsque deux collectionneurs avaient été arrêtés avec deux fusils achetés dans une brocante.
Ci-dessous la vidéo de la caméra de surveillance mise en ligne par la police hongroise. Attention, l’explosion est visible à la fin de la vidéo.
Sources : police.hu, Népszabadság.