Simon Roger est journaliste au service Planète du Monde. Il répond à nos questions à l’occasion de sa participation aux Géopolitiques de Nantes organisées les 30 septembre et 1er octobre 2016 par l’IRIS et le lieu unique avec le soutien de Nantes métropole:
– L’Accord de Paris a-t-il été ratifié trop rapidement ?
– Quel a été le rôle de l’Afrique du Sud dans la signature de l’accord ?
– Comment le climatosceptiscisme peut-il se traduire dans la position de certains Etats ?
Les 11 et 12 octobre, l’association VAMEN (Vietnam Association of Maritime Environment and Nature) et l’Union des Associations des Sciences et Technologies de la ville de Hai Phong ont organisé un séminaire sur les problématiques relatives à l’environnement et à la sécurité en mer de Chine du Sud. Objectif de la réunion : examiner les implications dans ces domaines du jugement rendu à La Haye le 12 juillet 2016 par le tribunal mis en place par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye dans le contentieux opposant les Philippines et la Chine.
Le grand intérêt de ce séminaire est de s’être focalisé sur des aspects plutôt pratiques et, sans les occulter, de ne pas s’attarder sur les considérations politiques. Les intervenants provenaient d’horizons très divers, à l’exception très notable des Chinois. Il leur était aussi demandé de faire des propositions pratiques pour limiter les risques de conflits dans la zone.
La destruction de l’environnement
La mer de Chine du Sud, tout particulièrement dans les zones des récifs et îlots, objets des plus importants contentieux, est une richesse environnementale à plusieurs titres. Ses eaux très poissonneuses font vivre 40 millions de pêcheurs sur son pourtour et fournissent une bonne part de leurs protéines animales à quelques centaines de millions de personnes. Mais les récifs sont aussi des lieux de ponte et d’éclosion qui fournissent en larves de plancton et en alevins une zone qui, grâce aux courants, s’étend largement au-delà de la mer de Chine proprement dite. A l’exception de quelques rares zones protégées, on est déjà dans une situation de surpêche irréversible dans le court et le moyen terme. Cette situation est même en voie d’aggravation car les gouvernements des pays riverains tendent, pour diverses raisons, à subventionner les pêcheurs ce qui conduit à une course à la production et souvent à l’emploi de méthodes (raclage ou turbinage des fonds, explosifs, empoisonnements) particulièrement dévastatrices.
Les problèmes de biodiversité sont aussi graves, alors que la zone est la plus riche du monde dans certains domaines (coraux et plancton en particulier). Certaines espèces sont recherchées pour leur rareté (clams géants, coraux) et sont exploitées bien au-delà des capacités de reproduction et en utilisant des méthodes qui détruisent d’autres espèces ou même l’ensemble d’un environnement. Au moins aussi grave, les agences gouvernementales chinoises construisent dans les Spratleys et Scarborough Shoal, en toute illégalité, des extensions sur certains récifs. Cela se traduit par l’utilisation de dragues qui raclent les bas-fonds coralliens pour les broyer et les transformer en sable de construction. Près de 200 km² de récifs ont déjà été ainsi stérilisés. Par ailleurs, la très forte augmentation de l’activité humaine conduit au rejet en mer de polluants divers.
La sécurité de navigation maritime et aérienne
Par la mer de Chine du Sud transitent 40% du commerce mondial de marchandises, pour un volume annuel en valeur de 5.300 milliards de dollars. On estime qu’un conflit qui imposerait d’utiliser des routes alternatives coûterait des centaines de milliards de dollars. Le trafic aérien tient une part relative moins importante au niveau mondial mais il est surtout beaucoup plus immédiatement vulnérable car ce sont des vies de passagers qui sont concernées.
Les menaces pesant sur la sécurité de navigation sont principalement liées à des risques de collision quand se mêlent des cargos qui naviguent au plus court, des bâtiments d’Etat (militaires, garde-côtes, agences diverses et milices) qui représentent une autorité contestée par d’autres nations et pêcheurs préoccupés uniquement de production et ne respectant ni normes ni mesures de sécurité. Les affrontements entre bâtiments d’Etat interdisant l’accès d’une zone et pêcheurs ont déjà conduit à des collisions ayant fait des morts. Le refus chinois d’accepter le jugement de la Haye conduit Pékin à refuser le « passage innocent » dans les espaces qu’il veut transformer en zones de souveraineté. Un incident grave impliquant un navire de guerre d’une Marine d’un grand pays non riverain (même la France s’est engagée à envoyer des patrouilles dans la zone) aurait sans doute de graves conséquences.
La gamme des restrictions potentielles à la liberté de navigation aérienne est plus étendue, allant de l’obligation de transmission « pour information » des plans de vols à la création unilatérale de zones interdites dans des espaces aujourd’hui considérés comme internationaux. La Chine avait ainsi créé, en mer de Chine orientale et dans le cadre d’un conflit avec le Japon, une ADIZ (Air Defense Interdiction Zone), qui ne peut théoriquement être pénétrée par un avion n’ayant pas reçu une autorisation, sous peine d’interception par les moyens de la défense aérienne. Les pays riverains craignent actuellement la création d’une telle zone en mer de Chine du Sud, qui impacterait des centaines de vols commerciaux par jour, y compris des vols directs entre le Vietnam et les Philippines ou la Malaisie. Toute aggravation des tensions aura un impact direct sur la sécurité des vols dans la région, allant des rétentions d’informations de tous ordres à l’absence de coordination d’éventuelles opérations de recherche et de sauvetage. On pourrait même assister à des actions pouvant conduire à la destruction volontaire ou non, d’un aéronef. L’implantation récente par la Chine de missiles antiaériens et la construction de bases pouvant accueillir des avions de chasse n’est pas faite pour rassurer.
Les solutions suggérées
Chacun des intervenants était prié de proposer des mesures visant à améliorer la protection de l’environnement et la sécurité. Les suggestions faites, dont très peu sont nouvelles, sont de deux ordres.
Les premières, les plus nombreuses, partent d’une hypothèse selon laquelle la Chine accepterait de participer à un dialogue. Elles concernent avant tout les problèmes maritimes et supposent d’être précédées par un moratoire sur toutes les revendications et toutes les activités relevant de ces revendications. Elles viseraient à la création, dans un premier temps, d’un « Grand Parc de la Paix des Spratleys », puis par la création d’une ou plusieurs agences réunissant chacune tous les riverains et ayant pour objet la gestion commune des ressources.
Les secondes, beaucoup plus limitées et pratiques, tendent à créer, très rapidement et sans préjuger de l’avenir, de petites structures multilatérales ad-hoc visant à régler, entre pays de bonne volonté, des problèmes ponctuels. L’accès à ces structures devrait être proposé dès leur création à la Chine. Cela peut concerner, par exemple, la création de zones maritimes empiétant sur les eaux de plusieurs Etats et protégées contre une menace particulière (protection d’une espèce, taille des prises…). Il a été aussi proposé la création d’une immatriculation et d’un enregistrement de tous les bateaux de pêche. J’ai, pour ma part, proposé la création d’une agence, bâtie sur les concepts ayant conduit à la création d’EUROCONTROL, qui centraliserait l’information sur tous les vols commerciaux dans la zone. Toutes ces agences ayant, naturellement, vocation à prendre de l’ampleur et sachant communiquer de telle façon que la Chine puisse difficilement refuser d’y participer.
Même si cela pourra paraître étonnant à certains, plusieurs intervenants vietnamiens appartenant à des organismes officiels ont clairement et publiquement indiqué que, dès maintenant, il était nécessaire de solliciter une présence plus forte des Etats-Unis dans la zone, ultime rempart aux « ingérences » chinoises.
En marge du séminaire, l’impact de la décision de la Haye a mis en lumière quelques implications de la jurisprudence qui ne manquera pas d’être utilisée… En effet, elle pourrait remettre en cause le statut actuel de quelques possessions maritimes d’autres nations. On cite entre autres :
• Guam et Hawaï pour les Etats-Unis
• La Polynésie pour la France
• Les Malouines pour le Royaume-Uni
• Les Antilles pour les Pays Bas, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la France.
Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos wrote an article on Huffington Post on Erdogan’s strategy. The article is available here (in Greek).
You can read here the article on the role of soft power in diplomacy, which was written by Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos. This commentary was published in the Greek daily Kathimerini on 19 October 2016 [in Greek].
Of the eleven countries most affected by terrorism globally, seven currently host UN peace operations. In countries affected by terrorism and violent extremism, peace operations will increasingly be called upon to adapt their approaches without compromising UN doctrine. But to date, there has been little exploration of the broader political and practical challenges, opportunities, and risks facing UN peace operations in complex security environments. This has created a gap between the policy debate in New York and the realities confronting UN staff on the ground.
This policy paper aims to bridge this gap by examining the recent drive to integrate counterterrorism (CT) and preventing and countering violent extremism (P/CVE) into relevant activities of UN peace operations, as well as the associated challenges and opportunities. It seeks to expand the scope of discussions beyond whether peace operations can “do CT” to how they can better support national governments and local communities in preventing terrorism and violent extremism.
Based on extensive conversations with UN officials, member state representatives, and practitioners, the paper offers a number of recommendations. At the level of headquarters, the UN should:
To make field missions more effective, the UN should:
Entretien avec Gérard Chaliand, spécialiste des conflits irréguliers, lauréat du Prix du livre des Géopolitiques de Nantes 2016 pour “Pourquoi perd-t-on la guerre ? Un nouvel art occidental” (Odile Jacob). Il répond à nos questions à l’occasion de sa participation aux Géopolitiques de Nantes organisées les 30 septembre et 1er octobre 2016 par l’IRIS et le lieu unique avec le soutien de Nantes métropole :
-Le djihadisme est-il la principale menace sécuritaire ?
– Comment lutter contre la menace djihadiste ?
– Quel rôle exercent les puissances régionales dans la prolifération du terrorisme islamiste ?
La nomination d’Antonio Guterres au poste de Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU) est une très bonne nouvelle pour l’organisation mondiale.
Antonio Guterres a fait preuve de ses capacités par le passé : comme Premier ministre du Portugal, dans un premier temps, puis en tant que Haut-commissaire aux réfugiés où, pendant dix ans, il a dû faire face, avec efficacité et courage, à de très graves crises. Il est donc aussi bien au fait des responsabilités nationales que des responsabilités internationales et multilatérales.
Mais, Antonio Guterres, homme charismatique et de caractère, se distingue surtout par son tempérament. Les Secrétaires généraux sont souvent confrontés au risque d’être étouffés par des membres permanents qui lui dictent la politique à suivre. Certes, Antonio Guterres n’est pas le président de l’ONU et n’aura pas la capacité d’ordonner aux cinq membres permanents leur mode de conduite. On peut néanmoins penser qu’il sera plus actif que son prédécesseur, Ban Ki Moon, parfois trop respectueux des convenances et surtout trop soumis aux volontés de Washington. En conséquence, bien que sa marge de manœuvre ne soit pas totale, on peut penser qu’il donnera plus d’impulsion à la fonction. D’ailleurs, les membres permanents ne pensaient pas d’emblée à lui pour exercer le poste de Secrétaire général, craignant précisément son indépendance. Son rôle est important ; il a la capacité d’initier. On a vu, par le passé, des personnalités comme Boutros Boutros-Ghali ou Kofi Annan œuvrer avec plus d’indépendance que Ban Ki-Moon vis-à-vis des autres membres permanents.
Certes, l’ONU n’empêche pas les guerres, et d’aucuns avancent qu’elle s’est davantage illustrée par ses échecs que ses succès,comme le prouve actuellement son inanité et impuissance face à la situation syrienne. Ce genre d’allégation est fondée. Il existe, en effet, des divergences entre les membres permanents qui peuvent bloquer l’ONU et l’empêcher de jouer son rôle. Mais ce n’est pas le droit de veto qui est mis en cause car, sans ce droit, les Nations unies n’existeraient pas. Il constitue donc un mal nécessaire. Si l’ONU n’empêche évidemment pas la totalité des guerres, il convient également de prendre en compte l’ensemble de son œuvre : d’une part, par ses institutions spécialisées (de l’Organisation mondiale de la santé au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés) ; d’autre part, par son travail de prévention et de prise de contact. Car la diplomatie se veut aussi discrète dans le but d’aboutir à la conclusion d’une guerre ou empêcher son déclenchement. Les critiques à l’égard de l’ONU sont souvent excessives et son bilan doit-être considéré sous un angle plus global. L’ONU, en tant que telle, n’est pas responsable des profondes divisions de la communauté internationale. Elle n’en est pas la cause, mais le simple reflet.
L’épilogue de la guerre du Golfe, de 1990 à 1991, porta l’espoir que l’ONU retrouve son rôle initialement prévu par les rédacteurs de la charte. Mikhaïl Gorbatchev, à la tête de l’URSS à l’époque, avait accepté de lâcher son allié irakien, car ce dernier avait très lourdement violé le droit international, en envahissant le Koweït. Pour la première fois, un membre du Conseil de sécurité n’opposait pas un veto à une résolution demandant des sanctions à l’encontre de l’un de ses alliés. On avait célébré un nouvel ordre mondial. Pour la première fois, la charte de l’ONU avait été utilisée telle qu’elle avait été prévue, dans une action de sécurité collective. Les clivages et blocages avaient ensuite repris le dessus ; il n’existe plus de guerre idéologique entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, mais des rivalités nationales. C’est sur ce point que la communauté internationale a loupé une étape, en laissant Gorbatchev quitter le pouvoir, faute d’avoir été soutenu, à la fin de la Perestroïka.
António Guterres ne fera donc pas de miracle, mais il pourra redynamiser la maison et offrir un nouveau souffle à l’ONU, qui en a bien besoin.
On 16 October 2016, Stefanos Kassimatis wrote an article in the Sunday edition of Kathimerini of Professor Tsoukalis’ new book ‘In Defence of Europe’. You can read the article here.
Präsidentschaftswahlen in den USA können gravierende Folgen für die internationale Ordnung haben. 2016 gilt dies in besonderem Maße, weil mit Donald Trump erstmals ein Kandidat einer großen Partei antritt, der Amerikas traditionelles Rollenverständnis als globaler Ordnungsgarant grundsätzlich in Frage stellt. Ein Sieg Trumps hätte wohl weitreichende Konsequenzen für die Außenpolitik Washingtons, doch mit Veränderungen ist bei jedem Wahlausgang zu rechnen. Die Tatsache, dass in den USA zunehmend Zweifel an der eigenen Rolle in der Welt laut werden, sollte Deutschland veranlassen, sowohl die Beziehungen zu den Vereinigten Staaten als auch den eigenen Beitrag zur Weltordnung neu zu reflektieren.